Je cours vers Peach, après avoir vérifié qu’Hengameh allait bien. « Princesse ! » Je… Je sanglote directement, et je la prends dans mes bras. Ma tête vient se réfugier dans son cou et je pleure toutes les larmes de mon corps. Je grimace tellement que c’en est horrible mais je peux pas m’arrêter. J’ai souri quatre secondes comme j’ai jamais souri, puis… j’ai tout lâché. « Chh… » La Princesse Peach me serre contre elle, caresse mon crâne d’une de ses mains. Quelques secondes après, je sens le contact d’Hengameh contre moi. J’ouvre mes bras pour l’accueillir contre moi, je la serre… et je ferme les yeux, entourée par ces deux personnes que j’adore. Je finis par saisir Peach au visage, je la force à se pencher, comme elle est un peu plus grande que moi, et je l’embrasse sur la joue en y mettant tout mon cœur. Elle met sa main devant sa bouche, trop pin-up, un air gêné.

« Je n’ai pas assez d’énergie pour lancer le Peach en fleurs. » dit-elle, désolée, en nous regardant chacune dans les yeux. Elle est belle comme un cœur, est… super bien roulée, et est ultra badasse, mais y a une part de moi qui la regarde comme si la mère que j’ai jamais eue. Enfin…
Je souris.
« Ce n’est pas grave, vous nous avez sauvées. » dit Hengameh en faisant le sourire le plus généreux qu’elle ait en stock. « Mais ! Je peux quand même vous offrir quelque chose ! » C’est Père Noël. Cette Princesse est la bénédiction de cet event. Elle se penche vers chacune d’entre nous et, exactement comme dans la Salle d’Arcade, dépose un baiser sur notre front. Et… Je vais pas dire que la douleur disparait, que j’oublie ma contusion aux côtes, ma grosse brûlure qui a déformé ma peau dans le dos, ou tous les coups que je viens de recevoir et chaque centimètre de ma peau qui me fait mal. Mais je me sens plus légère, revigorée.

Et elle sent tellement bon. Sérieux, là elle a fait l’event comme nous, elle est blessée comme nous, mais elle sent toujours le cerisier ! Je recule un peu, et je fronce les sourcils. Je ne peux pas… Je…
« Attends, il faut qu’on discute ! » Je vois qu’une caméra nous tourne autour. Une… 3DVO, sauf erreur ! Je rougis un peu, essaie de me concentrer sur Peach, en me rendant compte que la caméra a sûrement filmé absolument TOUTE la scène. De moi qui m’enrage sur les sans-cœurs, moi qui me fais sauver par Peach, moi qui pleure…
« Je… C’est horrible ce que je vais dire, Peach, mais je ne vais pas te laisser gagner ! »

« Et moi non plus ! » Elle fronce les sourcils et pose le bout de son club de golf sur son épaule avec détermination. Ok… Je sais pas si elle veut qu’on… se batte maintenant, ou… « Mais je refuse de t’attaquer. Donc. » Je lève un sourcil un peu interrogateur, en espérant qu’elle trouve une fin. « On reste unies tant que c’est possible ! Et si nous nous retrouvons toutes les trois dans le Top 3, il sera toujours temps de nous bagarrer ! » Elle hoche la tête. « Ok ! » dit Hengameh en ramassant ses armes. Et… ça me va aussi. Je souris. « On doit absolument trouver la cache d’armes. »

On cherche la lumière rouge dans le ciel, la balise pour nous indiquer le vendeur le plus proche. Sans se séparer, on fait plus ou moins le tour du quartier. Pendant ce temps-là, je reprends mon pistolet laser à Hengameh. Elle a encore trois chargeurs de fusils d’assaut, donc c’est pas un problème. On détruit les sans-cœurs qu’on croise, à trois, méthodiquement. C’est… Je ne sais pas si c’est le bisou de Peach mais ma colère est partie, genre évaporée. Je repense à Nina avec des frissons, clairement, mais là où je pensais y a dix minutes que j’aurais une rancœur éternelle envers elle…

Je sais pas. Je suranalyse peut-être trop. Ou je cherche trop à me convaincre que c’est pas une mauvaise personne. Mais elle a joué avec Hengameh, l’a torturée dans ses mains, mais… elle a eu deux bonnes minutes pour la tuer, et elle ne l’a pas fait. Alors bon. Est-ce que c’est une idiote ou est-ce qu’elle souhaitait secrètement que je la descende ? Moi je… J’ai un doute.


