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Nous sommes quatorze ans après les évènements de Kingdom Hearts 2. En tant d’années, les choses ont considérablement changé. Les dangers d’hier sont des soucis bénins aujourd’hui, et au fil du temps, les héros ont surgi de là où on ne les attendait pas. Ce sont les membres de la lumière qui combattent jour après jour contre les ténèbres.

Ce n’est plus une quête solitaire qui ne concerne que certains élus. C’est une guerre de factions. Chaque groupe est terré dans son quartier général, se fait des ennemis comme des alliés. Vivre dehors est devenu trop dangereux. Être seul est suicidaire. A vous de choisir.

La guerre est imminente... chaque camp s'organise avec cette même certitude pour la bataille.

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    Un soleil discret était présent pour éclairer le Jardin Radieux… L’été était parti depuis quelques mois déjà mais l’automne était clément, il n’y avait que le vent pour refroidir les citadins et les Consuls dans la ville. Dans une rue fréquentée de la ville marchaient deux d’entre eux, Genesis et Camilla.

    « C’est un grand jour pour le Consulat, Camilla… Tout va changer, grâce à cela. »

    Il parlait calmement mais avec une passion certaine. En effet, il ne mentait pas et exagérait à peine. La nouvelle découverte du Consulat faite la veille par Mila, pourrait être déterminante pour la suite.

    « Nous pourrons nous inspirer d’eux, les prendre en exemple pour faire ou ne pas faire certaines choses… Et si cet endroit est aussi imbibé de créativité que vous le dîtes, alors il va nous être capitale d’avoir la main mise sur ce monde. »

    Artiste et passionné mais pragmatique à ses heures. Il avait demandé quelques minutes à Camilla, pour lui parler de tout cela… du fait qu’elle venait probablement de trouver les vestiges du Sommet de l’art des consuls du passé. Au Colisée de l’Olympe se trouvaient des ruines qui prouvaient l’existence d’autres fils de Muse élus il y a des centaines d’années… C’était une nouvelle extraordinaire pour le Consulat !

    Et là, ils se dirigeaient ensemble vers un bâtiment dans lequel il voulait lui montrer des choses qui, selon lui, l’intéresseraient sans doute. Camilla arrivait à ce stade où elle n’était plus une gamine paumée que le Consulat a recruté, mais une consule importante.

    Il ne la regardait plus dans les yeux quand il lui parlait… D’habitude, Genesis le faisait toujours, car même si ça peut sembler absurde, il aimait voir l’effet qu’il faisait aux autres… que ce soit de la peur, du dégoût, ou de l’admiration. C’était amusant, faisait disparaître toute monotonie dans des dialogues. Sauf qu’avec elle, il avait trop peur car rien n’avait changé depuis la première fois où ils s’étaient rencontrés… Quand elle était assise devant lui, attendant une mission, il n’osait la regarder. Quand elle fumait une cigarette, Dieu… Il détournait le regard.
    Et les fois où elle était plus tactile, il se montrait froid et sec avant de partir subitement.

    Il ne l’évitait pas… Il se préservait. En deux mots, il avait peur de ressentir une sensation trop proche de celle qu’il avait ressentie lors de leur rencontre.
    C’est curieux mais lorsqu’il parlait ou marchait avec Rivy, Elise ou même Natalia, il adorait tout simplement ça. Être aux côtés d’une très jolie femme dans une très jolie ville l’inspirait incroyablement et était une des rares choses capables d’égayer sa journée… Et quand il irait à la réunion, il savait que ce serait avec l’une d’elles, parce qu’elles rayonnent ou resplendissent de classe.

    Être aux côtés de Camilla, c’était vivre quelque chose qu’il détestait : la peur, la culpabilité et la honte.


    « Voilà nous arrivons. C’est la petite maison là-bas. »

    Il pointa une main vers une maison un peu isolée mais jolie, d’apparence chaleureuse, presque coquette. Ils se rapprochèrent, en même temps que l’inarrêtable vérité.

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    Distraite, Mila écoutait Genesis, marchant posément à ses côtés. La jeune femme était perdue dans ses pensées... Elle venait de quitter Vyce et ne s'était pas encore remise de leur rencontre. Le seul réconfort qu'elle trouvait à cette promenade résidait dans le fait que Genesis ne risquait pas d'apprendre son passé de la bouche du ménestrel tant qu'elle était là... Cette idée la rassurait et, peu à peu, elle finit par se détendre.

    Mila frissonnait sous le vent, ce qui n'était pas surprenant vu sa tenue. Elle portait une robe d'été dans des teintes violacées au décolleté plongeant qui laissait deviner le galbe de ses seins. Bras nus, sa peau blanche se hérissait sous l'effet du froid et sa poitrine, laissée libre, subissait également sa morsure. La robe, ceinte à la taille, avait un jupon à volants qui dévoilait ses genoux et le début de ses cuisses dénudées. Dans son dos, le tissu remontait jusqu'à la ligne de ses épaules, soulignant la courbe de son échine par une fine fermeture éclair qui semblait appeler à être défaite. De hauts escarpins noirs terminaient la courbe de ses longues jambes, nues elles-aussi.

