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Kingdom Hearts Rpg
Nous sommes quatorze ans après les évènements de Kingdom Hearts 2. En tant d’années, les choses ont considérablement changé. Les dangers d’hier sont des soucis bénins aujourd’hui, et au fil du temps, les héros ont surgi de là où on ne les attendait pas. Ce sont les membres de la lumière qui combattent jour après jour contre les ténèbres.

Ce n’est plus une quête solitaire qui ne concerne que certains élus. C’est une guerre de factions. Chaque groupe est terré dans son quartier général, se fait des ennemis comme des alliés. Vivre dehors est devenu trop dangereux. Être seul est suicidaire. A vous de choisir.

La guerre est imminente... chaque camp s'organise avec cette même certitude pour la bataille.

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C'était comme de se réveiller après un long, très long sommeil. Sans pour autant avoir dormi.

Son cœur battait alors que l'espace s'étendait au travers du hublot ; immuable et infini. Son corps au repos lui laissait un répit, et elle se prit à penser à ce qu'elle aurait fait si elle n'avait pas passé autant de temps si loin. Ou si elle était restée. Ou bien encore, elle s'imaginait autre part. Bien que son esprit soit serein, il ne l’empêchait pas de penser à un millier de choses, et ce ne fut que quand ses vêtements reprirent la forme de cette robe de sorcière qu'elle reprit conscience au monde.

Car dans ce monde, le soleil ne se levait pas. Elle n'avait donc en réalité, pas la nécessité de se réveiller. Enfin, au diable toutes ces pensées stupides.

Une douleur tenace se répandait dans tout son corps ; et elle savait qu'elle devrai faire avec, pour aujourd'hui. Le temps, oui, le temps avait recommencé à s'écouler pour elle, et maintenant, elle pensait à l'avenir. Elle avait quelque chose à accomplir ici, et quelqu'un à rejoindre, aussi sortit-elle du vaisseau de ligne sans mot dire, sans risque prendre. Elle lança un sort de foudre sur son ticket d'aller, le réduisant à l'état de cendres.

Pas à pas, elle repérait ce qui n'allait pas ; non pas dans le monde, mais chez elle. Même si elle avait pu se laver et se vêtir convenablement -bien que ses vêtements eurent encore changé- elle n'avait pas vraiment pu faire plus. Elle allait devoir composer avec cernes et courbatures, avec des os qu'elle ne reconnaissait pas, et des capacités plus que diminuées. Oh avec chance, ce ne serait pas compliqué. Mais c'était avec un entrain nouveau qu'elle parcourait le chemin jusqu'à un arbre ayant une forme particulière. Une forme tortueuse, comment l'avait-il appelé déjà ? Ah, oui, l'arbre qui ressemblait à une danseuse, dont elle ne se souvenait déjà plus du nom.

Oh si, bien sûr qu'elle se souvenait, mais elle avait dégagé ce souvenir idiot. C'était l'arbre qui ressemblait à une danseuse qui se déhanchait, à l'orée de la foret.

Le plus dur resta le chemin ; dans le froid, son souffle formait de fantomatiques volutes de buée qu'elle regardait s'envoler avec le vent. Ce dit vent qui soufflait dans la plaine rase et qui faisait bruisser les lointains arbres. Le chemin de terre noire, creusé par maints passages au cours du temps, la laisser se diriger solitairement vers sa destination.

Son esprit était empli du son du vent, de l'odeur de la terre, du froid et de la sensation du bout de ses doigts qui commençait à piquer. Ses longues cicatrices lui rappelaient leur présence à chaque souffle importun du vent ; son attirait de la petite sorcière passablement ridicule -même si très jolie- ne lui fournissait aucune protection contre le vent, hormis un châle de dentelle râpé. Ses collants de dentelle laissaient ses jambes amaigries à la merci du temps extérieur.

Elle avait pris quelques jours pour se restaurer. Et encore, à la station la plus proche ; cheveux détachés devant son visage, elle avait commandé de quoi se sustenter de plus belle. Elle avait fini un sprite juste avant l’atterrissage ; le vol ayant été comme une berceuse. Revoir ce petit bout de civilisation qu'elle avait tant désiré pendant son enfermement lui avait donné faim, et revenir dans ce monde ; maintenant que tant de choses s'étaient passées, lui faisait revenir des chansons stupides en tête. Tant de choses avaient changé. De l'eau avait coulé sous les ponts, qu'est-ce que la Lumière devenait ? Où était son rendez-vous ? Cet arbre moche ?

I put a spell on you !


Ah, encore cette chanson stupide.

Chantonnant jusqu'à l'orée de la foret cet air dont elle n'arrivait pas à se débarrasser, elle dépassa les premiers buissons rachitiques, puis les arbustes avant de se faire recouvrir par la canopée nue d'arbres secs et morts qui composaient ce bois de tristesse. Elle avança, trébuchant maladroitement sur quelques racines. Il allait falloir qu'elle se remette en forme. Oh, il y avait tant de choses à faire...

Elle chercha l'arbre aux formes généreuses, qu'elle ne trouva pas immédiatement. La route se faisait longue, et l'orée de la forêt avait déjà disparu derrière elle depuis de longues minutes alors qu'elle retrouva une forma familière, adossée à une vieille chose étrange qu'elle identifia comme un arbre, serpentant jusqu'à son sommet ; deux branches formant les bras, et une moppe de gui touffue parasitant un troisième sommet formant une chevelure bien visible. Elle haussa les sourcils, perplexe.

« J'ai failli me perdre, heureusement que le chemin est presque une ligne droite. »
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Bon... ça avait l'air d'aller. Y'avait pas vraiment d'animosité dans sa voix, tant mieux. La situation était quand même super délicate. Même si c'était « pour son bien », ben... mon super copain Jecht lui avait quand même défoncé le bassin. Enfin... avec un coup hein, qu'il n'y ait pas de malentendu. Non, on s'était bien occupés d'elle, du moins, on avait demandé à ce qu'on ne la traite pas que comme une simple prisonnière.

