- " Salut les filles ! "
Le groupe de Nymphes se retourna avec grâce, observant de leurs yeux malicieux la Consule... avant de partir en courant dans la forêt, se faufilant entre les arbres et les plantes, invisible dans ce décor qui est le leur ! Elles ne laissèrent comme seule piste ce ricanement cristallin et pur. Il aurait été logique que Natalia les laisse filer... mais ce n'était pas une fuite du tout ! Au Consulat, les fils et fille de l'art se doivent de faire avec les divins caprices des dieux et déesses. D'ailleurs, les consuls n'ont pas eu vraiment le choix avant d'intégrer le groupuscule des arts !
Alors quand la jeune fille voit ces magnifiques partir en courant... elle ne voit pas ça comme un refus. Non... pour elle ça ressemblait plus à ceci : On joue ?!
La Comédienne se sentait d’humeur joueuse ! Mais elle leva les yeux au ciel, pas un nuage dans le ciel bleu. Alors pourquoi son épaule est trempée ?
" Arrête de baver sale macaque et aides-moi à les attraper ! "
" Aux ordres de Natalia ! Bobo est prêt à tout. "
" Hihihi... tant mieux, j'ai un plan ! "
...
Lentement... des formes se dessine dans le bois. Peut-être est-ce une silhouette qui fait danser les feuilles ? Mais non... c'est la nature qui danse. Le bruit des feuilles qui se réchauffent entre elles sous la brise... les branches de lierre qui ondulent dans un seul mouvement, fluide comme le courant d'un fleuve. L'odeur du printemps qui se répand, plus fruité que l'hiver, plus vivant que l'automne mais moins violent que l'été ! La nature prend forme et des bois sortent lentement... les nymphes.
Des jeunes femmes respirant la beauté, pleine de vitalité. A la fois rapide et lente, comme une plante que l'on ne verrait pas pousser. Des gestes d'une telle grâce... l'on dirait presque qu'elles mettent des décennies à le faire ce pas.
La vérité... c'est que voir les Nymphes vous fait oublier jusqu'à la notion du temps même.
Chacune a sa couleur... certaines sont vertes foncées, d'autres un peu plus clairs ou juste marron. Leur peau de soie qui se fond dans leurs habits de verdures. Elles sont nues... sans l'être vraiment.
Doucement, elles s'approchèrent de ce petit animal en peine... de ce petite singe en pleure, visiblement battue et abattue par la cruauté du monde sauvage et impitoyable. Ses pleures déchirèrent le cœur des Nymphes. Elles sont les amies, les cousines et les sœurs de la forêt... alors avec délicatesse, prenant garde à ne pas l'effrayer, elles allèrent vers le singe. Celui-ci n'eut d'autre choix que de se laisser emporté par leurs douces mains... elles le câlinaient, pleine d'affection pour ce petit singe esseulé.
" Alors les filles, ca babouche ? "
Les Nymphes sursautèrent, tournant toutes leurs visages d’adolescentes vers Natalia, aux cheveux teintés de verts et vêtu d’une robe en feuille. Elles sourirent… observant la fausse nymphe comme l’auraient fait des enfants devant leurs derniers jouets. Oui… la Comédienne est déjà le jouet de Thalie, ce ne sont pas ces jolies nymphes qui allaient lui faire peur !
" Vous aimez danser ? "
Elles répondirent d'une hochement de tête affirmatif.
" On m'appelle Natalia, le Consulat recherche de belles créatures douées pour la danse... et je peux l'affirmer : vous en êtes ! "
Elles ricanèrent, s'échangeant des paroles que la Comédienne ne comprenaient pas. De temps à autres, elles observaient Natalia avec des yeux un peu moqueur. La Consule devait leur plaire à tout prix...
L'une des nymphes s’avança... l'air curieuse.
" Le Consulat ? Qu'est-ce donc ? "
" Nous sommes les fils et filles des Muses ! Nous souhaitons répandre l'art et la beauté à travers les mondes. "
" Pourquoi devrions-nous danser pour vous ? Nous pouvons danser ici. "
" Vous serez payées !"
