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Nous sommes quatorze ans après les évènements de Kingdom Hearts 2. En tant d’années, les choses ont considérablement changé. Les dangers d’hier sont des soucis bénins aujourd’hui, et au fil du temps, les héros ont surgi de là où on ne les attendait pas. Ce sont les membres de la lumière qui combattent jour après jour contre les ténèbres.

Ce n’est plus une quête solitaire qui ne concerne que certains élus. C’est une guerre de factions. Chaque groupe est terré dans son quartier général, se fait des ennemis comme des alliés. Vivre dehors est devenu trop dangereux. Être seul est suicidaire. A vous de choisir.

La guerre est imminente... chaque camp s'organise avec cette même certitude pour la bataille.

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Le vaisseau s’écrasa contre le sol, secouant l’intégralité de son contenu, glissant sur une centaine de mètres et commençant déjà à laisser échapper des volutes de fumée. Il fallut quelques dizaines de secondes avant que la porte de l’appareil ne s’ouvre. La Générale sortit en première, toussant, claudiquant, la main à la bouche et les cheveux plus décoiffés que dans ses pires jours. Elle se retourna pour tendre la main à la Caporale Leilei. Celle-ci était blessée au front mais semblait aller bien. Cela étant dit, la première chose qu’elle fit en sortant du vaisseau fut de s’effondrer au sol. Sur ses talons, s’approcha la Caporale Danseuse magique, qui préférait qu’on l’appelle Satinka. Et finalement, il y eut l’Officier Ebba, qui semblait encore vaillante.

Elles s’éloignèrent toutes les quatre, affaiblies, blessées par le crash ou par la bataille, et encore davantage désespérées. Même la Générale, dont la volonté était inexpugnable, devait bien reconnaître se trouver dans ses derniers retranchements. Le salut, ce salut dont elle avait tant parlé ces derniers jours, n’existait plus que dans ce monde, la Contrée du Départ. C’était une planète qu’elle n’avait jamais visitée, à tort. C’était ici qu’avaient été entraînés jadis la Maître Aqua, son jeune ami Ventus et une troisième personne du nom de Terra. Le Maître Yen Sid y avait enseigné à son tour, et bien sûr, c’était un lieu connu de Xehanort. Au-delà de ça, c’était l’endroit où se repliaient régulièrement Aqua et ses disciples. Si Ravness n’avait que peu de considérations pour cette entreprise qu’elle trouvait vaine, elle voyait en ce manoir qui trônait sur la plus haute colline… une dernière chance d’offrir la victoire à la Lumière.

La Générale Cissneï était sûrement éliminée, ainsi que la commandante Tifa et tous les grands guerriers de valeur de la Lumière. Mais elle n’avait reçu aucune nouvelle de la troisième tête de l’État-Major du château, et l’imaginait encore ici. Elles pourraient sûrement oublier leurs différends et s’unir. C’était une solide guerrière, une héroïne à sa façon. Ravness la respectait, bien qu’elle détestât sa manière d’opérer et de traiter l’ennemi. Ensemble, elles représenteraient une force non négligeable.


« C’est ici qu’elle vit ? » demanda la Caporale Leilei, assise sur l’herbe, reprenant son souffle. La Générale hocha la tête en souriant. Ce devait être là, oui. Atteindre la Contrée du Départ fut une entreprise à la limite de l’impossible. Aucune des quatre femmes présentes au pied de la colline ne savait piloter un vaisseau. Et le vaisseau, justement, était déjà beaucoup trop petit pour les accueillir toutes les quatre alors qu’elles étaient en armure. Elles avaient dû se serrer. Cela avait été gênant, humiliant, et elle avait cru sentir le regard indécent d’Ebba sur son corps une grande partie du voyage. Mais rien n’avait été aussi humiliant et honteux que la veille. Leurs blessures, leur désespoir, n’avaient finalement aucun rapport avec le crash du vaisseau. Elles avaient dû fuir le château de la lumière lorsque l’Officier Nathalie avait fomenté une mutinerie contre elle.

Jamais la Générale n’avait été aussi en colère de toute sa vie. Une femme qu’elle avait choisie pour la seconder durant ce mois de février, osait retourner ses hommes contre elle. Il y eut une bataille. Heureusement, de nombreuses personnes lui restèrent fidèles, et les mutins ne parvinrent pas à tous les éliminer. Mais il y eut de lourdes pertes. La Sergente Joséphine avait été battue en la défendant. Tubbins, Klingermans, Jensen et Tressler furent éliminés les premiers, au premier coup d’éclat de cette insurrection. Sans doute l’Officier Nathalie avait-elle compris qu’ils seraient les plus difficiles à vaincre dans un combat loyal. Et lorsque tous les traîtres furent vaincus, lorsque la bataille avait fait des dégâts dans la pièce, il devint évident pour les survivants, dont elle, qu’ils ne pouvaient rester dans le réfectoire. D’autres hommes étaient morts en rejoignant le concessionnaire Gummi.

