Ah ! Une troisième arme ! Je mets le pompe que j’ai trouvé en bandoulière autour de mon cou, et je me penche… difficilement… pour prendre le sniper violet qu’on avait acheté. Purée… mon dos. J’ai pas le temps de me reposer et encore moins le temps de me plaindre tant que j’ai pas trouvé Fahimeh et… j’y vais franco ! Depuis deux minutes je crie son nom. La fumée et la poussière ne se sont pas encore dissipés, personne pourrait me voir depuis une fenêtre et… en vrai, si y avait des survivants dans le centre-ville, je pense que pas mal ont été exterminés quand un des gratte-ciel s’est effondré. Je vois encore rien, je suis pas sûre de moi. L’un dans l’autre… si on a survécu toutes les trois, il y aura toujours moyen de se rattraper. « D.Va ! » Je me tourne vers la source du bruit et… Fahimeh arrive en courant jusqu’à moi et me prend dans ses bras, logeant sa tête dans le creux de mon cou. Je… la serre juste contre moi, les yeux grands ouverts, plus tellement certaine de ce que je dois faire de ça, de cette preuve d’amour et du fait que je ne veux plus m’attacher davantage à eux tous. Je suis soulagée. Je suis contente, rassurée, et j’ai l’impression que mon cœur est… un immeuble qu’on explose, qu’on rebâtit et qu’on explose à nouveau. Alors…
« T’as rien ? » demandé-je en laissant mes doigts se promener le long de ses cheveux. Elle lève son visage vers moi. Un de ses yeux est rouge, genre tout injecté de sang et elle a une plaie sur la joue gauche, faisant couler un peu de sang. Et elle pleure. « Désolée, c’est ma faute ! »
« Ouf… Non, ma chérie. T’as juste eu peur, et t’as très bien géré ça. » Ma voix n’est pas SI chaleureuse que ça. J’essaie de la rassurer mais en vrai, je veux surtout l’empêcher de se répandre en larmes maintenant. « Je vais me rattraper. Je ne pleurerai plus. » m’assure-t-elle en reniflant. Je hoche la tête. Douze ans… Tu parles. Elle en a peut-être le physique mais affectivement et intellectuellement, c’est toujours la gamine que je conduis depuis deux ans à l’école primaire, et qui… n’est jamais qu’en quatrième, avec des gosses de 9-10 ans. « Allez. » Je la serre contre moi avant de l’éloigner. « Pourquoi tu t’es éloignée du Meka ? Tu n’as pas été éjectée en même temps que moi ? »
« J’ai cru entendre une autre explosion de ce côté ! » Elle pointe le quartier un peu plus à l’est, où il y a surtout des bureaux. « Je me suis dit que ça pouvait être Hengameh ! J’ai trouvé un garage ! »
Je fronce les sourcils. « Tu vas pouvoir réparer le meka ! » Je… bredouille quelques secondes avant de lui rappeler. « Mais Fa’, c’est pas moi qui les construis, les robots. Niveau mécanique, je suis une grosse tache. » Je regarde autour de moi. Ca va quand même nous être bien pratique, cela dit et… « Tu peux toujours essayer. » Je… hoche la tête. Je peux envoyer des sms à mon sponsor, MEKA, pour qu’il me dicte ce que je dois faire. « On y réfléchira plus tard. » Je prends mon gummiphone, dans ma poche, toujours indemne. Ces trucs résistent juste aux sans-cœurs et à l’espace interstellaire, donc une chute dans un meka, c’est rien pour eux ! Je cherche Hengameh et l’appelle. Après quelques secondes, elle répond. « Di ! » Elle sourit nerveusement. Je… fais pareil, toujours paumée avec mes sentiments. « Tu es où ? Tu vas bien ? »
« Je… » Elle sursaute et je sursaute quand un coup de feu la coupe ! « Ils pensent que je suis toi ! Ils sont nombreux ! » Je souffle du nez, prends une inspiration. Ok…. Ok vous avez décidé de pourrir ma journée, tous… Je vais juste les éclater. « Où ? » crié-je.
