J'ai été obligé d'imposer une bonne pause, suite à notre confrontation contre Ludwig von Koopa. J'ai pas mal usé mes réserves magiques et du coup, je préfère prendre le temps de regagner mes forces car visiblement, le prochain combat s'annonce plus difficile encore que le précédent. De plus, il m'a fait un bon bleu au niveau du genou avec son attaque surprise. Je peux de nouveau me déplacer correctement, mais je vais devoir éviter dans la mesure du possible d'encaisser un nouveau choc au même endroit.

- Quel est le plan ? S'intéresse Ludwig qui reste en retrait, près de moi, les deux frères Marto menant toujours la marche.
- Euh… bah je sais pas où il est votre petit maître, donc j'en ai pas vraiment.
- Hin hin hin, ricane-t-il de façon moqueuse, presque avec dédain. Affronter le petit maître sans plan, j'ai hâte de voir ça.

Le Koopa à la carapace bleue se frotte les mains, continuant de ricaner. Je fronce les sourcils mais ne réponds pas. Visiblement, il ne croit pas vraiment en mes chances de l'emporter.

- "Voir ça ?". Tu ne comptes pas m'aider ?
- Pas du tout, insiste-t-il. A toi de me montrer ce que tu vaux, si tu vaux toutefois plus que ce qu'il reste de ta robe. Enfin, tu devrais faire l'affaire pour l'échauffer un peu.

Il se marre toujours, sans me regarder, dans un mépris total de la façon dont je pourrais réagir à ses provocations. Après, c'est vrai que je faisais malin moi, à me balader en calbut depuis que le déguisement est complètement foutu, dans leur forteresse immense. Heureusement qu'il y a quand même pas mal de torches et que le maître des lieux semble apprécier le thème "lave en fusion", sinon, je me les caillerais moi, à force.

- Il est plutôt de quel genre, votre petit maître ?
- Du genre qui aura un coup d'avance sur toi, me répond Ludwig dans un haussement d'épaule plutôt nonchalant.

Bon, ok. La collecte d'informations pour être prêt à ce que je vais affronter, c'est mort. Il fait exprès de rester évasif. Le gars a pas l'intention de le trahir sans être sûr d'y trouver son compte.

- C'est le fiston de Bowser, un vrai petit génie ! Me répond l'un des Frères Marto.
- Il est sûrement déjà bien préparé à nous recevoir, le petit, surenchérit le second.

Bon, c'est maigre, mais je suis content. Si mes équipiers veulent pas me laisser dans ma galère contre lui, c'est que je peux sûrement compter sur leur soutien pour ce qui arrive. Donc ce que je peux déduire de tout ça : j'ai affaire à un petit qui ressemble sûrement à son père, dans une version un peu plus intelligente. Ouais, c'est pas dingue, j'ai comme l'impression que je vais devoir affronter un bon concurrent assez tôt.

- Tu pourrais reculer ?

Je m'adresse à celui des deux frères qui est toujours en course. Si le petit est un vrai génie machiavélique, un piège nous attend et… je préfère encore que ce soit celui qui risque rien qui soit en tête de file.

- Pourquoi est-ce que je devrais reculer ?
- Y’a personne à l’horizon, on va pas se faire acculer !

Lorsqu’ils croisent mon regard, ils comprennent aussitôt que je déconne pas et qu’ils devraient simplement faire ce que je leur ai demandé. Le saturé nous rejoint donc et on continue d’avancer.

- Votre petit maître avec lequel vous me bassinez tant, vous pensez qu’il nous attend où ?
- Hin hin hin, ricane de nouveau Ludwig. Votre intelligence est trop inférieure pour savoir où il prévoit de vous accueillir.
- Parce que tu sais, peut-être ?
- Bien sûr. Il n’y a pas meilleur endroit pour intercepter les fuyards !

Et il n’en dit évidemment pas plus, gardant le mystère de cette pièce mystérieuse. On marche beaucoup, le temps passe et pourtant, on ne croise personne. C’en est même anormal : jusqu’alors, on croisait au moins quelques sbires par ci, par là, mais nous n’en rencontrons plus aucun depuis que Ludwig nous a rejoint. Est-ce qu'il aurait communiqué notre position à tous, par magie, pour nous tendre un nouveau piège ? Non, ça ne tient pas. Je crois qu'il veut vraiment me regarder me faire démollir par le fils de Bowser.

C'est vide à tel point qu'on finit par atteindre l'énorme porte d'entrée de la forteresse - qui n'est pas gardée de façon toujours plus suspecte - sans rencontrer la moindre résistance. Et là, je comprends ce qui se trame, quelques instants trop tard. Le Frère Marto en tête de groupe a déjà poussé la porte et quitté le château.