" Cela veut dire ? "
Ce sont des nymphes... elles se fichent de la civilisation et du monde des hommes. Elles vivent dans un autre monde, fait de nature et d'animaux. Un monde plus simple... et plus pur. Un monde qui fait rêver la Consule !
Genesis est un homme qui n'a jamais eu peur d'y mettre le prix. Natalia l’espérait en tout cas...
" Vous aurez des munies. Là-bas, si une pomme vaut trois munies et que vous avez trois munies... vous pourrez échanger trois munies contre une belle pomme ! "
" Autant la cueillir... " Dit-elle, n'aimait visiblement pas beaucoup ce concept.
" Vous aurez ce que vous voulez ! Votre vie ne sera qu'amusement, danse et jeux ! Vous verrez les plus beaux tableaux, entendrez les plus belles musiques... "
" Tu vois cette montagne là-bas ? "
Natalia se retourna et leva la tête en direction de la montagne... observant ce qui sans être laid, n'était qu'une montagne. La Consule reposa le regard sur la nymphe pour voir qu'elle avait disparu. Elles avaient toutes disparues ! La Comédienne s'était faite avoir comme une bleue... le coup du regarde là-bas est vieux comme le monde et si simple ! C'est pour ça que ça marche d'ailleurs... c'est tellement bête que personne n'ose y penser.
La Comédienne était un peu déçu... les nymphes n'avaient pas l'air de lui porter grand intérêt en fin de compte.
Comment convaincre les nymphes... qu'est-ce qui peut les intéresser ? Natalia s'asseyait au sol, songeuse. L'air un peu vide, focalisé sur le fil de sa pensée et rien d'autre. Sérieuse, elle se creusait la tête pour répondre à sa question alors qu'un bruit venait régulièrement la perturbée, sans qu'elle ne le réalise vraiment.
Ce bruit incessant finit cependant par énerver Natalia... et quand elle regarda à sa gauche, la consule vit son singe l'air tendue avec... une aile de fée qui dépassait de sa bouche.
La Comédienne ne disait rien, essayant de comprendre.
" Bobo a pas fait exprès. "
" Nan mais ça va pas ?! Recrache-la tout de suite ! "
" C'est malpoli de recracher quelqu'un ! "
Natalia n'argumenta pas plus et se contenter de poser des yeux aussi sévère que possible sur le ventre sur patte. Ce dernier finit par ouvrir et laisser s'échapper une petite fée... qui ne resta pas bien longtemps dans les partages. Quelle catastrophe... il faut aussi faire une croix sur les fées maintenant ! La Consule était abattue...
" Dame Consule ? "
Natalia se tourna presque en sursautant, on ne peut plus euphorique à la vue de la nymphe !
" Nous sommes navrée... et même si votre proposition nous intrigue, on ne peut pas partir d'ici. "
" Mais pourquoi ? "
" Depuis toujours nous sommes ici, et toujours nous le resterons. "
Natalia pouvait comprendre. Fantasia est un de ces mondes à part, comme la ville d'Haloween ou le Pays des Merveilles. Un monde avec des règles et des lois... tellement spécifique que s'imaginer vivre autre part est impossible. Cette nymphe n'envisageait même pas l'idée d’aller voir ailleurs... de la même manière que n'importe qui n'envisage pas l'idée de vivre de manière permanente au pays des merveilles ou à la ville d'Haloween.
Natalia a eu la chance d'être extirpé de son monde à part... de voir autre chose. Un voyage juste pour le voyage, sans destination. Ça n'a l'air de rien... mais grâce à ça, la Comédienne a compris qu'elle pouvait avoir plus qu'elle n'avait déjà.
" Vous ne vous ennuyez pas un peu ici ? "
" Si... parfois. "
" C'est que je veux vous offrir... une vie sans ennui. Vous n'avez pas envie de connaitre l'été, l'hiver et l'automne ? Le printemps c'est bien... mais tout le temps ? Vous n'êtes pas curieuses ? "
" On aimerais vous suivre... mais nous ne pouvons pas quitter la forêt, c'est au-dessus de nos forces. "
" Alors dites-moi comment vous donnez la force ! "
" C'est la forêt que vous devez convaincre de nous laissez partir... et ça, vous ne le pouvez pas. "
Natalia afficha un air boudeur, les bras croisés et la mine renfrognée !
