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Nous sommes quatorze ans après les évènements de Kingdom Hearts 2. En tant d’années, les choses ont considérablement changé. Les dangers d’hier sont des soucis bénins aujourd’hui, et au fil du temps, les héros ont surgi de là où on ne les attendait pas. Ce sont les membres de la lumière qui combattent jour après jour contre les ténèbres.

Ce n’est plus une quête solitaire qui ne concerne que certains élus. C’est une guerre de factions. Chaque groupe est terré dans son quartier général, se fait des ennemis comme des alliés. Vivre dehors est devenu trop dangereux. Être seul est suicidaire. A vous de choisir.

La guerre est imminente... chaque camp s'organise avec cette même certitude pour la bataille.

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Zombardiers et cervelles moisies

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Il avait mal au crâne et l'air était lourd. Comme si une chape de plomb reposait à quelques centimètres de son visage. Ouvrir les yeux sembla lui prendre une éternité, plus encore. Son corps ? Semblable à de la pierre, il bougea avec difficulté. Quelque chose de saugrenu lui sauta aux yeux à l'instant même où il les ouvrit. « Mais qu'est-ce que... » intrigué d'abord, surpris peut-être également. Ce qu'il voyait c'était une vue fixe sur un plancher et un mur. Alors qu'il bougeait. C'était étrange, indescriptible. Fabrizio cligna plusieurs fois des yeux avant de comprendre.

Sa tête était séparée de son corps.

L'analyse des faits était claire. Il venait de tomber à la renverse et s'était vu, spectateur de sa propre chute. Un corps revêtu d'une lourde armure noire s'était écrasé à deux centimètres de son visage. Il remua comme un ver sur le sol pendant quelques secondes, sidéré puis curieux. Il était en vie, ça oui. Mais il faudrait plus que de la vie pour qu'il parvienne à avoir une quelconque coordination.

Non mais il était décapité. Décapité, vraiment.

Silence. Il se figea quelques instants. Leva un bras. De ses yeux, il voyait le tas de tôle lever un bras. Ah, bon. Lentement, il roula sur le côté de manière à être moins vulnérable qu'un crabe renversé. Mais toujours dans une lenteur gênante. C'est là qu'il opta pour une solution plus bête mais tout de même brillamment.. euh... brillante, selon-lui. Et ainsi, il ferma les yeux. Se concentrant sur son corps. Entrouvrant parfois un œil pour voir si oui ou non il se rapprochait de son but ; attraper sa tête. Quelques laborieuses minutes furent nécessaires. Une fois que cet appendice vital fut a sa portée il-

merde, elle était tombée.

Recommençons.

« Putain mais ça va pas me f- » Bruit de tôle. Retour à zéro.

Pondération sceptique, le cul par terre.

Fabrizio fut fasciné par sa capacité à respirer – faute de pouvoir faire autre chose que de respirer et de tomber ! Son cou était sectionné – de toute évidence. Mais l'air qu'il inspirait par son nez, chargé des effluves moisies émanant du plancher décrépit,finissaient dans ses poumons ceints de chair et du métal noir de son armure. Très belle armure par ailleurs qui ne manquait pas d'être fort ostentatoire et de fer noire bardée d'ornements mystiques. De la belle ouvrage.

Il prit une grande goulée d'air putride et se concentra. Il allait y arriver, ce n'était qu'une question de pratique. Il était assis. Il n'avait qu'à bouger légèrement et – ah, non, sa tête était hors de portée. Bon, il se mit à quatre pattes. Fermant bien les yeux tant pour s'épargner ce triste spectacle que pour se concentrer sur son corps cherchant sa tête plutôt que sur ses yeux regardant son corps cherchant sa tête qui- voilà. Aille ! Mais il allait s’assommer comme ça ! Est-ce qu'il avait toujours été une brute avec ses affaires !? Oh, çaallait vite lui donner la nausée tout ça. C'était étonnant, il n'avait pas du tout mal au cou. Il avait clairement mal à la tête, là où il venait de se frapper tout seul mais c'était une autre histoire.

Il attrapa sa tête par les cheveux, masse tentaculaire décoiffée, ce qui d'ordinaire il n'aurait jamais laissé passer, et la porta a deux mains. Il lui fut ainsi aisé de se redresser. Tête collée contre son torse à la manière d'une lanterne qui n'éclairait rien, il put enfin observer les alentours. Sombres, mais loin du dénuement.

De plus, il n'était pas seul. Bien que ses yeux soient habitués à l'obscurité, lui n'était tout simplement pas habitué à ce que ses yeux soient aussi bas. Il avait clairement entendu du mouvement dans un recoin de la pièce. Après une tentative infructueuse et quelques minutes de plus à chercher cette « putain de saloperie de - Je vais te laisser là si tu continues ! » de tête, il réalisa que non, elle ne tenait pas sur son cou. Son cou était nimbé d'une aura bleue fantomatique. Peut-être lié à la puissance mystique qui le tenait en vie ?

Bien, si cette puissance mystique pouvait lui recoller sa tête aussi ce serait pas trop demander.

Il garda sa tête sous son bras gauche, histoire de garder sa main droite prompte à dégainer son épée – une bonne nouvelle, il était armé, si jamais un coup dur arrivait. C'était bancal, et avançait aussi lentement qu'il était maladroit, mais c'était mieux que rien.

Le chevalier sans tête progressa jusqu'à la provenance du bruit. Sur une longue table, quelque peu semblable à celle là où il s'était éveillé, se tenait une forme. Un tissu étrangement étalé. Un long manteau, un masque, tous deux de couleur sombre qu'il ne parvenait pas à identifier. Le manteau en lui-même ne semblait pas provenir d'un monde qu'il connaissait. Silencieux désormais, conscient qu'il était encore trop maladroit pour se défendre correctement, il approcha sa main gantée de fer du manteau. Une hésitation parcourut son esprit. Pourquoi abandonner un manteau ici ? Ça ne collait pas avec le reste du mobilier. Ça n'avait aucun sens. Peu de choses avaient eu un sens jusqu'à maintenant mais, au fond de lui, il y avait une résolution. Quand il le toucha, il sentit que le tissu était tiède. Quelqu'un l'avait porté très récemment encore.
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Un instant.

Un murmure.

« Je suis pas chatouilleux, vous savez, » commenta-t-il, presque navré de décevoir une si magnifique créature.

Quel autre adjectif employer ?

Rêvait-il, ou avait-il rêvé jusque là ? Ioan avait fixé le plafond un moment — un patchwork de taule dont les bords sombres formaient un labyrinthe qu’il avait suivi du regard. L’air était cotonneux, de texture comme de goût. A moins que cette sensation ne soit pas née de ce qui l’entourait, sinon de son propre corps, mou et confus. Dis-moi, bougeras-tu ? Ni ses doigts, ni ses jambes, n’avaient daigné répondre à ses appels silencieux. Ils s’évaporaient, comme le bourdonnement qui l’avait enrobé, dans une pièce qui n’était réduite que parce que chargée. L’esprit de l’enfant, lui, avait nagé dans l’obscurité dense qui noyait la pièce, seulement piquée de quelques timides rayons lunaires. Ioan avait entendu progressivement, à mesure que les abeilles chantant à ses oreilles se défilaient, le bouillonnement de solutions, et le grincement d’une chauve-souris ; chacun poignardant le silence paisible qui se voulait la toile de fond de cet antre glacial.

Puis alors l’enfant avait saisi le couinement d’une armure mal huilée, et avait tenté d’attraper d’une œillade prompte une ombre se hâtant sur le mur. Vidé de toute vigueur, il s’occupa, observant le spectacle saisissant d’un homme manifestement passé par le dédale de Celle-qui-ôte-les-têtes. Une représentation en ombres chinoises sur le mur qu’il fixait. Le tout, agrémenté d’un orchestre cliquetant. Inquiété par une ultime chute crânienne, le garçon voulut se relever. Si le haut de son torse parut suivre, et ses orteils remuer doucement, la seule impression qu’il reçut du reste de ce qui le composait était un froid insidieux.

Le chevalier pour sa part était sorti du cadre de lumière qui lui servait de scène. Ioan prit donc le temps d’aviser les détails d’un serpent de craquelures, nullement inquiet de ce nouvel environnement pour le moins inconnu. Pourquoi était-il ici ? Cela n’était pas la question qui le hantait : désormais qu’il pensait à celui qui l’avait diverti, c’était à se demander pourquoi Celle-qui-ôte-les-têtes était à craindre. Voilà bien un individu qui y survivait très bien. Ioan douta toutefois que ce soit fait pour lui, étant attendu le manque de pratique de la chose à l’aune de ses intérêts.

Ses doigts glissèrent sur une surface autrefois lisse mais sale, parsemée de traces rêches.

L’orchestre reprit tranquillement.

Et petit à petit, l’enfant en devint un auditeur privilégié.

Il se rapprochait.

Encore, un peu plus.

Les poings du garçon se serrèrent d’anticipation contenue.

Un cercle bleu trancha les ténèbres, au coin de son œil.

Une armure sombre coulait du disque incandescent. Et malgré que l’éclairage ne fut pas optimal, le garçon pouvait voir sur le métal le reflet de gravures séduisantes. Elles s’adonnaient sur la surface rigide à un bal quasi-mystique, accompagnées par la lueur lancinante des flammes qui les surmontaient. Le gantelet ouvragé, d’un tintement noble, passa devant ses yeux ébahis. Un véritable travail de maître ! Un ouvrage à la tenue aussi élégante qu’orgueilleuse. Solide, et parfait.

L’enfant eut probablement pu, il est vrai, manifester plus avant une quelconque forme de conscience lors que le chevalier sans tête s’était approché. Mais outre ses limitations du réveil, qui semblaient lui passer (ses pieds remuaient, le pensait-il tout au moins), cette armure était aussi belle que ce lieu était nouveau.

Ioan n’avait nulle autre possibilité que d’en laisser les formes, les couleurs, les sensations — l’imprégner.

Jusqu’à ce que la merveille vivante qui le surplombait vienne le toucher du bout du gantelet.
L’enfant avait été perplexe.

Il chercha à comprendre. Ce n’était pas, jusque là, une réaction qu’il avait suscitée. Alors… il dû bien se retrancher dans la seule explication plausible à sa portée. Le garçon avait songé au fait que la chose soit prise d’une simple curiosité. Peut-être l’enfant était-il d’une texture qui lui était inconnue ? Mais pourrait-il ressentir le rêche ou le doux de ses vêtements ? Le gras ou le sec de sa peau ? Son toucher était-il le même que le sien ? Il en douta. Probablement devrait-il interroger quelques épées ou couteaux à ce propos. Préjuger des sens d'une telle armure n'était après tout pas une démarche des plus ouvertes.

Les chatouilles, cependant, avaient été une méthode prisée de certains afin de regagner l’attention du garçon.
Sans grand succès.

« Je suis pas chatouilleux, vous savez, » avait-t-il donc commenté, presque navré de décevoir une si magnifique créature.

Probablement surpris — pourquoi ? — le chevalier s’écarta immédiatement, reculant d’un geste presque maîtrisé ! — Mais en une seconde que l’enfant tenta de retenir, la tête chuta du bras qui l’avait maintenue. L’armure semblait en effet bien peu accommodée de sa condition nouvelle. « Z’avez mal ?! » s'enquit Ioan en se redressant brusquement. Sans attendre, il se laissa glisser au sol, voulant récupérer pour son possesseur le précieux bourrichon.

Oh.

Voilà qui était fâcheux.

Où étaient ses mains ?

Où étaient ses jambes ?

Ioan était accompagné du plus magnifique des manteaux. Jamais en avait-il porté un qui égale la dextérité et le soin avec lesquels celui-ci était cousu. Or le garçon pouvait se targuer de le servir, de le mettre en valeur ! Pour cause : il en disparaissait ! Les manches proches des oreilles de son nouvel acolyte, l’enfant s’immobilisa.

Il ne voyait pas ses mains.

Il ne voyait pas ses jambes.

Elles n’étaient plus là.

Il les sentait pourtant, n’est-ce pas ? Avait-il donc réellement besoin d’aide pour exister ? Pourquoi ne se voyait-il plus ? Voilà une expérience qui n’avait rien d’anodine. Mais… pourquoi ? Avait-il perdu ses couleurs ?
Intrigué d’abord, une inquiétude naissait en lui. Un germe sans nom qui attendait là un terreau fertile. Une crainte sur laquelle il n’arrivait pas à mettre d’explication. Quelle qu’ait été cette sensation, le garçon la percevait intuitivement comme négative.

Il sentit ses doigts se refermer sur la chair encore chaude de la tête appartenant à l’armure corbeau, cherchant son regard. Mais il faisait sombre soudain, et il peinait à le trouver. Pourtant, cette chaleur qui radiait contre ses doigts était rassurante.
Comme son monstre généreux.

« Vous avez besoin d’aide avec votre tête ? » demanda-t-il d'une petite voix.

Le chevalier se tenait devant lui, et l’orchestre s’était tu.

