Ma première alliance est conclue. Depuis peu, les deux Frères Marto me suivent. Bien que l'un des deux ait dû être éliminé par mes soins, j'espère bien qu'il ne sera pas totalement un poids mort. Ce sont deux atouts de choix dont je vais essayer de faire bon usage. Au vu de leur talent… particulier, ils pourraient même continuer de l'être. Tout dépendra d'eux. Pour l'heure, nous devons quitter ce château.

- L'un de vous connaît le chemin vers l'entrée ?
- Of course !

Ils se ressemblent tant que je ne suis même pas certain duquel me répond, étant en tête de file. Je le laisse donc mener le groupe, me reculant plus en retrait et profitant de ce moment afin de prendre mon gummiphone en main. En dehors d'une publication de Nazik, je n'aperçois pas grand chose de marquant. Ah si, l'autre provocatrice se la joue avec sa photo vieille de je sais pas combien d'années. Elle est encore en lisse, je devrai sûrement m’occuper d’elle tôt ou tard. La batterie est plutôt faible, il faudra bientôt que je la charge.

- C'est quoi ces sapes ?
- Si Bowser te voit comme ça, il te kidnappe !
- Hmm…

J'hésite à leur dire la vérité. Bien qu'ils aient conclu une alliance avec moi, ils restent pour le moment les sbires du maître des lieux. Ils pourraient m'espionner pour son compte et décider de me trahir à tout moment. C'est risqué, mais je décide de jouer avec le feu. Si je commence déjà à mytho, ils pourraient douter de moi et mettre fin à notre coopération de toutes les façons.

- J'ai assommé la Princesse Peach et je lui ai piqué sa robe et sa couronne. Actuellement, elle pique peut-être même encore un somme dans les chiottes de chez Tapper's, dis-je en ricanant un bon coup.

Elle était tellement naïve celle-là, je vous jure ! C'était presque écrit sur son front "Éliminez-moi". Bon, apparemment, ils trouvent ça aussi drôle que moi donc ça passe. J’ai peut-être eu raison d’en parler. On arrive bientôt au niveau d’une grille et un nouveau levier. Cette fois-ci, l’entrée est gardée par deux ennemis, un Koopin et un Skelerex, son homologue squelettique.

- Des intrus ! Je vais prévenir le petit maître. Retient-les !

La tortue se précipite, lève le levier et passe immédiatement par la grille désormais ouverte. L’un des Frères Marto lui balance son arme, mais elle ricoche sur lui sans même le perturber. Et là, je comprends l’horreur de cette règle du jeu : les éliminés ne peuvent rien faire aux joueurs qui sont toujours en course. Le second réagit également, mais trop tard. Le Skelerex parvient à dévier le marteau grâce à un os qu’il me lance, s’élançant immédiatement dans ma direction.

J’effectue une roulade afin d’esquiver sa charge, tentant ensuite de lui asséner un coup de parapluie. Au dernier instant, il pivote, se protégeant du choc à l’aide de sa carapace. Mon allié lui assène un coup de marteau dans le crâne, le faisant faire un vol plané. Le reste de son corps tombe en morceaux. La grille retombe évidemment à l’instant où on tente de la franchir, nous contraignant à relever le levier. Mais le temps qu’on fasse ça, les ossements se rassemblent, reformant l’ennemi originel.

- Il peut pas nous lâcher, celui-là ?

Le squelette repart à l’assaut, exécutant une succession de frappes d’os que je dois parer à l’aide de mon parapluie. Une nouvelle fois, c’est mon acolyte qui le démolit à coup de marteau, ne laissant de nouveau qu’un tas d’ossements.

- On en a fini ?

Le Frère Marto hoche négativement la tête, m’indiquant de passer la grille tant qu’on le peut. Je suis son mouvement, tant qu’on est tranquille. Merde, bien sûr. Le fuyard est hors de vue. Qui qu’il soit parti prévenir, on pourra pas l’en empêcher. Je laisse de nouveau mes équipiers mener la marche. C’est marrant, faire le chemin inverse me semble beaucoup plus long que d’être arrivé. La forteresse commence à me sembler soudain tout simplement immense ! On tombe sur des Gomba qu’on parvient facilement à éliminer. Ceux-là sont pas très tenaces, ni particulièrement vifs d’esprit. On finit par atteindre une salle plus ouverte, sans obstacle…

Enfin, quelqu’un nous y attend pour nous barrer la route, donc c’est peut-être vite dit. Bien que sa corpulence ne soit pas particulièrement plus impressionnante que ses comparses, c’est un autre de ces reptiles. Mais chez lui, le bleu est une couleur plus dominante, notamment avec ses cheveux ébouriffés en bataille, sa carapace et son sceptre qui sont tous de cette teinte.

- Je vous attendais, clame-t-il de façon théâtrale en écartant les bras.

Ça, merci, on l’avait compris.

- Unité Koopa ! Appelle-t-il.

