[mini-série]
Et je voyais ces images meurtrières pour l’espoir défiler devant les yeux. Les gens autour de moi s’esclaffaient, moi je retenais mon souffle. J’essayais de comprendre ce qui se passait. Peut-être que je ne voulais pas. Comprendre. Il y avait des flammes, des maisons en morceaux. L’image n’était pas claire, il y avait de la fumée partout, une couche de poussière épaisse sur le visage de la journaliste.
Elle disait « Coalition », j’entendais « Vesper », elle disait « attaque », j’entendais « Vesper , elle disait « mort », j’entendais « Vesper ».
Je m’assis sur une des banquettes de la station, ne supportant plus toutes ces révélations. Je regardais dans le vide tandis que les gens autour de moi tout autour continuaient de commenter les événements. Combien de fois encore allais-je devoir entendre ce genre de nouvelles, la savoir associée à ces actes ignobles et… l’accepter ? Combien de gens étaient morts aujourd’hui par sa faute, de près ou de loin ? Et à l’avenir, qu’aurait-elle à faire d’autre ? Ce qu’il y avait de pire, la Coalition pouvait le faire, alors, pourquoi pas elle ?
***********************
J’étais escorté, tenu à l’oeil. Je m’agaçais, m’agitais alors que nous attendions devant la porte du château.
-Vous savez très bien qu’elle m’a autorisé à venir quand j’en avais envie.
-Justement, je ne peux pas que vous vous promeniez dans la forêt ou je ne sais où et être responsable de votre mort aux yeux de Mademoiselle Earl.
Quelques instants plus tard, la porte s’ouvrit et nous baissâmes les yeux vers le majordome. J’avais fini par m’y habituer.
-Big-Ben, vous pouvez lui dire de me foutre la paix ?
-Je ne vais pas plus loin de toute façon, je retourne au village. Mais on vous aura à l’oeil, Monsieur Maxence.
-C’est ça !
Je fonçai à l’intérieur, manquant de faire tomber l’horloge au passage.
-Où est-elle Big-Ben ?!
J’avais posé la question tout en continuer d’avancer telle une trombe dans le hall.
-Où est-elle bon sang ?
-Attendez Monsieur !
J’entendais de petits claquement réguliers taper contre le sol et me suivre, j’entendais les engrenages et toute sa mécanique s’entrechoquer, mais je me fichais de ses aises en cet instant
-Qui ça ? Qui Monsieur ?
-VESPER Earl, Big-Ben, putain de merde ! Qui d’autre ?
-Mo…Monsieur… Enfin ! Pas de tels mots ici !
Il disait cela tout en se crevant les poumons à tenter de me suivre. Ouais, j’étais habitué, à marcher à courir. J’étais un connard de messager, le genre qui regarde les autres prendre des décisions et qui ne peut être que spectateur.
Je me retournais brusquement, juste devant les escaliers.
-Alors !? Où elle est ? Dans la bibliothèque ? Dans sa chambre ? Sa chambre, je parie ! J’y vais.
Je me remis en route mais n’entendis pas l’horloge me poursuivre. Non, le silence régnait dans ce grand hall majestueux mais néanmoins sinistre. Oui, elle avait beau faire en sorte de faire oublier sa précédente propriétaire, cela restait le château de la Coalition, et l’empreinte de la Princesse déchue, ses ténèbres restaient bien ancrées sur le sol, sur les murs.
-Elle n’est pas là Monsieur.
Il l’avait dit si bas que c’en était presque inaudible, mais j'avais très bien compris. Et pire que la haine que je ressentais pour Vesper Earl, ses ténèbres et ses mauvais choix, il y avait la peur qu’un jour elle disparaisse de la surface de la terre ; la peur de ne jamais pouvoir lui faire le reproche de son groupe à la con ; la peur de ne jamais pouvoir lui dire la vérité pour le Chasseur et qu’elle me déteste ; la peur de ne plus jamais pouvoir sentir la chaleur de son être dans mes bras, ses jambes entremêlées aux miennes ; ne plus pouvoir la désirer et l’avoir à l’instant où je la voulais. Les images de sa beauté à l’aube me revinrent à l’esprit et je m’écroulai instantanément sur une marche.
