Suite à la vidéo d’introduction, Rita Skeeter apparait à l’écran, une main sur l’âtre de la cheminée. Elle adresse un grand sourire à la caméra.

« Bonjour chers téléspectateurs. Aujourd’hui, dans cet épisode d’Interview exclusive, nous avons encore fait le maximum pour trouver une perle, pour vous livrer l’information, l’actualité mais aussi le divertissement qui nous manquent à tous. La personne que vous allez rencontrer, avec moi, aujourd’hui, est une personnalité politique de premier plan depuis de nombreuses années. Mais que savons-nous vraiment d’elle ? Quels sont ses envies, ses rêves, ses secrets ? Je vous propose de le découvrir maintenant. »


Rita fait quelques pas pour s’approcher et de la caméra et du fauteuil devant la cheminée. Elle est habillée d’un tailleur bordeaux traversé par une ceinture noire, et porte des chaussures à talons. La journaliste s’assied sur son siège, détache ses yeux de la caméra pour regarder en face d’elle et sourire une nouvelle fois.

« Bonjour… madame, mademoiselle Cissneï ? Générale Cissneï ? Boss Cissneï ? Comment préférez-vous qu’on vous appelle ? »


« J'ai n'ai pas vraiment de préférences, je dois dire. » elle sourit légèrement. « On utilise le plus souvent Générale, je dois dire. »


« Et bien bonjour, générale ! Merci d’avoir accepté de nous voir. »


« C'est un plaisir. Je suis désolée du temps que ça a pu prendre ! »


« Vous êtes une femme occupée ! Générale Cissneï, on ne vous présente plus ! Vous êtes le boss de la lumière depuis… combien de temps, au juste ? »


« Oh. Et bien... » elle semble hésiter ; son regard se fixe sur le feu dans la cheminée alors que ses sourcils se froncent. Elle revient à Rita. « Ca va bientôt faire huit ans, en juillet je crois bien. Je dois vous avouer que je ne suis pas du genre à compter ! »


Rita hausse les sourcils d’étonnement en ouvrant légèrement la bouche. Elle se penché légèrement en avant.

« Vous avez donc dirigé la lumière, dans les faits, plus longtemps que n’importe qui. À l’instar d’un de nos précédents invités, vous avez succédé à des véritables légendes. Alexander, tout d’abord. Quelques mots sur lui ? Vous l’avez connue ? »


« Hm, dire que je l'ai connu ce serait vraiment exagérer les choses. Il a disparu quand je suis arrivée. Sa présence est encore importante à la Lumière, son souvenir si vous voulez. »


« Ensuite bien entendu, il y a Riku, ou Maître Riku pour les croyants ! Il a dirigé la lumière en interim, c’est bien cela ? »


« Oui, c'est lui qui était en charge de la Lumière quand je suis arrivée. Il nous est arrivé plusieurs fois de partir en mission ensemble, même s'il a dirigé la Lumière, c'était sur le terrain qu'était sa place. »


« Tout à fait. Alors si je ne m’abuse, c’est le Maître Yen Sid qui a repris les choses en main, et il a été succédé quelques mois par Mukuro Rokudo, un jeune originaire de la cité du crépuscule qui a fui la Coalition noire pour combattre. Lequel de ces deux boss avez-vous le plus côtoyé ? »


« C'est exact. Je suis sûre que sur l'instant, tout me paraissait très différent vu que j'allais et venais beaucoup plus qu'aujourd'hui, mais j'ai un bon souvenir d'eux deux, en fin de compte. La Lumière, je ne vais pas dire que c’est uniquement ça mais les souvenirs des personnes disparues restent présents parmi ceux qui restent. Comme je vous disais, je n’ai pas connu Alexander, mais sa présence est encore si forte qu’on le considère toujours à nos côtés, encore même aujourd’hui. » La jeune femme joignit ses mains d’un geste posé.


« Donc la lumière est créée. Un an plus tard elle perd son fondateur et pendant les années qui suivent, tous les chefs meurent ou partent les uns après les autres. On a des stars, Yen Sid, Riku, Alexander, mais… ce sont aussi des gens qui ne voulaient pas être là. Ils dépannaient ! Donc on n’est pas dans un état de stabilité. Alors votre… ascension ? Comment ça s’est passé ? »


Gros plan sur Cissneï.

