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Nous sommes quatorze ans après les évènements de Kingdom Hearts 2. En tant d’années, les choses ont considérablement changé. Les dangers d’hier sont des soucis bénins aujourd’hui, et au fil du temps, les héros ont surgi de là où on ne les attendait pas. Ce sont les membres de la lumière qui combattent jour après jour contre les ténèbres.

Ce n’est plus une quête solitaire qui ne concerne que certains élus. C’est une guerre de factions. Chaque groupe est terré dans son quartier général, se fait des ennemis comme des alliés. Vivre dehors est devenu trop dangereux. Être seul est suicidaire. A vous de choisir.

La guerre est imminente... chaque camp s'organise avec cette même certitude pour la bataille.

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Jeu de rôle

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Une douce chaleur irradiait sur sa joue. Une sensation apaisante qu’elle n’avait pas ressenti depuis longtemps. Trop longtemps à son goût. Lenore y porta les doigts pour y trouver ceux d’un autre. Une main qu’elle aurait reconnue parmi des milliers. Comme toujours toute en retenue comme quémandant son autorisation silencieuse. La chaleur se déplaça avec tendresse sur sa joue, vers ses lèvres. Elle n’eût pas à ouvrir les yeux pour voir le visage de Kurt devant le sien.

« La liberté, ça se prend au vol, comme un baiser… C’est bien ce que tu as dit, non ? » Chuchota-t-il en approchant de ses lèvres.

Puis sa main glissa vers son menton avant de lui échapper, de quitter sa peau ne laissant qu’une sensation fantôme.

« Je dois reprendre ma liberté. »

Le choc émotionnel fit ouvrir d’un coup les yeux de la mercenaire. Le visage de cet homme souriant disparaissait déjà en lui tournant le dos.

« Non ! » La rousse tendait la main vers lui mais il n’était déjà plus qu’un rêve. Ne laissant que la cellule dans laquelle elle était enfermée dans le manoir de la Coalition Noire, sous les ordres de Death.



Son souffle était court. Encore un cauchemar de plus. La tête lui tournait, envahit par la sensation enivrante de la chaleur et de la douceur que ses souvenirs chérissaient précieusement et celle de son absence, déprimante, comme un vide. L’air lui était difficile à respirer, vicié de tant de jours enfermés. Les murs tanguaient, se rapprochant indéfiniment comme une menace perpétuelle sans oser s’effondrer. Elle en arrivait à espérer qu’ils lui tombent sur le dos pour enfin révéler ce qu’il y avait au-delà.


« Je dois reprendre ma liberté... » Murmura-t-elle faiblement alors que la phrase tourna en écho dans sa tête. Qu’aurait-il fait de plus qu’elle ? Elle l’imaginait encore et encore. Sa naïveté avec les filles. Son efficacité en combat. La douceur de ses mots. La dureté de ses choix. Allant toujours de l’avant.

L’odeur de la cigarette commençait à lui manquer. Elle se leva de sa couchette en s’étirant le dos à le faire craquer.


«  J’suis trop vieux pour ces conneries. » dirait-il.

Elle s’étira encore un peu en s’approchant de la grille. Bougea la tête de droite à gauche pour détendre ses cervicales. Pieds écartés stables. Mains ouvertes pour amasser sa magie en se concentrant.


«  Perdre pied. Se laisser noyer… »

Elle senti la magie s’accumuler le long de ses bras, de ses mains, de ses doigts. Frottant ses mains les unes contre les autres, elle réunissait assez de magie dans ses paumes avant de les imposer sur le verrou de la grille, afin que la rouille recouvre le métal. Quelques secondes suffirent pour que la teinte caractéristique se révèle.

Elle fit un pas en arrière et avec l’élan le lui permettant, déploya un violent coup de pied pour faire sauter la serrure qui céda. Un sourire habilla enfin son visage alors qu’elle ouvrit la porte de sa cellule. C’était grisant de sentir cette puissance dans ses veines. Rien ne pouvait plus l’arrêter.

Elle répéta l’action devant la grille enfermant le sultan, faisant sursauter celui-ci.


«  Qu’est-ce que vous faites ? » S’alarma Jasmine avant que le calme ne lui revienne en voyant la même manipulation sur le verrou de sa propre porte.

-  C’est pourtant évident Princesse. Vous me suivez docilement et nous allons rejoindre mes gars pour un petit séjour à nos côtés.» Dirait- il avec son sourire le plus engageant avant d’arriver devant la cellule d’Aurore.

-  Mais vous êtes folle ! Vous allez nous causer des ennuis ! » Enchérit cette dernière, visiblement peu enclin à quitter la future liberté qui lui était promise.

- Alors toi, tu fermes bien vite ta gueule. Répondrait le médecin en l’extirpant par le bras de sa cage dorée. Ils ne nous ont pas encore remarquées, alors tu restes bien sage et tu me laisses deux minutes pour te sortir de là. Compris ?

Les autres prisonniers, eux, n’avaient aucun intérêt. A peine étaient-ils conscient de leur environnement et malgré les suppliques de Jasmine, c’est vers la porte d’accès que la mercenaire se dirigea, porte qui s’ouvrit en grand devant un garde étonné à peine l’espace de quelques secondes.

Il fallait agir vite. Le garde prit son fusil en inspirant rapidement pour hurler. La mercenaire n’attendit pas qu’il termine de se positionner pour attraper l’arme et l’attirer vers elle au corps à corps. Passant ainsi sur son flanc, elle lui asséna un coup propre et violent dans la trachée de la tranche de la main. La voix coupé, le soldat ne s’effondra pourtant pas, le coup ne fut pas aussi puissant qu’attendu. Cependant il eut la présence d’esprit de repousser de l’épaule la prisonnière.

Celle-ci tituba en arrière, sentant ses forces lui échapper. Elle se sentit plus petite, plus légère, plus faible. Plus ... femme. Elle avait cette réalisation étrange de s’être comportée différemment un instant.

Le garde comptait profiter de ce moment de relâchement pour lui asséner un coup de crosse sur le crâne et mettre immédiatement fin à cette mutinerie. Le cri instinctif de Jasmine l’alarma à temps. Lenore, la vrai Lenore, se déploya comme un fauve en se propulsant sur l’ennemi.

Le combat se poursuivit au sol, il tenta de la maîtriser, son poing frappant de façon répétée dans les côtes, qu’elle désamorça en projetant son crâne dans la mâchoire de son opposant. La douleur résonna dans son crâne, comme dans un étau. Tous deux étaient furieux et pouvaient enfin lâcher la bride à la violence qui étouffait leur cœur. Mais l’un des deux faiblissait, l’énergie, la vie, sapé par une lame noire que la rousse avait insidieusement glissé sous l’uniforme. La fatigue, l’incompréhension dans son regard remplissaient la mercenaire d’une énergie renouvelée, d’une joie, d’un plaisir qu’elle semblait n’avoir plus goûté depuis longtemps.

Elle le frappait au visage, encore et encore alors qu’il n’avait plus la force de se protéger de ses bras, alors qu’il était évanoui.
Elle aurait certainement continué ainsi à s’en rougir la main si un coup de botte ne l’avait pas fait rouler plus loin. Un autre garde qu’elle pris pour cible aussitôt sur ses appuis, malgré la lame qu’il avait sorti. Ils ne pouvaient pas lui tirer dessus, elle en était convaincue, et c’était à son avantage.

Elle esquiva de justesse le mouvement ample qu’il fit pour couper son élan. Elle, au contraire changea de pied d’appui pour ne pas le perdre, utilisant cette force pour sauter au-dessus de son bras et finir aussi lourdement que possible, genoux en avant, sur son épaule. Il s’affaissa sous le poids soudain, dos contre le mur derrière lui, la saisissant par les haillons pour la jeter au sol. Plus que le choc contre la pierre, ce fut une vive douleur irradiant dans son dos qui lui arracha un cri. Le garde n’ayant pas raté l’occasion pour lui donner un coup de pied dans les reins. Elle se retourna vivement et s’enroula autour de cette botte en position fœtale faisant tituber l’agresseur. Elle se hissa le long de la jambe pour aller saisir l’arme de poing dans son étui maintenu à la cuisse. Elle désengagea la sécurité avant de braquer le pistolet vers le garde qui se figea.

Les deux respiraient difficilement après un combat violent mais court. L’étincelle de haine et de mépris qu’elle voyait dans ses yeux ne dura qu’une seconde. Elle n’avait aucune consigne, elle. Avec un sourire en coin, elle baissa le canon de l’arme. Il reprit son souffle. Le coup de feu retentit.

Lenore se releva en laissant le garde agoniser et se vider de son sang alors qu’elle lui avait tiré dans les parties avec une trajectoire ascendante. Elle n’eut pas un regard pour les deux princesses et le sultan, pétrifiés d’effroi, qui se serraient les uns les autres dans les bras. Elle récupéra sa précieuse  lame noire sur le garde évanoui et commença à le déshabiller avec difficulté.

Elle retira d’un geste son haillon sans pudeur afin de se revêtir de la tenue du garde. Le pantalon de jean trop grand, son maillot poisseux encore humide, la veste de cuir ample et les gants, ceintures et bottes. Elle sentit de nouveau la chaleur et le réconfort du tissu sur sa peau, savourant cette sensation en raccourcissant d’ourlet les manches et jambes de pantalon. C’était si agréable de se sentir à nouveau une personne. Elle se frotta le visage avec le repli du tissu à son poignet, retirant au maximum de crasse et de sang séché afin de paraître correcte dans son nouveau rôle.


« Prenez leurs armes. » Ordonna-t-elle au groupe en fixant le pistolet et son étui à sa cuisse.

Ils ne bougèrent pas. Elle leva un regard étonné vers eux et croisa leur effroi, lui faisant pousser un soupir las.


-  On a pas beaucoup de temps. Que vous le vouliez ou non, vous venez avec moi. Pis merde, je vous libère là oh ! Réveillez-vous ! »

-  J’étais libre… » Fit Aurore avec des trémolos dans la voix.

-  T’aurais vendu ton monde et tous les tiens à Death contre ta liberté, Boucle-d’Or, jusqu’à ce qu’il pète un plomb et vous tue tous comme pour Cendrillon. Répondit Lenore en ramassant le couteau du soldat en train de mourir exsangue et le passer dans sa ceinture. Là tu seras libre tout court. Et les deux autres aussi. Elle avança vers eux en agitant son pistolet pour les motiver à avancer vers la porte. Moi, j’en ai rien à foutre de vous. Je fais ça que pour l’emmerder LUI, alors profitez-en. Accessoirement, elles pourraient toujours servir de monnaie d’échange ou de bouclier si besoin, pensa-t-elle. Vous irez tous prendre le thé tous ensemble au Domaine Enchanté après ça grâce à moi. Sans rien ne devoir à personne. Insista-t-elle.

Elle les fit s’arrêter devant la porte des cellules, vérifiant malgré tout l’absence de gardes noirs avant de guider le groupe peu rassuré dans les couloirs. Elle gardait en main le pistolet au cas où. Au sol, une trainée légère de sang comme autant de petits cailloux blancs la guidait. Le sang de Naran, emmenée par des membres de la Coalition Noire, pour une raison et un endroit inconnu. Si elle pouvait au moins la retrouver…


Dernière édition par Lenore le Ven 28 Sep 2018 - 22:50, édité 1 fois
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Certaines personnes dans cet endroit semblaient ne pas avoir compris certaines choses. Je vais devoir mettre les choses au clair. Ce n’était peut-être pas le moment idéal mais je ne peux pas travailler dans ces conditions. Et je dois travailler ! Je veux travailler ! Je veux que mes solutions bouillonnent, que les liquides coulent lentement dans leurs flacons après avoir été distillés, purifiés, magnifiés ! Mais la majorité des gens peuplant cette cité on décidé que je ne pourrais pas le faire.
Ils s’en assuraient en souillant mon précieux local. Ô bien sur, je pourrais les laisser faire, m’en foutre royalement et laisser les vieilles âmes décharnées faire leur office pathétique mais non.
Je ne laisse personne nettoyer mon laboratoire. Personne. Jamais ! Personne ne le fait comme il faut. Rien n’était jamais au minimum du pré requis ! J’avais un temps eu l’idée de laisser quelqu’un faire mais laisser un endroit immaculé n’était pas à leur portée. Je trouvais toujours ça et là, l’immonde crasse rampante que je m’efforçais de combatte.
J’avais pourtant insisté, montré, été patient autant que je le pouvais. Il fallait des conditions reproductibles pour ses expériences. Avoir besoin de la crasse du soldat idiot du coin ne devait jamais devenir indispensable. Les fluides vitaux, je les veux dans des flacons, pas par terre, ni au bord de mes paillasses parce que des mains n’ont pas su rester sagement rangées.
Je grommelais sans fin, la langue acerbe alors que mes bras frottaient avec vigueur les tâches de sang au sol, à quatre pattes comme le chien qu’IL me pensait surement déjà être. J’imaginais très bien mon chef se gausser de ma position actuelle, se riant de moi. L’avantage incontestable de cette pensée fut de me faire frotter plus fort et enfin, le sol fut propre.
Je me relève, éponge mon front et vais enfin reprendre mon travail en me se positionnant devant l’une de mes paillasses, bien décidé à continuer ce travail longtemps mis de côté, quand un bruit me tire du début de mes réflexions. La porte est en train de s’ouvrir.