« Un coiffeur ! Je t’envoie où je suis ! » Je hoche la tête, attends le message transmettant son signal GPS. « T’as une arme ? »
« Ton pistolet laser ! J’ai bloqué la porte mais ils continuent de tirer et je suis dans l’arrière-boutique et… »
« Tiens bon ! » Je raccroche, prends le pompe accroché à mon buste et le tend à Fahimeh. « Rattrape-toi ! » Ma tête est sérieuse, décidée. Pas de clin d’œil, pas de sourire. Tu veux mériter ton top 1, c’est le time. Fahimeh prend l’arme, désactive la sécurité et je commence à courir, suivie par la petite, vers la position. Dix rues plus loin… C’est long. On trottine, encore un peu couvertes par la fumée. Je vais nettoyer tous ces fumiers, je vais juste me servir de leur retentissante défaite pour me remettre d’humeur. Je vais les exterminer.
On continue d’avancer dans les rues, surveillant à peine les angles morts, les vitrines où pourraient se planquer des concurrents. On accélère et… on arrive à entendre les coups de feu. Je me retourne vers Fahimeh, en sueur, le visage de plus en plus couvert de sang. « Allez ma belle. » dis-je alors que même moi, j’ai juste l’énergie de la haine pour me pousser à courir. Et au bout de quelques minutes, j’arrête Fahimeh, une main juste en-dessous de son cou pour l’arrêter. « Aucune pitié. Planque-toi derrière une voiture et tu les dégommes, dès que tu peux. » Elle hoche la tête. Heureusement le sang est en-dessous de son œil, ça ne l’aveuglera pas. Et on s’approche des coups de feu. Je pose mon sniper à terre pour ne pas m’encombrer d’une arme aussi lourde maintenant et je prends le fusil d’assaut.
Et ils apparaissent, petit à petit. D’abord leur silhouette, ensuite leurs vêtements et… j’attends pas de voir un visage pour viser la tête. Je tire trois balles sur le premier type, vise le second, à quelques mètres du salon de coiffure, et l’abat lui aussi. Je fais un bond sur le côté pour éviter des balles alors qu’un coup de pompe de Fa’ vient exploser une femme d’une quarantaine d’années. Je me cache derrière une voiture, dont l’une des vitres est déjà brisée. On est à l’aveugle dans cette fumée mais c’est pire pour nos adversaires puisqu’eux, ce sont des énormes losers ! Ok l’argument est pas t… Je me raidis quand une salve de balles vient toucher la voiture derrière laquelle je me cache. J’arrive à voir Fahimeh, lui fais signe d’attendre. La crosse de mon arme vient frapper trois fois le rétroviseur de la caisse, qui tombe à côté de moi. Je le prends et le brandis au-dessus de moi, les yeux rivés sur le reflet qu’il me m… Un mec est derrière la poubelle, dans la ruelle à côté du coiffeur. Mince… C’est pas le mec qui m’ennuie mais cette ruelle. Hengameh a sûrement bloqué l’accès principal, j’en suis sûr… Mais si y a des fenêtres sur l’une des façades du bâtiment, elle va se faire trap.
