A l’ouverture des portes, elle lève les yeux et regarde devant elle, sa vue s’arrête instantanément sur moi. Elle semble surprise, et fatiguée aussi.
Il est six heures du matin. J’ai quitté l’hôtel plutôt tôt pour m’assurer de ne pas être vue le quittant et ne pas risquer d’être associée au Président. J’ai également opté pour un style plus féminin et provocateur que celui auquel je suis habituée en travaillant à la Shinra. Un short noir en jeans en dessous des fesses par dessus des collants noirs plutôt transparents. Cela me rappelle mes années à Londres, même si évidemment la mode a bien changé.
Elle baisse les yeux sur ma tenue et me regarde, dubitative.
-Pourquoi t’es habillée comme ça ?
-Pour ce qu’on va faire aujourd’hui. Et… peut-être même pour quelques jours.
-Quoi ?
Elle encaisse le coup, elle n’a pas l’air ravie. Je lui ai juste envoyé un message hier soir lui demandant de me rejoindre urgemment à Costa. Quelques minutes après l’annonce de Reno, la solution m’était apparue : j’ai infiniment plus de chance de réussir à m’infiltrer chez Pavani avec l’aide de Odile. Je connais mes atouts physiques, je sais que je plais la plupart du temps, mais être une belle femme ne suffirait pas à me précipiter dans la cour proche de ce magnat hôtelier. Alors qu’à deux…
Je l’emmène sur la plage, histoire de pouvoir discuter tranquillement sans être espionnées par qui que ce soit. Nous nous asseyons sur un banc et regardons la mer.
-Bon, explique-moi. Je suis venue parce que tu as insisté mais…
-J’ai besoin qu’on se fasse embaucher chez le plus grand cador de Costa del Sol.
-C’est… pas ton Président, l’homme le plus puissant ici ?
-Non… enfin, j’en sais rien, mais on s’en fiche. C’est justement à sa demande que je suis ici et que je te demande ce service.
Plus la conversation avance, plus Odile semble préoccupée, mais je n’arrive pas à savoir si cela va dans mon sens ou non.
-Rufus Shinra veut que tu te fasses engager chez…
-Un homme appelé Pavani. Il est propriétaire de plusieurs hôtels ici. Il contrôle sans doute aussi la police, et dieu sait quoi d’autre.
J’ai baissé d’un ton, même s’il n’y a personne dans les alentours.
-Il s’en est pris à la secrétaire du Président.
-Ah bah, c’est génial ça, tu devrais lui dire merci.
Je la regarde droit dans les yeux, la situation ne m’amuse définitivement pas.
-Elle était sous ma surveillance, ça n’aurait pas vraiment joué en ma faveur si…
-Ouais, je vois.
-Bref, il a visiblement estimé que j’étais la personne parfaite pour cette mission, en raison de mon relatif anonymat.
-Et aussi parce qu’il préfère t’envoyer toi en enfer qu’un de ses bras droits.
C’est tristement vrai, mais je sais qu’elle a raison. Et je sais que cette mission est risquée, je sais que j’ai beaucoup à y perdre et que d’une certaine façon je suis mise à l’épreuve mais… C’est cela ou partir tout de suite et disparaître des radars de la Shinra.
-J’ai passé la nuit à fouiller sur mon gummiphone pour trouver des renseignements sur lui, ses hôtels. J’ai consulté la presse, les potins sur la jet-set pour découvrir où il se rend le plus souvent le soir.
-Et où est-ce que c’est ?
-L’hôtel Marques. C’est un des gros hôtels, au bout de la balade qui borde la plage. Ils ont aussi un restaurant, une boite de nuit, un club privé et des bars.
-Ca a l’air d’être un fêtard, ta cible.
-Et apparemment, ils recherchent des hôtesses pour le club privé. Je t’avais déjà appelée en le découvrant, et je me suis dit que c’était parfait.
-Parfait. Parfait pour quoi ?
-Toi, et moi en hôtesses. On se présente comme des soeurs et…
Odile pose ses deux mains sur mes épaules, me secoue légèrement et me regarde droit dans les yeux.
-Attends, t’es sérieuse là ? On va pas aller se foutre toutes les deux dans un piège pareil. S’ils découvrent nos motivations et que le gars est aussi puissant que tu le prétends, on sera dans son hôtel, parmi ses gens, on sera mortes.