" Vous avez juste peur ouais ! Vous vous contentez d'une vie plate et agréable mais ennuyeuse... vous vous cachez dans cette forêt ! "
Une goutte de pluie percuta le nez de la Comédienne, alors que les autres nymphes sortirent des bois... dans ce qu'on aurait dit être un balais. Comment vous dire... Natalia avait la sensation d'assister à un ballet funéraire, c'était aussi beau qu'un... chant du cygne. Il pleuvait de plus en plus. Les nymphes levèrent leurs doux visage au ciel, jouissant de cette pluie rafraichissante.
" Nous allons toutes êtres englouties par les flots... c'est l'heure de partir, Dame Consule. "
" Et vous ?! "
" Nous mourrons et nous renaissons... c'est ainsi. Noé de toute façon, ne nous laissera jamais monter sur l'arche."
" Rien ne vous oblige à laisser ce monde diriger votre vie... venez avec moi. Le Consulat vous libère des règles de Fantasia. "
Il pleuvait de plus en plus... les nymphes chuchotaient, se concertant dans une langue qu'elles seules peuvent comprendre. Bobo avait repris sur place sur l'épaule de la Comédienne. Cette dernière... ne se montrait plus compréhensif, le temps presse !
" Les filles... les choses vont et viennes, comme le chant des oiseaux lorsqu'ils n'ont plus envie de chanter. Vous devriez le savoir... la vie est faite de changement. N'êtes-vous pas nymphes ? N'êtes-vous pas l'incarnation même de la vie ? " Elle pointa du doigt un arbre, au hasard. " Lui ne peut pas bouger à cause de ses racines... mais vous si. Il n'a pas le choix, mais vous si. S'il le pouvait, cet arbre s'en irait avec moi... que penses-t-il de vous, alors que vous acceptez si bien la mort ?! Moi j'y vais, suivez-moi ou finissez noyez ! "
Natalia se dirigea vers l'arche, si grande qu'elle pouvait la voir d'ici. Faussement assurée, elle jeta un coup d'oeil rapide vers elle... six, elles étaient six. Toutes ne l'avaient pas suivit... et en soit, cela la peinait terriblement. Elle n'osait cependant imaginer ce que les nymphes vivaient... alors le voyage vers l'arche se fit dans le plus grand des silences. Une fois devant la légendaire Arche... Noé vint bloquer la passerelle.
" Désolé, je n'accepte qu'un couple de chaque espèce. Je n'ai pas de fille humaine, mais j'ai un babouin et les nymphes ne passent pas. "
Natalia attrapa son singe, une main de chaque côté de son ventre et le tendit vers Noé.
" C'est un singe qui parle, il est unique au monde ! Allez parle Bobo. "
" ... "
" ... "
" Allez Bobo on a pas le temps ! Tu l'as entendu comme moi ? Y a une jolie guenon à séduire sur le bateau ! "
" Bobo savait qu'il aurait du se faire beau. "
" Hum ?! Toi et ton singe rentrez vite ! "
" Pas sans les nymphes. "
" D'accords, d'accords... "
Ainsi, Natalia, Bobo et les nymphes rentrèrent, tâchant de se frayer un passage entre les girafes, éléphants, chèvres et rossignols. La Comédienne regardait les nymphes, un peu éloigné. Elles... regardèrent leurs forêt noyé par les flots. Elles étaient... moins éclatantes et moins chatoyantes. La jeune blonde avait presque l'impression... que d’adolescentes elles étaient passés à jeunes femmes. Oui... il faisait plus frais et encore un peu, il pleuvait. Dehors c'était l'automne... et dans le cœur des nymphes aussi. Toutes d'oranges vêtus, elles faisaient leurs adieu à tout ce qu'elle connaissait.
Natalia se sentait presque coupable... l'automne est triste, l'hiver sera rude... mais après le retour du printemps, elles connaitront enfin l'été.
Natalia se demandait par contre si comme les arbres... elles ne perdraient pas leurs feuilles et finiraient complètement nues. Expliquer à une nymphe qu'il faut s'habiller... ça parait compliqué.
Nous verrons cela en temps voulu.