Quand on y réfléchit, c’est quelque chose d’assez simple. Il ne s’agit fondamentalement que de la perception et de la représentation du monde. Cependant, pour peu qu’on prenne le temps de bien regarder, cette même perception peut nous révéler une multitude d’informations sur les personnes qui nous entourent.
Moi, par exemple. Si quelqu’un venait à m’observer de pied en cap, il pourrait constater que je porte, tel mon père avant moi, une chevelure blonde, dont je prends grand soin, aussi jaune que les feuilles d’un arbre un beau jour d’automne. Je ne les ai d’ailleurs pas si longs que ça, à hauteur d’épaules, après tout, des cheveux massifs peuvent être encombrants pendant un combat. J’affiche simplement deux mèches de part et d’autre de mon visage. Une tresse est aussi visible, enroulée autour d’un chignon maintenu par un ruban bleu roi. Je tiens cette coiffure de ma mère, partie beaucoup trop tôt. Je la porte donc en son honneur.
S’il se concentrait sur mes yeux bleus givres, il pourrait supposer que je suis quelqu’un d’assez froid, car mes pupilles sont perçantes et vives. Il pourrait se dire, aussi, que j’observe quelqu’un comme si je lisais à travers lui comme dans un livre ouvert. Pourtant, il n’en est rien. Je contemple les mondes et les hommes tels qu’ils sont, magnifiques et recelant d’innombrables merveilles à découvrir. De plus, quatre émotions s’y reflètent en permanence. La fierté, notamment d’avoir eu le roi Arthur, un des plus illustres rois de Grande-Bretagne, pour oncle ; une loyauté sans bornes envers mes subalternes et compagnons qui finissent par l’être en retour ; la détermination à mener à bien mes quêtes et autres buts personnels ; et, enfin, la hardiesse avec laquelle je défais mes opposants.
Il se dirait aussi que ma robe n’est pas très appropriée pour une chevalière comme moi, une longue robe à corsage bleu roi, blanc et or. Il imaginerait que des braies et une simple chemise de toile, ainsi qu’une cotte de mailles me siéraient mieux. Il pourrait également croire que pendant un combat cette tenue n’est pas des plus pratiques. Cependant, il n’en est rien. On peut allier efficacité et élégance. J’ai donc commandé cette robe pour qu’elle soit l’une des plus résistantes au monde. Elle est faite de lin et de soie de la meilleure qualité et tissée par les artisans les plus renommés de l’Angleterre. Elle est assez évasée pour me laisser me mouvoir sans le moindre souci pendant les batailles que je mène. J’endosse une armure de plate de premier ordre afin de rajouter à la protection qu’offre déjà cet accoutrement.
Mon observateur ne pourrait pas contester la solidité indéniable de ces pièces de métal. S’il venait à vouloir tester leur résistance en frappant dessus, il se ferait, au mieux, légèrement mal à la main ou, au pire, il obtiendrait une sévère fracture du poignet et des phalanges. Le plastron de cette protection métallique est finement ciselé et expose, par une subtile gravure, les armoiries de ma famille. On peut remarquer aussi des lignes décoratives encadrant ce blason. D’imposants gantelets, composés de plusieurs articulations, ornent mes avant-bras jusqu’aux coudes et m’apportent une défense suffisante pour parer d’éventuelles attaques avec les bras. Je chausse également des bottes à talons métalliques afin de protéger mes membres inférieures. Mes hanches sont recouvertes également de pièce d’armure protégeant encore plus mes jambes, comportant les mêmes rainures que sur mon torse. Quand j’utilise la magie, ces stries se remplissent d’un flux surnaturel, matérialisé par une couleur vive en lien avec le sort que j’emploie, et m’aident à canaliser correctement les pouvoirs que j’ai acquis au fils de mes expériences.
Il remarquerait que ma posture est droite, presque altière, comme si je voulais surplomber les autres en prouvant ma supériorité. Cependant, si je me tiens de la sorte, c'est pour « compenser » ma menue taille et pour paraître digne de la fonction que j’occupe.
Voilà tout ce qu’on pourrait déduire en me regardant. Mais il y a d’autres choses que l’on doit savoir sur moi, mes hobbies ou capacités martiales, par exemple.
