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Nous sommes quatorze ans après les évènements de Kingdom Hearts 2. En tant d’années, les choses ont considérablement changé. Les dangers d’hier sont des soucis bénins aujourd’hui, et au fil du temps, les héros ont surgi de là où on ne les attendait pas. Ce sont les membres de la lumière qui combattent jour après jour contre les ténèbres.

Ce n’est plus une quête solitaire qui ne concerne que certains élus. C’est une guerre de factions. Chaque groupe est terré dans son quartier général, se fait des ennemis comme des alliés. Vivre dehors est devenu trop dangereux. Être seul est suicidaire. A vous de choisir.

La guerre est imminente... chaque camp s'organise avec cette même certitude pour la bataille.

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Ah non, certainement pas.

J’m’étais jeté dans le portail que la sans-coeur avait utilisé pour s’enfuir. Je savais pas où il menait, mais dans le pire des cas, ça m’empêchait pas d’aller lui botter le cul et de repartir ensuite vers Traverse. Le problème c’est que les ténèbres de son portail étaient pas les même que celles des miens. Je me sentais oppressé de fou, c’était une sensation putain de désagréable. C’était comme si les trucs les plus sombres venaient t’enlacer, genre… sympa, avant de resserrer autour de toi d’un coup. Mon souffle était coupé, et j’avais l’impression que ça s’immisçait directement dans mon coeur.

C’était p’tête l’affaire de quelques secondes tout au plus, avant qu’on déboule dans la salle des machines près du sommet de l’église de la ville. J’me suis fait comme éjecter, balancé depuis le portail en direction d’un truc electrique. J’ai roulé pour éviter de m’electriser, et j’me suis rattrapé in-extremis avant de me casser la gueule. Elle est proche, mais là tout de suite je la vois pas.

J’ai dégainé mes keyblades avant d’en pointer une en direction de la porte de sortie pour la verrouiller. De quoi fallait que je me méfie ? Un sans-coeur, surtout un doué d’une réelle conscience, c’est toujours un nid à emmerdes. On sait jamais quand ils te sortent leur super attaque qui explose la moitié du décor.


Ton nom, que j’demande un peu dans le vide.

Je lui demande parce que ça me casse les couilles de pas savoir comment l’appeler. Y’a rien qui l’empêche de me donner un nom bidon, mais au moins j’aurais quelque chose. Je regarde autour de moi, voir si y’a des trucs qui peuvent m’être utiles, mais franchement y’a que dalle. Des petites plateformes qui montent et qui descendent, et un genre d’horloge cramée qui affiche quinze heures douze. Je soupire.

Je passe une seconde porte et j’arrive dans une grande salle avec des engrenages qui bougent dans tout les sens. Je finis par l’apercevoir, dans le fond de la pièce. Vraisemblablement, sa sortie aussi est verrouillée. Je jette une keyblade dans sa direction. Elle vole a travers la pièce et se plante dans le mur juste à côté d’elle. Je l’ai pas ratée, je veux juste capter son attention.

Elle me remarque alors que je m’avance vers elle. Je charge un sort de foudre que je lance dans sa direction. Elle l’évite, alors je recommence une fois, deux fois, et puis je m’aperçois que ce sera pas avec ça que je pourrais la toucher.


Allez quoi, rends toi et je fais ça propre, sans-coeur.

Sans-coeur ? Oh putain, on dirait que je deviens ce que je déteste. Il me manquerait plus qu’une armure qui me fait un gros cul et je suis éligible au poste de chef de la garde au château disney.

Elle était au courant ta pote ? C’est toléré ça, à la Shinra ?

Si elle me répond que oui, c’est fini. Ça en fait vraiment le pire groupe de losers, juste après la coalition et leurs efforts devenus ridicules pour prouver au monde entier que c’est des vrais bad guys. J’sais pas c’que Kuro branle de son temps libre, mais y’a des fois, j’me dis qu’il mérite mieux. Imagine deux secondes qu’il fasse pas d’la merde. J’suis sûr que ça pourrait être un type cool. Mais bon, pour l’heure ça reste un coalisé, donc… Ouais.