L’avoir mit dans le passage devait être une des façons étranges qu’avait son chef d’avoir de l’humour. C’était extrêmement pratique d’avoir le seul chemin jusqu’aux geôles quand je dois me fournir en sang neuf. Ca l’était nettement moins quand je subis les passages impromptus et indésirables des rats qui peuplent cet endroit.

Je me retourne, affichant ma mine la plus revêche et me mis en travers du chemin, les bras croisés sur ma poitrine. Aujourd’hui, je n’en ai rien à faire des ordres du grand chef. Absolument rien à carrer. Personne ne passerait. Aucune âme vivante. Je serais la faucheuse du couloir. J’en avais le profil, l’envie et le pouvoir. Alors pourquoi m’en priver ?

« Dehors, demi-tour. Je n’en ai absolument rien à faire de vos ordres, vos envies, de votre petite vie misérable. Retournez d’où vous venez. Si vous voulez aller de l’autre côté, trouvez une fenêtre, un trou à rat ou créez un portail. Vous ne traversez pas cet endroit. »
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Combien de fois avais-je déjà pénétré le manoir abandonné déjà ? Sûrement trop pour encore les compter. Pourtant, je ne connaissais toujours pas parfaitement l'agencement des lieux puisque je n'avais encore jamais eu le besoin de pénétrer certaines des pièces. Au début, j'étais venu faire mon rapport concernant la roue dont on m'avait donné la charge... Mais plus j'y réfléchissais et plus je me disais que je pourrais finalement aller à la rencontre de Salazar, l'alchimiste du groupe au lieu d'en laisser le soin aux laquais qui m'avaient assisté. Aller à sa rencontre concernant le somnifère à action lente dont nous avions besoin pour les jeux pourrait aussi me permettre d'analyser sa personne. Peut-être pourrait-il être un pion de choix ? La science n'était pas à sous estimer, elle était capable de bien des choses et je voudrais bien voir de quoi était capable cet homme... D'autant plus que je ne connaissais pas grand chose à la science. Poussant la porte, j'aperçus Géraldine, la réceptionniste du manoir. Elle saurait sûrement me renseigner concernant l'emplacement du laboratoire dans le manoir.

- Géraldine, où se situe le laboratoire de Salazar ?
- Le laboratoire se situe en sous-sol, près des cachots. Vous y trouverez un accès dans le couloir à droite.

Cette femme ne m'intéressait guère, mais elle m'avait délivré l'information qui m'intéressait. Sans la remercier, je fis immédiatement route vers le laboratoire. Après avoir poussé la porte qui m'avait été indiquée, j'aperçus des escaliers qui semblaient descendre en sous-sol. Il s'agissait sûrement de l'accès dont il était question. Néanmoins, une autre porte du couloir indiquant un autre laboratoire me fit douter un instant. Non, Géraldine avait pour réputation de donner des informations avérées. Si elle disait que le laboratoire de Salazar se situait en sous-sol, il se trouverait en sous-sol. Il ne me fallut pas longtemps après avoir descendu les escaliers pour pénétrer dans ce qui semblait être ma destination.

Une odeur particulière parcourait toute la pièce, probablement celle des produits chimiques. La pièce était plutôt sombre et froide, bien que suffisamment lumineuse pour distinguer tout ce qui s'y trouvait. Des instruments de chimie étaient disposés de toute part sur des paillasses : des fioles, ballons, alambics, bécher, erlenmeyer... Certains contenant des solutions qui bouillonnaient. Pourtant, tout ce qui se trouvait dans la pièce semblait parfaitement rangé, propre et organisé. Serait-ce un maniaque ? Merde, je ne pourrais sûrement pas agir à ma guise en ces lieux. Enfin, qu'importait, je n'avais pas prévu de réaliser des expériences en ces lieux.

Au centre de la pièce se trouvait probablement le scientifique. Il était de dos, les bras croisés. Il était en train de vociférer quelque chose à propos de ne pas traverser cette pièce, mais je ne pus comprendre davantage n'étant arrivé qu'au milieu de sa phrase. Devant lui... Un grand groupe composé majoritairement de femmes. Certaines étaient particulières. Des êtres de lumière, totalement dénués de ténèbres. Ces êtres radieux semblaient nocifs pour mon corps qui n'appréciait guère leur présence. Pas de doute, j'avais déjà ouï des rumeurs par le passé concernant ces femmes : les princesses de cœur.

Géraldine m'avait bien mentionné que les geôles étaient non loin. Bach m'avait déjà mentionné à une reprise que ce lieu était interdit d'accès car des êtres apparemment dangereux étaient détenus. Malgré mes efforts pour essayer d'obtenir plus d'informations, je n'avais pu en obtenir aucune. Pas de doute, il s'agissait sûrement là des prisonniers et donc, c'était une tentative d'évasion puisque je n'apercevais pas de garde qui les accompagnaient. Mais bon sang, comment avaient-ils pu échapper aux cachots qui regorgeaient de gardes ? Comment avaient-ils pu sortir de leur cellule déjà ? Une chose était certaine, je ne pourrais que regretter la décision d'avoir pénétré dans cette pièce. La situation était délicate. Le groupe pourrait attaquer à tout moment, je ne pourrais pas me permettre de tourner le dos à ce groupe, surtout que je n'étais pas très armé avec seulement mon couteau dans la poche.

Une rapide analyse de la situation me fit prendre la décision la plus prudente : faire marche arrière lentement, prudemment, discrètement, sans leur tourner le dos. Ils avaient l'avantage du nombre et qui plus est bien que c'était étrange si le groupe était arrivé jusqu'ici il devait bien représenter du danger. Espérer ne pas avoir été vu dans cette pièce qui n'était pas trop lumineuse, être bien caché par le corps de l'alchimiste, c'était sûrement là mon plus grand espoir. Prendre la fuite était humiliant, mais je n'avais pas la puissance de me confronter à un groupe capable de balayer les gardes des cachots seuls et je ne comptais pas donner ma confiance au maître des potions. La plus sage décision serait de profiter de mon agilité pour aller donner l'alerte aux gardes présents dans le manoir et combattre à leurs côtés. Tant pis pour Salazar, s'il survivait je pourrais m'entretenir avec une autre fois. S'il valait mon intérêt, il s'en sortirait. Et si j'étais repéré ? Dans ce cas, je devrais aviser selon la situation : fuir chercher des renforts si les prisonniers étaient bien capables de balayer des gardes ou alors je pourrais bien combattre sans attendre.
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« Sauf que des fenêtre, des trous à rat ou des portails, y en a pas. La seule sortie est derrière. » Répondit elle d’un ton cinglant.

Lenore leva un sourcil, regardant le type avec perplexité. Elle s’était échappé par miracles des cellules de la Coalition Noire en entrainant deux princesses et un sultan, elle avait assommé ou tué deux gardes noirs armés avec absolument rien sur elle et devait s’échapper du pire des cachots dans le pire des mondes avec les pires des soldats. Et elle se faisait bloquer par l’homme d’entretien ???

C’était quoi son délire ?! S’il fallait enlever les bottes pour ne pas faire de traces, soit ! Mais elle passerait quoi qu’il arrive. Qui plus est, il avait le teint pâle et les cheveux sales… Même pour recruter le personnelle de nettoyage fallait qu'ils aient l'air patibulaire ?

Elle n’avait absolument pas de temps à perdre avec ce genre de futilité. Le problème étant qu’il venait d’effacer les traces de sang qui devait la mener à Naran. Elle aurait dû le bousculer, l’assommer ou même le tuer. Une balle dans le genou l’aurait rapidement calmé et rendu inoffensif. Mais elle n’aurait pas été plus avancée. Et si elle pouvait s’économiser l’alerte pour gagner un peu de temps, autant jouer le jeu.

Il avait beau dire et jouer les renfrogné, il ne pouvait pas ignorer un ordre du patron. Surtout avec la réputation de celui-ci. A moins qu’IL ne joue les attendris avec les siens ? Elle n’arrivait même pas à l’imaginer, LUI, paternel et bienveillant avec ses gardes. Même si un instant les souvenirs du bal et de son ton doucereux quand il avait requis son aide pour se battre face au Maréchal, lui revinrent en mémoire. Elle grimaça à ce rappel encore trop vif dans sa mémoire. Elle devait retrouver sa collègue pour le moment et ne se concentrer que là-dessus.


«Death a réclamé les princesses. Vous n’avez pas envie qu’il perde patience. Moi en tout cas, je n’ai pas envie qu’il me tape sur les doigts… à coup d’étoile-du-matin. » Dit-elle avec certitude en essayant de le dépasser par le côté, contournant les paillasses.

La bête était têtue. L’homme se mit de nouveau sur sa route, sans perdre son air revêche de belle-mère désapprouvant sa bru. Il pensait vraiment empêcher à lui seul le départ de quatre personnes pour une histoire de propreté du sol ? Lenore commençait à s’agacer, le fusillant du regard. Elle vit au fond un homme blanc habillé de blanc qui faisait son possible pour être discret et se diriger vers la porte. Elle tenta une diversion avant le dernier recours à la force.


« En plus vous avez de la visite. » Dit-elle en le désignant du menton, attendant que l’homme de ménage se retourne pour inviter les princesses et le sultan, mal à l’aise, à le dépasser rapidement de l’autre côté. Ils hésitèrent mais s’exécutèrent tout de même, gardant un œil sur le nouvel individu.

Un témoin. Elle ne pouvait désormais plus se contenter d’une balle dans le genou ou de l’assommer proprement. Elle devait absolument leur faire croire qu’elle était belle et bien un garde noire chargée de l’escorte des prisonnières. Il fallait choisir convenablement ses mots pour obtenir la direction du groupe précédent comprenant Naran.


« Elles doivent rejoindre la prisonnière blessée qui a déjà été emmenée. Alors, à moins que vous vouliez le faire à ma place… » Elle mima l’air blasé du chef de la garde qu’elle avait rencontré précédemment, en tentant de contourner une dernière fois l’homme qui la bloquait, quitte à le bousculer d’un coup d’épaule énervé.
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Trois choses me déplaisent au plus haut point. Le ton de cette petite impertinente, les trois « invités » de Death qui veulent gentiment essayer de passer outre mon barrage et l’impudent que je viens de croiser de l’œil. Aucune idée de qui il peut bien s’agir. Aucun intérêt non plus pour le moment.

J’attrape une petite fiole qui traîne, la lance devant les princesses et laisse le doux tintement du verre les stopper. Le liquide se répand, bloquant une bonne partie du passage. La couleur d’un magnifique vert foncé signale très clairement sa présence au sol. Après un autre geste vif et quelques poussières envoyées rejoindre la flaque, une douce et délicate fumée orangée s’en échappe accompagné d’un délicat fumet entêtant. Un petit « pscht » se fait même entendre alors que le liquide attaque une chaussure après qu’une goutte s’y soit retrouvée.
Je me retourne pour faire face à toutes les personnes présentes maintenant que la garde m’a bousculé. J’affiche mon plus beau sourire, sorte de distorsion malvenue sur mon visage.

« Vous devriez pour l’instant vous inquiéter du fait que moi je perde patience. »

Et c’était le cas. Depuis l’instant où elle avait ouvert la bouche pour le contredire. Death voulait voir ses prisonniers ? Qu’il vienne. Il voulait se faire livrer ? Pas aujourd’hui.
Pour le moment, tout le monde s’était stoppé. Je fis un pas, croisant les mains devant moi, attrapant deux autres fioles pour les faire glisser lentement entre mes longs doigts fins.

« Je ne suis pas un livreur. Et vous n’avez pas l’air d’un très bon soldat. Je sais bien qu’ici, la classe n’est pas un motif de recrutement mais vous êtes sensé aller voir le grand Chef. Vous pourriez faire un effort… Ou plusieurs…»

La prisonnière blessée, celle qui avait taché tout le sol de mon labo en étant transporté par cette garde noire pas fichue de laisser les endroits propres. Je devrais en parler avec leur nouveau chef. Mais nous étions tous les deux occupés. Trop d’invités en ce moment dans le château.
Une nouvelle profonde inspiration, la douce odeur de la chimie dans l’air. Un vrai régal.
Mon regard se tourna vers les princesses et le petit gros qui était avec elle.

« Reculez, retournez dans vos jolies petites cellules et il ne vous arrivera rien de grave aujourd’hui. La chaussure peut être la seule victime de l’imbécilité de ce soldat. Il serait dommage qu’il en soit de même pour vos vies. »

J’avais pris son ton mielleux. Celui qui en général, me fait obéir assez rapidement. J’appuie mon regard et quelques pas se firent dans la direction voulue. Parfait, maintenant, il restait encore l’emmerdeuse et le visiteur. Il était toujours dans l’entrée, autant s’en servir.

