« Avez-vous fouillé le concessionnaire ? »
« Non monsieur. Mais nous doutons qu’il y soit… » répondit un soldat, capitaine de l’armée du Roi Triton.
« Qu’importe. »
« Que dira la Shinra, si nous investissons son concessionnaire avec une troupe armée ? » s’offusqua le Roi Triton. À vrai dire, c’était peut-être simplement une question dont la rage déterminait le ton. Il ferait certainement tout pour récupérer son Trident.
« Rien, votre Majesté. » Lui parler avec tant de déférence en cette heure lui était particulièrement désagréable. « Le Concessionnaire Shinra n’est pas une ambassade. S’il refuse de laisser patrouiller les troupes d’Atlantica sur les cités dorées, alors nous mettrons ses employés présents sur place aux arrêts. »
Genesis soupira après cette longue phrase et s’assit sur un banc de pierre. Ils étaient dans une petite pièce proche de la salle du trône, mais incroyablement plus petite et intime. Les Atlantes qui n’avaient pas l’habitude des portes ne les dérangeraient pas et… certaines décisions devaient être prises dans l’extrême secret et urgence. Le Tragédien était arrivé une vingtaine de minutes après l’incident, lorsque le territoire était en état d’alerte, parce qu’Atlantica avait averti le Jardin radieux de la disparition d’une des filles du Roi un peu plus tôt…
Dans cette salle il y avait Triton, bien sûr… un capitaine de ses armées, son conseiller, un homard du nom de Sébastien, la fille qui avait été enlevée, Alana, et son conjoint, Thomas, qui avaient tous les deux vu l’agresseur. Finalement, deux capitaines des soldats du Consulat étaient présents dans la pièce : un pour le protéger lui et un chargé de coordonner les actions militaires du Consulat dans ce monde.
« Il y a peu de chances que notre homme y soit mais nous devons nous en assurer. Capitaine, allez-y avec une vingtaine d’hommes qui n’ont pas assisté à la scène d’aujourd’hui. Ils recherchent le Trident. »
Le capitaine présent pour sa protection s’en alla aussitôt. Quant à lui, Genesis devait un peu… faire avancer les choses. Il fixa Alana, déçu de ne pouvoir se lever, quelque fatigué qu’il était. Elle semblait passablement bouleversée et encore bien davantage honteuse.
« À quoi ressemblait notre homme ? »
« C’est… difficile à dire. Il avait un casque… »
Elle baissa les yeux. Genesis se fit violence, se leva et alla vers son capitaine. « Comme ceci ? Un casque de soldat en poste ici ? »
« Oui ? »
Il leva la main sur la visière de son capitaine et la releva une seconde avant de la refermer. Elle ne cachait que le contour du contour de ses yeux, offrait une légère protection au-dessus du nez… En somme, les yeux, les sourcils, le menton, la bouche, étaient tout à fait visibles.
« Vous ne parvenez pas à décrire le capitaine ? » demanda-t-il d’une voix douce mais insistante.
« Colonel, monseigneur. » précisa l’homme à ses côtés, dont l’équipement semblait représenter une source de jeu à ce jour.
« Si si… Il… avait des yeux marrons. Un visage assez fin. Blanc. Une bouche… enfin des lèvres assez normales. Des dents blanches. »
« Plutôt bel homme ? »
« Oui, je pense. » Elle baissa la tête comme réponse finale mais…
« Et ses cheveux, mademoiselle ? Visibles ? »
« Ils dépassaient… un peu de son casque en arrière et ils étaient noirs, monseigneur. »`
« D’accord. Jouait-il bien le rôle d’un soldat du Consulat ? »
« Quand nous marchions, oui et… »
« Sa présence parmi nous n’a choqué personne. »
« Il a du voler l’armure de l’un des vôtres. Fouillez le royaume ! Si sa cible est encore en vie, il pourra nous dire précisément à quoi il ressemble ! » intervint le Roi Triton, nageant en cercle dans la pièce.
« Musclé ? »
« Oui. Relativement mince mais assez musclé. »
« Et ses mains ? Je gage que les mains d’un homme ayant toujours vécu sous la mer doivent être moins dures que celles d’un homme de la surface. Sentez les mains du colonel, comparez avec celles de votre compagnon… »
Surprise, elle le fit tout de suite, se dirigeant vers le soldat pour sentir ses mains, et faisant de même avec Thomas. Genesis n’aurait guère pu se proposer pour l’exercice. Ses mains étaient comme le reste de sa peau écailleuses, flétries. « Plutôt comme celles du capitaine, oui. Elles étaient dures. »
« Oui… De toutes façons, c’était évident, maintenant que j’y pense… Notre homme a disposé des explosifs partout. Il venait forcément d’un autre monde. »
« Une idée duquel, Genesis ? »
« À l’heure d’aujourd’hui, ça peut être n’importe lequel. La question est moins d’où il vient que où a-t-il appris à créer des explosifs. Mais c’est au moins un avantage que nous avons… peu de gens en sont capables, il faut bien reconnaître que la plupart des destructions faites dans les différents mondes de la surface se font avec de la magie. »
Les explosions étaient le chic de Port Royal, d’Illusiopolis, de mondes avancés comme San Fransokyo. Il y avait la Shinra, bien sûr.