« On s’est assez cachées ! » dis-je à Fahimeh. Je me lève, dirige mon fusil vers la poubelle. Pas de tir de suppression. Juste un tir. « Tête. » dis-je pour communiquer à Fahimeh. « Go ! »
Elle se lève et on avance vers la ruelle. Un coup de pompe est tiré par Fahimeh vers un mec qui rentre par une fenêtre. « Je l’ai touché ! » Je hoche la tête, j’ai vu mais… je pense pas qu’il ait perdu ses couleurs. Je me penche pour ramasser une arme de poing sur poubelle-man. Et on avance. Je fais signe à Fahimeh de se pencher pour passer en-dessous de la fenêtre et pour être à l’autre angle. Je regarde petit à petit, arme en poing en main, avant de me positionner franchement devant la fenêtre. Un mec rampe à terre, blessé à la jambe. Je tire. Je monte par la fenêtre pour arriver dans les toilettes du rez-de-chaussée du bâtiment, et avant d’aider Fahimeh, je ferme la porte. « Viens ! » Je tire Fahimeh pour l’aider à se hisser sur le rebord de la fenêtre. Et on y retourne. Un couloir, deux directions. Je pointe la devanture, pour arriver au salon de coiffure lui-même. On passe le coude du couloir et on arrive à une porte avec trois mecs, dans le salon, qui retournent tout pour me chercher moi – en l’occurrence chercher Hengameh – et un seul qui monte la garde, eye contact. Je ne le vise pas, j’essaie de faire confiance à mon mate. Je vois le mec pointer son canon vers moi et je l’entends crier dans mes oreilles. La couche de couleurs sur lui explose, ses balles sont tirées, devraient me toucher mais trop tard. Il est out. Un coup. Tête. Un deuxième tir. Tête. Je pointe mon pistolet sur le dernier mec qui pointe son fusil sur moi. Je touche son épaule, je veux tirer à nouveau mais… clic. Plus de balles. « Arr » Il me touche au bras droit, je lâche mon pistolet et lui fonce dessus sous l’adrénaline, sans arme en main. Mon pied vient frapper son tibia et ma main gauche vient le saisir à l’épaule et je serre comme une timbrée. Il crie de douleur, je sens son sang dans ma main, je peux limite sentir la balle sous mes doigts. Il me frappe de la crosse de son arme, je me retrouve à terre. Et bang. Fahimeh lui explose la tête. Je me relève, un gros goût de sang dans la bouche, et je prends son arme d’une seule main. Je pointe l’arrière-boutique. On passe à côté des porte-manteaux, de la cuisine et finalement, on arrive dans un dernier petit couloir. Deux gars essaient d’enfoncer une porte, nous voient et commence à tirer. On se planque dans la cuisine. Je… j’essaie de regarder discrètement pour tirer aussi. Fahimeh tente quelques tirs de suppression. « J’en ai touché un ! » dit-elle. Avec un pompe, dans un couloir, c’est… Je lui prendrais bien pour finir le travail, mais tant que j’ai une balle logée dans le bras, mon muscle ne m’obéit plus. « Aide-moi à renverser la table ! » Elle le fait, et on met la table sur le côté, pour avoir une petite couverture. Les balles traversent difficilement mais… quelques-unes y parviennent. Je glisse un regard pour tenter un shot et vois la porte derrière eux qui s’ouvre, tout doucement, et mon ainée apparaître dans l’entrebâillement. Je tire pour donner de la marge à Hengameh, pour distraire les mecs, sans viser, tu vois.
Hengameh plante trois paires de ciseaux d’un coup dans le coup du mec de gauche, avant de tirer une dizaine de balles dans le deuxième. Je soupire et me laisse tomber contre la table. Hengameh court jusqu’à nous. « Bravo ! » dit-elle avant de se figer en voyant mon bras.
« Vous devez vous en occuper maintenant. » dis-je en tentant un sourire. Je douille. Et le pire c’est que je ressens plus la douleur dans ma mâchoire que dans mon bras. Le mec m’a juste défoncé la tronche… Je crois que je me suis pas pris une vraie claque depuis… oula. Alors un coup de crosse ! Les filles ferment toutes les portes, trouvent facilement un kit de premier secours. « On va faire un garrot. » Je prends une longue inspiration. « Allez prendre une cape de coupe. » Elles me regardent genre… z’ont pas compris. « Le drap qu’on met autour de toi pour te couper les cheveux. » Je soupire. Elles l’amènent, le coupent avec des ciseaux, et avec elles, au-dessus de mon coude, je fais un nœud assez solide pour m’empêcher de déverser tout mon sang sur le sol.