Et finalement, elle nous avait rejoint. Je te jure, pendant ces quelques temps où elle était en détention, c'était un peu le gros flip. J'étais pas sûr sûr qu'elle accepte notre marché, et encore aujourd'hui j'étais pas certain qu'elle marchait à cent pourcent avec nous. Jecht lui avait exposé nos conditions qui se résumaient plus ou moins à « Rejoins nous et fermes ta gueule, ou on te bute. Rejoins nous et ouvres la, et on tu bute aussi ». La pauvre ça avait pas dû être facile de traiter avec le mec qui l'avait déjà bien démontée quelques années plus tôt, à la Cité du Crépuscule.

Adossé à un arbre, je l'avais attendu pendant une petite demie heure. Je préférais me pointer plus tôt, c'était important. Du moins, quand c'était pour du sérieux. Je devais voir de mes yeux ce dont elle était capable, si elle reculait, si elle refusait... Ni plus, ni moins... là, on allait condamner un monde. C'était un bon moyen de voir si elle avait du cran.


Salut, dis-je, d'une voix aussi amicale que possible. Content que tu sois venue ! Tu te portes un peu mieux ?

Putain, évidemment qu'elle se portait pas mieux. Elle avait peut-être pu se reposer, mais... elle était un peu crade et avait toujours de jolies marques sur le peu de peau que sa tenue de sorcière sexy pouvait laisser voir.

Avant qu'on commence... laisse-moi déjà regarder tes blessures.

Je me suis concentré quelques courtes secondes, faisant converger une grosse quantité d'énergie magique dans la paume de ma main. Mes cheveux se dressèrent sur ma tête, ma cape noire dansait au gré d'une force invisible... et tout se stoppa aussi net lorsque je relâchai toute cette énergie canalisée sous la forme d'une aura verdâtre qui vint enrober le corps de ma petite sorcière. J'avais utilisé le plus puissant sort de soin possible, et j'avais bon espoir que la différence lui soit notable.

J'espère que tu te sens mieux. T'auras besoin d'être en forme pour ce qui nous attend. Ce qui m'amène au second point ! J'ai un cadeau pour toi. Cadeau de bienvenue... d'excuses... d'anniversaire... prends le comme tu veux, le plus important, c'est que ça vient du cœur ! dis-je, calmement avant de me frapper doucement le torse du poing en deux coups distincts.

Depuis ma poche intérieure, je fis apparaître dans ma main l'arme que j'avais été faire forger à Grimm. C'était un shuriken géant, un peu comme celui qu'elle possédait autrefois, mais qu'elle avait perdu lors d'un dur combat. Il était léger, mais tranchant et j'avais espoir que ce cadeau lui plaise. Je lui tendis d'un geste lent, pour ne pas l'effrayer.

C'est... pour toi. Ça vient de Grimm. J'ai cherché un forgeron compétent pour fabriquer ça. Je l'ai demandé léger, pour pas que tu galères de trop. Ça... te plaît ?

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Cissneï écarquilla les yeux devant l'objet que Roxas lui tendait. Le prenant avec une très légère hésitation, elle se surprit à en tester l'équilibre comme si elle n'avait jamais arrêté de se servir d'armes de ce genre. Cela faisait bien des années qu'elle n'en avait pas vu de semblables et c'était avec une fascination certaine qu'elle observait cette nouvelle arme. Légère, mortelle, semblable en tant de points avec l'arme qu'elle avait perdue mais différente, unique.

"Merci, Roxas." dit-elle dans un souffle, un léger sourire aux lèvres. "Je pense que nous sommes quittes, pour l'instant."

Ce n'était pas vraiment le moment de tenir d'anciens griefs contre quelqu'un qui était un allié si précieux. Et maintenant, tout semblait différents. Les mondes étaient les mêmes et le temps s'écoulait de la même manière qu'avant son enlèvement, qu'avant qu'elle entende tant de choses et qu'elle vive encore plus. Qui l'aurait crue si elle racontait tout cela ? Elle n'allait jamais en parler, de toutes manières, et c'était avec une assurance nouvelle qu'elle se décidait à avancer, désormais. La douleur de ses blessures avait quasiment disparue, grâce à la puissante magie de Roxas. Où en était-il, sur le chemin de la toute puissance d'ailleurs, elle se le demandait bien. Elle sentait toujours une raideur dans ses membres et une grande faiblesse, que seul le temps guérirait, mais pour l'instant présent, c'était mieux que dans son plus profond rêve.

Elle n'avait aucune attache où placer son arme et aucun moyen de la faire disparaître, aussi la garda-t-elle dans sa main droite. Elle gratifia Roxas d'un sourire et reprit la direction du fin fond de la foret où, selon ses souvenirs, la porte vers le monde de Noël se trouvait.

Elle ne savait vraiment quoi dire, puisqu'elle avait songé à quoi dire pendant des semaines, probablement. Elle avait imaginé sa mort des dizaines de fois et, franchement, elle n'aurait jamais pensé survivre jusqu'à maintenant. Aussi, surprise de cette étrange situation dans laquelle elle était, se retrouvait-elle sans rien dire. Sa logique tentait de trouver des chemins par lesquels elle pouvait arriver à une conclusion décente, mais il lui manquait bien trop d'informations pour que ce soit valable. Tant de choses avaient pu changer.

"Dis-moi, suite à ce que tu m'as raconté, est-ce qu'il s'est passé autre chose ?"

