Présentation de Rémy, ou comment un rat d'égouts se fit fin gastronome
Nom : /
Prénom : Rémy
Titre : Rat des villes
Âge : 8 mois
Camp : Lumière
Monde d'Origine : Château de la Bête
Race : Rattus
Grade désiré : Maréchal what else ? (Hé ho, attendez, c’est un rat quand même...)
Physique et caractère : (les séparer c'est un peu comme perdre le glaçage de l'éclair)
Je suis partout. C’est prétentieux je vous l’accorde, mais ça a le mérite d’être accrocheur et tout à fait véridique. Enfin « je », prenez ça comme un on. Nous sommes des milliers à infester vos sols, vos plafonds ne sont plus si bien isolés depuis que nous en avons grignotés les isolations, et nous faisons de vos conduits de cheminées nos royaumes douillets. Du village au château nous dirigeons un monde de galeries, d’égouts et de coins obscurs dans lesquels nous nous galopons sans répits, furtifs renifleurs, à la recherche de substances graisseuses propres à satisfaire notre insatiable boulimie.
Accordons nous tout de suite, chaque rat de notre communauté à sa particularité. Rufus déteste les crackers au fromage par exemple, tandis que le Sempiternel Bedonnant, le chef du clan résidant au château de la Bête se distingue par un embonpoint spectaculaire autour des cuisses. Mais finalement, grand, gras, gros, gris ou noir, quelle importance puisque vous êtes incapable de faire la différence entre chacun de nous ?
Pourtant vous devriez faire attention les gars... quand on sait que dans les grandes villes nous en sommes à un quota de deux rats pour un humain, à votre place je deviendrais prudent. Malgré le fait que vous soyez aussi lents qu’horriblement roses, tandis que je possède un splendide manteau gris clair de poils rêches anti-dérapant et totalement imperméables, je dois bien admettre que vous parvenez à m’inspirer le respect.
Comme tout les Rattus, j’ai un museau élancé et humide entraîné à distinguer la mort au rats des myrtilles, des pattes brunes, griffues, écailleuses, au toucher surdéveloppé et un regard bleu sale acéré qui me permet de toujours me tenir à distance de vos satanés tentatives de m’évincer. Mes moustaches je les tiens de mon arrière grand oncle, Pépin le Vif, et quiconque le connaissait s’accorde à dire que la ressemblance est frappante. C’est très flatteur quand on songe aux exploits de ce brave gars, pas courageux pour un trognon de pomme mais aussi prompte et véloce que la mort par tapette.
Car quels sadiques vous faites ! Les précédents humains que j’ai fréquentés, un couple de gros villageois amateur de bonne ripaille, avait la dangereuse manie de placer des attrape rongeurs à tout les coins de murs, de répandre des mélanges empoisonnés sous la tuyauterie et de nous traquer en hurlant au moindre couinement nocturne. Il semble même que la peur vous donne des ailes, on aurait vu des humains léviter à quelques centimètres au dessus du sol, comme pour éviter le chemin des rongeurs ...
Évidemment c’était sans compter sur la génétique (c’est fantastique) ! J’ai des muscles fins à faire pâlir d’envie les furets, et sans me vanter, je suis plus d’une fois sorti vainqueur de dangereux affrontements avec des chats de gouttières en profitant de mes capacités pour m’enfuir prestement vers le trou à rat le plus proche. Assurance, lâcheté et sagacité, voilà bien les règles à respecter pour survivre.
Mais voilà j’ai le spleen, la névrose, car le problème quand on naît rat, c’est de s’extraire de la masse. La vie en clan, la lutte commune pour se nourrir fait de moi un être résolument déterminer à manger pour vivre et vivre pour mourir. Et voilà tout, sans aucun soupçon d’originalité. Quel sort commun pour un rongeur, je finirais sûrement dans un piège humain suffisamment malin pour avoir trompé ma vigilance et PAF, plus de Rémy.
J’ai bien tenté de me distraire en me nourrissant des ouvrages classés dans la bibliothèque de l’énorme bête triste régnant sur la bâtisse, j’ai tenté de m’éveiller spirituellement à la contemplation de paysages par dessus les créneaux poreux du chemin de garde, je me suis même essayé au chant avec les oisillons du jardin que vient taquiner la dame du château, mais c’est une fatalité, je m’ennuie.