De tout temps, l’homme a dû défendre ses idéaux et la vie de ceux qui étaient chers à son cœur et, pendant longtemps, on a pensé qu’il s’agissait de la tâche de la gent masculine. Pourtant, j’ai eu l’insigne honneur d’être l’une des rares femmes à obtenir le privilège de manier l’épée dans un monde paternaliste. Quand j’eus sept ans, mon père me prit comme valet d’armes. Une besogne bien difficile pour une jeune enfant, mais ô combien gratifiante avec le recul ! Une fois mes douze ans arrivés, il m’apprit l’équitation et les bases de l’escrime. Ensuite, mon oncle décida de me placer, à partir de mes seize ans, sous la houlette de l’un des plus grands bretteurs d’Angleterre afin de compléter ma formation au mieux. À force de persévérance et de détermination, je me suis révélée être une très bonne apprentie. Je maîtrisais rapidement les subtilités qu’on s’évertua à m’enseigner. Pendant quatre longues années d’entraînements, j'ai développé mon style de combat qui, dit-on, est très gracieux. En parallèle de ça, voyant que j’avais une affinité avec la magie, Merlin me prit comme apprentie. Il m’enseigna certains de ses arcanes. Enfin, après ces longues années de formation, j’ai eu l’insigne honneur d’être adoubée par mon oncle.
Pourtant, le combat n’est pas mon seul champ d’expertise. Depuis ma tendre enfance, je suis envahie par des cauchemars affreux. Je ne me suis jamais vraiment souvenu du contenu de ces songes, il ne m’en restait que de vagues impressions. Les premiers d’entre eux effrayaient la petite fille que j’étais. Je me suis souvent retrouvé en pleurs dans les bras de mon père, mais avec l’âge je m’y suis habituée petit à petit. Ces réminiscences ne sont jamais vraiment parties. Elles sont devenues même de plus en plus vivaces. J’ai fini par trouver du réconfort dans la peinture pour les évacuer. Au début, mes « œuvres » ne représentaient pas grand-chose, de simples gribouillis infâmes. Pourtant, avec l’expérience, j’ai développé un véritable talent pour l’art pictural. Alors, quand je ne m’entraîne pas, ne suis pas sur le champ de bataille ou autre chose du genre, on me verra souvent un pinceau en main et des taches plein les vêtements ou le visage.
Le physique d’une personne est une chose, son caractère en est une autre. L’un est la première couche d’un individu, quel qu’il soit, tandis que le second est l’essence même de la personne, comment elle voit, ressent et vie les choses.
Peu de chose peut altérer notre façon d’être. Pourtant, tout ce que j’ai vécu m'a fait changer. La mort de ma mère lors de ma prime jeunesse, les diverses batailles auxquelles j’ai participé. J’ai également vu ma famille et mon monde disparaître sous mes yeux, si mon oncle, le roi Arthur, n’avait pas insisté pour que Merlin m'emmène avec lui pour s’enfuir de notre patrie envahie par les Sans-cœur, sous le joug d’une certaine maléfique, j’y serais resté moi aussi. Pendant longtemps je fus traumatisée par la tournure qu’avaient prise les évènements. Mais, en écoutant ce que le magicien avait à me dire sur mon père ou sur le roi, j’ai décidé de remonter la pente, d’essayer de ne plus avoir peur de perdre les personnes autour de moi et de vivre comme les modèles qu’ils sont pour moi. Que pourrait-on dire, alors, sur ma façon d’appréhender le monde qui m’entoure à présent ?
Et bien, je pourrais dire que je suis quelqu’un de très optimiste. Les épreuves que j’ai traversées m'ont incitée à relativiser les choses, je me dis qu’après chaque journée aussi noire soit-elle, il y a toujours une autre blanche. Depuis j’essaye de prendre la vie du bon côté. J’aime à croire que c’est grâce à cette partie de moi que je vois les hommes et l’univers tels qu’ils sont, profondément dignes et justes. Mais, je ne me méprends pas non plus, je sais qu’il existe une part d’ombre dans le cœur de n’importe qui et qu’elle peut faire ressortir leurs plus noirs desseins. Cependant, j’ai l’intime conviction qu’importe la noirceur de l’âme d’une personne, il y a toujours une lumière qui attend d’être réveillée. De plus, quand une situation est au plus basse, je n’hésite pas à motiver mes amis ou mes troupes afin de leur redonner espoir, sans pour autant les noyer dans l’overdose de réconfort. Il faut parfois laisser faire les choses, mais savoir rassurer un brin, un juste milieu en somme.