Elle n'avait eu que peu ou pas de nouvelles, en comptant l'émission radio diffusée dans le vaisseau Shin-Ra ; et elle n'avait que peu d'intérêt à retenir les détails des dernières chutes de neige à la Terre des Dragons. Ses dernières nouvelles du monde lui avaient étés données par Roxas, et c'était tout. Aux dernières nouvelles, elle existait encore.
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Le cadeau avait fait son petit effet c'était déjà ça. N'empêche que la voir sourire, bah ça me faisait plaisir. Ouais, j'étais content qu'elle... soit... contente. Ouais c'était ça. Et puis, elle n'avait pas perdu ses bonnes habitudes apparemment ; elle était à l'aise avec cette arme. Mais voilà que maintenant, elle me demandait de lui faire un petit topo sur la situation actuelle. Bon, ben j'allais lui faire sur la route.

Ben euh... en général ? Je sais plus trop ce que tu sais et ce que tu sais pas alors je vais viser large. Déjà, le Pays des Merveilles et la Fourmilière... Ben, ça existe plus. Enfin si, mais c'est à la fin des mondes que ça se passe. Y'a trois nouveaux mondes qui sont apparus aussi, un truc de cowboys, une ville machintruc, et une station balnéaire ou on peut bronzer tranquillement. Ça c'est les trucs importants...

Je cherchais en même temps ce qu'il y avait eu de nouveau. On l'avait retenue pas mal de temps en fait à tel point que j'me rappelais même plus de quand ça datait.

Sinon ben... l'éclaireur là, le journal... Ils ont du passer un partenariat avec le Consulat ou je sais pas trop quoi. Toujours est-il que ces connards de consuls ont affiché ma tête un peu partout sur leurs terres et que c'est passé à la télé. Je suis... l'ennemi public numéro un pour un truc que j'ai pas fait... enfin... partiellement pas fait.

Ouais, je lui ai lâché l'info un peu comme ça en m'en foutant. D'un autre côté, j'avais pas grand chose à lui cacher. Elle pouvait bien savoir ça, ça me dérangeait pas. D'façon maintenant, cette marque à la con, elle me faisait plus rien. Peut-être que c'était le temps, peut-être que je m'y étais habitué.

Sinon au niveau de la Lumière ben... ça bouge pas. Shadow, un de nos gars, s'est fait foutre en taule par la petite pote de Primus. Il a foutu un peu le bordel. Et je crois aussi que Fiona à demandé à Sora d'aller chercher Primus à la Forêt de Sherwood et de la ramener au Château histoire qu'elle chapeaute le truc « pendant que t'es partie ». Dis-je, en mimant des guillemets avec mes doigts. Reste que j'ai bien l'impression que ça pue cette histoire. Toutes les deux là... je sais pas, je les sens pas. Mais t'inquiète, j'suis là ! Lui dis-je, accompagnant mes paroles d'un sourire compatissant et d'un tape amicale sur l'épaule.

Sinon... je saurai pas quoi te dire d'autre. Je pense pas que y'ait d'autres gros trucs à savoir. Si ça me revient je te le dirai. Ah, je crois qu'on est arrivés.

A vrai dire, j'avais un peu parlé sans lui laisser le temps d'en placer une, je savais même pas si elle m'avait écouté. On s'est arrêtés et je lui ai montré la porte de Noël.

Voilà, c'est ce truc là qu'on doit péter. Le problème, c'est que j'ai aucune idée de comment on va s'y prendre. On coupe l'arbre et on l'embarque ? On le crame ? Choisis.

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"Je suis partie longtemps, je suppose que personne ne s’attendait à ce que je revienne de moi-même, et avec tout le monde occupé, il était également hors de question de détacher quelques membres spécialement pour me rechercher. La Lumière... peut fonctionner sans moi. Pour l'instant, j'espère changer ça à l'avenir, mais c'est ce qui lui a permis de tenir jusqu'à maintenant, non ?"

Les deux comparses suivaient leur chemin dans l'obscurité et le froid. Cissneï ne tremblait pas cependant ; le sort de soin de Roxas avait fait naître une chaleur indescriptible dans son cœur. En vérité, elle non plus n'aurait envoyé que le minimum, sinon personne, pour sauver un membre disparu. A l'exception de peut-être Roxas ou bien Ravness, et Sora bien entendu, elle aurait préféré garder les forces de la Lumière hors d'un probable guet-apens ou disparition précoce ou... Quoi que ce fut qu'il puisse les guetter alors qu'ils poursuivaient une recherche aussi vaine.

" Tu sais, si tu me disais sur le ton de la conversation que Genesis était un sans-cœur à la tête de la Coalition Noire je hausserais juste les épaules, parce que rien ne peut plus m'étonner venant de lui. Il se prétend artiste mais qui peut être artiste en étant pourri de l'intérieur comme il l'est ? "

Beaucoup d'artistes prétendaient user de leur souffrance pour leur art. Prétendaient tordre et modifier la réalité, ou n'importe quoi. Cissneï n'était pas une artiste et ne l'avait jamais été, et pour elle, ce genre de condition ne devait pas empiéter sur les autres. L'art était accessoire ; agréable et portant un sens incroyable, certes. Capable de retourner une situation et nécessaire pour l'évolution et la pérennité d'un peuple, mais en guerre, un peuple pouvait bien vivre sans flamboyance et beauté comme le Consulat le proposait. Enfin, selon elle. L'art pouvait prendre tellement de formes, la plupart qu'elle ne comprenait pas et ne comprendrait probablement jamais. Chacun avait sa part d'art, et l'art du Consulat avait sonné creux à ses oreilles depuis que Genesis s'était présentée à elle avec plus de maux que de paroles.

" Enfin, c'est toujours mieux d'avoir la Lumière immobile que disparue. On prend ce qui est à portée, c'est déjà ça. "

Ils arrivèrent devant la porte ; creusée dans le flanc d'un arbre. Selon la date qu'elle avait vue plus tôt dans le vaisseau, Noël était passé. Comme une bonne partie de l'année d'ailleurs. Elle soupira et s'approcha, réfléchissant aux idées de Roxas.