    Alors qu'elle allumait une cigarette, ses longs cheveux noirs caressaient le creux de son dos et, sous l'effet d'une bourrasque, masquaient par moment son visage. Pâle, comme toujours, elle avait néanmoins rehaussé le bleu pénétrant de ses yeux par de fins traits de khôl noir sur ses paupières. Elle portait sa cigarette à ses lèvres teintées d'un rouge discret par moments, les mordillant d'un air pensif le reste du temps. Elle se tourna vers Genesis avec un petit sourire simple, maintenant la cigarette entre ses doigts fins aux ongles vernis du même rouge que ses lèvres. Elle le regarda et ouvrit la bouche comme pour parler avant de se raviser, souriant d'autant plus.

    Ils marchèrent en silence jusqu'à arriver près d'une maison simple, à l'écart. Mila s'interrogeait sur l'objet de leur présence, mais si Genesis ne lui en avait pas fait part, ce n'était pas en posant la question qu'elle obtiendrait la réponse. Elle s'immobilisa un instant, mais le consul, quelques pas plus loin, l'incita à continuer et, étrangement docile, elle obtempéra, le rejoignant en pressant le pas, les mains croisées dans son dos, un petit sourire ingénu aux lèvres.

    Une fois devant la porte, Mila ne tint plus. « Quelle est la raison de notre venue ? » dit-elle d'une voix douce, sensuelle, contrastant avec l'aspect candide de l'expression de son visage.
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    Il fixa la porte quelques secondes et se résolut à poser son regard sur Camilla, à sa droite… Elle était souriante, innocente et belle. Il cacha cette pensée pour lui sourire avec le plus d’assurance possible.

    « Entrez, je vous en prie. »

    Il sortit une clé de sa poche, ouvrit la porte et la laissa entrer, la suivant rapidement et fermant la porte derrière lui.
    La maison d’apparence coquette s’avérait renfermer une énorme pièce aussi triste qu’une prison… C’en était presque glauque, même pour Genesis… Et les fenêtres qu’on voyait de l’extérieur n’étaient que des trompe-l’œil… La porte était le seul lien avec le monde extérieur à cette pièce. Tout était gris et faiblement éclairé par quelques bougies et des lampes clignotantes.

    Ce que Genesis voulait lui montrer ? Absolument rien.

    Il n’y avait rien à montrer dans cette cellule.

    Camilla se retourna bien vite pour voir le visage parfaitement neutre du Tragédien. Ce dernier ferma la porte à clé et rangea cette dernière dans une poche. Il fronça des sourcils et la regarda, avant de s’appuyer tout contre la porte, les bras croisés…
    Elle devait comprendre, tout simplement parce qu’elle n’était pas idiote, que la raison de leur venue était tout autre que celle annoncée. Sans prétention ou arrogance, Genesis commença à parler.


    « Vous avez été aperçue avec des membres de la Coalition noire. »
    Il se tut quelques secondes, réfléchissant un peu…

    « C’est surprenant de voir que dès qu’une personne parle avec Ariez, tout le monde le sait. C’est… systématique. Elle se permet de ne faire preuve d’aucune discrétion, quoi qu’elle fasse, si bien qu’on finit toujours par tout apprendre… »

    Il ne lui posait aucune question, se contentait de parler. Mila le regardait et lui, répondait à ce regard avec une assurance non truquée. Ici, il était clairement en position de force face à tout, même face à sa séduction.

    « Néanmoins, ce genre d’informations s’achète à un prix d’or… C’est ce qui encourage les informateurs a donné du contenu solide à leurs dires, sinon quoi on se ficherait assez de savoir où était Ariez à tel moment. Quoi qu’il en soit, cela explique le fait qu’on sache que vous étiez en sa compagnie. »

    Et il n’y avait plus qu’à espérer que personne d’autre n’ait mené l’enquête… Si un autre groupe venait à apprendre cela, ce pourrait être très grave.

    Genesis laissa le silence reprendre sa place, et la regarda… Que pouvait-il regarder à part elle ? Comment aurait-il fait pour s’en empêcher en ce fichu lieu ? Cette attirance qu’il réprimait le força à se rapprocher d’elle, avec un regard perplexe. Il leva la main vers sa bouche et en ôta la cigarette… Cette cigarette qu’il fixa quelques secondes avec concentration… et qu’il écrasa sur le sol de son pied. Rien ne le déconcentrerait, surtout pas cette consule qui jouerait à merveille d’une simple cigarette pour donner de la force à ses mots… L’heure était importante pour elle comme pour lui.


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    Mila pénétra dans la pièce et, en entendant la porte se refermer, esquissa un rictus amer. Le Consulat avait un don pour masquer ses affaires, et Genesis venait de lui en donner la preuve en l'entraînant à l'écart sans qu'elle ne se doute de rien. Elle lâcha un soupir agacé avant de se tourner vers le consul, le regard froid. Pendant un bref moment, ils se toisèrent en silence...