« Toi, rends toi utile et choisis ton camp...le bon. Tu pourrais le regretter amèrement autrement. De préférence en ne bouge pas. La providence t’a placée là...ou la malchance. »

Je continue à jouer avec les flacons dans ma main, cela avait un petit effet apaisant. Jouer avec de la douleur liquide et une pincée de mort. Revigorant.

« Alors…petite soldat… Envie de retourner faire ton travail ou envie de savoir à quoi sert cet endroit ? »
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Alors que j'aperçus la quatrième personne du groupe, je me rendis compte de mon erreur et stoppa mon mouvement de recul. J'avais surréagit et m'étais tourné un peu en ridicule, montré signe de faiblesse face à une garde noire. Il n'y avait pas là d'évasion, juste un transfert. Quelle connerie, comment n'y avais-je pas songé ? Et puis sérieusement, est-ce que la noblesse est supposée être capable de se défendre suffisamment pour démolir tous les gardes noirs des cachots ? Je ne crois pas. Et là, alors que la garde tentait de passer, Salazar montra du caractère, me faisant me désintéresser du groupe de prisonniers mené par la femme. Il menaçait le groupe de ses potions. En plus, il m'avait manqué de respect et m'avait suggéré de ne pas bouger.

J'avais une envie pressante : m'entretenir avec lui, seul à seul évidemment... Ce qui signifiait que la gêneuse n'avait pas sa place. Alors sur ce point, finalement, Salazar aurait tout mon soutien, elle allait dégager et ramener les autres dans leurs cellules. Les envies de Death et leur manière de traverser étaient bien le cadet de mes soucis. Tout ce que je voulais, c'est qu'ils fassent marche arrière, sur le champ. Je fis totalement le sourd et ignorai les consignes de l'alchimiste, m'avançant de quelques pas à l'intérieur de la pièce pour que l'autre, la garde, me distingue mieux. Ma première action fut de m'incliner brièvement, montrant une marque de respect envers l'homme... Bien qu'il ne le méritait pas encore. Il fallait tout de même que j'évite de me prendre des potions à la figure dès mon arrivée, mais je ne préférais pas repartir déjà. Il ne vaudrait mieux pas l'énerver si je souhaitais pouvoir obtenir quoi que ce soit de lui.

- Je souhaiterais m'entretenir avec vous, M. Regale. Cependant, si vous êtes occupé, je pourrai repasser plus tard.

Cette fois, je regardais avec dédain et hostilité la gêneuse. Mon ton se fit bien plus sec et autoritaire que le précédent. On ne venait pas me gêner impunément. Il fallait qu'elle le ressente clairement. Elle ne m'intéressait pas, qu'elle fiche le camp. Sans oublier que la lumière des princesses m'était déjà assez nocive de là où j'étais, ce n'était pas pour qu'elles se rapprochent encore davantage. Peu importait le grade et les ordres qui avaient été donnés à cette garde. Les conséquences ? J'étais prêt à les assumer. Rien ni personne n'était autorisé à me gêner dans mes plans, elle la première.

- Quant à vous, je me fous des ordres, retournez dans les cachots sur le champ, vous me gênez.

Je me tenais prêt. Prêt à épauler Salazar à repousser le groupe de force s'il le faudrait. L'autre folle se faisait pressente, mais elle n'aurait pas gain de cause. Peut-être cela lui rappellerait qu'ici, c'était la loi du plus fort qui décidait de tout. J'avais déjà tué un garde par le passé, rien ne m'empêchait de réitérer l'expérience si elle se montrait trop intrépide.
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C’était pire que ce que Lenore pensait. L’homme de ménage s’avérait être un dangereux malade se comportant comme si la pièce lui appartenait. Au vu des paroles que lui lançait l’invité hautain au possible, c’était surement réellement le cas. Ces deux hommes méprisaient la garde noire et s’opposaient aux ordres du patron ? Death tenait bien moins bien ses chiens qu’elle ne le pensait.




Retourner dans les cellules comme ils lui ordonnèrent, était inconcevable ! Elle ne pouvait plus reculer. Il était hors de question de remettre un orteil entre ses murs oppressants pour être le jouet cassé préféré du Boucher de Grimm et voir tout le monde partir, un par un, sous ses yeux, d’une façon ou d’une autre. Revoir son sourire et ses yeux de souffre rallumait la flamme de sa rage rien qu’au souvenir. Ni son corps, ni sa volonté ne lui auraient permis un pas en arrière. Elle devait absolument fuir entre ses doigts. Le simple fait de lui faire perdre le pion sans intérêt qu’il voyait en elle, la motivait à avancer coûte que coûte.

La mercenaire grimaça et serra les dents. Cet imprévu contrariant lui faisait perdre du temps, éloignant Naran d’elle et augmentait les chances qu’elle soit renvoyée en prison. Elle devait régler le problème de ces deux hommes turpides qui lui crachaient sans retenu leur supériorité et leur assurance. Comme si elle n’était qu’un cafard sorti de son trou s’approchant trop près de leur gamelle.

Elle aurait tant aimé leur faire avaler leur langue et tous leurs mots associés à celle-ci, au sens propre du terme bien sûr. Cette tentative de s’imposer sur elle, d’un tel naturel pour eux, faisait bouillir le sang de la rousse. Ils n’étaient en rien ses maîtres. Elle ne supporterait pas de se recroqueviller devant leur présence masculine hautaine. Elle serra les poings, cachant légèrement en arrière celui de gauche dont les doigts manquaient. Elle n’était pas aussi faible qu’ils pensaient, mais sans sa prothèse, elle ne pouvait pas prendre en main à la fois l’arme de poing et le couteau qu’elle avait tout deux dérobés. La tentation de les calmer d’une balle dans le genou était de plus en plus forte, voir une dans la tête, simple, radicale, rapide. Mais peu discrète.

Il lui fallait l’être encore un peu pourtant, le plus longtemps possible. S’ils appelaient à la garde ou si le bruit alarmait au-delà de cette sortie, il y aurait de plus en plus de monde à devoir gérer. Elle se trouvait au milieu d’un nid de frelons après tout et la prudence était nécessaire à sa survie. Elle devait calmer ses réflexions, le sang rebelle dans ses veines.




Elle leva la main droite pour intimer aux princesses et au sultan de s’arrêter dans leur retraite malgré leur volonté manifeste d’obéir. Elle jeta un regard aux deux hommes pour les détailler, les sourcils froncés. Leur corps lui donnaient bien assez d’indice pour les jauger, comme elle avait appris à le faire des nombreux combattants qu’elle croisait au Centurio. Leur carrure n’avait rien d’imposant si ce n’était leur discours. Avaient-ils, ne serait-ce que les moyens de leurs ambitions ? Il y avait de grande chance pour qu’elle parvienne à se débarrasser des deux par la force. Le danger cependant venait du malade aux fioles et vu la dextérité qu’il mettait en spectacle avec celle-ci, elle allait devoir esquiver absolument ses petits « cadeaux ». En plus de son caractère exécrable et explosif.

Elle se raidit un instant, toujours les poings serrés et les sourcils froncés pour contrôler son envie de violence. Puis elle baissa la tête et hasarda les yeux vers leurs pieds. Un signe de soumission qui lui coutait énormément mais qui pourrait, elle l’espérait, calmer ses messieurs en gonflant leur égo. Ils voulaient écraser le petit garde noire, elle devait jouer le jeu.


« Pardonnez mon impudence maître Regale. Dit-elle non sans cacher son agacement. Elle n’imaginait pas un garde noire s’avouer vaincu facilement non plus et elle ne pouvait pas faire de miracle de comédie dans son état actuel d’urgence. Mais si je ne lui amène pas ces personnes. Il enverra davantage de paires de bottes sales traversées votre laboratoire pour les récupérer. Trois soldats, cinq, plus peut être, s’il s’inquiète de mon retard pour une tâche si simple. Elle devait jouer de ses lubies pour l’amener de lui-même à ce qu’elle voulait. Même si je les ramène en cage… Le mot lui avait échappé et elle continua comme si de rien n’était pour ne pas attirer l’attention. Je devrais repartir, repasser par ici.

- Je ... m’excuse… du désagrément.
Le mot était difficile à sortir, il servait son rôle actuel. Je vous promets de revenir après cette mission et votre entretien avec ce monsieur, pour vous aider… à nettoyer, ranger ou n’importe quoi. »

Elle espérait qu’ils avaleraient cette couleuvre enrobée de sucre et qu’ils les laisseraient passer pour reprendre leurs affaires courantes sans encombre. Si ce n’était pas le cas, alors elle ne perdrait pas davantage de temps avec ses deux… larbins du Boucher.
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Cette visite n’allait pas en s’améliorant, tout le monde y allait de sa petite humeur. Moi y compris. Mais étant dans mon laboratoire, venant de le nettoyer de fond en comble, je me trouvais bien plus légitime que les autres. Tout cela allait s’embourber et finir en de nombreuses tâches en plus sur le sol.

Cette organisation était réellement bizarrement faite. Il ne venait pas à l’idée de cet homme de prendre un rendez-vous ? Je devais donc être à la disposition du moindre péquenaud venant frapper à ma porte ? Comment pouvais-je avancer dans mes recherches si je dois réguler le passage, répondre au téléphone et aiguiller les âmes en peine ? Je ne suis pas une secrétaire !

« La prochaine fois, prévenez avant de débarquer. Je ne suis pas ici pour répondre aux moindres des caprices des gens de cette organisation. »

Je me détournais de lui alors que je vis une main se lever pour intimer l’ordre aux princesses de cesser de reculer. La soldat n’avait pas renoncé. Je ne pu me retenir d’hausser un sourcil dubitatif en l’entendant s’excuser. On pouvait sentir que chaque mot lui arrachait la gorge. C’était assez plaisant à écouter.

Il retint un petit rire en entendant le marché qu’elle lui proposait mais afficha un immense sourire et la détailla plus attentivement, faisant une petite moue et acquiesçant pour lui-même.

« J’aurais bien un ou deux projets pour vous trouver une utilité mais ils ne requièrent pas votre présence dans ce laboratoire. En voyant votre état, je suis persuadé que le ménage n’est pas votre fort. Je pense cependant pouvoir vous…apprendre quelques petites choses dans un autre domaine. »

Je caressais avec amour les fioles entre mes doigts pour accompagner mes paroles, affichant un sourire malicieux.
J’aimais prendre ce genre de ton, les réactions étaient toujours plurielles. Un vrai régal.

Je repris mon sérieux après quelques rapides secondes. Les prisonniers n’avaient pas l’air de savoir vraiment sur quel pied danser. C’était étrange. Ils se montraient facilement impressionnés. Death les attendait et un coup d’acide sur le sol plus tard, ils reculaient déjà. Un geste et ils s’arrêtaient encore. Quelque chose me semblait soudain insolite. Une garde pour seule escorte. Pas de liens. Soit elle avait une confiance folle, ce qui était probablement le cas, voyant comment courber l’échine lui avait coûté, soit ce transfert n’était pas réellement un transfert. S’il y avait quelque chose qui ne manquait en général pas ici, c’était la prudence.

Je levais une main désignant les princesses puis d’un geste sec la sortie vers les cachots.

« Continuez votre marche arrière. »

Je me tournais pleinement vers la rousse en plissant les yeux, serrant mes fioles un peu plus fort, étant prêt à les déboucher à la moindre occasion.

« Allez donc voir Death. Rapportez-lui mon refus. Les prisonniers restent dans les cachots. Ils peuvent y retourner sans vous, d’autres gardes y sont postés et les remettront gentiment à leurs places. »
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Sérieusement, cette femme... Était-ce une blague ? Son attitude était futile. Cette femme était totalement insignifiante, sans intérêt. Non mais vraiment, dans une telle situation, montrer de la... Soumission ? Qu'elle parte. Tant qu'elle n'emmenait pas les princesses, tant que je ne devais pas m'exposer davantage à leur présence, peu m'importait. Moi, dans cette situation, s'il serait réellement en train d'entraver mes plans, je n'hésiterais pas une seconde à passer de force. Aussi, depuis mon entrée dans la pièce, je me posais une question : pourquoi est-ce que mon corps réagissait aussi mal à la présence des princesses ? Encore des renseignements que j'allais devoir obtenir. Seulement, avant, j'allais devoir montrer ma présence une fois de plus. Et il m'allait falloir ne pas trahir la raison qui me poussait à refuser le passage des prisonnières. Rien de bien compliqué. Un mot suffirait.

- Dégage.

Puis mes yeux quittèrent la garde pour se poser sur l'alchimiste. Avec cette attitude, il n'allait pas me faciliter la tâche pour ce que je souhaitais obtenir de sa part. Ses mots m'agacèrent, mais j'étais encore loin de perdre patience. Tant qu'il ne me balancerait rien à la figure, je pourrais garder mon sang-froid longtemps. Il s'agissait d'un passage obligatoire. Cela l'était vis-à-vis de mes ordres, ce qui était d'ailleurs risible dans une situation où je venais ouvertement d'ignorer pour mes propres objectifs ceux qu'une autre avait reçu. Mais cela l'était aussi pour moi. Ma visite ne concernait pas que la roue. J'avais d'autres objectifs. Après un instant de silence, je repris la parole pour répondre à ses petits pics verbaux dans la forme qui me semblait convenir le mieux à la personne à laquelle je m'adressais.