Ma main s’approche de ma blessure. « Faut que j’enlève la balle. » Je peux pas m’empêcher de lâcher un sanglot. « Quand je pense à ces salopards qui ont la peau assez dure pour que les balles rebondissent, je… » La douleur me rend vulgaire et j’ai tellement peur de toucher. « Fa’ ! Tiens son bras ! » J’ai pas la force de lutter quand la petite vient mettre son poids sur mon bras pour l’immobiliser. La grande, pas franchement subtile, y va mais genre, à la pêche aux canards. En utilisant une tronçonneuse et un levier, elle m’aurait pas fait plus mal. Elle plonge ses doigts dans ma plaie et va chercher ultra franco la balle. « Ahhhhhh ! » crie-t-elle. J’ai tellement mal que j’arrive pas à réagir au fait qu’elle crie, je suis juste en train de maudire tous les ancêtres d’Agrabah qui… Elle jette la balle sur le côté et va se laver les mains en ultra vitesse. Fahimeh commence à me mettre un bandage. Je laisse tomber ma tête sur la table… « Mêlons l’utile au désagréable. » dis-je… J’ai envie de pleurer. Je me lève avec l’aide des filles et vais vers le salon de coiffure, qu’on a bien démoli. « Vous allez me couper les cheveux. » Fahimeh a l’air direct ultra choquée ! « Tes beaux cheveux longs ! » Je hausse les épaules. « Quand on était huit, quand on avait des mekas, on pouvait se permettre de nous faire remarquer. Maintenant on est trois et sdf. Tout le monde me reconnait, donc… vous coupez mes cheveux. Finies les combinaisons sexy et les moustaches roses. Cherchez pas à faire beau. » Je m’assieds sur un des fauteuils. J’ai presque réussi à m’auto-convaincre. Intérieurement, je pleure. Ma coupe est pas ultra spéciale mais elle fait partie de mon identité et… comment mes fans vont râler !!! Les filles se mettent au travail. « Dans cinq minutes ça doit être fini ! » Et je regarde le… naufrage. La fin d’une carrière aux mains de gamines qui n’avaient jamais tenu de paires de ciseaux, y a deux ans, et qui maintenant me manipulent. « Aie !! Vous voulez me couper une oreille ?! »
« Oh pardon ! » s’écrie Fahimeh. Je vois Hengameh sourire dans le reflet du miroir. Je fronce les sourcils, elle me voit, détourne les yeux et finit par lâcher. « On te reconnaîtra encore moins. » Fahimeh rigole, je souris, avant de me laisser aller à un petit rire. Et… dix minutes plus tard, je ressemble… à rien. Je soupire. « On va dire que c’est raccord avec l’ambiance. Bon. Fa’ a trouvé un garage. On doit l’occuper pour essayer de nous refaire et d’avoir un meka en état de marche. »
Mer 17 Fév 2021 - 14:29« T’as rien ? » demandé-je en laissant mes doigts se promener le long de ses cheveux. Elle lève son visage vers moi. Un de ses yeux est rouge, genre tout injecté de sang et elle a une plaie sur la joue gauche, faisant couler un peu de sang. Et elle pleure. « Désolée, c’est ma faute ! »
« Ouf… Non, ma chérie. T’as juste eu peur, et t’as très bien géré ça. » Ma voix n’est pas SI chaleureuse que ça. J’essaie de la rassurer mais en vrai, je veux surtout l’empêcher de se répandre en larmes maintenant. « Je vais me rattraper. Je ne pleurerai plus. » m’assure-t-elle en reniflant. Je hoche la tête. Douze ans… Tu parles. Elle en a peut-être le physique mais affectivement et intellectuellement, c’est toujours la gamine que je conduis depuis deux ans à l’école primaire, et qui… n’est jamais qu’en quatrième, avec des gosses de 9-10 ans. « Allez. » Je la serre contre moi avant de l’éloigner. « Pourquoi tu t’es éloignée du Meka ? Tu n’as pas été éjectée en même temps que moi ? »
« J’ai cru entendre une autre explosion de ce côté ! » Elle pointe le quartier un peu plus à l’est, où il y a surtout des bureaux. « Je me suis dit que ça pouvait être Hengameh ! J’ai trouvé un garage ! »
