- Bien, mon gars… Il tirait sur le filtre, faisant bien attention à ne pas cracher la fumée sur son museau. L’idée est simple. Toi et moi, dans la jungle pour ramener des ballots de tabac. Le chien arrêtait de tirer la langue, hochant la tête sur la gauche. Ouais, l’idée est dingue, nous sommes d’accord. Moi, j’ai ma jambe qui vient de se remettre et toi… Toi… Tu es juste un chien. Il aboyait, bruyamment, faisant sursauter le mercenaire. Oh, ce n’est pas une insulte ! Tu n’es pas biologiquement conçu pour transporter des ballots de tabac, simplement. Il gémissait un instant, se couchant sur le sol et posant sa tête sur ses immenses pattes. Pas besoin de faire cette tête-là, nous allons trouver un moyen. En même temps, j’ai pas tellement le choix. Il se redressait et tournait sur lui-même en aboyant. Cool, t’es d’accord !?
À son tour, Kurt se relevait, sentant la vieille douleur qui le tiraillait dans sa jambe alors que l’animal semblait extérioriser sa joie tout autant de lui. Provoquant un certain questionnement chez les habitants aux alentours alors que Daïgoro venait se mettre à ses pieds, attendant quelque chose.
- Ah non ! Non, non, non et non. L’animal affichait une moue désespérée, baissant les oreilles. Je ne suis pas un cavalier et tu n’es pas une monture. Il levait alors la tête, suppliant. Peut-être que c’était marrant pour toi, mais pas pour moi. Ici, c’est un coup à ce que je me prenne une branche en pleine gueule dans votre jungle. Il redressait les oreilles, tirant aussi la langue pour afficher un air taquin. Oh je vois, c’est ça ton plaisir dans la vie ? Bon, écoute, on va faire ça autrement.
Les animaux, tous les mêmes, il comprenait chaque seconde un peu plus pourquoi il n’avait pas envie d’en avoir le moindre. Encore moins ce genre de truc complètement stupide.
- Issandro, tu connais ? Il hochait la tête, répandant encore plus de bave au sol. Donc, tu peux me guider. Il posait de nouveau ses fesses sur le sol, plissant les yeux, attendant la suite. On va s’arranger. Toi, t’es du genre à garder le pied au plancher et je n’ai pas envie de passer trois heures pour trouver du tabac. Il semblait attentif. Alors, tu me guides à ta vitesse habituelle et nous profitons de notre balade dans la jungle pour te tirer une bestiole ou deux en guise de récompense.
Il a alors bondi sur ses deux pattes arrière, sautant juste assez pour donner un immense coup de langue sur le visage du mercenaire, le faisant tomber à la renverse. Daïgoro continuait de courir comme un dingue en attendant qu’il ne se relève pour l’emmener sur une piste, en direction du nord de l’île.
Rapide… L’animal était rapide. Kurt pouvait se vanter de beaucoup de choses, dont l’un des meilleurs temps dans la course du cent mètres lors des entraînements à la Shinra. Sauf que là, Daïgori, il ne lâchait pas l’affaire. Il courait comme un dératé entre les racines et les branches, sachant où et quand sauter. Alors que l’ex-SOLDAT ? Il cherchait à ne pas se viander à la moindre motte de terre, cherchant à anticiper les actions de l’animal ou se rattrapait de justesse en se balançant d’une branche à l’autre. Il avait le souffle court, déjà, alors qu’il avait déjà du mal à éviter de se faire distancer de plus de dix mètres.
En plus il s’arrête pour se retourner et aboyer en direction du mercenaire, il le nargue.
La main sur un tronc, reprenant son souffle, Kurt levait un doigt pour demander une pause à l’animal. La blessure dans sa jambe le tirait. Ce n’était plus de la douleur, non, juste cette sensation désagréable d’avoir la peau qui s’étirait sous la tension. Prenant une grande inspiration, soufflant d’autant plus fort, il donnait le feu vert à l’animal et reprenait sa course folle au travers de la jungle.
Le salopard ! Au bout d’un quart d’heure dans la forêt, enfin la mer faisait de nouveau son apparition. Une pente abrupte menant à un plateau devant laquelle ils se trouvaient. Lui, il aboyait de joie en sautant de plateforme en plateforme, grimpant lentement vers le sommet de cette colline. Kurt, lui, soufflait un nouvel instant jusqu’à ce qu’une odeur familière lui parvienne au nez. Il n’avait peut-être pas le nez le plus fin de la planète, sauf que celle-ci, il pouvait la reconnaître entre mille.
