Et n’oubliez pas, je suis disponible à peu près tout le temps, Monsieur le Président ! J’attendrai votre appel !
Pressé de terminer cet entretien pour le moins… inintéressant, je tentais de diriger le docteur Schneizen en dehors de mon bureau. Celui-ci avait résisté, rajoutant toujours quelque chose à son idée plus que médiocre mais il avait enfin fini par passer la porte et je la refermai immédiatement. Je soupirai longuement, adossé contre le mur avant de me frotter le visage. Je fis quelques pas en direction de mon bureau avant de m’y rasseoir.
Scarlett était absente aujourd’hui, j’avais jugé bon de lui laisser sa journée de libre. Après tout, je m’étais bien accordé un temps de pause hier. Avant de nous quitter, elle avait pourtant insisté pour que nous profitions de la journée ensemble, mais je ne pouvais pas me le permettre. Une journée en dehors du vaisseau-mère était déjà beaucoup. Je me saisis de mon gummiphone et lui envoyai tout de même un message lui demandant de ne plus accepter Schneizen en tant que rendez-vous.
La demie heure dont je disposais avant mon prochain rendez-vous ne me suffirait pas à rattraper le temps perdu à écouter les inepties de mon employé. Je décidai de m’allumer un cigare avant d’appuyer sur l’interphone et… de ne rien en faire. Pas de café, je décidai de me rabattre sur un verre de scotch qui m’aiderait probablement mieux à me détendre.
Je restais immobile quelques instants. Plusieurs choses me passaient par la tête à cet instant, je repensais au Battle Royale, aux Turks, à cette rencontre sur la plage de Costa del Sol qui avait bien failli me coûter ma participation. Je repensais aussi à la nuit dernière, une pensée qui me calmait en quelque sorte, et puis… à la trahison d’Arad. Je me demandais finalement si l’assigner à la protection de Scarlett avait été une bonne idée. Je lui envoyai un message pour savoir comment sa journée se passait.
Je finis par ouvrir l’un de mes tiroirs et je me mis à fouiller dedans. J’en ressortis l’une des récompenses que j’avais gagné à l’issue du Battle Royale, une sphère, de la même taille que les materais d’invocation que nous produisions. Je la pris en main et la détaillai sous toutes ses coutures. Le Lord Business m’avait dit qu’elle renfermait une créature qui obéirait aux ordres de son porteur, mais je n’avais pas encore eu l’occasion de m’en occuper.
Je cherchais un bouton sur sa surface, quelque chose qui pourrait déclencher le mécanisme permettant de libérer la créature de cette boule mais je ne trouvais rien. Après cinq bonnes minutes à la retourner dans tout les sens, je finis par la poser sur mon bureau. Je me saisis de mon verre et ne la vis pas rouler, jusqu’à tomber sur le sol. Un bruit semblable à aucun autre retentit dans la pièce alors qu’un faisceau lumineux se dressait depuis l’autre côté de mon bureau. Il vint terminer sa course au milieu de mes dossiers, et j’eus comme réflexe de m’en éloigner. Il prit la forme d’une créature, avant de la faire se matérialiser au milieu du meuble.
Nucléééééoooossss !
Je levai un sourcil, intrigué par ce qu’il venait de se passer. Etait-ce vraiment… la fameuse créature ? Ce noyau emprisonné dans de la gelée verdâtre… répugnante ? Je tendis mon doigt dans sa direction pour le toucher.
Nuclénucléos !
Il vint à ma rencontre, mon doigt s’enfonçant dans la gelée tiède. Au toucher, c’était déroutant. Il ouvrit grand les yeux et vint se frotter à mon doigt que je m’empressai de retirer, réprimant un haut-le-coeur. Au moins, cette chose n’avait pas d’odeur particulière. Je jetai un regard à Nation Noire, couchée à côté de mes pieds. Elle avait relevé la tête et sa queue se balançait de gauche à droite en l’observant.
Est-ce que tu as… un nom ?
Nucléos ! Nucléos ! Nucléos !
C’était la seule chose qu’il avait su dire jusqu’à maintenant. Aucune certitude quant au fait qu’il s’agissait bien de son nom. Je me levai pour rejoindre l’un des coins de mon bureau et il me suivit en flottant dans les airs. Une fois à ma hauteur, je posai ma main dessus, tachant de ne pas succomber au dégoût, et pinçai la gelée tentant d’en retirer un morceau. La chose était élastique, et je fus arrêté par un cri plaintif. Je venais de lui faire mal.
Ses propriétés étaient fascinantes pour de la gelée. Les molécules qui la composaient semblaient inséparables, et ce même s’il était possible de les déformer. Je ne remarquai que maintenant que Nation Noire s’était levée, elle aussi, rôdant en dessous de ce blob flottant. Elle n’attaquait pas, ce qui signifiait que cette chose n’était pas dangereuse, du moins pour le moment.