J’étais chaud pour balancer une dernière punchline, et puis… non. En vrai, j’étais surtout intéressé par les réponses qu’elles pouvait me donner. Si je pouvais en savoir un peu plus sur la Shinra, c’était toujours ça de pris.
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Je n’ai pas cherché à atterrir ici. J’ai juste pensé à cette ville et le passage m’a menée ici. Comme d’habitude, il me fallait quelques instants pour me remettre de l’invocation du portail en sortant. Mais je n’ai pas eu ce temps. J’ai senti que je n’étais pas seule, et qu’il m’avait suivi. Merde, pourquoi ne pas avoir pensé qu’il pourrait me suivre ? C’était tellement évident. Sans reprendre apparence humaine je me suis fondue dans le décor puis ai fui vers une autre pièce.

Je l’entends me demander mon nom de l’autre côté de la porte. S’il avait écouté Temerys il aurait su que l’on m’appelait Nina à la Shinra. Mais il devait être trop absorbé par l’idée de me surveiller lors de cette soirée.

Sa keyblade vient frôler ma tête, allant jusqu’à trancher quelques uns de mes cheveux de ténèbres. Je reprends forme humaine. J’évite les coups de foudre de justesse. On ne peut pas dire qu’il se  donne de la peine pour me toucher. Je fais dos au mur, il s’approche. Son attitude est froide et déterminée, comme le serait la mienne si j’étais à sa place à ce moment.

-C’est Nina. Nina Arad, en fait. C’est ainsi qu’on m’appelle là-bas. T’as commenté un de mes postes ce mois-ci.

Je ne lui ai définitivement pas laissé un souvenir impérissable. Il évoque évidemment la question qui fâche, la seule raison qui m’a fait hésiter à invoquer tous ces sans-cœurs, puis à reprendre forme initiale. Si le monde venait à découvrir cela, mon histoire avec la Shinra prendrait une fin précipitée et tous mes projets, toute mon attention concentrée autour de cette même personne n’aurait plus de sens.

-Si je te disais que oui, tu ne me croirais pas. Nous ne sommes les bienvenus nulle part, n’est-ce pas ? Les similis, c’est bien différent. Qui est simili peut aspirer à être accepté partout, même au Château de la Lumière. Nul besoin de se cacher en permanence.

Tandis que sa keyblade se dématérialise juste à côté de moi, me laissant ainsi plus confortable je croise les bras derrière mon dos. Je fais apparaître deux rondouillards qui l’encerclent,  il les fait disparaître en deux coups de keyblade chacun, sans même les contourner. Tout mon respect pour cela.

-Ma « pote » ne sait rien, pas plus que mon boss, tu comptes t’en servir contre moi ou…quelque chose du genre ?

A quoi bon mentir ? Qu’est ce qu’il pourrait bien retirer d’un chantage avec moi, de toute façon ?  J’ai l’énorme avantage par rapport à lui, de ne pas avoir grand-chose de stratégique à offrir. J’ai beaucoup à perdre mais… rien à offrir ? Je suis totalement dispensable pour l’entreprise, je ne connais pas de secret critique. Un jour j’ai passé un marché avec Kurt Brown, du temps où il essayait d’accéder à la position de TURK, je crois que je n’obtiendrai jamais le service qu’il m’avait promis en contrepartie.
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Sa reflexion sur les similis était… tellement fausse. Être un sans-coeur, être un simili, c’était la même chose. Je m’étais battu pour être accepté, j’avais fait mille et une choses pour la Lumière et le seul surnom auquel j’avais eu droit c’était justement ce que j’étais. Ouais, ok j’avais un coeur, c’était l’accomplissement d’une vie hein. Bah pour avoir vécu les deux cas, j’peux te dire que c’est beaucoup plus facile quand t’en as pas.

Nan, j’te vois venir, là tu te dis que je vais partir un couplet adolescent, genre je sais tout, la vie c’est trop de la merde, alors que non. Nan, même pas. C’que je veux juste dire, c’est que coeur ou pas, je suis un simili. J’serais jamais vraiment moi, j’serais toujours le double de quelqu’un. Un sujet de laboratoire à la limite, un truc créé par une manipulation spécifique.

Mais un truc créé pour botter des culs. Une erreur qu’il aurait fallu corriger, mais dont on est quand même bien content de pouvoir compter dessus quand ça commence à puer la merde. Une erreur qui va chercher le père noël au fin fond du cul des cachots de la coalition, une erreur qui aide ses potes. J’pourrais me rassurer en me disant que j’suis l’erreur qu’on a aimé commettre !

