Il faut du beurre dans les épinards, ouais. Mais faut aussi des épinards.

Wolala… C’est nul, c’est d’la chiasse. Comment je… détestais être là. Non. Genre j’essayais de me convaincre qu’il fallait l’faire t’sais. Mais même moi, ça marchait pas. C’t’important, tu vois. Mais v’là l’monde de merde qui t’fait tout r’mettre en question. Tu vois ça, tu t’demandes si c’est vraiment si nécessaire que ça. Mais les Songes paient toujours leurs dettes… Eux aussi ? Ouais pas sûr. J’étais en pleine savane, en forme d’éléphant méga balèze, méga musclé. ‘Fin bon même ça, difficile d’en être sûr, ch’uis pas vraiment expert. J’suis v’nu quelques fois dans cet endroit. Parce que ouais… Les songes, avant, traînaient assez bien avec les hyènes. En vrai ce serait pas si dur de recréer un truc… Chais même plus qui s’occupait d’ça ? Roxas ? Nan j’pense pas qu’il était d’jà là, ça doit être Ukiyo. Mais d’puis la dernière fois qu’j’suis v’nu, ça a changé. C’était la dech, avant. Maint’nant, t’vois que ça s’est assez bien calmé. Nan mais ça forcément, c’est tous les groupes de merde, là, qui foutent le chaos partout. Et bon, tu peux m’inclure dans le lot, pour ce coup. Mais c’que j’veux dire c’est qu’si l’monde est suffisamment chiant, t’auras pas tant de gens qui viendront y fout’la merde. Voilà. Tu voulais sauver l’Palais des rêves ? Fallait genre… y mettre de la musique classique ; Y aurait eu personne. A mon avis, si y avait autant d’monde dans leur bal de merde, c’est qu’y avait… du disco.

Bon. J’commence à marcher au loin, totalement au hasard. J’y connais rien, j’te dis. J’allais pas m’refaire la Perse. Rien qu’marcher ça m’saoulait maint’nant qu’j’avais ma famille, ma maison. Mais voilà… putain d’éléphant solitaire dans la savane.

On aurait du envoyer Surkesh, là. Bah évidemment. Non mais… il est nouveau. Et il a rien foutu. Ah si, non oui il  a une excuse, puisque ce connard de stagiaire est mort. Putain. Juste avant d’faire la mission corvée, comme par hasard. Fils de pute. Autant j’pouvais supporter d’voir l’fantôme d’Ultimecia, autant le sien. Quel con. J’sais même pas pourquoi j’étais autant r’monté, en vrai. Non mais… j’me tue à dire à ces cons qu’il faut être prudent, que l’important, c’est quand même de pas crever. Et le mec, il te cherche la merde dans n’importe quelle poubelle. Non mais forcément qu’tu t’fais rétam’. T’es Jecht ? Non. Alors fais pas l’malin.

Roh… Le soupir de fou que je viens de faire. Tout va mal, en c’moment. Roxas, c’est la merde. Surkesh c’est la merde. Ukiyo, c’est… j’sais pas. C’mec est trop spéc en c’moment. L’mec, on dirait qu’il est déjà en guerre. Puis Cissneï, chais pas. Les choses font qu’pour une raison ou une autre, elle m’a pas envoyé de photo d’elle à poil. Puis on s’voit pas tant qu’ça.

J’suis l’sage d’la bande et ça, ça m’casse les couilles parce qu’ils sont tous de gigantesques boulets et que j’ai besoin d’être un putain de rebelle qu’tu r’gardes et qu’tu t’dis qu’ce mec-là fait c’qu’il veut.

J’ai marché longtemps dans c’monde de merde, toujours avec mes mécanismes de survie pour pas m’ennuyer. Mec, c’est plus vieux qu’les sans-cœurs, ce truc. En Perse, comment ça m’a sauvé la vie d’penser à n’importe quoi d’autre qu’au fait qu’c’est chiant d’marcher. Et quand j’portais l’énorme rocher ? Le mec le plus fort de Perse ? C’était grâce à ça.

On sait qu’les mercenaires se sont trop mêlés d’nos affaires, d’ailleurs, avec les hyènes. Ca nous plait pas trop bien et d’un côté, si on répond trop, on s’expose. Genre là, j’allais pas toucher les hyènes, j’allais rien leur dire, tu vois. Non j’ai fini par trouver c’que j’cherchais : encore plus d’ennui.