Ne restait que le grincement solitaire d’une chauve-souris tintante. L’enfant tourna la tête.
La sienne, bien sûr.
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La pénombre totale, l'obscurité. L'atmosphère semblait lourde. Mes mains ressentaient du tissu. Je ressentais mes canines qui semblaient inhabituellement grandes. Je me sentis faible, très faible. Je parvenais à distinguer quelques sons, mais je ne pouvais les interpréter correctement. Mes mains peinèrent à faire un mouvement. Je ressentis une paroi à ma droite. De l'autre main, je fis un geste et je ressentis à nouveau un mur, impénétrable, qui semblait me bloquer le passage. La panique s'empara en un instant de moi après avoir senti la seconde paroi et mes mains se levèrent dans un effort désespéré. Je ressentis à nouveau une surface froide qui semblait me bloquer le passage. Elle sembla bouger légèrement lorsque de mes mains, je tentais de pousser. Quelle horreur, j'étais à l'étroit !

La panique s'empara cette fois réellement de moi. L'air semblait rare, j'allais mourir étouffé si je ne me libérais pas suffisamment vite de cette prison. J'exécutai une succession de coups sur l'objet qui me bloquait le passage au dessus de moi. Pendant un instant, il sembla se soulever et j'entrevis un peu de lumière. Une lumière peu vive, tamisée, mais de la lumière. Un second effort parvint à décaler un peu le gênant obstacle, mais ne me libéra pas encore. Je repris mon calme : l'air était revenu et je pouvais à nouveau percevoir cette faible lumière grâce au passage que je venais de libérer. Un dernier effort et je parvins enfin à décaler l'objet plus loin et me frayer un passage à l'extérieur.

Je pus me lever avec difficulté. La surface sur laquelle je foulais le sol me sembla métallique et un peu surélevée. La pièce était mal éclairée, mais l'éclairage était suffisant pour entrevoir un objet métallique à l'écart. J'entendis le grincement d'une chauve-souris qui, après avoir cru que j'allais étouffer, ne m'impressionna pas trop. Je fis volte face pour observer ce dans quoi je m'étais éveillé : une boîte noire. En refermant le couvercle, j’entrevis un motif en forme de croix. Pardon ?

- C'est quoi ce bordel, pourquoi j'étais dans un cercueil ?!


Je fis un mouvement rapide pour m'approcher de quelque chose qui semblait émettre un reflet plus loin. En m'approchant, je dus descendre de ce qui me surélevait, une sorte de table d'opérations ou pour des expériences. Je vis des tubes contenant des liquides en tous genres aux alentours tout en m'approchant de ce qui semblait être un miroir. Et là, je fis un constat inquiétant : pas d'image. Je ne me voyais pas dans le miroir. C'était comme si mon existence toute entière s'était effacée. Mais dans ce cas, pourquoi j'avais pu sortir du cercueil ? Je fis un regard inquiet vers ma main pour me rassurer concernant la présence de mon corps.

La main était blanche comme un linge, mais elle me semblait bien visible et tangible. La manche de mon vêtement semblait totalement noire puisque je ne parvenais pas à la distinguer. Je fis un mouvement de cette main, cette même main que je venais d'observer, la droite. Je me tâtai en vitesse en tout sens, partout, pour comprendre les vêtements que je portais puisque je ne pouvais les observer dans la glace. A priori, cela ressemblait bien à un costume noir et une cape, mais je ne pourrais en comprendre plus, pas sans pouvoir observer mon reflet dans le miroir. Me palper ne suffirait pas à comprendre, surtout que je ne me rappelais pas avoir revêti cette tenue. Un nouveau grincement me fit faire un sursaut. L'animal était toujours présent.
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CLING CLANG CLUNG
Mes oreilles bougent. Réveillées par un bruit métallique. Est-ce déjà l’heure ? Ce n’est pourtant pas le ronflement répétitif que la machine émet normalement.
J’entrouvre un œil puis l’autre. Ils papillonnent en cadence décalée, le temps de m’habituer au réveil, de m’habituer à la luminosité. Et pourtant il fait encore nuit.


Awh Théobald… Ce n’est pas encore l’aube… Que fais-tu donc ? Dis-je en marmonnant dans mon semi-sommeil.




Je m’étire les bras et le dos en baillant. Je grimace à l’odeur d’un relent moisi. Cela ne vient tout de même pas de ma bouche ?!! Je tire la langue de dégout, elle est pâteuse. J’espère que je ne suis pas malade… Je m’étire cette fois les jambes, en écartant les orteils.

Et je tombe.

L’atterrissage est violent, tête la première. Je me retrouve un peu sonnée. Je ne suis certainement pas tombé de la boite d’allumette qui me sert de lit. Le sol n’est pas du carton de la boite à chaussures qui me sert d’appartement dans l’atelier d’impression de l’Eclaireur. Et surtout… Je suis tombé vers le haut ! Ou vers le bas mais alors pourquoi je me tenais à l’envers, accrochée à cette balançoire pour oiseaux ? Je vais avoir une sacré bosse sur le crâne.


Une cage ? ! Enfin, je distingue un peu mieux mon environnement.




Je suis perdue. Je me retrouve donc enfermée dans une cage à oiseaux métallique. Où je dormais visiblement la tête en bas… accrochée par les …


PIEEEEEEDS ?? ! J’hurle de terreur en voyant la forme de mes orteils.




Je suis désormais pourvue de véritable griffes, pas tout à fait des serres. Je porte mes mains pour constater avec effroi que ce sont réellement les miens. Pire encore. Mes mains sont également griffues. Et une pièce de cuir souple est tendue de mes poignets jusque mes flancs puis descend jusque mes chevilles.
Je me relève, titubant sur mes nouveaux membres. Lorsque j’avance un pied, la toile tendue tire sur le bras du même côté. C’est assez perturbant, encombrant. Ma belle robe de pétales de coquelicot a été troquée par un immonde sac de poils. De quoi j’ai l’air maintenant !!

Le bruit métallique continue en contrebas. Je dresse la tête, oriente mes oreilles…. Depuis quand je peux orienter mes oreilles ?!!! Elles sont toutes petites ! J’ai peur d’y porter les mains pour constater que ce n’est plus le cas. Elles étaient toutes petites. ETAIENT ! Maintenant elles sont longues, fines et larges. Je respire vite sous toutes ses émotions, mon cœur bats la chamade, j’ai peur, je ne comprends plus rien. Est-ce un cauchemar ?
Je préfère portée mes mains à mes yeux humides en essayant de ne pas me griffer. Et là je peste. D’accord mon nez était UN PEU retroussé ! Mais du genre petit, mignon ! mais pas … mais pas un…


un GROIN !! Je n’en peux plus. Il faut que je me vois dans un miroir.




Je prends mon élan autant que je peux, contrainte par cette pièce de cuir et ses griffes. Je saute. Et je bats des ailes pour m’envoler.

Et je tombe.

Mes ailes sont coincées sous la pièce de cuir, rabattues mais je sens leur présence. Me voici incapable de voler. Rassurée de les savoir présentes mais, en l’état, absolument pas fonctionnelles.


Qu’est-ce que c’est que ce B… ! … Non ! … Non ! Non… Je ne dois pas jurer. Ce n’est pas correct. Je dois plutôt me calmer et pour cela rien de mieux que de compter à rebours.




Je m’approche des barreaux de la cage. En dessous je vois plusieurs formes, d’abord chacune sur une table puis elles s’activent, se réveillent également, s’animent. Est-ce qu’on peut dire « animer » quand il s’agit d’un manteau fantôme, d’une armure sans tête et d’un damné ? Le dernier peut paraitre un peu plus vivant, si ce n’est sa peau livide, ses cheveux pâles et ses yeux rouges. Mais ils bougent tous donc…… Je suppose.

Le reste de l’endroit est… lugubre. J’en ai des frissons dans les poils du dos. Je le découvre en même temps. J’ai donc du poil dans le dos. BEURK ! C’en est trop ! Rendez-moi mes beaux atours et ma mignonnerie ! Je me débats avec mon actuelle apparence, en vain. Je trébuche sur mes griffes et me cogne à la paroi de la cage. La porte s’ouvre sous le choc de mon corps tombant contre elle. Elle n’était pas verrouillée.

Et je tombe.

Je tourne sur moi-même pendant la chute. Je suis incapable de voler sans mes ailes ! J’écarte les bras, je m’agite. Les bras, les jambes, les bras avec les jambes, j’essaie toute les combinaisons mais c’est tout juste si je réussis à ralentir ma chute. Je n’ai pas encore la technique du vol des oiseaux ni des…


CHAUVE-SOURIS ! Quelle horreur J’ai toujours veillé à fuir ces bêtes-là. Elles nous confondent toujours avec des insectes myope comme elles sont, pire encore que les oiseaux ! Au moins il est plus facile de les éviter, les fées ne s’aventurent que très rarement de nuit dans la forêt du Pays Imaginaire.




En attendant, je tombe. Ma chute est enfin amortie par la cape noire du seigneur vampire. Je glisse le long de la toile tendue puis je roule au sol, en boule, jusqu’au pied de l’armure d’obsidienne. Ma baguette magique glisse à mes côtés. J’ai la tête qui tourne, je peux presque compter les chandelles qui tournent autour de mes yeux. Ma baguette ! Je l’avais oubliée ! Une fois mes esprits enfin à leurs places, je me précipite pour la saisir entre mes griffes et je la couve comme un trésor qui ne doit pas m’échapper. J’ai le rythme cardiaque d’une souris paniquée. Je ne sais pas ce que je fais là, je ne sais même pas comment j’y suis arrivée. Pourquoi m’a-t-on affublée d’une telle apparence ? Quelqu’un attent-il quelque chose de moi ? Il ne pouvait pas simplement m’envoyer un courrier à l’Eclaireur comme tous les autres ??!!

Oh…..

Un courrier ? Il n’y avait pas une histoire de courrier ? C’est encore difficile pour moi de remettre les données en place. Je devrai peut-être y réfléchir plus tard. Du moins lorsque je me serai mise à l’abri. Avant que les trois énergumènes ne m’attrapent !!


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Il était quatre. Le chevalier sans tête, l’homme-invisible, le comte vampire ainsi qu’une chauve-souris dans les atrocités de la ville d’Halloween. Qui sont-ils ? Que font-ils ici ? Surement une folie d’une bête assoiffée de sang et n’attendant rien de plus que quatre aventuriers.

Pourtant ? Il se réveille dans les plus sombres machinations d’un docteur fou

Vont-ils oser quitter les murs réconfortants de la torture pour affronter le défi les attendant dans les rues de la ville ?! Est-ce que nos quatre héros vont survivre à une nuit à Halloween Town ? Vous comme moi, nous tardons à connaître la réponse à cette question

Toutefois, sommes-nous réellement prêts à lire la suite de cette quête…
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« Merci – personne aurait un genre de corde ? »

Un chevalier sans tête, un homme invisible, un vampire et une petite bestiole volante qui s'était rapidement éclipsée. Bien. Maintenant, quoi ? Pour Fabri, c'était tout trouvé ; il aimerait bien pouvoir faire deux pas sans s'inquiéter de savoir si sa tête était toujours sur ses épaules. Enfin, il ne savait ; il voyait par ses yeux donc c'était simple. Mais avoir conscience que son corps n'était pas au même endroit d'où portait son regard ? C'était aller au delà de sa compréhension.

Sa tête toujours sous son bras gauche, il alla dans la direction de la petite bestiole. Elle les fuyait. Il ne la blâmait pas, d'un côté, parce que déjà, lui, il se faisait flipper. « On va pas te manger, t'inquiète pas. Viens. » Enfin lui non en tous cas, mais comme il ne savait pas pour les autres il allait se taire. Fallait pas la faire baliser encore plus.

Ce monde transformait toute personne qui y était étrangère, c'était logique. Ce qui ne l'était pas, cependant, c'était leur petit rassemblement dans ce laboratoire des plus glauques. « Tout le monde est là ? » demanda Fabrizio.

Pas d'autre réponse. Et la petite chauve souris demeurait cachée.

Ce silence, en plus de lui permettre de vérifier si tout le monde était là lui permit de réaliser quelque chose d'autre. Même s'il ne voyait pas sa tête, c'était visible par tout le monde que le manteau volant faisait quoi, un mètre cinquante ? Enfin, si on y rajoutait quinze centimètres au dessus, pour une tête. Franchement. Il était pas doué à jauger la taille des gens ; lui-même était plutôt dans la moyenne, mais là, les deux gamins avec lui...

Oui, c'était des gamins Avec une chauve-souris. Parce qu'il fallait rajouter que le gars qui sortait du cercueil était pas plus grand que le manteau volant. C'était quoi, la blague ? « Bon, on va pas passer six ans ici. »

Il avisa une porte, planquée entre une étagère et un coin de mur meublé d'un drap noir et d'un table vermoulue couverte de choses absolument répugnantes. Il ouvrit la porte, qui tourna lentement sur ses gonds en produisant un son qui lui donna la chair de poule. Lentement, une vague d'air douceâtre entra dans la pièce, ainsi qu'une lueur rouge ; apaisante comme si elle rassurait sa proie avant de venir l'engloutir. Il resta silencieux. Ce n'était pas une nuit comme les autres.
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Il faisait froid. Mieux valait que le Chevalier trouve sa petite amie : une si minuscule chose que Ioan l’avait à peine entraperçue. « Si vous la trouvez vous savez, j’ai des poches qui ont l’air bien, » proposa-t-il donc, faisant un pas vers la lumière. « Si elle y loge. » L’enfant, profitant du temps d’adaptation et d’analyse de son nouveau compagnon, avait d’ores et déjà couru du regard, suivi du corps, la pièce et ceux qui la peuplaient — à l’exception de la chétive créature qui s’était cachée. Intrigué, il avait même observé son reflet au travers de celui, embarrassé ou poli tant il se faisait discret, de l’homme livide qui quelques instants plus tôt s’était tiré d’une imposante caisse.

