Jacques de Mirepoix
Identité
- Nom : De Mirepoix
- Prénom : Jacques
- Titre : Avunculus Familias
- Âge : 39
- Camp : Consulat
- Monde d'Origine : Forêt de Sherwood
- Race : Hybride
- Grade désiré : /
Test RP
Une cacophonie métallique typique annonçait l’arrivée de la relève de la garde sur les remparts de Nottingham. La compagnie s’était divisée en petit groupe pour se répartir les quarts. Ils ne marchaient toujours pas correctement au pas, ni ne maintenaient convenablement leurs armes pour en réduire le bruit de choc contre les cuissardes pourtant matelassées, les boucles de ceinture métalliques ou même les armes de leurs propres compagnons. Leur caporal désapprouva en un soupir ; lui-même portait une écharpe de soie à sa ceinture pour protéger son matériel de ce genre de désagrément. Jamais ses instructeurs n’auraient tolérer une pareille désinvolture, mais en ces heures sombres de guerre civile, il ne pouvait espérer plus de ces hommes.
L’hybride ordonna ses soldats. Les loups archers près des meurtrières juste assez ouverte pour faire passer leur musculature fine, à l’affût de l’horizon sous leur capuchon de laine. Les crocodiles munis d’épées et de boucliers à chaque extrémité du chemin de ronde bloquant entièrement son accès de leur carrure imposante, renvoyant l’autre groupe à un repos bien mérité au donjon. Encore quelques mois et il rejoindrait enfin le cercle des officiers, comme il était de rigueur pour un homme de son statut. Non pas que côtoyer les hommes du rang ne lui déplaise, il savait reconnaitre les qualités et limites de chacun, quelques soit leur naissance et selon leur valeur. Mais en tant que premier fils de bonne famille, même de petite noblesse telle que la sienne, il avait eu le choix entre les ordres ou l’épée, et avait accepté l’honneur d’une place au minimum officier lui étant due. Du moins, elle l’était avant que les humains ne viennent changer l’ordre des choses dans ce monde. Depuis lors, le chaos régnait sur Nottingham. Bien sûr il n’oubliait pas la difficulté de sa patrie avant l’arrivée de Kefka au rang de sheriff. La misère et les lourdes taxes saignaient déjà leur peuple avant ces êtres imberbes. Cependant les actes discutables et la logique impénétrable de cet homme lui donnaient beaucoup trop matière à réflexion. Il n’était jamais bon de trop réfléchir à un ordre. Ses instructeurs le lui avaient bien assez souvent répété.
Son regard doré fendu d’un iris noir se perdait sur la campagne de Sherwood, délavée par la saleté et la pauvreté, assombrissant son humeur. Les taxes avaient encore gonflées. Seuls les soldats en étaient exemptés, faisant grossir leur rang dans le mince espoir de soulager leurs familles. La quantité avait augmenté, mais la qualité avait inexorablement chu. Sur le chemin de ronde, certains luttaient contre leur impatience pour conserver leur position et replaçaient leur tenue en place. D’autres devaient être particulièrement surveillés au vu de leurs valeurs trop versatiles à son goût, notamment à la vue d’une demoiselle servante traversant la cour. Il les rappela à l’ordre, d’un ton simple mais ferme, montrant lui-même l’exemple de son port altier et impeccable tourné vers le danger, malgré son gabarit deux fois moins imposant que celui de ses soldats alligator. Il ignora les murmures grognons chassés par le vent qui jouait à flatter sa douce fourrure noire en remontant des remparts.
Pourtant le félin réagit promptement lorsque l’alerte fut donnée. Un des loups armait déjà son arc vers les deux passants au pied des remparts qui hurlèrent pour attirer leur attention. Un mot du caporal et le geste fut arrêté à temps. La corde maintenue tendue tremblait déjà, l’accident pouvait arriver à tout moment alors que l’un des malheureux tirait le deuxième vers eux.
« Ohé du rempart ! Venez donc m’aider ! J’en tiens un… je tiens un de ses fichus satané rebelle des bois ! Hurlait un porc malmenant une pauvre vieille tortue, sans se méfier du danger qu’il encourait face à cette flèche prête à filer.