« Bien, votre majesté. Vous devez garder le secret. Je crois qu’il est indispensable pour vos fidèles que le vol de votre Triton soit ignoré. »
« Je devrais mentir ? Je me déplace toujours avec ! »
« Nous en ferons fabriquer un faux. N’oubliez pas que votre Trident est la seule chose que craignent les anciennes sorcières de votre royaume et qui les empêchent de revenir. Qui plus est et surtout… si le Consulat ne réagit pas officiellement et si vous ne faites pas d’annonce à ce sujet, notre ennemi utilisera son arme bien plus tôt. Et nous saurons où il est. »
« À quoi bon, nous… »
« Votre majesté. Nous pouvons vaincre celui qui détient le Trident. Dès que je serai au Sommet de l’art, j’ordonnerai que soient mobilisées des dizaines d’informateurs dans tous les mondes ayant un lac, une mer ou un océan. Quand nous saurons qui est notre ennemi, nous récupérerons votre Trident, j’en fais la promesse. »
Le Roi hocha la tête. Ce voleur s’était sans doute emparé de ce qui le définissait plus ou moins en tant que monarque et éternel mais… il devait rester un peu de cet homme qui avait mérité un jour qu’on lui confiât cette arme.
« Je vais…
Un homme entra dans la pièce brusquement, un soldat. « Monseigneur, votre Majesté, nous avons sécurisé le palais. Tous les explosifs ont été enlevés. »
« Parfait. »
« Et… nous avons retrouvé le dauphin. »
L’animal entra aussitôt dans la pièce, penaud… et d’une voix claire, il s’exprima.
« Je suis navré, votre Majesté, je ne…
« Ne t’excuse pas. Je te demanderai de garder secret ce que tu as fait aujourd’hui. Nul ne doit savoir que mon Trident m’a été enlevé. » Genesis sourit légèrement, rassuré d’avoir fait entendre à l’Eternel. Non seulement ses arguments étaient bons, mais il était d’autant plus vital de garder ce genre de secret à l’heure où les différents royaumes pouvaient croire le Consulat affaibli. Une guerre contre la lumière, une alliance avec la Coalition noire et le Sanctum qui les rejetait. Le Trident était leur arme de dissuasion concernant les fonds marins. Nulle armée ne pouvait espérer vaincre le peuple d’Atlantica, jadis… Cela devait rester ainsi. « Qu’as-tu vu ? »
« Pas grand chose, votre majesté. Je l’emmenais quelque part mais il a lâché prise au bout d’un moment et… »
« Mais tu savais où tu l’emmenais. Mène-moi là-bas. Mon Roi, sommez mes hommes de ne révéler sous aucun prétexte la vérité concernant le Trident. Assurez-les qu’en cas de trahison, beaucoup perdront leurs privilèges. »
Une heure plus tard, Genesis se retrouva dans des fonds sombres marins, accompagnés de quelques soldats. Le dauphin avait su… où il devait mener son cavalier. Genesis pouvait en dire un peu plus, ou du moins supposer certaines choses. Bien sûr, il ordonna à ses hommes de fouiller l’endroit, de chercher un signe, un indice. Quant à lui, il prit un peu de hauteur, chercha quelques longues minutes quelques poissons semblant être là depuis assez de temps et… trouva le spécimen parfait, un bernard l’hermite, les observant chercher l’invisible.
« Monsieur… Genesis, porte-parole du Consulat. »
« Que puis-je faire pour vous, mon bon monsieur ? »
« Vous êtes là depuis quelques temps, n’est-ce pas ? »
« La veille. »
« Avez-vous vu un homme passer ? Un Triton, je veux dire. »
« Oui bien entendu ! Lui et son… vous appelez ça un vaisseau ! »
« Je vais vous conduire au concessionnaire shinra où vous pourrez voir d’autres vaisseaux. Vous me le décrirez en le comparant, je vous prie. Triton vous remerciera. »
Et il obtint, bien plus tard, sa description précise. Un chasseur, un vaisseau une place, donc… rouge pétant, avec un bec pointu et deux ailes parfaitement perpendiculaires à la coque du vaisseau… ainsi qu’une lance, sans doute un canon, situé sous l’axe principal du vaisseau. En poupe du vaisseau, une bouche, comme l’entrée d’une grotte, qui doit sans doute être son réacteur.