Et finalement, elles n’étaient plus que quatre. Il était douloureux, pour elle, d’avouer qu’elle avait dû se concentrer sur la survie de quelques-unes, et pas d’autres. Involontairement ou de manière affichée, elle n’avait pu se résoudre à perdre une de ses meilleures combattantes, Leilei, une personne aussi jeune que Satinka, et finalement, Ebba. Vis-à-vis de cette dernière, Ravness devait se rendre à l’évidence. Elle avait fait preuve de faiblesse, avait laissé ses émotions prendre le dessus sur sa raison. Sans doute, encore une fois, avait-elle espéré stupidement que sa subordonnée lui en serait reconnaissante, que cette dernière veuille se rapprocher en guise de remerciement. Autant de fantasmes stupides que de pensées indécentes.

La Guerre de Sherwood lui avait fait oublier les sentiments et l’histoire qu’elle avait eus avec l’ancienne cheffe des mercenaires, et la Générale Primus croyait bien en avoir fini avec cette horrible déception que fut la tentation du désir charnel, l’espoir d’une histoire romantique. Mais elle était revenue au Château de la Lumière. Et si elle était bel et bien une tribade, si Oakley ne fut pas qu’une passade, comme il fallait se rendre à l’évidence, il apparaissait que revoir toutes ces belles filles, ces Nathalie, Fiona, Jody et Fracas du Tonnerre, habillées d’armure légère, de short et de jupe, avait réveillé un vice en elle.

Quoi qu’il en soit, elles n’étaient plus que quatre. Elles se retrouvèrent, épuisées, devant un long chemin montant vers le joli manoir, qu’il leur fallait encore gravir.

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Un jour s'était écoulé.

Puis deux, puis trois.

Il avait rejoint le manoir immédiatement après avoir atterri. Il était désert ; il n'y avait pas eu de combats. Le monde avait l'air endormi, comme toujours. La lumière n'était clairement pas la même que lorsqu'il était venu la dernière fois - cette fois, le manoir était vide et personne ne l'y attendait. Il n'était pas à l'abri de surprises, surtout compte-tenu des aventures qu'il avait vécues ici alors qu'il s'attendait à un endroit abandonné.

Il y avait trouvé un Maître, un compagnon d'armes et une keyblade. Assortie d'un lot de questions, de mytères et surtout d'une voie à suivre dont il avait la nette impression de ne comprendre qu'une infime partie. Si seulement il avait une direction où aller, avait-il songé.

Puis il avait rencontré Ven ; il l'avait aidé, quelque peu. Fabri avait eu largement le temps de repenser à leur échange depuis ; ce qu'il lui avait dit sur l'état des porteurs de keyblade à l'heure actuelle. Même si quelques temps s'était passé, cela n'avait pas du beaucoup changer.

Ces réflexions, ils les avait eues calfeutré dans le manoir, à l'étage dans une chambre abandonnée qu'il avait investie. Elle avait la particularité de donner directement sur la grande allée qui menait au manoir et à son entrée ; de là, il voyait quiconque gravissait les marches menant au manoir. Derrière les rideaux diaphanes il avait la capacité de voir sans être vu.

Il était arrivé aux premières lueurs de l'aube. Sautant de la cale du vaisseau alors que celle-ci s'ouvrait ; il avait abattu les quatre dockers et avait filé, non sans fouiller le vaisseau et récupérer de quoi manger. Leurs réserves étaient composées de sodas et de sandwichs emballés sous vide, Fabri n'allait pas faire la fine bouche dans la situation actuelle. Empochant le tout, il avait filé vers le manoir.

Le Templier n'avait pas pris les grands escaliers montant jusqu'à la bâtisse en majesté sur sa colline. Il avait plutôt choisi de la contourner afin d'éviter d'être vu par quiconque ayant pu se cacher à l'intérieur. Tout compte fait, cela s'était révélé inutile ; personne ne se cachait à l'intérieur. Ni Maître Aqua, ni Chen.

Personne.

Rien jusqu'au troisième jour, lorsqu'il fut réveillé par un choc non loin du manoir. Les murs avaient tremblé tout comme le verre fin des vitres. Rapidement, il se leva et s'approcha de la fenêtre. Il jura en voyant un nuage de fumée venir de quelques encablures du manoir.

Tout avait été extrêmement calme jusque maintenant ; il avait un moment songé à la victoire ; une victoire absolument dégoutante, s'il la décrochait planqué ici. Mais en quelques secondes ce rêve s'était évaporé, il avait disparu dans le nuage de fumé de ce vaisseau qu'il allait désormais rejoindre.

Il aurait très bien pu rester caché dans le manoir, mais c'était sans compter sa nette envie d'éliminer de probables adversaires avant qu'ils ne s'approchent trop de son refuge. Tout compte fait, les rejoindre avant qu'ils ne le fassent était peut-être la meilleure solution.

"Votre ballade va s'arrêter ici." avait-il dit, en descendant lentement les marches à leur rencontre.

Il ne lui avait pas fallu plus de quelques minutes pour croiser le petit groupe meurtri. Aucun doute ; elles venaient toutes de l'épave en contrebas ; pleines de poussières et, pour certaines, de sang.

Leurs armures étaient celles des soldats de la Lumière - que venaient-elles faire ici.

Ses yeux s'écarquillèrent à la vue de la meneuse du groupe. Sans aucun doute ; c'était elle qui dirigeait et aucune autre. Le maintien, la position parmi ses consœurs. Tout l'indiquait, mais plus encore.

