Nous avons transformé la table de la salle à manger en centre névralgique de notre enquête. Il est encore assez tôt, le soleil est encore caché derrière la silhouette des arbres. Nous n’avons même pas pris la peine de nous habiller pour la journée, Odile est en short et en débardeur, et moi je suis perdue dans un grand tee-shirt loose.
Nous sommes rentrées hier plutôt tard dans la nuit, le Président n’était pas là. Nous sommes simplement montées nous coucher nous promettant de nous lever dès que possible pour débriefer ensemble des éléments que nous avions obtenus.
Nous commençons à entendre des bruits en provenance de l’étage, il doit être en train de s’apprêter pour sa journée. Je lève les yeux, me laissant facilement distraire par une idée ou deux de ce qu’il est en train de faire.
-Nina, tu m’écoutes ?
Je baisse les yeux vers le dessin qu’elle m’indique sur la feuille imprimée. Nous avons photographié toutes les pages que nous avons pu trouver sur cette histoire puis nous les avons imprimées ce matin, à l’ancienne.
-Oui, je comprends. C’est le même symbole.
L’identité graphique du club s’inspire manifestement du conte, l’enseigne, les menus, et puis… un tatouage qui serait imposé à toutes les « victimes » ou quoi que ce soit d’autre, de ce que nous avons déduit.
Il surgit dans la pièce et l’atmosphère change du tout au tout. Odile se racle la gorge et pose ses pieds à terre là où quelques instants plus tôt ils étaient posés sur sa chaise, ses genoux repliés contre elle.
-Bonjour à vous.
-Oui, bonjour.
-Bonjour, Monsieur le Président.
Un silence étrange s’installe. Il s’approche de notre table et plus particulièrement du dossier de ma chaise, puis inspecte nos trouvailles sans dire mot. Je finis par poser mes mains sur les feuilles et lever les yeux vers lui.
-Excusez-nous, nous nous sommes étalées.
-Non, je vous en prie, poursuivez.
Il s’éloigne de nous et se dirige vers la cuisine. Odile et moi adoptons alors la même réaction, nous nous penchons en arrière pour voir sa silhouette agile et élancée disparaître dans l’encadrement de la porte, comme hypnotisées.
Le reste de la journée se passe relativement calmement. Le Président semble être d’humeur assez bonne, il est presque… semblerait-il pressé d’arriver à son rendez-vous du soir. Il ne nous a pas dit de quoi il retournait, peut-être dans le but de conjurer le mauvais sort. J’imagine que nous saurons quoi demain. Lui reste dans son coin, il passe des coups de fil pour la Shinra, qui continue de tourner pendant ce temps, et monte de temps à autre pour les discussions les plus confidentielles.
Odile et moi nous cherchons dans les photos du dossier et dans celles du livre, les points communs et les indices qui nous permettraient d’en savoir plus sur ce projet. A l’évidence, il faudra en découvrir plus en retournant directement à la source. Je pense inévitablement au coffre-fort mais je ne pense pas avoir le temps de m’en occuper ce soir.
Arrivées sur place, nous accédons sans trop de difficulté directement aux appartements de Pavani. Nous avons même un pass pour ouvrir la porte principale. En entrant, nous sommes accueillies par deux hommes de l’équipe de sécurité, ils nous accordent un peu plus d’attention que la dernière fois. Apparemment cette promotion nous vaut quelques avantages d’un point de vue statut, également. Il est en tout cas certain que ce n’est pas à la Shinra que j’aurais si rapidement monté les échelons.
-Bonjour Mesdemoiselles.
-Salut et bienvenue.
-Bonjour.
-Bonjour.
-Voilà, la soirée démarre à 20h. L’idée c’est que vous aménagiez un peu l’espace avec plusieurs points pour s’asseoir, pour boire autour d’une table. Il y a des mange-debout dans l’arrière-cuisine. Le bar est rempli.