    « Vous avez été aperçue avec des membres de la Coalition noire. » Mila ne pu réprimer un haussement de sourcils et un demi-sourire... Un membre oui, mais lequel ? Après tout, elle en connaissait plusieurs... « C’est surprenant de voir que dès qu’une personne parle avec Ariez, tout le monde le sait. C’est… systématique. Elle se permet de ne faire preuve d’aucune discrétion, quoi qu’elle fasse, si bien qu’on finit toujours par tout apprendre… » Cela répondait à sa question silencieuse. La jeune femme poussa un léger soupir résigné. Dès leur rencontre, cela n'avait été qu'une question de temps avant que le Consulat n'apprenne ses relations avec la princesse.

    Il attendait une explication. Il exposait les faits avec assurance, et son regard semblait ne trahir aucune émotion. Alors qu'elle tirait une bouffée de fumée, Genesis s'approcha d'elle et s'empara de la cigarette pour l'écraser avant de darder sur elle ses yeux bleus, toujours silencieux. Mila, une lueur de défi dans le regard, avança légèrement la tête vers lui et doucement, lentement, sans jamais le quitter des yeux... Elle lui souffla la fumée au visage avec un sourire satisfait.

    Elle n'était pas insensible au décor des lieux. Ces murs froids ne lui rappelaient que trop les cachots de la Cité des Rêves et la jeune femme ne sous-estimait pas le Tragédien, elle sentait qu'il représentait une menace. Mais la petite brune s'était juré de ne plus jamais se laisser diminuer, de ne plus jamais se laisser intimider par un homme. Elle refusait d'être à nouveau cette petite chose fragile, et elle ne se laisserait pas faire sans se battre. Face à un homme, et tout particulièrement un homme tel que Genesis, elle n'avait pas besoin d'armes... La jeune femme le savait, il s'agissait d'une épreuve de ténacité.

    « Je ne vois pas de quoi vous voulez parler. » articula-t-elle posément, ses yeux disant le contraire de sa bouche. Il le savait, elle le savait. Elle jouait sur ses nerfs pour se protéger... Car après tout, si elle lui avouait qu'Ariez était son amie... Qui sait quel sort il lui réserverait ? Milena était un esprit libre et elle refuserait de vendre la jeune femme s'il l'exigeait. Elle refuserait tout compromis. Et, en admettant qu'elle reconnaisse la nature de sa relation avec Ariez... Plus elle prenait le temps avant d'avouer, moins elle risquait de voir ses autres secrets percés à jour. La passionnée avait beau apprécier Genesis, elle ne lui faisait pas confiance pour autant et n'avait aucune envie de s'exposer.

    Lèvres pincées dans un demi-sourire, Mila sortit une nouvelle cigarette et l'alluma avant de tendre le paquet au consul. « Vous en voulez une ? » demanda-t-elle d'une voix suave.


Dernière édition par Mila Alvera le Mer 7 Nov 2012 - 3:22, édité 1 fois
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    Genesis n’était ni très grand, ni très costaud… Néanmoins ses habits et son regard lui donnaient une certaine prestance, qui lui donnait l’impression souvent de surpasser largement les autres pour ce qui est de la carrure. Mais lorsque Camilla le fixa sans relâche, approchant sa tête de la sienne… Et bien tout fut inversé. Il n’avait plus l’impression de dominer d’un regard enflammé de passion et de puissance… et son luxe, son élégance n’avaient aucun impact dans cette prison sombre. Alors que le regard de Camilla l’attirait, le capturait… et que ses habits, autant que son physique, rendaient cette cellule agréable pour Genesis.

    La fumée se heurta à son visage, le surprit… L’odeur de la cigarette s’infiltra dans ses narines et dans sa gorge. Il releva la tête, regardant ailleurs… Sans aucun doute, le plus insupportable dans tout ce petit manège, c’est que ça lui plaisait.


    « Je ne vois pas de quoi vous voulez parler. »

    Son regard ne se détourna pas de ce point fixe dans le noir, il ne laissa passer aucune émotion… Il aurait aimé être énervé mais non… rien ne venait.

    « Vous en voulez une ? »

    Il secoua la tête en guise de négation. Elle avait cette insolence, cette quiétude… Mais non, il ne pouvait qu’admirer tout cela. Son but n’était pas qu’elle sorte de tout cela changée, bouleversée. Il voulait juste savoir ce qu’elle faisait avec Ariez… et aviser par la suite.

    « Ce n’était pas une question, Camilla. Je n’ai pas besoin de vos aveux, je n’ai même pas besoin de votre consentement. »

    A ce dernier mot, il la regarda dans les yeux, sévèrement.