Je vois un bloc de pierre tomber lourdement contre son crâne, mais ça le l'affecte presque pas. Enfin, si, ça lui fait quelque chose : il est tout de même complètement écrasé contre le sol par la pierre qui lui a chuté dessus, mais il ne semble pas souffrir. C'est trop bien en fait, la désaturation, ça rend virtuellement invincible ! Moi qui croyais qu'il serait pas très utile éliminé, je me trompais sur toute la ligne ! Il fera un excellent bouclier humain… enfin, ça, c'est si je parviens à obtenir le consentement des deux frères et c'est pas gagné d'avance. Dans tous les cas, faut que je trouve un moyen d'en abuser autant que possible dès que je sortirai d'ici !

- C'est un piège ! Crie celui qui est toujours en lisse. Le Thwomp va se relever.
- Unité Bill Balle, appelle une voix lointaine, feu à volonté !

Et là, effectivement, il se relève, laissant passer de véritables munitions de canon vivantes qui se dirigent droit vers nous ! Je fais une roulade pour m'éloigner de sa trajectoire, mais celui-ci change de direction et revient vers moi, des petits bras levés, décidément prêt à en découdre.

- Leur point faible est au sommet ! Me crie mon partenaire qui a lui aussi son poursuivant.

Au sommet ? Vous voulez dire que si je veux pas qu'il m'explose à la gueule, je dois lui sauter dessus ? Mais ça n'a aucun sens ! Je vois l'autre connard, là, à côté qui se fait ignorer par les tirs et qui se marre en nous regardant courir en décrivant des cercles pour les faire tourner en bourrique.

- Hihihi ! Feu, feu, feu ! Qu’il ne reste rien des traîtres et des fugitifs !

Putain, on est mal. Comme si deux ne suffisaient pas, voilà que maintenant, quatre munitions nous poursuivent. Leurs trajectoires sont différentes et gardent pour même objectif de nous atteindre quel qu'en soit le prix. Le rythme est intenable, et je suis pas très serein à l’idée de devoir réussir deux sauts successifs sans qu’ils me pètent à la gueule. Et pourtant, est-ce que j’ai vraiment encore le choix ? Faut qu’on trouve un moyen de s’en débarrasser avant que d’autres ne viennent. Vite ! Et merde, ces trucs ont une intelligence puisqu’ils parviennent à nous mener à se diriger l’un vers l’autre, ce qui risque de compliquer nos courses circulaires.

- J’ai un plan, Marto ! A mon signal, tu devras sauter aussi haut que possible, compris ?

Il hoche la tête et de toutes façons, je dois déjà donner le signal, le temps étant compté. On saute ensemble aussi haut que possible, sauf que moi j’effectue un second saut d’une autre impulsion dans les airs. Je m’accroche à un lustre et mon partenaire semble comprendre mon idée puisqu’il empoigne ma jambe, me rendant la tâche de tenir en place très ardue. Les munitions entrent toutes en collision, explosant dans un faible périmètre. Le souffle fait s’agiter encore plus le lustre, si bien que je ne parviens pas à conserver l’équilibre et lâche l’objet.

Le Frère Marto rentre dans sa carapace pour endurer le choc, tandis que je me contente de limiter les effets de la chute par la magie. Mes jambes ne semblent tout de même pas apprécier la charge, mais ne cèdent pas. Elles sont juste légèrement engourdies, ce qui sera déjà assez dérangeant dans le contexte. Je dois pourtant prendre sur moi et reprendre ma course comme je le peux en direction de la porte.

- Kuro, non !

Merde, c’est vrai. Je stoppe net ma course au niveau de l’entrée, observant le Thwomp s’écraser une nouvelle fois au sol. Tiens, même si je me suis présenté plus tôt, c’est bien la première fois qu’il m’appelle par mon prénom. Cette fois, ni moi, ni le désaturé ne sommes touchés par l’attaque. J’attends que celui-ci se soit de nouveau retiré vers les airs, effectuant une glissade aussi prompte que possible pour passer en vitesse et esquiver un nouveau Bill Balle tiré par le fils de Bowser que je n’ai toujours pas aperçu. Mes coéquipiers parviennent à me suivre en rentrant dans leur carapace afin d’effectuer une glissade, suivis de près par Ludwig qui semble décider à nous observer d’aussi près que possible.

- Qu’est-ce que vous en dites ? Balèze le petit maître ?

Une fois la glissade terminée, je remarque que le Koopa a posé ses mains sur ses hanches, l’air particulièrement fier. Comme s’il était effectivement la personne l’ayant entraîné pour atteindre un tel résultat.

- Vous êtes tenaces. S’agace le petit maître que je peux enfin apercevoir. Et effectivement, outre le bavoir au motif plutôt menaçant qu’il arbore, il s’agit effectivement plus ou moins d’une version miniature de son père. Mais ça ne suffira pas. Le grand Bowser Junior va vous éliminer du jeu et conquérir ensuite le reste de l’univers ! Papa sera fier de moi !
- Pourquoi ne le conquerrions-nous pas ensemble ? Ensemble, nous ferions une équipe du tonnerre, inarrêtable !

Ma proposition est sérieuse, bien que je m’en serve volontairement pour me donner un sursis et finir de canaliser un sort de glace. Son monologue m’aura permis de me débarrasser de ce premier obstacle. Je balance donc effectivement le bloc de glace qui obstrue le canon, le rendant dès lors inutilisable. L’enfant semble ne pas apprécier le geste mais parvient à retrouver contenance, vociférant son prochain ordre :

- Unité Goomba, encerclez-les ! Unité Maskass, larguez les Bob-ombs !

