« Concentrez-vous ! »
La concentration… ils ne devaient ô grand jamais la perdre, dans un combat comme celui-là. Des gardes étaient morts devant leurs yeux, pour la première fois. Cela peut paraître surprenant mais la lumière n’avait subi aucune perte parmi ses gardes, depuis quelques années… Elle-même n’avait jamais eu à déplorer de morts. Et là, en quelques secondes, cette trainée avait balayé plusieurs gardes, en avait probablement tué certains, avec une violence incroyable. De quoi choquer ces jeunes gardes…
De quoi la choquer, elle aussi. De façade, ça ne la touchait pas, car elle avait ce psychisme, sa meilleure arme qui commandait son esprit, son attention. Quand elle était concentrée, rien ne pouvait la perturber. Pourtant elle savait que si elle posait accidentellement les yeux sur un des gardes morts, qu’elle croisait son regard vide et surtout qu’elle le reconnaissait, qu’elle sût lui donner un nom… elle serait vraiment touchée, oui.
Pour cette raison, Ravness savait ne pas regarder les corps de ses alliés à terre, ça la préservait, jusqu’après la bataille.
Elle courait après la sorcière, suivie des gardes les plus téméraires… Celle-ci était déjà entourée de gardes qui l’avaient assaillie dans sa route, mais les dégagèrent de sa route en faisant apparaître des grandes tentacules noires.
Cette femme si vulgaire croisa alors le regard de la commandante, la fixant quelques secondes avec attention… La garde, sans raison, frissonna à force de la regarder. Elle frissonna et… peu à peu lui trouvait un air de ressemblance avec une araignée. La fourrure autour de son cou semblait pourvue des pattes crochues de ces bêtes, et son décolleté était… recouvert d’une sorte de voile qui rappelait vraiment une toile. Cet air sombre, ce regard cruel, cette intention malsaine quand elle regardait un garde ou un guerrier de la lumière, comme si ce dernier était une proie.
Sans s’en rendre compte, la commandante s’était arrêtée et frissonnait encore et encore, plus elle comparait cette femme à un arachnide.
« Que… m’arrive-t-il ?! »
Cette frousse ne s’arrêtait pas, la prenait dans tout le corps. Et elle tremblait, ne pouvait rien empêcher. Devant elle, l’herbe du jardin est alors pris par une sorte de flaque, un miasme de ténèbres et surgit alors huit énormes pattes poilues accrochées à un… corps d’araignée... immense.
Un cri s’échappa de sa bouche, elle ne put rien contrôler, reculait frénétiquement, incapable d’ôter son regard de ce monstre… Cette araignée aussi grande qu’un homme, ses mandibules, son dard. Ses frissons ne se comptaient même plus, elle était tétanisée.
Oui elle avait peur des insectes et encore plus des araignées. En général… c’était déjà dur à supporter mais là, c’était pire que tout, jamais elle n’avait été aussi violemment atteinte par cette phobie !
« Commandante ! »
Elle sursauta, tourna brusquement son regard vers la source du bruit, sans être certaine de n’avoir qu’une seule vraie ennemie au final.
Un garde la regardait avec incompréhension. Elle était en première ligne, contre ce seul obstacle qui séparait les gardes du couloir menant à la salle d’audience. La sorcière continuait tranquillement son chemin, sans trop de gardes dans son chemin. Heureusement, il y avait Raziel !
Ravness mordait sa lèvre inférieure, trop effrayée pour attaquer… L’araignée se rapprocha alors brusquement et avec un nouveau cri, elle fit un bond en arrière, reculant encore !
Elle devait juste se souvenir… La dernière fois qu’elle avait du combattre des grosses araignées, c’était… avec le Roi Mickey, à Halloween… Ce simple souvenir la fit frissonner, mais elle parvint à rapidement se remémorer de la façon dont elle les avait vaincues : La concentration, oui.
Le psychisme, sa meilleure arme… n’existait pas sans concentration.
Elle tendit sa main gauche vers le monstre qui s’approchait encore. Et elle ferma les yeux, visualisant le monstre, l’enveloppant de sa poigne psychique. Elle ouvrit légèrement les yeux, et vit l’araignée de plus en plus proches, ses pattes, son venin, cette rangée de globes oculaires. Un frisson, encore un… Elle n’y arrivait pas.
Soudain, quelque chose au-dessus de l’araignée… Tifa, forte, incroyablement courageuse, frappa violemment le crane du monstre, la sonnant.
« Visez ses pattes ! »
La Commandante sembla alors sortie de sa torpeur, lorsqu’elle vit des gardes abattre avec brio l’araignée, l’attaquant de toutes parts.
Un garde cria à Tifa qu’ils allaient s’occuper d’achever le monstre, lui disaient de rattraper la sorcière. D’autres gardes fixaient la commandante avec inquiétude, un regard qui semblait dire « Quels sont vos ordres ? ». Elle les regarda… les frissons se calmaient.
« … Dix hommes avec Dame Lockheart, et que le reste des gardes restent ici. Ce n’est peut-être qu’une diversion. Déployez-vous. »
Elle ne pouvait risquer de lancer tous ses gardes à la poursuite de la sorcière. Ce pouvait être un piège… alors autant maintenir les positions, empêcher une nouvelle intrusion de l’ennemi, c’était le plus important.
Elle se mit à courir, suivant les dix gardes qui eux-mêmes suivaient Tifa. A cet instant, sa reconnaissance pour la guerrière était vraiment grande… Sans elle, elle n’aurait pas pu se défaire de cette invocation, quoi qu’on en pense. Sans le moindre doute, cette sorcière était la pire adversaire contre qui elle pouvait tomber. Il était donc impératif de l’éliminer sur le champ.
Ils arrivèrent dans le couloir menant à la salle d’audience. Elle vit au loin Raziel ouvrit violemment la porte de la salle d’audience. Tifa avait déblayé la moitié du chemin, tantôt recouvert de toiles sûrement dangereuses, tandis que les gardes derrière elles essayaient de l’aider de leurs armes. Elle dirigea son poing droit vers le groupe, tenant encore son épée, et posa sa main sur sa tempe.
Soudainement, les pieds des gardes comme ceux de Tifa décollèrent du sol. Ils lévitèrent, soulevés par la force psychique de Ravness, et atterrirent devant la porte. Elle fit de même pour elle…
Et ils entrèrent dans la salle d’audience… La sorcière n’était pas là, avait sans doute déjà atteint la salle de la pierre. Ils devaient empêcher qu’elle ne puisse porter atteinte à la pierre angulaire de la lumière. Pour la garder, il y avait cinq bons gardes… Ils devaient gagner du temps, à tout prix.
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