    « Coopérez ou pas, le résultat sera le même… Je saurai. »

    L’idée de la torturer ne l’enchantait pas… A vrai dire, il n’y songeait même pas sérieusement… mais il n’avait pas le choix. Il lui tourna le dos et marcha vers la porte, le pas lent.

    « Vous avez devant vous ce que le Consulat fait de pire… Cette maison, ce cachot, est le symbole de sa main noire… Tout se fait dans l’indifférence la plus totale pour le bien du Consulat. »

    Il se répugnait à être capable moralement d’utiliser les mêmes armes que la main noire… Les mains dans le dos, le regard dirigé vers la porte, il parla sérieusement.

    « Si vous aviez pactisé avec des brigands, des petites frappes… Tout aurait été beaucoup plus simple et rapide. Nous aurions éliminé vos alliés dans la plus grande discrétion. Mais là, Camilla, c’est grave… C’est la Coalition noire, et ils sont dangereux, malgré leur excentricité. Vous vous mettez en grand danger vis-à-vis d’eux et vis-à-vis de nous, si vous ne me dîtes rien. »

    Il ferma les yeux, se concentrant sur la présence magique de la demoiselle… Elle ne bougeait pas mais… il n’aurait pu la différencier d’une centaine d’autres personnes. C’était une preuve d’une grande faiblesse ou au contraire d’un grand pouvoir.
    Le fait qu’elle ne dise rien… le perturbait grandement. Cela le laissait doucement croire que tout n’était qu’une mascarade, qu’elle l’avait berné avec de fausses larmes pour qu’il l’invite au Consulat, fasciné par tant de passion. Était-elle vraiment une espionne ? Ou bien l’avait-elle trahi ? Ces deux options l’inquiétaient… juste parce qu’elles auraient prouvé à elles seules qu’il était tombé dans le piège de cette femme.


    « Sachez que je peux tout accepter… sauf votre silence. Alors dîtes-moi tout sur votre relation avec la Coalition noire ! »
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    Mila leva les yeux au ciel d'un air exaspéré. Elle agita la main tenant sa cigarette comme pour balayer les paroles du consul. « Ne m'insultez pas avec vos menaces. » dit-elle d'une voix dure en crachant sa fumée avant d'écraser la cigarette. Elle leva les yeux vers lui et s'humecta les lèvres de sa langue qu'elle fit tinter contre son palais. « Vous ne voulez pas me blesser. » Elle se mordit les lèvres dans un demi-sourire. « Ou... Peut-être que si, justement... Peut-être que vous en avez envie. »

    Mila fit un pas vers le consul et l'observa, un sourire malsain au coin des lèvres. « Est ce que tu as envie de me faire mal, Genesis ? » dit-elle d'une voix sifflante, laissant glisser ses doigts le long de son cou, sur son épaule, une mèche de cheveux enroulée autour de son index. Elle s'approcha encore, et son visage n'était plus qu'à quelques centimètre de celui du tragédien. « Mais en es-tu seulement capable...? » lui murmura-t-elle à l'oreille.

    Elle était si proche maintenant qu'il pouvait sentir son souffle sur sa peau. Mila le regardait, et elle avait le souffle court, comme si de l'excitation entravait sa respiration. Elle baissa les yeux pour dessiner de son regard le contour de la bouche de Genesis, légèrement entrouverte, comme un appel inconscient. Ses lèvres s'ouvrirent à leur tour, comme pour parler, mais aucun mot ne sortait. Le visage de la passionnée semblait irrémédiablement attiré par celui du tragédien, de légers soubresauts, presque imperceptibles, la poussaient vers lui... Lentement, elle leva les yeux vers lui et plongea son regard dans le sien. Ses grands yeux bleus ne reflétaient plus aucune provocation, son sourire avait disparu et ses sourcils légèrement froncés lui donnaient un air mélancolique... Elle semblait si fragile. Mila approcha encore son visage de celui du consul, elle posa la main sur son épaule, agrippant le tissu de ses longs doigts fins... Un sourire au goût de victoire déchira le voile de sa fragilité et Mila recula vivement.

    La jeune femme laissa échapper un petit rire silencieux et dans son regard se lisait presque la pitié qu'elle avait pour cet homme qui lui semblait impuissant. Ses doigts se détachèrent de son manteau et grimpèrent jusqu'à la joue du tragédien qu'elle caressa du revers de la main... Une caresse presque tendre, réconfortante. Comme si elle lui disait que ce n'était pas grave, que ce n'était pas de sa faute... Genesis saisit son poignet et la passionnée n'aurait su dire si son regard reflétait le désir, la peur, la colère ou la frustration... Il la repoussa avec une violence contenue, et, surprise, Mila perdit l'équilibre et chuta au sol. Appuyée sur ses coudes, les genoux en travers, elle aurait pu paraître vulnérable si un rire malsain n'avait pas brisé le silence de la pièce. Elle voulait parler, mais elle n'y arrivait pas, secouée par les spasmes dus à son hilarité. Mila porta la main à ses lèvres, posant d'abord sa paume sur sa bouche, puis son poing avant de laisser glisser sa main sur sa gorge... Avec une grâce presque féline, la jeune femme se mit à genoux pour se redresser, offrant à Genesis une vue très agréable...