« Disons... je ne pensais pas dépanner, mais je ne m'imaginais pas rester longtemps non plus. A ce moment, je revenais entre deux missions mais à tout moment je m'attendais à ne jamais pouvoir revenir. Je veux dire... a tout moment, quelque chose pouvait arriver. Pour ce qui est de l'élection, ça a été organisé, je me suis présentée et conséquemment élue mais je n'imaginais pas rester là huit ans plus tard. »


"Intéressant, il y a eu une élection ? Vous souvenez-vous de qui étaient vos différents opposants ?"


" Oui tout à fait, ma principale opposante était Aqua." Cissneï sourit. « Je me demande comment la Lumière serait, aujourd'hui avec Aqua à sa tête. Encore aujourd'hui, je pense qu'elle ferait un excellent dirigeant. »


" Oh. Aqua, la Maître Aqua. Elle était présente lors de la réunion des boss, pour vous soutenir, il y a de cela quelques années. C'est elle que naturellement, vous voyez à vos côtés pour vous conseiller ? "


" C'est vrai que j'écoute toujours ses conseils car je ne pense pas qu'un jour, elle ait dit quelque chose qui n'avait pas de sens ! Mais il n'y a pas qu'elle. Ce serait injuste de mentionner seulement Aqua ; beaucoup de membres de la Lumière travaillent depuis des années et ont toujours leur mot à dire. "

Plan large sur le salon.

« Nous aurons peut-être l’occasion d’en parler plus tard. Dites-moi, quelle a été votre première impression du job ? »


« Je ne me faisais pas d'illusions ; j'étais bien au courant de la quantité de travail qui incombait à un dirigeant. J'ai bien vu Riku et Yen Sid, mais aussi Mukuro gérer ce genre de problèmes. Ce n'est pas juste être assis sur un trône avec un verre de vin et attendre que des sous-fifres fassent tout, vous voyez ? » elle sourit. « Ma première impression, celle dont je me souviens en premier, ça a été quand je me suis rendue compte que je ne quittais plus le Château Disney. Comme je vous disais, je n’étais toujours que de passage, devenir plus sédentaire a été une surprise. Je m’attendais à beaucoup de choses mais j’ai été surprise par cent fois plus. »


"Cela étant dit... » Rita fait une moue taquine. « Vous conviendrez que vous êtes un cas à part, en la matière, générale. Si on regarde ailleurs... La Coalition noire est dirigée par un homme d'action. Le Sanctum, avant l'arrivée du Primarque Matthew March, avait aussi à sa tête un homme qui partait au combat à l'extérieur et... il en allait de même pour Genesis, quand la santé de celui-ci pouvait lui permettre. Devenir une sédentaire, ne pas quitter le nid, au fond... n'est-ce pas un peu votre décision ?"


" J'y ai longtemps cru, figurez-vous. Non seulement c'était bien plus pratique de rester ici et déléguer le moins possible les affaires courantes afin que j'aie un œil sur tout, mais j'ai aussi réalisé que m'aventurer dehors était une prise de risques inutile et un travail de plus pour qui aurait à me remplacer au Château. Rester une présence constante au Château me semble plus logique, même si je ne m'interdis pas catégoriquement toute sortie, elles sont justes plus rares. " Une légère pause, la jeune femme réfléchit. « Je dirais que c'est ma décision car au final, car il m'est tout à fait possible de partir. Mais est-ce que ce serait responsable, dans la conjecture actuelle ? Je ne pense pas. »


" Tout à fait. Alors. Imaginons... vous arrêtez demain pour une longue retraite tranquille à Costa del Sol, ou pour vendre des churros chez les cowboys. » invente Rita en faisant un geste de la main au-dessus de sa tête. « Qui voyez-vous pour vous remplacer ? Aqua ? Roxas ? Riku ? La générale qui était en poste à la forêt de Sherwood ? Un autre candidat ? "


" J'imagine qu'il faudrait que les membres de la Lumière aient leur mot à dire sur ce sujet. Je pense qu'une élection serait la meilleure solution pour permettre de se faire une idée. "


