Nous étions finalement rentrés à la suite. Immédiatement après avoir passé la porte, je m’adossais au premier mur à portée et soupirai comme pour expulser toute la pression de la dernière heure. Le trajet du retour s’était passé sans encombres, certes, mais chaque voiture passant dans les rues à cette heure là devenait suspecte. Avec les autorités de son côté, Pavani pouvait très bien ordonner un simple drive-by.
Je me servis un verre de scotch, une dose plus généreuse estimant l’avoir méritée et je me laissais tomber dans le canapé, allongeant mes jambes sur la méridienne. Veld, lui, était encore debout et s’était débarrassé de sa veste. Il jouait avec les articulations de sa main, sans s’arrêter.
Un mauvais coup ? Demandai-je intrigué.
Non… Tu verras à mon âge, plaisanta t-il.
Il finit par s’asseoir et nous restâmes silencieux quelques minutes. Je connaissais son silence, il réfléchissait déjà à la suite des évenements. Probablement que j’aurais dû faire la même chose, mais je devais d’abord faire le vide dans mon esprit. Son gummiphone dût vibrer puisqu’il le sortit de sa poche. Il lut un message qu’il venait de recevoir et laissa lui aussi échapper un soupir.
C’est bon. Rude l’a récupéré, ils sont en route. Ils ne devraient pas mettre trop de temps.
Je hochai la tête, buvant une gorgée avant de reposer le verre sur la table basse et de me pencher pour attraper un crayon et une feuille posée là. Je commençais à écrire les quelques événements que nous avions pu obtenir lors de cette soirée. Ils étaient malheureusement peu nombreux.
Nous n’avions pas encore eu le temps de converser au sujet de nos missions respectives. Il y avait aussi Arad, qui ne donnait plus de nouvelles depuis quelques heures maintenant. Sans aller jusqu’à dire que c’en était inquiétant, je commençais à me dire que l’envoyer elle directement chez Pavani avait été une bonne idée, au vu du résultat qui semblait nous apparaître.
La porte finit par s’ouvrir. Veld alla pour se lever avant que nous n’identifions le visage de Rude et la crinière écarlate de Reno. Il se détendit et se renfonça dans le fond du canapé.
Eh bah… Vous êtes à cran on dirait, dit Reno en se dirigeant automatiquement vers le bar. On pouvait dire qu’il le méritait. Il revint avec deux verres et posa le second devant Rude qui s’était déjà assis.
Ils vous ont suivi ?
Non. Mais bon, faut pas se leurrer ils savent très bien où on se trouve.
Ça, je m’en doute.
A ce moment, je repensais à Scarlett. Vu le nombre d’hommes que Pavani nous avait envoyé d’un simple ordre, je me demandais si Ruluf et Freyra étaient suffisants pour garder sa chambre. Elle aussi était en danger, il n’était pas impossible que d’autres de ses hommes soient infiltrés dans l’hôpital. Il ne fallait toutefois pas succomber à la paranoïa.
Du coup… la banque, ça vous intéresse ou… ?
Evidemment, le coupai-je sèchement.
Il se racla la gorge avant de reprendre la parole.
Bon… Blake. Le commissaire. Il se met plutôt bien. Vu ce qu’il à l’air de gagner, je pense changer de carrière.
Reno. Au plus court. Je ne pense pas qu’il soit l’heure de plaisanter.
Je lançais à Veld un regard entendu.
Bon. En gros… Tout les mois, il a son salaire, et une autre somme plutôt généreuse qui rentre sur son compte courant. Il est clairement pas en dèche, sauf que forcément, impossible d’avoir la preuve irréfutable qu’il s’agit de Pavani. Maintenant si on repense à ce que Ni… Il se reprit immédiatement. ..Arad à entendu dans le commissariat, je pense qu’on peut lier les deux faits sans trop de risques de se planter.
Donc… Blake recevrait de l’argent de Pavani, il serait regrettable que cela vienne à se savoir.
J’ai quelque chose qui pourrait aller dans ce sens, dit Rude en se redressant sur le canapé. J’suis allé chez Blake, donc. Si vous voulez mon avis, c’est pas le genre de baraque qu’on se paye avec un salaire. J’suis rentré dans son bureau, j’ai regardé ses papiers, y’avait pas grand chose d’intéressant. Par contre, j’ai pris son ordinateur que j’ai déjà envoyé aux labos sur le vaisseau-mère, la sécurité était bidon on devrait avoir les résultats demain.
Très bien, il fau-
Attendez, ce n’est pas tout. Il a une femme, et deux gosses. L’un m’a paru adulte si on en croit la photo, l’autre est pas tout jeune non plus. Si vous le voulez, je peux m’en occuper.
Si nous faisons peur à Blake, il sera moins enclin à coopérer. J’ai déjà ma petite idée sur cette histoire, alors ne prenez pas de décisions par vous-même. La situation est délicate, j’aimerais que nous restions prudents. Autre chose ?
Je vis la commissure de ses lèvres se tendre légèrement, il réprimait un sourire. Je devinais que sa prochaine annonce était la plus intéressante.