    « Mes relations avec Ariez sont d'ordre personnel. Vous n'avez pas besoin d'en savoir plus. » dit-elle d'une voix monocorde, se tenant droite et sérieuse, lançant au tragédien un regard froid alors que ses cheveux épars semblaient enflammer son visage...
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    « Ou... Peut-être que si, justement... Peut-être que vous en avez envie. »

    A ses mots, il se retourna brusquement, comme si on l’avait accusé de la pire infamie. Ses yeux exprimaient tout son dégoût pour cette femme… Depuis le début de ce jour, c’était la première fois qu’il laissait vraiment une émotion régir son visage. Il savait qu’elle continuerait à jouer le jeu de la mignonne, innocente mais néanmoins tentatrice… C’était comme ça qu’il la connaissait, ou en tout cas qu’il la devinait… Et pour ça, en partie, elle lui plaisait. Mais qu’elle sous-entende qu’il avait le fantasme, l’envie charnelle de la blesser… Ca le répugnait.
    Pourtant, elle continuait… Se mordant les lèvres, sensuelle.


    « Est ce que tu as envie de me faire mal, Genesis ? »

    Devait-il répondre ?
    Sa tête disait non… Mais ses yeux et son corps réclamaient Camilla. Il ne la repoussa pas quand une nouvelle fois, le visage de la jeune femme se rapprocha du sien… Mais lorsqu’elle lui prouva encore qu’elle n’était qu’une garce, caressant la joue du consul… Sa colère monta à une si grande vitesse qu’il attrapa le bras de Camilla de sa main droite… Il la garda quelques secondes, se rendant compte de l’extrême fragilité de ce corps qui arrivait à le détruire. Connaissez-vous cette pensée malsaine, lorsque l’on tient dans ses mains quelque chose d’une fragilité inouïe ? Avez-vous déjà ressenti la curiosité ou haine qui vous commandaient de briser cette chose ?
    Lorsque Genesis la regarda dans les yeux, le regard plein de haine alors qu’elle se moquait de lui, il eut envie de la briser. Rarement il avait eu auparavant des pensées aussi malsaines, mais c’était elle qui l’y poussait.

    Il la rejeta d’un geste sec… Elle tomba sur le sol et se mit à rire.

    C’était un rire absolument abominable, laid, d’une prétention inouïe. Il détourna les yeux et voulut se percer les tympans… Un soupir s’échappa de sa bouche… Et s’il existe des soupirs de soulagement ou d’exaspération, celui-là était un soupir de douleur.
    Ce rire lui criait avec une violence inouïe qu’il était faible, soumis à sa volonté, à ses gestes et aux mouvements de son corps… Et c’était on ne peut plus vrai… Lorsqu’elle se calma et qu’elle se mit à genoux pour se relever, il ne put s’empêcher de la contempler. Ses yeux admirèrent les courbes parfaites de cette gitane, dévoilées avec impudeur par un décolleté. Le tissu qui enveloppait son corps était si léger qu’en la regardant ainsi, il l’aurait voulue plus nue encore.


    « Mes relations avec Ariez sont d'ordre personnel. Vous n'avez pas besoin d'en savoir plus. »

    La surprise se lut presque sur le visage du Tragédien lorsqu’elle lui répondit ça… Et quand il comprit que la raison de ce dialogue lui échappait déjà, au profit d’un but beaucoup plus personnel, il marcha à nouveau vers la porte. Sa main se posa sur la poignée, et il appuya sa tête contre le bois massif… Les yeux ouverts, comme possédé.

    En ces instants, en ces secondes où son corps n’obéissait plus qu’à elle, il se fichait totalement d’Ariez et de la Coalition noire. Pourtant, à peine quelques minutes s’étaient passées.
    Une pensée évidente et prudente lui apparût : Il devait partir. Partir et demander à Médusa de le remplacer, de torturer cette impudente, de lui faire avouer tout… et pour finir, jeter son cadavre dans la mer, qu’elle avoue ou non.
    Il ravala sa salive, ferma les yeux et parla.


    « Je ne veux pas te torturer… La seule chose que je voudrais vraiment, c’est de ne jamais t’avoir rencontré. »

    Sa voix était à la fois triste et sévère, mais il était sincère comme jamais auparavant. Certes il la désirait mais pas autant que de ne plus la désirer… Il n’aurait jamais vu cette bouche sur cette cigarette, ce regard à la fois passionné et maître de soi, ce corps maudit… mais au moins tout serait resté parfait. Il ne la regardait toujours pas, n’osait plus… Quand il pensait à tout ce qu’elle avait fait d’un simple regard, il était tétanisé.

    « Tu n’es qu’une… traînée. Ton seul plaisir est de tout briser et de ne rien reconstruire… Tu n’es pas une artiste… »

    Il se redressa, lâcha la poignée… Il resterait et aurait ce qu’il voulait.