« Tout à fait, je comprends. Pardon, mais vous veniez de la Shinra, c’est cela ? Racontez-nous un peu ce passé de soldat qui obéit aux ordres d’une grande entreprise ? »


« Hm... ma réponse va peut-être vous décevoir, mais mon travail ne s'écartait pas beaucoup de ce que vous venez de décrire. La Shin-Ra a probablement doublé de volume maintenant, au niveau de ses finances, de ses employés, que sais-je encore... Quand j'en suis partie, la compagnie était très discrète sur le plan publicitaire. Loin de ce qu'on pourrait retrouver maintenant. » La jeune femme semble chercher ses mots. « Disons … Non, vraiment, j’étais jeune, la Compagnie s’est occupée de moi depuis très longtemps. Un ordre de sa part n’était pas tant un ordre qu’un devoir. Ce passé fait partie de moi. Je pense que je ne serais pas la même si je n’avais pas été employée par la Shin-Ra. »


" Et pourquoi en être partie ? Le désir de l'aventure ? Marre d'obéir aux ordres ? "


Plutôt que de répondre, la Générale prend quelques secondes pour réfléchir. " Pour être tout à fait honnête, un peu des trois mais en même temps, aucun des trois ? " Elle, rit légèrement « Vraiment, je ne saurais pas quoi dire. A y repenser, ce n'était ni responsable ni même probablement légal, je ne me rappelle pas avoir signé de préavis de départ. Je n'ai pas reçu de solde de tout compte non plus ! Plus sérieusement, il y avait du changement tout autour de moi et je sentais que je pouvais faire, plus en quittant la Compagnie. »


Rita compte sur sa main droite, tout en ayant l’air de réfléchir.

" Les trois ? J'ai parlé du désir de l'aventure, de "marre d'obéir aux ordres"... Ca fait deux, non ? "


" C'est vrai ! Maintenant que vous le dites. Peut-être que je comptais la volonté de partir comme étant l'une de ces raisons. "


" Mais que pensez-vous avoir gardé de toute cette vie et de toute cette expérience à la Shinra ?"


"C'est une bonne question, disons que le quotidien a rapidement changé. J'ai réussi a garder un petit côté maniaque pendant quelques temps et... maintenant ce n'est plus possible." elle sourit. « Je peux juste regarder mon bureau, sans temps pour le ranger, et désespérer un peu. »


" Je vois, je vois. Soyons sincères maintenant... Que pensez-vous de leur politique actuelle, de leur blocus total sur Port Royal ? Auriez-vous cautionné ça à votre époque ?"


" C'est vrai, je ne peux pas me mentir à moi-même en me disant qu'il ne me reste pas quelque chose de là bas. En parlant du Blocus, je ne pense pas que j'aurais trouvé ça 'juste' à proprement parler, à l'époque, ni injuste d'ailleurs, je n'aurais pas eu mon mot à dire tout de même. Je pense qu'à la limite je n'aurais pas eu d'opinion. Je vous le dit franchement ; ce n'était vraiment pas mon domaine à cette époque. Je ne pense pas avoir mon mot à dire aujourd'hui non plus, peut-être l'aurais-je un jour cela dit, mais pas à l'instant, non. »


Rita lève les yeux au ciel." Oui, pardon mais... vous savez que le Père-Noël a été enlevé, n'est-ce pas ? "


" Pardon ? "


" Non, générale, parce que je vous pose une question idiote, peut-être, mais... si le Père Noël n'est plus là pour décider qui sont les enfants sages... et que vous-mêmes, vous ne vous faites pas votre opinion, alors que vous êtes le boss de la lumière... Alors personne ne fait rien ? On parle de la Shinra qui, parce qu'il est en conflit avec les mercenaires, isole, affame un peuple. Moi, tout ça me semble quand même assez injuste, même si on peut trouver des poux dans les cheveux des mercenaires, comme nous l'avons déjà prouvé. " Rita fait un clin d’œil à la caméra.