Mais, le fait d’être optimise à ce point fait de moi une douce rêveuse. Je m’imagine souvent les mondes revenir à leur état d’origine, tous baigner d’une chaleureuse lumière réconfortante. Toutefois, jamais je ne pourrai endiguer la noirceur du voile de l’univers totalement. Il y aura toujours des gens comme Maléfique pour contrecarrer ce que j’entreprends. Pourtant, je ne baisserai jamais les bras, je garderai la tête haute et le cœur vaillant contre tous ces obstacles sur ma route.
Je ne prétends pas être le leader parfait, mais je n’hésite pas à prendre les devants afin de régler les choses aux mieux et d’apporter bienveillance à ceux qui en ont besoin. De même, si quelqu’un devait « diriger » avec moi, je ne tergiverserais pas et m’accorderais avec cette personne afin de rendre les choses plus faciles. Il y a plus de bonne idée dans deux têtes que dans une seule. Cependant, je ne le nie pas, il m’arrive parfois de commettre encore bien des erreurs de jugement sur la marche à suivre. La faute peut être à mon manque d’expérience ou mon âge peu avancé, même si j’ai été instruite pour mener des troupes pendant ma formation auprès de l’élite d’Angleterre. De plus, ce côté « guide » s’accentue un peu plus une fois que l’on se trouve sur le champ de bataille si la confiance de bon nombre de soldats venait à être placée sur mes épaules. Je n’ai guère envie de les décevoir.
Être loyal peut prendre plus d’un sens. Moi, je suis fidèle à mes hommes, à mes amis et à mes convictions. Je n’hésite pas à me mettre en danger pour eux, mais cela ne fait pas de moi non plus un martyr. Si je ne peux rien faire pour sauver ces personnes de ce qu’il les menace, je ne peux me résoudre à périr. D’autres gens comptent sur moi. Je ne blâmerai jamais quelqu’un qui fait de son mieux et prendrai volontiers sa défense. Cependant, je ne tolère pas la trahison. J’offre facilement ma confiance, j’attends à ce qu’on la respecte, pas qu’on la bafoue d’un simple plat de la main. Si je venais à en essuyer une, je traquerai le coupable, contre vent et marée, et le ferai paraître devant la justice.
La générosité est aussi une part de moi. Je n’hésite pas à venir en aide à une âme dans le besoin. Que cela soit de façon pécuniaire ou en lui donnant de mon temps pour l'assister dans diverses tâches. Bien sûr, je ne peux pas mettre un terme à toute la misère de l’univers. Cependant, je veux pouvoir épauler qui je le peux à mon échelle.
Seulement, il m’arrive de prendre les choses trop à cœur. À force de m’investir toujours plus dans le bien-être des gens qui m’entourent, j’en oublie le mien. Il m’arrive de ressortir d’une situation exténuée et lessivée, mais je prends sur moi. Il m’arrive parfois de relâcher la pression en passant des jours entiers à m’acharner sur des mannequins d’entraînement à essayer de les détruire à coup d’épée.
Notes de l’auteur
Aujourd’hui est le jour de mon retour à la vie. Je me suis dit qu’écrire ma vie sur le papier me permettrait de ne pas sombrer dans la déprime de nouveau. Je vais donc partir du principe qu’un lecteur anonyme lise dans un futur loin ou proche ces modestes lignes pour me décharger au mieux.
Bonne lecture à toi qui posera tes yeux sur mes écrits!
Chapitre 1
Ma résurrection
Aujourd’hui
Être condamné à ne plus sentir la moindre parcelle de son corps, pétrifié et dérivant dans l’espace infini, pendant vingt ans alors qu’on est conscient est une épreuve difficile à vivre. Même avoir ses pensées pour seul moment d’évasion n’apporte plus de réconfort. Pourtant, la fatalité a décidé que cela ne serait pas pour autant ma fin. Pour la première fois depuis le début, j’ai senti les sensations de mes deux mains et de mes deux pieds me revenir. Je peux de nouveau les bouger, mais pas de beaucoup. Cependant, ce retour de ressenti est accompagné d’une vision puissante, celle où mon père me conte l’histoire de notre famille.