Cette lueur rouge toutefois l’avait sifflé d’un grincement de porte ; aussi s’était-il détourné des solutions bouillonnantes dont il admirait le dynamisme. Elle venait à ses pieds, léchant le sol d’une couleur incandescente, l’invitant en lui dessinant un tapis d’honneur. Tant de cérémonies n’étaient pas nécessaires, s’était-il dit en dépassant l’orchestre cliquetant. Le garçon passa la sinistre haie d’honneur que lui prétextait l’encadrement de la porte, humant une odeur délicieusement répugnante de renfermé et de moisi. Laquelle, remontait désormais jusqu’au sommet des escaliers qu’il empruntait. Accrochée à une chaîne malade, tenant bon malgré les tâches de rouille qui marquaient son métal, une cage à peine plus grande qu’une pinte s’enflammait d’un éclat sanguin. Le rez-de-chaussée, cône mal proportionné, se dévoilait alors comme une petite cuisine sommaire au centre de laquelle trônait un chaudron encore fumant. Deux fenêtres triangulaires, étroites et éreintées, laissaient à la Lune un espace restreint par lequel épier l’avancée de l’enfant.

Tout sombre, tout vieillissant, tout difforme qu’était le mobilier comme la demeure qui l’abritait, Ioan ne se sentait pas, alors, étreint d’une peur étouffante. L’endroit avait un charme inquiétant que le garçon laissait le traverser en une crainte curieuse et discrète. Il descendit les marches inégales, découvrant à peine un nouvel espace à explorer, s’occupant peu il était vrai, de ses camarades, tant il était prit à suivre le chemin que la lueur avait tracé pour lui.

L’odeur qui envahissait la bâtisse venait donc de ce chaudron. Quelle fonction une concoction si peu appétissante pouvait bien remplir ?


BANG !


Alors on frappa à la porte. En bas. L’enfant sursauta, se retournant.


KRR. KRR.


On y racla. D’un pas rapide, il s’en approcha.

On y râla. Sa main se posa sur la poignée, dont le glacial le transperça d’un frisson.


BANG !


Contre la fenêtre qui le dépassait, sur sa droite, une main venait s’écraser de désespoir. Elle glissait avec peine, suivant le mouvement d’un corps ratatiné que le garçon s’imaginait s’écraser au dehors. La gorge de l’enfant se serra sensiblement. Son cœur se compressa d’une urgence encore inhabituelle… il devait ouvrir.


BANG !


Un poing s’abattit immédiatement sur la fenêtre — rageur, vengeur, affligé, meurtri — faisant voler en éclats sonnants la vitre. Le verre cognant le sol pleurait de mille tintements, faisant écho au soupir rauque et mourant de ce qui s’accrochait en un effort difficile au rebord de pierre. Ioan pouvait alors discerner les doigts fins et décharnés d’un homme qui ne pouvait être qu’à l’agonie. Son souffle se coupa.


BANG !


N’était-ce pas normal d’aider ceux dans le besoin ?

Il commença à tourner la poignée.
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Toujours devant le miroir, je m'aperçus que l'objet métallique au loin n'était autre qu'une armure dont la tête reposait dans la main. Elle demandait si quelqu'un avait une corde, mais même si j'en aurais eu une sur moi, jamais je ne la lui aurais donné. Ce spectacle pittoresque d'une armure luttant pour comprendre ce qui l'entourait en ayant sa tête séparée de son corps m'amusait au plus haut point alors qu'un second phénomène, lui aussi fascinant dépassa l'armure qui s'approchait de la porte : un manteau flottant au dessus du sol et doté de parole ! Observer un homme sans tête se mouvoir m'avait tellement excité que je n'avais pas pu m'empêcher d'approcher et de l'observer sur tous les angles... Même de le toucher de partout. Déjà à l'intérieur de l'armure, son corps semblait bien présent, malgré qu'il était totalement décapité. Sa tête et l'ensemble de son corps était vivant, mais bel et bien totalement décalé et perturbé par cette magnifique situation. Que c'est beau, le surnaturel !

Enfin, peut-être j'avais pensé trop vite puisque l'instant d'après, je fus parcouru d'un violent sursaut qui me fit reculer de l'armure noire, causé par de violents coups qui retentissaient de partout, violents, inquiétants. La vitre se brisa puis une silhouette au teint blafard, pourri, presque squelettique, dont les vêtements étaient déchirés se hissa dans la pièce, poussant de terribles plaintes et grommellements en tous genres qui ne rassuraient guère. La créature s'approchait de façon lente, lente mais semblait menaçante. Les bruits continuaient et la poignée commençait à tourner, sûrement à cause de cet abruti de manteau qui se trouvait juste devant celle-ci. Je fis un autre violent mouvement de recul, causé par ma panique.

- NON !

Peut-être aurais-je du rester dans mon cercueil finalement. Sous l'emprise de la panique, ma main se parcourut d'une chaleur que je connaissais bien avant d'expulser en catastrophe une boule de feu qui percuta l'être. Dans un élan de lucidité, ou plutôt un instinct de survie complètement désespéré j'eus l'idée de reculer pour me saisir en catastrophe du couvercle du cercueil. Jamais à la distance à laquelle j'étais je n'aurais pu songer à stopper le manteau dans son mouvement complètement absurde et inconscient d'ouvrir à des présences aussi hostiles. Le couvercle me sembla toujours un peu trop lourd pour moi, mais il ne m'était pas destiné : je souhaitais le traîner pour en faire don à l'armure. Lui offrir pour qu'elle puisse me servir de bouclier hu... Mais pouvait-on encore vraiment parler de bouclier humain alors qu'elle n'avait même plus la tête sur ses épaules ?
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On ne va pas te manger. T’inquiète pas. Viens.
Bien sûr oui. J’ai été kidnappée, transformée contre mon gré en mocheté, enfermée dans un endroit lugubre et visiblement à l’hygiène déplorable où même l’air est moisie. Je vais naturellement suivre le premier soldat décapité qui m’y invite !

Ce n’est pas parce qu’il le demande, même gentiment ou nonchalamment que je vais l’accompagner ! Je n’ai absolument pas confiance !
Non, non et non… Je préfère encore rester là derrière ce pied de table où ils ne me voient pas. Moi par contre je peux voir leurs pieds qui quittent la pièce sans davantage se soucier de moi. Ouf ! Je peux enfin me détendre.

Me voici seule, je vais pouvoir réfléchir à cette histoire folle. La dernière chose dont je me souviens…. C’était …. C’était …
Ah ! Une lettre cachetée ! Une invitation pour une quête légendaire ! Oh comme j’étais excitée à l’idée d’aventures rocambolesques dans un monde inconnu. Mais je ne me rappelle plus… Est-ce que je suis partie aussitôt ? Ais-je prévenu quelqu’un à l’Eclaireur ? Et comment ais-je fait la route ? Est-ce que ça a réellement un rapport avec cette lettre ?

Je regarde autour de moi cette pièce qui me parait d’un coup tellement grande et encore plus lugubre… Tout y est si immobile si ce n’est les liquides bouillonnant dans des flasques de verre de façon presque…menaçante. On les croirait prête à exploser sous la pression…


Hey ! Oh !.... Il y a quelqu’un ?... Je crois distinguer des ombres qui bougent rapidement dans la bordure de mon champ de vision… Ou peut-être que je les imagine. Cette pièce obscure vide de toute vie m’angoisse un peu.




Au final, je vais peut-être bien rester avec l’armure sans tête et les deux autres… Je ressens comme une urgence à rester à leurs côtés. En plus le soldat noir m’a invité gentiment à le suivre… Et le manteau vide m’a même proposé une place dans ses poches… Je pourrais même me poser sur la cape du livide, je suis sûre qu’il ne sentirait pas la différence en la laissant trainer au sol derrière lui…

Je recule doucement vers la porte, en ouvrant de grands yeux pour surveiller que rien ne m’attaque. Mes griffes cliquettent contre le sol alors que je boitille maladroitement pour me déplacer. Il n’y a rien ni personne pour m’attaquer dans le dos. Malheureusement pour moi, je me retrouve en haut d’un escalier qu’ils ont déjà descendu. Chaque marche fait au moins deux fois ma taille, il va me falloir une éternité pour descendre et ils vont disparaitre hors de portée !

Je m’envolerais bien mais je ne trouve pas encore comment manipuler cette toile qui m’enquiquine et je sens que je vais me casser le nez en tombant. Il est déjà bien assez retrousser comme ça ! Je ne fais pas confiance à mon nouvel aspect pour planer correctement en ouvrant simplement les membranes.


Je préfère jouer la sécurité ! Je vais me faire un avion en papier… Je sers entre mes mains ma baguette magique et de fait mon incantation de parchemin sans fin. Papyrum, Papyrus ! Un battement d’aile à droite et j’écris de ma magie dans les airs quelques vagues. Un battement d’ailes à gauche et je fais de même. Je reviens au centre et je m’élève en tournant sur moi-même avant de faire apparaitre une feuille de papier de la taille d’un petit carnet. Il ne me reste plus qu’à la plier de façon à obtenir un avion en papier grâce à la magie.




Et voilà ! Je monte dans mon vaisseau le temps de planer dans la cage d’escalier. Je vois de nouveau le groupe ! Me voici soulagée. J’esquive le chaudron qui pue pour ne pas m’y noyer. Je me rapproche d’eux discrètement. Le vampire est occupé à observer l’armure, elle-même occupée à observer l’endroit, pendant que le manteau est occupé à observer la porte. Je ne dois pas trop me faire remarquer. Je me rapproche du sol aussi. Beaucoup moins discrètement !! Je n’ai pas réfléchis à l’atterrissage !

L’avion se froisse le nez sur le sol et moi je bondis avant de m’écraser avec. Enfin plutôt je profite de l’inertie du choc pour effectuer une sortie de mon véhicule suivant une trajectoire en cloche. Mais incapable de rester debout sur mes griffes, je continue encore un peu de rouler. Décidément…

Je sursaute aux bruits qui résonnent contre la porte et la vitre. Au moins ça a eu le mérite de me remettre debout. Instinctivement je me rapproche du manteau vide qui avait eu la gentillesse de me proposer l’asile dans ses poches. Il avait une voix enfantine et douce. Je saute pour réussir à m’accrocher au pan de tissu de son dos et je remonte en escaladant. Au moins mes griffes me servent davantage que mes « ailes » de cuir.

J’avoue que je ne suis ab-so-lu-ment pas rassurée par tous ces râles de détresses qui viennent de l’extérieur de la pièce. Ils grattent la porte comme une bête fauve. Il est hors de question de leur ouvrir maintenant !

Sauf qu’ils ont fracassé une fenêtre et déjà un être putride s’y hisse ! Sa vue décomposée et verdâtre me donne un haut-le-cœur. Un mort-vivant comme on nous les décrit à l'Académie. Je ne suis d’ailleurs pas la seule à avoir sursauté ! Le livide blond aux grandes canines aussi. Il en a même lancer une boule de feu !

Excellent réflexe je dois dire…

Si ce n’est que le manteau et moi, on est juste à côté !! Il est surement inflammable en plus le tissu ambulant ! Et moi je suis perchée dessus ! Du coup, instinctivement, j’ouvre les bras bien écartés au maximum et je ferme fort les yeux pour me concentrer rapidement sur un sort de barrière élaborée. Une bulle translucide se forme juste à temps autour du manteau et donc forcément me voici protégée. Nous avons évité des dégâts de peu ! Pfiou…
Je continue de monter le long du manteau, afin de m’approcher de ses… Non-oreilles ?... Comment est-ce que je vais pouvoir communiquer avec lui ?

Et là… Horreur…

Je le vois la main sur la clenche ! Il ne va tout de même pas ouvrir à ses abominations tout de même ? Si ? Il va le faire ? Vraiment ?

De panique je saute de son épaule vers sa main, toutes griffes dehors comme un chat apeuré et je retombe sur le dos de sa main. Je le regarde avec des grands yeux suppliants, abusant de ma mignonnerie (toute relative en tant que chauve-souris …) pour me faire pardonner. Je suis tellement désolée de lui faire mal mais au moins il a retiré sa main de la poignée. Mais avant ou après qu’il ait ouvert ? A moins que mon saut avec mon poids n’ait au final fait qu’enclencher davantage l’ouverture de la porte…………


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Le mouvement avait été rapide, Fabri n'avait pas eu le temps de réagir. La chauve-souris avait voleté vers la poignée de la porte, mais le battant basculait déjà la porte tournait sur ses gonds. Ah, merde. Il eut le temps de s'assurer que le petit vampire était bien derrière-lui avant de dégainer son épée et – ce n'était pas une épée, c'était un fléau d'arme. D'accord, bein ça tapait aussi, on s'en fout.