C’était pas ses discours de merde qui allaient me foutre dans un mauvais mood. J’étais là pour montrer encore à tout le monde que j’étais une légende. Une fois de plus. J’étais là pour être le dernier survivant, merde.

En réponse a ses deux pauvres rondouillards de merde, j’ai invoqué une dizaine de samouraïs, et j’les ai lancés sur la sans-coeur. Je le faisais un peu pour la tester, pour voir ce dont elle était capable en fait. Parce que… je sais pas. Peut-être que c’était le fait d’avoir quitté Havrevas, de savoir qu’elle pouvait plus s’en prendre à mes gens, mais j’me sentais plus zen.

J’dis pas que j’allais taper la discute avec elle autour d’un plat de charcuterie hein, mais… J’étais moins motivé à défoncer là, sur le champ. Y’avait un coup à jouer, et des trucs à comprendre. Qu’est-ce qu’elle pouvait en avoir à foutre de participer à tout ça si leurs seules envies c’était de bouffer le coeur des gens ? On pouvait même pas réellement tuer, alors… pourquoi ?

Les samouraïs se sont donc rués sur elle, leurs deux sabres bien en avant comme pour la transpercer de part en part. Elle évita plusieurs de leurs coups avant de se dégager de sa position pour se replacer. Ses mouvements étaient pas forcément les plus gracieux du monde, j’veux dire, elle avait pas ma classe, c’était sûr. Mais… ils démontraient quand même un savoir faire. La question étant…


Quel rang ? Première, deuxième, ou troisième classe ?

Je voulais savoir, et j’voulais surtout voir ce que valait un soldat de telle ou telle classe. On racontait partout que les première classe étaient des oufs mais moi j’en avais jamais cogné. Des gros malades surentraînés. Je savais que y’en avait peu, et qu’on les balançait quand les deuxième classe suffisaient pas à gérer une situation donnée. Suffisait d’une escouade pour renverser le cours d’une bataille normale. Alors, un qui se présentait devant moi comme ça… C’était une source d’infos inattendue. C’était le moyen de voir a quoi faudrait s’attendre avec les gars.

Nina Arad, hein. Putain, je lâchais tellement de conneries sur gumminow que je me rappelais même plus à qui j’avais bien pu parler. Ça devait pas être quelqu’un de très public… ce… qui se comprenait vu son état.

Toujours aux prises avec les samouraïs, j’en profite pour lancer deux boules de feu dans sa direction, ainsi que mes keyblades. A moins qu’elle se découvre une vivacité nouvelle, elle serait forcée de se prendre soit l’un, soit l’autre. A moins que tu ne veuilles me surprendre, Nina le sans-coeur de la Shinra ?


Vas-y, montre les moi tes ténèbres. Donne tout, histoire que t’aies pas de regrets.
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-Je ne suis pas soldat, je vais là où on a besoin de moi, faire des missions diverses, enquêter, ce genre de choses.

Parfois des trucs pas glorieux comme le coup de la torture avec M. Brown, un genre de turk mais en version très lointaine du Président, à mon plus grand regret…? Puisque oui, combien de fois l’avais-je vraiment vu sur toutes ces années ? Une fois. Scarlett, oui par contre, je commençais à connaître la moindre de ses expressions.

Je suis encerclée par ses similis. Pour un humain au coeur bien manifeste, je commence à me dire qu’il s’en sert beaucoup. J’appelle quelques sans-coeurs bandits à ma rescousse, souvenir d’une vie à Agrabah. Ils combattent pour moi tandis que je reprends forme originelle et que je m’en prends aux samouraïs directement au corps à corps, bloquant leur coup de sabre avec mes mains, mes jambes.

J’entends alors quelque chose fendre l’air et foncer sur nous. Des boules de feu et des keyblades. J’évite le feu mais ce sont deux de mes bandits qui disparaissent derrière à leur contact. Malgré tout je me prends une keyblade dans le ventre. La force qu’il a mis dedans suffit à me projeter contre un de ses samurai. Je me relève sur lui, et le détruis, exprimant toute la rage que me fait naître la douleur de l’impact.