Trente-neuf ans plus tôt
Je me revois, en cette nuit d’hiver, à deux ans et demi sur les genoux de mon père, jeune chevalier. Il a l’air heureux, confortablement installé dans un fauteuil recouvert d’une peau de bête. Je prends un instant pour regarder le salon de notre maison d’autrefois ; un endroit, certes petit, mais toujours rempli de vie, dont je n’y ai plus mis les pieds depuis des temps immémoriaux. Je ressens le feu dans l’âtre comme si j’y étais vraiment, ma mère cuisinant le repas dans une immense marmite et regardant avec un sourire radieux la scène qui se déroule sous ses yeux. Ce que je vois me remplit de joie et en même temps d’une certaine tristesse. J’en fais cependant abstraction, m’assieds dans le canapé en face de lui, et écoute ce que raconte mon paternel à la moi d’autrefois.
-Tu sais, Arturia, que feu ton grand-père, Uther Pendragon, était l’un des plus respectables rois qu’ait connu l’Angleterre, commence-t-il plein de passion. Il était droit et bon. Il n’hésita pas à m’adopter dans le plus grand des secrets, haut de mes cinq ans, quand mon père, l’un de ses plus proches chevaliers, mourut sur le champ de bataille. Cependant, n’étant pas fils légitime de souverain, je ne pouvais pas prétendre au trône, quand bien même je portais son nom, désormais. Il m’éleva alors discrètement. Le jour, pour tout le monde, j’étais un simple garçon dans l’attente d’être un écuyer et le soir, il jouait de son mieux le rôle de figure paternelle.
-J’avais dix-huit ans quand il avait rencontré son âme sœur, Ygerne de Tintagel, et vingt quand ils ont eu mon demi-frère, Arthur, reprit-il. Cette même année, je devins le chevalier que je voulais être pour rendre fier mon père adoptif. Je fis connaissance avec ta mère peu après. Avec son consentement tacite, je pus l’épouser. Mais un instant de bonheur n’est jamais loin d’un autre de malheurs. Quand il eut cinq ans, mon cadet disparut dans des conditions obscures. Pendant des jours, on a organisé des battues à sa recherche, mais rien n’y fit. Sa mère en mourut de chagrin quelque temps plus tard. Uther s’en voulut pendant longtemps et ne fut plus jamais vraiment le même. Ta naissance, la même année, ne parvint qu’à lui redonner le sourire que pendant les derniers instants de sa vie.
Je l’écoute avec la plus grande attention, comme à l’époque, mais avec une meilleure compréhension des choses. J’étais trop jeune en ce temps-là pour me souvenir de cette conversation, pourtant j’arrive sans mal à anticiper la prochaine réplique de mon alter ego.
- Et c’est pour ça que je m’appelle Arturia ? demande-t-elle avec la question qu’elle juge la plus importante à ces yeux. En l’honneur de ton frère ?
- Oui, c’est ça ! s’exclame-t-il avec un rire franc, en ébouriffant les cheveux de mon autre moi. C’est bien ma puce, tu comprends vite. Mais, c’est un secret, alors chuuut.
En regardant cette scène, je jalouse de bien des façons cette petite fille si innocente. Elle qui connaît encore la douceur d’un foyer aimant et chaleureux. Et soudainement, la vision commence à s’estomper. Je me lève et « pose » une main sur la joue de mon père.
-Je t’aime papa, dis-je dans un souffle. Tu me manques…
Aujourd’hui
Les images sont encore vivaces dans mon esprit. Toutefois, je n’ai pas vraiment le temps de souffler. Je sens mes deux bras revenir à eux et une autre illusion vient envahir ma conscience. Un souvenir que je n’avais pas vraiment envie de revoir.
Trente-six ans plus tôt
Londres n’a jamais été un coin sur, qu’importe la période de l’année. Mais cette année-là est particulièrement difficile pour mon paternel et moi de l'époque. Nous sommes dans le cimetière de la plus proche église de notre quartier. Je me place, la tête baissée, une larme coulant sur ma joue, et les mains jointes, aux côtés de mon père et de mon autre moi qu’il tenait d’une poigne fébrile. Du fait de son existence quasi secrète, nous ne sommes que deux en cette nuit pluvieuse. Même sous cette pluie battante, j’arrive à distinguer le visage sombre et triste de mon géniteur et la mine troubler de sa fille.