Je comprends ce qu’elle me dit, évidemment, mais je ne réagis pas vraiment. Je n’ai pas le temps, je ne veux pas son avis, tout ce que je veux c’est son aide. Je sais que ça peut marcher. Tout ce qu’il faut faire c’est réussir à attirer l’attention de Pavani pour réussir à l’approcher sans qu’il se doute de nous. Voyant que je ne réagis pas et que je suis plongée dans mes réflexions.
-Tu m’inquiètes. J’ai accepté de venir, alors que tu m’en dois déjà une, mais là… ça va trop loin. T’es plus toi-même, on dirait que t’es possédée.
Je serra sa main dans la mienne.
-Odile, j’ai besoin de toi.
J’inspire un grand coup. Toute cette agitation a des effets sur mon contrôle intérieur, j’ai l’impression que ma peau s’évapore.
-Tu as raison. Je ne suis plus moi-même parce que je sais que je suis dans mes derniers retranchements. Et c’est quitte ou double. Je te promets que si…
-Si ?
-Que si ça se passe mal, je disparaitrai de la Shinra. Et on ira où tu voudras.
Elle hausse les épaules et soupire.
-Je ne te crois pas de toute façon.
-J’insiste, je le ferai. Je n’aurai pas le choix d’ailleurs…
Elle n’est toujours pas enthousiaste, mais elle commence à se laisser faire, je sens sa volonté s’éroder à mesure que mes arguments s’étalent sur la table fictive qui nous sépare.
-Bon. Et qu’est-ce qu’on doit faire en tant qu’hôtesse ? Je parie que c’est dégradant…
Quelques heures plus tard, nous nous retrouvons toutes les deux en tenue de travail. C’est une petite robe noire moulante avec des escarpins vernis de la même couleur.
Les convaincre de nous mettre à l’essai n’a pas été compliqué, même si le club est endroit pour les plus privilégiés. Ils n’ont eu qu’à nous voir ensemble et ils n’ont plus voulu nous laisser partir.
Notre manager s’appelle Curtis. C’est un homme à la peau noire et au crâne rasé, il porte un costume et quelques bijoux couteux en or. Ce n’est pas très subtile mais je suppose que cela convainc les visiteurs.
Il s’approche d’Odile et moi, nous sommes dans les coulisses, c’est à dire dans la partie du club réservée au personnel. Il nous enlace toutes les deux de ses épaules.
-Bon, les filles, je compte sur vous pour me convaincre. Vous me gérer les tables de 6 à 12. Tout ce qu’ils demandent, vous leur apportez. S’ils veulent jouer aux jeux, vous les conduisez à une table de jeux, s’ils veulent une chambre à l’hôtel, vous vous occupez de la réservation. Le plus important c’est…
-Qu’ils n’aient pas envie de repartir…? -C’est ça, bien joué Elise…Euh… C’est toi Elise hein ? -Oui, c’est ça.
-Et toi, c’est Alix.
-Exact.
-Qu’est-ce qu’on fait s’ils sont trop….
-Tactiles ? Tu demandes à un des hommes d’intervenir mais bon… Entre toi et moi, une main sur la fesse, c’est pas bien grave, si ? Puis ils laissent de meilleurs pourboires dans ces cas-là.
Je sens qu’Odile me fusille du regard. J’évite alors de le croiser. Curtis conclut en nous murmurant quelque chose puis il s’en va.
-Et si jamais vous acceptez quelque chose avec quelqu’un, je ne veux pas le savoir !
Odile attend quelques secondes, qu’il se soit suffisamment éloigné avant de pester.
-Je rêve ou il était en train de nous suggérer d’accepter de nous prostituer.
J’observe le club tout autour de nous. Il est plein de lieux sombres, de recoins où les gens peuvent se cacher, se mettre à l’écart et à l’aise. Ça ressemble presque à…
-Non, c’est ça, c’est pratiquement un bordel.
Je la sens fulminer. Elle tape du pied.
-Ecoute, calme-toi. Si Pavani ne vient pas ce soir, on trouvera un autre moyen…
-Nononon. S’il ne vient pas, rappelle-moi ce que tu m’as promis.
Je l’emmène à part pour mettre les choses au coin.