Sa vue s'embrouilla lorsqu'il tendit la main pour récupérer le couvercle du cercueil tendu par le blond. Sa tête... sa tête était tombée ! Il n'avait pas vraiment le temps de la rattraper. Ça demandait une cohésion qu'il n'avait pas, aussi, il ferma les yeux et fit sans pendant un instant. Avoir les yeux trop loin de son corps allait rendre le tout bien plus compliqué qu'autre chose. Il se souvenait vaguement d'où la porte se trouvait alors c'est là qu'il se dirigea. Il attrapa le manteau, de la main qui tenait le fléau d'armes, et les repoussa en arrière. « Restez pas devant ! »

Sa synthèse ? Son opinions ? Et bien il avait vu un des gamins lancer un sort, mais à part ça, le manteau n'avait pas l'air de se battre. De même, sa curiosité mal placée et son impardonnable geste d'avoir tenté d'ouvrir la porte – et réussi grâce à la chauve-souris, enterrait une possibilité d'un quelconque esprit tactique.

Et la chauve souris ? Et bien elle faisait dix centimètres et avait faire des avions en papier.

« Y'en a combien !? » demanda-t-il ; a tête avait eu le mauvais sort de tomber face contre terre – enfin, face contre plancher rongé aux mites. Il entendait des grognements devant lui, indistincts, rauques. Aucune discussion semblait possible. La violence de ces créatures paraissait équivoque. Il allait devoir les tuer. Son intuition – ainsi qu'une forte odeur de chair décomposée lui faisait se dire qu'ils étaient tous sauf amicaux. Il abattit son fléau droit devant lui et cogna dans quelque chose – pas de cri humain, enfin presque. Aucune des voix qu'il assimilait à ses coéquipiers. « Fermez la porte ! » hurla-t-il, accompagnant sa parole d'une charge déterminée. Il les chargeait, couvercle de cercueil premier dans l'espoir de les repousser.

Il recommença. Le premier coup ? Il avait visé le mur. Bonnes intention, visibilité peu claire, pourrait mieux faire.
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Les yeux du garçon demeuraient grand ouverts, médusés par une scène qu’il peinait à saisir. Il avait vécu en spectateur le cri rauque de celui qui s’était hissé dans leur abri, le feu léchant un air vitrifié à quelques centimètres de son corps, la chauve-souris agrippée à sa main…

Puis, la coupure, enfin. Le rejet de sa candidature comme témoin passif et extérieur. La sensation d’être emporté, repoussé. Il fallut bien à Ioan quelques instants avant de relever la tête, accusant le coup de sa réception maladroite contre un buffet ratatiné. Il lui fallut aussi quelques secondes supplémentaires, perdues dans la panique ambiante, avant qu’il puisse se détacher de ce qui, déjà, s’imprimait sur ses rétines.

L’armure obscure, dans un geste ascendant, exposait aux yeux de tous une sphère mutilée de cônes rutilants, se pavanant à l’extrémité d’une chaîne grinçante et d’un manche long et métallique. Une arme, telle que l’enfant n’en avait jamais vu en action. Grisé par une descente violente, le fléau tournoyait vivement à sa nouvelle remontée. Les râles plaintifs et douloureux de celui qu’il avait meurtri se heurtaient aux murs de la demeure, gonflant encore et encore, jusqu’à ce que leurs échos viennent englober les oreilles du garçon d’une symphonie macabre et oppressante. Une symphonie dont se détachait, seule, la mélodie discordante et cliquetante d’une armure sans casque, d’un chevalier sans tête.
Un courant d’air froid, soudain, vint s’inviter dans la pièce ; sautillant sur les meubles, embrassant les marches. Joueur, froid, presque cruel. Il emportait avec lui autant de complaintes mourantes que d’âmes en peine, amassées sur la colline au sommet de laquelle s’élevait la maisonnée. A l’intérieur, la lanterne, comme prise d’exaltation, s’envola, voltigea, encourageant la parade orgueilleuse du fléau. Il s’abattait de nouveau derrière le bouclier de fortune de son porteur, avant de s’élever, encore. La lanterne pour sa part projetait sur l’arme sa lueur sanguine, enlaçant le liquide sombre qui perlait entre ses épines de fer.

Le cœur de l’enfant, déjà serré, lui semblait étouffer. Ses poumons, défaillants, dysfonctionnels, refusaient l’air qu’il tâchait d’y faire entrer par de grandes inspirations d’abord — désormais de succinctes bouffées. Ses mains lui parurent trembler un instant, alors qu’il sentit quelque chose vaciller. Là, dehors. Là, dans cet espace qu’il percevait comme nul autre. Ils étaient si nombreux — Ioan n’avait jamais compté si loin. Ils rampaient, désespérés, leur flamme déjà chancelante. Et à chaque coup, à chaque nouveau numéro du fléau, le garçon croyait sentir l’une d’elles se tordre dans un dernier espoir de survie. Sans leurs cris, sans cette complainte, l’enfant aurait peut-être su apprécier la beauté violente de ce qui se jouait sous ses yeux.

Mais il y avait les cris.
Il y avait la complainte.
L’esprit du garçon s’embourbait d’incompréhension.


Ce ne pouvait être qu’un cauchemar.


Tandis que cette réalisation le prenait au col, il sentit dans ses mains délicatement closes la chaleur douce d’une présence réconfortante. La chauve-souris. Il allait presque l’oublier. Il l’avait pourtant protégée de sa chute comme il avait pu, lovée entre ses mains invisibles. De la voir se mouvoir, quoiqu’avec difficulté et maladresse, vint desserrer un instant les liens qui ligotaient son cœur. Comme un ancrage, dont il avait besoin. Une forme de stabilité.
Un rappel de choses rondes et agréables.

« T’es en sécurité avec moi, » souffla-t-il, avant de se relever. S’il y avait quelque chose de brillant, là, en lui, comme le lui avait dit son monstre généreux. S’il y avait quelque chose de brillant, là, en lui, d’aussi étincelant que l’attention dont il avait su faire preuve, alors… alors peut-être fallait-il qu’il en use. Chen après tout, n’avait pas semblé hésiter.

L’enfant hissa sa petite dame dans l’une de ses poches. Il laissa l’air frais glisser le long de sa gorge. Puis il prit son envol.

Sans force mais débordant de volonté, Ioan s’écrasa sur la porte ouverte. Attentionnée, elle avait vainement cherché à le préserver de la vision du brutal chevalier et de son sanguin compagnon. Mais évincée par le vent, elle avait reposé contre le mur. Parfois, elle avait tenté de se rabattre. Sans succès. Se ruer sur elle comme le faisait le garçon, pensait-il, n’était pas bien poli, ni même juste. Ses lèvres se tordirent d’une moue désolée. Il espérait qu’elle lui pardonnerait. Arrêtez arrêtez arrêtez arrêtez, se répétait-il. Ioan adressa un regard désespéré à l’orchestre sans chef : « Arrêtez ! » suppliait-il. Il fallait qu’il cesse de les frapper. Pourquoi les frappait-il ? Sa petite dame savait-elle qu’il agirait ainsi ? Etait-ce pour cela qu’elle avait bondi sur sa main ? Pourquoi ? L’homme au reflet discret, où était-il ? Que faisait-il ? S'était-il laissé emporter, lui aussi, par ce déchaînement furieux ?

Qu’on laisse cette porte se fermer ! Qu’ils arrêtent de se faire du mal. Que le fléau cesse sa féroce parade.
Qu’il la cesse.
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La scène qui se produisit fut très confuse pour moi. La grande armure sans tête avait accepté mon présent, laissant complètement tomber sa tête derrière qui eut vite les paupières closes, sûrement pour qu'il ne se fie pas à la vision décalée de lui qu'il aurait pu avoir. Mais le pire, c'est surtout ce que j'avais pu apercevoir à l'extérieur, une évidence même au vu des nombreux coups et claquements précédents, mais intérieurement, j'avais absolument voulu réfuter cette possibilité... De nombreux êtres blafards, à la peau putréfiée s'étendaient à perte de vue. La porte s'était ouverte et elle avait fait place à un orchestre de plaintes. Désarçonné par cette situation, je reculais à nouveau instinctivement.

Les autres personnes présentes avaient parlé mais leurs voix me semblaient lointaines. Le son m'était parvenu, le sens m'échappait totalement. Et alors que je regardais partout pour chercher une solution pour ressortir vivant de cette scène digne d'un mauvais film d'horreur, je vis le manteau qui tentait désespérément de refermer la porte alors que l'armure faisait tournoyer un fléau. L'idée de refermer le porte sans rien faire me semblait complètement stupide et pour cause :

- La fenêtre est déjà pétée bon sang !

C'était aussi simple que ça : que nous refermions cette porte ou non, nous serions envahis par ces silhouettes dégoûtantes. Si nous refermions cette porte, nous devrions trouver une issue pour quitter le bâtiment si nous souhaitions réellement survivre. Mais même si nous ne la refermions pas, qu'est-ce qui se passerait ? On se ferait envahir par cette même porte et nous ne pourrions toujours pas quitter ce lieu inconnu... Ou alors nous devrions passer en force, ce qui serait probablement un geste désespéré dans cette situation. Me cacher derrière la ferraille ne changerait rien au problème. Coopérer pour survivre, c'était la seule solution qui s'offrait à nous.

- Une autre issue ?

Je venais d'avoir un regain d'énergie soudain : si ces horreurs désiraient en découdre, qu'elles viennent, je les attendrais de pied ferme. Pour pouvoir me défendre par moi-même, je me saisis de ce qui était dissimulé dans l'une de mes poches : un cou... Un pieu métallique ?! Jusqu'où iraient les forces mystiques de ce monde ? Peut-être que je devrais essayer de boire le sang de quelqu'un pour devenir plus fort, après avoir vu comment mon arme s'était transformée, je ne serais même plus étonné que j'aie hérité de toutes les caractéristiques d'un vampire. Maintenant, je devais chercher un moyen soit de fuir par une autre issue, soit de nous frayer un chemin parmi cette armée de morts vivants. C'était mon rôle, l'armure était trop occupée à nous protéger et le manteau à réparer sa propre idiotie. Peut-être que l'étrange mixture que j'avais dépassé précédemment pourrait être efficace ? Non, un problème se poserait immédiatement : le chaudron était trop lourd pour moi et fumant comme il l'était, il aurait probablement vite fait de me brûler les doigts d'ici à ce que j'atteigne l'entrée.

- ... Il n'y a pas d'autre issue. Soit on passe en force, soit on se fait massacrer ici par ces créatures peu amicales.

Le pieu métallique à la main, je m'étais à nouveau approché de l'armure, sans passer devant elle. Je n'avais rien trouvé d'autre que ce chaudron qui pourrait peut-être nous aider à nous frayer un passage mais moi, je serais incapable de le ramener. Et s'il faudrait passer, encore faudrait-il savoir où aller. Où est-ce qu'on pourrait se rendre pour survivre à cette masse cadavérique ? Aussi, n'ayant aucune connaissance d'où nous étions, ne me rappelant pas même du pourquoi j'étais ici, je ne pouvais que questionner les deux êtres qui m'accompagnaient... Ce n'était pas vraiment le moment de le faire, mais au vu de la population de monstres aux alentours, y aurait-il une vraie opportunité de le faire dans le calme ? Probablement pas.

- On ne peut pas rester ici, mais où aller ? Quelqu'un ici a déjà visité ce monde ? Quelqu'un connaît un lieu sûr ?

Les créatures s'impatientaient. Une deuxième venait de parvenir à se faufiler par la fenêtre, s'était avancée vers nous et commençait déjà à tenter de m'attraper. Mais non, je ne la laisserais pas agir la première. Après avoir esquivé la main, je me saisis de celle-ci pour l'immobiliser puis je plantai le pieu une première fois dans l'un de ces yeux. Ensuite, une seconde fois dans l'autre orifice. Cela ne suffisait pas. Même sans voir, la créature approchait son horrible crâne dans ma direction. Tout ce que je pus faire fut d'abattre ce pieu de multiples fois de façon brutale. Les tissus et le sang giclaient de partout. Le pieu était rouge mais je ne pouvais pas arrêter de l'abattre dans ce corps avant qu'il ne cesse d'exécuter le moindre mouvement. Lorsque enfin la créature cessa de remuer, je lançai froidement le cadavre mutilé sur l'autre mort vivant que j'avais déjà brûlé précédemment.
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Ma petite tête dépasse des poches du gentil Manteau. J’écarquille en grand mes yeux. Malgré tout je n’arrive pas à croire ce que je vois. Crapauds et poussière de fées ! Quelle boucherie !
Je tremble. Je sens frissonner le tissu qui m’entoure. Le manteau à la voix enfantine doit être aussi terrorisé que moi par la scène. L’armure noire massacre au hasard ce qui dépasse de l’embrasure de la porte. Le vampire poinçonne comme un psychopathe ce qui découle de la fenêtre. Un tel déferlement de violence pure me tétanise. Les morts-vivants ne cessent d’essayer d’envahir la pièce.

Que vont-ils faire de nous ? Le Manteau essaie de les convaincre de cesser. Je sens bien dans les trémolos de sa voix sa peine. Je suis persuadée que c’est un enfant. Je dois le sauver de cette situation ! Je dois préserver son innocence et sa joie de vivre malgré cette horreur !


Occupons-nous d’abord de cette porte… Je grimpe de nouveau jusqu’à l’épaule de mon nouvel ami. Il faudra que je pense à lui demander son nom, son monde… tout un tas de chose dont nous n’avons pas réellement le temps à l’heure actuelle.