Putain en les voyant, ça m’a frappé. Une dizaine d’éléphants puis quelques petits… qui sont là, à s’nourrir autour d’un chais pas quoi… une flaque d’eau ? Rohlala remplacez-moi ! J’me suis approché. J’étais content, j’étais bien massif, tu vois. Elles ont l’vé l’nez, t’sais. Chais même pas pourquoi j’me suis dit qu’c’était des femmes mais ça m’a semblé trop évident, t’sais. Les hormones ? Le fait qu’j’suis un putain d’tombeur même quand j’suis un animal ? Y a qu’Dieu qui sait. Mais ouais, c’est l’fait qu’j’suis un tombeur.


« Salut ? » qu’j’dis, genre… j’m’en fous putain. J’vais pas décrire comment j’pose une question non plus, merde, c’t’une question. Puis c’tait pas une question. Ta gueule.

« Bonjour monsieur. »

Y en a quelques autres qui répondent mais… voilà bon t’as compris. Mais j’vois qu’y en a qui continuent à bouffer et à boire. Bon alors, j’prends une inspiration et j’souffle, là… Chais plus comme on dit. J’fais du bruit avec ma trompe, genre la blinde, et elles me regardent toutes, l’air un peu surprise et tout.

« Ok écoutez-moi parce que… »

Oh putain ça m’revient ! Si j’étais à c’point saoulé quand j’ai fait cette merde, c’est pasque j’avais une migraine de fou. Et genre pas gueule de bois, juste une migraine. Et chais pas, j’avais décidé que si ça d’vait être une journée de merde, j’allais en profiter pour faire tous les trucs de merde. Et donc j’avais la migraine. Putain j’comprends mieux.

« En gros… Un troupeau de tigres va vous attaquer. »

Elles m’ont r’gardé, un truc de fou. Genre à rien comprendre à c’que j’disais.

« Des tigres vont vous bouffer. Vous êtes déjà mortes là ? »

Elles se sont regardées les unes les autres avant qu’y en ait une qui rigole. Oh putain les gens qui rigolent…

« Qu’est-ce qu’un tigre monsieur ? »

Oh la bourde…

« Un genre de lion. »

« Les lions ne s’attaqueront pas à nous sans motif. » Qu’elle me dit l’autre. Putain celle-là, j’vais pas la décrire mais elle a l’air d’une pétasse. « Seulement s’ils ont faim et s’ils ne trouvent pas de la nourriture ailleurs. Et s’ils attaquent, une seule d’entre nous sera dévorée. Nous.. »

« Non mais les tigres c’est pas pareil. »

« Nous serons digérés. » Mais de quoi elle me cause ? « Nous retournerons à la terre où nous nourrirons les nôtres. Les lions eux aussi mourront un jour… » ouais ils mourront d’ennui… J’voudrais pas avoir autant de vieilles dans mon corps. « ils deviendront de l’herbe. Et nous les mangerons. L’eau dans leur corps…

« Non mais… » Elle parle encore. Alors je crie encore avec ma trompe. « Ok ouais, ton cycle de la vie, meuf… Les tigres, ils s’en foutent. Y’détestent ça, les cycles. »

Putain l’effet que ça a fait, mec. C’était genre la folie syndicale.

« Comment ?! »

« Mais c’est impossible ! »

« Non mais si… Genre y’gaspillent et tout. » qu’j’dis sans trop y croire.

« Gaspillent ? Je ne sais pas ce que c’est mais… » l’une d’elle, elle a l’air… cool ? Elle regarde les autres et elle finit. « ça a l’air terrible. »

« M’en parle pas. C’est un truc de fou. »

« Qu’est-ce qu’ils font d’autres ? »

Putain l’imagination… Bon. Là mec, j’ai pensé à Alice. Genre j’ai réfléchi et tout à c’qu’elle pourrait bien inventer. J’étais pas mauvais à c’jeu-là quand on s’est entraîné elle et moi.

« Déjà tu vois, l’fait qu’t’es trop grosse pour qu’un lion t’attaque ? Avec les tigres ça marche pas. Les p’tits trucs ça les saoule. Eux ils aiment bien bouffer des éléphants, des rhinocéros, des dragons. Y a plus de challenge. »

« Challenge ?! Je ne sais pas ce que c’est mais… » la meuf cool regarde les autres. « Ca a l’air terrible. »

« Ouais, le challenge, c’est genre. Ouf. »

Elles frissonnent. Putain c’était plus facile que prévu.