Je me tourne ensuite vers mon challenger, des yeux jaunes affamés luisent dans les ténèbres de mon visage noir encadré par des mèches de cheveux virevoltant. Il semble me tester, tout cela n’est qu’un jeu de plus pour lui. Il veut sans doute jauger ce que je vaux, moi qui ai osé m’en prendre à ses proches. Là où il voit un jeu, moi je vois une opportunité de sortir de ce pallier sur lequel je semble être coincée. Alors, qui est le plus légitime à ce jeu ?

-Ca va ? Le Spectacle est à ton goût ?

Je sens mes instincts sauvages et farouches renaître. Je sais que même si j’en avais les capacités je ne pourrais atteindre son coeur, mais l’envie est trop forte. Je me jette sur lui, faisant fi des similis qui me barrent la route. Je me prends plusieurs coups de sabre mais qu’importe. Je sens les fissures sur mon enveloppe, elles brulent ce qui me sert de chair. Mais j’atteins mon but, j’atteins son corps et, visiblement surpris, il me repousse violemment avec ses mains alors que mon visage était à quelques centimètres de son palpitant. Je pouvais presque le sentir crépiter sous mes doigts. Le choc est à nouveau violent, je suis propulsée contre des mécanismes en route, me prenant les arêtes d’un écrou en plein dos.

Je me relève, je tente de canaliser mes forces.

Mais quelque chose d’autre m’alerte, quelque chose de plus lointain, et pourtant. Le sol se met à trembler, les murs, aussi, puis le plafond. Je vois une fissure s’étendre d’un bout de la pièce à l’autre et la pièce est bientôt écrasée par des murs et des gravats qui tombent des étages supérieurs. J’évite le choc en me transformant aussitôt en trois cygnes et m’envole. Pourquoi ne pas profiter de cet instant pour fuir mon adversaire hors d’atteinte. Il ne l’aura pas vu venir non plus ce coup-là. Mais les accès sont toujours fermés.

Je finis par reprendre forme humanoïde et je le cherche dans la fumée. Je ne vois plus ses similis. Le feu a atteint notre étage et se met bientôt à rendre la vision à plus d’un mètre impossible. Aurait-il déjà fui les lieux ?

Je suis bientôt entourée par les flammes, des foyers commencent à naître de tous les côtés. Une fois de plus, je me retrouve face aux flammes de l’enfer. Il faut que je m’échappe d’ici. Tant pis si je dois affronter ses keyblades pour m’en sortir.

-J’imagine qu’il y a pire que mourir de la main des ténèbres.
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Donc c’est même pas un soldat. Je suis en train de me battre contre les réservistes, l’équipe B. Chiant en fait. J’vais te dire mon ressenti, j’ai l’impression que trouver un mec de la Shinra, c’est facile. Mais en trouver un qui pèse dans le game, c’est impossible. J’te jure que depuis Kurt, j’en ai pas vu un seul qui tient la route. C’est à peine s’ils savent foutre un pied devant l’autre.

Et moi du coup, je m’attendais à mieux. Surtout quand la meuf passe de l’état de bonnasse à celle de truc méga dégueulasse, un peu flippant. Je les ai vus ses yeux, tout jaunes. J’les ai vus de très près même quand elle venue lorgner sur mon coeur. Je l’ai repoussée, dans l’espoir qu’elle disparaisse dans le mécanisme d’un engrenage, mais c’était quand même un peu trop soudain pour que je puisse réellement viser.

Pour couronner le tout, un p’tit connard avait trouvé marrant de faire sauter le toit au dessus de nous. C’était complètement une chute de pierre, avec à la clé la chute d’un clocher dans un coin de la pièce. Ça réduisait quand même drastiquement la taille de l’arène. Et pour autant, impossible d’en sortir le trou ayant été quasi immédiatement rebouché par la grosse cloche de Traverse. Ça, plus le feu naissant… soit on allait mourir asphyxiés, soit carbonisés.

J’me suis mis à retenir ma respiration. J’étais loin d’en avoir fini, c’était hors de question que je perde à cause d’une toux, ou quoi que ce soit qui puisse être encore plus débile. La Nina semble chercher à s’échapper. Elle se transforme en trois piafs mais ne parvient pas à trouver de sortie. Elle oublie, puis se retrouve encerclée par les flammes. Je m’entour d’une barrière neutralisant la magie, et je marche au travers des flammes une keyblade en mains. On me hurle de l’abattre sur elle, et je ressens le besoin de lutter. C’est comme si je refusais d’en finir maintenant.