-Tu te rends bien compte que je ne vais pas pouvoir régler cette histoire en une soirée.
-Non mais…
-Bon, sois patiente alors. Et puis, j’ai une bonne intuition pour ce soir.
-Si je devais me fier à ce que tu dis à chaque fois que t’as une bonne intuition…
-Bon, viens, des gens arrivent.
Encore un peu plus tard, nous nous occupons à deux de nos clients attribués. Nous nous présentons ensemble, faisons notre petit numéro de charme, elle est plus chaleureuse et tactile, tandis que je suis plus froide et distante. Je sens que les regards de toute la salle, au delà même de nos tables, se tournent avec une certaine insistance dans notre direction.
Au bout d’un moment je sens Odile approcher dans mon dos, son souffle sur ma nuque puis elle murmure quelque chose près de mon oreille.
-Tu as vu qui est là ?
Je tourne les yeux dans la direction qu’elle m’indique.
-C’est lui, non ?
J’ai vu un certain nombre de photos de lui, alors, oui, je le reconnais. C’est le moment de se faire remarquer. Désormais lorsque je me déplace dans la scène, je fais souvent en sorte de passer à proximité de son carré, et j’incite Odile à faire pareil. Nous nous mettons dans des positions favorables lorsque nous nous adressons à nos clients.
Alors que je prends une bouteille de champagne dans le frigo, j’écoute Odile se plaindre, assise sur un tabouret.
-J’ai mal aux pieds… puis j’ai vraiment l’impression d’être un bout de viande.
-Ca va les filles ?
Curtis vient de débarquer plein d’enthousiasme sans qu’on ne l’ait vu arriver. Odile sursaute.
-Ouais, euh, ça va.
Nous le fixons toutes les deux, il semble avoir quelque chose à dire.
-Le patron voudrait vous rencontrer. Franchement, vous avez de la chance, c’est peu courant ! Vous avez dû lui taper dans l’oeil.
Intérieurement, je crie à la victoire, et même si je sens qu’Odile est loin d’être enthousiaste, je souris à Curtis.
-D’accord, on arrive tout de suite.
Je sors mon gummiphone et envoie discrètement un message à Reno.
Il est six heures du matin. J’ai quitté l’hôtel plutôt tôt pour m’assurer de ne pas être vue le quittant et ne pas risquer d’être associée au Président. J’ai également opté pour un style plus féminin et provocateur que celui auquel je suis habituée en travaillant à la Shinra. Un short noir en jeans en dessous des fesses par dessus des collants noirs plutôt transparents. Cela me rappelle mes années à Londres, même si évidemment la mode a bien changé.
Elle baisse les yeux sur ma tenue et me regarde, dubitative.
-Pourquoi t’es habillée comme ça ?
-Pour ce qu’on va faire aujourd’hui. Et… peut-être même pour quelques jours.
-Quoi ?
Elle encaisse le coup, elle n’a pas l’air ravie. Je lui ai juste envoyé un message hier soir lui demandant de me rejoindre urgemment à Costa. Quelques minutes après l’annonce de Reno, la solution m’était apparue : j’ai infiniment plus de chance de réussir à m’infiltrer chez Pavani avec l’aide de Odile. Je connais mes atouts physiques, je sais que je plais la plupart du temps, mais être une belle femme ne suffirait pas à me précipiter dans la cour proche de ce magnat hôtelier. Alors qu’à deux…
Je l’emmène sur la plage, histoire de pouvoir discuter tranquillement sans être espionnées par qui que ce soit. Nous nous asseyons sur un banc et regardons la mer.
-Bon, explique-moi. Je suis venue parce que tu as insisté mais…
-J’ai besoin qu’on se fasse embaucher chez le plus grand cador de Costa del Sol.
-C’est… pas ton Président, l’homme le plus puissant ici ?
-Non… enfin, j’en sais rien, mais on s’en fiche. C’est justement à sa demande que je suis ici et que je te demande ce service.
Plus la conversation avance, plus Odile semble préoccupée, mais je n’arrive pas à savoir si cela va dans mon sens ou non.
-Rufus Shinra veut que tu te fasses engager chez…
-Un homme appelé Pavani. Il est propriétaire de plusieurs hôtels ici. Il contrôle sans doute aussi la police, et dieu sait quoi d’autre.
