Deux jours que j'avais complètement condamné une mine plus loin dans la forêt, et j'avais l'impression que personne n'en avait rien à branler. Quelque part, dans le sens pratique, bah... ça m'arrangeait, je pouvais continuer sans trop de risques... D'un autre côté putain c'était frustrant. Alors ben... tant pis hein, c'était comme une invitation à continuer de foutre le bordel.

J'avais passé quelques nuits dans ma cabane, loin des campements colons. Y'avait eu un peu de mouvement, mais rien de bien folichon. Ma cabane était cool ! J'avais bien travaillé le truc, y'avait des murs, un toit... mais pas de sol. Autant couper des arbres et en faire des planches, bon c'était chiant mais c'était faisable, mais aplanir le sol et faire un plancher, j'avais franchement pas que ça à foutre.

En tout cas, aujourd'hui, la journée commençait bien. Il faisait un peu froid, mais j'étais pas spécialement trop loin des côtes non plus. Puis l'isolation de ma cabane était pas trop mal, y'avait quelques courants d'air qui passaient de temps en temps, mais en général, c'était tranquille. Le seul problème, c'est que j'avais pas de douche et ça c'était chiant, je commençais à gravement sentir le poney. J'avais bien fait une baignade dans l'océan, mais avec tout le sel j'avais l'impression d'avoir la peau desséchée, ça me tirait et tout... laisse tomber.

Bref, je suis sorti, prêt à partir à la chasse. Je connaissais un peu mieux les environs, ce qui allait m'éviter de me paumer comme un con. Depuis ma cabane, j'étais capable d'aller jusqu'à la côte, jusqu'aux fortifications mercenaires et aussi jusqu'au puits de mine que j'avais condamné. Le reste, je pouvais utiliser ma magie pour essayer de me situer.

Donc, parlons de cette chasse. Tout les matins, à cette heure là, y'avait une patrouille qui faisait un petit périmètre dans la forêt, sûrement pour buter de l'indien imprudent. Moi, j'suis le genre de gars sympa tu vois. Alors, si je pouvais éviter que les locaux crèvent, bah... je faisais tout mon possible. J'étais le Maréchal de la Lumière quand même ! Je devais être gentil !

Depuis quand j'ai besoin de me justifier d'ailleurs ?

J'ai pris la route, sans p'tit déj' dans le bide, et j'ai commencé à m'approcher de là où les mecs devaient passer. J'ai enjambé les fourrés, les trucs morts qui jonchaient le sol et j'suis arrivé sur la petite route de terre qui avait été créée par des passages répétés. Y'avait plusieurs arbres tout autour. J'ai grimpé à l'un et j'ai attendu. Et j'ai attendu. Et j'ai commencé à me demander si, pour me faire chier, le destin avait pas choisi de leur faire prendre un autre itinéraire aujourd'hui. J'ai soufflé, pour bien montrer que j'étais pas content, mais je me suis coupé quand j'ai entendu des voix s'approcher.

C'était eux ! Après dix minutes d'attente, j'y croyais plus. Ils avaient juste dû être à la bourre en fait. Peut-être que... je sais pas, y'en avait un qui avait eu du mal à se reveiller une connerie du genre. Mais là, c'était bon, ils étaient là. Je les ai vu s'approcher, lentement et lorsqu'ils furent pile en dessous de moi, j'me suis laissé tomber sur un des mecs et lui ai craqué la nuque.


Coucou !

J'ai levé ma jambe pour exploser le nez d'un des gars avant de me courber en arrière pour esquiver un coup de crosse d'un des colons. J'ai attrapé son arme pendant qu'elle était au dessus de moi, et j'ai forcé dans la direction inverse pour lui frapper le buste, lui coupant la respiration. J'ai directement reculé l'arme pour lui mettre un second coup ascendant dans le nez, histoire de lui enfoncer et de le tuer sur le coup. Récupérant l'arme et la faisant danser avec un mouvement de poignet, je l'ai abattue sur le crane d'un autre colon avant de la repositionner façon batte de baseball et de littéralement faire exploser la tête du dernier.

Aucun coup de feu tiré, propre, efficace. J'me reconnaissais bien là. Et pourtant, c'était pas fini ! Les mecs, en voyant que leurs potes revenaient pas, allaient sûrement en envoyer d'autres ! J'avais déjà cinq armes à feu, il m'en fallait au moins le double. Attendre une autre patrouille, ça me faisait chier aussi. Du coup ben... plutôt que d'attendre qu'ils viennent à moi, j'ai décidé d'aller à eux.

Un point strat s'imposait quand même. Défoncer deux trois gardes dans un puits, ça allait. Défoncer un petit groupe de colons en les prenant par surprise, c'était facile. Mais là... j'allais carrément m'attaquer à un putain de fort. Alors, avant de foncer dans le tas, j'ai récupéré les flingues, et j'ai été les foutre dans ma cabane. En plus de lieu de vie, ça allait me servir de stockage. Une fois que la chose fut faite, je repris la route en direction de la fortification, enfermé dans mon armure.