« Là ! » crie Hengameh, en pointant une cache d’armes. Bêtement devant la boutique au centre de la place. On est passées devant tout à l’heure sans réaliser. On y va tranquillement. « Je pense que si on est si tranquille… » commence Hengameh, assez sérieuse mais c’est quand même chouette de l’entendre partager ses pensées. « c’est parce que tout le monde a compris qu’il y avait beaucoup de sans-cœurs ici. Et les sans-cœurs, depuis le début, c’est forcément Nina qui les lançait. » Je hoche la tête. Ouais. La meuf s’est fait la plus belle vie, elle s’est juste posée ici, a déversé tous ces monstres dans les rues et a attendu que destin se fasse ! Roh je te jure, je te parle d’un gameplay ! « Et ça sert à rien d’éliminer des sans-cœurs. C’est juste dangereux. »

« Carrément. » Je souris à Hengameh alors qu’on approche de la cache d’armes. Je viens poser ma main sur son épaule et la serre affectueusement. Ah… je sens que les larmes recommencent à monter. Je me concentre sur la cache d’armes. J’ai jamais autant pleuré de ma vie que durant cet event à la noix ! « On prend quoi ? »

« Des munitions en masse pour le fusil d’assaut ! Toutes les deux ! » On commande. Notre argent est soustrait automatiquement. Avec la fin de l’event et avec tous les combats qu’on a faits, on a tellement amassés, c’est un énorme délire. Juste avec le kill de Nina, j’ai de quoi m’acheter plus ou moins ce que je veux. Le mog a rapporté beaucoup d’argent à Hengameh, et elle a eu quelques personnes aussi avec sa grenade, tout à l’heure, contre les consuls. Finalement, le seul souci, bah… « Fahimeh avait plus que nous, en fait. »

« Oui. C’est elle qui a eu le sac d’insectes et les trois filles en jupe. » Je fronce les sourcils. Non c’était deux filles en jupe et un garçon. Mais c’était avant tout des étudiants de l’Académie du Consulat ! « Et Atossa. Gros gros kill. » Je hausse les sourcils. Si on avait vraiment tout notre temps, je regarderais l’arme la plus chère. « Fa’ aurait pu s’acheter une ogive nucléaire, je suis sûre. » Je rigole toute seule. Hengameh a pas l’air de comprendre. Ok bon.
Après les munitions de fusil d’assaut, je prends des munitions pour le sniper, et… un pompe auto gold. Pour faire honneur à Fa’, justement ! Je rends le pistolet laser à Hengameh, qui le met à sa ceinture.

« Peach ? Tu as assez pour ce que tu veux ? »

« J’aimerais cette raquette toute dorée et une dizaine de balles de tennis mais… c’est un peu cher. »

« Une raquette… ? » Je souris. « J’adore ton style ! Je te file de quoi te faire plaisir ! » Et finalement, je prends six grenades. Trois pour moi et trois pour l’aînée. « On… »

« Le voile. » dit Peach en levant les yeux. Elle pointe la voute rouge au-dessus de nous. Je sens une boule dans mon ventre, je respire un peu difficilement mais je parviens à sourire. « Il semble avancer plus vite. » Je hoche la tête. Il se rapproche de nous. Et... Non. J’ai pas l’impression qu’on soit au centre de la zone. Je regarde vers une grande porte que je n’ai pas empruntée jusqu’ici. « Allons-y ! » Nous la poussons. Il y a un picto 4. Ok bon… Niveau inventivité, dans cette ville, c’est plutôt rudimentaire !

On avance quelques centaines de mètres, en marchant. Je vais pas pleurer parce qu’y a pas d’action, clairement. J’ai mon sniper en main, Hengameh a son fusil d’assaut, et Peach sa raquette de tennis et une balle qu’elle fait rebondir de temps en temps sur le sol. Y a… énormément de personnes désaturées qui sont là, à attendre la fin de l’event, les yeux rivés sur.. Un mec tombe, vingt mètres devant nous, du ciel, comme ça. Le mec est éliminé parce que… On lève les yeux. Hengameh nous pousse brusquement vers l’un des murs encerclant le quartier, sous le renfoncement de la muraille.
« C’était quoi ? » dis-je, le dos contre la pierre froide des remparts, les yeux encore en l’air, alors que je peux rien voir avec ce genre de préau au-dessus de moi. Henga’ nous lâche. Je lui fais un sourire interrogateur. « Je sais pas. Ca volait. Comme un hoverboard. » Je fronce les sourcils. Aie. À part à SF, ça existe nulle part, ça. Et dans ma tête, les gros de SF sont tous tombés contre moi ou les uns contre les autres. Purée, je pensais pas que j’aurais encore du contest de ce monde, limite je l’ai complètement oublié en même pas quatre jours.