- Je suis innocent, messires ! Pitié ! Chouinait le vénérable reptile.
- Boucle là ! Ou je te rosse avant qu’ils n’ouvrent la porte.
- Halte, manant! Si tu ne veux pas finir toi-même une flèche au travers de la gorge. Pourquoi pareille esclandre ? Fit le caporal en se penchant entre deux créneaux pour mieux voir la scène, haussant sa voix de ténor.
- Ce malandrin est un rebelle ! Le sheriff a promis une prime pour tout …bon citoyen… qui les dénoncerait !
– Es-tu certain de ce que tu avances ? Le félin noir tapotait de ses griffes sur la pierre, agacé par le spectacle devenu de plus en plus fréquent depuis l’annonce de Kefka. Ses yeux se plissèrent, d’un air menaçant, alors qu’il détaillait la vieille tortue bien incapable d’être une menace. Sais-tu que le parjure est un crime aussi pendable que le brigandage ?
– Le parjure, messire ? L’un des sourcils broussailleux du porc se leva vers le ciel, devant son incompréhension du terme.
– Ne nous fait pas perdre notre temps ! Quelle preuve as-tu de la félonie de cet être ? Si tu nous trompes, je te promets nombre de coups de bâtons en seul paiement ! Le caporal ne réussit pas à restreindre les battements de sa queue touffue devant cette scène affligeante. Le porc avait eu un mouvement de recul et d’hésitation trahissant bien ses intentions fallacieuses.
– Je ne peux lui rembourser ma dette et payer mes taxes en même temps, noble sire... C’est là mon seul crime. Gémit la tortue tout aussi craintive pour son sort que son accusateur.
– Hors de ma vue, orchidoclastes ! La taxe est prioritaire, arme toi donc de patience et de réflexion à l’avenir. Et que je ne vous y reprennent plus ! Le félin les fit se séparer d’un geste autoritaire de la main du haut des remparts.
– Je peux les aider à disparaitre plus vite ? Ricana le loup alors que la flèche tremblait, toujours à l’ancrage. Le porc détala rapidement pendant que la tortue peinait à enchainer un pas après l’autre.
– C’est hors de question, soldat. Désarmez votre tir immédiatement. » Le caporal fit rapidement demi-tour, laissant sa cape courte brodée flotter au vent, sa seule réelle distinction du reste des soldats.
Il regrettait amèrement de ne pouvoir inculquer de vraies valeurs à sa troupe. Des notions de justice et de droiture qui les rendraient fiers d’être les soldats de Sa Majesté. Qui le rendrait fier d’eux. Ses supérieurs avaient pourtant été clairs. Qu’ils sachent se battre sous les ordres leur étaient suffisant. Tout le pays était devenu semblable à cet horizon, pourris et terne. Si les sphères de la noblesse ne lui avaient jamais parus saines, fuyant au possible le Noble Jeu, il regrettait désormais l’absence de sagesse dite populaire. Mais tant qu’il en serait le caporal, il pouvait encore essayer de juguler à défaut ses propres soldats pour que ce genre de scène ne dégénère pas sous ses yeux. Au fond de lui, c’était un combat permanent pour conserver intacte sa pensée, son mérite, et les valeurs que lui avait inculqué ses aïeux. Ses mouvements de tête pensifs firent tintées les quelques perles accrochées à ses oreilles, lui rappelant ses serments de droiture et d’honneur, lui redonnant courage.
L’orage soudain couvrit bientôt la citadelle alors que la compagnie regagnait ses quartiers. Il fallut se mettre à l’abri, les moustaches et les poils frisés par l’énergie commensurable qui épaississait l’air. Les pierres tremblèrent, terrorisées par l’éclatement du tonnerre, par la force de la foudre s’abattant en un seul point, rendant aveugle de par sa clarté violente et subite, rendant sourd par le cri déchirant d’une victime et de ceux qui en furent témoin.
Le Prince Jean était mort. Vive le Régent.