-Quand est-ce qu’elle devait revenir ?
-Je ne sais pas Monsieur. Elle m’a dit que ça pourrait prendre un peu de temps.
-Avez-vous eu des nouvelles des autres… sont-ils revenus ?
-L’un des gardes m’a dit que Monsieur Death était bien rentré au Manoir.
-La Cité du Crépuscule ? Et elle… n’était pas avec lui ?
-Non, Monsieur.
-Alors peut-être qu’elle va rentrer bientôt. Je vais attendre. Où est sa chambre Big-Ben ? Il faut vraiment que je m’occupe.
Il m’amena sans se faire prier dans l’aile ouest. Je n’avais pas eu l’occasion de visiter ses nouveaux appartements depuis qu’elle avait reçu une « promotion ». En entrant dans sa chambre, j’aperçus un immense portrait, celui d’un jeune homme aux cheveux longs et châtains. Je repensai à ce qu’elle m’avait dit sur ce château et je compris que cela devait être l’ancien propriétaire des lieux.
-C’est bon, vous pouvez me laisser seul, Big-Ben.
J’allai m’écrouler sur son lit, un grand lit en bois à baldaquin sur lequel pendaient de grands voiles blancs diaphanes. Les rayons de soleil crépusculaire passaient encore à travers les montagnes des alentours. Je tendis ma main vers les voiles et les caressai.
Je me rapprochai de ses coussins et y cherchai son odeur. Ce matin-là, elle avait encore du s’éveiller dans ces draps et penser à toutes ces nouvelles choses horribles qu’elle aurait à faire.
J’essayais d’imprimer son image sur ce lit, faire comme si elle était contre moi et que je pouvais caresser la peau laiteuse de son ventre et sentir chaque centimètre réagir par un frémissement. Plus j’y pensais, plus ça devenait réel, à m’en rendre douloureusement fou. Frissonner de désir pour un fantôme.
-J’espère bien que ce connard ira la chercher si elle ne revient pas. Ce branleur de Death.
Elle disait « Coalition », j’entendais « Vesper », elle disait « attaque », j’entendais « Vesper , elle disait « mort », j’entendais « Vesper ».
Je m’assis sur une des banquettes de la station, ne supportant plus toutes ces révélations. Je regardais dans le vide tandis que les gens autour de moi tout autour continuaient de commenter les événements. Combien de fois encore allais-je devoir entendre ce genre de nouvelles, la savoir associée à ces actes ignobles et… l’accepter ? Combien de gens étaient morts aujourd’hui par sa faute, de près ou de loin ? Et à l’avenir, qu’aurait-elle à faire d’autre ? Ce qu’il y avait de pire, la Coalition pouvait le faire, alors, pourquoi pas elle ?
***********************
J’étais escorté, tenu à l’oeil. Je m’agaçais, m’agitais alors que nous attendions devant la porte du château.
-Vous savez très bien qu’elle m’a autorisé à venir quand j’en avais envie.
-Justement, je ne peux pas que vous vous promeniez dans la forêt ou je ne sais où et être responsable de votre mort aux yeux de Mademoiselle Earl.
Quelques instants plus tard, la porte s’ouvrit et nous baissâmes les yeux vers le majordome. J’avais fini par m’y habituer.
-Big-Ben, vous pouvez lui dire de me foutre la paix ?
-Je ne vais pas plus loin de toute façon, je retourne au village. Mais on vous aura à l’oeil, Monsieur Maxence.
-C’est ça !
Je fonçai à l’intérieur, manquant de faire tomber l’horloge au passage.
-Où est-elle Big-Ben ?!
J’avais posé la question tout en continuer d’avancer telle une trombe dans le hall.
-Où est-elle bon sang ?
-Attendez Monsieur !