"Vous êtes bien loin de votre château, Générale Loxaerion." lança-t-il à son adresse.
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L'homme en armure se mit donc sur leur chemin, confiant et averti. Il savait qui elle était. Elle ne savait plus dire si c'était étonnant, rare ou quoi que ce soit. Oui, la Générale Primus était relativement connue, et l'on avait déjà parlé d'elle ici et là, à la télévision, elle le savait. Lors de la Guerre de Nottingham, une machine de l'Éclaireur avait survolé la ville et les avait filmés, aussi avait-elle pu voir quelques films où elle apparaissait, avec l'Officier Ambre, avait les Capes grises. Mais jamais elle n'avait pour autant été identifiée par l'Éclaireur sur ces documents. À vrai dire, elle ne cherchait pas à cacher son identité et son visage. La vérité était que le hasard l'avait tenue assez loin des caméras depuis le succès de cette nouvelle tendance journalistique. Mais... lui ?

À ses côtés, la Caporale Leilei dégaina doucement son épée chinoise et s'écarta de quelques pas. Satinka l'imita, un peu intimidée, ramenant près de son corps son bouclier fendu par le précédent combat et sa hache. Ebba resta immobile, les jambes légèrement fléchies. La Générale la regarda distraitement. Elle semblait prête à bondir. C'était une féroce lutteuse et elle savait manier le bâton, mais elle avait brisé le sien plus tôt dans la journée. Quoi qu'il en soit, Ravness lui faisait confiance pour vite déséquilibrer cet homme.


« Et toi du tien, vermine. » cracha-t-elle avec mépris, les sourcils froncés, la mâchoire raide. Fabrizio Valeri. L'homme à la balafre, le chevalier des causes perdues, avait-elle entendu à son sujet. Non, pour elle ce n'était qu'un minable, un fou suivant une compagnie stupide de païens. Un insecte parmi les insectes. Son épée apparut dans sa main. Elle se ferait un plaisir de l'éliminer et d'envoyer à sa famille d'emberlificoteurs un magnifique message. La Générale Cissneï pouvait bien leur accorder sa confiance et son amitié, le Sanctum n'aurait jamais les siennes.

De sa poitrine sortirent trois liens de lumière qui vinrent se glisser dans le dos de ses trois subalternes, pour disparaître à la vue de tous. Elle n'attendit pas un instant de plus et se rua vers le garçon, quelques marches plus hautes. Qu'il fût prêt, attentif ou non, cela n'avait pas la moindre importance. À un pas de son ennemi, elle tendit son bras gauche et fit apparaître, dans une explosion de lumière aveuglante, le bouclier blanc des valkyries. La Générale fit un léger bond, profitant de la douleur intérieure de son ennemi, pour lui asséner un coup de sa longue épée. Ses pieds retrouvèrent le sol, juste au contact du paladin du Sanctum. Il n'était pas beaucoup plus grand qu'elle. Elle fit un pas sur le côté, entendant le tintement de l'armure légère de l'Officier Ebba. Cette dernière arriva jusqu'à l'ennemi, le saisit par le col de son armure, se laissa tomber en arrière, le tirant dans sa chute pour l'expulser en arrière d'un pied, faisant danser sa jupe au moindre de ses mouvements.

À présent, entre elles toutes, l'homme n'avait plus aucune chance.
« Attaquez, soldats. Je vous ai liées à moi. J'encaisserai tous les coups que vous prendrez. » Et qu'importe ce qu'elle-même subirait. Elle tiendrait. Le jour où elle échouerait face à un crétin qui s'était donné en spectacle dans le Colisée des Enfers, pour montrer à l'univers entier le gigantesque échec qu'était sa vie, n'était pas encore arrivé.
Elle se mit en garde, le bouclier contre le corps et la longue épée en avant, déposée sur le sommet du bouclier, attendant l'attaque ou se préparant à la douleur prochaine de ses guerrières. Celles-ci ne seraient pas éliminées tant qu'elle tiendrait debout. Elle avait davantage besoin d'elles que de ses propres jambes, pour tenir jusqu'au 1er mars.

Satinka ayant l'air encore légèrement effrayée par cette rencontre, Leilei s'avança en première, commençant un enchaînement de coups propres à sa culture martiale, légère et rapide. Ebba et la jeune Indienne semblèrent attendre le moment propice pour avancer.
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Le coup de la Générale aurait pu être sérieux s'il ne l'avait pas paré avec sa keyblade. Tel son ennemie à l'instant, il avait dévoilé son atout avant-même de commencer à combattre. De piètres stratèges faisaient-ils.

Ravness avait reculé et laissé sa place à l'une des trois filles qui l'accompagnait. Elle avait coupé la distance entre eux en moins de quelques secondes et l'avait attrapé sans coup férir pour le faire basculer comme il l'aurait fait à un apprenti.

C'était quelque chose qui n'arriverait plus, se dit-il en se redressant.

Désormais, le combat avait commencé. Les trois jeunes femmes avançaient vers lui ; l'épéiste en premier. La pugiliste s'était retranchée derrière. Il ne fallait pas être un stratège pour comprendre qu'il était en mauvaise posture. Les trois combattantes, il y avait une chance, mais Loxaerion restait derrière, comme un faucon prêt à bouffer ses restes. Peut-être aurait-il du les laisser entrer dans le manoir et les éliminer une par une.