Dès lors les choses changèrent encore plus radicalement. Des rumeurs de punition divine guidèrent quelques désertions au profit du camp des brigands de la forêt. Ceux qui furent autrefois des alliés, des connaissances, voir des amis, devinrent des traitres qu’il devait traquer et punir, à son cœur défendant. Cependant les exactions de Kefka se firent de plus en plus insupportables et nombreuses. Ses valeurs étaient mieux défendues par des rebelles que par celui qu’il devait s’évertuer à servir. Il devait punir l’honneur, condamner l’empathie, défendre l’infamie. La foi du Caporal De Mirepoix fut ébranlée tout comme son esprit fut à jamais marqué de crainte en temps d’orage, se remémorant à chaque fois la violence de la foudre le soir du régicide.
« Duchesse, me voici ravi de vous revoir enfin ! Le caporal, prit les mains délicates tendues de sa cadette, aussi blanche comme neige que lui-même était noir comme nuit. Ses yeux bleus lagons et des gestes mesurés l’accueillirent avec tendresse dans la simplicité de son salon privé dans lequel il avait été guidé.
– Jacques, allons, n’en as-tu donc pas assez de me taquiner ainsi avec mon titre depuis le temps ?
- Jamais, je l’avoue bien volontiers. Répondit-il d’un sourire en coin laissant apparaitre une partie de ses crocs, se gardant quelques instants de légèreté. Comment vas-tu ?
– Bien mieux depuis que j’ai reçu la lettre annonçant ton arrivée. J’étais morte d’inquiétude quand j’ai appris l’attaque des brigands sur le Régent lors de la crémation de feu Notre Prince.
– Ne m’en parle pas… Tout ceci n’est que pure folie ! Soupira-t-il en relâchant les mains de sa sœur sous son regard interrogateur et d’autant plus inquiet. Il fait massacrer impunément par le poison et les flammes, brigands et prisonniers, homme , femme… et même enfant ! Cette … « cérémonie » était un piège plus qu’évident ! Que penser maintenant que les rebelles ont obtenu l’aide de soldats d’un autre monde, c’est bien la preuve de leur bon droit… J’en viens à espérer qu’ils réussissent enfin à renverser le tyran. Il baissa la tête devant son propre aveu digne d’un traitre à la Couronne alors que sa sœur hoquetait de surprise. Un tel discours ne lui ressemblait pas.
– Allons rassemble tes esprits, mon frère. Ce n’est pas là une prédication à avoir pour un garde de Nottingham… Aussi regrettable soit les décisions du Régent. Admit-elle en laissant baisser sa voix sur la fin de sa phrase. Si quelqu’un venait à t’entendre ?
– Il demande à nouveau à augmenter les taxes, y compris pour les nobles… Je m’inquiète Duchesse… Comment t’en sors-tu avec les finances du domaine ? Toi et les chatons n’êtes pas ennuyés par vos gens ? Finit-il par avouer avec de la tristesse dans la voix. Depuis la mort de ton époux, j’ai toujours la crainte de te savoir seule ici, surtout en ces temps de rébellion.
– Nous nous débrouillons très bien, Jacques. N’aie crainte, nous sommes plus entourés que tu ne penses. Il me faut juste faire quelques concessions.
– Bien… Rien de déplacé j’espère ?... Non ! Non, ne frappe pas, je ne dis plus rien… Je n’ai pas besoin de savoir surtout si c’est contre les lois du Régent. Il se ressaisit après un long silence et sous la menace du regard sévère emprunté de sa cadette. Puis il lui reprit les mains se voulant, on ne peut plus sérieux. Il existe apparemment… un groupe d’humain qui recueille un grand nombre de réfugiés de la forêt de Sherwood… Rien à voir avec les soldats qui soutiennent les rebelles. Le Sanctum, est leur nom. Je veux que toi et les enfants, vous quittiez ce monde avec eux.
- Enfin, Jacques ! Tu n’es pas sérieux !