Une fois au sommet du mont Omoplate, je lève ma baguette magique. J’imagine, je me concentre, je dirige le flux de magie de mon corps vers l’extrémité de ma baguette et je rouvre les yeux pour matérialiser un chewing-gum rose géant qui obstrue et l’ouverture de la porte, et celui de la fenêtre. Suffisamment épais pour retenir ses empreintes éphémères de mains et de visages gémissant qui tente de le percer. Suffisamment peu collant pour qu’ils ne l’arrachent pas en se retirant de son contact.
Voilà qui nous laissera le temps de souffler.


La luminosité a encore faibli. Pire la teinte rose fuchsia de la gomme rend sanguin les reflets non obscurs que l’on voit dans la pièce. L’ambiance y est encore plus inquiétante. Et maintenant qu’ils n’ont plus de mort-vivants à massacrer… Les deux fous violents nous regardent nous ! J’en ai un frisson dans le dos et les poils entre mes omoplates se hérissent !

J’accroche les griffes de mes pattes sur le tissu du Manteau et j’essaie de voleter pour le tirer, du moins lui signifier une direction. Il faut qu’on s’en aille tous les deux ! Vers les escaliers, vers la hauteur, il n’y a plus que cette option de toute façon et au pire, une fois en haut, je l’aiderais à s’envoler avec un peu de poussière de fée !


VITE ! Suis-moi ! Je continue de l’inciter jusqu’à ce qu’il bouge enfin. Ses petites jambes se mettent en route. De plus en plus vite, vers le bas des escaliers.




On va s’en sortir ! Ce n’est peut-être qu’un cauchemar ! Il faut que ce ne soit qu’un cauchemar… Même si je ne pensais pas être capable d’imaginer des choses aussi sombres ! Ou est-ce que je ne serait pas dans son mauvais rêve à lui ?... Dans tous les cas, je le jure, je sauverai ce gentil Manteau innocent !



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Dans un moment comme ça, il pensait à Senrith qui ne manquait jamais un sbire de maléfique d'un lancer de hache. Quasiment jamais. Aubrey, aussi, elle ne frappait pas aussi fort que Sen, mais elle pouvait se battre sans s'arrêter pendant des heures. Dans un moment comme ça, il pensait à Angeal, avec un pincement au cœur. Les créatures ne seraient déjà qu'un mauvais souvenir, avec lui. Avec Cassandra aussi, à bien y penser. Deux-trois coups d'épée, un truc de lumière, emballé c'est pesé...

Et là, il y avait un gros truc rose tout mou qui barrait l'entrée de la porte ; empêchant les créatures de rentrer aussi bien que les empêchant, eux, de sortir. Pareil pour la fenêtre .

« Hé, vous barrez pas, mieux vaut rester ensemble ! »


Si le vampire avait l'air d'avoir de la ressource, la chauve-souris et le manteau, eux, c'était pas vraiment ça. Faute avouée à moitié pardonnée ; sachant que ce n'était même pas nécessairement leur faute. Il fallait prendre du recul... Qu'est-ce qui était normal, devant des créatures qui attaquaient . Essayer de les tuer, ou paniquer ?

Il y avait encore des gens qui ne gagnaient pas leur vie en butant des créatures des ténèbres, oui. Additionne deux plus deux, Fabri.

Le désespoir pointait à l'horizon.

« Vous avez peut-être une bonne idée là, la v'la ton issue ! » reprit-il.

Fallait voir l'image plus large de la chose. Les trucs positifs aussi. Elle disait quoi, Aub, déjà ? Alors, elle disait PLEIN de trucs mais elle avait toujours un mot pour rester dans le positif. Une petite phrase, un truc. N'importe quoi ! Quelque chose dont il n'arrivait pas à se rappeler. Surtout parce que la majeure partie de son attention était une fois de plus tournée vers la recherche de sa putain de tête.

Il la retrouva. En un temps record, peut-être s'améliorait-il ? Ou peut-être faisait-il preuve de chance. Il n'allait pas cracher dessus dans tous les cas. Ce qu'il voyait, derrière un voile de cheveux, c'était qu'il – enfin, elle, la tête, mais il, donc... Bref. Sa tête ressemblait à une serpillière. Mais il y voyait de nouveau presque normalement. Compte-tenu de la situation, c'était mieux que rien.

Fabrizio jeta un coup d’œil vers la porte et la fenêtre. Rien ne garantissait que ça allait tenir longtemps, la machin rose de la chauve-souris. Autant en profiter tant que ça tenait. « Attendez, on sait pas ce qu'il y a là haut ; restez derrière-moi, toi, tu fermes la marche et tu nous préviens s'ils arrivent à passer, d'accord ? » ordonna-t-il au vampire.

L'ébauche d'un plan ; les deux petits au milieu, lui et le vampire à l'arrière où l'avant, là il allait avant car il était le plus proche et surtout, ils ne savaient pas ce qu'il y avait 'plus avant' donc... logique. Pour l'instant. Il l'espérait.

Oh Etro, si tu es là...

Il dépassa le Manteau, puis la chauve-souris, s’engagea dans les escaliers. Un vieux tas de bois qui montait de manière inégale vers un étage. Des planches de bois, des murs de pierre suintante. Rien dans ce monde ne donnait envie de s'y arrêter. Il n'y avait pas ou peu de lumière ; celle des quelques ouvertures sur l'extérieur, blafarde, faible. Ils débouchèrent sur une petite pièce par une porte au chambranle tordu ; vide. On pouvait voir les nuages rougis par une fenêtre aux carreaux blanchis par la poussière.
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Même les meubles avaient fui les fous qui hantaient cette demeure. Tremblant, le garçon avançait pas à pas dans la pièce vide, l’œil hagard. Etait-ce bien un songe ? Tout, ici, prenait un air surréel. Ne s’était-il pas trouvé dans cette pièce, quelques instants auparavant ? Ne s’y était-il pas éveillé ? Il leva la tête, observant le dédale de taule dont il avait d’ores et déjà parcouru les mille chemins. C’était bien elle, il en était persuadé. La même pièce. Abandonnée de tous ses occupants. Vide. Nue. Le teint gris, maussade — sa peine s’illustrait en soupirs tristes, sifflant entre les mauvaises jointures de la fenêtre.

Pauvre pièce, se dit l’enfant. Si seule.

Les meubles ne pouvaient l’avoir tout simplement laissée là ! — il n’y avait, pourtant, aucune cachette. Tous n’auraient pu se dissimuler derrière la porte, si ? L’enfant vérifia, à tout hasard. Mais il n’y avait rien. Il n’entendait guère que les pas de l’armure… et de l’homme au timide reflet. Deux présences que ses sens tentèrent d’occulter, sans succès.
Son souffle manqua un temps. Ioan sentit ses jambes se faire raides, et son échine parcourue d’un frisson. Ce qu’il avait vu, il y a quelques instants, s’imposait à ses yeux. Comme une réminiscence immuable, qui ne le quitterait pas. Alors que tout était fini. Alors qu’il n’avait rien su faire. Rien n’avait cessé. Imprimés sur ses rétines ; l’image du sang, et le cri d’une rage sourde… mais certainement pas muette. Ioan n’arrivait pas à comprendre. Son esprit bloquait sur cette circonstance impossible. Il la rejetait, tout en ne sachant s’en détacher. Il cherchait à savoir, en un sens. Et de l’autre tout son être lui hurlait qu’il ne le devait pas.

Comme acculé, le garçon rasait les murs d’un pas hésitant. Vacillant. Trébuchant. Que faire ? Comment ? Que penser ? Sur quoi se reposer ? Sa respiration ne démordait pas de son rythme saccadé. Elle ne lui laissait aucun répit. Ses poumons, complices, l’oppressaient tant l’effort les tiraillait. Tant ils soulevaient son poitrail avec difficulté, avant de se laisser retomber — mais jamais longtemps. Tout, autour de lui, lui semblait si lointain. Tout, en lui, lui paraissait si vif. L’ensemble, si confus. Rapide, précipité, et lent à la fois. L’enfant songea à fuir ces gens qu’il ne comprenait pas. Emmener sa petite Dame loin d’eux, car elle s’en était écartée. Car elle avait voulu l’en préserver. Elle ne voulait pas être là, pensait-il. Mais où aller ? Il ne pouvait certainement pas retourner auprès des flammes chancelantes auxquelles il avait voulu venir en aide, en bas. Les deux êtres qui arpentaient la pièce vide, quels qu’ils étaient, paraissaient le suivre. Ne s’étaient-ils pas rués en haut des marches lorsqu’il s’y était dirigé ? Ne l’avaient-ils pas encadré de leurs présences écrasantes ? S’ils revenaient à ces âmes en peine qui cherchaient le réconfort de leur abri, ils risquaient de leur faire du mal. A nouveau.

Le pieu. Un coup. Deux. Trois. Quatre. Cinq. Six. Sept. Huit. Neuf — plus.
Une flamme soufflée par la violence.
Un frisson.

La peau du garçon aurait perdu le peu qu’il lui restait de couleurs, s’il avait été visible. Ioan se raccrochait aux tiraillements légers que la gentille chauve-souris jouait sur le tissu de son beau manteau. Il la reprit délicatement dans ses mains, espérant lui offrir une chaleur qu’il n’était néanmoins plus certain de produire. « Tout va bien se passer, » disait-il d’une voix pourtant faible. Mais il voulait la rassurer. Il avait dit qu’elle serait en sécurité avec lui. Et elle avait semblé avoir si peur. Dans le marasme que composaient ses tentatives de compréhension, le garçon croyait toutefois saisir quelque chose. Un morceau de solution, un éclat de vérité. Une faible lueur au bout d’un chemin tortueux.

Malgré tout leur sanglant, malgré leur brutalité, ni l’orchestre cliquetant, ni l’homme pâle, ne s’en étaient pris à lui directement. Ils l’avaient repoussé, mais… — son cœur se compressa. Le pieu. Un coup. Deux. Trois. Quatre. Cinq. Six. Sept. Huit. Neuf. Plus. Pourquoi ? Dix ? Pourquoi le traitaient-ils différemment ? Onze ? Oui, pourquoi ? Douze ? Il ne comprenait pas. Il ne savait plus. Etait-ce de l’inquiétude qu’il avait perçu dans la voix du sans-tête ? De l’urgence dans celle du spectre au pieu ? D’où ? N’étaient-ce pas eux, les agresseurs ? Une fois de plus, sa petite Dame le tenait dans le présent, ses griffes picotant les paumes de ses mains. Ces questions allant et venant dans son esprit, l’enfant s’approcha de la fenêtre, remarquant peu son éloignement instinctif du tueur livide. Il s’interrogeait. S’ils ne l’agressaient pas comme ils avaient agressé les autres… s’ils ne faisaient que le suivre… pouvait-il les éloigner de ceux qu’ils avaient martyrisé ? Pouvait-il, eux aussi, les protéger ? Alors, il se le demandait : les meubles avaient-ils couru par ici, vers la fenêtre ? Etait-ce par là qu’ils s’étaient esquivés ? Le pourraient-ils, eux ? Doucement, il en poussa les battants grinçants — et soudain sans ménagement, un puissant vent pénétra la pièce, bien trop curieux pour rester en extérieur ! Que préparaient ces pauvres souris prises au piège ? Comme il voulait le savoir !

Mais Ioan, pour la première fois, put observer l’élégance macabre qui parait ce monde. Ses difformités étranges et désarticulées — le voile sombre qui recouvrait les branches de ses arbres et la terre de son sol. Il voyait, au loin, une sinistre forêt dont les complexes ramées étaient autant de bras qui chercheraient à le saisir. Et lorsqu’il tournait la tête, il pouvait apprécier les rues obscures d’une ville autrefois grouillante d’activité. L’étage où il se trouvait était haut, plus haut qu’il ne l’aurait pensé, et la demeure hissée sur une colline escarpée. Il n’y avait nulle âme en peine, au bas de la fenêtre, nota-t-il. Il releva la tête. Au-delà du crumble de pierres charbon qu’était la ville, trônait une unique lueur.
Un bâtiment dont s’échappaient quelques lumières, repartant vers le ciel. « Les étoiles… » murmura-t-il.

Les étoiles.

Ioan voulait voir les étoiles. Il voulait connaître les mondes. Les connaître. Savoir, voir. Quelque chose de rond, de doux. D’agréable.

Pas comme le pieu, non.
Pas comme le pieu, allongé et pointu.
Le pieu qui perce, le pieu qui heurte.
Un coup. Deux. Trois. Quatre. Cinq. Six. Sept. Huit. Neuf — bien plus.

Toute force quitta ses jambes. Il s’affaissa. Mais il avait promis. Il avait promis à sa petite Dame qu’elle serait en sécurité. Il la protégerait. Et il ne pouvait laisser l’armure et l’homme pâle blesser les âmes en peine. Qu’en aurait-il dit, son monstre généreux ? « Je… » — d’un ton chancelant, il adressa la chauve-souris qu’il gardait proche de lui. Pourquoi tremblait-il ? L’image de celle qu’il tenait entre ses mains se brouillait. Ioan ne comprenait pas. Il ne comprenait pas cette chaleur qui gagnait ses yeux et piquait ses joues. « Tu m’fais confiance ? » demanda-t-il tout bas, alors que les pas des deux grandes créatures résonnaient dans la pièce. Il espérait, secrètement, qu’elle lui accorde le même cadeau que le Père Noël lui avait offert. « O-on peut... je peux... je crois... pas laisser quelqu'un faire mal aux autres. Ou avoir mal… d’accord ? » Qu’elle accepte. Qu’elle lui prête sa confiance.