Il était déjà une vermine à leurs yeux ; autant leur proposer un combat honorable. Blessé dans son amour-propre sans aucun doute, il n'avait néanmoins aucune envie de lui donner de l'insulte en retour.

Et puis ce n'était pas elle son adversaire ; pas encore.

L'épéiste s'était approchée et l'avait attaqué sans attendre ; finies donc les inquiétudes qu'il avait pu voir chez elle et ses consœurs ? Non - elle était seule. Il para quelques-unes de ses coups avec son arme et se résolut à encaisser les autres après l'avoir fait disparaître. La vitesse gagnée lui permit de se rapprocher d'elle aussi près que possible. Avec sa main gauche, il empoigna celle de son adversaire, l'empêchant d'utiliser son arme. Il la frappa au visage une fois, puis deux et la tira sur le côté afin de l'envoyer, sonnée, dans l'herbe qui bordait les escaliers.

"A qui le tour ?" demanda-t-il ; même si son regard ne quittait pas la générale. Elle s'était retranchée derrière son bouclier.

Son regard se reporta sur ses autres adversaires et il avança sans plus de considérations vers la plus chétive des deux. Sa position était correcte mais son visage était comme un livre ouvert ; cet affrontement, elle n'en voulait pas.

Il n'arriva pas jusqu'à elle ; la pugiliste était arrivée, le coupant net dans son élan d'un coup vertical, du haut vers le bas, sur ses bras. Elle avait visé l'intérieur des coudes ; ils n'étaient pas protégés par les plaques de son armure. Ses poings étaient des armes au même titre que l'épée de l'autre. Elles se protégeaient entre-elles, sous la protection maîtresse de la Générale. Une formation hétéroclite, faite sur le tas, des survivantes.

Elles avaient l'intention de survivre, quoi qu'il leur en coute.

Mais lui aussi. L'idée de prouver sa valeur, de manière assez surprenante, lui donnait une bouffée d'ardeur supplémentaire. Au moment de réaliser le coup porté par la pugiliste, il fit disparaître son arme encore une fois. La pugiliste était trop proche de lui pour s'enfuir et il put inverser la donne et la jeter au sol. Cette fois, pas de considération ; c'était sa dague sous son cou.

Il avait envie de lui hurler de serrer les dents, à la Générale. Mais il préférait lui laisser la surprise en poignardant la pugiliste entre deux côtes alors que cette dernière se débattait.
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Les deux coups qu'elle reçut au visage, ceux-là que la Caporale Leilei avait encaissés sans en ressentir le moindre effet, lui donnèrent une idée claire de la force de l'ennemi. Il frappait peut-être aussi fort que Roc, le lieutenant de Kefka, dont elle avait parfois le souvenir de ses coups, de ses charges, capables de la renverser comme si elle n'était qu'une petite fille. Mais depuis, elle avait pu affronter des poings comme ceux du mercenaire, Natsu Dragneel. Elle ne trembla pas, ne tituba pas, resta simplement immobile. La Caporale Leilei se releva, ramassa son arme, alors que le jeune homme affrontait à présent Ebba, qui lui flanqua deux solides coups, d'une bassesse et d'une violence remarquables. Elle avait su attaquer un point faible, l'avait révélé. Si l'intérieur de ses bras n'était pas protégé par cette solide armure qu'il portait, elle profiterait de cette faille pour tout trancher.

La Générale Primus tressaillit, ressentant le coup de poignard dans ses côtes. Elle faillit ployer. Ses yeux se posèrent sur la dague, ses sourcils se froncèrent et ses traits se firent plus durs encore. Il était tout à fait évident qu'elle était diminuée, fatiguée du long affrontement qu'elle avait dû mener pour survivre et pour amener ses subordonnées jusqu'ici. Cet homme en profitait, bien entendu. Aussi fort fût-il, c'était un blanc-bec sans véritable expérience. Et ses techniques...
Il était rapide, en tous cas, par rapport à elle. Mais si son armure avait peu de failles, elle limitait forcément sa mobilité. Le hasard avait voulu qu'Ebba et LeiLei soient assez peu couvertes par leur armure. Elles pouvaient renverser la tendance, cesser d'être surprises.

Fabrizio Valeri tenait Ebba entre lui et Satinka. Cette dernière se laissa emporter par l'émotion. La Générale Primus soupira, légèrement soulagée, voyant l'Indienne se rapprocher de l'ennemi, tentant de trouver un angle d'attaque sans menacer l'Officier Ebba. Mais ce fut Leilei qui frappa, bien plus tôt qu'il ne pouvait l'imaginer après les deux coups qu'elle avait subis. De son épée, elle frappa d'un coup d'estoc le haut de sa cuisse, qui ne devait pas être couverte. Fabrizio fit apparaître sa keyblade une nouvelle fois et se retourna, tentant une botte horizontale. Leilei se recula avec agilité, esquiva le coup, alors qu'Hebba fut libérée. Encore au sol, elle regarda la dague dans son corps et l'y laissa pour  se mettre à genoux, s'avancer un peu, saisir la botte de son ennemi, plaquer sa poitrine contre la jambe attrapée... et finalement le faire basculer par-dessus son épaule en lui faisant perdre son équilibre. L'homme était alors plus proche de Satinka, qui cria pour mobiliser son courage, s'avança et voulut abattre la hache sur la gorge de l'ennemi. Habillé d'une lourde armure, il n'eut d'autre choix  que de bloquer le coup descendant de sa keyblade.

