- Une nouvelle était arrivée depuis quoi… Une bonne semaine, facile. Le genre mignonne, blonde, visage pur et esprit tout à fait innocent. Le genre de fantasme de la moitié des pochtrons que j’avais rencontrés dans ma misérable existence. Sauf que celle-ci, c’était une gamine. Non sérieux, elle était vraiment jeune. Rien à voir avec les quelques fois où j’ai appelé une femme de vingt ans, dans le genre bien faite là où il faut, gamine. Non là… Je lui ai demandé. Et visiblement, y avait que moi que ça intéressait puisque Belle semblait déjà le savoir.
Et la réponse : 12 ans. C’était vraiment une enfant. Mais bon, rassurez-vous, dans mon cas les enfants, c’était déjà pas touche. Non ok, on me connaît dans le genre un peu vicelard mais vis-à-vis d’une gamine, laisse tomber.
Et elle s’appelait Alice.
Je me suis fait un bref calcul... Une semaine avant l’arrivée de la gamine… Et trois depuis ma défaite contre l’autre, la Big boss ici… Et durant ces trois semaines, une où je n’ai fait qu’être nourri et soigné par Belle qui dans son extrême gentillesse, voulait aider un illustre inconnu. Ensuite quand je me suis réveillé, Voldemort avait ramené ses fesses de vieux pour me proposer un plan bizarre…
Un mois, en tout… Un mois sans revoir la lumière du jour. Mais… Vous allez vous foutre de ma gueule mais ça, encore je m’en foutais. Être avec Belle, tant de temps, c’était pareil qu’un soleil. Sa présence me réchauffait le cœur, me le réparait peu à peu. Et je vous raconte pas quand Alice nous a rejoints. Mon corps était avant ce combat contre Ariez, complètement souillé par les ténèbres les plus obscurs… Et depuis que j’étais ici, il se rétablissait.
Ca faisait un bien fou…
Chez les Songes… Si on s’est réuni, c’est pas pour rien. C’est qu’à nos propres yeux, on est vraiment qu’une bande d’âmes incomplètes. On se sent tous en carence d’une chose qu’on ne sait pas expliquer. Chez les songes, on a tous un putain de problème qui nous empêche de vivre pleinement… Un problème qui refuse que l’on puisse profiter pleinement de l’air de la liberté.
Et durant ce mois, malgré le côté humide du cachot, je me suis senti super normal… Comme vous me voyiez, j’étais plus un songe.
Par contre pour le reste, c’était à chier… Merde quoi… Un mois à être un mec normal, ok je veux bien. Mais un mois sans boire une seule goutte, ça me rendait complètement malade. Mes nuits… Bordel, mes nuits ! Adieu les beaux rêves, coincé entre deux gitanes de la Cité des Rêves. Plus rien de tout ça ! Mes rêves étaient normaux comme une tartine beurrée.
Et qu’y a-t-il de pire qu’une vie semblable à une tartine beurrée ?
Rien !!
« Jecht… ? Ca ne va pas ? »
Je lui ai adressé un regard que je pensais normal… Sans me rendre compte que je fronçais les sourcils d’un air songeur, tracassé. Elle se défaisait un peu des deux couvertures posées sur Alice et elle.
Dans ce cachot, il n’y avait de la place que pour deux matelas… Et c’était pas franchement la révolution des matelas puisqu’ils étaient vraiment pourraves. L’un plus que l’autre d’ailleurs. J’avais bien entendu pris le plus pourri des matelas, laissant l’autre aux deux dames. Ainsi que ma couverture puisqu’ils n’avaient pas pris la peine de nous en procurer une troisième pour Alice. C’était simple, je ne tombais jamais malade et j’avais le sang assez chaud pour ne plus craindre le froid et l’humidité.
Belle me jeta un regard interrogateur, avec un air mal réveillé. Faisait encore bien nuit, pourtant…
« T’inquiète Princesse, recouche-toi. »
Sans pour autant quitter son nid, elle s’enveloppa justement un peu plus de la couverture, le truc qu’avait pas l’air de déranger Alice.
« Dis-moi ce qui ne va pas. »
Une ou deux semaines plus tôt, en fait, elle s’était décidée et définitivement à me tutoyer… Et depuis qu’elle brisait les frontières, elle pouvait être chiante à toujours deviner mes pensées. Ca servait à rien de lutter. Et au fond ça me dérangeait pas si y avait qu’elle qu’entendait mes conneries.
« Bah… Tu te souviens du vieux, quand il a dit que l’Ile du destin a été détruite ? »
Elle acquiesça simplement, me laissant continuer.
« C’est là bas que j’habitais tout un temps. Et bon… »
… Non, c’était trop dur. J’avais réellement pas envie d’en parler. Ca ne me consolerait pas de parler de ce gamin. Je laissai planer un silence, regardant le vide et ne pensant plus qu’à ça.
« Oui ? »
« … Ben je m’étais attaché à l’endroit, quoi. »
J’étais qu’un sale con, bordel. Ca faisait des plombes que l’Ile du Destin était détruite et comme un crétin, m’a fallut tout ce temps pour me demander si lui allait toujours bien. Avec ça, mon seul fils, la seule chose que j’ai bien faite dans ma vie, était mort, tué par d’illustres inconnus… Je pourrais donc jamais venger sa mort.
Je pensais l’avoir abandonné dans l’espoir qu’il devienne quelqu’un de bien, quelqu’un qui se sentirait bien et qui serait super fort. Mais plus j’y pensais, plus je me rendais compte que je l’avais juste abandonné par lâcheté… Parce que je suis incapable de m’occuper d’un gosse, seul…
« Je suis vraiment désolée pour ce qui est arrivé, Jecht. »
« T’inquiète Princesse, recouche-toi, peinarde. Faut être en forme si la Bête ramène sa face de monstre pour te sauver, demain. »
Elle avait l’air complètement vannée, j’ai fait genre de plus être tracassé et elle est retourné se blottir dans sa couverture.