Je fronce les sourcils. « Tu vas pouvoir réparer le meka ! » Je… bredouille quelques secondes avant de lui rappeler. « Mais Fa’, c’est pas moi qui les construis, les robots. Niveau mécanique, je suis une grosse tache. » Je regarde autour de moi. Ca va quand même nous être bien pratique, cela dit et… « Tu peux toujours essayer. » Je… hoche la tête. Je peux envoyer des sms à mon sponsor, MEKA, pour qu’il me dicte ce que je dois faire. « On y réfléchira plus tard. » Je prends mon gummiphone, dans ma poche, toujours indemne. Ces trucs résistent juste aux sans-cœurs et à l’espace interstellaire, donc une chute dans un meka, c’est rien pour eux ! Je cherche Hengameh et l’appelle. Après quelques secondes, elle répond. « Di ! » Elle sourit nerveusement. Je… fais pareil, toujours paumée avec mes sentiments. « Tu es où ? Tu vas bien ? »
« Je… » Elle sursaute et je sursaute quand un coup de feu la coupe ! « Ils pensent que je suis toi ! Ils sont nombreux ! » Je souffle du nez, prends une inspiration. Ok…. Ok vous avez décidé de pourrir ma journée, tous… Je vais juste les éclater. « Où ? » crié-je.
« Un coiffeur ! Je t’envoie où je suis ! » Je hoche la tête, attends le message transmettant son signal GPS. « T’as une arme ? »
« Ton pistolet laser ! J’ai bloqué la porte mais ils continuent de tirer et je suis dans l’arrière-boutique et… »
« Tiens bon ! » Je raccroche, prends le pompe accroché à mon buste et le tend à Fahimeh. « Rattrape-toi ! » Ma tête est sérieuse, décidée. Pas de clin d’œil, pas de sourire. Tu veux mériter ton top 1, c’est le time. Fahimeh prend l’arme, désactive la sécurité et je commence à courir, suivie par la petite, vers la position. Dix rues plus loin… C’est long. On trottine, encore un peu couvertes par la fumée. Je vais nettoyer tous ces fumiers, je vais juste me servir de leur retentissante défaite pour me remettre d’humeur. Je vais les exterminer.
On continue d’avancer dans les rues, surveillant à peine les angles morts, les vitrines où pourraient se planquer des concurrents. On accélère et… on arrive à entendre les coups de feu. Je me retourne vers Fahimeh, en sueur, le visage de plus en plus couvert de sang. « Allez ma belle. » dis-je alors que même moi, j’ai juste l’énergie de la haine pour me pousser à courir. Et au bout de quelques minutes, j’arrête Fahimeh, une main juste en-dessous de son cou pour l’arrêter. « Aucune pitié. Planque-toi derrière une voiture et tu les dégommes, dès que tu peux. » Elle hoche la tête. Heureusement le sang est en-dessous de son œil, ça ne l’aveuglera pas. Et on s’approche des coups de feu. Je pose mon sniper à terre pour ne pas m’encombrer d’une arme aussi lourde maintenant et je prends le fusil d’assaut.
Et ils apparaissent, petit à petit. D’abord leur silhouette, ensuite leurs vêtements et… j’attends pas de voir un visage pour viser la tête. Je tire trois balles sur le premier type, vise le second, à quelques mètres du salon de coiffure, et l’abat lui aussi. Je fais un bond sur le côté pour éviter des balles alors qu’un coup de pompe de Fa’ vient exploser une femme d’une quarantaine d’années. Je me cache derrière une voiture, dont l’une des vitres est déjà brisée. On est à l’aveugle dans cette fumée mais c’est pire pour nos adversaires puisqu’eux, ce sont des énormes losers ! Ok l’argument est pas t… Je me raidis quand une salve de balles vient toucher la voiture derrière laquelle je me cache. J’arrive à voir Fahimeh, lui fais signe d’attendre. La crosse de mon arme vient frapper trois fois le rétroviseur de la caisse, qui tombe à côté de moi. Je le prends et le brandis au-dessus de moi, les yeux rivés sur le reflet qu’il me m… Un mec est derrière la poubelle, dans la ruelle à côté du coiffeur. Mince… C’est pas le mec qui m’ennuie mais cette ruelle. Hengameh a sûrement bloqué l’accès principal, j’en suis sûr… Mais si y a des fenêtres sur l’une des façades du bâtiment, elle va se faire trap.