-Je suis là, papa, commencé-je malgré le fait qu’il ne peut pas m’entendre. Je pense souvent à elle, tu sais.
-Nous sommes réunis en ce jour funeste pour nous souvenir de Minerva Heyden-Pendragon, femme de Jack Pendragon et mère d’Arturia Pendragon, débite le prêtre.
-Papa, elle va où maman ? demande la jeune moi, perturbée.
-Elle est partie rejoindre ton grand-père, au paradis, essaye-t-il de la rassurer, un peu confus en se mettant à genoux en s'efforçant de cacher sa tristesse. Des vilains messieurs lui on fait du mal et elle a besoin de se reposer pendant un certain temps.
-Papa, je veux savoir me défendre comme toi, rajout-elle. Pour pas laisser les vilains messieurs te faire du mal.
Malgré lui, la réplique de la petite fille que j’étais le fait sourire. Il lui promet avec toute la sincérité dont il peut faire preuve qu’il fera d’elle un grand chevalier. Je m’approche du cercueil, écoutant d’une oreille distraite l’homme de foi psalmodiant pour ma mère défunte, et « place » une main sur le couvercle.
-Maman… J’espère que tu es bien là où tu es… Moi, malgré ma situation actuelle, je vais bien.
Aujourd’hui
Ma conscience se retrouve de nouveau dans son enveloppe charnelle. J’aimerais reprendre mon souffle, tellement les impressions que me laisse c’est illusion sont tenace, pourtant cela m’est impossible. Un éclair parcourt ma tête, quand mes jambes redeviennent mobiles, me faisant voir à nouveau une bride de mémoire.
Trente et un ans plus tôt
Une nouvelle fois, tout ceci me ramène dans mon salon, à l’époque de mes dix ans. Cela faisait déjà quelques années que j’étais devenu le valet d’armes de mon père. Il avait respecté sa promesse de faire de moi une femme chevalière. Je regarde avec un petit sourire à la moi d’autrefois, aiguisant l’épée de papa assise non loin de lui. Quant à lui, il trône sur une chaise et est penché sur la table.
- Tu fais quoi, papa ? demande l’autre Arturia, intriguée.
-Tu n’es pas sans savoir que nous venons d’avoir un nouveau souverain grâce à Excalibur, le roi Arthur. Je ne pense pas que cela soit qu’une simple coïncidence et qu’il s’agit de mon frère disparut. Je le sens, là, à l’intérieur, explique-t-il en désignant sa poitrine. Alors, je lui écris une lettre pour demander une audience avec lui et lui faire par ce que j’ai sur le cœur. S’il me croit, tant mieux. S’il ne me croit pas, tant pis. J’aurai au moins essayé. Tu veux en connaître le contenu ?
-Volontiers, répond-elle.
-« Votre Altesse,
Je vous écris cette missive pour vous féliciter de Votre accession au trône de Grande-Bretagne. J’espère que notre pays sera prospère sous Votre règne naissant. Je sais que Vous êtes encore bien jeune, quinze ans pour accéder à la régence est un bien drôle d’âge.
En tant que chevalier de notre ancien roi, j’aimerai solliciter une audience avec Votre Souveraineté afin de renouveler mes vœux envers la couronne.
Je Vous prie de considérer mes salutations des plus sincères,
Jack Weiss. »
Une fois son contenu lut dans son entièreté, la vision se brouille avant de retrouver consistance. Nous sommes dans la salle du trône. Le jeune Roi Arthur est sur son fauteuil royal et un homme vêtu de bleu de pied en cap se trouve à ses côtés, je le reconnais aisément comme Merlin. Mon père et mon homologue sont à genoux non loin d’eux. Je m’approche de la scène afin d’entendre ce qu’il se dit en ce moment.
