Le jour se levait, Caesys se réveillait. Il n'avait même pas remarqué qu'il s'était endormi sur le sable durant la nuit. Il se sentait engourdi, mais en pleine forme en même temps. C'était la première fois qu'il dormait, étrange sensation, presque perturbante et vite oubliée malgré tout. L'élémentaire repensait aux sirènes, pourquoi n'étaient-elles pas revenues ? Avec du recul, ça l'agaçait, il s'est senti abandonné lorsqu'il s'est retrouvé seul. Pourquoi ça le travaillait maintenant alors qu'hier, ça ne l'avait pas affecté plus que ça ? C'était la première fois qu'on n'avait pas essayé de s'en prendre à lui ou de le fuir depuis qu'il était ce qu'il est devenu. Finalement, il s'était peut-être trompé sur elles. Il pouvait leur apporter quelque chose et c'est sans-doute tout ce qu'elles désiraient, ne prenant même pas la peine de l'attendre.
C'était peut-être le moment de partir ailleurs, n'importe où. C'est naturellement vers la gare qu'il voulait se rendre. Deux jours qu'il voyait les vaisseaux faire leur train-train, à un moment il fallait bien se décider à y aller. Il s'en allait de cette plage, rejoignant les rues les plus proches, il savait à peu près par où aller. Dans sa marche, il bousculait les gens sans faire attention, sans s'arrêter ni se retourner. La plupart des personnes n'essayait même pas de l'arrêter ou de manifester leur énervement à son encontre. La plupart, sauf une.
-Lâche-moi.
-Que je te lâche ? Tu crois quoi, que j'vais t'obéir bien sagement ?
-Oui.
-Oh putain, un comique, vous entendez ça les gars ?
-Le mec qui courrait avec un chapeau ?
-Ouais ouais, c'est ça.
-Oh non mon p'tit père, on va pas te laisser tranquille.
-Ça reste un non catégorique.
Cette scène était ridicule, comment Caesys pouvait toujours se retrouver dans des situations comme celle-ci ? Tout ce qu'il désirait était d'aller d'un point A à un point B, mais le voilà en train de se battre. Il lança deux sorts d'eau dans les airs pour qu'ils forment deux sphères qui voleraient autour de lui. Après quelques secondes d'immobilité de la part de tout le monde, c'est Caesys qui décidait d'entamer à nouveau les hostilités. Il fit partir les deux sphères aussi vite qu'il pouvait sur deux des hommes pour ensuite se concentrer sur celui qui avait déclenché tout ça. Il tendit la main vers lui, tremblante et petit à petit, la cible semblait prise de vertiges, sa peau devenait pâle. De l'eau s'échappait de son corps et il ne pouvait rien faire pour l'en empêcher.
Ça aurait pu aller plus loin dans cette direction si Caesys avait pris la peine de garder son attention sur tout le monde. Un homme était arrivé à sa hauteur et le frappa violemment à la nuque. Pas de quoi l'assommer, mais assez pour l'étaler sur le sol. L'homme commençait à lui donner des coups de pieds, rapidement suivi de tous les autres, surtout celui qui avait été précisément visé par Caesys. Tous le frappaient ainsi sans retenue, sans s'arrêter dans le coin d'une ruelle. Personne ne s'arrêtait pour venir à son secours. C'était comme si personne ne le voyait ou en tout cas, tout le monde faisait comme s'il ne se passait rien. Après cinq minutes de tabassage haineux, ils arrêtaient, essoufflés. Caesys n'était pas inconscient, juste incapable de bouger, il pouvait seulement voir les mines réjouies de ses agresseurs.
-Attends, on va prendre ça !
-Bonne idée, mais maintenant, barrons-nous avant qu'on vienne nous emmerder.