Il se releva. Les Gardes l'encerclaient, l'attaquaient tour à tour. Soit. C'était à elle. De son esprit, elle  immobilisa la keyblade de Fabrizio Valeri, la figea dans l'espace.
« Vous êtes plus rapides que ce lourdeau. N'attendez pas qu'il attaque, soyez agressives, officiers. » dit-elle. Si elle ne pouvait faire davantage avec sa puissance psychique, que retenir l'arme et supporter la douleur de toutes ses subordonnées, il lui restait la plus puissante lumière au creux de sa main gauche. Du bouclier jaillit une immense lumière, un rayon de la taille d'un homme, qui frappa le traîne-misère qui avait cru pouvoir se mettre sur son chemin. Alors que cette lumière se déversait, pendant quelques secondes, la colère de la générale se fit encore plus apparente. Elle ne craignait pas de révéler ses plus puissantes capacités à l'ennemi, parce qu'elle ne cesserait de se perfectionner, de repousser ses limites, pour écraser tous ces fous de sa botte.

Ravness avait fait la guerre, avait affronté de puissants soldats, et avait dans son répertoire plus de possibilités et de techniques que ce bretteur, qui n'avait pour lui qu'une main sûre à l'épée et un unique procédé : faire apparaître et disparaître sa longue keyblade ou son épée pour non seulement surprendre l'ennemi mais pour gagner en vitesse et en mobilité avant de lui asséner un coup. Il répétait le mouvement, comme il avait dû le répéter des centaines de fois, entraîné par les plus pathétiques formateurs. Elle l'avait vu faire contre Kurt Brown. Et il savait utiliser la magie. Elle n'avait pas oublié la tristesse honteuse de ce combat. Qu'il lance ses sorts. Elle ne craignait ni la magie, ni le poignard du fainéant.
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"Tu comptes rester planquée combien de temps ? Tes soldats se battent bien ! C'en est pas de même pour toi, alors ?"

Loxaerion ne bougeait pas de derrière son bouclier, jusqu'à ce qu'elle attaque. Un terrifiant rayon de lumière pure qui jaillit de son arme ; il frappa Fabri de plein fouet alors qu'il était occupé à parer le coup qui l'aurait égorgé ne l'eut-il vu à temps. Ca, les coups en traître de la pugiliste et le fait qu'il savait pertinemment que les deux autres combattantes allaient repartir à l'assaut avaient achevé de le foutre en rogne.

Il roula au sol, sonné par le coup. Mais il reprit rapidement ses esprits et se releva. "Quelques années loin de Paris, on en oublie vite les valeurs de la maison, hein ? L'agression, les insultes - quelqu'un là haut aurait vite fait de mal le prendre !" plaisanta-t-il.

Il ne lui ferait pas l'honneur d'utiliser la Voie du Juste contre une personne qui, somme toute, n'était pas en train de commettre un méfait. Ravness était pourrie par les affrontements et par une vie difficile. Amère, mais pas malfaisante. Il avait envie de lui faire entendre raison - que ce soit par une paire de claques ou par simplement l'inviter à l'intérieur pour prendre un café.

Une fois l'avoir éliminée, elle et ses alliées évidemment.

"Si tu as envie de souffrir, continue comme ça !" assena-t-il à son adversaire alors qu'il lançait, en même temps, le sort d'abnégation qui lierait dorénavant sa douleur à son adversaire.

La dernière des trois alliées était la plus proche ; celle qui était jusqu'alors cachée derrière ses comparses. Peut-être était-elle là contre son gré, abritée derrière ses consœurs. Survivante malchanceuse, probablement. Il abattit son arme une première fois - qu'elle évita d'une manière aussi gracieuse que maladroite. Plutôt que de la faire disparaître et recommencer, il tourna sur lui-même, utilisant l'élan de la keyblade pour asséner directement un second coup qui la frappa de plein fouet.

Le Templier n'attendit pas ; la danseuse reviendrait à l'assaut tant que la Générale tiendrait bon. Qu'à cela ne tienne ; il continuerait à attaquer ses alliées. Il franchit les quelques mètres qui le séparaient de l'épéiste. Ayant l'élan nécessaire, il frappa de nouveau d'un coup de taille.

Elles tomberaient l'une après l'autre. Si elles se relevaient, c'était pour choir de nouveau. Jusqu'à la fin.
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« Tss... » siffla-t-elle entre ses dents. Elle se fichait bien de ses remarques, de ses moqueries quant à  sa position. À vrai dire, cela ne lui rappelait que les absurdes valeurs de chevaliers ratés. Quel intérêt y avait-il à combattre honorablement, à n'attaquer que de face ? Elle l'avait souvent répété à ses hommes. Ce code d'honneur était une irrécupérable manière d'échouer, de faillir au profit des ténèbres et du mal. L'important n'était pas de mieux dormir le soir de s'être bien battu, d'avoir offert à l'ennemi une solide chance de s'en sortir. La seule chose qui comptait était de vaincre le mal et ses instruments. Aussi, ces provocations-là en particulier ne purent la mettre en colère davantage, tant on les lui avait répétées.