    « Tu n’es qu’une catin. J’aurais dû te laisser seule, minable et paumée… J’aurais du te laisser tomber, car même si ton corps aurait été brisé, tout aurait été plus facile ! »

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    Mila arborait un sourire victorieux alors que le consul lui tournait le dos... Elle se sentait tellement puissante, cette sensation l’enivrait et lui ôtait tout contrôle sur ses actes. Elle voulait expérimenter l'étendue de son pouvoir sur lui... De faibles tremblements parcouraient son corps tant il devenait difficile de rester là, immobile, silencieuse...

    Toujours de dos, il finit par s'adresser à elle... Et sa voix lui paru aussi brutale que s'il l'avait frappé au visage. « Je ne veux pas te torturer… La seule chose que je voudrais vraiment, c’est de ne jamais t’avoir rencontré. » Mila resta impassible mais son estomac se nouait, un frisson étrange remontait de ses entrailles jusqu'à sa gorge, laissant derrière lui un poids insoutenable dans sa poitrine... « Tu n’es qu’une… traînée. Ton seul plaisir est de tout briser et de ne rien reconstruire… Tu n’es pas une artiste… » Elle luttait pour ne rien laisser paraître des émotions qui lui étreignaient le coeur, elle avait envie de crier tant ces mots lui faisaient mal... Le ton de sa voix était si dur, elle avait l'impression qu'on la frappaît sans relâches et cette douleur fantôme faisait resurgir les souvenirs de toutes les vies qu'elle avait brisé... Les paroles du tragédien étaient comme un coup de poignard écrasant le mur de ses apparences parce qu'en plus d'être sincère... Il disait vrai.

    Il se tourna vers elle et déversa sur elle toute la haine qu'elle lui inspirait. « Tu n’es qu’une catin. J’aurais dû te laisser seule, minable et paumée… J’aurais du te laisser tomber, car même si ton corps aurait été brisé, tout aurait été plus facile ! »

    Milena regardait Genesis, les yeux marqués par une tristesse sans nom. Ce n'était même plus de la souffrance, c'était comme s'il avait tué quelque chose en elle... Et les larmes silencieuses qui coulaient sur ses joues étaient comme des sillons de sang tracés par la lame de la voix du tragédien. Elle avait envie de hurler, de le frapper... Elle voulait lui faire mal aussi fort qu'il la faisait souffrir... La passionnée voulait lui donner l'envie de mourir pour que tout s'arrête... La jeune femme fit quelques pas vers lui, un sourire triste au bout des lèvres. Si seulement il savait combien de fois elle avait souhaité la même chose que lui... Combien de fois elle y avait songé.

    « Dis-moi... Qu'est-ce que ça te fait de ressentir quelque chose pour une fille comme moi ? » Elle le contourna, sans le quitter des yeux, et elle savait qu'il la suivait du regard... Ils étaient face à face près de la porte. Mila regarda le consul et une expression mauvaise se peignit sur son visage.

    « Qu'est-ce que ça fait de désirer une autre femme, Genesis ? » dit-elle d'une voix sensuelle, comme elle lui aurait murmuré des mots doux...


Dernière édition par Mila Alvera le Mar 6 Nov 2012 - 20:53, édité 1 fois
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    La tristesse s’abattit sur cette prison patibulaire, aussi violemment que la lame d’une guillotine sur la nuque d’une innocente. Comme si à l’instant même où il eut prononcé ce dernier mot, toute la foule spectatrice avait exprimé sa peine par le silence.
    Cette foule, il la sentait autour d’eux, alors qu’ils étaient tous les deux seuls… et que jamais il n’aurait supporté qu’on le voie ainsi. Il regardait Camilla, sclérosée… Pour la première fois depuis le début de cette joute, il l’avait touchée. Cela le peinait… énormément… tant qu’il parvint à regretter d’avoir dit tout cela, bien qu’elle le méritait cent fois, selon lui.

    Mais elle sortit de son stoïcisme et s’approcha, une nouvelle fois… l’effrayant, le prévenant d’une nouvelle tentative de le séduire. Il la regarda sévèrement, alors qu’elle n’était plus qu’à quelques pas.


    « Dis-moi... Qu'est-ce que ça te fait de ressentir quelque chose pour une femme comme moi ? »

    Son souffle fut coupé, totalement anéanti… Elle l’avait dit. En cet acte, c’est pour lui comme si elle disait à la terre entière qu’elle savait. Son regard restait de marbre, toutefois… Quelle idiotie, elle venait de dire cela et lui, se demandait stupidement ce qu’elle ressentait… Comme si ça avait de l’importance, comme s’il pouvait penser à cette éventualité.

    « Qu'est-ce que ça fait de désirer une autre femme, Genesis ? »

    Il ouvrit légèrement la bouche comme pour répondre… mais son incertitude le rattrapa. Ses yeux se fermèrent.