Toujours dans le bureau, j’ai vu une vieille photo de Blake. Ça remontait à quelques années, mais à côté de lui il y avait ce qui me semblait être Pavani, forcément en plus jeune aussi. J’aurais pu prendre la photo pour faire une analyse mais… je suis sûr de mon coup.
Je reposais mon verre que j’avais repris entre temps et je croisais les bras.
Donc tout les éléments vont dans ce sens. Pavani est puissant, et il tient Blake et donc toutes les forces locales dans le creux de sa main. Rien ne nous dit que ce n’est pas le cas dans les autres mondes où il est implanté d’ailleurs. Si nous voulons l’atteindre ici, nous devons récupérer Blake, je ne vois pas d’autre solution.
De l’argent ? User de la force ? Il fallait que j’en apprenne plus sur Blake avant de réfléchir à la meilleure façon de procéder. Je finis mon verre d’une traite avant de me lever et de me tourner vers la petite assemblée qui composait le salon.
Ah, si… J’ai oublié un truc. J’ai eu des nouvelles d’Arad. Ce soir elle était chez Pavani, et elle a décidé de ne pas travailler seule.
P… Je vous demande pardon ? Vous pouvez développer ?
Je n’en sais pas plus. Je sais pas de qui il s’agit, mais apparemment c’était nécessaire. On verra bien. En tout cas elle me dit qu’elle est fiable.
Je… Je crois bien que je n’avais même pas la force de me mettre en colère. Si une personne extérieure à la Shinra était impliquée, il fallait que nous la rencontrions. Exposer les problèmes internes de la compagnie au premier venu était une terrible erreur stratégique. Et s’il s’agissait d’un des hommes de Pavani ? Nous avions eu la chance de constater qu’il savait se montrer réactif, il n’était pas impossible qu’il nous ait doublés. Je devrais tirer cette histoire au clair dès demain.
Demain, nous rediscuterons de tout ça. La soirée à été mouvementée, et je vous avouerais avoir besoin de me reposer. Si Arad revient… un jour… vous la tenez au courant de vos découvertes, elle pourra peut-être faire des liens avec des choses qu’elle aurait vu ou entendu. J’ai… je sentais la fatigue me prendre de plus en plus, peut-être à cause de l’alcool, en revenant à la suite cette après-midi, j’ai fait préparer une chambre pour vous, ça évitera qu’au moins l’un d’entre vous dorme sur le sol. Je vous veux en pleine forme. Les clés sont sur le petit meuble à côté de la porte.
Je fis quelques pas en direction de la porte de ma chambre. Je la poussais et y entrais avant de retirer ma veste. La dernière nuit que j’avais passé ici était à des années lumières des journées qui nous attendaient.
Ven 26 Mar 2021 - 21:55Je me servis un verre de scotch, une dose plus généreuse estimant l’avoir méritée et je me laissais tomber dans le canapé, allongeant mes jambes sur la méridienne. Veld, lui, était encore debout et s’était débarrassé de sa veste. Il jouait avec les articulations de sa main, sans s’arrêter.
Un mauvais coup ? Demandai-je intrigué.
Non… Tu verras à mon âge, plaisanta t-il.
Il finit par s’asseoir et nous restâmes silencieux quelques minutes. Je connaissais son silence, il réfléchissait déjà à la suite des évenements. Probablement que j’aurais dû faire la même chose, mais je devais d’abord faire le vide dans mon esprit. Son gummiphone dût vibrer puisqu’il le sortit de sa poche. Il lut un message qu’il venait de recevoir et laissa lui aussi échapper un soupir.
C’est bon. Rude l’a récupéré, ils sont en route. Ils ne devraient pas mettre trop de temps.
Je hochai la tête, buvant une gorgée avant de reposer le verre sur la table basse et de me pencher pour attraper un crayon et une feuille posée là. Je commençais à écrire les quelques événements que nous avions pu obtenir lors de cette soirée. Ils étaient malheureusement peu nombreux.
Nous n’avions pas encore eu le temps de converser au sujet de nos missions respectives. Il y avait aussi Arad, qui ne donnait plus de nouvelles depuis quelques heures maintenant. Sans aller jusqu’à dire que c’en était inquiétant, je commençais à me dire que l’envoyer elle directement chez Pavani avait été une bonne idée, au vu du résultat qui semblait nous apparaître.
La porte finit par s’ouvrir. Veld alla pour se lever avant que nous n’identifions le visage de Rude et la crinière écarlate de Reno. Il se détendit et se renfonça dans le fond du canapé.
Eh bah… Vous êtes à cran on dirait, dit Reno en se dirigeant automatiquement vers le bar. On pouvait dire qu’il le méritait. Il revint avec deux verres et posa le second devant Rude qui s’était déjà assis.
Ils vous ont suivi ?
Non. Mais bon, faut pas se leurrer ils savent très bien où on se trouve.
Ça, je m’en doute.