– Si. J’ai mûrement réfléchis. Tu vas perdre le peu que tu possèdes au fur et à mesure que grandit la folie de Kefka. Je ne peux plus vous abandonner tous les quatre ici sans aide. Je ne peux plus garantir votre sécurité. Dieu m’en soit témoin, je ne laisserai rien vous arriver de la sorte.
– Et qui va garantir la tienne de sécurité ? Je ne quitterai pas ce monde en te laissant au milieu d’une guerre. Répondit-elle fermement, ne laissant aucune place à la discussion. Si tu veux nous mettre à l’abri, alors accompagne-nous.
– Mon absence va se voir immédiatement ! Il se releva d’un bond devant la réponse improbable de sa sœur.
– Alors profitons que tu sois sensé te trouver ici même. Je vais faire préparer nos bagages et un attelage. Elle lui répondit avec la légèreté d’un départ en villégiature, lui accordant un grand sourire malgré l’étincelle de sérieux cachée derrière ses yeux bleus lagons.
Laissé seul avec son incompréhension dans le salon privé de la Duchesse, l’hybride retira son épée de sa ceinture et la posa à même le sol. Il s’agenouilla devant la fenêtre baignée de lumière. Il sortit un pendentif en argent hors de sa chemise et le serra entre ses mains griffues pour trouver la force nécessaire à ce qu’il s’apprêtait à faire. Il lui fallait puiser dans ses serments et l’héritage moral de ses aïeux. Une volonté que sa cadette possédait déjà en elle pour assurer la survie de sa famille. Il se permit ici-même une prière à son dieu.
« Au nom de Jésus-Christ, je revêts l’armure de Dieu. Avec, à la taille, la vérité pour ceinture, la justice pour cuirasse, les chaussures du zèle pour annoncer l’Evangile. Je saisis le bouclier de la Foi, le casque du Salut, l’épée de l’Esprit, qui est Parole de Dieu. Oui le Seigneur est ma force. Debout, je relève la tête devant mes ennemis. Puisque Dieu est pour moi, qui sera contre moi ? Le Seigneur est mon rempart, en Lui je ne crains aucun mal, il est mon secours et mon défenseur. Puisse-t-Il à jamais guider mon bras pour les protéger.
Amen … »
Cela faisait plus d’une année qu’ils étaient installés dans le Domaine Enchanté. Ils avaient troqué la misère de Nottingham et sa guerre civile pour la misère installée au pied d’un autre château d’un monde sortant à peine d’une guerre civile. Quelle ironie. Quelle désillusion. Le quartier provisoire devenait un quartier à part entière pour les hybrides, parqués là dans le quartier « fauve » comme des animaux pestiférés responsables de tous les maux possibles pour la population originaire de cette région.
Le chat noir, ancien caporal, tournait en rond entre les tentes, cherchant désespérément à se rendre utile en protégeant les siens, les pieds dans la boue et la misère qu’il avait tant voulu épargné à sa sœur, ses neveux et nièce. Qu’avaient-ils gagné en abandonnant tout, si ce n’est qu’une paix relative. Le racisme envers les hybrides faisait de plus en plus rage. Il devait intervenir de plus en plus fréquemment pour calmer les humeurs de quelques mots de moins en moins patients, ou de quelques passes d’épée scellée dans son fourreau. L’objet n’était plus qu’un beau souvenir de famille tout au plus, qu’il conservait malgré tout avec dévotion. Sa cadette lui avait fait promettre de ne jamais la lever contre quiconque dans ce monde, aussi ne l’utilisait-il jamais la lame au clair. Ce n’était pas l’envie qui manquait parfois et malgré sa petite taille par rapport à un humain adulte, il ne se gênait pas pour combattre avec férocité et force, menant l’attaque de front et jamais en traitre. D’un coup de pommeau d’arme bien enfoncé dans l’estomac, il calmait rapidement les ardeurs des plus véhéments. De simples paysans accablés par l’histoire cherchant simplement une excuse pour se délester de leur colère sur une cible facile. Lassé de devoir confesser de tels actes, il en venait à délaisser les groupes de prières, ne se sentant que plus mal encore. La famille avait toujours été une fervente supportrice de la religion au long de son histoire en Sherwood. Il se sentait presque déshonorer ses ancêtres. Malgré tout, cette promesse faite à sa cadette, une perle de plus à ses oreilles, tintait à son ouïe pour lui rappeler humilité et un peu de sagesse. Il n’avait jamais su refuser quoique ce fut à sa petite sœur désormais sa seule famille et lui ayant offert le luxe de neveux et nièce adorables.