Alors, je l’attrape par les cheveux et je la soulève pour mettre son visage à ma hauteur. Les pulsions que je ressens en moi à ce moment là viennent clairement pas de la keyblade. La keyblade c’est propre, c’est la lumière qui veut niquer les ténèbres. C’est pas des voix qui te demandent de lui arracher les cheveux, ou les bras. C’est un devoir, pas une envie de faire souffrir.

Je tente d’essayer de faire le vide dans ma tête. J’oublie pas que je tiens quand même mon ennemie à portée de main. Mais je sens que ça monte en moi, en fait je m’inquiète. J’repensais à c’que Ven m’avait dit, au fait que je devais éviter d’utiliser les portails. Ça faisait quelques fois que je les avais utilisés sans mon manteau. J’avais p’tête un peu trop forcé, et maintenant il fallait que je fasse avec. Le pire avait été celui de ce sans-coeur.

J’y ai porté un coup dans les côtes, suivi d’un deuxième avant de la balancer dans une pile de gravats. J’ai sauté dans sa direction, pour la frapper en plein visage, mais elle avait eu le temps de s’extirper de là. Je me donnais clairement pas à fond, parce que j’avais un putain de blocage. C’est pas que j’osais pas, c’est que j’essayais de me retenir. J’essayais de garder un semblant de lucidité. Tu sais, histoire de pas aggraver mon cas.

J’ai soulevé mon pied et je l’ai complètement explosé sur le sol. Pire qu’avec la chute du clocher, c’est tout le bâtiment qui s’est mis à trembler. Le sol se fissurait sous nos pieds, il commençait à se dérober même. Et un merdier pareil, ça allait forcément attirer du touriste. Attiré vers le bas, j’me suis complètement écrasé contre le sol de ce qui semblait être une chapelle. Autour de nous, plusieurs rangées de bancs en bois sur lesquels se déversait des larmes de feu provenant des étages supérieurs.

Fallait… fallait que j’en finisse bientôt. C’était normal, inutile de stresser. Après tout, c’était une concurrente, p’tête pas aussi sérieuse qu’aurait pu l’être une Primus, mais ça restait une concurrente. Je resserrai ma poigne autour de mon arme avant de charger une nouvelle fois.
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Je suis à sa merci, il me tient fermement. Il a tout le loisir d’en finir. Est-ce par plaisir, par pitié ou dieu-sait-quoi d’autre. Mais il n’y met pas toute la volonté nécessaire. Sa keyblade frappe mon corps, durement, mais sans y mettre l’énergie nécessaire. Evidemment la douleur est là, je ne peux que sentir mes entrailles ténébreuses se déchirer, je suis certaine de me souvenir encore longtemps de ce long calvaire. Des volutes de ténèbres s’échappent de mon corps. Je perds conscience alors qu’il me jette à terre à quelques mètres de lui, hors de sa portée. J’atterris au milieu d’autres flammes. Je ne parviens pas à réfléchir, tout ce que je sais, c’est qu’il faut que je bouge. Alors je plonge mes doigts dans la terre, je m’accroche aux morceaux de pierre, je me hisse en dehors de ce trou dans lequel j’ai l’impression de m’enfoncer.

Je l’entends non loin me chercher. Il est peut-être décidé à en finir. Puis je sens le vide naître sous mon corps, je suis entraînée dans une chute. J’atterris violemment mes genoux puis je sens des morceaux de murs me tomber sur le dos. Le choc est douloureux. La vue est toujours trouble, tant par la fumée, la poussière que cette douleur omniprésente et aigue. Je comprends que je suis dans un lieu de culte. Des vitraux nous entourent projetant des lumières violettes sur les nuages de poussière. Ce serait presque beau à contempler si nous avions le temps d’en profiter.

J’essaie de le situer au bruit. Je tourne sur moi-même, nerveusement, farouchement. Je suis comme un animal traqué par un chasseur qui n’a pas encore tout à fait achevé sa proie. Dernier recours, je me fonds dans le sol tant bien que mal. Il peut voir mon ombre s’il la cherche, mais je ne vois plus quoi faire d’autre. De ce nouveau point de vue, je peux le voir les poings serrés fermement sur ses armes tueuses de sans-coeur, il est prêt, il m’attend. Les nuages encore présents ont pour avantage de recouvrir sur une certaine épaisseur le sol.