" Je me demande s'il ne pourrait pas être d'une quelconque utilité à la Lumière, en réalité. Cependant ça semble être un risque inconsidéré. Il y a moyen de regretter les deux choix... "

Elle fixa la porte quelques seconde, silencieuse. Une brise vint, insidieuse, sifflant entre les branches nues de la foret fantomatique qui obscurcissait les alentours.

" Je préfère regretter quelque chose qu'on a pas. On le détruit. Mieux vaut ça qu'une souche qui invoquerait encore plus de sans-cœur qu'il y en a déjà. On pourrait garder le bois, s'il y a moyen de prouver qu'il n'est pas maléfique. "

Elle fit tourner son shuriken dans sa main droite, hésitant d'un premier geste, puis retrouvant vite une certaine assurance. Son sourire se fit plus franc alors qu'elle le lança d'un geste sec vers l'arbre décrépit.
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Emmener ce truc à la Lumière ? Ouais, ça aurait pu foutre pas mal la merde. Parce que si on y réfléchit, ce machin c'était ni plus ni moins qu'un portail quoi. Avoir un portail pour la Ville de Noël en plein milieu de la cour du château ça pouvait avoir des bons côtés comme de très mauvais. Genre... donner directement un accès à la Coalition ou aux lutins barjos en plein cœur du QG de la Lumière. Ouais non fallait le cramer.

D'un coup, Cissneï me fit une démo avec son nouveau Shuriken. Je la regardais faire avec aisance, ce qui me surprenait un peu. Elle n'avait pas eu à se servir d'une telle arme depuis des lustres, et c'était comme si elle ne s'en était jamais séparée. Malheureusement, ce ne fut qu'au dernier moment que je sentis une aura émaner de l'arbre. Elle ne s'était pas manifesté jusque là, et c'était comme si l'agression subite l'avait faite se réveiller.

Les branches de l'arbre se mouvèrent avec rapidité et interceptèrent le shuriken lancé, puis ce fut d'autres branches qui poussèrent instantanément le long du tronc, prenant la forme de bras, puis de mains griffues. L'une d'elles se dressa et s'apprêta à frapper Cissneï d'un coup lourd. Je n'ai pas le temps de la prévenir, alors d'instinct je m'interpose, l'étreint, et sens les griffes de l'arbre me déchirer le dos.

Je serre les dents et force la douleur à s'évacuer. Je passe la main dans mon dos et confirme mes pensées ; je saigne pas mal. Bon, ça s'annonce pas terrible. Toujours en maintenant Ciss', je saute pour nous mettre hors d'atteinte, il faut qu'on réfléchisse à un plan.


Bon, ça craint. On fait quoi ? Le bois normalement ça brûle, mais celui-là je sais pas. Peut-être que...

Des secousses me coupent dans ma reflexion. Je me retourne vers l'arbre et vois le sol se soulever en deux traînées distinctes. Finalement, ce sont deux immenses racines tentaculaires qui sortent du sol et qui commencent à se balancer de gauche à droite, prêtes à nous fouetter le visage au moindre faux pas.

Je... j'imagine que t'as pas le numéro d'élagueurs dans ton répertoire ? Genre « Élagueurs de l'Extrême associés » ?

Vraiment, ça n'allait pas être simple. Je pouvais clairement m'en sortir, mais fallait que je fasse gaffe à Ciss'. Elle restait fragile... Je pouvais décidément pas tout faire péter comme à mon habitude. Non, là... fallait faire ça propre. Ou au moins attendre que la situation soit désespérée avant de sortir une Divine Comédie... En somme, attendre que l'éradication pure et simple de tout organisme végétal aux alentours soit justifié.

Invoquant mes keyblades et les chargeant d'une magie élémentaire de feu, je me mis en garde. P'tete qu'elle aurait un bien meilleur plan. En attendant, que ce tréant de noël essaie de nous attaquer ! Il allait apprendre qu'il ne pourrait pas donner sans rien n'attendre en retour.

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Cissneï avait toujours été une réaliste. Il ne lui fallut pas longtemps pour réaliser que le combat ne serait pas simple ; et Roxas se jetant devant elle tel un chevalier servant n'arrangea pas son point de vue. Sa réaction fut une surprise -posément logique. Puis un mouvement de recul -normal, voire même basique. Et puis, plus rien. Elle ne répliqua pas, n'aide pas Roxas alors que ce dernier se prenait l'impact. Que faire, que dire ? Comment agir ?

Son souffle se bloqua quelque part dans sa poitrine, alors qu'à la périphérie de son champ de vision, elle voyait l'éclat de son shuriken dévié par un coup de cet arbre maudit. L'arbre bougeait dans un bruissement de bois sec, un craquement sourd qui lui envoyait des frissons glacés dans le dos. Et c'était pas sa petite robe à la con qui allait arranger cette situation. Son shuriken décrivait un arc oblong dans le ciel.

Elle était faible, et elle le savait.

Non pas que cela la rendit triste, justement. En réalité, c'était une réalisation froide qui s'était apposée, comme bien d'autres et qui avait sa place dans sa logique. Surveillant la courbe de son arme, elle le récupéra d'un geste souple à l'instant où il était à portée, s'écartant de quelques pas. Elle avait gardé quelque peu de sa superbe, elle était encore capable de se défendre.

« Tu as fait exploser la maison d'Andy, tu as toute ma confiance pour faire exploser ce truc. »

Cissneï fit un bond en arrière afin d'éviter les énormes racines. Ce simple geste mis à mal ses jambes, son bassin, son corps entier. Y'avait pas moyen de se battre comme ça. Elle avait compris que rester en arrière était la meilleure solution. Cependant, elle jeta un rapide coup d’œil à l'ensemble des branches de l'arbre, et des deux protubérances semblant être ses racines.