-Votre Majesté, dit mon paternel humblement. Je suis honoré que Vous ayez accepté de recevoir le modeste chevalier que je suis. Je me nomme Jack et voici ma fille, Arturia. Elle m’assiste en qualité de valet d’armes. Comme Vous l’aurez lu dans ma lettre, j’étais un fidèle serviteur de votre prédécesseur. Je me présente à Vous en ces lieux pour prêter allégeance de nouveau à la couronne. Mais, ma venue n’est pas motivée que par ce fait. Je ne sais pas ce que sa Souveraineté sait actuellement, cependant, je voulais vous faire part de ce que je pense être la vérité. J’ai signé ma lettre du nom de Weiss, toutefois il ne s’agit pas de mon vrai nom de famille. Je suis né Weiss, mais je vis en tant que Pendragon, fils adoptif caché de notre précédent monarque. Et, j’ai dans l’intime conviction que vous êtes son héritier légitime. Uther Pendragon eut un fils, mon frère, nommé Arthur, tout comme vous. À l’âge de cinq ans, il disparut sans laisser de trace. Mon instinct me dit qu’il s’agit de Votre Altesse.
-Je… C’est…, commence le nouveau Roi abasourdi.
En quête de réponse, il se trouve vers l’enchanteur. Ce dernier posa une main attentionnée sur l’épaule d'Arthur.
-Cet homme dit la vérité, Sire. Je comptais Vous en faire part quand les circonstances seraient propices. Mais la fatalité en a décidé autrement. Je Vous présente donc Jack Pendragon et Arturia Pendragon, les derniers membres vivants de Votre famille d’origine.
Le jeune monarque se lève et s’approche de ses visiteurs d’un pas lent. Il avait l’air d’hésiter sur la réaction qu’il devait avoir en l’état de la situation.
-Mon frère… et ma nièce… fait-il ébahit. J’ai… Je suis surpris, mais heureux de te retrouver... Une chose m’échappe. Pourquoi mon… mon père voulait cacher ton existence ?
-Je ne pouvais prétendre à la régence en tant qu’enfant non royale. Notre père a semblé bon de ne pas divulguer son geste pour qu’il n’y ait aucun problème plus tard.
-Mon Roi, intervient Merlin. Pourquoi, maintenant que vous avez été désigné comme souverain légitime par votre noble épée, que de réhabilité votre frère et sa fille à paraître tel qu’ils sont vraiment ?
-Judicieuse idée… s’exclame Arthur avec un air assurer. J’ai quelques projets, j’aimerais que tu y participes, mon frère.
Tout devient flou de nouveau pendant que je vois mon père se lever et serrer la famille qu’il venait de retrouver.
-Préparez-vous, mon oncle, dis-je. Votre règne va vous amener à faire de grandes choses.
Aujourd’hui
De retour dans mon présent de nouveau, je me demande quelle sera la prochaine marche à suivre. Que vais-je revoir maintenant ? Ma formation ? La chute de mon monde ou du Jardin Radieux ? J’ai la réponse à mon questionnement assez rapidement quand mon torse redevient sensible.
Vingt et un ans plus tôt
Le brouillard fait place à la pièce qui me servait de salle de classe à Merlin dans le château de Camelot. Il a fallu cinq ans à Arthur pour bâtir ce majestueux fort, trônant sur un immense pic rocheux, et rassembler de fidèles chevaliers pour le suivre autour de la Table Ronde. On les dénombrait au compte de treize, mon père en faisait partie, et bientôt, j’y siégerai aussi.
Je me rappelle quand le mage de la cour a décelé de la magie en moi et à quel point j’ai aimé apprendre la magie avec ce vieux grigou. J’ai passée de nombreuses heures entre ces quatre murs à m’exercer à ce qu’il s’évertuait à m’enseigner. Il est là, assis près de mon homologue, à converser sur la journée de demain. Une journée des plus importantes pour moi, je m’en souviendrais toute ma vie.
-Ma chère, vous allez vivre un moment historique. Aucune femme avant vous n’a eu la chance d’être reconnue chevalier royale. Je voudrais te dire à quel point nous sommes tous fiers de toi. La Dame du Lac doit veiller sur toi, qui sais. On va, cependant, revoir une dernière fois le déroulement de la cérémonie de demain.
-Merci pour tout, Merlin. C’est un honneur d’être votre élève, répond mon alter ego. Et surtout, c’est un honneur ce que fait pour moi le Roi.
Pendant que l’enchanteur fait son speech sur l’adoubement, je le réécoute avec passion. Il explique avec tant d'ardeur et de pédagogie. Subitement, on change d’endroit et d’instant.