- J'y penserai. Votre art doit requérir concentration et calme, je conçois parfaitement que ma visite vous importune.

Je préférais ne pas continuer. Pas en présence d'autres personnes. C'était là l'autre raison pour laquelle je souhaitais que la garde fasse départ promptement. Je préférais que cette conversation ne soit pas entendue de qui que ce soit, les prisonnières incluses. Et si elle insistait ? Elle serait un dégât collatéral. Salazar devait sûrement approuver ma pensée, puisqu'il tenait toujours ses fioles entre ses mains, probablement prêt à s'en servir. Prêt à sanctionner l'inintéressante rousse, je concentrais déjà mon flux magique. Un sort serait vite parti si elle faisait preuve de trop de sottise.
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Par le Soleil, elle leur avait laissé le choix ! Ils avaient choisis le mauvais. Tout le monde aurait été content, l’un aurait eu son rendez-vous en privé, l’autre le calme et la solitude chérie et elle et ses princesses leurs passages. Mais non. Il avait fallu qu’il abuse de leur privilège, statut ou juste de l’occasion de piétiner un garde noir. A partir de là, elle n’était plus responsable de ce qui allait se passer. Aurait-elle eu plus de facilité si elle était restée en loques de prisonnière ? Quoique la proposition du malade aux fioles avait quelque chose d’excessivement malsain et glauque qu’elle n’arrivait pas à cerner. Ca ne semblait pas tellement être une proposition indécente de beauf en rut et c’en était d’autant plus inquiétant.


Lenore n’avait plus le choix. Son agacement n’était plus seulement visible. Il en était palpable. La tension dans son corps étouffait les mots dans sa gorge. Elle passait entre les deux hommes sans un mot, serrant les dents et les poings. L’énergie de sa colère gagnait son regard. Elle savait pertinemment ce qu’elle avait à faire.


La mercenaire dépassa le duo de Coalisés alors que les princesses résignée regagnèrent la porte vers les cellules, la tête et les épaules basses. Mais elle n’en avait pas finis. Elle fit tout juste deux pas que le chimiste se désintéressa d’elle. Il perdit son attention, baissant sa défense pour se concentrer sur son vis-à-vis.
Lenore pivota rapidement pour se placer dans le dos du fou. Elle passa rapidement son bras droit autour de son cou et saisit son propre coude de l’autre côté. Elle l’étranglait de toutes ses forces pour profiter de son inattention. Elle donna un coup de bottes derrière ses genoux pour qu’il finisse à genoux, facilitant sa prise rapide et évitant de faire tomber ses fioles dangereuses de trop haut.


Quant à l’autre……. La rage brûlait les iris émeraude de la mercenaire, entourant d’un liseré d’or sa pupille. Elle fixait son regard dans celui de l’importun y projetant toute sa colère, pour capter son regard. Il ne devait pas bouger le temps que le premier s’évanouisse. Il devait la craindre, être paralysé par la terreur afin de comprendre son erreur. Pour lui, elle devait être mauvaise, maléfique. De quoi pouvait avoir peur un être aussi méprisant ? Si ce n’est que de s’apercevoir de son erreur trop tard. De voir celui qu’il tentait d’écraser se métamorphoser en quelque chose de plus fort. Elle imaginait une sorcière, célèbre, les yeux jaunes et la peau verte dans toute sa hauteur et sa noblesse écrasante.
L’intensité de son sort lui brûlait les yeux mais elle devait maintenir le contact visuel, tant qu’elle sentait encore l’autre se débattre contre elle. Elle en ignorait le reste, la terreur et les protestations étouffées des princesses et du sultan, leurs hésitations. Elle n’était pas responsable de ce qu’il se passait… Elle leur avait laisser le choix, par le Soleil !
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Cet importunt aurait du plus que s'en douter. Ils croient toujours être les premiers à déranger...

Je suis coupé dans mess réfléxions en voyant un bras passer devant mes yeux. Je retiens un soupir.

J'aurais du m'en rappeler... Les journées normales n'existaient pas dans cette organisation. Et cette fille était vraiment louche. Ou alors, je l'avais vraiment mise en colère. Une simple petite proposition, c'est tout ce que j'avais fait! Une minuscule suggestion de jeu et voilà le résultat. Je sentais la pression forte sur ma gorge.

J'avais oublié que se faire étrangler faisait mal. Peut importe à quel point je me sens fort dans ce laboratoire, il y a toujours une personne pour venir me rappeler que la force est reine, maitresse de tous. Les gros bras gagnent toujours sur les cerveaux...

Quand il s'agit uniquement d'un combat normal. Mais ca n'en était pas un.

Je serre les poings, fermant les yeux. Les points noirs qui dansent dans mon regard ne m'aide pas à rassembler mes forces. Elle a vraiment une sacré poigne! Jouer avec elle aurait été si amusant...

L'inconvénient de sa position est la vulnérabilité quelle représente. Je ne suis pas fort mais je ne suis pas non plus un nain. Je débouche maladroitement les deux fioles. L'une est plus pleine que l'autre. Je les rassemble et vise à l'aveuglette dans mon dos, essayant de toucher sa peau.. Le mélange est corrosif. J'en subirais aussi les conséquences mais elle devrait au moins relâcher son étreinte...un peu.

Je manque d'air. Je sens déjà quelques gouttes sur mon dos. Le liquide est épais, difficile à rincer et très agressif.
Ma conscience commence à s'étioler, je n'ai qu'un dernier sourire narquois avant de tomber inconscient, relâchant dans un dernier souffle, essayant de ricaner à la fin, comme pour savourer ma contre attaque

«Pirahna...»
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Elle était là. Apparue dans des flammes vertes, elle se déplaçait lentement d'une démarche droite, confiante, assurée, sa longue robe noire trainant le long du sol. Elle tenait fermement de ses doigts fins son grand sceptre jaune. Je pouvais distinguer clairement sa tête, surplombée par deux cornes noires et sa peau au teint verdâtre m'apparaissait. Ses yeux jaunes étaient posés sur moi. Son regard était profond, perçant. Il semblait pénétrer tout mon être pour y sonder la moindre de ses parcelles. Elle esquissait un sourire de mauvaise augure. Elle dégageait une sorte d'atmosphère menaçante. Elle était revenue pour faire respecter son autorité, pour me déposséder de toute forme de libre arbitre, devenir maîtresse de toutes mes décisions et toutes mes actions, c'était certain.

J'étais bien plus que simplement surpris par cette apparition soudaine. J'étais pétrifié, totalement incapable de mouvoir le moindre de mes muscles. Avec tout ce temps qui s'était écoulé, j'avais presque oublié totalement son existence... Mais un instant, oui, juste quelques secondes avaient été suffisantes pour raviver tous mes souvenirs de ce jour. Toutes les images, le moindre instant de mes premières heures de vie m'étaient revenus en détails. Les questions se succédaient en moi. Tant de questions que j'avais laissé de côté, qui étaient tombées dans l'oubli depuis ma naissance, ravivées par sa simple présence. Comment était-elle arrivé jusqu'ici ? Comment m'avait-elle retrouvé ? Comment m'avait-elle créé ? Pourquoi étais-je déjà en possession de connaissances ce jour là ? Quel intérêt y tirait-elle ? Bordel, juste pourquoi, expliquez-moi !

Je ressentais désormais les battements de mon propre cœur. Je commençais à me sentir partir, ma fin approchait sûremet. La garde ? L'alchimiste ? Ils me semblaient bien lointains maintenant. Le temps semblait comme stoppé. Chaque instant semblait durer une éternité. A présent, plus rien d'autre qu'elle et moi ne me semblait présent dans cette pièce. Je ne pouvais que constater que la sorcière s'approchait de moi à petits pas, semblant savourer chaque instant depuis qu'elle m'était apparue. Je voulais bouger, lever mon bras et expulser des bulles violettes dans le but de l'assoupir comme la première fois mais cette fois, rien ne répondait. Bon sang mais que se passait-il ? Que m'arrivait-il ?

Elle leva son bras. Sa main s'approcha de mon cou... Jusqu'à le serrer. Je ressentais son étreinte, son geste était puissant. Mon souffle devenait court, je peinais à continuer à respirer, ma vue elle-même commençait à se brouiller. Il s'agissait de l'étreinte fatale, l'étreinte de la mort. Je distinguais un immense manteau de ténèbres s'échapper de son corps entier. Puis elle brisa ce silence glacial.

- Un jour, tu seras mien.

Elle ricana puis... Plus rien. Elle avait disparue. Je refaisais enfin surface. Je comprenais enfin, c'était la peur. Ma plus grande crainte, celle que j'avais oublié, enfouie au plus profond de moi-même, symbolisée par elle. Celle qu'on prenne totalement le contrôle de moi. Au vu de la situation, c'en était risible. Je m'étais moqué de la soumission de cette garde et moi, j'avais ressenti ce sentiment primitif dont son dernier acte faisait preuve. Et d'ailleurs en parlant de cette femme, elle se trouvait exactement là où m'était apparue cette illusion. Elle semblait avoir été atteint par un liquide, sûrement provenant d'une fiole de Salazar. Et lui ? Il était inconscient, au sol. Elle l'avait étranglé, mais elle venait de relâcher son étreinte sous l'effet de l'acide. Là, je compris. Elle était la responsable de tout cela. L'illusion avait cessé à cause d'une perte de concentration de sa part.

Une telle pensée me fit fulminer de rage. Je poussai un hurlement terrible, puissant, y exprimant toute ma haine. Elle s'était bien jouée de nous cette connasse, jouant la garde faible et soumise pour mieux nous attaquer en traître. Certes, les trahisons n'étaient pas si peu courantes dans la Coalition Noire, mais là, c'était trop. Je n'eus qu'une pensée, une obsession : la pulvériser. Elle ne ressortirait pas de cette pièce vivante, pas après avoir osé jouer avec mon passé, c'en était hors de question. Mon corps, toujours prêt à lancer un sort n'attendit pas un instant de plus. Un courant d'air fut rejeté par la paume de ma main, expulsant plusieurs fioles posées sur les paillasses en direction de l'insolente. Peu m'importeraient les dégâts, je pourrais toujours les nettoyer après. Une correction s'imposait. J'en savourerais chaque instant où elle pousserait des cris de douleur, jusqu'à ce qu'elle perde conscience. Et ensuite ? Je trouverais bien une idée pour la faire souffrir jusqu'à me supplier de mettre fin à ses jours. Et si cela attirait l'attention du reste du manoir ? Je m'en foutais bien, il pourraient profiter du spectacle.
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Lenore ne prêta même plus attention à la vie qui lui glissait entre les bras. Son regard se nourrissait de la terreur grisante qu’animait le visage de l’homme blond. Terminer le mépris, finie son attitude si hautaine et irrévérencieuse envers la simple petite garde noire qui les gênait. Ses yeux s’écarquillait, sa bouche s’ouvrait d’incompréhension, sa peau palissait…

Mais la vie entre ses bras fut prise d’un sursaut et l’aspergeât d’un liquide sans même qu’elle ne s’en rende compte du moins les premières secondes. Le temps pour le produit de dévorer lentement la manche de sa veste et la peau de son cou. La sensation humide en avait été insignifiante. Mais la chaleur se rappela à sa conscience, suivie lentement de la douleur qui la rappela à l’ordre. Son cou la tiraillait. Elle cligna des yeux. Elle brisa ce lien et son sort alors que la douleur rongea sa peau, que l’acide rongeait la manche de cette veste de garde noire qu’elle avait volé. Elle lâcha l’homme fou qui s’était lui-même aspergé pour l’atteindre elle.

Elle porta sa main à son cou sous la douleur lancinante et brûlante. Mais elle n’eut pas le temps de s’en occuper, l’homme blond reprenait ses esprits, et hurlait sa rage. Il projeta du verre sur elle. Elle n’eut que le temps de se protéger le visage de ses bras, alertée par ses cris. Un souffle puissant projetait les fioles sur elle, et la main levée du coupable en était la source.
Elle sentit les éclats de verre lui griffer la peau. Elle devait déconcentrer ce mage, l’empêcher de jeter un sort et le réduire au silence avant que plus de personne ne soit alerter. Elle profita d’une accalmie dans le souffle, la fin du sort ou la fin de la quantité de fiole disponible pour contre attaquer. Elle se précipita sur lui, perçant sa défense en ne s’arrêtant que passer l’ouverture de son bras. L’espace d’une seconde, son regard se plongea dans le sien, tous deux semblable de haine et de violence. Puis elle agrippa sa tenue blanche d’une main afin de le faire passer par-dessus son épaule, le jetant violement au sol à la manière d’un judoka.

Déjà elle portait à sa gorge le couteau du garde noire, le bloquant de tout son poids réparti sur son corps, prête à l’égorger et mettre fin à cet agaçant contre temps, à ses sous-fifres qui ne savaient pas rester à leur place face à un garde noire, à ces terribles Coalisés qui ne méritaient pas plus qu’une fin sanglante pour expier leurs pêchés et ceux de leurs pairs.