Histoire :
Pourtant mes sens en ont décidés autrement le jour ou j’ai flairée l'emplacement d’un morceau de mimolette affinée grand cru. Nom d’une blanquette de veau, la salive me vient aux papilles alors que l’événement date de plus de 3 mois. Le Hall était désert, comme à l’accoutumée en fait puisque le château n’est pas véritablement animé même en journée, sauf lorsque des individus à grosses bottes noires viennent y semer le trouble mais c’est une autre histoire (pas de panique, elle vient après.)
C’était LA rencontre qui allait bouleverser ma vie. Fi des ordures ménagères et des raclures de croûte en famille, après avoir tâté de ce délice laitier, j’ai définitivement évolué de Rattus survivus à Rattus gastronomicus. A votre niveau c’est comme si soudain, vous aviez pris votre destin en main et étiez passé d’homme préhistorique à sapiens sapiens.
DE LA MIMOLETTE QUOI !!! Me jetant à cœur perdu dans ma passion nouvelle, je faisais du garde manger du maître des lieux mon château et débusquais dans le fameuse bibliothèque des ouvrages culinaires grignotés par l’humidité. Les légumes étaient mes loyaux sujets, les fromages mes bras droits, et à ma gauche j’adoptais les vins de table (et attention pas de malentendu, j’ai 8 mois, correspondant à 18 ans dans votre calendrier, je suis majeur et en droit d’user de boissons spiritueuses). C’est une danse vous voyez, un orchestre qui me permet de sublimer les matières premières. Qu’il soit béni la bête régnant sur cette économat ! Grâce à ses ressources, je mitonne ragoûts sur sauces, je fais valser saucières et maniques pour mon bon plaisir.
Je ne suis pourtant ni un égoïste ni un ingrat, je m’arrange toujours pour faire profiter les propriétaires, je ne suis pas un rat vénal. Ba oui, vous croyez que c’est magique les banquets ? Les assiettes et les cuillères ne bougent pas toutes seules sur leurs petites pattes en dansant en rythme hein ! Il fallait bien un rat pour mettre la main à la pâte et servir ses messieurs et dames. Mais je suis un chef humble, mon clan m’a bien éduqué et « assurance, lâcheté, sagacité » sont toujours les trois préceptes qui me font garder mes distances avec le monde sur deux jambes, et es horribles contes pour raton sont encore vivaces dans ma cervelle.
« Rémy... » me narrait Pépé moustache brisée, dit Rudy aux milles ruses, âgé de plus d’une dizaine d’années, un vétéran de la colonie du château.
« Rémy mon petit, prend bien garde au grand méchant aux rouflaquettes.
Il est venu par un beau jour, tout couvert d’noir avec ses pattes énormes qui faisaient trembler jusqu’aux cachettes les plus enfouies ! Trop propre le bonhomme j’me suis dit, trop propre. Même pas une tâche de gras sur son pelage ! C’est pas pour rien qu’on m’appelle Rudy la ruse mon petit. J’me suis barré fissa quand je l’ai vu celui là, mais terré comme un héros entre deux pierres, j’ai tout vu.
Poilu comme un rat l’humain, il avait même un p’tit air de famille j’me suis dit , mais alors il a commencé à faire des bizarreries avec de grands bâtons bien bleuets là, encore plus grands que lui, sortis de nul part, dès qu’un jeune humain avec une coupe de hérisson a débarqué au château.
Avec lui y avait un canard bigrement grand et un chien qu’avait l’air d’avoir avalé un truc trop frais, les ordures y a que ça d’vrai mon bonhomme ! Mais surtout, alors que les quatre commençaient à se foutre sur la tronche, la souris la plus énorme que j’avais jamais vu d’ma longue vie s’est pointée ! Ca m’a fait un sacré choc.
Mais ça c’était rien, parce qu’en rentrant au bercail j’ai découvert un horrible carnage. Le vacarme du poilu aux lances avait fait s’effondrer une partie des basses fondations de beau bois pourri et le plafond de notre cave générale chérie était parti en miettes, emportant avec lui une partie de la colonie. Foutu noiraud !! Même le leste Freddy patte folle avait péri, écrasé dans son dernier festin de zestes macérés.
Rémy mon petit, prend bien garde au grand méchant aux rouflaquettes ! On sait jamais quand y peut revenir c'lui là, même après s'être faire poutrer par le gosse au short... Mon instinct me dit qu'il était pas bien mort le bonhomme...»