Je me trouve à côté de moi, vêtue d’un simple linge blanc, devant son monarque, bien plus mûre et séduisante que lors de notre première rencontre. Des pages commencent à habiller la jeune femme de son appart, sa robe et son armure complète. Je vois mon père, sourire aux lèvres ; Merlin n’est pas loin non plus, supervisant avec attention ce qui se déroulait, il a l’air content pour l’instant, tout se passe bien ; une belle dame rousse est à ses côtés que je n’avais jamais vus avant aujourd’hui ; et, bien évidemment, plein d’autres chevaliers sont venus pour assister à mon adoubement. Une fois qu'elle est complètement habillée, le roi s’approche de sa nièce avec son épée.
-Par cette lame sacrée, s'acclame Arthur en commençant la collée, au nom de Dieu, de Saint Michel et de Saint George, je te fais chevalier. Sois vaillante, loyale et généreuse. Bienvenue à toi, Arturia Pendragon, parmi les chevaliers de la Table Ronde.
Mon adoubement reste pour moi l’un des souvenirs que je chéris le plus. J’ai rendu fier mon père, mon oncle et j’ai accompli ce que je voulais le plus. J’aurai aimé que cela dure plus longtemps, mais deux mois après tout ça, le drame survint. Une nouvelle fois tout se brouille et s’accélère.
Nous sommes devant les portes de Camelot en prise à un mal que nous n’avions pas pu prévoir, un mal dont j’ignorais jusqu’à l’existence. Même le sage Merlin en fut surpris et quand il comprit de quoi il en retournait, il était trop tard. Une mage noire très puissante est apparue subitement dans nos contrées et y a déversée sa colère. D’innombrables créatures, que notre enchanteur nomme « Sans-cœur », ont commencé à ravager tout sur leur passage. Ils semblaient à la recherche de quelques choses. Moi je regarde la scène se dérouler en ressentant une extrême angoisse mêlée à un sentiment d’impuissance. Mon père venait de succomber sous le coup d’un de nos ennemis.
-PÈRE ! crie mon homologue, en tombant à genoux. Non pas vous… Pourquoi ça nous arrive à nous… ?
-Recule, Arturia, lui ordonne son Roi. Laisse-moi faire.
D’une tape sur l’épaule, Arthur dépasse sa nièce. Elle ne peut le voir de là où elle est, mais moi j’y parviens. Malgré l’assurance que le monarque fait preuve, il vient de prendre un gros coup au moral et cela transpire sur son visage. Voir ainsi son frère mourir est une expérience terrible. Il arme son coup et, d’un swing parfaitement exécuter, occis la majorité de nos assaillants d’une frappe lumineuse. Je me rappelle parfaitement de cet instant malgré ma léthargie du moment. Il vient rapidement vers mon autre moi et essaye de lui donner des ordres.
-Arturia… Arturia ! Écoute-moi ! argue-t-il. Ça ne sert à rien de lutter plus que nécessaire. Notre monde est perdu. Prends Excalibur et pars retrouver Merlin. Il est dans la salle de la Table Ronde. Dis-lui… Dis-lui qu’il faut que vous partiez tous les deux pour que quelque chose subsiste.
Ma vue se brouille pour de bon après ce moment, me signalant que ma vision s’achève. Cet instant, figé à jamais dans ma mémoire, est le dernier que j’ai passé avec feu mon père et mon oncle. Cependant, quand il m’ordonna de rejoindre l’enchanteur, quelque chose dans ses paroles m’intriguait. Une chose que je ne compris que bien plus tard.
Aujourd’hui
Il ne reste qu’une dernière partie de mon être à redevenir « vivante » et tout cela sera fini. Je sens petit à petit mon visage redevenir sensible. J’essaye de respirer de nouveau, mais mes poumons ne trouvent que le vide de l’espace.
-Tout va bien se passer, n’est pas peur, fait une voix lointaine dans ma tête. Je vais t’amener dans un lieu sûr, mais il faut que tu replonges une dernière fois dans ta mémoire avant.
J’ouvre péniblement et tout ce que j’arrive à voir avant de retrouver mes souvenirs est une sublime chevelure rousse.
