« Et voilà ! On a attendu si longtemps la navette, elle a mis si longtemps à faire le trajet que maintenant ! Il fait nuit ! »
Heureusement il y a des réverbères dans ce monde-ci aussi. Je volète de l’un à l’autre en guettant les plaques métallique qui annonce le nom des rues. Je dois retrouver une adresse précise parce que quelqu’un a répondu à un de mes bons pour un vœu ! Et celui-ci est bien plus réalisable que le dernier ! Je dois retrouver une maman. C’est trop mignon. Et triste aussi. Le pauvre enfant a grandi sans sa mère et ça me brise le cœur. Mais c’est mignon de vouloir la retrouver ! Nous, les fées du pays imaginaires, on a pas de mamans. Mais y a plein de monde très bien qui s’occupe de nous comme des mamans. La Reine Clarion, les Ministres des Saisons… (Sauf celui du Printemps. Il est trop nerveux pour un rien), Madame Muguet à l’académie, même parfois la fée Marie à l’atelier. Je préfère un peu la fée Marie à Madame Muguet quand même. Elle est douce et chaleureuse et amusante. Ils ont tellement de chance à l’atelier des fées bricoleuses !
Il n’y a personne dans les rues à part des groupes de soldats noirs aux bottes qui claquent. Ils me donnent des frissons dans le dos rien qu’à les entendre. Ça me fait bizarre par rapport au Jardin Radieux qui est tout le temps plein de vie et de lumière même la nuit. Ici, pas un chat. Tant mieux ! La nuit tous les chats sont gris et dangereux… plus qu’à l’habitude ! et il faut se méfier des rapaces, des chouettes, des chauve-souris, des humains et leurs tapettes qui nous prennent pour des moustiques ! Et même des crapauds !
J’ai peur, cette obscurité ne me rassure pas. Je suis fébrile depuis que je suis dans ce monde. J’ai presque la nausée. Alors je dois trouver cette adresse et vite ! Même si toutes les maisons se ressemblent presque. Ont-elles des couleurs de jour ?
Je trouve enfin l’adresse qui m’a été indiquée sur le bon de retour du vœu ! La personne que je dois voir en sort, c’est parfait ! Il a les mains pleines et referme derrière lui avant de rapidement se dirigées vers d’autres ruelles. Je dois battre des ailes aux plus vite pour le rattraper !
J’arrive juste à temps sur le haut de son crâne blond pour m’effondrer de fatigue. Il va me falloir un peu de temps. Je dois esquiver sa main quand il se gratte, il a dû sentir mon atterrissage sur sa tête. Tant pis, pour le moment je reste discrète, je dois reprendre mon souffle un instant. Je m’allonge dans sa tignasse blonde. C’est marrant, je m’attendais à un enfant vu sa façon d’écrire. Il est plus grand que je pensais. C’est un adulte surement. En tout cas il marche vite. Je vois le ciel défiler, à moins que ce soit les nuages noirs qui défilent rapidement comme si il y avait beaucoup de vent…. Il ne va tout de même pas y avoir une tempête j’espère !
Ah, des branches… On traverse une forêt désormais. Je me fais toujours discrète, j’entends qu’il croise d’autres adultes. Ils se saluent, ils ricanent, lui je le sens tendus et il soupir… Ce doit être un grand timide. Il entre dans un immense bâtiment. Je commence à avoir le tournis, je préfère rester affalé sur son crâne jusqu’à ce que ça passe. J’espère juste ne pas avoir de haut-le-cœur. Evitons de rendre les baies du déjeuner sur ses cheveux ! Mais j’avoue que je ne suis pas au mieux de ma forme aujourd’hui. Je ne comprends pas pourquoi. Je sens mon cœur étreint, je me sens oppressée par l’air que je respire. Il ne fait que nuit mais c’est comme si j’étais enfermée dans les ténèbres.
Ca y est, il s’arrête ! Je force mon petit corps à s’asseoir au moins en respirant amplement. Allez Garance ! Va falloir se manifester tout de même, il a demandé ton aide !
« Tiens Kuro, je t’ai apporté tes affaires. Tu comptes quitter l’infirmerie un jour ? » Il pose le tas de vêtement sur le bord d’un lit.
Comment ça, Kuro ? Ce n’est pas lui ? Je me penche par-dessus son crâne pour voir à qui il s’adresse. Un autre blond, légèrement plus petit que lui est allongé dans un lit dans une pièce aux reflets blancs et plutôt peuplés même si chacun est caché par des toiles blanches. Il a l’air blessé le pauvre !
AH ! Le blond qui n'est pas le bon se gratte la tête, je suis obligée de m’envoler pour esquiver sa main. Plus le choix, j’atterris sur le lit entre les deux blonds. Il a bien dis Kuro donc l’un des deux est forcément mon client !
Cette fois, je me suis préparée ! J’ai un papier de l’Eclaireur ! Ou est-ce que je l’ai rangé par contre…. Je fouille toutes mes poches avant de finir par le brandir toute fière vers … hm … celui qui est allité ?