Il me caresse la tête. Je rougis. Je crois que j’ai émis un petit piaillement de chauve-souris ravie. Je me sens un peu vidée mais je ne savais pas que c’était à ce point. La sensation de la chaleur de ses mains sur mon crâne m’a fait un bien fou ! J’en souris béatement. C’est réconfortant. Je sens la tension dans mes épaules et mon dos disparaitre. Enfin un peu d’amour dans ce monde de trépassé ! Je ressens comme l’effet d’un baume au cœur. J’en ai presque envie de me frotter à sa main avec le dos rond comme un chat. Mais oh ! Je ne suis pas un animal ! Ressaisis-toi Garance !
Bon je me reconcentre ! Ou en est-on ? Une armée de morts-vivants aux trousses. Un gros macchabée recousu qui dort à quelques mètres. Des ruelles miteuses et poussiéreuses digne d’un labyrinthe dans lequel nous nous sommes enfoncées au hasard…
L’enfant pointe une direction… voyons si je me souviens bien, quand nous étions en l’air par là il y avait… ah oui ! Les lumières ! D’accord, d’accord, bon plan, bonne idée. Gentil garçon.
Uh… Le vampire pointe une autre direction en le tenant par le poignet. Voyons par-là, il y a … vers le ciel chargé lourdement de nuage des … euh… trucs qui bougent… Ça se rassemble… Ce sont encore des os… jusqu’ici ça ne m’étonnes même plus… C’est quand même assez gros. Et crochu. Et griffus. Et ailés. Et avec une gueule pleine de flammes jaunes, oranges et bordés d’un bleu très clair et vif…
Donc je suis quasiment exactement sûre que c’est à peu près spécifiquement le moment de PANIQUER ! FUYONS !
Je tire une fois de plus sur la manche du manteau, épouvantée. Un dragon squelettique nous survole dans notre dédale prêt à nous vomir les flammes des enfers sur le crâne. Je saute de toutes mes griffes sur la main du vampire qui retient le poignet de l’enfant. Je ne lui fais toujours pas confiance ! Lâche-le ! Je crois même que je lui ai mordu le pouce… Bon ce n’est pas très orthodoxe mais je m’excuserai plus tard… s’il y a lieu.
Je sens soudain un mouvement. Le corps de l’enfant s’allège. Moi qui suis agrippée sur son bras aussi. Je vois le vampire qui penche également, dans le même mouvement en miroir. J’entends le cliquetis furieux de casseroles qui se répercutent. L’armure a pris les devants et nous a attraper une fois de plus sous le bras, tous les trois. Enfin les deux sous le bras, moi je suis collée comme une broche ou une sangsue. Je ne compte pas sur le poids total. Au final cette armure noire, je l’aime bien. Il a la réactivité d’un aventurier habitué des problèmes de ce genre !
Il nous sauve la vie assurément encore en nous déplaçant des premières vagues de flammes. L’air a gagner en chaleur digne d’une fournaise et les maisons noircissent encore davantage mais bizarrement, elles ne brûlent pas.
BOOM ! Hic ! Je sursaute en lâchant un cri de souris apeurée. L’armure a enfoncé une porte branlante d’un coup de botte en plein élan et nous a jeté à l’intérieur à la hâte. Il va falloir qu’on reparle de ces manières de brutes ! Nous allons bientôt avoir plus de bleus à cause de nos atterrissages forcés que de par les combats que nous menons ou non. En plus il nous hurle dessus ses ordres !
Pas bouger ! Il revient nous chercher après…. Après quoi ? Il compte vraiment nettoyer ce monde de tous ses monstres à lui seul ???! Mais il est complètement fou !
Qu’est-ce que c’est ?!! Je redresse les oreilles et je tourne la tête. J’entends des bruits de frottement dans le fond de la pièce. Mes yeux s’habituent un peu plus à l’obscurité encore plus grande de cette maison autrefois fermées dans lequel nous avons été forcés de prendre abri.
J’ai les poils du dos qui se hérissent. Je ne suis pas si sûre que nous soyons tant en sécurité ici…. Tout ce monde est complètement aliéné et semble être entièrement voué à vouloir nous dévorer !!! Je n’ai qu’une envie c’est de partir. Je n’ai qu’une deuxième envie c’est de partir vite et loin ! L’angoisse commence à me briser les nerfs, je tremble. Je crois distinguer le bruit de quelque chose trainé sur le sol. Je vois plusieurs paires de reflets rouges dans l’obscurité.
Ma baguette ?!! Vite ! Crapaud et poussière de fée ! Où ais-je encore rangée cette baguette ! Je suis prise de panique et je cherche partout sur le manteau, dans ses plis, ses poches, les dentelles de son jabot.
Je dois me protéger. Je dois LE protéger……. Est-ce que je dois aussi protéger le vampire ? Ah ! Là je la vois au sol ! Je me jette dessus avant même de réaliser que pour cela j’ai dû m’éloigner de mes deux camarades et m’approcher des lueurs carmin.