J’ai baissé d’un ton, même s’il n’y a personne dans les alentours.
-Il s’en est pris à la secrétaire du Président.
-Ah bah, c’est génial ça, tu devrais lui dire merci.
Je la regarde droit dans les yeux, la situation ne m’amuse définitivement pas.
-Elle était sous ma surveillance, ça n’aurait pas vraiment joué en ma faveur si…
-Ouais, je vois.
-Bref, il a visiblement estimé que j’étais la personne parfaite pour cette mission, en raison de mon relatif anonymat.
-Et aussi parce qu’il préfère t’envoyer toi en enfer qu’un de ses bras droits.
C’est tristement vrai, mais je sais qu’elle a raison. Et je sais que cette mission est risquée, je sais que j’ai beaucoup à y perdre et que d’une certaine façon je suis mise à l’épreuve mais… C’est cela ou partir tout de suite et disparaître des radars de la Shinra.
-J’ai passé la nuit à fouiller sur mon gummiphone pour trouver des renseignements sur lui, ses hôtels. J’ai consulté la presse, les potins sur la jet-set pour découvrir où il se rend le plus souvent le soir.
-Et où est-ce que c’est ?
-L’hôtel Marques. C’est un des gros hôtels, au bout de la balade qui borde la plage. Ils ont aussi un restaurant, une boite de nuit, un club privé et des bars.
-Ca a l’air d’être un fêtard, ta cible.
-Et apparemment, ils recherchent des hôtesses pour le club privé. Je t’avais déjà appelée en le découvrant, et je me suis dit que c’était parfait.
-Parfait. Parfait pour quoi ?
-Toi, et moi en hôtesses. On se présente comme des soeurs et…
Odile pose ses deux mains sur mes épaules, me secoue légèrement et me regarde droit dans les yeux.
-Attends, t’es sérieuse là ? On va pas aller se foutre toutes les deux dans un piège pareil. S’ils découvrent nos motivations et que le gars est aussi puissant que tu le prétends, on sera dans son hôtel, parmi ses gens, on sera mortes.
Je comprends ce qu’elle me dit, évidemment, mais je ne réagis pas vraiment. Je n’ai pas le temps, je ne veux pas son avis, tout ce que je veux c’est son aide. Je sais que ça peut marcher. Tout ce qu’il faut faire c’est réussir à attirer l’attention de Pavani pour réussir à l’approcher sans qu’il se doute de nous. Voyant que je ne réagis pas et que je suis plongée dans mes réflexions.
-Tu m’inquiètes. J’ai accepté de venir, alors que tu m’en dois déjà une, mais là… ça va trop loin. T’es plus toi-même, on dirait que t’es possédée.
Je serra sa main dans la mienne.
-Odile, j’ai besoin de toi.
J’inspire un grand coup. Toute cette agitation a des effets sur mon contrôle intérieur, j’ai l’impression que ma peau s’évapore.
-Tu as raison. Je ne suis plus moi-même parce que je sais que je suis dans mes derniers retranchements. Et c’est quitte ou double. Je te promets que si…
-Si ?
-Que si ça se passe mal, je disparaitrai de la Shinra. Et on ira où tu voudras.
Elle hausse les épaules et soupire.
-Je ne te crois pas de toute façon.
-J’insiste, je le ferai. Je n’aurai pas le choix d’ailleurs…
Elle n’est toujours pas enthousiaste, mais elle commence à se laisser faire, je sens sa volonté s’éroder à mesure que mes arguments s’étalent sur la table fictive qui nous sépare.
-Bon. Et qu’est-ce qu’on doit faire en tant qu’hôtesse ? Je parie que c’est dégradant…
Quelques heures plus tard, nous nous retrouvons toutes les deux en tenue de travail. C’est une petite robe noire moulante avec des escarpins vernis de la même couleur.
Les convaincre de nous mettre à l’essai n’a pas été compliqué, même si le club est endroit pour les plus privilégiés. Ils n’ont eu qu’à nous voir ensemble et ils n’ont plus voulu nous laisser partir.
Notre manager s’appelle Curtis. C’est un homme à la peau noire et au crâne rasé, il porte un costume et quelques bijoux couteux en or. Ce n’est pas très subtile mais je suppose que cela convainc les visiteurs.