-Si vous voulez on vous fait visiter.
-Non, non, je pense que ça ira.
-Un traiteur amènera les amuse-bouche vers 19h. Si vous avez besoin d’aide pour déplacer les meubles, appelez-nous, on est dans la salle de surveillance.
Il ouvre la porte en question et nous montre son contenu. Un homme est assis devant les écrans. Ce n’est pas le garde-du-corps de Pavani, j’imagine qu’il est avec l’intéressé en ce moment. Nous saluons l’homme brièvement puis nous nous dirigeons vers le salon où aura lieu la réception. Il va bien falloir jouer le jeu si nous souhaitons passer inaperçues. Nous nous mettons alors au travail et installons tout. Nous nous inspirons d’images prises sur internet puisque nous n’avons aucune expérience en la matière. Nous préparons les files de verres, prêts à être employés.
Lorsque l’heure du début de la réception sonne, nous sommes prêtes. Pavani débarque alors et en levant les mains pour les frapper l’une contre l’autre, ils nous félicite un sourire aux lèvres.
-C’est parfait mesdemoiselles.
Nous n’échappons évidemment pas au rituel de la bise.
-Vous n’aurez qu’à accueillir les gens à la porte, prendre leurs manteaux, et leurs affaires et les mettre dans la grande penderie dans le hall d’entrée.
-Très bien, Monsieur.
Quelques minutes plus tard, les invités commencent à arriver. La plupart sont habillés fastueusement, quoi que de façon un peu… ostentatoire. C’est une ambiance assez m’as-tu-vu, les gens semblent se forcer de parler d’une façon qui n’est pas la leur, c’est presque ridicule… J’imagine que la plupart d’entre eux sont des parvenus ayant atteint récemment une grande richesse en excellant dans les domaines assez discutables. Pendant que je m’occupe de les débarrasser, Odile commence déjà à servir les premiers arrivés.
Ils sont au final une petite vingtaine. Il y a un bruit constant, un bourdonnement permanent dans la salle. Certaines femmes rient pratiquement à gorges déployées, comme si elles cherchaient à se faire remarquer. Peut-être sont-elles dans le métier, après tout.
Pendant que je sers en champagne Pavani et les personnes avec qui il discute actuellement, il ne peut s’empêcher de faire un commentaire sur moi.
-Laissez-moi vous présenter ma nouvelle employée, Alix. Alix travaille désormais ici avec sa soeur Elise, que vous pouvez voir de l’autre côté de la salle.
J’échange un regard avec l’intéressée.
-Alix, voici Bergale, le manager de cet hôtel, ainsi que… Monsieur Trotta, un partenaire en affaire.
J’incline la tête et baisse les yeux. Les deux hommes me fixent quelques secondes avec curiosité puis…
-Ah, Trotta, d’ailleurs, il faudra que nous reparlions de ce fameux projet en cours. J’ai besoin que tu m’assures que tu vas avoir les permissions de la ville pour bâtir.
-Pav’, tu sais que ces choses-là prennent du temps. D’autant vu la complexité du projet. Je te rappelle que ce n’est pas un bar de pacotille que tu veux faire construire là.
Bergale toussote.
-Pardonnez-moi, Messieurs, de quoi s’agit-il et pourquoi ne suis-je pas au courant ?
Pavani s’esclaffe, manifestement amusé.
-Oh, Bergale ! Tout doux, calme-toi, ce n’est même pas un hôtel d’ailleurs, ce n’est donc pas ton domaine.
-Peut-être mais… Je peux toujours avoir un avis dessus.
Mon prétendu employeur sourit en coin.
-Je ne suis pas certain que cela soit de ton goût.
-Oh, tu sais, avec tout ce que tu fais déjà au Marques, je ne suis pas sûr de pouvoir encore être choqué.
-J’ai encore quelques atouts dans ma manche.