L’enfant marqua un temps, hésitant. Pour la première fois, aussi loin qu’il pouvait s’en souvenir, Ioan versa une larme. Une ancre symbolique d’un trop-plein de sentiments, de données qu’il ne parvenait pas à traiter. L’enfant se sentait glisser, tentait de se raccrocher à ce qu’il avait vu, ressenti. A l’espoir de pouvoir, une fois encore, guider un ami en lieu sûr. Une place paisible où dormaient un banc, et un vieil arbre.

« Là bas… j’ai… j’ai vu des lumières partir. Et… et si on peut les emmener là-bas alors… peut-être qu’on pourra partir aussi. Et personne n’aura mal.

Je les laisserai pas te faire mal. Je promets. Je te protégerai. Si je passe par cette fenêtre alors…
 »

A ces mots, d’un bond sa petite Dame s’excita sur ses mains ! Remontant vers ses poignets, revenant au bout de ses doigts, ses aller-retours signalaient toute sa désapprobation. Le garçon était désemparé. Après quelques remous et tribulations, elle se posa. Sans bien plus d’explications, la chauve-souris remua ses ailes rachitiques, les agitant sous le nez de son ami. Hélas, Ioan n’en avait pas, lui. « Le vent m’écoute pas, et y'a pas un oiseau qui voudrait me prêter ses ailes, » expliqua-t-il donc. Il ne leur avait jamais demandé, se dit-il après une courte réflexion. Petit à petit, sa voix trébuchante se calmait à la faveur d’une très légère, fugace, fragile détermination. Une force qu’il puisait dans le souvenir lointain d’une ville pleine de lumières, et d’un labyrinthe qu’il avait laissé derrière lui, au profit de chants et de sourires. Sa petite dame, pour sa part s’ébrouait, bougeait dans tous les sens. Après quelques tours, elle finit par revenir à lui, grinçant des cris aigus, agitant encore les ailes dans des contorsions qu’il saisissait bien peu.

« Tu veux me prêter tes ailes ? »

Une hésitation. Elle restait immobile. Puis elle remua vivement.

Ioan esquissa un sourire encore teint de tristesse, les yeux toujours emprunts d’une détresse tue. Ce qu’il ne pouvait comprendre frappait la maigre protection qui couvrait sa volonté. Mais cela, nul n’aurait pu le voir. Seule la merveilleuse perspective de se voir accorder le droit d’aller sans toucher sol, parvint à le faire se relever. A donner de l’élan à ses fébriles convictions.

Alors, il se hissa sur le rebord de la fenêtre. Il jeta un dernier regard vers la butte dont s’enfuyaient les lumières.

« Maintenant, » chuchota-t-il.

D’un « eh ! » crispé, le garçon voulut attirer l’attention des deux créatures qui l’avaient suivi. Il devait les éloigner. Il voulait leur dire… mais il ne savait comment leur parler. Il les voyait désormais. Les mots restaient coincés dans sa gorge. Son cœur battait la cadence du pieu. Un coup. Deux. Trois. Quatre. Cinq. Six. Sept. Huit. Neuf. Plus. Ils ne devaient blesser personne. Ils ne devaient plus le faire. Et personne ne devait les blesser.
Alors, s’ils le suivaient vraiment… peut-être y avait-il moyen.

Sa petite Dame, sur ses mains, tournoyait enfin. Elle dansait ! S’élevait ! Pourquoi ne l'avait-il vue le faire plus tôt ? Voler était pourtant si séduisant. Elle s’extasiait en ce que l’enfant pensait une chorégraphie simple, dont naissaient mille éclats d’or, flottant dans les airs. Des arabesques de la chauve-souris, tombait une pluie de sable brillant, se déposant avec douceur sur son bien piètre gardien. D’un vol maladroit, elle tenta de souffler cette bruine vers l’orchestre sans chef, et l’homme sans reflet. L’enfant souffla comme il put. Il chercha à l’aider, quoique son souffle ne fut guère puissant. En volutes époustouflantes et captivantes, suivant le parcours chaotique mais enchanteur de la petite Dame, la poussière scintillante se répandait. Redoublant d’effort, la chauve-souris, lanterne minuscule, déposait au-dessus de chacun un halo d’or. Un millier d’étoiles minuscules, pour une pièce qui se sentait moins seule. Elles ajoutaient, magnifiques, à l’éclatant des flammes bleues qui cerclaient le col de l’armure, et anoblissaient la cape de son voisin.
Comme le garçon espérait qu’ils le suivent.

A peine perceptibles, les traits de l’enfant étaient désormais partiellement révélés par l’or qui le saupoudrait. Avec douceur, Ioan sourit à sa petite Dame, tendant la main afin qu’elle le rejoigne une fois sa danse finie. Il l’y tiendrait, la protégerait.

Tranquillement, il ferma les yeux.

En un souffle, il se laissa tomber en arrière.


Il volerait.
Les autres aussi, peut-être.


Dernière édition par Ioan Kappel le Dim 20 Jan 2019 - 20:02, édité 1 fois
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Alors que le manteau flottait au niveau de la fenêtre, un flot d'étoiles sembla me submerger. De la poussière ? Cela ne m'étonnerait même pas dans cette pièce où tout avait mystérieusement disparu. Elles étaient belles mais nombreuses, mon corps avait l'air d'être sensible à celles-ci, certaines s'étaient même engouffrées à l'intérieur de mes narines. Je ressentis une gêne puis l'inévitable se produisit :

- Atchoum !

La poussière qui continuait de s'approcher fut propulsée en arrière suite à ce violent éternuement imprévu. Puis ma tête se releva pour observer l'être invisible... Pouf, il s'était volatilisé ! Mon regard parcourut quelques instants le reste de la pièce mais n'y trouva rien d'autre que le cavalier sans tête et la chauve souris. Ce vide était inquiétant, totalement inexplicable. Mon esprit tenta d'occulter la question : il y avait déjà bien assez à gérer avec le problème qu'abritait l'extérieur et l'enfant disparu à l'instant. La chauve souris semblait gesticuler pour indiquer l'extérieur alors d'un pas précipité, je fis approche vers la fenêtre où il avait disparu quelques instants auparavant. Mes yeux s'ouvrirent en grand et mes sourcils se arquèrent sous l'effet de la surprise qui m'attendait à l'extérieur...

Il volait. Non pas comme il le faisait encore quelques instants auparavant en flottant dans la pièce : l'enfant invisible était véritablement en train de planer dans les airs. Il semblait si libre. Il ne faisait qu'un avec le vent, se laissait porter par celui-ci. Comment faisait-il ? Était-ce le fait de sa condition... Ou bien une propriété propre aux points étincelants qui m'enveloppaient moi aussi ? Mon corps s'exécuta d'instinct, dans l'instant : je pris appui sur le rebord puis... Je fis un plongeon dans le vide, croyant fermement en l'éventualité de moi aussi pouvoir admirer les sommets que j'avais tant désiré.

J'avais fermé les yeux, je tentais de totalement occulter les plaintes poussées par les présences hostiles au sol. Mon esprit oubliait jusqu'à ma propre chute, se recentrait entièrement sur le léger souffre du vent. J'essayais de ne plus penser, jusqu'à ne même plus ressentir mon propre poids. De tout mon cœur, je m'espérais capable de réaliser l'exploit de flotter dans les airs. Lentement, je rouvris les paupières. Mon corps était léger, presque en inertie, seuls les courants aériens le faisaient se mouvoir de façon très lente. La sensation aurait été des plus plaisantes si le seul paysage que je pouvais observer n'était pas celui des innombrables morts vivants terrestres. Je fis de mon mieux pour me redresser pour enfin être à la verticale et pouvoir mieux distinguer les étendues de ce sinistre monde.

Le monde était plongé dans les ténèbres. Il n'y avait pas même une étoile dans le ciel obscur dans lequel j'étais. Le manque d'éclairage rendait difficile de distinguer beaucoup de choses. Les zombies étaient encore en bas, je les avais vu plus tôt. Il y avait une forêt et une ville qui semblaient totalement abandonnées de toute forme d'activité... Mais il était difficile de réellement s'en assurer avec une luminosité aussi faible. Le point de repère le plus visible, c'était une lumière au loin, semblable à l'or par son étincellement. Elle semblait précieuse, attractive. J'aurais souhaité pouvoir m'en saisir et conserver ce trésor près de moi comme un souvenir de cette aventure en terres inconnues. L'espoir venait de revenir en moi : qui disait lueur disait vie. Mon doigt se pointa en direction de la lumière salvatrice, mais aucun mot ne put sortir de ma bouche.
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Nos quatre aventuriers semblaient s’être tirés de cette horrible situation, les morts n’avaient donc aucune emprise sur les vivants.

Mais ici, au sommet de cette tour, l’horreur avait un tout autre visage. Le masque d’Halloween était tombé et cette nuit promettait bien plus qu’une simple frayeur.

L’oeil hagard d’un personnage curieux pourrait vous annoncez que les morts n’étaient pas aussi stupide que cela. Déjà, les regards putréfiés observaient les êtres s’envoler dans une nuit sans étoiles, tel des lucioles attirant le regard des crapauds. Seulement, c’était une autre paire d’yeux qui devait attirer leur attention.

Le recousu, une abomination digne des plus horribles cauchemars, se trouvait au centre de la place de la Guillotine.

Le ventre ouvert, exposant une panse putréfié, des milliers de coutures recouvrant l’entièreté d’un corps aussi blanc qu’un fantôme. Il jouait de son crochet, observant ses lucioles, prêt à agripper l’une de ses lumières et la dévorer.
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Owh… ce gamin est trop chou pour mon petit cœur. Il est adorable à chercher à me protéger à tout prix et me serrer contre lui. Il me fait fondre, j’ai une furieuse envie de lui pincer les joues et de le rassurer. Alors que bon c’est moi qui devrait veiller à sa sécurité !

J’essaie. Ce n’est pas évident. J’arrive un peu mieux à voler mais je ne suis pas encore très bien coordonnée. La toile de cuir tire sur mes chevilles dès que je bouge le bras pour battre des ailes comme une vraie chauve-souris. Je dois encore beaucoup me concentrer sur mes gestes pour maintenir mon altitude. Je m’essouffle vite.

J’ai utilisé toute ma poussière de fée pour eux trois. Bon j’avoue je m’en suis mis un peu sur les ailes aussi en passant. C’était nécessaire dans l’urgence de la situation ! Nous devions fuir ces fous… Mais l’enfant a insisté pour qu’ils nous suivent dans les airs. Il ne voulait pas qu’ils s’en prennent aux mort-vivants. Il est si sensible et si gentil, un vrai petit ange !

Mais du coup, il me met le doute… Qui doit-on fuir tout les deux… Les morts-vivants qui essaient de nous attraper nous et les deux fous violents… Ou les deux fous violents qui massacrent ces pauvres morts-vivants ? Tout ceci n’est qu’un gigantesque malentendu ! Dans l’incompréhension totale, nous n’avons fait que réagir à l’instinct ! J’ai eu peur, je l’avoue. Les morts ne sont pas destinés à être vivants ! C’est le mal, c’est ce qu’on nous enseigne à l’Académie des fées ! En plus, ils sont moches et ils sentent mauvais, ils rampent, ils griffent, ils râlent… Ils essaient de nous attraper tout de même ! Je ne sais plus. Je veux juste fuir et aider le Manteau à s’enfuir de toute cette horreur. Il mérite du soleil, des fleurs et des fruits, des chants d’oiseaux pour s’émerveillé ! Je devrais peut être l’emmener au Pays Imaginaire ou… au Jardin Radieux ? Partout mais pas ici !

Enfin pour le moment, nous volons, tous les quatre, pas très haut, pas très coordonnés, pas très efficacement non plus, mais … Personne ne peux nous attraper. Même si ils continuent de nous suivre en nous fixant de leurs yeux vides et de leurs bouches béantes dégoulinantes de baves verdâtres…. Yeurk ! Non ce n’est pas possible, je me refuse à laisser l’enfant se faire attraper par ces choses ! Et moi avec ! Bats les pattes !

Je reviens me reposer un peu les ailes sur l’épaule du Manteau. Le problème, c’est que la poussière de fée ne les fera pas voler éternellement… Il va falloir se trouver un endroit convenable pour se poser. Et rien n’a vraiment l’air engageant dans le paysage. L’enfant guide le groupe par la force des choses, c’est lui qui a sauté par la fenêtre le premier. Le vampire le suit de près mais j’avoue que… C’est assez flippant de se faire suivre par un vampire volant ! Il ne me rassure pas plus que les mort-vivants au sol qui ont commencé à bouger comme une seule masse lente et trainante dans notre dos. L’armure noire sans tête ferme la marche, avec sa tête sur le côté. Non décidément la vue de ce qui se trouve derrière nous n’a rien d’engageante.

Je préfère encore regarder vers l’avant. La ville déserte tout droit sortie de cauchemar d’enfants, je m’attend presque à voir sortir un croquemitaine ou un monstre de chaque recoin, de la fontaine ou même de… une place ? Ce serait idéal pour atterrir. On pourrait même s’accrocher à cette grosse statue. Toute pâle et … difforme… avec quatre bras… un crochet au bout d’une chaine qui remue……. Plus on se rapproche et plus je trouve qu’elle bouge… Est-ce que le Manteau tremble ou se secoue ? Non pourtant… Et puis le gout artistique est vraiment ignoble ici.