« Arrêtez ! »

Lenore leva instinctivement les yeux vers la voix. Son air mauvais, son regard à la pupille cerclé d’or fit reculer Jasmine d’un pas. Elle l’interrompait dans sa sentence, dans sa justice, dans son urgence à sortir de ce tombeau que tous voulaient refermés sur elle.

« Vous vous moquez de moi ?......... Marmonna la mercenaire entre ses dents serrées. Elle plissa les yeux, agressée par la clarté soudaine qui entourait les prisonnières. C’est maintenant que vous réagissez ?! » Sa voix avait pris le timbre de la menace, bête fauve sur le point de bondir.

« Ne le tuez pas… s’il vous plait… Vous allez vous perdre vous-même. » Elle tenta d’être apaisante mais son amie se sentit obliger d’insister.

« Vous êtes en train de devenir comme eux. »

Et alors ? Pensa Lenore sur le coup. Quel problème à devenir puissant ? D’être celui qui impose sa loi ? S’il fallait devenir comme eux pour les abattre alors devenir une bête était le moindre des sacrifices…

« Vos yeux changent déjà. » Dit Aurore avec un mélange de consternation et de désespoir.

Ses yeux.
Non.
NON !
Elle ne voulait pas devenir cette bête ! Elle ne voulait pas devenir… LUI.

Elle ne pouvait cependant pas laisser ce mage à travers de son chemin. Elle hésita. Elle devait l’empêcher de lancer ses sorts. Elle leva rapidement sa main armée du couteau avant de l’abattre avec force sur l’articulation de l’épaule droite. Sous le choc, l’homme blond hurla de douleur ou de rage, peut-être même les deux. La mercenaire avait abattu non pas la lame du couteau dans la chair, mais la garde de celui-ci, coupant la circulation dans son bras à un endroit stratégique pour qu’il ne puisse l’utiliser avant un moment. Qu’il ne puisse plus la menacer d’un sort.

Elle se releva, difficilement, rattrapée par la douleur à son cou. Elle s’appuya sur la paillasse assez maladroitement en s’essuyant enfin le cou, grognant sous la douleur que ce contact lui causait. Elle ôtait la veste de garde noire à moitié rongée déjà et dont la substance qui l’avait enduit provoquait déjà des tâches roses sur son bras.


« Vos foulards ! » Leur ordonna-t-elle. « Attachez-le... Bâillonnez-le. Parce que lui, va chercher à me tuer. Allez !! »

Lenore agitait son arme vers les princesses. L’escapade commençait à tenir plus de l’enlèvement que de l’échappée de prison. Elle titubait, cherchant à calmer la douleur qui parcheminait sa peau… Une nouvelle marque de brûlure qui cette fois ornait son cou. Elle rangea le couteau pour saisir l’arme a feu. Elle avait du mal à retenir son envie de faire feu sur l’un ou l’autre qui se relèverait, réprimant sa rage,  son mépris, et l’urgence de fuir quoi qu’il en coute, quel qu’en soit le nombre de cadavre sur la route.
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Le choc au sol me sonna. Déjà, elle agitait un couteau au niveau de mon cou. C'était la fin, j'allais finir lamentablement, égorgé par une sous-fifre. Et là, la lumière à la fois aveuglante, agressive mais aussi... Providentielle. Les princesses parvinrent à la faire renoncer. Les mots qu'elles employèrent ne laissaient pas de doute, cette folle s'était bien foutue de nous. La princesse s'était adressée à elle comme si elle n'était pas des nôtres. Pas de doute, il s'agissait d'une prisonnière. C'était une évasion, comme je l'avais cru au début avant d'apercevoir mon ennemie, vêtue comme une garde noire. Je luttais toujours, tentant de me libérer de son emprise, dans une rage vengeresse, meurtrière. Et là, avant que je ne puisse comprendre, la douleur.

Je poussai un terrible hurlement de rage, de douleur, de frustration. Elle avait abattu la garde de son arme sur mon articulation. Ensuite, elle me lâcha et s'appuya contre une paillasse, celle proche de l'entrée, une arme de feu à la main. J'étais furieux. Rien ne pourrait me raisonner dans cette colère qui brûlait follement en moi. Alors que j'étais toujours étendu dos contre le sol, ma colère explosa. Mon bras droit était incapable de se mouvoir ? Alors j'utiliserais mon bras gauche. D'un geste vif, je levai ce bras toujours intact puis de la paume de la main gauche, je donnai naissance à une sphère de flammes. Là, ma vue commença à se troubler. Les princesses, toujours enveloppées d'un manteau de lumière avaient une présence néfaste pour moi, malgré qu'elles m'avaient sauvé la vie. Mes forces me quittaient, comme happées par cette lumière.

Sans attendre, je fis feu, distinguant toujours bien l'emplacement de ma cible. La boule de feu traversa la pièce, ciblant la dangereuse prisonnière... Mais passa totalement à côté. Elle n'esquiva même pas, peut-être mon attaque aurait-elle pu la prendre par surprise si elle avait pu l'atteindre, mais non. J'étais droitier, forcément, de l'autre main, je serais moins précis. La boule de feu continua sa course et dépassa la porte de celle-ci pour s'engouffrer dans le couloir. Elle se stoppa au milieu des marches. L'odeur des flammes et le bruit provoqué par l'impact pourrait peut-être au moins avertir l'étage, enfin, je l'espérais.

- Qu'est-ce que... ?

Les princesses semblaient choquées, bien que je ne puisse les voir pour le constater avec certitude. Peut-être ressentaient-elles quelque chose me concernant, mais je ne pus comprendre quoi. Mes paupières devinrent trop lourdes, mes forces n'étaient même plus suffisantes à soulever ce bras. Luttant encore pour rester conscient, refusant de laisser cette femme quitter ses geôles de la sorte, je lançai :

- Tu paieras.

Un dernier grommellement de haine, puis le néant.
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« Laissez tomber… On a plus le temps. »

Lenore grimaça. Ce con avait envoyé une boule de feu si loin d’elle, qu’elle n’avait pas pensé plus loin. Sauf que la cage d’escalier avait vibrée sous le choc. Il avait assurément averti les autres avec ce dernier acte. Heureusement pour lui, il s’était également évanoui. Pourquoi ? La douleur ? La peur ? Elle ne savait pas et s’en fichait royalement. Tout ce qui comptait désormais était de se dépêcher de partir.



Elle pressa du geste les princesses et le sultan, à sa suite dans la volée de marche qui montaient vers le niveau supérieur. De toute façon, il n’y avait pas d’autres accès. Ils se précipitèrent malgré le bruit venant de dessus. Assurément une rencontre malvenu dans un espace réduit. Lenore pestait en rangeant son arme de poing pour économiser ses balles. Vu l’endroit, elle ne bénéficierait pas d’une ligne de visée lui permettant d’attaquer à distance. Par contre, le corps à corps y était privilégié, aussi reprit-elle le couteau du garde.

Le bruit des bottes se fit plus proche mais ne la fit pas ralentir. Au contraire, à peine vit elle la silhouette d’un ennemi qu’elle se précipita contre lui. Le garde noir, surpris, se protégea de la lame dressée en barrant son torse de son fusil d’assaut alors que son camarade braqua le sien vers les princesses qui se figèrent sur place.

L’homme prit dans la mêlée la renvoya violemment contre le mur, la plaquant avec force au moyen de son arme. Il ne lâcha rien malgré la force que lui opposa la mercenaire et lui asséna plusieurs coups de genoux dans les côtes. Lenore contracta ses flancs pour encaisser plus facilement. Si elle ne pouvait le repousser, alors elle l’utiliserait à son insu. Elle luttait toujours contre la force brut de l’homme mais dévia le canon du fusil et glissa sa main libre pour appuyer sur la gâchette.

Le tir fit dévier l’arme vers le haut alors que les balles traversèrent le torse et la tête de son camarade. Désarçonné par la manœuvre, l’homme encore debout avait alors le flanc offert à l’avidité de la mercenaire. Elle lui planta sa lame à plusieurs reprises avant de le repousser, le faisant tomber sur les marches. Là, elle ne perdit pas de temps pour faire glisser son couteau sur sa gorge d’un geste rapide et profond.

Elle n’avait pas le temps de reprendre son souffle, les murs se refermaient autour d’elle. Elle grimpa les marches rapidement jusqu’à atteindre enfin le prochain couloir.


« On se dépêche » Cria-t-elle en arrière pour motiver les autres prisonniers à ne pas s’attarder sur ce qui avait été fait. Elle pouvait enfin respirer un air à peu près potable en abondance. C’était en soit une première victoire. La deuxième était de retrouver enfin quelques taches de sang séché au sol. La trace de Naran n’avait plus rien de fraîche mais Lenore n’avait rien d’autre pour la retrouver.



Elle attendit que le trio frissonnant émerge dans le couloir pour les pousser à suivre la piste, débouchant sur une porte qu’elle ouvrit avec précipitation. Elle fut surprise par le contenu de la pièce dans laquelle sa camarade avait été amenée. C’était une infirmerie et pire que tout, elle était absolument vide.
Qu’avaient-ils fait d’elle ici ? Est-ce qu’ils l’avaient torturé ? Est-ce qu’ils l’avaient tué?

Elle fouillait, renversait linges et matelas, tirait tous les draps de séparation jusqu’à enfin tombée sur quelqu’un. Mais pas celle qu’elle cherchait. Elle fronça les sourcils devant une infirmière blonde et sa patiente rousse endormie. Une autre femme se posta devant elle pour l’empêcher d’avancer, son visage et ses vêtements typés de la terre des dragons, il émanait d’elle une menace silencieuse.


« Où est passée la prisonnière ? » Demanda Lenore avec véhémence.

« Pourquoi ? » Répondit avec méfiance l’asiatique déjà prête à défendre les siens au vu de la tension dans ses muscles et sa position.

La mercenaire perdait patience. Bien qu’elle ait abandonné la veste rongée à l’acide dans le laboratoire, elle restait en tenue de garde noir, mais visiblement cela ne lui ouvrait pas autant de porte qu’elle l’avait espéré. A l’entrée, les princesses s’inquiétaient de l’agitation grandissante dans les couloirs du manoir. Ou peut-être de la réaction que pourrait avoir leur libératrice devant ce nouvel obstacle ?

Lenore souffla son agacement. Il lui fallait faire un choix qui ne lui plaisait guère. Sa liberté ou la vie de sa camarade. Son regard revint à l’infirmière blonde. Quelque chose au-delà de son air surpris lui donnait l’impression de la connaitre, la patiente également. Un souvenir effleura sa mémoire, l’achat de son vaisseau, la rencontre qu’elle y avait fait avec un couple d’inconnue. L’idée d’être reconnue par ses deux femmes lui fit peur. La panique montant en elle, la fit faire plus facilement son choix. Elle devait survivre coute que coute. Elle n’avait plus de possibilité de retrouver Naran, en vie ou non, elle l’ignorait même. A contre cœur, elle se détourna de la patiente et son entourage pour regagner sans un mot et à pas pressé le trio de prisonniers.

La mercenaire entrouvrit la porte vers le couloir, patientant pour que le groupe de soldats s’engouffre dans l’escalier vers les geôles. Ils étaient de plus en plus nombreux, diminuant ses chances de fuir, avec ou même sans les otages. Et pourtant, c’était son seul espoir. Elle poussa le trio à sortir, la précédent désormais vers l’autre bout du corridor, une boule d’angoisse nouée dans son estomac.

La liberté avant tout. Elle n’avait plus de temps à perdre…
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Les soldats occupés désormais à l’étage du dessous, Lenore et ses camarades pouvaient de nouveau trottinés dans les couloirs à l’aveuglette. La seule chose certaine était l’urgence de trouver la sortie et la douleur qui lançait dans le cou de la mercenaire, de plus en plus forte, sa peau de plus en plus chaude et sensible, comme à vif. Quel produit l’autre fou lui avait-il jeté au visage pour causer une pareil brûlure qui s’amplifiait. Ses doigts tremblaient de douleur lorsqu’elle en effleurait la zone, vérifiant qu’aucune plaie ne s’ouvrait malgré la présence encore humide qu’elle épongeait du revers de sa manche. Cette dernière se faisait rongée également, le produit aussi liquide avait-il l’air d’être ne semblait pas prompt à vouloir disparaitre. A moins qu’il s’agisse du résultat de sa chair fondue. Son esprit effrayé par l’idée se focalisait sur la douleur, l’amplifiant encore. Il était difficile de se concentrer et d’être raisonnée dans de telles conditions.




Elle devait quitter cet endroit d’autant plus vite, trouver une cachette et des soins. Elle n’aurait pas fait confiance à l’infirmière et aux produits de la précédente pièce mais la douleur la rappelait vivement à l’ordre.

Le corridor finit par s’ouvrir sur une très large pièce, quelques marches en contrebas qu’ils descendirent sans hésitation. Elle ressemblait à un hall d’entrée. Donc logiquement un point de sortie ! Les princesses en gagnèrent d’entrain, certainement ravivés par l’odeur de la liberté, le sultan sembla même rebondirent sur chaque marche avec son allure rondelette.