Cissneï hoche la tête. " Je vois où vous voulez en venir. "


" Mais vous n’en direz pas plus, très bien. » Rita hausse les épaules ostensiblement, semblant désolée pour le téléspectateur. « Dans un autre registre, nous avons reçu une information d'un téléspectateur anonyme. Démentez ou confirmez ! Il paraîtrait que vous avez trouvé un grand allié en la personne de Matthew March, Primarque du Sanctum. On parle même d'un mariage ! Générale. Dites-nous que c'est vrai ! "


Cissneï entrouvre la bouche, ses joues rosissent. " C'est vrai. Il y a quelques mois, Matthew March m’a envoyé une demande de fiançailles que j'ai acceptée, oui. "


Rita paraît ravie.

" Incroyable ! Félicitations, générale ! J'ouvrirai une bouteille de champagne, ce soir. Alors ! Parlons... Parlons de l'heureux élu. Déjà, on en a surtout eu une image très... affectée par la guerre. Lui-même a utilisé des termes impitoyables pour décrire ce qu'attendaient ses ennemis, lors des quelques passages à l'éclaireur qu'il a faits. Et d'un autre côté, le Consulat le qualifie, et on peut le comprendre, de belliciste, suite à la déclaration de guerre faite au pire moment de l'histoire de l'humanité. Mais toute autre chose. En chair et en os, dans l'intîme, Matthew March est-il un homme bon ? Est-il agréable ? Tendre, peut-être ? "


" Ce n'est vraiment pas une question à laquelle j'ai envie de répondre en public ! " Cissneï repousse la question d'un franc rire. « Je comprends votre envie d'en savoir plus ! Une chose est sûre, j'aimerais que plus de gens puissent le connaître en temps de paix. »


« Oui. Oui d’accord mais donc ? Rien ? Vous ne nous dites même pas qu’il est plus doux en vrai que devant un micro ? »


« Vous pensez que je vais vous raconter ces choses-là ! Voyons – il l'est, vraiment. »


Rita fait un sourire forcé." Woh. Touchant. Bon... vous avouerez que des mariages qui ont un peu d'écho, dans les médias, nous n'en avons pas beaucoup en ce moment. Celui-ci... c'est un mariage d'amour ou un mariage avant tout politique ? "


" C'est vrai qu'il est possible de l'interpréter d'une manière politique. Je n'y ai pas encore réellement pensé. C'est une situation qui est venue comme ça, par amour. "


" Je vois... Finalement, doit-on compter sur une Sanctumisation de la lumière ? Une petite prière avant de tuer les sans-coeurs, et l'âme va droit au paradis des gentils ? "


" Je ne suis pas croyante, mais s'il s'avère qu'un soldat de la Lumière croit en Etro, il pourra assumer sa croyance et pratiquer sans aucune crainte de représailles. "


" D’accord. Pardon, générale mais je vais revenir un peu en arrière, sur une énigme, non : La grande énigme autour de votre vie, générale. Il y a de cela quelques années, exceptionnellement, vous êtes partie en mission et vous avez disparu. L'Éclaireur avait enquêté et avait parlé d'enlèvement, de rapt. Une bataille aurait fait rage à la ville d'Halloween et vous auriez été enlevée par votre ravisseur. Ca fait... froid dans le dos. Beaucoup vous croient morte, la lumière est... paralysée. Vous disparue, une générale à la guerre... Première question : qui restait-il au château de la lumière pour tenir la boutique ? "


" Il y a bien eu une bataille, oui. Je pense que l'on peut parler d'un enlèvement, il me semble. " Elle ne se départit pas de son air calme. Ses joues ont repris une teinte plus commune. Réfléchissant, elle écarte une mèche de cheveux qu'elle replace derrière son oreille puis joint ses mains sur ses genoux. « La Lumière fonctionne parfaitement si l'état major se retrouve compromis. Je n'en parlerai pas plus ici pour deux raisons ; je n'ai pas envie d'éventer notre organisation à tout le monde, et je ne tiens pas à assommer les personnes qui nous écoutent. » Un rire gêné, Cissneï demeure sérieuse cependant ; franche et calme.