Je m’apprête à lancer une diversion de l’autre côté de la salle en invoquant quelques sans-cœurs quand j’entends un murmure naître non loin d’ici. Un murmure puis des cris et bientôt des coups de feu qui s’abattent sur les portes de la chapelle. La serrure saute. Trois hommes entrent dans le lieu, armés jusqu’aux dents. Peut-être que ça pourra l’occuper quelques instants.

Salut ! On a entendu qu’il y avait de l’animation ici, on vient chercher des kills de première qualité !

Ils s’approchent de nous, ou plus précisément de lui. Ils n’ont probablement pas dû encore comprendre sur qui ils étaient tombés, sans quoi ils ne se seraient pas avancés avec autant d’assurance. Ils commencent à faire feu dans tous les sens et sur toute la largeur de la pièce. Les vitraux explosent, ainsi que les icones religieuses réduites en morceaux.

Je m’écarte de la scène, gardant toujours la forme d’ombre puis je finis par reprendre consistance, toujours affaiblie. Je me plie à moitié sur moi-même pour supporter la douleur dans l’abdomen et j’ai l’impression que mes genoux pourraient se dérober à tout moment sous moi.

Et eux, est-ce que tu les tueras avec autant de retenue que moi ?

J’attends de voir, je reste spectatrice. Je pourrais essayer un nouveau portail, mais je ne suis pas sûre de réussir à en voir l’autre bout. Si je me dirige vers la porte, il me verra inévitablement. Peut-être même qu’il sait déjà que je suis là, mais dans le doute… Je pourrais bien essayer de traverser ce mur, mais à travers, je sens la fournaise qui me guette de l’autre côté.

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L’arrivée de ces mecs était comme un bénédiction. ‘fin c’était comme ça que je le prenais. Dans une chapelle à moitié écroulée sur elle même, les mecs avaient fait irruption en défonçant la porte et en arrosant tout ce qui se trouvait dans le périmètre. Des kills faciles qu’ils disaient ? Je souris intérieurement, alors que je m’étais planqué derrière l’autel, en haut des quelques marches de pierre qui le séparaient de l’allée principale.

Je quittai mon couvert, décidant de me faufiler parmi la fumée qui enveloppait toute la ruine qu’était devenu ce bâtiment. Je devinais que les mecs ne savaient pas forcément où tirer, vu les trajectoires un peu hasardeuses de leurs tirs. J’avais donc l’avantage qu’ils dévoilent fréquemment leur position. Au raz du sol, je réussis à m’approcher d’un des mecs sans me griller. Je me suis redressé d’un coup, ai posé ma main sur sa bouche, et lui ai craqué la nuque d’un geste sec.

Il s’écoula au sol. Ses potes ne l’entendirent pas, le bruit étant couvert par les crépitements incessants de la charpente. Je continuais de les chercher dans cet écran de fumée gigantesque. Le problème c’est qu’il se déplaçaient quand même vachement vite, et qu’il n’avaient pas la moindre de goutte de magie en eux, ce qui rendait toute détection impossible. Non, clairement c’était les clodos de ton bled, mais avec des flingues.

Je décidai donc de changer de stratégie, si je peinais à les retrouver, je pourrais plutôt les attirer quelque part. Je me saisis d’un banc presque intact et le tirait lourdement sur le sol avant de créer un son qui ne pouvait pas leur échapper. Quelques tirs fusèrent dans ma direction, et je simulai un cri de douleur.

Evidemment, ils tombèrent dans mon piège.

Ils ne s’approchèrent pas, comme j’aurai pu l’espérer, mais se contentèrent de redoubler d’efforts pour transformer cet endroit en véritable passoire. Je me concentrai sur un premier tireur, rejoignant sa position, toujours le corps recroquevillé, au raz du sol. Lorsque j’arrivai à sa hauteur, je fermai le poing et vint le cogner aussi fort que je le pouvais, genre grosse grosse mandale, dans la partie inférieure de la machoire. J’ai entendu ses dents claquer, je l’ai entendu aussi lâcher un petit râle. Le choc avait du être si fort qu’il venait de perdre connaissance sur le coup.

Il n’en restait plus qu’un.

