Je rouvre une nouvelle fois les yeux, réveillé par un éclat de rire plus fort que les autres. Je relève la tête, à la recherche d’une intonation ou quoi ce que soit qui aurait pu mieux me faire comprendre la situation, mais j’en déduis rapidement qu’il ne s’agit que des Turks de l’autre côté de la porte. Je me dis qu’il est peut-être temps pour moi de me lever après autant de temps passé alité. Je retirais donc doucement mon bras sur lequel la tête de Scarlett, qui m’avait finalement rejoint en dessous des couvertures, reposait, afin de ne pas la réveiller. Je sortis mes jambes de mon lit puis posai les pieds au sol avant de me saisir de mon pantalon et le passer. Je finis par me lever complètement et rejoindre la porte donnant sur le salon.
De l’autre côté, les Turks semblaient s’amuser un peu. Je ne pouvais pas leur reprocher vu l’ambiance pesante de ces derniers jours. Par ailleurs, une odeur sucrée planait dans la pièce, et je m’en rendais compte alors que les Turks remarquaient enfin ma présence.
Monsieur ? Vous allez bien ?
C’était Freyra, toujours avec son éternel enthousiasme, qui avait pris les devants. Venez vous asseoir avec nous !
Je haussai les épaules, pourquoi pas après tout, et fis quelques pas en direction du canapé en cuir déjà occupé par plusieurs de mes hommes. Je m’installais alors que Balto revenait de la cuisine, une assiette de gaufres dans la main. Il la déposa sur la table basse tout près, alors que les autres se ruaient déjà sur la nourriture. Balto vint s’asseoir à côté de moi.
Je suis désolé si nous vous avons réveillé. Je…
Ce n’est rien, dis-je souriant. Je suis content de voir que vous trouvez le temps pour… ça. Les environs sont toujours surveillés rassurez-moi.
Oui, oui. C’est à dire que… Ruluf et Juget sont dehors avec Reno. Ils se sont réveillés peu de temps après notre arrivée et, euh…
Ils n’étaient pas intéressés par votre petite fête. Je vois déjà le scénario.
Voilà. C’est ça. Mais du coup, votre blessure, ça va mieux ? Je vois que vous avez retiré votre bandage.
Grâce à vous, oui. Je ne crois pas vous avoir remercié d’ailleurs.
Ce n’est que mon travail.
Freyra se mit à hurler dans le salon en voyant Elena arriver avec un pack de bières à la main. Je vis que son état n’était pas… un exemple de sobriété. Je réprimais un souffle agacé, ayant décidé de ne pas perturber leur fête, et ce même si Elena démontrait ses capacités à ouvrir des bouteilles avec les dents. Je m’installai dans le fond du canapé avant de tourner le regard vers l’extérieur. Reno était assis sur les marches, aux côtés des deux autres armés de pistolets-mitrailleurs. Le coin était relativement tranquille, ils n’avaient pas l’air d’avoir eu à se battre récemment.
Monsieur, une bière ? Me proposa Crisis. Je refusai poliment, n’étant pas un grand adepte de celles-ci.
Balto, vous n’avez pas besoin de rester à mes côtés, vous pouvez profiter de la fête. Il est rare que je vous vois autant vous amuser, alors… Ne laissez pas ce moment vous filer entre les doigts.
Il acquiesça d’un signe de tête avant de se saisir de l’assiette désormais vide, et de repartir en direction de la cuisine. J’aurais pu croire qu’il n’avait pas saisi ce que j’avais souhaité lui faire comprendre, mais je décidai de le laisser. Son côté serviable l’emportait sur le reste, et probablement tirait-il son plaisir à l’idée de s’occuper des autres.
La soirée continua. Je ne parlais pas ou peu, j’écoutais surtout. Les discussions étaient diverses et variées, certains parlaient de leurs prochains achats, débattaient autour de modèles de vaisseaux, d’armes… Je me devais de reconnaître que j’étais content d’en apprendre un peu plus. Et puis… tout bascula.