« Je reste en arrière pour te couvrir. »

La plus logique des choses à faire, pensa-t-elle alors qu'elle attendait le moindre des mouvements de Roxas, prête à frapper quoi qui puisse le mettre en danger et qu'il ne remarque pas.

Sa connaissance de la magie de feu était nulle, ses capacités physiques étaient réduites à néant, aussi devait-elle faire au mieux avec le peu qu'elle avait. Mais cela ne la décourageait pas, bien au contraire. C'était avec une détermination nouvelle qu'elle se préparait à frapper, chaque seconde était un espoir de plus. Sous les battements de son cœur, il y avait comme une confiance sereine, une très légère crainte que tout finisse mal. Cette crainte n'était là que pour réagir encore plus rapidement si, effectivement, tout se passait mal.

Alors que Roxas lui tournait le dos, elle lança son shuriken d'un geste rapide vers une des racines transperçant le sol comme s'il se fut agi d'eau, labourant la terre noire, emplissant l'air d'une odeur de terre détrempée et de bois, d'humidité. Une odeur qui l'assaillit un instant. En une heure, voilà qu'elle avait vécu plus qu'en quelques mois, et elle était à chaque instant plus submergée par cette liberté retrouvée.

Prenant garde à ne pas entraver le chemin de Roxas ou de se trouver à proximité de l'arbre, elle continuait d'attaquer méthodiquement, jamais une fois de trop, aussi espérait-elle. Gardant ses forces précieusement, aux aguets, surveillant chacun des gestes de son allié.

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Ainsi elle me couvrait ? C'était parfait. Aussi longtemps qu'elle se tenait à l'écart, je pourrai me concentrer sur notre ennemi. Mes armes brillaient d'une aura incandescente, et cette même aura ne demandait qu'à s'exprimer. Je courus vers l'arbre, fis un bond puis un autre et fis une rotation sur moi-même au dessus de lui. La tête vers le bas, je lançais une arme sur lui, puis l'autre avant d'atterrir de l'autre côté et de les rappeler. Un rapide coup d’œil au dessus de mon épaule me permit de voir que l'arbre pas si mort que ça commençait à prendre feu.

Je me retournais et me préparais à repartir à l'offensive, faisant tournoyer mes armes d'un mouvement de poignets coordonné. Ça ne servait strictement à rien mais hé... C'était le spectacle ! Une fois proche, je me servis du fait qu'il ne pouvait pas se retourner pour le frapper autant de fois que je le pouvais. Cet arbre, aussi costaud qu'il semblait l'être, n'était peut-être pas si résistant que ça après tout. Enfin, ça, c'était avant qu'une de ses racines balaie la zone où je me trouvais et que je l'esquive d'un rapide bond en arrière.


Occupes-le deux secondes !

Je joignis mes mains, entremêlant mes doigts, et commençai à amasser un peu d'énergie magique. S'il ne se laissait pas approcher, ben on allait rester sur les boules de feu, hein ! Une flammèche se créa dans les paumes de mes mains puis grossit encore et encore jusqu'à atteindre la taille d'un de ces ballons de Blitzball. J'allais tenter de reproduire ce que j'avais pu voir !

Je lançai la balle de feu un peu au dessus de moi et la frappai de mon pied. Elle fila vers l'arbre et le toucha. De mon psychisme, je la fis revenir et refrappais deux ou trois autres fois dedans. Chaque coup toucha l'arbre et laissa quelques flammes l'embraser encore un peu plus. Je venais de révolutionner le Blitzball putain. Fallait absolument que je montre ça à Jecht !

Reste que ça mettait six plombes à se consumer cette merde. Alors, je me suis dit que ça serait peut-être mieux d'abréger le combat en l'enterrant. S'il était complètement écrasé, il pourrait plus rien faire non plus. Fallait voir l'état des branches, ça sonnait creux. Puis bon, Cissneï jouait sa vie. Déjà qu'elle était pas top forme, fallait pas non plus perdre trop de temps. Du coup, je l'ai rejoint et je lui ai fait signe de reculer un peu.


Hé, dis moi si tu trouves pas ça cool !

J'ai serré le poing et j'ai mis un gros coup dans le sol. Toute la forêt s'est mise à trembler, le sol s'est fissuré, puis finalement le terrain devant nous s'est vu complètement retourné. Il n'y avait plus aucun trace de l'arbre devant, juste un grand écran de poussière brouillant la vision à deux mètres autours de nous.


Voilà, problème réglé. Plus qu'à détacher la porte et on se casse, dis-je en frottant les mains entre elles.

Sauf que... sauf que non. Le sol s'est remis à trembler un peu, et l'arbre s'est redressé et s'est mis à se déplacer sur ses racines grouillantes. Je me suis retourné vers Ciss', je lui ai souri et...


Bon... il est possible que j'aie pas pensé à ça. Du coup, je suis ok pour admettre que j'ai peut-être fait une connerie.

Maintenant qu'il pouvait se déplacer, même à l'écart on pouvait s'en prendre une. On allait peut-être retourner au plan A finalement.
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Cissneï avait sauté quelques secondes avant que Roxas ne frappe le sol, et elle avait bien fait. Il l'avait prévenue, mais prévenue de rien de particulier, aussi était-elle restée sur le qui-vive de celui qui fait équipe avec un allié des plus surprenants. Et elle avait eu raison, et elle était encore en vie et non pas enterrée sous des énormes mottes de terre. Avec satisfaction, elle vit l'arbre disparaître sous les monticules de terre noirs comme la nuit. Elle retourna au sol, un léger sourire aux lèvres.

« Bien, une bonne chose de fai- »

Elle étouffa un juron. Non, c'était évidemment pas fini.

D'instinct, elle recula. Son shuriken à la main, elle ne tenta rien, sidérée par l'aggravation soudaine de leur situation. Contemplative tout d'abord, elle songeait à une solution, rapidement. Mettant encore plus de distance entre elle et la créature, qui ne semblait pas vraiment paisible. Ses attaques -mais principalement celles de Roxas, l'avaient mise dans une colère noire. Aussi noire que la terre de ce monde.