Vingt ans plus tôt
L’interrogation qu’avait suscitée Arthur avait trouvé sa réponse à peine 10 minutes après être arrivée dans ma tête. Nous n’étions pas seuls dans l’univers. Il existe une multitude de mondes en plus du nôtre. Mais ce dernier venait d’être réduit aux Ténèbres à cause des Sans-cœur. Merlin nous avait téléportés dans l'un de ces mondes. Nous avions appris qu’il s’appelait « le Jardin Radieux » et nous y avons habité pendant une année entière. Les premiers temps furent durs pour moi. Je venais de perdre tout ce qui comptait pour moi. La déprime avait pris place en moi. Mais sous les conseils de Merlin, j’avais réussi à faire face, à remonter la pente et à devenir ce que je suis devenu aujourd’hui. Nous avions aussi parler longuement du sort d'Excalibur. En mon fort intérieure, je me suis promis qu'un jour je serai digne de l'épée de mon oncle en l'honneur de tout ceux qui me son chère. Mais comme mon heure n'est pas encore arriver, j'ai demander à Merlin de la transmettre à celui qui en serait le plus digne. Pour que la mémoire d'Arthur Pendragon survive.
J’avais perdu un monde, je ne pensais pas en perdre un deuxième aussi rapidement. Ma vision me ramène là où j’étais il y a encore peu. Enfin pas vraiment si on se réfère au temps où j'ai dérivé. La bataille décisive contre Maléfique en est le théâtre.
Je me revois batailler dans les rues de la ville contre moult sans-cœurs à coup d’épée. Je ne suis pas seule à combattre, plein d’habitants de la cité ont pris les armes pour défendre ceux qu’ils aiment. Bien que je sache que la victoire ne nous serait jamais accordée, je ne baisse pas les bras pour autant, quand bien même, nos ennemis revenaient plus nombre à chaque fois que l’un des leurs périssait.
Cependant, malgré ma foi inébranlable en mes compagnons d’armes, j’ai failli à ma tâche. Maléfique n’a eu aucun mal à venir à bout de mon ardeur. Pour éviter que je lui nuise à nouveau, elle n’a pas hésité à me pétrifier sur place et à m’envoyer pourrir dans l’entre-monde. J’imagine dans le but que personne ne parvienne à me retrouver.
Aujourd’hui
Je ne sais pas qui où quoi m’a aidé à me sortir de ma prison de pierre, mais je lui en remercie grandement. Peut-être que la fée Vivianne veille sur moi comme le disait Merlin. Mais ce qui m’intrigue le plus, c’est l’endroit dans lequel j’ai atterri. Quelle est cette contrée et qui est cet homme, qui se tient devant moi ?
Bien évidemment, cela m’est possible. Je suis la première à vouloir créer des liens.
2) Si l’esprit de votre personnage s’incarnait en un animal mythologique ou chimérique ou réel (nuances acceptées). Que serait-il ?
Un animal vaillant et qui guiderait sa meute avec fierté et bienveillance.
3) Qu’en est-il de la fidélité et de l’esprit de camaraderie de votre personnage ?
Il s’agit de deux de mes traits les plus marqués. Je ne laisserai tomber personne si je peux les sauver.
4) En vue de votre race, quand pouvez-vous dire que votre personnage a forgé une amitié ? Citez quelques-unes de vos relations amicales.
Après vingt ans dans la pierre, je n’ai plus aucune amitié. Mais quand j’étais dans mon monde d’origine, j’avais mes amis chevaliers.
5) Quelle est la devise de votre personnage ? S'il y en a plusieurs, donnez-les toutes.
À cœurs vaillants, rien d’impossible !
6) Vis à vis de votre façon d'écrire, quels sont vos points forts et points faibles?
Rien n'a changé vis-à-vis de ma première fiche, mis à part que vous me permettez d'évoluer vraiment.
7) Pourquoi incarner ce personnage ?
Si j’incarne ce personnage, c’est avant tout pour me prouver que je peux donner le meilleur de moi-même et que je voulais un personnage avec un vrai but et une vraie dévotion. J’avais aussi envie de me lancer dans la quête d’une arme unique. Qu’importe si au final, je n’ai pas le grade de Maréchal ou qu’en écrivant avec Arturia je n’obtiens pas ce qu’elle recherche. J’aurai la satisfaction d’avoir créé un personnage qui me plaît beaucoup, dont je suis fier et qui m’aura demandé beaucoup d’investissement.