Et une agression ? C'était lui qui s'était mis sur sa route. Une nouvelle fois, il était tout à fait opportun d'attaquer la première. Elle le regarda se débarrasser de Satinka avec une relative facilité, considérant la situation dans laquelle il se trouvait. Il était plus lourd, se prenait régulièrement des attaques des trois gardes de la lumière, et pourtant parvenait à repousser une grande partie des assauts et à rendre les coups. Elle ne comptait déjà plus les coups qu'elle avait reçus de cette keyblade, par l'intermédiaire de ses soldats. Voilà déjà une raison pour laquelle elle ne se mêlait pas au combat, pour le moment. Il était meilleur à l'épée qu'elle ne le serait sans doute jamais. Il lui restait donc à encaisser, jusqu'à ce qu'il tombât. Elle tenait bon. Simplement parce qu'elle faisait abstraction de la douleur, ordonnait à son corps de la mettre de côté, alors que son esprit se focalisait sur les liens vitaux qu'elle entretenait avec les jeunes filles.

Il l'imita, par ailleurs. Elle ne put le sentir que lorsque LeiLei parvint à le blesser à la joue, du bout de son épée. Ravness ressentit la douleur sur son propre visage, plus surprise que déconcentrée. Ridicule. Tout à fait ridicule. Et par ce fait, il s'était donné à elle, venait de lui offrir une victoire. Pour rediriger aussi peu de ses maux sur elle, cet homme n'avait sûrement pas assez entraîné son esprit à résister à la magie et aux millions de questions et de turpitudes que devait affronter un général de guerre.
Elle était immobile. Ne devait pas se concentrer sur ses propres mouvements, sur d'autres choses que trois liens. En somme, la situation se prêtait totalement à « honorer » les valeurs de leur maison commune. Une pointe d'agacement vint la pincer. Qu'il ait osé parlé de la Cité des Rêves, d'où il venait visiblement, n'avait pas d'importance. Mais l'évoquer Lui, alors qu'il baissait sa culotte devant le pape de l'escroquerie, était une chose qu'elle ne laisserait pas passer.


« Tu n'auras qu'à pleurer auprès de ton veau d'or... » cracha-t-elle. Son esprit commença à quitter son corps pour s'approcher de celui de l'ennemi. Elle ferma les yeux. « Quand je t'aurai anéanti. » Elle ressentit plus durement la douleur, et crut voir sa psyché s'égarer et s'écraser sur elle-même, avant de péniblement atteindre Valeri. Son cerveau n'avait pas plus de force que celui d'un animal de compagnie... mais même face à un imbécile, cette attaque était terriblement épuisante. Elle ouvrit les yeux, à présent dans le corps de Fabrizio. Elle vit Satinka brandir sa hache et se rapprocher dangereusement, les yeux plein de colère. Elle s'éloigna brusquement, lâcha sa keyblade au sol. Ses mains vinrent chercher les sangles de son plastron au niveau de son épaule... « C'est moi, Satinka ! » cria-t-elle, d'une voix qu'elle ne reconnut pas. Elle ne chercha pas à la convaincre davantage, profita de la confusion de ses propres officiers pour se donner les dix secondes nécessaires pour ôter la lourde armure sur son thorax.

Une douleur aiguë au crane vint la frapper, la forçant à se raidir de tout son corps et à se renfrogner sur elle-même. Avec un dernier effort, sentant l'esprit de Fabrizio revenir, elle présenta son torse vulnérable à ses alliées.
« Attaquez ! » La Caporale Leilei et la Caporale Danseuse magique, toutes deux armées, se ruèrent sur le corps et la poitrine de l'ennemi possédé, alors que l'emprise que la Générale avait sur lui s'acheva brusquement.
Elle sentit, dans un tourbillon lancinant, son esprit revenir dans son crane, la faisant tressaillir violemment. Si elle était toujours debout, si elle tenait encore son bouclier et son épée par simple mémoire musculaire, il lui tenait davantage à l'esprit d'être encore en union vitale avec ses subalternes. Elle ouvrit les yeux. Elle pouvait sentir le lien de douleur avec Ebba et LeiLei mais celui qu'elle entretenait avec Satinka s'était rompu dans cette tornade. Il lui faudrait quelques secondes... Plus qu'il n'en fallait pour que Fabrizio Valeri ne tombe.
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Il lui fallut se jeter un sort de soin immédiatement après avoir rouvert les yeux. A l'instant où il sut, où il réalisa qu'il avait échappé à une mort certaine. Plus d'armure, désarmé. Il se serait attendu à se réveiller dans une des geôles de la Lumière - encore une fois, mais il était encore à la Contrée du Départ. La réalité revint petit à petit.

"Tu te rends détestable, Ravness. Comment tes soldats peuvent se battre sous tes ordres ?"

C'était comme si cette phrase, bien qu'il l'eut pensée, ne fut jamais sortie de ses lèvres. Comme s'il était encore ailleurs, émergeant des ténèbes d'où il avait été jeté.

Mais cette phrase, il l'avait pensée ; comme des dizaines d'autres. Traînée, crevarde. A s'abaisser à des techniques aussi viles. Il avait espéré un combat l'un contre l'autre - d'une part par pure curiosité, par jeu, presque. Cette occasion ne se représenterait pas. Mais son adversaire s'était prise au jeu, l'autre, celui de la survie pure. C'était donc à quatre contre un que le combat avait commencé, et à quatre contre un que ce combat, cette sinécure, allait se poursuivre.