    Mizore. Depuis le début, c’était la seule raison qui le poussait à fuir Mila. Elle était la chanson qui avait ordonné sa vie, et il l’aimait… énormément. Toutes ses pensées étaient pour elle.
    Sauf quand Camilla était là, alors il ne pensait à Mizore que pour se rappeler qu’il avait des attaches et qu’il ne l’abandonnerait pas… mais il devait le reconnaître, il désirait une autre femme, cette autre femme…
    Ce que Camilla avait de plus que Mizore… Et bien, elle n’était pas plus belle que Mizore, pas plus spéciale que Mizore… Plus âgée certes, mais cela ne changeait rien.
    Mizore… c’était un amour extraordinaire qui l’unissait à elle, donnée par une histoire extraordinaire… il y avait de la passion, et ce froid si pénétrant qu’il ressentait quand il la touchait ou l’embrassait, lui était devenu consubstantiel. Les nuits passées avec elle, furent les plus belles, et il aurait désiré que les matins passés à la contempler soient éternels.

    Camilla…

    Il ouvrit ses paupières sur des yeux remplis de colère. Sa main droite attrapa la consule par la gorge sans qu’elle ne puisse rien faire. Il allait la tuer, pour que jamais rien ne change.
    Avec une violence inouïe, il la plaqua contre la porte, pressant son cou entre ses doigts…

    Et il frappa… Une, deux, trois fois.

    La colère restait lisible sur son visage… Mais la passion l’était encore plus, l’avait aveuglé… si bien que son poing gauche s’était heurté à trois reprises contre la porte elle-même, la secouant et faisant trembler tous les autres murs.

    Il baissa la tête et desserra son emprise sur la gorge de Camilla… mais il ne la lâcha pas. Il n’avait pas pu la frapper elle, il en fut incapable. Mais il ne pouvait plus résister à l’appel de ce désir. Sa main empêchait solidement Camilla de se dégager, ses yeux regardèrent son visage, sa peau, ses seins. Elle l’avait trop tenté pour qu’il lui laisse le choix, il avait envie d’elle…

    Sa main gauche effleura sa peau entre sa poitrine et remonta jusqu’à glisser en-dessous d’une des bretelles de la robe avant de faire tomber cette bretelle, dévoilant ce que cette robe sublimait. Et ses doigts frôlant la peau de la gitane, il approcha son visage de son cou, sentant son odeur, s’enivrant de cette intimité et de cette passion.

    Si Genesis avait vu cette scène dans la rue, avec un autre homme que lui et n’importe quelle femme… rien n’aurait pu l’empêcher d’abattre cet homme aussi froidement que tuer se peut. Mais… Genesis ne contrôlait plus rien, avait désormais tout perdu de ses principes.
    Ce que Mila avait en plus de Mizore… C’est qu’elle le menait à la folie.



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    Trois coups, et les rideaux rouges de la passion s'ouvrirent sur leur tragédie. Mila, le souffle court, regardait Genesis, incapable de bouger, incapable de penser... Il enserrait son cou avec violence, il lui faisait mal mais pour la première fois depuis qu'ils avaient pénétré dans cette pièce... Elle aimait ça. Elle aimait ça et elle n'était plus la marionnettiste... Ce pouvoir, ce contrôle qu'elle avait sur lui... C'était terminé. Elle était aussi impuissante que lui, livrée à l'appel dévorant de ses pulsions... Il desserra son étreinte et l'observa, suivant les lignes de son corps... Et bientôt, sa main continua ce que son regard avait commencé... Lorsque ses doigts touchèrent sa peau Mila ne put retenir un bref soupir de plaisir, un plaisir auquel se mêlait la peur et la colère... Mais le plaisir triomphait, victoire amère et douloureuse au goût de haine.

    Son visage se rapprocha et Mila cessa de respirer, la bouche entrouverte, ses yeux fixant le plafond alors qu'il humait le parfum de sa peau... Elle tremblait de désir. Comme elle aurait voulu s'échapper, le repousser, jouer avec lui comme s'il n'était qu'un vulgaire pion sur son échiquier... Mais ce Genesis violent et passionné qui enserrait sa gorge n'était pas un pion... C'était un fou, un sombre fou qui venait de prendre la reine... Faible, vulnérable, Mila n'éprouvait pourtant aucune peur... Plus elle sentait son souffle sur sa peau, plus elle se prenait à désirer qu'il aille plus loin... Elle voulait que ses lèvres mordent sa chair, que ses mains déchirent son corps... Quand sa bretelle glissa le long de son épaule, elle pria pour qu'il arrache ses vêtements, elle pria pour qu'il resserre son étreinte, pour que sa jambe, immobile contre la sienne, se presse contre elle au point qu'elle aspire à en mourir... Elle avait envie de lui comme jamais elle n'avait désiré un homme.