Des plaies béantes et des entrailles beurk…
AHHH ! Elle a bougé ! Elle a avancé ! Ce n’est pas une statue ! Je tire sur le Manteau pour le faire changer de direction mais ce n’est pas facile de lui faire comprendre le danger ! Il faut… Il faut que je prévienne l’armure !

Je quitte l’enfant à regret et dans l’urgence, je vole vers le corps sans tête et je lui tire les cheveux pour lui montrer le monstre sur la place de la ville ! Il pousse un juron. Bon… Je vais faire comme si je n’avais pas entendu. Mais malgré tout s’il ne se dépêche pas, c’est l’enfant qui va se faire attraper par le crochet de l’immonde bête ! Pas le choix, je jette sur l’armure un sort de célérité et je reviens vers l’enfant en forçant sur mes ailes.

Ah ! Je n’ai pas mis le sort sur la tête ! Oh tant pis, il n’en a pas eu besoin jusqu’ici pour se battre, elle était tout le temps par terre ! Le sort de poussière de fées commence à ne plus faire effet, Nous atterrissons tous lentement au sol près de la place.
Qu’est-ce que je peux faire ?! Qu’est-ce que je peux faire ?! … Lui retirer son arme ! Je me concentre, je vole en cercle, un tour horizontale, un tour verticale et encore une fois !



Jolification ! Je réfléchis vite. Le crochet et sa chaine, que deviennent… Un sucre d’orge géant !




Ca au moins eu le mérite de rajouter un peu de couleur festive à l’endroit. Le monstre en a été perturbé et il a laissé la crosse du sucre d’orge tomber au sol. Allez l’armure ! C’est le moment ! Je mime des coups de poings.

Oh je m’emporte un peu. Ah ! L’enfant ! Je reviens me poser dans ses mains, je pense que ma présence le rassure un peu mais… Comment va-t-il réagir au fait que l’armure soit parti attaquer le gros cadavre ambulant ? Parceque bon… Une fois de plus c’est l’armure qui attaque le premier. Est-ce qu’il aura ressenti le danger du crochet lui aussi ?

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Je ne crois que ce que je vois, avait-il coutume de dire. Bien qu'ayant tout de même une propension pour l'intangible, hein. Les affaires de croyance, de conscience, de confiance même étaient bien trop compliquées pour lui. Encore plus maintenant que, passé au travers d'une fenêtre, il volait au travers de ce monde décharné qui se dévoilait sous lui. Dans la pénombre, quelques lumières se découpaient faiblement. Le groupe volait serré, maladroitement pendant un laps de temps court, bien trop court.

Sur la place, sous eux, une créature les avait remarqués, tous autant qu'ils étaient. Elle avait lancé un énorme crochet avant que Fabri n'eut le temps de réagir par quelques manière que ce soit. La chauve-souris, elle, en avait profité pour transformer l'arme en sucre d'orge géant.

C'était de mauvais goût mais ça avait le mérite de paraître moins dangereux comme ça.

« Vous faites attention vous deux ! » hurla-t-il au manteau et à la petite créature ailée.

Le vampire semblait pouvoir s'occuper de lui-même, mais il allait quand même garder un œil sur lui.

Fabri ne maîtrisait pas du tout la poussière de fée, il réalisait maintenant qu'il était très attaché à la gravité. Ce fut donc bon gré mal gré, sa tête dans une main, son fléau d'armes dans l'autre qu'il profita de sa hauteur pour se jeter en piqué sur la créature afin de commencer le combat.

Cette ouverture touche, comme de juste. Un large coup de zone ; le choc de la masse hérissée de pics frappant le corps mou et décomposé du sans-cœur résonne contre les pavés détrempés. C'était bon de retrouver le sol. Il se concentra afin d'éviter les coups de sucre d'orge – la créature ne semblait pas si désarmée que ça et prenait sa nouvelle arme avec... et bien, avec pratique et dextérité si l'on pouvait dire. Elle fendait l'air à chacun de ses coups. Une fois déjà, Fabri avait mal estimé la portée de l'un de ses coups, sa tête n'étant pas à la même position que d'habitude, il n'avait pas le recul nécessaire. Il devait y penser systématiquement, tout revoir et réagir en conséquence. Quelque chose qui n'était pas encore automatique.


Dernière édition par Fabrizio Valeri le Jeu 16 Mai 2019 - 19:23, édité 1 fois
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L’enfant se posa maladroitement, trébuchant sur quelques pas avant de rencontrer le pavé.

Il avait échoué. Purement et simplement. Il s’était donné un objectif, il s’était doté d’espoirs. Mais quoiqu’ils aient été — Irréalisables ? Fous ? — ils s’envolaient.
Comme les meubles de la pièce vide, ils fuyaient.
Ce qui restait de souffle au garçon lui fut arraché.

L’enfant, sur la place, posait et perdait pied tout à la fois, ses jambes fauchées par de lourdes pensées. Celles qui lui susurraient qu’il n’y avait en ce monde que peine. Que ce en quoi il avait voulu croire n’était qu’une chimère… et que les chimères n’étaient qu’illusions. Ce ne pouvait être qu’un cauchemar, s’était-il dit dans une autre vie — la lanterne rougeoyante et tournoyante lui paraissait désormais si lointaine. Son regard se posa sur ses mains, tremblantes, incapables de soulager les pavés frémissants.

Le patchwork de chairs et de sutures qui se dressait face à l’orchestre cliquetant les terrifiait ; autant que lui, les pavés de la place tressaillaient. Le pas fort et puissant de la créature les délogeait de leur espace, de cet endroit auquel ils appartenaient, celui auquel ils dédiaient leur existence. Exposés. Puis oubliés. Des dommages collatéraux.
Ioan ne su quoi faire.
Il avait échoué.

Chaque coup, pourtant, tant de l’armure corbeau que de l’immense poupée reprisée, le pressait. Il pensait au pieu. Le pieu. Un coup. Deux. Trois. Quatre. Cinq. Six. Sept. Huit. Neuf — plus. N’avait-il pas dit à sa petite Dame qu’elle serait en sécurité avec lui ? Si cette promesse avaient encore un sens, alors il ne pouvait rester là. Il ne pouvait demeurer immobile. Ses jambes ne répondaient pas. La créature — boursoufflée, grognante — se bougeait pour sa part avec lourdeur et lenteur : sa démarche criait une violence qui s’annonce, avant de s’abattre. Nourrie de rage, gonflée de haine. Mais pourquoi ? — Parce que le sans-tête avait repoussé les siens ? Si ce n’était pour ça, alors pourquoi ?

D’un hurlement guttural, la bête fit s’étreindre les maisons —

— et les plus frêles des lumières qui réchauffaient les rues s’éteignirent.

Pourquoi ne s’animer que de violence ? Le garçon ne comprenait pas. Pourquoi cette étoile semblait-elle tant souffrir ? Il n’avait pas le temps de comprendre. Non. Ils frappaient. Encore. Un coup. Deux. Trois. Quatre. Cinq. Six. Sept. Huit. Neuf — plus. Bien plus.

« Arrêtez ! » implorait-il.

Mais ils n’écouteraient pas. Sa voix étranglée se refusait à porter. Elle s’agrippait à chaque muret et portillon, sabotait ses cordes vocales, piégeait ses lèvres d’hésitation ! Sa petite Dame volait, de-ci, de-là, s’excitait. Il devait la rejoindre. L’orchestre cognait, battait. Il devait cesser. Le sans-reflet… où était-il passé ?

— Du coin de l’œil, l’enfant vit la masse d’os et de sang s’élever.

Puis tomber.

L’armure ne saurait pas l’éviter.
Le garçon le savait.
Le cliquetant allait souffrir.
Souffrir, encore.

Le pieu. Un coup. Deux. Trois. Quatre. Cinq. Six. Sept. Huit. Neuf — plus. Ses poings se serrèrent. Dans un élan irréfléchi, il arracha sa voix aux pierres qu’elle enlaçait.

« STOP ! »

Pourquoi ne s’animer que de violence ? Le garçon ne comprenait pas. Pourquoi cette étoile semblait-elle tant souffrir ? Il n’avait pas le temps de comprendre. Pourquoi crier ? Ils n’écoutaient pas, et il n'avait plus de mots.
Mais la bête, abattant son arme sur le sans-tête, sembla pourtant se raviser. A mi-chemin, elle s’immobilisa. Un minuscule, court, imperceptible instant. Ioan sentit l’air frais entrer dans sa gorge. Il avait réussi, commença-t-il à croire.

Toutefois sans se ménager, la créature frappa soudain son propre visage ! — Pourquoi ? Il n’avait jamais voulu ça ! — Elle tituba, vacillant en arrière dans un mouvement lourd et peu habile, hurlant avec peine. Déstabilisée, elle déchirait le ciel d’un simple, puissant, assourdissant râle.

Ioan se boucha les oreilles. Il n’y comprenait plus rien.
Il voulait que tout s’arrête.
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Le rêve de ce vol si bref et merveilleux laissa place au cauchemar lorsque nous posâmes les pieds sur la place de la guillotine. Une créature recousue de toutes parts, poussant des râles tout aussi terribles que ceux des non-vivants qui devaient déjà s'approcher avec lenteur des lieux, aussi lointains puissent-ils être. Le crochet devenu sucre d'orge s'abattait avec fureur, jusqu'à s'immobiliser et frapper le crâne de la créature, retenu par une barrière invisible, que je devinais magique. Quelqu'un conjurait ces horreurs de s'arrêter. Qui ? Certainement pas moi, ni même l'armure. La chauve-souris ne pouvant parler, je présumais qu'il s'agisse du manteau.

Mais il n'y avait pas de temps à perdre. Un tel danger devait être enrayé rapidement, pour ne pas laisser la moindre seconde de trop aux morts vivants pour nous rattraper. D'ici, je n'étais plus certain de les voir distinctement, mais ils arriveraient tôt ou tard pour obtenir leur repas. De toutes les options que j'envisageais, la seule qui semblait m'assurer des chances de survie dans ce monde inconnu était de prendre la fuite, sur le champ, loin de ces êtres défiant toutes les lois naturelles. Le pieu était rangé, il serait inutile face à ce géant nous exposant ses entrailles. J'avais bien une idée, mais il me faudrait la coopération des autres pour de meilleures chances.

- Je vais l'endormir pour quelques instants. On prend la fuite sur le champ, il est hors de question de tomber nez à nez avec les... Trucs qu'on a affronté tout à l'heure.

Les paupières closes, je fis abstraction de toute cette situation, imaginant la sale bête abattant son postérieur contre le sol puis son crâne avant de sombrer dans un léger sommeil. Je tentais de ressentir moi-même la fatigue, d'en constituer l'essence-même d'une bulle magique suspecte puis d'un grand geste, je la fis se diriger vers l'être infâme. Sans même observer le résultat, je poursuivais :

- Si quelqu'un ici connaît un lieu sûr, qu'il mène la course ! Lançai-je en commençant déjà à me tourner dans la direction opposée au monstre.
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Oh non ! non ! nononononon ! Je ne sais pas quoi faire ! D’un côté nous sommes attaqué et l’armure sans tête se bats férocement contre un gros truc tout moche et qui pue la mort. De l’autre l’enfant invisible s’écroule et gémis en se bouchant les oreilles, choqués par cette scène. Mais je ne peux pas faire arrêter le combat ! Sinon c’est nous qui allons être attrapé voir dévorer par les morts vivants ! Mais si j’aide, le manteau juvénile ne va pas comprendre et ne me fera plus confiance, pire il va nous fuir ! Je tourne la tête vers les deux scène successivement sans savoir à laquelle accorder le plus d’importance.


L’endormir ! Voilà une idée géniale ! Je m’exclame lorsque j’entends le vampire nous annoncer son plan. Evidemment il parle d’endormir la bête pas l’enfant… Ce serait difficile de le déplacer à l’abri et le seul qui aurait pu le porter sur son dos est occupés à occire une masse de chair et de tripes !




Mais la bulle étrange est lente à atteindre sa cible. Et je me sens tellement inutile pour calmer l’enfant ou aider le soldat. J’ai le cœur gros de ne pas parvenir à lui faire comprendre la dangerosité de la situation. J’aimerais le prendre dans mes bras, ou prendre son visage entre mes mains… mais je suis si petite… et il est si invisible.


Ah ! Mais si ! Je peux le réconforter ! En espérant que mon sort l’atteigne au cœur et que celui-ci balance du bon côté.




Je dépasse rapidement la bulle et je concentre ma magie pour émettre trois ondes lumineuses réconfortantes pour ceux du bien, désagréables pour ceux des ténèbres. Mais je ne perds pas ma concentration. Pour être sure et certaine que le petit retrouve le sourire, je modifie la forme de mon sort et des oursons en guimauve souriant, fluorescent de lumière, de la même taille que moi se matérialisent dans l’onde, venant s’agglutiné sur le manteau, le vampire, l’armure noire et le recousu avant de disparaitre en un pop de petites explosions lumineuses.