Je suis resté immobile, ‘fin presque. J’me suis mis à tourner méga lentement dans la chapelle. Attaquer frontalement ne comportait plus aucun risque, je serais de toute façons plus rapide que lui. Il s’est mis à tousser à cause de la fumée. L’instant d’après j’étais en train de le rouer de coup, finissant par saisir son crâne et venant le claquer violemment sur l’arête d’un banc juste à côté. Son crane s’ouvrit sous le choc, et je le laissais tomber au sol.

Je me remis à la recherche du sans-coeur. Je suivais les murs, jusqu’à faire complètement le tour de la chapelle, sans résultat. Je serrai le poing. Si je ne la retrouvais pas aujourd’hui, il faudrait que je la retrouve un autre jour. Dans un autre contexte. Fallait… que je discute avec.

J’avais plus ou moins cramé toutes les chances de discussion possible, m’enfin soit. Je me dirigeais vers la sortie de la chapelle. L’air s’y faisait respirable, et je pus enfin reprendre mon souffle. Devant moi s’offrait la vue du deuxième quartier de la ville en proie aux flammes. Le son de batailles résonnaient, rebondissaient sur les murs de la ville. Certains semblaient lointains, d’autres extrêmement proches.

Je sortis de la chapelle, tant pis pour elle, et je pris une rue au hasard menant au quatrième quartier.
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Il a fini par quitter les lieux. Après tout, il n’y a pas de raison pour qu’il tienne absolument à perdre son temps, à chercher à m’éliminer. Ce n’est pas comme si je représentais une cible plus valorisante qu’une autre. Il faut bien reconnaître cependant qu’il a eu une attitude ambivalente à mon égard. Il semblait partagé entre violence et clémence.

J’ai quitté la chapelle et je me suis cachée dans une impasse derrière un container. Je me laisse glisser sur le sol. Grâce à lui j’ai probablement quelques minutes de répit devant moi. Et je ne peux tout simplement pas continuer et foncer sans reprendre mes esprits. Je masse mon genoux. C’est sans doute idiot pour un humain de croire que nous pouvons souffrir du choc sur nos articulations, et c’est pourtant bien mon cas.

J’entends des coups de feu presque toutes les secondes. Signe qu’il reste encore un certain nombre de concurrents, en tout cas dans cette partie de la ville. Je sors mon gummiphone dans l'espoir d'y trouver quelques indices bienvenus. Rien de spécial. Il semblerait que les principaux intéressés aient décidé de s’abstenir de signaler leur position. Je devrais songer à faire de même.

Le feu progresse sur la place mais j’ai pris suffisamment de distance avec le clocher pour pouvoir m’échapper à temps en cas d’évolution. Au bout de quelques minutes, je me décide à bouger. Je ne peux pas m’éterniser trop longtemps ici, comme ailleurs. Ce quartier est visiblement déjà fortement fréquenté, il est peut-être temps d’aller chercher un lieu sauf ailleurs, sans quoi je ne vais pas pouvoir tenir une heure de plus. Je me relève non sans grogner, et je me mets à avancer, lentement. Je rase les murs. Disparaissant dans les murs dès que j’entends un bruit suspect.

Parfois un homme apparaît armé, parfois c’est juste le fruit de mon imagination ou juste le souffle du vent sur une porte. Je crois me souvenir vaguement de la géographie des lieux, du temps où j’y allais pour chasser.

Je décide de tenter ma chance dans d’autres quartiers. Le premier quartier semble être une bonne solution aux premiers abords mais sans doute trop évidente et avec peu de possibilité pour se cacher. En m’y rendant je crois quantité de sans-cœurs. Cela fait longtemps que je n’en ai plus croisé autant.

Qui est donc responsable de cela ? L’avantage c’est qu’ils sont indifférents à ma vue contrairement  au reste de la population actuelle de ce monde.

Je décide alors de me rendre par de petites ruelles détournées vers le cinquième quartier. Un trajet moins rapide mais plus sûr et moins découvert. Je crois me souvenir que, en dépit de son aspect, il avait en général moins de visiteurs que les autres quartiers.

Par chance, je ne crois personne ou presque sur mon chemin. En tirant quelques coups, je parviens à faire décamper quelques jeunes téméraires. En arrivant devant l’entrée de la serre illuminée, je lève les yeux vers le sommet de la construction. Tout a l’air calme, les vitres me semblent intactes. Peut-être puis-je espérer trouver un coin pour me reposer un peu plus longtemps, le temps que les autres concurrents pensent à venir ici, en tout cas.
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