Elle n'aimait pas songer à des choses stupides. Aussi maugréa une fois encore et en resta à ses plans. Qui ne lui venaient pas. Roxas s'excusa ; il parlait trop, mais cela la fit sourire. Quoi qu'il arrivait, il restait toujours maître de la situation. C'était un contraste qui l'effrayait presque ; car si lui pouvait se défendre et plaisanter d'une telle manière, un coup de cet arbre démoniaque pouvait la tuer.

«  On va pas se faire démonter par une plante, on en a des plus moches au château ! Allez, un dernier coup de collier et ce sera bon ! »


Elle lança son shuriken ; la portance et les retours de l'arme étant de plus en plus familiers. Il y avait des mois, sinon des années, qu'elle n'avait utilisé ce genre d'arme, depuis qu'elle l'avait perdu. Un souvenir de sa plénitude physique qui ne manqua pas de l'exaspérer. Elle n'avait plus la même considération du combat, et se laissait aller à des divagations inutiles. Chaque seconde passée dans ce combat était une expérience affreuse où la liste de ses défauts lui venait, s'allongeant à mesure que le temps passait. Déconcentrée, ne sachant où se placer. C'était des actions stupides et dangereuses qu'elle n'avait cessé de corriger au cours d'années d’entraînement, pendant la plus grande partie de ces journées. C'était des gestes appris par cœur qui ne lui revenaient pas, même s'ils étaient devenus des réflexes au cours de temps. C'était un corps qui lui semblait étranger, des articulations qui refusaient de la laisser aller jusqu'au bout de ses gestes, c'était des muscles qui se tendaient sans espoir de maintenir un effort. C'était la douleur, même avec la puissance des sorts de soin de Roxas.

Alors qu'elle récupérait son shuriken, d'un geste trop précipité pour qu'elle n'y pense pas, que sa garde ouverte à tous vents laissa une branche passer. Cissneï se retrouva projetée au sol sans autre forme de procès ; ne sachant pas comment elle était arrivée là, son esprit sautant sur des conclusions variées se ressemblant toutes ; inattention surtout. Elle se redressa avec grand mal, retombant à genoux, abrutie de douleur. Elle pensait aller mieux, mais la réalité de sa condition la frappait comme un couperet.

Elle se préparait à lancer des instructions, mais réalisa avec un effarement de plus qu'elle ne serait d'aucune utilité ; bouche béante et yeux grands ouverts, elle parvint à cette conclusion rapide. Dans un dernier effort, elle roula sur le côté pour éviter une des branches de l'arbre ; tranchant sauvagement les appendices de la créature dès qu'il s'approchaient trop près, elle se constituait une défense de fortune qu'elle n'appréciait pas.
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Chaque seconde qui passait rendait la situation de plus en plus désastreuse. Y'avait d'abord eu ma connerie qui avait fait sortir l'arbre de terre, puis le vol plané involontaire de Ciss. On avait peut-être mal dosé la danger de la mission en lui demandant de m'accompagner. Enfin, maintenant qu'on était là, on pouvait difficilement faire machine arrière. Fallait le défoncer avant que ce soit lui qui nous bute.

J'ai jeté un regard dans la direction de Ciss, histoire de voir si elle allait bien et... sans dire que c'était la top forme, elle arrivait à se débrouiller. Les racines qui la harcelaient se voyaient bien vite coupées grâce au petit cadeau que je lui avais fait. J'avais vraiment eu une bonne idée en fait, je sais pas comment elle se serait débrouillée sans. Trouer un arbre de plomb, je pense pas que ça aurait été efficace.

Faisant confiance à Ciss pour gérer de son côté, je repris l'assaut en me jetant sur l'arbre, coupant toutes les racines qu'il m'envoyait pour me stopper. Une fois assez proche, je lui assénais de violent coups, ce qui fissura le bois par endroits. Si ça n'avait pas eu l'air de faire grand chose, ça avait le mérite de le fragiliser. En fait, la seule chose qui semblait vraiment avoir eu de l'effet... c'était le feu.

J'essayais vraiment de retarder le moment où j'allais cramer tout le périmètre, mais c'était surtout la survie de Ciss qui était en jeu. Je sais pas combien de temps ça allait nous prendre de l'abattre à la loyale, mais ça allait sûrement être trop pour elle. Alors, je me suis mis un peu en arrière et j'ai rendu Cissneï insensible aux sorts.


Bon... écoutes... Ça va pas te plaire, mais tiens toi tranquille.

De par ma distance, l'arbre s'est mis à s'approcher de Cissneï. C'était un pari risqué, c'était sûr. Mais fallait écourter, y'avait plus le choix. Alors, pendant que l'arbre était focalisé sur ma collègue rousse, j'ai commencé à concentrer mon énergie magique. Je sentais le flux parcourir tout mon corps pour finalement se concentrer en un point. Et finalement, ce fut une gigantesque masse de flammes qui s'emmagasinait dans le creux de mes mains.

Une fois que le sort fut prêt, je libérai sa puissance et laissai le torrent de flammes se déverser sur toute la forêt, et... sur Cissneï aussi.
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Elle ne comprit pas, sur le coup, ce que Roxas comptait faire. Il s'était soudainement écarté, lançant un sort sur elle, un sort de protection. Ils étaient faciles à reconnaître, même si la nature exacte de ses capacités restait un mystère. Elle arqua un sourcil et, probablement que son visage ne reflétait pas exactement le calme olympien qu'elle s'atreignait chaque jour à garder. Il fallait dire qu'en robe et petits collants dans une foret sombre la nuit, attaquée par un arbre géant qui bougeait à loisir, ce n'était pas exactement le genre de situation qu'(elle pouvait concevoir un beau matin, en songeant à son occupation de la journée.