J’entendais de petits claquement réguliers taper contre le sol et me suivre, j’entendais les engrenages et toute sa mécanique s’entrechoquer, mais je me fichais de ses aises en cet instant
-Qui ça ? Qui Monsieur ?
-VESPER Earl, Big-Ben, putain de merde ! Qui d’autre ?
-Mo…Monsieur… Enfin ! Pas de tels mots ici !
Il disait cela tout en se crevant les poumons à tenter de me suivre. Ouais, j’étais habitué, à marcher à courir. J’étais un connard de messager, le genre qui regarde les autres prendre des décisions et qui ne peut être que spectateur.
Je me retournais brusquement, juste devant les escaliers.
-Alors !? Où elle est ? Dans la bibliothèque ? Dans sa chambre ? Sa chambre, je parie ! J’y vais.
Je me remis en route mais n’entendis pas l’horloge me poursuivre. Non, le silence régnait dans ce grand hall majestueux mais néanmoins sinistre. Oui, elle avait beau faire en sorte de faire oublier sa précédente propriétaire, cela restait le château de la Coalition, et l’empreinte de la Princesse déchue, ses ténèbres restaient bien ancrées sur le sol, sur les murs.
-Elle n’est pas là Monsieur.
Il l’avait dit si bas que c’en était presque inaudible, mais j'avais très bien compris. Et pire que la haine que je ressentais pour Vesper Earl, ses ténèbres et ses mauvais choix, il y avait la peur qu’un jour elle disparaisse de la surface de la terre ; la peur de ne jamais pouvoir lui faire le reproche de son groupe à la con ; la peur de ne jamais pouvoir lui dire la vérité pour le Chasseur et qu’elle me déteste ; la peur de ne plus jamais pouvoir sentir la chaleur de son être dans mes bras, ses jambes entremêlées aux miennes ; ne plus pouvoir la désirer et l’avoir à l’instant où je la voulais. Les images de sa beauté à l’aube me revinrent à l’esprit et je m’écroulai instantanément sur une marche.
-Quand est-ce qu’elle devait revenir ?
-Je ne sais pas Monsieur. Elle m’a dit que ça pourrait prendre un peu de temps.
-Avez-vous eu des nouvelles des autres… sont-ils revenus ?
-L’un des gardes m’a dit que Monsieur Death était bien rentré au Manoir.
-La Cité du Crépuscule ? Et elle… n’était pas avec lui ?
-Non, Monsieur.
-Alors peut-être qu’elle va rentrer bientôt. Je vais attendre. Où est sa chambre Big-Ben ? Il faut vraiment que je m’occupe.
Il m’amena sans se faire prier dans l’aile ouest. Je n’avais pas eu l’occasion de visiter ses nouveaux appartements depuis qu’elle avait reçu une « promotion ». En entrant dans sa chambre, j’aperçus un immense portrait, celui d’un jeune homme aux cheveux longs et châtains. Je repensai à ce qu’elle m’avait dit sur ce château et je compris que cela devait être l’ancien propriétaire des lieux.
-C’est bon, vous pouvez me laisser seul, Big-Ben.
J’allai m’écrouler sur son lit, un grand lit en bois à baldaquin sur lequel pendaient de grands voiles blancs diaphanes. Les rayons de soleil crépusculaire passaient encore à travers les montagnes des alentours. Je tendis ma main vers les voiles et les caressai.
Je me rapprochai de ses coussins et y cherchai son odeur. Ce matin-là, elle avait encore du s’éveiller dans ces draps et penser à toutes ces nouvelles choses horribles qu’elle aurait à faire.
J’essayais d’imprimer son image sur ce lit, faire comme si elle était contre moi et que je pouvais caresser la peau laiteuse de son ventre et sentir chaque centimètre réagir par un frémissement. Plus j’y pensais, plus ça devenait réel, à m’en rendre douloureusement fou. Frissonner de désir pour un fantôme.
-J’espère bien que ce connard ira la chercher si elle ne revient pas. Ce branleur de Death.