Le temps passa arrangeant les urgences et le provisoire en organisation plus permanente. Puis les templiers du Sanctum prirent les choses plus au sérieux, patrouillant davantage dans le quartier pour assurer un peu plus le bien-être des hybrides et des habitants de la Citadelle. Jacques s’était attendu pourtant à ce qu’ils les abandonnent pour de bon malgré les vertus de justice de leur déesse. Il resta méfiant mais fut bien soulager de voir les choses s’améliorer enfin, un tant soit peu. Il fit plus ample connaissance avec certains de ses templiers à force de les côtoyer, leurs discussions tournant autour de la religion ou de faits d’armes en tant que garde. Il aurait pu les rejoindre à plusieurs reprises, mais il n’adhérait pas à leur culte, c’eut été renié définitivement ses origines. Il refusait également de laisser les siens tant qu’ils devraient vivre dans cet enclos non assumé. Il leur avait déjà fait perdre beaucoup trop pour gagner le pardon si facilement. Et pourtant jamais sa sœur ne semblait vouloir le lui reprocher, ne faisant qu’alourdir son fardeau.
Il rentra un soir après ces habituelles pérégrinations, surpris par le son de chant et de musique provenant de leur tente. Un son qui ne ressemblait en rien à des cantiques bien qu’il identifia la voix claire de sa petite Marie. Lorsqu’il se faufila sous la toile, ses grands yeux dorés étonnés y découvrir un invité inattendu. Un coq aux couleurs vives dont les grandes rémiges frottaient les cordes d’un luth. Il faisait danser Duchesse avec Marie, aussi douce, blanche et distinguée que sa mère. Son chant était accompagné par le bruit harmonieux d’un espèce de livre de bois sur un pupitre, parcouru de cordes tendues que le jeune Berlioz tapotait avec des baguettes. Le jeune chaton gris bleu était grossièrement en équilibre sur les épaules plus robuste de son frère roux. Toulouse manquait de faire chuter son aîné en applaudissant en rythme au lieu de maintenir la position ferme de ce dernier. Jacques eu tout juste le temps de le saisir par la peau du cou avant l’accident innocent, mettant un terme à la mélodie.
« Ah ! Que voici le dernier de la portée ! Oo-de-lalli Compagnon ! Chanta le volatile, s’assurant le regard plissé désapprobateur et froid de l’ancien caporal à cette expression typique de rebelles. A propos, je suis Adam de la Halle. Un ménestrel. Allons, pourquoi ne pas nous rejoindre dans la liesse de ce jour déclinant et vous asseoir benoîtement et bien à votre aise?
– Oh te voici de retour Jacques. Nous avons une bien agréable visite n’est-ce pas ? Ce charmant mélomane nous faisait découvrir le Tympanon pour que Berlioz et Marie puisse reprendre leurs gammes et arpèges.
– Je vois cela… et en échange de quelle faveur vous donnez vous donc cette peine ? Le ton du félin se fit légèrement acerbe malgré lui, s’attirant la réprimande de sa cadette.
– En échange de l’insigne honneur de participer à ce joyeux quadrille voyons. Répondit le Coq avec amusement, les ailes grandes ouvertes offrant une humble référence. Mon seul regret désormais est de n’avoir pu insuffler cette légèreté à vos quelques pas, Messire.
– Il me semble, mon ami, qu’il aurait fallu bien plus que cette douce mélodie pour dompter les humeurs de mon cher frère visiblement. Mais j’avoue regretter de ne pas y assister moi-même. Depuis quand n’avez-vous pas levé le pied ? Cela doit remonter à votre dixième anniversaire, si je ne me trompe… Duchesse glissa un sourire taquin malgré ses remontrances avant de remettre de l’ordre aux tenues de ses enfants.