Si elle avait su ce qui allait lui arriver il y a une semaine. Ou même encore, il y a quelques mois alors qu'elle végétait tranquillement à la Lumière entre des piles sans fin de dossiers à signer et à relire. Non, décidément elle n'aurait eu aucune idée, ni même aucune envie de se retrouver là. Quoique peut-être. Elle avait eu envie que les choses changent, mais n'aurait certainement pas pensé pouvoir survivre de telles choses si elle avait été prévenue avant. Elle ne s'en serait pas crue capable, aussi, en regardant la créature s'approcher d'elle alors que Roxas était assez loin et commençait à lancer un sort, elle fit la part des choses.

Elle hurla, alors qu'une cascade, non, une vague de flammes s'écrasa sur elle sans qu'elle n'eut le temps même d'esquisser un pas pour s'enfuir. Elle s'était toujours considérée comme rapide. Mais c'était une vaste blague comparée à la puissance inimaginable que Roxas dévoilait devant elle.

Elle avait fermé les yeux, de peur, de surprise, et s'était agenouillée en levant les bras au dessus de sa tête, de manière à protéger son visage. De la même manière que l'on retrouvait les cadavres incinérés vivant, en règle générale. Prostrée, elle fut d'abord témoin d'une vive lumière, puis d'une chaleur importante. Pendant un instant, elle se dit qu'elle était tout à fait supportable, quoiqu'extrèmement ennuyeuse. Puis, la jeune femme se souvint du sort de Roxas, et ainsi, elle rouvrit les yeux. Une inspiration bloquée dans sa gorge, tétanisée, elle regardait autour d'elle pour n'y voir qu'un immense incendie, des torrents de flammes tout autour d'elle. Ne bougeant pas, frappée d'une stupeur incommensurable, elle ne faisait qu'observer.

Longtemps les flammes brûlèrent le monde autour d'elle, et elle craignit que la protection ne disparaisse avant elles une fois eut-elle repris un semblant de pensée cohérente. Mais ce ne fut pas le cas ; il n'y eut bientôt plus rien à brûler. Et le feu rapetissa, s'accrochant à des restes de buissons, des arbres limitrophes qui eux ne pouvaient malheureusement pas bouger. Ils étaient hideux et probablement morts depuis belle lurette, aussi elle n'en fut pas le moins du monde triste. Non, non elle était toujours sous le choc.

« Nom de.. »

Nom de dieu ? Ah oui c'était bien digne des enfers. Mais la fin de sa phrase resta, tout comme son souffle, bloquée quelque part en elle, bloquée par la surprise. Celle d'être toujours en vie, celle d'émerger d'un amas de cendres, le corps couvert d'une pellicule de lumière la protégeant, qui ne tarda pas à s'évanouir dans le néant. Son nez fut assailli par une odeur de cendre, une odeur de fumée. Elle était entière, et allait aussi bien que faire se pouvait, dans les circonstances actuelles. Hébétée, elle chercha son allié du regard.

Dans sa main droite aux jointures blanchies, elle serrait fort la poignée de son arme, comme si à tout instant, on allait la lui arracher.
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L'arbre démoniaque avait été réduit en cendres, comme à peu près tout ce qui nous entourait quelques secondes plus tôt. Ça avait été plutôt radical comme solution, mais j'avais pas eu trop le choix. La mission était accomplie, et Ciss' était vivante. On pouvait donc dire que c'était un succès total. J'me suis approché d'elle, et je lui ai posé la main sur l'épaule en lui souriant.

Hé... ça va aller, c'est fini. On a réussi. lui dis-je avant de marquer une pause. Bon bah... J'pense qu'on en a fini ici. Mission accomplie comme je dis souvent ! Il va être temps pour toi de rentrer et de retrouver ton bureau je pense. Faudrait pas qu'on traîne trop longtemps ensemble, du moins, tant que t'es pas retournée au château.

J'ai plongé ma main dans ma poche et ai ressorti assez pour payer un voyage en vaisseau.

Tiens, c'est pour toi. Ça vient de nous, ça te permettra de rentrer au château sans galérer. T'as assez pour la première classe. Je sais que c'est pas non plus le cadeau du siècle mais bon.

C'est vrai que ça sonnait bizarre. « Tu peux voyager en première classe ! ». Ouais... C'était pas un cadeau, c'était surtout la moindre des choses en fait. Après autant de temps passé dans les montagnes, cachée et ligotée dans une tente... Au moins, on avait pas eu à s'en débarrasser.

Je l'accompagnai jusqu'à un peu moins loin que la sortie de la forêt. Hors de question que quelqu'un nous voit ensemble. Quelque part, on avait même eu de la chance que les trois connards qui se baladent dans ce monde ne nous aient pas vus. Ça aurait pu avoir des conséquences désastreuses aussi bien pour elle que pour moi.

Alors que je l'avais saluée et que je m'apprêtais à partir, je me retournais une dernière fois vers elle.


Hé... Ciss... Euh... J'suis content que tu nous voies plus comme des connards. J'veux dire... Content de te compter parmi nous. Vraiment. Fais attention à toi.

Puis, sans attendre de réponse, je repris ma route et m'enfonçai dans la forêt.

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« Roxas, c'est... adorable, mais je ne saurais pas comment paraître légitime si je débarque de la première classe d'un vaisseau Shin-Ra après une aussi longue absence. »

Elle sourit, étouffant même un petit rire à cette pensée précise. Immédiatement, son esprit fila droit vers des images auxquelles elle n'avait pas songé plus tôt. Des images qui changeaient encore quelque peu la dimension de cette journée si particulière. Ce matin, elle ne savait pas où elle allait terminer, et ce soir, elle rêvait à sa chambre. Les images étaient si claires. Elle pensait à Sora, à Ravness, à la Lumière telle qu'elle l'avait quittée quelques mois plus tôt. Sur un coup de tête, elle était partie sans escorte ni protection.