A ce moment, je repensais à Scarlett. Vu le nombre d’hommes que Pavani nous avait envoyé d’un simple ordre, je me demandais si Ruluf et Freyra étaient suffisants pour garder sa chambre. Elle aussi était en danger, il n’était pas impossible que d’autres de ses hommes soient infiltrés dans l’hôpital. Il ne fallait toutefois pas succomber à la paranoïa.
Du coup… la banque, ça vous intéresse ou… ?
Evidemment, le coupai-je sèchement.
Il se racla la gorge avant de reprendre la parole.
Bon… Blake. Le commissaire. Il se met plutôt bien. Vu ce qu’il à l’air de gagner, je pense changer de carrière.
Reno. Au plus court. Je ne pense pas qu’il soit l’heure de plaisanter.
Je lançais à Veld un regard entendu.
Bon. En gros… Tout les mois, il a son salaire, et une autre somme plutôt généreuse qui rentre sur son compte courant. Il est clairement pas en dèche, sauf que forcément, impossible d’avoir la preuve irréfutable qu’il s’agit de Pavani. Maintenant si on repense à ce que Ni… Il se reprit immédiatement. ..Arad à entendu dans le commissariat, je pense qu’on peut lier les deux faits sans trop de risques de se planter.
Donc… Blake recevrait de l’argent de Pavani, il serait regrettable que cela vienne à se savoir.
J’ai quelque chose qui pourrait aller dans ce sens, dit Rude en se redressant sur le canapé. J’suis allé chez Blake, donc. Si vous voulez mon avis, c’est pas le genre de baraque qu’on se paye avec un salaire. J’suis rentré dans son bureau, j’ai regardé ses papiers, y’avait pas grand chose d’intéressant. Par contre, j’ai pris son ordinateur que j’ai déjà envoyé aux labos sur le vaisseau-mère, la sécurité était bidon on devrait avoir les résultats demain.
Très bien, il fau-
Attendez, ce n’est pas tout. Il a une femme, et deux gosses. L’un m’a paru adulte si on en croit la photo, l’autre est pas tout jeune non plus. Si vous le voulez, je peux m’en occuper.
Si nous faisons peur à Blake, il sera moins enclin à coopérer. J’ai déjà ma petite idée sur cette histoire, alors ne prenez pas de décisions par vous-même. La situation est délicate, j’aimerais que nous restions prudents. Autre chose ?
Je vis la commissure de ses lèvres se tendre légèrement, il réprimait un sourire. Je devinais que sa prochaine annonce était la plus intéressante.
Toujours dans le bureau, j’ai vu une vieille photo de Blake. Ça remontait à quelques années, mais à côté de lui il y avait ce qui me semblait être Pavani, forcément en plus jeune aussi. J’aurais pu prendre la photo pour faire une analyse mais… je suis sûr de mon coup.
Je reposais mon verre que j’avais repris entre temps et je croisais les bras.
Donc tout les éléments vont dans ce sens. Pavani est puissant, et il tient Blake et donc toutes les forces locales dans le creux de sa main. Rien ne nous dit que ce n’est pas le cas dans les autres mondes où il est implanté d’ailleurs. Si nous voulons l’atteindre ici, nous devons récupérer Blake, je ne vois pas d’autre solution.
De l’argent ? User de la force ? Il fallait que j’en apprenne plus sur Blake avant de réfléchir à la meilleure façon de procéder. Je finis mon verre d’une traite avant de me lever et de me tourner vers la petite assemblée qui composait le salon.
Ah, si… J’ai oublié un truc. J’ai eu des nouvelles d’Arad. Ce soir elle était chez Pavani, et elle a décidé de ne pas travailler seule.
P… Je vous demande pardon ? Vous pouvez développer ?
Je n’en sais pas plus. Je sais pas de qui il s’agit, mais apparemment c’était nécessaire. On verra bien. En tout cas elle me dit qu’elle est fiable.
Je… Je crois bien que je n’avais même pas la force de me mettre en colère. Si une personne extérieure à la Shinra était impliquée, il fallait que nous la rencontrions. Exposer les problèmes internes de la compagnie au premier venu était une terrible erreur stratégique. Et s’il s’agissait d’un des hommes de Pavani ? Nous avions eu la chance de constater qu’il savait se montrer réactif, il n’était pas impossible qu’il nous ait doublés. Je devrais tirer cette histoire au clair dès demain.
Demain, nous rediscuterons de tout ça. La soirée à été mouvementée, et je vous avouerais avoir besoin de me reposer. Si Arad revient… un jour… vous la tenez au courant de vos découvertes, elle pourra peut-être faire des liens avec des choses qu’elle aurait vu ou entendu. J’ai… je sentais la fatigue me prendre de plus en plus, peut-être à cause de l’alcool, en revenant à la suite cette après-midi, j’ai fait préparer une chambre pour vous, ça évitera qu’au moins l’un d’entre vous dorme sur le sol. Je vous veux en pleine forme. Les clés sont sur le petit meuble à côté de la porte.
Je fis quelques pas en direction de la porte de ma chambre. Je la poussais et y entrais avant de retirer ma veste. La dernière nuit que j’avais passé ici était à des années lumières des journées qui nous attendaient.