Près d’une grande double-porte, un bureau accueillait une femme d’allure simple triant des papiers. Elle leva un regard blasé devant les bruits de pas précipités mais ses yeux gagnèrent en étincelles en voyant les princesses approchées, et en incompréhension.


« A-Attendez… Attendez !! Fit-elle en se levant de sa chaise. Où allez-vous comme ça ? Vous ne pouvez pas … » Son regard perplexe s’arrêta sur le canon de l’arme que Lenore brandissait vers elle sans un mot, le visage déformé par la douleur et l’impatience. Elle leva les bras par réflexes mais n’intervint pas plus au passage des évadés.




Les princesses tirèrent chacune sur un battant et l’entrée s’ouvrit en grand, laissant s’infiltrer un courant d’air salvateur, une bouffée d’air frais, une image de l’extérieur bien que nocturne, sans plafond ni grilles.

Et deux nouveaux gardes.

La joie ne fut que de courte durée.


Lenore avança entre les portes ouvertes pour avoir l’avantage de l’initiative. Salua de la main le garde de droite en se focalisant sur lui pour qu’il ne se formalise pas et lui tira directement une balle dans le genou. Elle lui assena alors un coup de botte puissant dans le visage lorsqu’il chuta, le faisant rouler sur le côté.
Elle se retourna alors vers le second soldat qui réagissait à l’attaque et fut surprise de voir un sultan se laisser tomber à quatre pates devant les jambes de celui-ci, le faisant tomber au sol à ses pieds. Elle se laissa tomber de tout son poids, un genou entre ses omoplates pour le maintenir au sol douloureusement avant de le frapper de la crosse de son arme plusieurs fois au visage.


« Père ?!! » S’offusqua Jasmine devant l’attitude de son géniteur. La rousse le regardait elle-même avec un sourcil levé.

« Il serait temps que je fasse… ce qu’un père doit faire… pour protéger sa fille. Dit-il se gonflant d’honneur en replaçant son turban avant de ramasser le fusil d’assaut du garde noire maladroitement. Nous sommes trop près de notre liberté pour nous laisser… davantage rabaisser. » Conclut-il en cherchant ses mots mais en fronçant les sourcils de détermination.




Lenore souriait en coin avançant à l’air libre dans la cour du manoir. Ils touchaient au but et l’idée d’imaginer la réaction de Death devant leur départ apaisait les souffrances qui meurtrissaient tout son corps. Le bruit d’une chaine éveilla son instinct et elle tourna la tête dans cette direction. Elle sentit le sol trembler sous ses pieds. Le choc des maillons soumis à une force colossale et restreinte par leur longueur immuable sonna dans la cour. La bête responsable ? Une espèce de lézard gigantesque et difforme, les pattes avant atrophiées, la gueule anormalement proéminente et carré qui était pourvue de rangées de dagues aiguisées. L’animal avait surpris la mercenaire de par sa taille et son aura de menace. Ses yeux d’or fixés sur le côté de la gueule suivaient ses proies heureusement hors de portée. Elle était comme hypnotisée par ce prédateur inconnu qui pouvait l’écraser d’une seule patte et qui pourtant la clouait au sol par sa seule stature.



« Elles sont passées par là ! » Les cris de la secrétaire guidaient un groupe de soldat dans leur direction, détournant l’attention de la bête vers la porte.
Un tir de sommation fit s’effondrer les princesses au sol. Le sultan dans son sursaut manqua faire tomber son fusil d’assaut et cherchait le bon sens pour le saisir. Lenore ne pourrait pas se charger d’autant de soldats à la fois. Il fallait les bloquer pour pouvoir s’enfuir. Et la seule chose à portée de vue était…

La mercenaire focalisa ses tirs sur l’ancre maintenant la chaine du reptile au sol. Celui-ci recommença à fixer dans sa direction, poussant un hurlement à vriller les tympans. Un second tir. Il sembla malgré tout fuir le tir, se plaçant judicieusement entre les gardes et les évadés. Un troisième tir et le maillon se brisa.

La bête, surprise par la fin de sa contrainte, fit deux pas en titubant. Puis il se dressa de toute sa hauteur, comme s’il n’avait pu le faire depuis des années. Sa gorge caquetta un ronronnement métallique appréciatif alors qu’un silence lourd d’appréhension emplissait l’air. Il croisa son regard dans celui de Lenore, l’espace d’une longue seconde, se jaugeant tout deux. Puis il se retourna vers l’entrée du manoir en hurlant de nouveau un cri strident et se précipita sur les gardes noires déchargeant leurs armes sur sa peau épaisse.

Elle put presque percevoir le cri de la secrétaire qui referma les portes, laissant les soldats se débattre seul entre les mâchoires de l’animal déchainé. Il en goba certains tout rond, sectionna en deux les autres, pendant que Lenore et ses camarades de cellules partir se cacher à la lisière de la forêt toute proche.



Ils se tapirent, le cœur battant la chamade et faisant pulser plus rapidement le sang au travers de la peau parcheminée et meurtrie de la rousse. La douleur était difficilement supportable mais elle ne pouvait pas desserrer les dents, elle ne pouvait pas se permettre de gémir alors que le silence revenu, la bête délaissa le manoir pour pénétrer la forêt, poussant de son imposante carcasse les arbres et fourrés sur son passage. Les bois tout entiers se lamentaient de craquements lugubres alors qu’il forçait son chemin et s’éloignait du quatuor.

Le calme revenait, le stress diminuait et les respirations reprirent. Les nerfs des princesses commencèrent à lâcher, entre soulagement et sanglots.
Puis une détonation fit s’envoler des corbeaux suivis d’un cri déchirant. Quelques secondes de plus et deux explosions successives résonnèrent dans la forêt et moururent avec le chant d’une lamentation puissante.

Il fallait repartir, continuer de chercher leur liberté, leur sécurité au vu de ce chant lugubre qui leur rappelait que rien n’était encore jouer. Lenore pressa tout le monde de reprendre la route, prenant cette fois les devants. Si elle se fiait aux hurlements, il valait mieux regarder où poser les pieds. Elle était étonnée de ne pas avoir pensé que la forêt pouvait être piégée.

Elle guettait le sol, les branches basses, les fourrés denses, les roches, surprise de ne pas y voir plus de traces d’animaux. Eux même avaient déserté cet antre de la mort qu’était le quartier générale de la Coalition Noire surement par instinct. Leur avancée était lente, bien plus lente que ce qu’aurait pu faire la rousse seule, mais les belles robes s’accrochent et les beaux souliers trébuchent… Les princesses n’avaient pas du foulé un sol terreux depuis des années et leur maladresse les ralentissaient tous.

Elle vit les premières traces de brûlures, de sang et d’explosion sur sa voie. Le sol était creusé sous l’impact. Les dégâts étaient bien trop importants pour un piège classique de chasseur. Elle continua sur sa voie, guidée par la direction des lamentations de plus en plus faibles pour trouver un deuxième, un troisième cratère et la bête étendue sur le flanc sanguinolent et déchiqueté par la déflagration des mines qu’il avait piétiné.

Lenore en était réellement peinée. Ses tripes se tordaient d’empathie pour ce digne prédateur à l’agonie. Lui qui avait été enchainé et qui ne voulait que reprendre sa liberté. En d’autres circonstance, elle aurait mis fin à la vie de l’animal, abrégeant son agonie comme tout chasseur respectueux fait avec ses proies. Mais elle ne possédait aucune arme suffisamment grande pour ce genre de gorge démesurée.
La bête soufflait, les naseaux dans l’herbe, ses pupilles d’or observant le passage des prisonniers atterrés en se contractant.

Ce fut le cœur lourd, que la mercenaire et son cortège contournèrent la bête mourante, faisant attention à l’aspect du sol pour éviter d’éventuelles mines et autres pièges maintenant qu’ils connaissaient leur existence dans ce bois sombre.
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La providence, ou bien était-ce le destin ? Le Démon n’en avait cure sur l’instant. À croire que même les puissances invisibles qui régnaient sur l’univers avaient décidés en cet instant d’être une source d’agacement à son égard.

Que ce soit ce lézard qui, des années durant, ne faisait rien d’autre que de patauger dans dix mètres carrés pour finalement être gagné d’un besoin de liberté. Pour finalement se faire sauter. À moins que la faute incombait aux Gardes Noirs, brillant d’incompétence en laissant la plupart des points de sorties libres et préférant poursuivre des chimères au coeur du manoir telle une meute sans cervelle. Il restait encore le trait d’idioties, celui répondant au massacre devant les portes du manoir. Une crainte si grande que, des hommes en charge d’un monstre depuis des années auraient oubliés comment le dominer ? Il y avait tant de question sans réponse. Par chance, il restait une solution à ce tas de problèmes.

Une solution répondant au nom de Namtar, tant il semblait qu’il ne pouvait compter sur personne d’autre que lui-même. Il ne manquait plus qu’à ce que la prisonnière en partance pour la Shin’ra ne s’échappe pour souligner la parfaite incompétence de la Coalition Noire sur son propre monde.

La partie à assez durée…
Il prononçait ses paroles avec dédain, un relent de haine dans le ton alors que la Bête se redressait sur l’une des branches de l’un des arbres de la forêt. En contrebas ? La troupe de dissident, tâtonnant dans un endroit qui aurait dû être une contrainte pour quiconque s’aventurant en ce lieu.

La Bête faisait alors apparaître l’épée du mercenaire dans sa main gauche, contractant les muscles de l’apparence qu’il empruntait à Death. Il voulait que ce jeu cesse. D’un calme relatif, la pointe de la lame s’enveloppait d’un aura verdâtre qui grossissait à mesure que la Bête appelait à ses sombres énergies. L’incantation s’achevait sur un visage sans expression. Le Démon plongeait depuis sa position, lame vers le sol, qu’il enfonçait dans la terre afin d’y répandre l’arcane dans la terre. Abandonnant la poignée de l’épée, il se redressait d’un geste lent, donnant le luxe à Lenore et à ses suivants de l’observer. La rage qui pouvait l’animer, la promesse de ce qui allait suivre, son visage carbonisé ainsi que son bras manquant.

Il est arrivé.
Père, venez ici.
Non, Jasmine. Il est grand temps de lui montrer de quel bois nous nous chauffons !
Pitié…

Le paume de sa main vers les cieux, le Démon levait son poing et resserrait celui-ci dans un grognement. Avec cela ? C’était le bruit de la terre s’agitant sous les pieds des dissidents qui inondait les bois du manoir. Aux pieds des Princesses de Coeur et du Sultan émergeaient mains et bras squelettiques, s’agrippant aux chevilles et aux vêtements et faisant chuter ceux-ci à même le sol. Il ne fallait pas longtemps à ce que les prisonniers se retrouvent de nouveau sous le joug du Démon. Entre les cris et la surprise. Devant les morts qui venaient en aide à un seul homme, que pouvait-être de pitoyables princesses et un vieillard sénile.

Est-ce que cette balade était agréable, ma douce Lenore ?
Namtar quittait alors ses prisonniers du regard, donnant l’ordre aux goules et squelettes de ne relâcher leurs emprises sous aucun prétexte. Ensuite ? Il s’avançait au milieu des mines, connaissant l’emplacement de chacune d’entre-elles. Laissant ses pieds planer à quelques centimètres des détonateurs avant de poser sa botte à un endroit sain.

À mon habitude, l’erreur de te sous-estimer est ma plus grande faute. Il va bientôt falloir corriger ça. Tu ne penses pas ? Depuis tant de temps, toi et moi tournant autour d’une carcasse qui n’est autre que notre haine commune et profonde, attendant l’instant ultime où nous pourrions nous en repaître. L’heure fatidique du festin approche ?
Une question rhétorique. Pourtant, la voix du Démon ne pouvait s’empêcher d’affirmer une certaine tristesse. Il aurait tant voulu régner à ses côtés, plutôt que de l’enterrer. Dans un univers où l’on est maître, l’ennui le plus grand est celui de ne trouver personne à sa suite. Lenore répondait à ce critère. Sauf qu’elle passait un temps considérable à se refuser à ce destin. Une fois la dernière parole prononcée, le Démon amenait l’un de ses pieds en arrière tout en amenant son bras unique en avant. Un nouvel éclat naissait, sombre, pour qu’apparaisse une faucille dans la main de Namtar.

La courbure du manche épousant la forme de son bras, la lame noire s’élevant au prolongement de l’arme tel un funeste couperet. L’oeil unique de la Bête ne perdrait pas de vue sa rivale, pas tant qu’un souffle l’animera cette pitoyable carcasse qu’était le Bourreau de Grimm.


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« Mirifique… ça manque d’oiseau et il faudrait nettoyer le sol visiblement mais on s’ennuie toujours moins que dans ton hôtel. »

Lenore grimaçait alors que sa voix se teintait de cynisme. La situation ne pouvait pas plus mal tourner. Son corps était déjà meurtri et fatigué de plusieurs combats. Elle devait surveiller chacun de ses pas pour ne pas finir en morceaux. Les princesses, qui n’avaient fait que la ralentir sur le chemin, étaient plaquées au sol et inutilisables. Elle était entourée de mines et membres avides de cadavres putrides à peine extrait de terre. Elle enregistrait dans sa mémoire chacun des pas exact que faisait Death pour savoir à quel endroit poser potentiellement les pieds.