La musique changea. Freyra se mit à hurler une fois de plus, puis elle monta sur la table, une bouteille à la main. Le spectacle auquel nous assistâmes se passait de mots. Elle commença par retirer sa veste, se trémoussant au rythme de la musique avant de faire signe à une Elena déjà bien avancée dans l’ivresse de la rejoindre. C’est ce qu’elle fit, et les deux se mirent à danser ensemble, proches, encouragées par les sifflements de Crisis.
Je levai les yeux au ciel lorsqu’elles s’embrassèrent. Oui, bien sûr, je les laissai faire. Mais il était hors de question que cette situation vienne empiéter sur la qualité de leur travail. Je ne voulais rien en entendre, j’avouerai même que j’aurais souhaité ne pas être témoin d’une telle scène. La vie privée de mes employés ne m’intéressait que très peu, et pourtant ce que j’avais sous les yeux me semblait être comme un nid de problèmes, lointain, certes, mais pour combien de temps ?
La musique toucha à sa fin, et Elena descendit de la table, laissant une Freyra seule, la mine déçue. Je plissais les yeux d’incompréhension. Elle porta sa bouteille a sa bouche et en vida tout le contenu restant avant, d’un pas loin d’être assuré, descendre de la table. Elle tituba jusqu’à sa place où elle s’assit, retournant au calme. Mon excès de sympathie allait peut-être nous conduire à essuyer de nouvelles pertes. Je devais réagir sur le champ.
Je me levai et confisquai l’alcool restant. Quelques uns osèrent une protestation, mais se ravisèrent bien vite lorsqu’ils croisèrent mon regard. Je pris la parole.
Je n’ai rien contre le fait que vous vous amusiez, mais je vous rappelle que vous êtes en service. Que vous buviez jusqu’à finir amorphe comme l’est votre collègue est intolérable. Je peux comprendre que les journées soient dures. Pour certains, c’est peut-être le travail le plus éprouvant qu’il vous ait été donné depuis votre arrivée chez les Turks. Nous approchons de la fin, je vous demande juste encore un petit effort.
Je cherchais Balto du regard, m’apprêtant à quitter la pièce.
Demain, dès l’aube, vous réveillerez Freyra et vous l’emmènerez à l’extérieur pour un entraînement. Quelques exercices devraient lui passer l’envie de se saouler au travail.
Jeu 25 Fév 2021 - 0:04De l’autre côté, les Turks semblaient s’amuser un peu. Je ne pouvais pas leur reprocher vu l’ambiance pesante de ces derniers jours. Par ailleurs, une odeur sucrée planait dans la pièce, et je m’en rendais compte alors que les Turks remarquaient enfin ma présence.
Monsieur ? Vous allez bien ?
C’était Freyra, toujours avec son éternel enthousiasme, qui avait pris les devants. Venez vous asseoir avec nous !
Je haussai les épaules, pourquoi pas après tout, et fis quelques pas en direction du canapé en cuir déjà occupé par plusieurs de mes hommes. Je m’installais alors que Balto revenait de la cuisine, une assiette de gaufres dans la main. Il la déposa sur la table basse tout près, alors que les autres se ruaient déjà sur la nourriture. Balto vint s’asseoir à côté de moi.
Je suis désolé si nous vous avons réveillé. Je…
Ce n’est rien, dis-je souriant. Je suis content de voir que vous trouvez le temps pour… ça. Les environs sont toujours surveillés rassurez-moi.
Oui, oui. C’est à dire que… Ruluf et Juget sont dehors avec Reno. Ils se sont réveillés peu de temps après notre arrivée et, euh…
Ils n’étaient pas intéressés par votre petite fête. Je vois déjà le scénario.
Voilà. C’est ça. Mais du coup, votre blessure, ça va mieux ? Je vois que vous avez retiré votre bandage.
Grâce à vous, oui. Je ne crois pas vous avoir remercié d’ailleurs.
Ce n’est que mon travail.