– Que pouvons-nous pour vous, hormis vous amuser à nos dépends, Sire Menestrel ? Gronda l’ancien caporal en se raclant la gorge
– Messire De la Halle nous proposait de l’accompagner en terre du Consulat. Coupa aussitôt Duchesse, ne laissant même pas répondre leur invité pour confronter et désamorcé directement son frère. Il ne parvenait pas à se fâcher sérieusement avec elle et ce, depuis toujours.
– Pardon ? Jacques écarquillait les yeux à cette annonce soudaine.
– Permettez que je résume tous les tenants et aboutissants de cette drôle d’histoire. Voyez-vous le Consulat met tout en œuvre pour recruter des artistes de tous horizons. Et il se trouve que j’ai croisé l’un de mes compères musiciens de leur patrie et que l’on m’a offert un carton d’invitation désormais que le Sanctum et ce groupe sont relativement alliés. Si je puis me permettre d’en faire bénéficier quelques compatriotes…
– Veuillez, je vous prie. Quitter la tente quelques instants. Je dois m’entretenir avec ma chère sœur. Le félin croisait les mains dans son dos, se donnant un air fermé et solennel pendant que le coq le dépassait vers la sortie. As-tu donc perdu la tête ? Finit par tonner Jacques faisant se recroqueviller les enfants dans les jupons de leur mère. Il se ressaisit à cette vue pour ne pas les effrayer davantage, cherchant ses mots pour se contrôler. Notre mésaventure ne t’ a-t-elle donc pas appris à vous méfier de pareille occasion trop prometteuse ?
Elle m’a au contraire trop bien appris que nous n’avions déjà guère plus à perdre. Si tu avais laissé monsieur De la Halle terminer, il t’aurait expliqué que les enfants allaient pouvoir bénéficier d’une éducation complète, notamment musicale et artistique. Je te vois mal t’opposer à leur bonheur. Conclut-elle astucieusement, défaisant rapidement les défenses de son frère. Que pouvait-il encore redire à tout cela après un tel argument ? Et puis, tu nous accompagneras, n’est-ce pas ? Hors de question que je te laisse dans un monde sortant à peine d’une guerre civile…
Les protestations du chat noir furent alors achevées par les regards suppliants et plein d’espoir de ses deux neveux et sa nièce. Après tout, ce monde-ci ne pouvait pas leur offrir davantage. Les querelles de voisinage incessantes le lassaient malgré les volontés des templiers d’améliorer la sécurité de tous. Ce monde devait encore ce reconstruire et cela demanderait du temps et des efforts à tous. Alors que le Consulat ?... Ils ne laissèrent rien derrière eux que quelques prières et promesses de courriers avant de quitter définitivement ce campement. Faisait-il le bon choix une fois de plus ? Bien que guidé par la foi et sa volonté de vouloir le meilleur pour sa famille, il ne pouvait se détacher de cette sensation de fuite facile.
Pourtant au bout de ses nombreux tours du destin, le Jardin Radieux leur fut telle une terre promise. L’endroit était fort cosmopolite, captivant les trois petits artistes sans jamais finir de satisfaire leur curiosité. Tout était excuse pour s’émerveiller, tant les champs de possibilités étaient grands. Personne ne semblait se méfier des hybrides qu’ils étaient, ni même s’en étonner. Adam De la Halle s’acquitta de son rôle bien plus que de nécessaire. D’abord guide touristique, puis garant, puis mentor. Il leur trouva un mécène en la personne d’une dénommée, Madame de Bonnefamille, permettant à sa cadette et aux trois enfants de loger et de profiter rapidement des cours de l’Académie du Consulat. Jacques de Mirepoix ne cessait de se pincer régulièrement. Se pouvait-il véritablement qu’ils puissent profiter de cette manne imprévue de la sorte ? Il ne nourrissait que de remords envers sa méfiance pour le généreux volatile et ne voulut pas aggraver la charge de celui-ci et de sa cadette de sa présence. Il se fit intégrer au corps des gardes une fois bien intégré à ce monde et rassuré par l’avenir qui s’offrait pour sa famille. Cette patrie d’artiste était enfin pour eux un lieu de paix malgré quelques incursions de sans-cœur qu’il mit toute diligence à exterminer promptement au sein de sa compagnie. Ils pouvaient enfin savourer de beaux jours de réelle innocence, sans sacrifices ni restrictions ni crainte pour le lendemain.