« On s’est assez cachées ! » dis-je à Fahimeh. Je me lève, dirige mon fusil vers la poubelle. Pas de tir de suppression. Juste un tir. « Tête. » dis-je pour communiquer à Fahimeh. « Go ! »
Elle se lève et on avance vers la ruelle. Un coup de pompe est tiré par Fahimeh vers un mec qui rentre par une fenêtre. « Je l’ai touché ! » Je hoche la tête, j’ai vu mais… je pense pas qu’il ait perdu ses couleurs. Je me penche pour ramasser une arme de poing sur poubelle-man. Et on avance. Je fais signe à Fahimeh de se pencher pour passer en-dessous de la fenêtre et pour être à l’autre angle. Je regarde petit à petit, arme en poing en main, avant de me positionner franchement devant la fenêtre. Un mec rampe à terre, blessé à la jambe. Je tire. Je monte par la fenêtre pour arriver dans les toilettes du rez-de-chaussée du bâtiment, et avant d’aider Fahimeh, je ferme la porte. « Viens ! » Je tire Fahimeh pour l’aider à se hisser sur le rebord de la fenêtre. Et on y retourne. Un couloir, deux directions. Je pointe la devanture, pour arriver au salon de coiffure lui-même. On passe le coude du couloir et on arrive à une porte avec trois mecs, dans le salon, qui retournent tout pour me chercher moi – en l’occurrence chercher Hengameh – et un seul qui monte la garde, eye contact. Je ne le vise pas, j’essaie de faire confiance à mon mate. Je vois le mec pointer son canon vers moi et je l’entends crier dans mes oreilles. La couche de couleurs sur lui explose, ses balles sont tirées, devraient me toucher mais trop tard. Il est out. Un coup. Tête. Un deuxième tir. Tête. Je pointe mon pistolet sur le dernier mec qui pointe son fusil sur moi. Je touche son épaule, je veux tirer à nouveau mais… clic. Plus de balles. « Arr » Il me touche au bras droit, je lâche mon pistolet et lui fonce dessus sous l’adrénaline, sans arme en main. Mon pied vient frapper son tibia et ma main gauche vient le saisir à l’épaule et je serre comme une timbrée. Il crie de douleur, je sens son sang dans ma main, je peux limite sentir la balle sous mes doigts. Il me frappe de la crosse de son arme, je me retrouve à terre. Et bang. Fahimeh lui explose la tête. Je me relève, un gros goût de sang dans la bouche, et je prends son arme d’une seule main. Je pointe l’arrière-boutique. On passe à côté des porte-manteaux, de la cuisine et finalement, on arrive dans un dernier petit couloir. Deux gars essaient d’enfoncer une porte, nous voient et commence à tirer. On se planque dans la cuisine. Je… j’essaie de regarder discrètement pour tirer aussi. Fahimeh tente quelques tirs de suppression. « J’en ai touché un ! » dit-elle. Avec un pompe, dans un couloir, c’est… Je lui prendrais bien pour finir le travail, mais tant que j’ai une balle logée dans le bras, mon muscle ne m’obéit plus. « Aide-moi à renverser la table ! » Elle le fait, et on met la table sur le côté, pour avoir une petite couverture. Les balles traversent difficilement mais… quelques-unes y parviennent. Je glisse un regard pour tenter un shot et vois la porte derrière eux qui s’ouvre, tout doucement, et mon ainée apparaître dans l’entrebâillement. Je tire pour donner de la marge à Hengameh, pour distraire les mecs, sans viser, tu vois.