Grâce à la légendaire adresse de mon Pépé et sa mémoire à toute épreuve, je suis un rat informé contre la violence du monde. Si je passe mes journées à circuler de mon corps agile dans les cuisines du château, je reste un rat attaché à son clan, je ne tiens pas à faire désordre et je garde mes activités créatives secrètes lorsque je viens passer le bonjour à mes frères. Je ne lésine d’ailleurs pas sur quelques retouches cosmétiques, boue et queue collante pour reprendre contenance face à la colonie.
A présent, j’aspire à découvrir de nouveau horizons culinaires. La cuisine de terroir c’est bien gentil, mais les ouvrages que je consulte m’ouvrent de nouvelles perspectives alléchantes. Il me faudrait examiner tout les pays à la recherche de la meilleure variété de salade, et les réserves d’épices descendent à si grande vitesse que j’en viens à croire que mon départ est inévitable. Évidemment, il me faudrait dire adieu à mes centaines de frères et de sœurs tapis dans vos souterrains, grignotant vos semelles, rongeant votre mobilier, mais rien je vous le dit, rien ne pourra surpasser la gastronomie. Et voilà bien pourquoi, humains, une once de respect et de gratitude à votre égard demeure et demeurera bien gravée dans mon cœur de rat.
Vous êtes les inventeurs de l'art du casse-croûte, les précurseurs du bon-vivre, votre dur labeur permet de remplir les celliers, et malgré cela vous persistez à vous vautrer dans la malbouffe et la mauvaise graisse. Si c'est pas un crève-cœur cette histoire ! Mais pas de panique, Rémy est là pour vous remettre sur le droit chemin. Par exemple, le grand méchant aux rouflaquettes noires, s'il avait pu bénéficier d'un petit bol de soupe chaude poireau-pomme de terre-rutabage à la muscade, avant d'aller au casse-pipe, peut-être bien qu'il l'aurait battu le gamin ...
Allez tous en chœur ! Je suis en famille et je m’appelle Rémy, et je me balade dans la vie.
Questions
1) Votre personnage est-il capable d’aimer, d’avoir une relation ?
J’ai vécu une folle passion avec une courgette dernièrement mais elle a fini en ratatouille.
2) Si l’esprit de votre personnage s’incarnait en un animal mythologique ou chimérique ou réel (nuances acceptées). Que serait-il ?
Hum... le rat est déjà un animal mythologique en Chine, et il a une part belle dans les contes comme le joueur de flûte de Hamelin. Mais si la plupart de ces histoires sont des sornettes , le rat reste un animal de légende, certain affirment même en avoir vu parler... voir cuisiner... les gens ne savent vraiment plus quoi inventer.
3) Qu’en est-il de la fidélité et de l’esprit de camaraderie de votre personnage ?
Un clan c’est pour la vie et c’est plus sacré qu’un château margaux année 1994. Si demain je me fâche avec Tony long-nez, on finira toujours par se réconcilier autour d’un mariage fraise-comté.
4) En vue de votre race, quand pouvez-vous dire que votre personnage a forgé une amitié. Citez quelques unes de vos relations amicales.
Outre mes frères et parents, j’ai envie de vous parler du lien intense qui nous lie mes fruits et moi. Une telle chose n’est pas à prendre à la légère. Pour vous humains de basse envergure et de faible reproduction, une amitié est vite brisée, un désaccord et tout est oublié. Tandis que les palpitations gustatives que je ressens en mordant dans une grappe sont créatrices de sentiments tellement complexes que moi et le raisin nous sommes désormais liés pour toujours, malgré les disputes, pour le meilleur et pour le pire. Même après la mort par cuisson, le raisin continuera à vivre au sein de mon estomac... Je vous invite à verser une larme.
5) Quelle est la devise de votre personnage ? S'il y en a plusieurs, donnez les toutes.
Un bon beurre est un beurre salé.
6) Vis à vis de votre façon d'écrire, quels sont vos points forts et points faibles?
Vis à vis de votre façon de présenter les choses, je dirais que je suis un rat, mes considérations esthétiques ne sont pas toujours à votre mesure. Nous vivons dans deux mondes physiquement liés, si parfois je m’emporte et je vous perd, j’ose espérer vous reconquérir par la passion qui me transporte.
7) Pourquoi incarner ce personnage ?
Un jour vous criblerez de balles le plafond de votre salle à manger, un jour les rats apparaîtront aux yeux du monde et le domineront.
Autant se mettre du côté des vainqueurs tant qu’il est temps !