Une année passa encore ainsi, le laissant visiter régulièrement sa famille à chacune de ses permissions. Jacques était bon compagnon, de bonne humeur et d’approche facile. Prompt à la diligence, volontaire, il n’hésitait pas à soutenir ses nouveaux compagnons d’armes et à les tenir au courant des progrès de ses petits génies, photographies à l’appui bien rangées dans son portefeuille. De leur côté, les tableaux de Toulouse gagnaient en détails, les compositions de Berlioz accompagnaient merveilleusement le timbre angélique que prenait la voix de sa petite Marie approchant de sa première décennie. Une certaine routine réconfortante s’était installée, un sentiment que chaque chose était enfin à sa place, qu’il n’avait plus connu depuis ses classes. Il en remerciait grandement son Dieu chaque soir en prières.
Les patrouilles en ville se succédaient. La loi et l’ordre était bel et bien établi malgré les lubies des artistes. Ce fut avec étonnement et joie qu’il vit un jour arriver un groupe de paladin mené par Dame Pentaghast pour entrainer pendant un mois les soldats consuls au nom de l’amitié entre les deux groupes. Il y reconnut quelques soldats avec qui il avait lié connaissance de leur temps passé dans le quartier fauve. Ce fut pour lui un grand plaisir et une réelle fierté de leur donner des nouvelles des enfants et leur montrer des photos récentes de ces trois chenapans grandissant si vite. Malgré tout, il n’en était pas émoussé et le fit bien montrer lors de l’entrainement.
Il se présenta à son adversaire, le port droit dans sa brigandine de cuir, le pied gauche en avant. Portant sa lame, scellée à son fourreau par un fermoir, devant son museau avant de la décalée d’un geste rapide sur le côté et vers le bas pour saluer son vis-à-vis, il jura de rester fairplay et de ne pas lui faire l’affront de retenir ses coups. L’homme du sanctum en fit autant, s’en amusant. Leurs armes se touchèrent. Le grand gaillard avait une solide position que le chat noir étudia rapidement. Il adoptait la défense d’Agrippa, qui permettait de ne pas bouger les pieds pour le moment, attendant que son adversaire s’enhardisse davantage. Jacques contra naturellement par Capo Ferro et ses gestes rapides, ce qui le surpris un instant. Le niveau de l’homme du Sanctum n’était pas mauvais, il sut se défendre convenablement, de quoi faire honneur à son groupe. Il était temps d’accélérer. Le chat noir lâcha rapidement Capo Ferro pour attaquer selon les principes de Thibault, bien plus amples mais précis. Il poussait son adversaire à reculer, protégé par sa défense de Bonetti ne laissant que peu de faiblesses. Une passe d’armes honnête et efficace mais qui n’assurerait aucune place à l’improvisation. Jacques dominait l’échange, forçant le duelliste à reculer jusqu’à un mur.
Un regard distrait vers son supérieur et l’homme du Sanctum osa s’engaillardir, passant à l’assaut. Il fut pris d’une vitesse et d’une force terrifiante. Jacques souriait de quelques crocs. Il reconnaissait une attaque bâtarde mélangée de MacBone, changeant régulièrement d’angles d’attaques et l’obligeant à son tour à reculer. Le bruit métallique des armes s’entrechoquant sur les différents groupes monopolisait les sens. Le chat noir tenta une nouvelle fois la manœuvre de Thibault mais son adversaire la bloqua. Il passa à Capo Ferro, essaya Bonetti, tenta de passer Fabris mais rien n’y fit. Loin de s’en agacer, il appréciait le défi et la supériorité de son adversaire. Il se risqua sur une manœuvre qu’il ne maitrisait que peu et que peu connaissait. Profitant de sa petite taille et de son agilité, il changea d’appuis pour glisser sur le flanc de l’autre duelliste et passa par Sainct.