Puis la bulle atteint enfin le monstre, qui s’écroule au sol. Un peu plus et c’était l’armure noire qui se prenait le sort ! Ou dans l’élan de son bras armé, il a failli frapper l’endormi et il se serait surement réveiller sous la baffe. Mais non il a eu un bon réflexe. OUF ! Ou c’est l’attaque d’ourson en guimauve fluorescent qui l’a surpris…

Tout le monde aime les oursons en guimauve, j’espère. Ça rappelle l’enfance, le sucre, que du bonheur ! Bon après le sucre d’orge géant, ils vont peut-être croire que je suis une fée des dents avec tout ce sucre…. Je passe peut être un peu trop souvent devant la confiserie à côté de l’Eclaireur au jardin radieux…

Pour le coup je me sens un peu fatiguée, je retourne voir le manteau et je tâtonne pour essayer de trouver sa joue et lui faire un câlin.

En attendant je ne connais pas du tout l’endroit alors, guider le groupe vers un lieu sûr ? Navrée mais non. Il y avait bien cette lumière plus loin au-delà de la ville mais il va falloir tout traverser et je ne sais même pas si l’endroit n’est pas occupé par plus de monstres encore plus terribles ! Enfin normalement, les monstres se rassemblent dans la pénombre, pas la lumière, n’est-ce pas ? De toute façon, ils ne me comprendraient pas.


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Le monstre s'était écroulé et, comme dans un réflexe, Fabri avait arrêté de le frapper. Comme si le frapper, c'était tout recommencer. C'était vrai, le monstre dormait, et le frapper c'était le réveiller. Une pensée tacite, immédiate comme un réflexe, même si elle fut grandement facilitée par l'apparition de nounours guimauves. Apparition qu'il commenta vivement d'un « Non mais c'est quoi ces horreurs !? » qui venait du fond de son cœur. Il préférait les viennoiseries aux sucreries en plus.

Ils avaient fui. Du coin de l'oeil, Fabrizio avait pu apercevoir le manteau tétanisé qui ne bougeait pas. Peut-être qu'il ne comprenait pas ? Sur le coup, il ne pensa pas à grand chose, il jura, attrapa la chiffe et courut aussi vite qu'il put. Arme a la ceinture, tête dans une main, manteau dans l'autre. Il pesait peut-être aussi lourd qu'un sac à patate. Avec toute l'adrénaline du combat, il ne fallait pas lui demander une estimation exacte. Mais il pesait certainement plus qu'un manteau. Ça, rajouté aux formes qu'il avait pu distinguer plus tôt sous les manches ; il n'était pas fait d'air. Peut-être était-il un fantôme, ou invisible, comment était-il, hors de ce monde, s'il y avait déjà été ? Pareil pour les autres, c'était à se poser la question. Oh, s'ils étaient dans un endroit plus sûr il y aurait tout le loisir de se la poser. Mais les choses en étaient où elles étaient.

Fuir était quelque chose de normal, d'humain. Mais il y avait dans cette course effrénée depuis cette place jusqu'à un dédale de rues sinueuses quelque chose qui sentait la défaite. L’inaccompli. Alors qu'ils reprenaient leur souffle au détour d'une ruelle, Fabri put en placer une. « On doit y retourner, laisser une bestiole comme ça en liberté, c'est pire que tout ! » dit-il en lâchant le manteau – un peu brutalement, il s'excuserait plus tard – il espérait ne pas oublier - …. il oublierait, probablement. Non, il ne devait pas oublier, ce pauvre truc était prostré, tétanisé. La chauve-souris sorcière avait du répondant ;elle était désemparée mais elle se débrouillait parfaitement bien. Le petit vampire ? C'était sensiblement pareil, semblait-il. D'où venait-il ? Il semblait jeune, voire même très jeune.

La petite chauve-souris était avec le manteau. Un moment de calme dans toute cette folie.

La ruelle dans laquelle il s'étaient arrêtés était miteuse, comme tout le monde d'ailleurs. Elle convenait  leur apparence. Des dalles de pierre humide, des poutres bouffées par l'humidité, des gouttières en fonte, des tonneaux sombres et une odeur tenace d'humidité et de putréfaction qui semblait couvrir le monde entier. Et au dessus d'eux, toujours, un opaque ciel couvert de nuages sombres et gras qui les recouvrait d'une bonhomie maléfique. Le bonheur.

La vue du manteau tout serré contre la petite bestiole volante lui fit reconsidérer son choix. « Bon. » commença-t-il, plutôt pour meubler le silence que de vraiment dire quelque chose. Pour se préparer lui-même, un peu. « C'est pas grave, on va se poser ici un peu, il pourra pas nous suivre ici, il est trop gros. Vous allez bien, il a attaqué personne ? »


Dernière édition par Fabrizio Valeri le Jeu 16 Mai 2019 - 19:24, édité 1 fois
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Les minutes — pressées ou perdues — se répercutaient sous ses yeux en échos désordonnés. Ioan les observait, passer et repasser, se hâter et se traîner, d’un air détaché.

Il se sentait étonnamment serein, désormais.

Sa peur, son désespoir, son impuissance, appartenaient à un autre moment. Un autre jour, une autre aventure… si bien que le garçon contemplait cet étrange détachement avec curiosité. Il était certain de ne pas avoir changé de vie. Il était le même. Le même superbe manteau, rendu poussiéreux et humide par une épopée aussi courte que difficile.

Pourtant, tout ceci lui semblait lointain.

Ioan avait voulu se couper de ce monde. Ce dernier l’avait entendu, et l’enfant ne le ressentait plus qu’au travers d’une fenêtre vieillissante et sale, qu’il ne pouvait ouvrir. Une toile translucide, retenue par les branches sèches d’un arbre défunt, et par les excroissances chaotiques des maisonnées, avachies sur la ruelle.

De l’ensemble de ce qu’il percevait, rien ne venait brusquer la comptine douce et tranquille qui berçait ses sens ; qui jouait — la sensation du bras armé le saisissant, la chute du colosse, le cri des pavés, les rivières de mots sur lesquelles son ouïe avait glissé… et l’embrassade de monstres généreux et colorés. Il croyait percevoir, encore, leur chaleur réconfortante, leur clarté apaisante. L’une avait fait fait fondre sa terreur — l’autre, avait rendu à son regard sa lueur.

Le garçon réprima un dernier frémissement, confus. Il avait souhaité que tout s’arrête, et voici que le temps s’était suspendu.

Que tout s’était tu, s’était mis au repos.

Les bras resserrés devant son visage, tombé au sol ventre à terre, il relâcha la solide étreinte avec laquelle il avait maintenue sa petite Dame. Lentement, il sentit son poids contre sa joue se défaire, et sa prise sur son masque s’alléger. C’était tout ce qu’il avait su faire pour la protéger, tandis qu’ils étaient emportés par l’orchestre cliquetant. Au moins, ne l’avait-il pas perdue. Hissée sur la pointe des pieds, une fébrile idée lui peint un fin sourire. Il n’avait pas tout à fait manqué à son serment. L’enfant observa la chauve-souris s’agripper à son bras gauche — et comme elle ne pourrait voir son sourire, avec une délicatesse empreinte de tendresse, ramena sa main droite vers elle, avant de caresser sa tête du bout des doigts.

Merci, voulait-il dire. Mais sa voix, elle, était restée sur la place désormais lointaine : abattue, arrachée, abandonnée… la seule victime de la créature qu’ils avaient laissé derrière eux.

Ils soufflaient et s’essoufflaient, se jaugeant sans s’observer, se parlant sans échanger — Ioan les avisait. Comme leurs mines étaient tendues et sombres ; comme leurs traits se crispaient d’efforts et d’appréhension. Lui aussi, ressentait son souffle court, mais il ne se pensait pas avoir une expression si dense.
Il s’égarait : avait-il une expression ? Ou bien, se figurait-il en avoir une, par habitude ? Il était invisible — avait-il, tout simplement, perdu son corps ? Et, se refusant à l’accepter, se l’imaginait-il ? Cette question le retint. Puis, se disant qu’il pouvait toujours, il le pensait, tenir, ressentir, interagir… il commença à l’écarter. Là était ce qui importait : qu’il puisse créer, expérimenter — vivre. Il n’aurait su dire si être vu lui avait jamais apporté quelque chose de concret. Ses amis se seraient-ils arrêtés sur lui, s’ils n’avaient pu observer sa chevelure sombre et ses grands yeux bleus ? Sa peau diaphane et ses traits ronds ?

Si ceux qui expiraient à ses côtés l’avaient remarqué, le suivant puis l’attirant jusqu’ici, il n’avait pas de raison d’en douter.
— Sans un mot, avec douceur, les avatars du Père Noël semblaient avoir expulsé l’urgence qui l’avait habité.

Veillant à ne pas troubler sa petite Dame, bougeant avec précaution, l’enfant se redressa. Il prit quelques pas de recul, appréciant l’armure corbeau dans tout ce qu’elle avait de grand et d’imposant. Un être aux mots concernés, qui s’inquiétait de leur état à tous. Il ne su que lui répondre, et laissa la parole aux autres. N’était-il pas celui qui avait manqué d’être écrasé ? C’eut été dommage pour son bel alliage : il en eut été, à coup sûr, tout cabossé. Mais l’orchestre n’avait rien, et même les ténèbres ambiantes ne parvenaient à l’agripper, écartées par les flammes bleues qui surmontaient son col.

Le cœur du garçon s’allégea.

Puis, attiré par le bruit, Ioan enjamba les racines d’un arbre mort, s’attardant sur le sans-reflet. Tous étaient vêtus, il le réalisait tout juste, de tenues de fort bonne facture, faites de belles étoffes, ou d’alliages travaillés. L’enfant tendit la main, effleurant la cape de son livide camarade. Douce, soyeuse, précieuse ; taillée à la perfection. Le tissu fila entre ses doigts, reposant mollement contre le corps de son propriétaire.

L’homme pâle.
Dans un coin de son esprit, un souvenir toqua.


Une fois. Deux. Trois. Quatre. Cinq. Six. Sept. Huit. Neuf. Plus.


Un frisson remonta le long de son échine.

Ioan demeura immobile, accueillant cette sensation avec un recul aussi inattendu que bienvenu. Une minute auparavant, tout au plus, cette parcelle de sa mémoire le tirait à la détresse et à la peine. Elle hurlait en son âme, s’égosillant d’un cri strident.

Mais en cet instant, dans cette ruelle à l’obscur réconfortant, le garçon ne se sentit pas trembler, et son cœur ne le lançait pas.

Il leva la tête vers le ciel, le regard butant en chemin sur des toits biscornus. Cette fenêtre — la toile, le voile — qui le séparait de ce qu’il voyait, le coupait de la crainte que ce souvenir voulait lui imposer.

Curieusement, l’enfant se figurait devoir trouver un moyen de l’ouvrir. De pouvoir, de nouveau, ressentir ce monde comme aux premières secondes.

Néanmoins, sur l’heure, il avait fait une promesse, et tous devaient se rendre où partent les lumières.
S’il suivait son chemin, ce qu’il devrait faire lui viendrait. Comme toujours.

Au loin, une nouvelle comète s’élevait, depuis la terre vers le firmament. Cette étoile filante, à la course inversée, lui accorderait-elle un vœu ? Ne sachant que désirer, Ioan se retint. Ses mots dérobés, il pointa de la manche la direction dans laquelle se trouvait le point de départ des lueurs.

C’était par là qu’ils devaient aller, n’est-ce pas ?
Vicieux, le vent porta de tristes râles à ses oreilles.

Peut-être les pauvres âmes qui rampaient ce monde voulaient-elles s'envoler, elles aussi.
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- Si t'as envie de te lancer dans une mission suicide, c'est sans moi, lançais-je nonchalamment à l'intention du cavalier sans tête en étant appuyé contre le mur.

Ces conneries d'oursons en guimauve colorés m'avaient sacrément sonné, j'en avais des sueurs froides même maintenant. Sans le mur pour me soutenir, surtout après cette course effrénée pour fuir l'abomination, je me serais sûrement écroulé par terre lamentablement. Fixant un point fixe en face de moi, je faisais le vide. Ce n'est que lorsque je sentis un mouvement vers le bas que mon regard se tourna enfin. La manche du manteau était en train de parcourir lentement ma cape noire, comme s'il était en train de l'admirer... Mais est-ce qu'un manteau pouvait vraiment admirer une telle chose ?! La manche cessa le contact avec le tissu puis se redirigea vers la lumière. Je fis un signe de tête approbateur avant de reprendre :

- Je pense qu'on devrait aller vers cette lumière.

Ma main effleura l'autre manche et mes doigts atteignirent bientôt une forme ressemblant vaguement à une main. Est-ce qu'il était simplement... Invisible ? J'eus un frisson et ma tête se retourna à l'opposé. Un cri. Le hurlement, loin d'être humain était semblable à une longue plainte. Mes yeux s'arrondirent en observant ce spectacle monstrueux, mon corps s'étant totalement paralysé en pointant simplement du doigt cette chose.

De nombreux os pourris flottaient dans les airs et commencèrent à s'assembler ensemble pour former un ensemble plus cohérent. Une série de longs os fins s'unifièrent pour former des pattes puis quelques uns pour représenter des serres. D'autres formèrent deux C parfaitement arrondis tandis qu'un maigrelet corps squelettique se formait. D'autres s'ajoutèrent à l'intérieur de l'arc de cercle. Ensuite ce fut le tour de la queue puis la gueule de la créature ailée. Pour surplomber sa tête, une série de cerveaux s'empilèrent solidement et du blanc se dessina dans le vide laissé par les os pour ses yeux.

Une majestueuse vouivre venait de naître afin d'apporter mort et désolation à ce monde.
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