Il s’approche d’Odile et moi, nous sommes dans les coulisses, c’est à dire dans la partie du club réservée au personnel. Il nous enlace toutes les deux de ses épaules.
-Bon, les filles, je compte sur vous pour me convaincre. Vous me gérer les tables de 6 à 12. Tout ce qu’ils demandent, vous leur apportez. S’ils veulent jouer aux jeux, vous les conduisez à une table de jeux, s’ils veulent une chambre à l’hôtel, vous vous occupez de la réservation. Le plus important c’est…
-Qu’ils n’aient pas envie de repartir…? -C’est ça, bien joué Elise…Euh… C’est toi Elise hein ? -Oui, c’est ça.
-Et toi, c’est Alix.
-Exact.
-Qu’est-ce qu’on fait s’ils sont trop….
-Tactiles ? Tu demandes à un des hommes d’intervenir mais bon… Entre toi et moi, une main sur la fesse, c’est pas bien grave, si ? Puis ils laissent de meilleurs pourboires dans ces cas-là.
Je sens qu’Odile me fusille du regard. J’évite alors de le croiser. Curtis conclut en nous murmurant quelque chose puis il s’en va.
-Et si jamais vous acceptez quelque chose avec quelqu’un, je ne veux pas le savoir !
Odile attend quelques secondes, qu’il se soit suffisamment éloigné avant de pester.
-Je rêve ou il était en train de nous suggérer d’accepter de nous prostituer.
J’observe le club tout autour de nous. Il est plein de lieux sombres, de recoins où les gens peuvent se cacher, se mettre à l’écart et à l’aise. Ça ressemble presque à…
-Non, c’est ça, c’est pratiquement un bordel.
Je la sens fulminer. Elle tape du pied.
-Ecoute, calme-toi. Si Pavani ne vient pas ce soir, on trouvera un autre moyen…
-Nononon. S’il ne vient pas, rappelle-moi ce que tu m’as promis.
Je l’emmène à part pour mettre les choses au coin.
-Tu te rends bien compte que je ne vais pas pouvoir régler cette histoire en une soirée.
-Non mais…
-Bon, sois patiente alors. Et puis, j’ai une bonne intuition pour ce soir.
-Si je devais me fier à ce que tu dis à chaque fois que t’as une bonne intuition…
-Bon, viens, des gens arrivent.
Encore un peu plus tard, nous nous occupons à deux de nos clients attribués. Nous nous présentons ensemble, faisons notre petit numéro de charme, elle est plus chaleureuse et tactile, tandis que je suis plus froide et distante. Je sens que les regards de toute la salle, au delà même de nos tables, se tournent avec une certaine insistance dans notre direction.
Au bout d’un moment je sens Odile approcher dans mon dos, son souffle sur ma nuque puis elle murmure quelque chose près de mon oreille.
-Tu as vu qui est là ?
Je tourne les yeux dans la direction qu’elle m’indique.
-C’est lui, non ?
J’ai vu un certain nombre de photos de lui, alors, oui, je le reconnais. C’est le moment de se faire remarquer. Désormais lorsque je me déplace dans la scène, je fais souvent en sorte de passer à proximité de son carré, et j’incite Odile à faire pareil. Nous nous mettons dans des positions favorables lorsque nous nous adressons à nos clients.
Alors que je prends une bouteille de champagne dans le frigo, j’écoute Odile se plaindre, assise sur un tabouret.
-J’ai mal aux pieds… puis j’ai vraiment l’impression d’être un bout de viande.
-Ca va les filles ?
Curtis vient de débarquer plein d’enthousiasme sans qu’on ne l’ait vu arriver. Odile sursaute.
-Ouais, euh, ça va.
Nous le fixons toutes les deux, il semble avoir quelque chose à dire.
-Le patron voudrait vous rencontrer. Franchement, vous avez de la chance, c’est peu courant ! Vous avez dû lui taper dans l’oeil.
Intérieurement, je crie à la victoire, et même si je sens qu’Odile est loin d’être enthousiaste, je souris à Curtis.
-D’accord, on arrive tout de suite.
Je sors mon gummiphone et envoie discrètement un message à Reno.
NinaTu peux dire au Président que je m’apprête à rencontrer Pavani. Je me suis fait embaucher à l’hôtel Marques, dans leur club. Je te dirai comment ça s’est passé plus tard.