« Je suis enfin suffisamment ennuyante pour que tu daignes venir jouer. »

Avec le bordel qu’elle avait créé dans le manoir, elle avait gagné le droit à l’intervention direct du grand patron. Elle allait devoir faire avec le peu qu’elle avait réussis à récupérer. Combien de balles lui restait-il ? Elle n’avait tiré que sur deux gardes, l’un dans les geôles l’autre à l’entrée du manoir. Si le chargeur était plein, pouvait-il contenir… six... dix... douzes cartouches ? Elle avait aussi ce couteau de combat, en plus de sa lame noire cachée quelque part. Mais ce n’était pas comme si elle se sentait à l’aise comme avec son équipement complet.

Son regard s’attardait sur son allure, brisée, déchiquetée, enlaidis tel un monstre et ne pouvait s’empêcher de sourire de satisfaction à ces séquelles. Son visage agacé et rageur souffrant des pertes qu’il avait récemment accumulé. C’était un peu de sa victoire à elle. Il ne parvenait pas à la gérer. Elle était le meilleur caillou dans sa chaussure. L’idée elle-même était une satisfaction bienvenue.


« La lumière t’a bien esquintée. Siffla-t-elle. Toi qui te veux tellement plus civilisé que nous autre... Réglons cette histoire simplement… Un bras-de-fer, non ? » Elle ricana, gardant son arme de poing prête à tirer. C’était son meilleur atout pour le moment, lui avec sa faux ne la laisserait pas approcher au corps-à-corps e elle devait éviter les déplacements au maximum.

Cette fois, elle avait une réelle occasion de régler leur différend. Comme il disait, ils se tournaient autour depuis trop longtemps pour ne pas laisser libre court à leur haine dans se balai funeste. Elle n’avait peut-être pas encore assez de puissance pour l’éliminer, mais peut être que si… Elle ne se pardonnerait jamais de ne pas tenter.


« Il n’y a plus de grille entre nous, tu ne veux pas me prendre dans tes bras ?
Son sourire provocateur souleva le coin de ses lèvres. Tu ne m’invite plus dans tes ténèbres ? Tu ne m’offres pas ton arme cette fois ? »

Lui qui se vantait de son adresse et son intelligence supérieur à chaque rencontre, manipulateur si doué, cumulait avec elle pourtant les gestes idiots et en payait systématiquement le prix. C’était la raison de l’existence de Lenore, planté sa lame dans les failles de cette carcasse et les fragilisé, les agrandir. Là encore il avait pêché d’orgueil. Il avait frimé en mimant l’hésitation dans ses pas pour éviter l’emplacement des mines que lui-même connaissait. Cependant il les identifiait pour la rousse. Et là, si près de lui, il gardait un engin de mort que la mercenaire ne pouvait ne pas utiliser. C’était le moment d’ouvrir les hostilités. Finis les plaisanteries, son visage se durcit. Elle ouvrit le feu, visant la mine la plus proche de ses pieds à sa connaissance pour en provoquer l’explosion en espérant lui faire encaisser les dégats.
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Une détonation, l’odeur du soufre, l’adrénaline brûlait dans les veines de la Bête tel un feu ardent. Il avait d’abord un réflexe, un bond sur le côté, la paume tenant la faucille se plaquant au sol pour permettre au Démon de s’écarter avec d’autant plus d’élan.

Ensuite, la déflagration.

L’explosion soufflait, propulsant flamme et débris en tout sens dans une réaction en chaîne. La lisère de la forêt s’illuminait de mille flammes. Il tournait le dos aux explosions, ressentant les flammes lui lécher la peau et les shrapnels s’enfoncer dans celle-ci. La douleur l’envahissait, l’enivrait alors qu’il bondissait de nouveau entre deux tirs lui étant destiné.

Aujourd’hui, j’ai bien plus à t’offrir… Mon amie…
Un sourire narquois se dessinait sur le visage de la Bête, enlaidi par sa brûlure, il ressemblait plus à un patchwork s’étirant difficilement dans une mimique dérangée. Il posait sa main en sol, traçant un cercle avec le manche de son arme avant de frapper celui-ci de son poing. L’incantation se faisait en un instant, fissurant elle sol, ouvrant le passage pour trois goules qui s’élevait et chargeait la rousse. Un souffle simple, à l’intention des invocations, forçant celle-ci à zigzaguer dans un cri guttural entre les mines avec pour unique ordre de plaquer la mercenaire.

À la force du bras ou dans une étreinte, qu’est-ce que nous attendons ?!
L‘invocation des goules n’avait que pour but de gagner du temps, un but unique, un pas de plus dans la folie du Démon. Il frappait le sol de la pointe de son pied, traçant un nouveau cercle et inscrivant finalement un triangle pour compléter le glyphe. Il riait presque, n’attendant qu’un moment pour relâcher son râle. À la place, il plantait la pointe de la faucille au centre de l’inscription pour que celle-ci s’illumine. La créature invoquée sortait du sol, dévorant la faux pour devenir une boule compacte avec un seul oeil fixant le Démon. Un ordre tacite. La créature sautait et s’attachait au moignon de Death, dessinant progressivement un nouveau membre pour le Démon, un bras à cinq griffes aussi affutées que la faucille.

Un nouveau craquement, la paire d’ailes que la Bête dissimulait continuellement venait d’apparaître. Immense, membraneuse, battant pour préparer son envol. Il n’avait plus rien à contenir.

Un nouveau bond, une charge, un assaut direct. Il partait droit devant lui, ne désirant rien de plus que de fendre Lenore de son membre nouveau. Ses ailes battaient à ton rompre, sa course n’ayant jamais que commencé une fois dans les airs afin de franchir la distance les séparant. Le membre aux faucilles dressées derrière lui, accumulant son élan pour un coup au maximum de sa puissance. Encore une détonation ? Il l’ignorait, emporté par la rage, il sentait une brûlure à son épaule avant qu’il ne donne sa frappe à l’endroit où Lenore se trouvait.


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Mon amie... Ce terme grinçait dans ses oreilles alors que visiblement ce qu’il avait de plus à lui offrir n’était qu’une mort affreuse et douloureuse.

La mercenaire avait vu monter en elle une peur primaire en voyant les cadavres sortir de terre et s’animer vers elle avec une telle avidité. Reculer lui était à peine possible alors que les poupées décharnées et désarticulées avançaient à une vitesse surprenante. Elle se débattait déjà avec eux, les frappant avec autant de force qu’elle pouvait encore faire preuve de ses jambes, espérant les envoyer rouler dans le champ de mine. Mais elles rebondissaient étrangement pour éviter le contact mortel des bombes et revenaient toujours à la charge. Ne connaissant pas la douleur, les morts n’arrêtaient pas de lui maintenir jambes et bras de leurs doigts osseux et griffus, même en perdant des morceaux, ou se faisant enfoncé la boite crânienne, libérant un relent nauséabond et un liquide noir poisseux soulevant le cœur de Lenore.

La transformation du monstre ne participait à calmer la terreur qui envahissait la mercenaire et le voir fondre sur elle alors qu’elle était maintenu en place par ses sous fifres lui donnait l’impression d’être un lapin en proie à un rapace.
Il était urgent de bouger. Elle redoubla d’efforts pour se débarrasser de la prise macabre des morts.
Il était urgemment urgent de bouger ! D’un coup de pied qu’elle déplia vivement sur la cage thoracique qui craqua sous le choc, elle parvint à se libérer. Elle tira une fois de plus sur le monstre qui ne perdit en rien de son élan et de son sourire carnassier.

Elle fit un pas de plus en arrière et sauta en l’air vers la première branche de l’arbre le plus proche, juste à temps pour voir le monstre faucher le sol où elle se tenait il y a peu et découpant la deuxième goule en morceaux. Elle se hissa rapidement sur la branche, puis celle encore au-dessus, partant se cacher dans les feuillages le temps de calmer son cœur battant à tout rompre. Il lui fallait gagner un endroit plus propre au combat, plus facile pour sa propre survie mais ne connaissait rien de l’environnement proche. Elle était au plus grand désavantage possible et se déplacer dans cimes de la forêt la rassurait pour son aisance et l’habitude qu’elle en avait. L’air y était plus frais et l’odeur de pin emplissait ses poumons, chassant le souvenir des pourritures rampantes en bas. L’idée de lui tomber dessus à l’improviste à son tour était peut être sa seule solution actuellement. Elle n’espérait plus rien des princesses et de leur lumière.

Il ne lui restait plus qu’à trouver un plan pour s’approcher de lui. Elle ne savait guère se battre à distance, ayant toujours préféré la violence du corps à corps. Et là même avec son arme de poing elle ne pouvait pas grand-chose…

Où était-elle ?! Elle chercha vivement des yeux pour finir par trouver l’objet au sol, là où elle se trouvait auparavant. Dans sa hâte à sauter dans l’arbre, elle s’en était débarrassée pour avoir les mains libres. Elle grimaça, se maudissant silencieusement. Mais désormais elle n’avait de toute façon plus le choix. Elle se déplaça le long des branches les plus épaisses, le plus silencieusement possible, sans geste brusque pour éviter la chute de feuilles et témoigner de son emplacement.

Mais il était évident que le monstre cherchait à faire tomber l’écureuil de son arbre. Une onde de choc se répercuta dans l’arbre, faisant valser la rousse malgré ses tentatives pour encaisser. Elle s’écrasa violemment au sol sur son épaule douloureuse tout juste guérit soufflant un râle de douleur dans la terre en essayant de se remettre à genoux.
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Un pied après l’autre, le Démon repliait progressivement ses ailes pour retrouver le sol froid de ces bois sans âmes. L’imposante paire membraneuse dans son dos, les griffes jouant les unes avec les autres dans un cliquetis strident, la Bête restait à une dizaine de mètres de sa proie, conservant un sourire rageur devant l’impuissance qu’elle faisait preuve à cet instant.

C’est tout…?
Il crachait presque ses mots. Le dédain, la honte, l’amertume. Il attendait tellement plus d’une femme telle que Lenore ! Pourtant ? Il n’y avait rien.

Elle venir de fuir son domaine, jouant de ses hommes, de cet endroit dont personne n’avait encore eu le mérite d’en échapper vivant. Alors que la douce caresse de la liberté s’éternisait sur son visage, elle n’avait plus rien à lui offrir, quelle déception. La rage se changeait en haine. La colère en tristesse. Aurait-il, une fois de plus, que le goût fade de la déception dans la bouche ?! D’abord la défaite contre Roxas, ensuite la disparition d’année de travail sur un monde à l’agonie et maintenant la faiblesse de cette mercenaire.

Tes promesses derrière les barreaux… Du vent ?! La sécurité d’une cage dorée. Voilà ce qui permettait à son cynisme de vivre, à moins que cette belle assurance se soit éteinte devant l’espoir d’une défaite.
Les griffes en faucille s’agitaient au bout de son bras. L’unique oeil attaché à la masse qu’était l’invocation s’agitait en tous sens, à l’affut d’une nouvelle proie, d’un meurtre. Le fil des lames se frottait les uns contre les autres, créant de légères étincelles, donnant de la couleur à la scène.

Il y avait la promesse d’un « nous » et tu n’offres qu’un « rien ».
Il crachait les mots. Les dents de la Bête se serraient. La haine progressait et faisait bourdonner le crâne qui reposait sur ses épaules. Pourquoi perdre du temps ? Elle n’en valait plus la peine. Lui offrir une mort glorieuse ? Il ne pouvait s’y résoudre. Lui offrir une mort rapide ? Il n’y songeait pas un seul instant. Il y avait une loi immuable au sein de la Coalition Noire, celle du Talion elle n’allait pas y réchapper. La Bête portait son regard sur la pointe de son bras, contraignant l’invocation à changer de forme. L’acier s’intensifiait, se contracterait, transformant la griffe en un poing d’acier. L’instant d’après, il sautait en longueur pour abattre sa masse sur le visage de la rousse.

Il n’avait plus cure de la garder en vie, il n’avait plus envie d’être délicat à son attention. Il voulait que la violence parle. Il désirait l’assommer, la tenir par le col et marteler ce visage jusqu’à la mort. Pourquoi le Démon devait-il se soucier d’une créature pareil ? Elle n’était qu’un jouet brisé. Désormais, il allait la démolir.


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Lenore était de nouveaux ce vermisseau rampant au sol qu’il ne se gênait pas de mépriser. Brisée, elle fuyait de peur, elle reculait devant sa puissance monstrueuse, submergée. Elle râlait au sol de douleur, quelle déception, se relevant difficilement. Il lui crachait sa déconvenue, attendant beaucoup, beaucoup plus de réactions et de combats de sa part. Elle pouvait tellement comprendre elle-même ses désillusions. Cette part de la mercenaire qui n’était pas capable d’aller jusqu’au bout, alors qu’il était à portée de main enfin, qui tenait si fébrilement à sa vie.