Quelques secondes malaisantes furent nécessaires afin qu'elle regagne une composition digne de ce nom. Elle n'était plus à ça près, mais elle n'avait tout de même pas envie de paraître stupide.

«  Tu m'as déjà offert plus que vous ne m'avez pris. » finit-elle par rajouter.

Elle ponctua sa phrase d'un léger sourire, tout en lui remettant son shuriken. « Je suis sûre qu'on trouvera un moyen pour que tu me l'offre à nouveau. Je n'ai pas vraiment envie qu'on se demande où est-ce que j'ai bien pu l'avoir. » avec l'arme, elle remit une partie des munnies de Roxas entre ses mains. « Je rentrerais d'un long voyage, dont je ne me souviens pas. Sans rien de plus que ce avec quoi je suis partie. »

Son sourire ne la quittait pas. C'était peut-être la tête de Roxas, ou bien la simple idée de finalement rentrer qui la rendaient comme ça.

Elle salua le Maréchal une dernière fois et reprit le chemin de l'orée de la foret alors que lui, partait au plus profond des bois. Son sourire fadit quelque peu alors qu'elle se retourna après quelques pas, pour voir qu'il n'y avait plus personne derrière elle. Oh, elle ne se sentait pas dans une position d'injuste abandonnée ; elle n'aimait simplement pas ces bois du tout, aussi se hâta-t-elle de les quitter.

A fur et à mesure de son chemin du retour, la douleur la regagna subrepticement. Elle l'ignora tout d'abord. Comme sortant d'une longue nuit de sommeil, elle fut désagréablement surprise par son retour. Le sort de Roxas, pourtant puissant, n'avait pas fait disparaître la douleur comme elle avait osé l'espérer. Elle étouffa un grognement, alors que la ville d'Halloween était en vue. Sa démarche, légèrement bancale dans la foret, à cause du terrain inégal et des chaussures de sa robe de sorcière avait-elle pensé, était devenue laborieuse, comme elle l'avait été en se rendant dans ce monde. Bientôt, son bras gauche restait contre son flanc, et son poids était comme un feu liquide se diffusant dans son épaule, à la base de son cou. Tout mouvement ne faisait qu'empirer la douleur.

Elle emprunta un des vaisseaux Shin-Ra, pour enfin terminer ce long trajet du retour. Raide, exténuée, elle s'adossa à un mur tout le long du trajet, même si le vaisseau était ce jour là particulièrement vide. Elle n'avait aucune idée de l'heure, passant de la nuit éternelle de la Ville d'Halloween à celle des Routes Stellaires. Son regard se perdit un instant par le hublot, dans une recherche de répit qu'elle ne parvint pas à trouver. Serrant les dents, sentant le début d'une migraine infuser, comme si on martelait les parois de son crâne, elle attendit patiemment. Elle avait déjà effectué ce trajet auparavant. De nombreuses fois.

Elle repensa à Roxas. A Jecht, aussi. A de nombreuses choses. Elle essayait de rester sensée, aussi songeait-elle au changements de la Lumière. Que s'était-il passé en son absence ? La radio ne diffusait que de la musique. Bercée par des paroles qu'elle ne cherchait pas à comprendre, elle se disait en cet instant que la politique pouvait bien attendre à demain. Alors que ses vêtements reprenaient leur forme banale, elle soupira. Sa robe avait laissé place à un long manteau sombre qu'elle avait pris sur un banc avant de partir. Son propriétaire, dont le nom était indiqué sur l'étiquette, devait maintenant se rendre compte de sa possession disparue. Dessous, une chemise informe, grise. Ses longs cheveux étaient emmêlés, secs et sales, plus bruns que roux. Son reflet la fit sursauter, ravivant la douleur de la multitude de ses blessures. Elle souffla un instant, mais chaque souffle était une épreuve, alors que le halo protecteur des sorts de Roxas, du moins ce qu'il en restait, disparaissait un peu plus à chaque instant. Elle allait rentrer, se disait-elle, bientôt.

L’atterrissage fut un supplice. Elle s'y était préparée. Fermant les yeux, le dos contre la paroi, elle attendit que tout s'arrête. Le monde était plongé dans l'obscurité calme d'une nuit anodine. Et elle se glissa hors du vaisseau.

Ce fut un garde qui la reconnut en premier.

Un grand homme, dont elle ne connaissait pas le nom mais dont le contact lui parut d'une étrangeté déconcertante, alors qu'elle lui prononça, en perdant l'équilibre, des mots qu'elle-même n'entendit pas. S'ensuivit un flot de paroles incompréhensibles, venant d'elle, de lui. Une agitation sans pareille. Partagée entre l'incrédulité et la satisfaction Cissneï refusa de fermer les yeux, même ses ses paupières l'exhortaient au sommeil. Elle comptait chacun de ses souffles. Jusqu'à cinq, jusqu'à vingt. Elle était rentrée ; le temps s'écoulait, ce monde était réel. Cette technique était infaillible ; elle ne pouvait compter dans les rêves, personne ne le pouvait.

On ne pouvait pas non plus y lire, pensa-t-elle, dans un calme incroyable, alors qu'elle reconnut au hasard des mots autour d'elle. Les panneaux de la gare, la destination du vaisseau qui s'en retournait vers une autre destination. Il s'en allait vers le Pays Imaginaire, dans vingt-quatre minutes, lisait-elle. Le tout pendant que le soldat de la Lumière lui demandait son nom, lui demandait les questions que la procédure lui demandait, afin qu'elle reste consciente. Un processus auquel elle se soumettait de bonne grâce, heureuse de parler. Heureuse d'être en vie, heureuse de voir ces murs de pierre blanche qu'elle n'avait jamais pensé vouloir revoir à ce point.
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