Il avait envie de lui dire bien des choses encore, sur Etro et d'autres. Sur ce que Dieu avait laissé faire devant ses yeux et ses suppliques des années plus tôt. Cela tomberait dans des oreilles sourdes et aussi, même s'il pensait qu'il existait toujours un moyen de parler, il savait quand se taire et se battre. Contre les soldats de Swain, contre un dragon.

Et contre Ravness Loxaerion.

Et bordel qu'elle résistait, derrière son bouclier de Lumière - comme si elle avait besoin de ça pour clamer qu'elle était bénie des cieux. Tout en elle criait le parangon de la Lumière ; en cet instant, une bouffée de haine l'envahit.

Inatteignable qu'elle était, il se concentra une fois encore sur les subalternes. Frappées encore et encore, elles étaient donc reparties pour un tour. Ce n'était que de bonne guerre qu'il s'attaquait à elles ; elles le lui avaient déjà bien rendu.

La pugiliste était la plus proche ; a quelques centimètres de lui, encore au sol. Il l'attrapa par le col. Il voulait en finir, tout simplement. Un coup, puis deux ; cette fois-ci il ne s'arrêterait pas là.

La combattante, extrêmement habile, feinta pour piéger son bras en étau. Il se dégagea avant qu'elle ne puisse faire quoi que ce soit et, alors qu'elle-même tentait de se reprendre suite à l'échec, il lui tordit le bras, la forçant à se retourner. Il maintint sa prise quelques secondes, serrant ; elle ne geignait pas. Ce n'était pas elle qui souffrait. Il resserra sa prise de plus belle, sentant les muscles sous sa poigne. Magiquement liée, la pugiliste était prisonnière de leur combat.

Jusqu'à ce que ses alliées arrivent ; la plus maladroite d'abord, et ce n'était pas faute d'avoir remarqué sa souplesse plus tôt. Elle semblait se battre d'une manière aussi singulière qu'elle évitait les coups, dans une danse guerrière que Fabri n'avait jamais vue jusque là. Sa hache semblait lourde dans ses mains, elle ne semblait pas à sa place. La danseuse glissa jusqu'à lui par la gauche ; elle tenta un coup vers ses côtes mais il n'attendit pas que ce coup arrive ; il poussa la pugiliste vers elle d'un coup sec.

Il attrapa la hache de la danseuse tombée à terre et la frappa d'un coup sec avec, dans la poitrine. Ce coup était bien évidemment dirigé vers Ravness. Mais la combattante perdit ses couleurs. Comme beaucoup d'autres avant elle ; le combat s'arrêtait, elle était éliminée. Elle n'était plus liée à la Générale.

Surpris, il poursuivit néanmoins vers la troisième jeune femme. L'épéiste qui lui avait déjà donné tant de mal jusqu'ici - comme les autres. Les trois combattantes se valaient, vraiment. Les Templiers avaient choisi de s'entre-tuer, les soldats de la Lumière étaient restés un peu plus unis dans leur combat. C'en était presque injuste ; en tant que commandant, il se sentait offusqué et ne manquerait pas de leur en toucher deux mots en rentrant. En hurlant tout ce qu'il se retenait de hurler à son adversaire actuel.

La combattante était rapide, mais ce qu'il avait perdu avec son armure il l'avait gagné en vitesse. Elle tenta un coup d'estoc rapide vers sa poitrine ; évident. Un point faible aussi remarquable, qui ne l'aurait pas tenté ? Il esquiva en se tournant légèrement. Mais elle n'en démordit pas et continua les coups. Une taille qu'il évita, dans la lancée de son premier coup puis un coup éclair qui s'enfonça dans son bras.

Elle retira la lame aussi sec, mordante comme du feu mais il avait eu le temps de se rapprocher ; il l'attrapa par le cou et la força au sol. Il sentit l'élan et la force de la chute dans son bras alors que le corps de la jeune femme frappait le sol.

Là encore il n'attendit pas qu'elle se relève et courut droit vers Ravness. Invoquant sa keyblade, il prit de l'élan pour un large coup du haut vers le bas. A portée, il sauta et frappa.
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Sans la moindre difficulté, sans que son bras ne faiblisse, que son bouclier ne rompe sous le coup de l’ennemi, elle para le coup. Ses yeux croisèrent ceux de Fabrizio, sûrement certain de pouvoir l’atteindre au corps à corps. « Tss. » siffla-t-elle entre ses dents, ne cachant pas, encore une fois, le mépris qu’elle avait pour cet animal. Elle le détestait. Pas tant pour ses actes – qu’elle ignorait en grande partie – mais pour ses valeurs. Sa simple manière de se battre, les choses qu’il avait pu lui dire ou simplement son appartenance à un groupe aussi détestable que le Sanctum ne faisaient qu’illustrer le genre de personnalité que respectait la foule, dans cette époque de malheur.