Dim 5 Nov 2017 - 22:13« Non monsieur. Mais nous doutons qu’il y soit… » répondit un soldat, capitaine de l’armée du Roi Triton.
« Qu’importe. »
« Que dira la Shinra, si nous investissons son concessionnaire avec une troupe armée ? » s’offusqua le Roi Triton. À vrai dire, c’était peut-être simplement une question dont la rage déterminait le ton. Il ferait certainement tout pour récupérer son Trident.
« Rien, votre Majesté. » Lui parler avec tant de déférence en cette heure lui était particulièrement désagréable. « Le Concessionnaire Shinra n’est pas une ambassade. S’il refuse de laisser patrouiller les troupes d’Atlantica sur les cités dorées, alors nous mettrons ses employés présents sur place aux arrêts. »
Genesis soupira après cette longue phrase et s’assit sur un banc de pierre. Ils étaient dans une petite pièce proche de la salle du trône, mais incroyablement plus petite et intime. Les Atlantes qui n’avaient pas l’habitude des portes ne les dérangeraient pas et… certaines décisions devaient être prises dans l’extrême secret et urgence. Le Tragédien était arrivé une vingtaine de minutes après l’incident, lorsque le territoire était en état d’alerte, parce qu’Atlantica avait averti le Jardin radieux de la disparition d’une des filles du Roi un peu plus tôt…
Dans cette salle il y avait Triton, bien sûr… un capitaine de ses armées, son conseiller, un homard du nom de Sébastien, la fille qui avait été enlevée, Alana, et son conjoint, Thomas, qui avaient tous les deux vu l’agresseur. Finalement, deux capitaines des soldats du Consulat étaient présents dans la pièce : un pour le protéger lui et un chargé de coordonner les actions militaires du Consulat dans ce monde.
« Il y a peu de chances que notre homme y soit mais nous devons nous en assurer. Capitaine, allez-y avec une vingtaine d’hommes qui n’ont pas assisté à la scène d’aujourd’hui. Ils recherchent le Trident. »
Le capitaine présent pour sa protection s’en alla aussitôt. Quant à lui, Genesis devait un peu… faire avancer les choses. Il fixa Alana, déçu de ne pouvoir se lever, quelque fatigué qu’il était. Elle semblait passablement bouleversée et encore bien davantage honteuse.
« À quoi ressemblait notre homme ? »
« C’est… difficile à dire. Il avait un casque… »
Elle baissa les yeux. Genesis se fit violence, se leva et alla vers son capitaine. « Comme ceci ? Un casque de soldat en poste ici ? »
« Oui ? »
Il leva la main sur la visière de son capitaine et la releva une seconde avant de la refermer. Elle ne cachait que le contour du contour de ses yeux, offrait une légère protection au-dessus du nez… En somme, les yeux, les sourcils, le menton, la bouche, étaient tout à fait visibles.
« Vous ne parvenez pas à décrire le capitaine ? » demanda-t-il d’une voix douce mais insistante.
« Colonel, monseigneur. » précisa l’homme à ses côtés, dont l’équipement semblait représenter une source de jeu à ce jour.
« Si si… Il… avait des yeux marrons. Un visage assez fin. Blanc. Une bouche… enfin des lèvres assez normales. Des dents blanches. »
« Plutôt bel homme ? »
« Oui, je pense. » Elle baissa la tête comme réponse finale mais…
« Et ses cheveux, mademoiselle ? Visibles ? »
« Ils dépassaient… un peu de son casque en arrière et ils étaient noirs, monseigneur. »`
« D’accord. Jouait-il bien le rôle d’un soldat du Consulat ? »
« Quand nous marchions, oui et… »
« Sa présence parmi nous n’a choqué personne. »
« Il a du voler l’armure de l’un des vôtres. Fouillez le royaume ! Si sa cible est encore en vie, il pourra nous dire précisément à quoi il ressemble ! » intervint le Roi Triton, nageant en cercle dans la pièce.
« Musclé ? »
« Oui. Relativement mince mais assez musclé. »
« Et ses mains ? Je gage que les mains d’un homme ayant toujours vécu sous la mer doivent être moins dures que celles d’un homme de la surface. Sentez les mains du colonel, comparez avec celles de votre compagnon… »
Surprise, elle le fit tout de suite, se dirigeant vers le soldat pour sentir ses mains, et faisant de même avec Thomas. Genesis n’aurait guère pu se proposer pour l’exercice. Ses mains étaient comme le reste de sa peau écailleuses, flétries. « Plutôt comme celles du capitaine, oui. Elles étaient dures. »
« Oui… De toutes façons, c’était évident, maintenant que j’y pense… Notre homme a disposé des explosifs partout. Il venait forcément d’un autre monde. »
« Une idée duquel, Genesis ? »
« À l’heure d’aujourd’hui, ça peut être n’importe lequel. La question est moins d’où il vient que où a-t-il appris à créer des explosifs. Mais c’est au moins un avantage que nous avons… peu de gens en sont capables, il faut bien reconnaître que la plupart des destructions faites dans les différents mondes de la surface se font avec de la magie. »
Les explosions étaient le chic de Port Royal, d’Illusiopolis, de mondes avancés comme San Fransokyo. Il y avait la Shinra, bien sûr.