Il termine sa phrase en me fixant, je ne me risque pas à croiser son regard, mais je sens qu’il le fait, l’atmosphère devient plus lourde et nauséabonde. Qu’est-ce que cela veut dire ?
Nous sommes rentrées hier plutôt tard dans la nuit, le Président n’était pas là. Nous sommes simplement montées nous coucher nous promettant de nous lever dès que possible pour débriefer ensemble des éléments que nous avions obtenus.
Nous commençons à entendre des bruits en provenance de l’étage, il doit être en train de s’apprêter pour sa journée. Je lève les yeux, me laissant facilement distraire par une idée ou deux de ce qu’il est en train de faire.
-Nina, tu m’écoutes ?
Je baisse les yeux vers le dessin qu’elle m’indique sur la feuille imprimée. Nous avons photographié toutes les pages que nous avons pu trouver sur cette histoire puis nous les avons imprimées ce matin, à l’ancienne.
-Oui, je comprends. C’est le même symbole.
L’identité graphique du club s’inspire manifestement du conte, l’enseigne, les menus, et puis… un tatouage qui serait imposé à toutes les « victimes » ou quoi que ce soit d’autre, de ce que nous avons déduit.
Il surgit dans la pièce et l’atmosphère change du tout au tout. Odile se racle la gorge et pose ses pieds à terre là où quelques instants plus tôt ils étaient posés sur sa chaise, ses genoux repliés contre elle.
-Bonjour à vous.
-Oui, bonjour.
-Bonjour, Monsieur le Président.
Un silence étrange s’installe. Il s’approche de notre table et plus particulièrement du dossier de ma chaise, puis inspecte nos trouvailles sans dire mot. Je finis par poser mes mains sur les feuilles et lever les yeux vers lui.
-Excusez-nous, nous nous sommes étalées.
-Non, je vous en prie, poursuivez.
Il s’éloigne de nous et se dirige vers la cuisine. Odile et moi adoptons alors la même réaction, nous nous penchons en arrière pour voir sa silhouette agile et élancée disparaître dans l’encadrement de la porte, comme hypnotisées.
Le reste de la journée se passe relativement calmement. Le Président semble être d’humeur assez bonne, il est presque… semblerait-il pressé d’arriver à son rendez-vous du soir. Il ne nous a pas dit de quoi il retournait, peut-être dans le but de conjurer le mauvais sort. J’imagine que nous saurons quoi demain. Lui reste dans son coin, il passe des coups de fil pour la Shinra, qui continue de tourner pendant ce temps, et monte de temps à autre pour les discussions les plus confidentielles.
Odile et moi nous cherchons dans les photos du dossier et dans celles du livre, les points communs et les indices qui nous permettraient d’en savoir plus sur ce projet. A l’évidence, il faudra en découvrir plus en retournant directement à la source. Je pense inévitablement au coffre-fort mais je ne pense pas avoir le temps de m’en occuper ce soir.
Arrivées sur place, nous accédons sans trop de difficulté directement aux appartements de Pavani. Nous avons même un pass pour ouvrir la porte principale. En entrant, nous sommes accueillies par deux hommes de l’équipe de sécurité, ils nous accordent un peu plus d’attention que la dernière fois. Apparemment cette promotion nous vaut quelques avantages d’un point de vue statut, également. Il est en tout cas certain que ce n’est pas à la Shinra que j’aurais si rapidement monté les échelons.
-Bonjour Mesdemoiselles.
-Salut et bienvenue.
-Bonjour.
-Bonjour.
-Voilà, la soirée démarre à 20h. L’idée c’est que vous aménagiez un peu l’espace avec plusieurs points pour s’asseoir, pour boire autour d’une table. Il y a des mange-debout dans l’arrière-cuisine. Le bar est rempli.
-Si vous voulez on vous fait visiter.
-Non, non, je pense que ça ira.