Ce qu’il avait fait n’importait pas, pour l’opinion publique. Et qu’est-ce qu’il avait fait, au fond ? Bien sûr, elle ignorait une grande partie de sa vie, mais elle pouvait parier que cela se résumait à : rien. Il n’était qu’un rôle, une figure vaguement connue, ne s’étant jamais impliqué vraiment pour de grandes choses, pour une grande cause. Mais comme il est important, pour l’histoire, de bien paraître ! De sembler amusant, gentil ! De se battre avec honneur !

Le Sanctum n’était que cela. Un groupe dissimulant son absence totale de valeurs et de convictions derrière une déesse faite sur mesure pour un peuple crétin, un groupe prônant gentillesse, ouverture, lumière et honnêteté alors qu’il n’avait jamais défendu que lui-même, s’était toujours moqué de la santé du voisin.

Alors, peu lui importaient l’honneur ou le fait de paraître détestable, si être aimée signifiait être aimée par ces gens-là.  
Elle voulut frapper. Mais elle le sentit. Une allégresse la gagna. La douleur qu’elle ressentait constamment d’Ebba et de Leilei se dissipa totalement. Et… ses couleurs se fanèrent. Son corps ne la soutenait plus, son bras ne voulait plus combattre une minute de plus. Le combat du matin l’avait trop fatiguée et il était…
La Générale ne put se mettre en colère, alors que son bouclier et son épée disparurent. À vrai dire, elle n’eut envie que de pleurer, que de se laisser choir et de se laisser mourir une deuxième fois, ici. Comme ça… Simplement, comme ça. Elle avait échoué. Elle avait refoulé sa douleur à un tel point qu’elle ne l’avait plus sentie ronger son corps et finir d’achever sa vie, ou sa vie pour ce jeu. Et le bouclier levé, l’arme prête à frapper, sa participation s’arrêta là.

Ses yeux croisèrent ceux d’Ebba et de Leilei, décontenancées, alors qu’elles se retrouvaient à présent, seules, sans soutien, face à cet élu de la keyblade qui avait déjà réussir à les blesser plusieurs fois. Ravness… prit une inspiration. Elle ne parla pas mais se tint droite, immobile, comme si elle saluait. Cette personne détestable ne la verrait ni perdre contenance, ni s’abandonner au chagrin. Elle ne lui laisserait que la vision d’une personne froide, ou celle de la Capitaine des Gardes qui l’avait insulté comme le vulgaire traîne-misère qu’il était. Il n’avait gagné que parce qu’il les avait abordées alors qu’elles étaient affaiblies, épuisées. C’était suffisant pour la Générale. Elle se ferait un immense plaisir, lorsque tout ça serait terminé, de s’entraîner assez pour pouvoir ridiculiser cet homme. Et jusque-là, elle resterait de marbre.

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Il avait regardé avec une curiosité non feinte les couleurs se drainer de l'apparence de Ravness Loxaerion - ainsi s'achevait leur combat. Ou presque, puisqu'il dut rapidement reporter son attention sur les deux combattantes restantes. Il ne connaissait toujours pas leur nom - il était d'ailleurs résolu à ce qu'elles meurent sans même le lui dire. Elles le haïssaient probablement car leur chef le haïssait, et elles étaient des soldats. Il n'avait jamais entendu ses subordonnés dire qu'ils avaient de l'affection pour la Garde Noire.

Ils étaient tout de même alliés. Ce n'était pas la main dans la main qu'ils s'en iraient combattre Maléfique si un jour cette dernière se décidait à revenir, mais ils demeuraient... liés. De quelque façon que ce soit. La vision de cette jeune femme braquée ainsi dans une acceptation de la défaite absolument nulle lui inspirait beaucoup de sentiments contradictoires. Eussent-ils étés face à face, l'issue du combat aurait peut-être été différente. Aussi, il ne s'étendit pas en pensées inutiles.

La danseuse elle aussi éliminée, il ne restait que la pugiliste et l'épéiste qui, déjà s'étaient lancées sur lui avec toute la rage de la vangeance. Sa keyblade en main, il para les attaques de la seconde alors que la pugiliste le frappa de nouveau. Fatigué, les nerfs à vif, il repoussa l'épéiste d'un coup de pied dans le ventre. Elle chuta au sol ; plus rien désormais ne la gardait de ses coups. Il parvint à maîtriser la pugiliste malgré ses coups ; elle bloqua sa première tentative de coup adroitement et esquiva, s'éloignant de quelques pas. Elle revint presqu'immédiatement à l'assaut, l'air tendue mais presque impassible.

Il eut le temps de l'abattre d'un large coup d'épée avant qu'elle ne l'atteigne. Il mit fin au combat en rejoignant l'épéiste qui se relevait tout juste.

"Vous êtes libres de rester dans le manoir autant que vous le souhaitez."


Si elles connaissaient cet endroit, c'était bien parce qu'elles connaissaient Ventus, ou Maître Aqua. Elles étaient des combattantes de la Lumière. Bornées, intraitables, et Ravness était sèche et hargneuse. Mais elles n'étaient pas mauvaises.

La Générale restait de marbre. Les yeux rivés sur ses combattantes comme dans un dernier salut. Fabri l'observa, initia un geste vers elle mais s'arrêta - elle refuserait toute aide. Et il savait que rien ne la ferait changer d'avis.

Gêné, presque vexé, il passa la main dans ses cheveux dans un réflexe et maugréa en se retournant. Sa keyblade de nouveau disparue, il s'en retourna vers le manoir.
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