" Pas de souci. La journaliste que je suis adore les petits secrets. Mais beaucoup plus important, et je crois que tous nos téléspectateurs attendent une réponse précise. Un jour, POUF, vous revoilà. Vous êtes revenue et... et aucune déclaration officielle. Générale Cissneï, racontez-nous, maintenant, ce qu'il vous est arrivé. "


" Je pense ne pas avoir fait de déclaration... tout simplement car je n'étais pas en état. Le moment venu, je n'ai simplement pas pris le temps, une fois remise. A la fois parce que le moment était tout simplement passé, je pensais une déclaration inutile. A l'heure actuelle, je ne sais toujours pas ce qui s'est passé clairement. L'enquête est en cours de notre côté. "


" Ah... ah oui, mais vous ne me dites rien du tout, là. Allez bon. Dans quel endroit étiez-vous ? Comment étiez-vous traitée ? Avez-vous reconnu votre agresseur ? Et surtout, mais... générale; Comment vous en êtes-vous sortie ? Vous allez me dire que vous avez tout oublié ? "


" Non, vous avez raison. Je n'ai pas oublié grand chose même si je sais très bien que mes connaissances se bornent à peu de choses. Je me souviens d'avoir été bien traitée. Après le choc de l'attaque, tout pouvait passer pour un bon traitement à vrai dire – je n'ai pas pu reconnaître mon agresseur. Pour tout vous dire... ça va vous paraître stupide, mais disons qu'un jour, la surveillance était particulièrement lâche. Je suis sortie comme ça, des mois après, j'avais repris suffisamment de forces pour filer. "


« Ah. Donc ! Vous savez où vous étiez, si vous avez réussi à vous enfuir. Dans quel monde étiez-vous ? Que mangiez-vous, tous les jours ? Ca a quand même duré des mois ! »


« Ce sont des excellentes questions » avoua-t-elle avec un sourire gêné. Même si ses épaules se raidissaient. « Je ne sais pas si ce que je mangeais sera d'un quelconque intérêt pour les personnes qui regardent ce reportage - vraiment !


Rita regarde Cissneï longuement, attendant une suite, avant de finalement continuer. « Et avez-vous ordonné des attaques ou ne serait-ce que des expéditions là où vous avez été retenue prisonnière, après coup ? Vous n’allez pas dire que vous n’avez rien appris ! »


« C'est quelque chose dont j'ai pris le soin de m'adresser à titre personnel. La Lumière ne saurait souffrir d'un combat de plus et j'ai sciemment choisi de continuer mes recherches seule. »


Rita fait un sourire en coin. " Et visiblement, nous n'en saurons pas plus. Récemment, puisqu'on parlait un peu plus tôt de déclaration officielle, vous avez été attaquée, si j'ose dire, personnellement, par une de nos rédactrices qui vous a reproché la communication absolument " néantesque " de la lumière sur les événements récents au Palais des Rêves. Il est vrai que si on vous compare au Consulat, au Sanctum et même à la Coalition noire, vous êtes... le cancre des médias. Aucun communiqué, pas même un officier dans votre QG chargé de mentir à nos journalistes. J'ai même été très étonnée que vous acceptiez cette interview. Quelle en est la raison ? Estimez-vous que les téléspectateurs ne méritent pas un peu de clarté dans ce brouillard de guerre ? Ou est-ce un mépris des chaînes d'informations ?


Cissneï hoche doucement la tête aux déclarations de la journaliste, ne cille pas. Elle garde la même attitude que pendant toute l'interview, égale à elle-même. " Je ne saurais pas vous dire si cette habitude de ne rien dire me vient de mon passé où je n'avais qu'à rendre mes comptes à mes supérieurs, mais je ne sent pas l'utilité de me mêler aux médias. " Elle regarde son interlocutrice dans les yeux puis reprends ; « Je pense sincèrement qu'une déclaration aurait été malvenue tôt après les évènements. D'une part car l'ampleur des évènements était si importante que des mots ne pouvaient simplement pas contenir les sentiments nécessaires. En tant que représentante de la Lumière, je ne pensais simplement pas avoir l'audace et l'importance de placer des mots sur une catastrophe comme celle-ci. » Elle réfléchit, quelques instants ; ses épaules sont tendues, mais sa voix reste égale. « La démocratisation des médias et la facilité qu'a l'information à circuler m'a pris de court et je dois admettre que la Lumière a un retard considérable sur ce sujet. Les téléspectateurs méritent, je dirais même qu'ils ont le droit d'entendre cette déclaration. Je nommerai un responsable à la Lumière, un porte-parole qui aura le seul et unique rôle de pallier à ce manque d'informations et assurera ainsi notre transparence. Cette interview, je ne l'ai pas acceptée en tant qu'excuse mais plutôt comme une déclaration de mes intentions. Quant aux évènements du Palais des Rêves, ils ne méritent pas un simple aparté, j'y accorderai le temps qu'ils méritent et m'exprimerai sur le sujet sous peu. »