- Mon gros… Il frottait ses mains, accumulant progressivement sa magie au bout de celle-ci. Là, je ne vais pas me laisser abattre sur la dernière ligne droite ! Il passait alors ses doigts sur la semelle de ses bottes, appliquant un sort relatif à la gravité sur celle-ci. Il suffit d’un peu de magie.
Un sourire en coin, le mercenaire entamait son sprint, fonçant directement contre la pente pour sauter au pied de celle-ci. D’un coup, d’un seul, il se retrouvait à la perpendiculaire de la paroi. Comme si la colline était devenue le sol et que plus rien ne l’arrêtait. Dépassant Daïgoro, il laissait un ricanement s’échapper de lui alors que l’odeur se faisait de plus en plus insistante. Il savait bien que cette magie lui serait utile, sauf qu’il ne s’attendait pas que ce soit pour gagner la course contre un chien.
Il restait alors devant une plantation, le cul sur le sol à profiter de l’une de ses cigarettes en attendant de voir Daïgoro arriver. Apparemment, il avait un air renfrogné à croire le coup de tête qu’il venait de donner à Kurt avant de s’asseoir à ses côtés. Au moins, il avait atteint la plantation. Par ailleurs, c’était le bruit des pas parvenant de derrière lui qui lui rappelait qu’il devait trouver le dénommé Issandro. En sueur, il se relevait et se tournait pour fixer un vieil homme à la chevelure aussi blanche que la neige, un sabre à la ceinture.
- Salut l’ami ! Il levait une main, celle tenant sa cigarette. Mon nom est Kurt, c’est Lenore qui m’a demandé de venir récupérer une commande chez vous. Il s’arrêtait un instant, changeant sa posture et relâchant l’arme à sa ceinture avant de s’approcher plus calmement. Sinon, ça va ? Il souriait alors, l’invitant à le suivre. Pas un bonjour…? Il haussait les épaules, continuant d’avancer en direction de sa cabane. Ah, je vais donc passer une journée à parler seul ? Un rire s’échappait du cultivateur, apparemment, il allait avoir la même discussion qu’avec le chien.
Moins de deux minutes plus tard, Issandro présentait une barque de navire sur laquelle se trouvaient plusieurs ballots compacts. Lui, il présentait la chose ainsi qu’une corde, montrant au nouveau mercenaire qu’il était bon à tirer le reste de cette barque dans la forêt pour arriver jusqu’au fort. Finalement, Daïgoro allait se rendre utile.
C’est alors sous le visage amusé du cultivateur que Kurt se retrouvait assis devant un chien grognon, passablement blasé de devoir rendre un nouveau service.
- Allez, mon vieux ! Il essayant de le motiver, donnant un coup sur son épaule. Là, on rentre ! Il bougeait sa tête sur le côté, faisant exprès de ne pas le regarder. Tu fais la gueule pour tout à l’heure !? Un soupir. Un animal, grand et fort comme toi, il en faut plus. Non ? Une grande respiration, soulevant un nuage de poussière. Il y a encore un gibier qui t’attend. Une oreille se levait. Avant, c’était la question d’un chimpanzé ou d’un perroquet. La deuxième oreille. Si tu prends cette corde en bouche et que tu traines la barque, c’est un sanglier ou même un phoque… Il y a des phoques, ici ? Il relevait alors la tête, fixant le mercenaire. On a un nouvel accord ? Un bon phoque, bien gras et nous allons le chercher ensemble, t’es pour l’idée ?
Il venait de se relever, sautant sur ses pattes et battant sa minuscule queue dans tous les sens jusqu’à attraper la corde au bout de sa gueule. Kurt alignait un large sourire, ce n’est pas si compliqué que ça à gérer, les animaux. L’agriculteur ricanait derrière alors que l’animal commençait déjà à tirer, lentement. Bien, il n’allait pas rester à rien faire.
Passant à l’arrière de la barque, Kurt posait ses mains et poussait pour aider l’animal. Avec un peu de chance, ils seront rentrés avant la fin de la nuit.
Dernière édition par Cypher le Mer 12 Fév 2020 - 15:10, édité 1 fois