Hengameh plante trois paires de ciseaux d’un coup dans le coup du mec de gauche, avant de tirer une dizaine de balles dans le deuxième. Je soupire et me laisse tomber contre la table. Hengameh court jusqu’à nous. « Bravo ! » dit-elle avant de se figer en voyant mon bras.
« Vous devez vous en occuper maintenant. » dis-je en tentant un sourire. Je douille. Et le pire c’est que je ressens plus la douleur dans ma mâchoire que dans mon bras. Le mec m’a juste défoncé la tronche… Je crois que je me suis pas pris une vraie claque depuis… oula. Alors un coup de crosse ! Les filles ferment toutes les portes, trouvent facilement un kit de premier secours. « On va faire un garrot. » Je prends une longue inspiration. « Allez prendre une cape de coupe. » Elles me regardent genre… z’ont pas compris. « Le drap qu’on met autour de toi pour te couper les cheveux. » Je soupire. Elles l’amènent, le coupent avec des ciseaux, et avec elles, au-dessus de mon coude, je fais un nœud assez solide pour m’empêcher de déverser tout mon sang sur le sol.
Ma main s’approche de ma blessure. « Faut que j’enlève la balle. » Je peux pas m’empêcher de lâcher un sanglot. « Quand je pense à ces salopards qui ont la peau assez dure pour que les balles rebondissent, je… » La douleur me rend vulgaire et j’ai tellement peur de toucher. « Fa’ ! Tiens son bras ! » J’ai pas la force de lutter quand la petite vient mettre son poids sur mon bras pour l’immobiliser. La grande, pas franchement subtile, y va mais genre, à la pêche aux canards. En utilisant une tronçonneuse et un levier, elle m’aurait pas fait plus mal. Elle plonge ses doigts dans ma plaie et va chercher ultra franco la balle. « Ahhhhhh ! » crie-t-elle. J’ai tellement mal que j’arrive pas à réagir au fait qu’elle crie, je suis juste en train de maudire tous les ancêtres d’Agrabah qui… Elle jette la balle sur le côté et va se laver les mains en ultra vitesse. Fahimeh commence à me mettre un bandage. Je laisse tomber ma tête sur la table… « Mêlons l’utile au désagréable. » dis-je… J’ai envie de pleurer. Je me lève avec l’aide des filles et vais vers le salon de coiffure, qu’on a bien démoli. « Vous allez me couper les cheveux. » Fahimeh a l’air direct ultra choquée ! « Tes beaux cheveux longs ! » Je hausse les épaules. « Quand on était huit, quand on avait des mekas, on pouvait se permettre de nous faire remarquer. Maintenant on est trois et sdf. Tout le monde me reconnait, donc… vous coupez mes cheveux. Finies les combinaisons sexy et les moustaches roses. Cherchez pas à faire beau. » Je m’assieds sur un des fauteuils. J’ai presque réussi à m’auto-convaincre. Intérieurement, je pleure. Ma coupe est pas ultra spéciale mais elle fait partie de mon identité et… comment mes fans vont râler !!! Les filles se mettent au travail. « Dans cinq minutes ça doit être fini ! » Et je regarde le… naufrage. La fin d’une carrière aux mains de gamines qui n’avaient jamais tenu de paires de ciseaux, y a deux ans, et qui maintenant me manipulent. « Aie !! Vous voulez me couper une oreille ?! »
« Oh pardon ! » s’écrie Fahimeh. Je vois Hengameh sourire dans le reflet du miroir. Je fronce les sourcils, elle me voit, détourne les yeux et finit par lâcher. « On te reconnaîtra encore moins. » Fahimeh rigole, je souris, avant de me laisser aller à un petit rire. Et… dix minutes plus tard, je ressemble… à rien. Je soupire. « On va dire que c’est raccord avec l’ambiance. Bon. Fa’ a trouvé un garage. On doit l’occuper pour essayer de nous refaire et d’avoir un meka en état de marche. »