Il fut aisément paré et son épée lui échappa des mains pour tomber à un mètre à peine. Le sourire triomphant du vainqueur réfléchissait sur sa lame à nue qui tremblait. Le sourire satisfait du vaincu lui répondait en miroir éloignant la pointe de son cou du bout de la griffe. Il fit une révérence pour accorder officiellement sa défaite à son adversaire, avant de s’éloigner vers les bords extérieurs du terrain d’entrainement, laissant sa cape aux couleurs du Consulat flotter dans son sillage. L’échange entre les deux groupes prit bientôt fin et fut fructueux d’enseignement. Heureusement, il avait encore beaucoup à apprendre avant de devenir maitre d’armes mais il estimait avoir fait honneur à son passé, son présent et son avenir dans cet échange. L’idée de penser à son avenir à cet instant le sonna comme un coup. Depuis combien de temps n’avait-il pas pris le temps d’envisager un lendemain pour lui-même? Maintenant que sa cadette et ses enfants étaient à l’abri, il ne lui restait plus qu’à prendre personnellement une nouvelle direction. N’avait-il donc pas entendu parler d’un consul, maitre des armes blanches ? Il était bien ravi de faire ses classes dans cette compagnie de garde du Consulat mais si l’occasion se présentait, Ô Diable l’Orgueil ! Il ne raterait pas une telle chance.
Questions diverses
1) Votre personnage est-il capable d’aimer, d’avoir une relation ?
Oui, mais il a des exigences très sélectives en vue de son rang, même si il ne peut plus vraiment le faire valoir.
2) Si l’esprit de votre personnage s’incarnait en un animal mythologique ou chimérique ou réel (nuances acceptées). Que serait-il ?
Un griffon dont la charge symbolique est de surveiller les trésors et de garder les portes des cités. Symbole de force protectrice et de fidélité.
3) Qu’en est-il de la fidélité et de l’esprit de camaraderie de votre personnage ?
La loyauté et la justice guide ce personnage même si il a conscience du poids de la réalité sur ses valeurs. Il reste fidèle et accessible, de bonne nature et sera ravie de compter le plus de personne possible comme camarade.
4) En vue de votre race, quand pouvez-vous dire que votre personnage a forgé une amitié. Citez quelques-unes de vos relations amicales.
Sa première amie reste sa sœur devenue duchesse qu’il taquine avec son titre. Il a noué certaines relations amicales avec d’autres gardes, que ce soit en Sherwood, au Domaine Enchanté, ou au Jardin Radieux. Il a certainement des amis d’enfance dans la petite noblesse de Sherwood mais les a perdus de vue depuis des années. Il y a aussi Adam De la Halle, en qui, malgrés des prises de becs et de positions différentes, et de nombreux sujets tabous entre eux, il se sent redevable.
5) Quelle est la devise de votre personnage ? S'il y en a plusieurs, donnez les toutes.
Dieu, ma Cause et mon Épée.
Frapper d'une main sûre.
La Sueur Épargne le Sang.
6) Vis à vis de votre façon d'écrire, quels sont vos points forts et points faibles?
Encore une fois on va essayer de trouver un style qui ne ressemble ni à l’une, ni à l’autre. Faire attention à l’orthographe et la conjugaison. Je retourne à un style très physique au niveau des combats, c’est très difficile pour moi de rendre ce genre de combat aussi compréhensible que je les imagine. Heureusement, on a déjà quelques soldats pour m’ouvrir la voix. Et surtout s’amuser !
7) Pourquoi incarner ce personnage ?
Depuis le temps que mes personnages pourraient tout aussi bien coller au Consulat à leur création… j’ai envie d’aider un peu le groupe à être plus visible. Comment ça j’ai dit que vous aviez que des mages ? Ah bah si je l’ai dit. Bah voilà j’assume !