« On avance. » dis-je. « Mais en restant sous la muraille. » Et… on descend un petit escalier. Je m’attarde pas sur le fait qu’il est joli mais… il est vraiment joli. Et on a une meilleure vue sur le quartier, au bout de quelques pas. Et… je m’attarde pas sur le fait qu’il est moche mais purée, il est complètement explosé ! Y a pas un truc ! Je… j’arrive même pas à m’imaginer le tableau en temps normal ! Y a que… des cratères, des vieilles fondations en flammes, des morceaux de vitre everywhere. Y a une énorme place, enfin… parlons plutôt d’un terrain vague, à ce stade. Il monte quand même. Et tout au bout, un truc qui est resté debout, un genre de cirque. « C’est là. » prononce Peach d’un ton résolu. Ouais. Ca semble logique. Je hoche la tête et on continue d’avancer. Pendant de longues minutes, on monte cette pente assez grosse, qui est quand même dure à encaisser avec genre… 35 heures sans sommeil. Je pense à Fa’. Limite je l’envie d’être tranquille, désaturée, à péter la forme. Après tout ce qu’elle a vécu, c’est bête à dire mais elle mérite de se reposer plus que n’importe qui. Enfin. Ca se trouve elle est vivante ! On sait pas ! Peut-être qu’elle a eu Business ! Je souris en pensant à ça.

« Regardez ! » dit Peach en pointant le ciel de son doigt. Il y a un truc. L’hoverboard, je… Aucune idée de ce que c’est. Je pointe mon snipe vers le machin, loge ma pupille dans le scope. « C’est Roxas. » Je souris, en ressentant une peur immense doublée d’une petite fierté. Pas que… Pas que je sois fière de lui. J’ai pas besoin, le mec est un monstre et tout le monde le sait. Mais je suis encore en vie, maintenant, alors qu’il l’est aussi. Ca se trouve, il pense que je suis dead. Et… je me posais la question pour lui. La dernière fois que je l’ai vu, je crois qu’il allait soutenir les fondations de mon immeuble pour me donner le temps de sauver Hengameh et Fa’. « Tu vas tirer ? » me demande Henga, les sourcils froncés. Je secoue la tête. Je me suis assez bien habituée aux caméras qui tournent autour de nous, qui voyagent. Elles sont trop petites pour qu’on les voie de loin, donc je pense pas qu’elles vont me repérer. Je crois que le public serait content de voir que je loge une tête à Rox’. Mais ça ne sert pas tellement notre projet et…

Je suis pas… bonne tireuse à ce point, en fusil de précision, surtout. Ca servirait juste à énerver le titan. Il vole à des dizaines de mètres, je le vois en contreplongée… Là-haut, y a pas mal de vent. Je suis pas assez bonne, clairement. Je baisse mon snipe.
« On va quand même rester à couvert. Mais je pense pas qu’il m’attaquera. Mais… » Je pense à la contreplongée et ça me donne une idée. Je sors mon gummiphone, le lève légèrement et… « Posez, les filles. On a les cheveux gras…» Enfin… deux d’entre nous, en tous cas. « Et on est sales. Mais on est magnifiques. » Je prends quelques photos de nous trois. J’en ai d’autres d’Hengameh et de Fa’, mais… je n’aurai plus l’occase plus tard.
Au bout d’un moment, on ne peut plus avancer. On reste immobiles, sous la muraille, regardant prudemment Roxas du haut de son machin truc qui vole. Et c’est le plus gros calme avant la tempête que t’aies jamais vu. Il veille de là-haut. Et nous on se cache. La zone progresse… on la voit mais…
« Je commence à croire qu’on s’est trompées. » chuchote Peach. Le truc c’est que la zone n’avance pas partout pareil. Quand on regarde du côté du Colisée, il… y a bien une évolution, nette ! On la voit arriver de plus en plus vite. Mais en face de nous ? Il y a une grande porte avec le numéro 5. Et au loin seulement, bien au-delà de la porte, on peut voir la délimitation de la zone qui elle, progresse zéro.

« S’il y a un 6ème quartier, je m’énerve. » plaisante Hengameh. Je rigole. « Il bouge ! » dit Peach, super concernée par l’avenir de Roxas. Ok… « On fonce ! » Je sprinte. Nous passons devant le Colisée, genre on s’en fiche royal. Et on pousse les portes. Je me retourne pour voir où est Hengameh. Juste à côté de moi. Mes yeux se posent sur Roxas qui va vers la zone. Euh… Bon. Il a sûrement une idée de malade derrière la tête, peu importe. Et… cinquième quartier, nous voilà.