-Un traiteur amènera les amuse-bouche vers 19h. Si vous avez besoin d’aide pour déplacer les meubles, appelez-nous, on est dans la salle de surveillance.
Il ouvre la porte en question et nous montre son contenu. Un homme est assis devant les écrans. Ce n’est pas le garde-du-corps de Pavani, j’imagine qu’il est avec l’intéressé en ce moment. Nous saluons l’homme brièvement puis nous nous dirigeons vers le salon où aura lieu la réception. Il va bien falloir jouer le jeu si nous souhaitons passer inaperçues. Nous nous mettons alors au travail et installons tout. Nous nous inspirons d’images prises sur internet puisque nous n’avons aucune expérience en la matière. Nous préparons les files de verres, prêts à être employés.
Lorsque l’heure du début de la réception sonne, nous sommes prêtes. Pavani débarque alors et en levant les mains pour les frapper l’une contre l’autre, ils nous félicite un sourire aux lèvres.
-C’est parfait mesdemoiselles.
Nous n’échappons évidemment pas au rituel de la bise.
-Vous n’aurez qu’à accueillir les gens à la porte, prendre leurs manteaux, et leurs affaires et les mettre dans la grande penderie dans le hall d’entrée.
-Très bien, Monsieur.
Quelques minutes plus tard, les invités commencent à arriver. La plupart sont habillés fastueusement, quoi que de façon un peu… ostentatoire. C’est une ambiance assez m’as-tu-vu, les gens semblent se forcer de parler d’une façon qui n’est pas la leur, c’est presque ridicule… J’imagine que la plupart d’entre eux sont des parvenus ayant atteint récemment une grande richesse en excellant dans les domaines assez discutables. Pendant que je m’occupe de les débarrasser, Odile commence déjà à servir les premiers arrivés.
Ils sont au final une petite vingtaine. Il y a un bruit constant, un bourdonnement permanent dans la salle. Certaines femmes rient pratiquement à gorges déployées, comme si elles cherchaient à se faire remarquer. Peut-être sont-elles dans le métier, après tout.
Pendant que je sers en champagne Pavani et les personnes avec qui il discute actuellement, il ne peut s’empêcher de faire un commentaire sur moi.
-Laissez-moi vous présenter ma nouvelle employée, Alix. Alix travaille désormais ici avec sa soeur Elise, que vous pouvez voir de l’autre côté de la salle.
J’échange un regard avec l’intéressée.
-Alix, voici Bergale, le manager de cet hôtel, ainsi que… Monsieur Trotta, un partenaire en affaire.
J’incline la tête et baisse les yeux. Les deux hommes me fixent quelques secondes avec curiosité puis…
-Ah, Trotta, d’ailleurs, il faudra que nous reparlions de ce fameux projet en cours. J’ai besoin que tu m’assures que tu vas avoir les permissions de la ville pour bâtir.
-Pav’, tu sais que ces choses-là prennent du temps. D’autant vu la complexité du projet. Je te rappelle que ce n’est pas un bar de pacotille que tu veux faire construire là.
Bergale toussote.
-Pardonnez-moi, Messieurs, de quoi s’agit-il et pourquoi ne suis-je pas au courant ?
Pavani s’esclaffe, manifestement amusé.
-Oh, Bergale ! Tout doux, calme-toi, ce n’est même pas un hôtel d’ailleurs, ce n’est donc pas ton domaine.
-Peut-être mais… Je peux toujours avoir un avis dessus.
Mon prétendu employeur sourit en coin.
-Je ne suis pas certain que cela soit de ton goût.
-Oh, tu sais, avec tout ce que tu fais déjà au Marques, je ne suis pas sûr de pouvoir encore être choqué.
-J’ai encore quelques atouts dans ma manche.
Il termine sa phrase en me fixant, je ne me risque pas à croiser son regard, mais je sens qu’il le fait, l’atmosphère devient plus lourde et nauséabonde. Qu’est-ce que cela veut dire ?