J’avais besoin d’en savoir plus, mais l’heure tournait et mon prochain rendez-vous n’allait pas tarder à arriver. J’aurais aimé tester ses résistances, qu’il s’agisse du froid, de la chaleur, de la force. Etait-il seulement possible de l’écraser, et si oui, pouvait-il se reformer ? Quel était le rapport entre le noyau et la gelée, comment cette forme de vie fonctionnait-elle ?
Je me résignais et retournais près de mon bureau, ramassant la sphère rouge et blanche qui trainait sur le sol. Je la tendis dans sa direction et lui désignais l’intérieur de la boule de mon index pour qu’il retourne à l’intérieur. Je restais quelques secondes immobile, sans obtenir le moindre résultat.
Au même moment, mon dernier rendez-vous de la matinée arriva dans la pièce. Le seconde classe Traüter me salua comme le faisaient les SOLDATs, avant d’oublier toute démarche militaire.
Hé, mais… vous avez un Pokémon, Monsieur ? C’est trop cool !
Mon regard se porta tour à tour sur le seconde classe, puis sur Nucléos, et enfin sur la sphère que je tenais dans les mains.
Vous dites ?
Vous ne connaissez pas les Pokémons ?
N…on ?
Il tenta de garder son sérieux, mais je vis à son regard changeant qu’il se retenait de se moquer de moi.
Comment fais-je pour faire rentrer cette chose dans cette boule ?
Dans la Pokéball ? Vous… avez juste à lui demander de revenir, je crois.
Je soupirais.
Nucléos, reviens, dis-je en tendant la pokéball dans sa direction. Le Pokémon afficha une mine peinée avant de se dématérialiser en ce même faisceau rouge, et j’assistais au processus inverse, le regardant disparaître au coeur de son réceptacle. Je posai finalement la sphère sur mon bureau avant de me retourner vers le seconde classe.
Pas. Un. Mot.
Je ne dirai rien ! Vous avez ma parole, dit-il le sourire aux lèvres.
Asseyez-vous, dis-je en m’asseyant de mon côté du bureau. Vous veniez me voir, je crois… pour une promotion ?
C’est bien cela. Ma femme et moi attendons un heureux événement et…
Vos états de services sont bons. Toutefois, je n’accepterai qu’à une condition.
Il sembla surpris, je le vis comme se redresser sur sa chaise. Il n’osa pas prendre la parole tout de suite, de peur de me couper.
Dites m’en plus au sujet de ces « pokémons ».
Ven 12 Mar 2021 - 19:18Pressé de terminer cet entretien pour le moins… inintéressant, je tentais de diriger le docteur Schneizen en dehors de mon bureau. Celui-ci avait résisté, rajoutant toujours quelque chose à son idée plus que médiocre mais il avait enfin fini par passer la porte et je la refermai immédiatement. Je soupirai longuement, adossé contre le mur avant de me frotter le visage. Je fis quelques pas en direction de mon bureau avant de m’y rasseoir.
Scarlett était absente aujourd’hui, j’avais jugé bon de lui laisser sa journée de libre. Après tout, je m’étais bien accordé un temps de pause hier. Avant de nous quitter, elle avait pourtant insisté pour que nous profitions de la journée ensemble, mais je ne pouvais pas me le permettre. Une journée en dehors du vaisseau-mère était déjà beaucoup. Je me saisis de mon gummiphone et lui envoyai tout de même un message lui demandant de ne plus accepter Schneizen en tant que rendez-vous.
La demie heure dont je disposais avant mon prochain rendez-vous ne me suffirait pas à rattraper le temps perdu à écouter les inepties de mon employé. Je décidai de m’allumer un cigare avant d’appuyer sur l’interphone et… de ne rien en faire. Pas de café, je décidai de me rabattre sur un verre de scotch qui m’aiderait probablement mieux à me détendre.
Je restais immobile quelques instants. Plusieurs choses me passaient par la tête à cet instant, je repensais au Battle Royale, aux Turks, à cette rencontre sur la plage de Costa del Sol qui avait bien failli me coûter ma participation. Je repensais aussi à la nuit dernière, une pensée qui me calmait en quelque sorte, et puis… à la trahison d’Arad. Je me demandais finalement si l’assigner à la protection de Scarlett avait été une bonne idée. Je lui envoyai un message pour savoir comment sa journée se passait.
Je finis par ouvrir l’un de mes tiroirs et je me mis à fouiller dedans. J’en ressortis l’une des récompenses que j’avais gagné à l’issue du Battle Royale, une sphère, de la même taille que les materais d’invocation que nous produisions. Je la pris en main et la détaillai sous toutes ses coutures. Le Lord Business m’avait dit qu’elle renfermait une créature qui obéirait aux ordres de son porteur, mais je n’avais pas encore eu l’occasion de m’en occuper.