« Nan puis les tigres, cherche pas, c’est des connards, ils ont pas de race. Tu verrais… » Ouais l’imagination, ça s’calme là. « Foi de Jecht. »

« Jecht ?! Je ne sais pas ce que c’est mais… » la meuf regarde les autres. « Ca a l’air « Ouais non, ça c’est génial. Non puis laisse tomber, les tigres y vont pas mourir ici pour qu’tu puisses bouffer leur herbe ou chais pas quoi. C’est genre des méthodes de gitan, t’sais. Tu sais c’que c’est un immigré ? »

« Non. »

« C’est ça. Y vont s’barrer pile au moment où ils veulent mourir pour qu’tu les manges pas. Et y vont aller dans un endroit où toi, t’iras jamais… Genre. T’es jamais allée où ? »

« Au-delà du « Voilà. Bah ils vont mourir là-bas. » qu’j’la coupe.

« Comment se fait-il qu’ils n’aient jamais attaqué avant ? » qu’demande une, là… elle a l’air de… Putain, j’en sais rien. On va l’appeler Truc.

« Nan pasque… avant les tigres s’concentraient sur un truc plus balèze que vous. Genre vous z’avez déjà entendu parler des ours ? Des pandas ? »

« Jamais, qu’est-ce ? »

« C’est plus rien du tout. Il en reste plus un seul. Les tigres les ont tous mangés. »

« Même les enfants ?! Ils ne représentent pourtant pas un Jecht ! »

« Un challenge. »

« Un challenge ! »

Putain, la colle… « Ouais non. Ca, les tigres touchent pas aux enfants, c’trop facile. Ils les laissent aux… » Putain quel animal dangereux y’m’reste… Faut pas qu’elles le connaissent, t’sais. Putain si ! « lapins. Les lapins. »

« Les lapins ? » La pétasse parle à nouveau. « Les lapins ne sont pas des menaces, enfin. »

… merde. « Flapins ! J’ai dit flapins, écoute un peu aussi ! Putain vous voulez survivre ou merde !? »

« Flapins ? Je ne sais pas ce que « Non mais… c’est bon, arrête. »

« Et à quoi ressemblent les flapins ? »

… Non mais j’vais pas créer toute une biologie juste pour c’truc de merde, ça va un moment !

« Y sont invisibles. Bon. J’connais un endroit pour vous cacher l’temps qu’les tigres passent et attaquent un autre truc, genre les oiseaux. »

« Nous devons prévenir les lions ! »



« Ouais non mais. J’l’ai fait. » J’rigole. « Tu plaisantes ? D’abord j’leur ai dit, puis chuis v’nu ici. Non mais les lions ont trop la pétoche, y veulent pas v’nir. »

« Mais c’est leur devoir de…

« Non mais qu’est-ce que tu veux ? Les tigres débarquent, tu veux faire quoi contre ça, c’est la mort assurée. »

« Nous vous suivons ! » Qu’dit Truc. Ok, j’ai sous-estimé Truc, c’est vraiment une fille cool. C’est la Cool que j’vais app’ler truc.

J’manque d’hurler d’joie. Puis on marche. Et putain, j’passe bien vingt minutes à raconter n’importe quoi sur les flapins. Et pile au moment où on va passer à la r’production, un portail des ténèbres apparait d’vant nous tous.


« C’est derrière cette bulle. Allez-y. » Elles hésitent. « Attention des Flapins !!! » qu’je hurle ! Elles s’retournent, genre elles les cherchent. L’une d’elles crie « Ils sont invisibles ! » et… elles vont toutes dans le portail. Les enfants aussi et… finalement, j’y vais.


J’apparais à une vingtaine de mètres au-d’ssus d’l’eau. J’vois une terre pas loin, à moins d’une centaine de mètres. J’fais un plongeon parfait, avec ma forme humaine, en r’gardant c’qui m’attend. En-d’ssous d’moi, c’t’un carnage. Les éléphantes et éléphantaux sont un par un déchiquetés dans l’eau par des dizaines de sirènes. La pétasse… Truc… La Cool. Putain.

Bon ça va, j’passe à aut’chose. Plein d’sirènes passent près d’moi, certaines ont un air menaçant mais finissent par se rétracter en fonçant vers un éléphant. J’sors de l’eau, meilleur nageur du monde, on s’souvient. Et j’attends, les pieds dans l’eau. Au bout de quelques heures, on va pas s’mentir, une sirène méga bonne vient vers moi. Elle reste dans l’eau mais pour moi c’est parfait, y a rien d’plus sexy. On a souvent à faire avec elle, mais j’ai oublié son nom. Chais qu’j’dois pas trop la draguer.


« On est bons ? »

« Oui, prolongeons longtemps notre entente. »

Allez.