Aussitôt, deux carapaces surgissent et glissent dans notre direction, tandis que l’un d’entre eux, ailé, se tient déjà prêt à nous tirer dessus à l’aide d’une fronde. L’un des ennemis me percute de plein fouet, m’expulsant directement contre l’un des murs et me causant un choc au niveau du dos. Mon crâne a aussi percuté la paroi. J’ai mal, je crois que ça saigne mais je dois me relever aussi vite que possible. Je me précipite afin d’esquiver un sort de l’énergumène. La boule de feu m’a frôlé, je rechute presque aussitôt relevé, ressentant une douleur au niveau du genou. Putain, c’est pas le moment !

- Mon plan fonctionne à merveille, se vante-t-il, s’esclaffant de rire en m’observant tomber.
- Frères Marto, je vous laisse ses petits sbires. Je vais me le faire, j’en fais une affaire personnelle, fis-je, clairement remonté par à l’idée d’avoir foncé droit dans son piège.
- Tu t’en sortiras pas avec de simples tours de passe-passe...
- … Car là où Maître Ludwig passe, les intrus trépassent, dit le second, l'air tout aussi peu rassuré que son collègue.

Merde. Non seulement ils semblent toujours le considérer comme leur maître mais… le fait qu’ils semblent le craindre tant ne me rassure guère. Ce Ludwig risque de me donner du fil à retordre. Et en parlant du loup, sa baguette magique s’illumine ! Un opéra jaune répond à mon appel, commençant lui aussi à charger un sort de foudre à l’encontre de mon adversaire. Celui-ci se voit contraint de changer de cible, relâchant le sort canalisé. Un cercle bleu frappe mon invocation qui est éliminée sur le coup.

- Hin hin hin, ricane-t-il, je te sens plutôt dépassé.
- Parle pour toi, dis-je afin de temporiser, le temps d’attraper mon poignard. Tu devrais t’unir à moi comme ils l’ont fait, tant qu’il en est encore temps. Rejoins le camp des forts !
- Laisse-moi rire, s’esclaffe-t-il, observant les deux traîtres qui affrontent son unité. Mario a peut-être vaincu Maître Bowser, votre petite équipe de guignol ne ferait pas le poids face au petit maître. Sois réaliste, tu n’as aucune chance dans ce Battle-Royale !
- C’est ce qu’on va voir !

Je lui lance mon arme entre les deux yeux, le contraignant à la dévier de son sceptre. J’en profite pour écarter les bras, canalisant rapidement un sort de feu que j’envoie en tendant le bras. La boule de feu l’atteint de plein fouet, mais ne semble pas très efficace. Décidé à reprendre l’ascendant dans cet échange, j’avance, préparant déjà mon prochain sort. Ludwig fait deux pas en arrière, sa baguette magique s’illuminant d’une lumière bleue. Un brasier et un glacier se percutent alors, faisant jeu égal. Je continue à m’avancer, tentant de gagner du terrain, mais pour le moment, il parvient à reculer du même nombre de pas que ceux que je fais en avant.

Je prends un risque, lui jetant un sort de lenteur et lui laissant l’initiative du prochain sort offensif. Et là, je ne comprends plus rien : son corps se dédouble. Désormais, je suis face à deux Ludwig identiques qui semblent déjà préparer leur prochain sort. Je parviens à parcourir le reste de la distance qui nous sépare, assénant un coup de parapluie à mon assaillant qui… disparaît dans une fumée blanche. Et là, je hurle : une boule de feu me frappe le dos de plein fouet, y causant une bonne brûlure.

Je suis contraint de me séparer de la robe rose, ou plutôt de ce qu’il en reste, le vêtement étant troué à plusieurs endroits, déchiré pour ne plus gêner mes mouvements et maintenant, même, calciné dans le dos. Me voilà donc presque nu, ne portant plus qu’un caleçon et mes chaussures. Heureusement qu’il fait plutôt chaud ici, mais je vais sérieusement devoir trouver de quoi me changer. Le temps que je me retourne, je vois sa baguette magique qui s’illumine de nouveau.

- Pas cette fois !

Le Koopa fait de nouveau apparaître un clone de lui. Mais cette fois, je suis prêt : d’un puissant sort de foudre, je déjoue son plan, atteignant lui et le faux de plein fouet. Le choc électrique semble bien le secouer, j’en profite pour le désarmer d’un bon coup de parapluie sec au poignet, puis pour le prendre et le jeter au sol. Je mets un bon coup de pied dans son arme qui se retrouve hors de portée. Je l’immobilise du mieux que je peux au sol, il est à ma merci. Les Frères Marto, quant à eux, semblent avoir également remporté leur affrontement avec brio à l’usure, l’éliminé servant sans cesse de rempart face aux coups des joueurs encore en course.

- Tu veux rester en course ?
- Ça ne change rien, tu n’as aucune chance contre le petit maître.
- Écoute, je te propose un marché. Tu vas m’accompagner. Si on croise ton “petit maître”, je te prouverai que je suis meilleur que lui. Si tel est le cas, tu serais prêt à conclure une alliance avec moi ?
- J’y réfléchirai.
- Dans ce cas, c’est un deal !