Je cherchais un bouton sur sa surface, quelque chose qui pourrait déclencher le mécanisme permettant de libérer la créature de cette boule mais je ne trouvais rien. Après cinq bonnes minutes à la retourner dans tout les sens, je finis par la poser sur mon bureau. Je me saisis de mon verre et ne la vis pas rouler, jusqu’à tomber sur le sol. Un bruit semblable à aucun autre retentit dans la pièce alors qu’un faisceau lumineux se dressait depuis l’autre côté de mon bureau. Il vint terminer sa course au milieu de mes dossiers, et j’eus comme réflexe de m’en éloigner. Il prit la forme d’une créature, avant de la faire se matérialiser au milieu du meuble.
Nucléééééoooossss !
Je levai un sourcil, intrigué par ce qu’il venait de se passer. Etait-ce vraiment… la fameuse créature ? Ce noyau emprisonné dans de la gelée verdâtre… répugnante ? Je tendis mon doigt dans sa direction pour le toucher.
Nuclénucléos !
Il vint à ma rencontre, mon doigt s’enfonçant dans la gelée tiède. Au toucher, c’était déroutant. Il ouvrit grand les yeux et vint se frotter à mon doigt que je m’empressai de retirer, réprimant un haut-le-coeur. Au moins, cette chose n’avait pas d’odeur particulière. Je jetai un regard à Nation Noire, couchée à côté de mes pieds. Elle avait relevé la tête et sa queue se balançait de gauche à droite en l’observant.
Est-ce que tu as… un nom ?
Nucléos ! Nucléos ! Nucléos !
C’était la seule chose qu’il avait su dire jusqu’à maintenant. Aucune certitude quant au fait qu’il s’agissait bien de son nom. Je me levai pour rejoindre l’un des coins de mon bureau et il me suivit en flottant dans les airs. Une fois à ma hauteur, je posai ma main dessus, tachant de ne pas succomber au dégoût, et pinçai la gelée tentant d’en retirer un morceau. La chose était élastique, et je fus arrêté par un cri plaintif. Je venais de lui faire mal.
Ses propriétés étaient fascinantes pour de la gelée. Les molécules qui la composaient semblaient inséparables, et ce même s’il était possible de les déformer. Je ne remarquai que maintenant que Nation Noire s’était levée, elle aussi, rôdant en dessous de ce blob flottant. Elle n’attaquait pas, ce qui signifiait que cette chose n’était pas dangereuse, du moins pour le moment.
J’avais besoin d’en savoir plus, mais l’heure tournait et mon prochain rendez-vous n’allait pas tarder à arriver. J’aurais aimé tester ses résistances, qu’il s’agisse du froid, de la chaleur, de la force. Etait-il seulement possible de l’écraser, et si oui, pouvait-il se reformer ? Quel était le rapport entre le noyau et la gelée, comment cette forme de vie fonctionnait-elle ?
Je me résignais et retournais près de mon bureau, ramassant la sphère rouge et blanche qui trainait sur le sol. Je la tendis dans sa direction et lui désignais l’intérieur de la boule de mon index pour qu’il retourne à l’intérieur. Je restais quelques secondes immobile, sans obtenir le moindre résultat.
Au même moment, mon dernier rendez-vous de la matinée arriva dans la pièce. Le seconde classe Traüter me salua comme le faisaient les SOLDATs, avant d’oublier toute démarche militaire.
Hé, mais… vous avez un Pokémon, Monsieur ? C’est trop cool !
Mon regard se porta tour à tour sur le seconde classe, puis sur Nucléos, et enfin sur la sphère que je tenais dans les mains.
Vous dites ?
Vous ne connaissez pas les Pokémons ?
N…on ?
Il tenta de garder son sérieux, mais je vis à son regard changeant qu’il se retenait de se moquer de moi.
Comment fais-je pour faire rentrer cette chose dans cette boule ?
Dans la Pokéball ? Vous… avez juste à lui demander de revenir, je crois.
Je soupirais.
Nucléos, reviens, dis-je en tendant la pokéball dans sa direction. Le Pokémon afficha une mine peinée avant de se dématérialiser en ce même faisceau rouge, et j’assistais au processus inverse, le regardant disparaître au coeur de son réceptacle. Je posai finalement la sphère sur mon bureau avant de me retourner vers le seconde classe.
Pas. Un. Mot.
Je ne dirai rien ! Vous avez ma parole, dit-il le sourire aux lèvres.
Asseyez-vous, dis-je en m’asseyant de mon côté du bureau. Vous veniez me voir, je crois… pour une promotion ?
C’est bien cela. Ma femme et moi attendons un heureux événement et…
Vos états de services sont bons. Toutefois, je n’accepterai qu’à une condition.
Il sembla surpris, je le vis comme se redresser sur sa chaise. Il n’osa pas prendre la parole tout de suite, de peur de me couper.
Dites m’en plus au sujet de ces « pokémons ».