Le Soleil suit et poursuit quand il ne fuit, en ce que de nuit il ne luit. Les nuages filaient au gré d’un vent chafouin, qui s’était levé à la faveur des heures, et Ioan s’essoufflait désespérément. Il relevait les yeux sur les hauteurs.
Les plateaux orangés qui s’étendaient vers le ciel étaient proches, désormais, et projetaient sur lui leurs ombres salvatrices. En leur bordure il pouvait voir les éclats des rayons lumineux faiblissant tandis que coulait le jour, laissant le firmament se parer de ses plus beaux atours pour les heures du crépuscule. L’air y était frais, plus frais. Il brusquait ses cheveux et soufflait la sueur qui y perlait.
Enfin, celle qui le guidait ralentissait. Ses épaules se soulevaient, s’abaissaient, et il en suivait le mouvement d’un regard tranquille. Elle relâchait sa main, et il la laissait retomber lourdement à son coté. Le vent, surpris par ce quasi-arrêt si soudain, s’étirait en une brise taquine, que Ioan repoussait dans la direction de son accompagnatrice — peut-être saurait-il l’amuser, lui. Peut-être saurait-il ouvrir son expression, et relâcher ces sourcils qui forçaient à son regard un plissement bien aiguisé pour des yeux si grands, si profonds.
Une grande bourrasque tira les longs cheveux sombres de la jeune femmes, et fit s’envoler ses franges de cuir et de jute. Elle releva sur lui un regard rond.
« Tu es mage ?! »
Pour la première fois, l’enfant découvrait sa voix comme elle l’était : légère, mélodieuse. Pourquoi l’avait-elle grevée de tant de méfiance, tantôt ? L’enfant secouait la tête. Il était à peu près sûr de ne pas l’être.
« — Ne viens-tu pas de commander au vent ?
- Je l’ai fait, tu crois ?! »
L’avait-il fait ?! La question venait de l’emplir d’une joie simple, débordante ! Et elle parut toute aussi surprise qu’il l’avait été quelques secondes plus tôt, à entendre son éclat de voix, si grand, si lumineux, alors qu’il avait paru si confus, perdu. Elle ne faisait que le détailler plus avant ; mais il restait, pour elle, un petit en nuances de gris.
« Peut-être un hasard, » conclut-elle. Les épaules du garçon retombèrent. Il aimait le vent, il aimait le suivre comme lui paraissait s’inviter dans sa piste. Mais il ne pensait pas savoir le commander. Le voulait-il, d’ailleurs ? Il prenait une demi-seconde pour y réfléchir… avant d’estimer qu’il espérait simplement qu’il saurait, un jour, peut-être, l’écouter et lui répondre. C’est qu’il était inconstant : tantôt joueur, tantôt boudeur — parfois absent, parfois grondant.
« Qui tu es ? »
La jeune femme avait choisi de briser le silence, voyant la tête de l’enfant aller et dodeliner sans relancer l’échange. Elle croisait les bras tout en s’adossant à la roche de la falaise qu’ils longeaient.
Ioan parut hésiter, pondérant la question dans ses aspects plus existentiels. Mais elle y coupa court.
« — Nom.
- Oh. Ioan. Ioan Kappel. Et toi ?
- Ils m’appellent Herbe Blanche. »
Les plateaux orangés qui s’étendaient vers le ciel étaient proches, désormais, et projetaient sur lui leurs ombres salvatrices. En leur bordure il pouvait voir les éclats des rayons lumineux faiblissant tandis que coulait le jour, laissant le firmament se parer de ses plus beaux atours pour les heures du crépuscule. L’air y était frais, plus frais. Il brusquait ses cheveux et soufflait la sueur qui y perlait.
Enfin, celle qui le guidait ralentissait. Ses épaules se soulevaient, s’abaissaient, et il en suivait le mouvement d’un regard tranquille. Elle relâchait sa main, et il la laissait retomber lourdement à son coté. Le vent, surpris par ce quasi-arrêt si soudain, s’étirait en une brise taquine, que Ioan repoussait dans la direction de son accompagnatrice — peut-être saurait-il l’amuser, lui. Peut-être saurait-il ouvrir son expression, et relâcher ces sourcils qui forçaient à son regard un plissement bien aiguisé pour des yeux si grands, si profonds.
Une grande bourrasque tira les longs cheveux sombres de la jeune femmes, et fit s’envoler ses franges de cuir et de jute. Elle releva sur lui un regard rond.
« Tu es mage ?! »
Pour la première fois, l’enfant découvrait sa voix comme elle l’était : légère, mélodieuse. Pourquoi l’avait-elle grevée de tant de méfiance, tantôt ? L’enfant secouait la tête. Il était à peu près sûr de ne pas l’être.
« — Ne viens-tu pas de commander au vent ?
- Je l’ai fait, tu crois ?! »
L’avait-il fait ?! La question venait de l’emplir d’une joie simple, débordante ! Et elle parut toute aussi surprise qu’il l’avait été quelques secondes plus tôt, à entendre son éclat de voix, si grand, si lumineux, alors qu’il avait paru si confus, perdu. Elle ne faisait que le détailler plus avant ; mais il restait, pour elle, un petit en nuances de gris.
« Peut-être un hasard, » conclut-elle. Les épaules du garçon retombèrent. Il aimait le vent, il aimait le suivre comme lui paraissait s’inviter dans sa piste. Mais il ne pensait pas savoir le commander. Le voulait-il, d’ailleurs ? Il prenait une demi-seconde pour y réfléchir… avant d’estimer qu’il espérait simplement qu’il saurait, un jour, peut-être, l’écouter et lui répondre. C’est qu’il était inconstant : tantôt joueur, tantôt boudeur — parfois absent, parfois grondant.
« Qui tu es ? »
La jeune femme avait choisi de briser le silence, voyant la tête de l’enfant aller et dodeliner sans relancer l’échange. Elle croisait les bras tout en s’adossant à la roche de la falaise qu’ils longeaient.
Ioan parut hésiter, pondérant la question dans ses aspects plus existentiels. Mais elle y coupa court.
« — Nom.
- Oh. Ioan. Ioan Kappel. Et toi ?
- Ils m’appellent Herbe Blanche. »