Avec cette armure totalement hermétique, je craignais moins les balles. C'était déjà un bon point. Je voulais bien être d'accord sur le fait que j'avais de bon reflexes, mais merde... on était jamais trop prudent. Puis... même si ça me ralentissait, je pouvais toujours battre en retraite facilement si jamais ça commençait à sentir la merde.

Je me suis donc approché, lentement, caché par quelques feuillages. Le fort sans dire qu'il était immense, avait quand même une taille non négligeable. Y'avait comme une clôture faite en pieux, eux-même sûrement faits avec les arbres coupés aux alentours. Bon, ils s'étaient démerdés avec les moyens du bord, c'était louable. Mais le bois ben.. ça brûlait.

Depuis mes fourrés, j'ai concentré ma magie jusqu'à sentir une intense chaleur jusque sur mon visage. Une rafale de flammes dansantes naissait de ma main et ne demandait qu'à être relâchée. Je sentais mes yeux cligner rapidement alors que ma vision se troublait quelques instants. Et d'un coup, je me mis à relâcher toute cette puissance accumulée en un gigantesque torrent de flammes qui s'en alla lécher et dévorer le bois du campement.

Les remparts commencèrent à se consumer, les quelques tentures présentes disparaissaient dans les flammes alors qu'au loin, je pouvais voir des corps encore en vie se débattre avec le feu et tomber au sol, raides, quelques instants après. C'était une véritable fournaise qui avait pris place au cœur de cette fortification, et... l'idée de savoir que j'étais l'auteur d'un tel chaos était bizarre. Ça me faisait une drôle de sensation, comme si je me sentais pousser des ailes. Pour la première fois depuis longtemps, je me disais « wow... c'est moi qui ai fait ça ». C'était à la fois plaisant et... effrayant !

Mais ce n'était pas tout. Je devais quand même aider les flammes à se répandre et à finir ce qu'il pouvait eventuellement rester du campement après ça. Je me suis concentré de nouveau, mais à la différence de la fois précédente, ce n'était pas mon énergie magique que je canalisais, mais bel et bien mon énergie symbiotique. Un sceau apparût sur le sol et plusieurs glyphes vinrent le compléter à mesure que j'accumulais ma symbiose. Puis, le tout s'alluma et il y eût comme un trou dans le ciel, entre les nuages.


Viens à moi, Bahamut, Roi des Dragons !

Une silhouette draconique repliée sur elle même fila depuis le ciel jusqu'à la terre, tourbillonnante, avant de se déployer à quelques mètres du sol. Cette créature était un monstre de puissance, et rien que la regarder pouvait intimider le plus courageux des hommes. Je restai quelques instants bouche bée, contemplant la créature, avant de me rappeler à l'ordre et de me diriger sur son dos.

La bête commença à virevolter dans le ciel, gagnant peu à peu de l'altitude jusqu'à ce que le campement en contrebas nous semble petit. La créature se stabilisa donc avant de déployer ses ailes et d'accumuler une sorte d'énergie magique bleutée dans le creux de ses ailes. Cela dura un peu moins d'une minute avant qu'il relâche toute sa puissance en direction du périmètre que je lui avais désigné.

Malheureusement, il ne s'agissait pas d'une frappe chirurgicale, aussi, ce fut un gros pan de la forêt qui se transforma en terre brûlée, vierge de quoi que ce soit. Du campement, il ne restait que de vagues planches rongées par le feu, une épaisse fumée et une délicate odeur de chair calcinée.

Je demandai à Bahamut de me ramener au sol et le renvoya dans son monde, n'oubliant pas de le remercier pour ses services. Il était le roi des dragons, il n'avait pas usurpé son titre. Les dégâts qu'il pouvaient engendrer étaient colossaux, et je commençais à comprendre pourquoi Ariez comptait énormément sur lui. Je comprenais aussi pourquoi toutes les personnes ayant assisté à la réunion avaient subi quelques blessures, et que d'autres y avaient perdu la vie. C'était... impressionant.

Une fois Bahamut parti, je ne me fis pas prier pour quitter les lieux, entamant une course vers ma cabane. J'avais eu pour projet de récupérer les armes des colons, mais je n'avais pas pensé une seule seconde que Bahamut pouvait posséder un pouvoir aussi puissant. Tant pis pour moi, j'allais devoir procéder autrement. Ce n'était qu'une question de temps avant que mon plan ne se mette en marche.

Vu tout le boxon que j'avais mis aujourd'hui, j'allais rentrer au Château Disney pour y retrouver Maddie, et profiter d'un peu de temps avec elle. Ensuite, lorsque je serai reposé, peut-être que je pourrai revenir qui sait ?