Freyra se mit à hurler dans le salon en voyant Elena arriver avec un pack de bières à la main. Je vis que son état n’était pas… un exemple de sobriété. Je réprimais un souffle agacé, ayant décidé de ne pas perturber leur fête, et ce même si Elena démontrait ses capacités à ouvrir des bouteilles avec les dents. Je m’installai dans le fond du canapé avant de tourner le regard vers l’extérieur. Reno était assis sur les marches, aux côtés des deux autres armés de pistolets-mitrailleurs. Le coin était relativement tranquille, ils n’avaient pas l’air d’avoir eu à se battre récemment.
Monsieur, une bière ? Me proposa Crisis. Je refusai poliment, n’étant pas un grand adepte de celles-ci.
Balto, vous n’avez pas besoin de rester à mes côtés, vous pouvez profiter de la fête. Il est rare que je vous vois autant vous amuser, alors… Ne laissez pas ce moment vous filer entre les doigts.
Il acquiesça d’un signe de tête avant de se saisir de l’assiette désormais vide, et de repartir en direction de la cuisine. J’aurais pu croire qu’il n’avait pas saisi ce que j’avais souhaité lui faire comprendre, mais je décidai de le laisser. Son côté serviable l’emportait sur le reste, et probablement tirait-il son plaisir à l’idée de s’occuper des autres.
La soirée continua. Je ne parlais pas ou peu, j’écoutais surtout. Les discussions étaient diverses et variées, certains parlaient de leurs prochains achats, débattaient autour de modèles de vaisseaux, d’armes… Je me devais de reconnaître que j’étais content d’en apprendre un peu plus. Et puis… tout bascula.
La musique changea. Freyra se mit à hurler une fois de plus, puis elle monta sur la table, une bouteille à la main. Le spectacle auquel nous assistâmes se passait de mots. Elle commença par retirer sa veste, se trémoussant au rythme de la musique avant de faire signe à une Elena déjà bien avancée dans l’ivresse de la rejoindre. C’est ce qu’elle fit, et les deux se mirent à danser ensemble, proches, encouragées par les sifflements de Crisis.
Je levai les yeux au ciel lorsqu’elles s’embrassèrent. Oui, bien sûr, je les laissai faire. Mais il était hors de question que cette situation vienne empiéter sur la qualité de leur travail. Je ne voulais rien en entendre, j’avouerai même que j’aurais souhaité ne pas être témoin d’une telle scène. La vie privée de mes employés ne m’intéressait que très peu, et pourtant ce que j’avais sous les yeux me semblait être comme un nid de problèmes, lointain, certes, mais pour combien de temps ?
La musique toucha à sa fin, et Elena descendit de la table, laissant une Freyra seule, la mine déçue. Je plissais les yeux d’incompréhension. Elle porta sa bouteille a sa bouche et en vida tout le contenu restant avant, d’un pas loin d’être assuré, descendre de la table. Elle tituba jusqu’à sa place où elle s’assit, retournant au calme. Mon excès de sympathie allait peut-être nous conduire à essuyer de nouvelles pertes. Je devais réagir sur le champ.
Je me levai et confisquai l’alcool restant. Quelques uns osèrent une protestation, mais se ravisèrent bien vite lorsqu’ils croisèrent mon regard. Je pris la parole.
Je n’ai rien contre le fait que vous vous amusiez, mais je vous rappelle que vous êtes en service. Que vous buviez jusqu’à finir amorphe comme l’est votre collègue est intolérable. Je peux comprendre que les journées soient dures. Pour certains, c’est peut-être le travail le plus éprouvant qu’il vous ait été donné depuis votre arrivée chez les Turks. Nous approchons de la fin, je vous demande juste encore un petit effort.
Je cherchais Balto du regard, m’apprêtant à quitter la pièce.
Demain, dès l’aube, vous réveillerez Freyra et vous l’emmènerez à l’extérieur pour un entraînement. Quelques exercices devraient lui passer l’envie de se saouler au travail.