Mais il y avait une autre partie de la rousse qui hurlait, qui voulait frapper la faible, qui se révoltait du ton méprisant et paternaliste du monstre. Qui hurlait de plus en plus fort. Comment pouvait-il se permettre de se croire tellement supérieur ? Comme si tout ce qu’elle désirait était d’être à la hauteur de ses attentes à lui ? Ce n’était pas des remerciements qu’elle voulait de lui. Ce n’était pas des encouragements qu’elle exigeait de lui ! Ce n’était même pas des félicitations ! Elle ne quémandait son attention que pour l’attirer à elle. Pour plonger ses mains dans son cœur et le faire éclater.

Elle n’avait pas encore baissé les bras et cette voix qui hurlait toujours plus, couvrait de plus en plus l’autre. Elle écrasait ce faible instinct de fuite que la survie lui conseillait. Son dédain, son amertume, sa déception ? Ils ne faisaient que donner de la force à cette voix rageuse. Cette urgence, ce besoin de le renvoyer à sa place. Celle de cadavre à ses pieds. Elle se fichait bien de ce que lui voulait. Ce qu’elle voulait elle c’était…

Ses promesses derrière les barreaux ? Une réalité future. Il ne pouvait en être autrement. Accroupie elle rassemblait ses forces, sa rage, sa douleur. Il approchait. Elle serrait son couteau de chasse contre elle prête à anticiper son attaque. Puisqu’il voulait s’abreuver de sa rage, alors elle n’allait pas le décevoir. Elle se releva et esquiva le coup de Death, ses griffes transformées en un poing métallique gigantesque et alors qu’elle lui plantait violement la lame dans cet œil monstrueux étrangement placé qui servait de prothèse à son bras manquant, elle hurla.


« IL N Y AURA JAMAIS DE NOUS !!!! »

Elle n’attendit plus pour s’éloigner de lui, exactement sur ses pas, pour se précipiter sur son arme à feu abandonnée précédemment et le genou au sol, elle vida le reste des six balles en direction de son dos, ne s’arrêtant qu’au déclic vide et mécanique d’une arme inutile dont elle se débarrassa en grimaçant.
Elle se releva, la haine déformant son visage et brûlant ses rétines, en écartant la main droite pour y laisser apparaitre en une volute noire Murasama, prête à laisser sa vie derrière pourvu qu’il meurt sous le fil émoussé de sa lame.
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Une détonation me fit réagir en sursaut. Combien de temps s'était-il écoulé depuis que j'avais faibli, face à ces femmes qui semblaient nuisibles à mon corps ? Sûrement pas tant que ça. Me redressant avec difficulté, je constatai que Salazar était toujours inconscient au sol, le désordre régnant toujours dans le laboratoire. Là, mon esprit redevint plus clair. ELLE avait disparu avec les autres prisonnières. Tout m'était déjà revenu, en détails. Peu importait Salazar désormais, je pourrais toujours l'aider à nettoyer et m'entretenir avec lui plus tard. J'étais plus calme, mais mes intentions n'avaient pas changées : me venger. D'abord, avant de lui infliger les pires souffrances, la capturer serait un début. Dans le pire des cas, je pourrais la tuer. Mais cette fois, il ne faudra pas la sous-estimer.

J'entendis une seconde détonation. Ce n'était pas anodin, peut-être était-ce sa faute. Elle devait encore se trouver dans les bois. Là, dans la hâte, je fis route vers la porte puis je l'ouvris de la main droite. Le geste me permit de réaliser que le coup qu'elle y avait asséné avait laissé encore mon bras un peu engourdi, bien que je puisse à nouveau le déplacer. Des corps inanimés, certains étaient des cadavres, d'autres étaient bien blessés mais semblaient encore vivants. Sans me soucier d'eux, je continuai ma route, enjambant aussi le cadavre qui se trouvait dans les escaliers en les grimpant. Je pus vite constater que le Hall était dans le même état que les autres pièces : des cadavres et des blessés. Les gardes postés à l'entrée du manoir étaient en meilleur état. Certains reposaient bel et bien au sol, mais d'autres, probablement ceux qui se trouvaient postés dans d'autres pièces étaient debout aux côtés de Géraldine.

Je n'eus pas même besoin de poser une question pour comprendre pourquoi le groupe était resté à cet endroit. Il avait disparu. Le T-Rex n'était plus là. La chaîne était brisée. Cette folle ne pouvait quand même pas avoir relâché la bête ? La curiosité ne me fit pas m'attarder davantage. En m'engouffrant dans les bois, je pus voir la bête. Elle n'était pas allée bien loin, elle agonisait, au sol, meurtrie suite à l'une des explosions qui avait retenti plus tôt. Le sultan ainsi que les princesses se trouvaient au sol, maintenus par des bras squelettiques. La présence de ces femmes n'était toujours pas bien agréable, mais cette fois, je m'étais fait une promesse : résister. Je ne tomberais pas lamentablement à nouveau au sol sans combattre.

IL se trouvait là. A la place de son bras manquant se trouvait une sorte de prothèse avec un œil. Une invocation qui semblait lui servir d'arme. Il s'avançait lentement vers la folle qui semblait fuyante et désespérée contrairement à plus tôt. A sa vue, le sang bouillonna dans mes veines. Mon calme avait été de bien courte durée. Mon visage ne cacha pas l'animosité que j'avais envers elle. Mon cœur me hurlait de l'attaquer sur le champ, tant qu'elle ne m'apercevait pas mais la raison me rendit hésitant. La présence de Death se faisait menaçante. Le contrarier pourrait bien m'y faire perdre des plumes. Mais la raison ne parvint pas à me stopper. J'allais agir en pleine conscience du risque de contrarier Death, mais j'avais ma propre fierté qui me refuserait l'inaction.

Tout en levant mon bras droit lentement avec un peu de difficulté, l'index dirigé précisément vers elle, prenant tout le temps qu'il faudrait pour viser, je l'entendis pousser un hurlement. Elle perça violemment l’œil de cette chose qui remplaçait le bras du dirigeant d'un coup de couteau puis se saisit de son arme, tirant à plusieurs reprises avant de se débarrasser de son arme. Elle se leva et fit apparaître une étrange lame, marquant un bref temps d'arrêt dont je ne pus m'empêcher de profiter. Un éclair jaillit de mon index puis s'abattit avec vitesse en direction de mon ennemie. La lumière de celui-ci m'empêcha de distinguer l'effet de mon sort durant un bref instant.

- Je t'avais prévenu, disais-je arborant un sourire narquois, le regard toujours empli de haine envers la rousse.
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La sensation d’un coup de tonnerre parcourant l’entièreté de son nouveau bras, le paralysant, le faisant chuter au sol. Un genou à terre, le Démon était heureux. Encore et toujours la même erreur qu’il répétait inlassablement. Continuait-il à agir ainsi, désirant ressentir cette même sensation qui l’envahissait à chaque fois ? La réponse semblait si simple. Elle ne pouvait pas l’être. Ensuite, la brûlure dans son dos, l’impact le faisant chuter jusqu’à ce qu’il soit obligé de tenir à l’aide de son bras gauche. La masse tombait au sol, se dissipant dans un nuage de fumée, la prothèse s’évaporait en flaque. Une immense tache noire grandissant sur le sol.

La douleur était un excellent moteur, forçant la Bête à se redresser, à tenir devant pareille vermine. Nous nous accrochons si stupidement à la vie, est-ce par ego ou parce qu’il s’agit de notre nature ?

Namtar se retournait, dévisageant Lenore, les traits déformés dans un mélange de haine et d’admiration à son égard. Il désirait tant enregistrer ce moment à jamais dans sa mémoire. L’instant où une mortelle continuait inlassablement à le défier.

Alors, il n’y aura rien.
Il prononçait cette parole à l’instant où l’éclair venait la frapper. Tendant son corps sous le choc. Douce ironie. L’oeil unique du Démon quittait sa proie pour fixer l’un des Coalisés à l’autre bout de la forêt. Le félicité ou l’accabler ? Aucun des deux. Il allait achever son oeuvre, avec ou sans lui.

Déployant ses ailes, il grimaçait sous la douleur avant de prendre son envol afin de quitter la scène pour les coulisses. Posant ses deux jambes sur le corps sans vie du chien de garde du manoir. Lui qui était gardien, il deviendrait Démon à son tour. Passant son bras dans le dos, Namtar traçait les nouvelles runes sur le crâne du reptile pour ensuite y passer sa main à plat.

L’aura qu’il invoquait émanait de sa personne avant de tomber dans la carcasse du dinosaure. Les écailles s’effritaient, perdant en couleur, semblant tomber en lambeaux. Les yeux de l’animal se révulsaient, affichant un noir profond. Les entrailles se resserraient, s’asséchaient alors qu’une tension animait l’entièreté de l’animal. Un râle résonnait, la queue battait le sol alors que le T-Rex se réveillait pour servir dans la non-vie. La Bête riait depuis sa nouvelle monture, traçant une nouvelle rune à l’aide de son doigt ensanglanté, ouvrant un portail à l’éclat verdâtre.

Personne ne pouvait ignorer ce qui se déroulait, surtout à l’instant où le Démon s’enfonçait dans celui-ci pour disparaitre.

Les pupilles de la Bête redevenait à la normal, clignant lentement, cherchant sa proie du regard. Namtar sentait cette nouvelle transformation. Le battement de sa queue, le craquement de sa mâchoire, la force sommeillant dans ses membres. L’instinct de carnivore qui l’envahissait progressivement. Le Démon amenait l’une de ses monstrueuses pattes en arrière, abaissant son crâne avant de le dresser et hurler à la mort au milieu de la forêt. Le claquement de ses dents, les deux pupilles fixant avec avidité la prisonnière.

Il attendait tout de même avant de charger, tournant sur lui-même avant de balayer le sol de sa queue. Créant ainsi une série d’explosions dans la forêt afin de libérer une véritable arène pour elle et lui. Que la chasse commence.


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Une douleur lancinante me força à ouvrir les yeux. Je ne mis pas longtemps à m’en rappeler l’origine. Il y a toujours des risques à lancer de l’acide à l’aveuglette. Je me relève en grommelant sans accorder un seul regard autour de moi. Ma première priorité est d’aller laver cet acide rongeur. Heureusement que j’ai un petit coin sécurité dans mon bureau accolé au laboratoire.

Une arrivée d’eau, des vêtements par terre et l’eau salvatrice qui nettoie tout.
Voilà qui m’occupe pendant une bonne quinzaine de minutes. Il faut le temps que l’acide se dilue puis disparaisse et que la brulure s’apaise. Je me coupe du monde, me laisse inonder. Je finis par couper l’eau et jette un regard dans un miroir accroché non loin. Ca n’est pas aussi catastrophique que j’aurais pu le penser mais je garderais une trace de cette rousse à vie.

De nouveaux habits, un onguent pour commencer les soins, de nouvelles fioles pour remplir mes poches. Vu ce que j’entends et les vibrations répercutées au sol, ils s’amusent encore là haut. Je ne meurs pas d’envie d’aller en découdre mais vu le travail qui m’attend dans le laboratoire pour le remettre en état, j’aurais besoin de calme.

Il semblerait que la présence de cette prisonnière empêche toute sorte de calme dans mon laboratoire. Alors je vais aider à régler le problème. Je traverse les débris de verre, parcours les couloirs, voyant ici et là les traces de la fuite.

Le plus impressionnant arrive quand je franchis les portes du manoir. C’est d’une désolation. D’un gigantisme tellement tapageur. Je vois le chef de ces lieux fusionner avec la bête qui autrefois était. Maintenant, elle ne sera qu’un jouet de plus. Un grand jouet.

Je ne m’étais jamais trop aventuré dans cette forêt. J’ai mon botaniste, c’est suffisant. Ici c’est d’un désordre innommable. Je peux apercevoir l’importun participer ardemment à l’effort de guerre. Il n’a même pas daigné m’aider.

Je frotte ma gorge douloureuse en apercevant cette femme qui déchaine toutes ces passions. Un vrai catalyseur. C’est fascinant. Je ne peux m’empêcher de sourire en continuant à m’approcher, accordant un soupir aux princesses emmêlées et à nouveau prisonnières.

Puis-je m’incruster dans ce combat de géant ? Une bête énorme, un homme qui crache de la lumière du bout des doigts et une rousse indomptable. Il manque le scientifique, l’esprit éclairé qui illumine la scène de son génie, de ses frasques et de son talent.

La bête tournait sur elle-même, provoquant des explosions à la pelle. Allais-je ajouter les miennes ? Attendre dans un coin que la situation se calme un peu ? Je laissais mon esprit évaluer les possibilités. Elles étaient nombreuses… Je décidais pour une position plus stratégique, si jamais elle venait à échapper à la bête. Un peu plus loin, dans l’ombre, sur le chemin de la sortie.

Je ne suis pas un homme d’action. Je ne me mêle pas aux bêtes. Elles sont suffisamment nombreuses pour elle aujourd’hui. Je serais la dernière touche, délicate et inattendue. S’il le faut seulement.
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