Son souffle chaud dans le creux de ton dos te réveille délicatement. Tu te redresses et te retournes discrètement sur le matelas moelleux de ton lit et regardes avec une tendresse que tu ne te connais pas la partenaire que tu avais eue cette nuit. Tu ne prends conscience de ce qui s’est passé dernièrement que maintenant. Tu avais pris ton pied et cela te suffisait amplement. D’un geste ample, tu arraches ton peignoir de sa place sur ta monture de lit et te lèves vers ton bureau.
L’émotion est forte en toi. Tu n’avais jamais vécu ça. Vas-tu prendre la plume pour garder une trace indéfectible ou préféreras-tu garder cela rien que pour toi dans ta mémoire ? Te laissant déborder par ces sensations nouvelles, tu te saisis de ton stylo, fidèle allié qui te permettra de sauvegarder ton histoire dans ses moindres détails. Tu poses cet objet salvateur sur le papier devant toi et le laisses divulguer sans aucune pudeur tes méfaits d’un soir.
« Jessica…
C’est bien difficile de savoir par où commencer… Avant tout ceci, mon expérience de la chose était bien dérisoire, voire complètement nulle. Je ne sais pas ce que tu m’as fait… Mais je pense que cela m’a totalement changé sur ce point.
La première fois que nos routes se sont croisées, il y a peu de temps pourtant, je venais passer un simple examen de routine. Au grand jamais, je n’aurais osé imaginer en ressortir aussi perturbée. Quand je suis partie en mission juste après, tu n’as pas vraiment quitté mon esprit. Qu’importe les efforts de mon compagnon de voyage pour me sortir de ma léthargie, j’étais obnubilée. Et une fois que j’en fus revenue, ce fut pire. Je n’avais plus qu’une envie, c’était venir te retrouver.
J’ai expédié mon rapport à Death et suis venue dans ton bureau dans l’infirmerie. À ma simple vue, tu devais avoir compris ce que je ressentais. Tu t’es approchée de moi avec ton déhancher empli de tant de sensualité et en même temps tu me dévorais des yeux comme un chasseur traquant sa proie. Tu m’attiras à toi et posas tes lèvres pulpeuses contre les miennes pour la deuxième fois en peu de temps, cela me fit perdre la tête. Tu m’avais littéralement attrapé dans ta toile. Tu me pris ensuite par la main et me conduisis ici, à ma chambre, le théâtre de ton futur crime de chairs.
Tu avais tout prévu… Trop bien prévu, même. Mais dans l’état émotionnel qu’était le mien, je n’y vis que du feu. Une multitude de bougies, donnant une ambiance tamisée à la pièce, nous attendaient en ces lieux, tout aussi brûlantes que le désir que j’avais pour toi. Avais-tu aussi confiance en ton pouvoir de persuasion que tu t’étais permis de préparer tout ça ? Tu m’assis sur mon lit, t’approchas d’une radio et, une fois qu’il commença à diffuser son jazz suave dans toute la pièce, tout était fini. Plus rien n’avait d’importance en cet instant.
D’un geste précis, mais langoureux, tu fis descendre la fermeture éclaire de ta jupe petit à petit. Tu la fis glisser d’un coup le long de tes jambes effilées, me laissant tout le loisir de regarder avec insistance la courbure de tes fesses dessinées à la perfection. Tu te retournas, me laissant voir ton visage joueur. Tu faisais balancer ton bassin au rythme de la musique, sans trop aller dans la démesure. D’un même mouvement, tu ôtas ta chemise d’infirmière, laissant entrevoir ton opulente poitrine affriolante. Cette vue me rendait folle. Quand avais-tu décidé de me libérer de tout ce désir encore inavoué ? Tu te retiras de tes talons et en quelques pas me rejoignis.
Tu te mis ensuite sur mes jambes et me fis basculer en arrière. Je te regardais faire sans protester. Tu m’enlevas mes vêtements avec tant de sensualité. Nous finîmes tous les deux par être dans notre plus simple appareil. Pour la première fois de ma vie, je n’avais pas eu peur de me retrouver ainsi devant la vue d’un autre. Je le désirais même avec ardeur. Oh, si tu savais comme pour moi cette nuit fut une délivrance, comment tu as fait de moi une femme comblée l’espace d’une nuit.
Je me souviens encore de la sensation de nos corps chauds l’un contre l’autre, de la douceur de ta poitrine contre la mienne, de tes mains caressant mon corps meurtri par les efforts de ces derniers temps. Je me souviens de ta langue malicieuse parcourant avec tendresse un endroit où personne d’autre n’est jamais allé auparavant.
Cette soirée parfaite, je t’en remercie grandement. Je ne sais toujours pas ce que tu m’as fait, mais je ne manquerai ça pour rien au monde désormais.
Merci de tout cœur,
Abigail »
-Abi… vient te recoucher…
Tu reposes à peine ton stylo qu’une plainte enfuie dans les méandres du sommeil de ta compagne t’invite à retourner dans ses bras réconfortants.