Des trucs rouges masqués bizarres avec des hélices se déplacent au-dessus de nous et lancent des bombes en direction de nous, tandis qu’une unité de Goomba tente de nous cerner pour nous couper toute forme de retraite. Cependant, j’ouvre un chemin à l’aide d’un sort de foudre, nous permettant de quitter le périmètre avant que les explosifs ne tonnent. Le petit maître tape du pied, visiblement énervé que ses plans soient déjoués successivement.

- Frères Marto, je vous laisse vous occuper des Maskass.
- Yes ! On va les faire tomber…
- … Et ils ne pourront plus nous bomber !

Elle est quand même particulière, leur façon de parler. Là, le deuxième invente carrément un mot juste pour que sa phrase rime avec l’autre, j’en dresse un sourcil.

- Petit maître, montrez-leur de quel bois vous vous chauffez ! L’encourage Ludwig.
- J’ai pas besoin que tu me le dises, proteste l’enfant gâté avant de charger dans ma direction.

Il me crache une boule de feu que j’évite d’une glissade. Lorsque je me relève, je tente de lui asséner un coup de parapluie, sans succès : cette fouine est agile ! J’en tente trois autres de différentes manières qui n’atteignent pas plus leur cible. Bowser Jr finit par parvenir à attraper mon arme au vol, tirant ensuite vers lui afin de rompre mon équilibre. Je me retrouve désarmé, encaissant même un uppercut au menton qui me secoue bien la mâchoire.

Malgré la douleur, je parviens à me convaincre d’en prendre encore plus, le heurtant directement d’un coup de boule. Sa tête est dure ! Je suis sonné, ma tête me fait bien souffrir et la précédente blessure au crâne n’arrange rien à ça. Bien que mon assaut ait fonctionné - l’enfant gâté ayant perdu son équilibre - à cause de la douleur, j’ai perdu la presque totalité du temps qu’il m’a donné où je pourrais prendre l’ascendant.

- Alors ? Tu vas reconsidérer ma proposition ? Lui dis-je tout en tentant de l’attraper avant qu’il ne se soit relevé, en vain.
- Peut-être… du moins, si t’es à ma hauteur !

Il rentre dans sa carapace et fonce vers moi avec vitesse. Je préfère ne pas tâter de ses pointes, je dois donc de nouveau effectuer une roulade. Aussitôt manqué, Bowser Jr reprend sa forme initiale et me charge de nouveau, ne me laissant décidément aucun répit qui me permette de canaliser un sort. Il m’attaque d’une série de coups de poing. Malgré la différence de corpulence, ce diable se défend bien et ses frappes ne sont pas faiblardes. Je tente d’en esquiver comme je peux mais en encaisse régulièrement dans le torse.

Malgré mon effort prolongé, je commence clairement à cailler sans mes vêtements et ça affecte mes mouvements qui se font moins précis que je ne le souhaiterais. Le Koopa parvient à me faucher la jambe, me faisant chuter contre le dos. Le choc est plutôt brutal et je commence à manquer d’endurance. Ce môme a beaucoup trop d’énergie ! Il se place à mon sommet, me marchant littéralement dessus au niveau de l’abdomen, me coupant la respiration sur l’instant. Pour son âge, il est plutôt lourd !

L’enfant tente ensuite d’immobiliser mes bras afin de sceller sa victoire éclatante, mais je ne me laisse pas faire : je parviens à le déséquilibrer en ramenant mes jambes à moi. Les pics de sa carapace ont tout de même le temps de me les lacérer, me faisant pousser un râle de douleur. Néanmoins, c’est le moment ou jamais, donc je me concentre, rassemblant mon flux magique avant de brandir le bras au ciel :

- Foudre !

Un puissant sort de foudre tombe sur Bowser Jr. Ensuite, je me relève avec peine, constatant que l’enfant a subi le choc électrique de plein fouet, mais qu’il est toujours debout. Ses couleurs n’ont toujours pas perdu de leur saturation !

- Si tu rêves de conquérir le Cosmos, allions-nous le temps de ce Battle-Royale. Je te montrerai que ta place est à la Coalition Noire !
- Pas avant que tu ne te sois avoué vaincu !

Quel capricieux, celui-là !

- Soit, j’ai perdu.
- Hin hin hin, je te disais bien que tu n’avais aucune chance ! se moque Ludwig, pointant sa baguette magique dans ma direction.
- C’est bon, c’est pas la peine d’en rajouter !
- Enfin, si le petit maître souhaite te suivre, je ne m’y opposerai pas, poursuit-il. Cependant… je vous accompagnerai. Je dois veiller sur lui !
- C’est bon, je suis plus un enfant ! se fâche-t-il.

Et c’est ainsi que j’ai obtenu le soutien de solides alliés. Mon objectif dans ce monde est donc rempli.