" Du plus profond de mon coeur, générale, je dois vous dire que je trouve l'idée vraiment... plus qu'intéressante, et je ne vous en blâmerai pas. Alors, pas de questions sur le Palais des Rêves, ça, nous aurons les informations sous un autre type de média, papier, cette fois. En tous cas, générale, l'erreur que vous pourriez faire serait de ne pas tenir cette promesse. À présent, j'aimerais que nous revenions sur certains de vos propos. Vous disiez que toutes les personnes disparues vous restent en mémoire, n'est-ce pas ? "


" Effectivement, oui."


" Or, nous avons eu vent des critiques que vous a faites le Consulat, le jour où la guerre a été déclarée entre vos deux groupes. Et nous avons été assez étonnés. L'information n'est pas confidentielle, beaucoup sont déjà au courant. En-dehors de la mort du juge Claude Frollo, selon eux, du fait de Roxas, votre champion, si j'ose dire... Le Consulat vous reprochait deux choses. Premièrement, votre prédécesseur, Mukuro Rokudo, a combattu Kefka Palazzo, le tyran qui a mis Sherwood à feu et à sang et qui… plus récemment, a brûlé un parc au Jardin Radieux, en tuant une consule. Le combat aurait fait des centaines de victimes, incendié le quartier autour de la cathédrale. Alors, tout le monde a conscience que c'est Kefka qui est le responsable de l'incendie mais... vous, sous-entendu la lumière, n'auriez envoyé personne. Pas un soldat, pas un héros de la lumière, même pas de l'argent. Alors que vous étiez quand même impliqués. Et c'est intéressant. On a ici un peuple que vous n'aidez pas et votre prédécesseur dont apparemment, vous vous fichiez éperdument. Un commentaire ? "


La jeune femme est tendue. Elle prend quelques secondes pour répondre.

" Je pense que, sur ce sujet, le Consulat a tout à fait raison. " Un léger sourire. « Quand c'est arrivé et que Genesis Rhapsodos est venu jusqu'ici pour nous réclamer Roxas, je le pensais dans le tort, j'imaginais les erreurs du Consulat sans même penser aux erreurs de la Lumière – mes erreurs. Je ne me dédouane pas le moins de monde, ce que je n'ai pas compris à cette époque, il est de votre bon droit de venir m'en parler à l'heure actuelle. Non, je n'ai envoyé personne, ni soldat ni argent. Je n'ai pas porté de regard à ces tragiques évènements et j'en porte l'entière responsabilité. Désormais, je suis partagée car toute aide envoyée serait pire qu'une insulte à un monde que nous avons abandonné et une organisation – je parle bien-sûr du Consulat – que nous avons méprisée sans aucune raison. Mise à part celle de nous couvrir, bien évidemment. »


Rita sourit, visiblement contente. La caméra fait un gros plan sur elle ;


" L'autre reproche concernait une nouvelle fois un membre de la lumière et encore une fois la cité des rêves, et encore une fois... la mort du premier dans la deuxième. Jann Diwel, un sous-officier, aurait été tué, démembré par Roxas, toujours selon le Consulat, au-dessus des tours de la cathédrale. Alors, nous n'allons pas revenir sur le procès de Roxas, en fait ce n'est pas du tout ça qui nous intéresse. Ce qui est préoccupant, c'est qu'une nouvelle fois, il y a un mort parmi vous, avec des circonstances mystérieuses, et il n'y a rien. Pas de déclaration, mais ça, vous vous êtes exprimée, et pas la moindre enquête. Ce n'était peut-être pas vous qui étiez en charge alors, mais aujourd'hui vous représentez la lumière, alors, au nom de la lumière, dites-nous en quoi la mémoire de vos disparus compte pour vous dans la mesure où vous laissez leur crime impuni ? "


