La mission des pirates a échoué. C’est dommage. On n’a pas réussi à les faire venir. C’était vraiment une mission étrange. J’hausse les épaules en y repensant. Ca arrive des fois. Le mouvement de mes épaules me fait sourire parce qu’elles font bouger ma jolie cape sur mes épaules. Je tourne en rond sur moi-même pour la faire voler autour de moi. C’est mon vêtement préféré. Parce qu’on me l’a offert. Avant c’était mon uniforme. Mais je l’avais volé… Là, c’est un cadeau ! C’est génial ! Je sors de ma rêverie en un instant, stoppant mon mouvement en entendant une voix s’élever.

C’est le début de la fête ! J’étais tellement impatiente que je n’ai pas dormi de la nuit ! Mais je vais aussi être en retard ! Je file dehors sous les feux d’artifices qui commencent à éclairer le ciel. Le bruit des explosions martèlent mes pas et les couleurs défilent, éclairant mon chemin. Ma première mission doit rattraper le fiasco des pirates. Je dois me dépêcher pour arriver sur la place de l’assassin. Je retrouve plusieurs autres personnes. Deux étudiants les bras chargés de vêtements et quelques autres faux assassins. On me donne un costume à enfiler. Un collier est attaché autour de mon cou. J’enlève ma jolie cape pour celle, noire, du criminel, ajustant la capuche sur mon visage, cachant mes oreilles. On me tend une paire de chaussure et je suis émerveillée par le système de fermeture. Il suffit de tirer sur la languette, ca fait du bruit et on referme ! C’est quasiment de la magie ! Je vais demander à les garder après… C’est beaucoup plus simple que les lacets !

Mon extase se termine quand j’entends la voix dans les hauts parleurs annoncer l’assassinat. Le présentateur n’a pas l’air rempli de joie mais c’est mon signal. Je regarde les deux étudiants qui m’ont aidée à me préparer, ils me font un signe de tête et un sourire encourageant et je me mets à courir, sortant de la petite cachette improvisée où je me suis changée. Les autres font de même.

Je me glisse dans la foule, tout le monde regarde tout le monde. Les détails n’ont pas encore été communiqués. Ils ne savent pas quoi chercher. J’en profite pour me faufiler entre les gens et commence à courir quand j’entends à quelques mètres de moi, un étudiant réciter son texte.

« A l’assassin !!! Il a pris la fuite ! Il a une cape longue et noire ! Trouvez-le ! »

Une autre voix s’élève à peine quelques secondes plus tard.

« Il a un collier ! Je l’ai vu ! Il a un collier bleu ! Attrapez-le ! Il ne doit pas s’en tirer comme ça ! »

Les badauds commencent à s’agiter et tourner dans tous les sens. Il retourne plusieurs personnes avec des capes mais ne trouvent pas le collier sur eux. L’excitation monte et je commence à courir.

« Là ! J’ai vu du bleu ! Il est parti par là ! »

Je me cache dans une petite allée et me recroqueville, reprenant mon souffle. Les animations sont surtout dans les rues principales alors ici, c’est plus calme. Mais pas vide. Un homme s’approche de moi et me tapote sur l’épaule. Je sursaute et n’écoute pas ce qu’il me dit, je reprends la fuite.

« Du scratch ! Ses chaussures avaient du scratch ! Je m’en souviens maintenant ! Ne vous trompez pas de coupable ! »

Ils ont la description complète maintenant et je suis la seule à y correspondre parfaitement. Je rentre dans un autre des assassins sans faire exprès et finis par terre. Zut ! On est déjà encerclés ! Les gens se saisissent d’abord de lui, il est plus grand et je suis encore étalée au sol.

« La cape est bonne, le collier aussi…mais pas les chaussures ! C’est peut-être l’autre ! »

Je rampe. Les gens ont plus de mal à m’attraper quand je suis à leurs pieds. La cape ne m’aide pas par contre. Je la tiens sous mon aisselle pour limiter les prises.

« C’est les bonnes chaussures ! »
« J’ai vu le collier ! »
« C’est une vraie anguille cet assassin ! »

Je me débats, je me glisse et ondule entre les gens. Je n’aime pas particulièrement ça, mais je n’ai pas envie qu’on m’attrape tout de suite alors je redouble d’efforts. Je finis par sortir, pantelante, de la foule et cours dans une autre direction.

J’ai le souffle court, les joues rouges et il a des gens absolument partout, tout le temps. Chacun de mes pas est rythmé par les cris des policiers d’un soir.

« Vous l’avez ? »
« Il court vite ! »
« On va le chopper ! »
« Là ! »
« Non, c’est pas le bon, pas de collier ! »
« Il va bien finir par s’épuiser, on l’aura ! »

Ils ont raison, je m’épuise. Je suis recouverte de sueur. Mais je tiens bon. L’avantage de cette poursuite dans la ville, c’est que je la connais un peu ! Et qu’il y a des étals partout, des gens maladroits qui m’aident à ralentir mes poursuivants mais aussi beaucoup d’obstacles ! Je saute par-dessus des caisses, je glisse sous un stand, me faufile entre les tissus de ce marchand.

Je prends quelques petites rues pour reprendre mon souffle mais revient toujours dans les grandes artères. Ils doivent me voir souvent pour ne pas perdre l’intérêt de la poursuite. Je ne sais pas combien de temps ça dure mais finalement, je me fais encercler.

« Tout y est ! On l’a ! »

« Tu nous as donné du fil à retordre ! »
« Hourra ! On a l’assassin ! »
« A nous la récompense ! »

Je me fais saisir les bras et porter jusqu’à la garde en place sur la place des pirates. Ils me déposent devant eux, ravis, d’énormes sourires affichés sur les lèvres. Je me retrouve à genoux devant la fausse garde et ils vérifient que tout est là.
Un élève comédien plus grand que les autres, dans une armure un peu plus chatoyante lève les mains pour faire taire la foule qui se demande si je suis bien le bon assassin.

« Bravo à vous ! Vous avez arrêté cet horrible assassin ! La ville vous doit une fière chandelle ! Pour vous récompenser de tous vos efforts, voici pour chacun, un coffre rempli d’or et de bijoux ! Et… Une photo avec Ariez ! Nous allons vous escorter, suivez nous ! »

Quelques petits coffres sont distribués à ceux qui m’ont capturé et ils sont pleins de pièces en chocolat et autres friandises qui ressemblent à des diamants. Ils se regardent, ravis et me font un grand sourire, certains me levant un pouce pour me remercier je suppose. Les gardes me remettent sur pied et me laissent repartir vers le petit endroit où je dois me changer. Je retire la cape, le collier et les chaussures à regret. Je vide une bouteille d’eau entière et m’assois quelques minutes pour me reposer avant de repartir dans les rues. J’ai un peu de temps avant ma prochaine activité, je compte bien en profiter pour essayer de m’acheter une paire de ces merveilleuses chaussures !