« Bien, votre majesté. Vous devez garder le secret. Je crois qu’il est indispensable pour vos fidèles que le vol de votre Triton soit ignoré. »
« Je devrais mentir ? Je me déplace toujours avec ! »
« Nous en ferons fabriquer un faux. N’oubliez pas que votre Trident est la seule chose que craignent les anciennes sorcières de votre royaume et qui les empêchent de revenir. Qui plus est et surtout… si le Consulat ne réagit pas officiellement et si vous ne faites pas d’annonce à ce sujet, notre ennemi utilisera son arme bien plus tôt. Et nous saurons où il est. »
« À quoi bon, nous… »
« Votre majesté. Nous pouvons vaincre celui qui détient le Trident. Dès que je serai au Sommet de l’art, j’ordonnerai que soient mobilisées des dizaines d’informateurs dans tous les mondes ayant un lac, une mer ou un océan. Quand nous saurons qui est notre ennemi, nous récupérerons votre Trident, j’en fais la promesse. »
Le Roi hocha la tête. Ce voleur s’était sans doute emparé de ce qui le définissait plus ou moins en tant que monarque et éternel mais… il devait rester un peu de cet homme qui avait mérité un jour qu’on lui confiât cette arme.
« Je vais…
Un homme entra dans la pièce brusquement, un soldat. « Monseigneur, votre Majesté, nous avons sécurisé le palais. Tous les explosifs ont été enlevés. »
« Parfait. »
« Et… nous avons retrouvé le dauphin. »
L’animal entra aussitôt dans la pièce, penaud… et d’une voix claire, il s’exprima.
« Je suis navré, votre Majesté, je ne…
« Ne t’excuse pas. Je te demanderai de garder secret ce que tu as fait aujourd’hui. Nul ne doit savoir que mon Trident m’a été enlevé. » Genesis sourit légèrement, rassuré d’avoir fait entendre à l’Eternel. Non seulement ses arguments étaient bons, mais il était d’autant plus vital de garder ce genre de secret à l’heure où les différents royaumes pouvaient croire le Consulat affaibli. Une guerre contre la lumière, une alliance avec la Coalition noire et le Sanctum qui les rejetait. Le Trident était leur arme de dissuasion concernant les fonds marins. Nulle armée ne pouvait espérer vaincre le peuple d’Atlantica, jadis… Cela devait rester ainsi. « Qu’as-tu vu ? »
« Pas grand chose, votre majesté. Je l’emmenais quelque part mais il a lâché prise au bout d’un moment et… »
« Mais tu savais où tu l’emmenais. Mène-moi là-bas. Mon Roi, sommez mes hommes de ne révéler sous aucun prétexte la vérité concernant le Trident. Assurez-les qu’en cas de trahison, beaucoup perdront leurs privilèges. »
Une heure plus tard, Genesis se retrouva dans des fonds sombres marins, accompagnés de quelques soldats. Le dauphin avait su… où il devait mener son cavalier. Genesis pouvait en dire un peu plus, ou du moins supposer certaines choses. Bien sûr, il ordonna à ses hommes de fouiller l’endroit, de chercher un signe, un indice. Quant à lui, il prit un peu de hauteur, chercha quelques longues minutes quelques poissons semblant être là depuis assez de temps et… trouva le spécimen parfait, un bernard l’hermite, les observant chercher l’invisible.
« Monsieur… Genesis, porte-parole du Consulat. »
« Que puis-je faire pour vous, mon bon monsieur ? »
« Vous êtes là depuis quelques temps, n’est-ce pas ? »
« La veille. »
« Avez-vous vu un homme passer ? Un Triton, je veux dire. »
« Oui bien entendu ! Lui et son… vous appelez ça un vaisseau ! »
« Je vais vous conduire au concessionnaire shinra où vous pourrez voir d’autres vaisseaux. Vous me le décrirez en le comparant, je vous prie. Triton vous remerciera. »
Et il obtint, bien plus tard, sa description précise. Un chasseur, un vaisseau une place, donc… rouge pétant, avec un bec pointu et deux ailes parfaitement perpendiculaires à la coque du vaisseau… ainsi qu’une lance, sans doute un canon, situé sous l’axe principal du vaisseau. En poupe du vaisseau, une bouche, comme l’entrée d’une grotte, qui doit sans doute être son réacteur.