" En étouffant cette affaire, j'imaginais clairement diminuer le ressenti global quant aux actions de Roxas, qui est un membre de la Lumière. Je comprends aujourd'hui à quel point c'était une erreur de ne pas convoquer les médias au moment où tout ces évènements ont eu lieu. La situation absolument horrifique de ce meurtre nous a laissés dans l’impossibilité d'une réaction, quelle qu'elle soit. Il nous était impossible de parler sans nous placer en porte-à-faux vis-à-vis de nos politiques. A ce moment là, l'opposition face au Consulat, et surtout comment éviter un tel désastre, était notre priorité. Il y avait une part de fierté personnelle bien entendu. J'ai pensé qu'aucune déclaration serait plus juste, que la Lumière n'avait pas à rendre de comptes. "


« D’accord mais là vous me reparlez des médias, générale. Mettons les médias, les déclarations et le Consulat de côté pour juste se concentrer sur l’enquête qui n’a pas été faite : Pourquoi ? Un des vôtres, Jann Diwel, meurt assassiné et rien. Et vous parliez des souvenirs des personnes disparues qui restent présents ? Et vous arrivez à embaucher du personnel, avec ça ? »


« Je devais bien me douter que votre interview se dirigerait vers ces zones là. » reprit Cissneï. « Là encore, il y a quelque chose que je dois vous dire quant aux comptes que la Lumière a à rendre à la presse. Il n'y en a aucun. » Son ton n'était pas catégorique malgré ses paroles qui n'admettaient pas de commentaires. « Je comprends votre envie de clarté, de transparence même, mais à aucun moment la Lumière ne s'est engagée à transmettre tous ses faits et gestes. Que rien n'apparaisse en public ne veut absolument rien dire quant à ce qui s'est passé à l'intérieur de nos murs et je puis vous assurer qu'une enquête est en cours au moment où nous parlons. Je vais choisir de ne pas m'arrêter sur ce petit commentaire acerbe que j'espère, vous ne réserverez qu'à moi et pas à quelqu'un de moins enclin à discuter. »


Rita fait un grand sourire en regardant la caméra. " Ouh. Je ne m'attendais pas à un tel répondant, générale ! Je relève une petite contradiction avec le moment où vous nous disiez que vos intentions étaient de communiquer davantage et d'être justement plus transparente, mais vous savez quoi, ça fait partie de votre charme martial !"


" ... "Cissneï resta silencieuse, campée sur ses positions.


« Générale, je suis étonnée de voir que vous voulez améliorer votre rapport aux médias. Mais vous savez, il n’y a pas que ce qu’on dit. Il y a aussi ce qu’on fait. Ce n’est pas parce que vous nous direz plus de choses que vous rattraperez tout ce que vous ne ferez jamais. »


« Absolument, ce statut comme l'exact inverse sont quelque chose que je prends en compte. Comprenez bien que si la Lumière est encore là aujourd'hui au milieu de puissances tellement viles qu'il est impossible de traîner honnêtement avec, c'est parce qu'il a fallu nous adapter et cette adaptation passe par des secrets que je ne compte pas dévoiler à des oreilles indiscrètes telles que les vôtres. » courtoisie, mais pas trop. « Croyez-bien que j'oeuvre au meilleur pour la Lumière. Pour que tous ceux en son sein soient défendus et en sécurité. »


" Et je suis sûre que de là où ils sont, tous vos anciens vous regardent avec fierté, générale ! Merci beaucoup, en tous cas." Rita regarde la caméra; " Au final, nous avons appris de nombreuses choses avec notre invitée. Ce qu'll faut retenir, c'est que certaines infos vous seront transmises, mais pas toutes. Que les bêtises sont regrettées mais pas toujours assumées. D'ici là, gardez confiance en ceux qui combattent les ténèbres. Si tout va bien, mes oreilles indiscrètes pourront vous révéler en avant-première l'hymne national du Château Disney que vos enfants devront réciter par cœur chaque matin."