    La présence de Genesis contre elle lui était insupportable, et sa main, sa main qui enserrait son bras comme s'il n'était qu'à lui, effleurait son sein par sa proximité... Mila aurait tout donné pour que cette main soit plus audacieuse, plus aventureuse... Mue par un désir incontrôlable, ses épaules se dressèrent, enfermant le visage de Genesis au creux de son cou alors que sa robe glissait de plus belle. Elle n'osait pas faire un mouvement de plus de crainte qu'il ne s'écarte, mais sans s'en rendre compte, sa tête effleurait celle du tragédien, presque comme une caresse. Et ses doigts qui enserraient toujours sa gorge lui donnaient le sentiment de lui appartenir... Tout son corps s'embrasait, elle n'était plus que désir.

    C'en était trop. Le bras gauche de Mila agrippa la nuque de Genesis, tandis que le droit glissait sous le bras du tragédien pour rejoindre son dos, empoignant son manteau et l'attirant contre elle, plaquant ainsi le bras qui tenait sa gorge contre sa poitrine. Leurs joues se touchaient, et la respiration de la jeune femme s'accélérait, elle le maintenait contre lui de ses maigres forces, priant pour qu'il en veuille plus, pour qu'il la désire autant qu'elle le désirait... Elle avait oublié sa peur, elle avait oublié pourquoi ils étaient là, elle ne savait plus rien, elle ne pensait plus... Seul comptait la présence de Genesis contre elle et son désir de plus en plus ardent.
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    Il ne se contrôlait pas, ne réfléchissait pas… Il avait cédé à sa passion, à son intense envie. Dans sa tête, tout était bouleversé, se mélangeait. Alors qu’il avait redouté le jour où il cèderait à ses pulsions, il vivait ce moment comme l’instant qu’il avait toujours attendu depuis qu’il avait croisé la route de Camilla. Le plaisir charnel était intense mais ses gestes à lui n’étaient pas violents… Ce qu’il voulait, ce n’était pas vraiment le sexe… C’était elle. Et cela, même sa folie le savait. Il devait la dégoûter profondément mais il se fichait totalement des sentiments de Camilla, en cet instant… Car elle lui appartenait… Comme il l’avait dit, il n’avait pas besoin de son consentement.

    Soumise à la force de ses bras, elle avait perdu sa liberté, ne pouvait rien faire. Il la haïssait, en cet instant… La haïssait pour ce qu’il était en train de faire, pour ce qu’elle avait fait, pour son petit jeu et sa prétention. Son désir de la tuer n’avait aucun équivalent, si ce n’est le désir de la posséder à jamais dans cette prison… Et la main qui tenait cette superbe gorge, la caressait tout en la serrant.

    Genesis était soumis à ce paradoxe qui n’avait qu’une solution : qu’elle le tue.

    Mais elle s’enferma à son tour… Cette chaine malsaine de sentiments l’avait déjà capturée. Plus Genesis humait le parfum corporel de Camilla, plus cette dernière laissait la passion donner vie à son corps.
    Elle l’enveloppa de ses épaules, blottissant Genesis dans son cou… l’invitant à continuer plus ardemment. Il ne fut pas surpris, ne répondit que par des gestes… Sa bouche s’ouvrit légèrement pour se poser sur la gorge de Camilla et pour goûter à sa peau.

    Et bientôt, leur corps s’enlacèrent, leur visage se touchèrent sans timidité, comme s’ils étaient amants. Une main sur son sein, l’autre main était au dos de Camilla, la serrant tout contre lui tout en enlevant sa robe… Il ne l’étranglait plus, il ne savait même pas pourquoi… Il ignorait tout de ce qu’il se passait, ne se souvenait même pas du moment où elle avait partagé son envie… mais cette passion qu’elle avait, l’excitait, le droguait.

    L’instant d’après, il s’était emparé de la jambe gauche de Mila, la soulevait à la hauteur de sa ceinture comme pour s’en envelopper, tandis que sa main avançait sous sa jupe, caressant ses cuisses avec passion, remontant jusqu’à ses fesses… Ses mains traitant sans tendresse la chair.
    Il ne regardait rien, il ne voyait que le noir des cheveux longs de Camilla, ne goutait que l’arôme de sa gorge, tandis que de son corps il découvrait le sien.
    Il avait oublié la consule de l’amour, ses pleurs, sa cigarette… Il ne restait plus que cette splendide jeune femme, presque entièrement dévêtue et vulnérable.

    Un silence envahit leurs gestes… Et il se retrouva devant elle, quelques minutes plus tard, il ne sut même pas mesurer le temps… Il n’était plus à son cou mais devant elle. Camilla était presque complètement nue, gardant encore et uniquement son dessous, enfiévrée et abêtie par la passion, tout comme lui. Torse nu, droit, la contemplant… Ses mains se posèrent sur ses hanches et montèrent sur le corps de sa victime, lentement, elles parcoururent la surface de son corps… Et spectateur de sa propre danse, il ressentit les côtes de Camilla sous ses mains, une par une… sentit le poids et la forme parfaite de sa poitrine, gonflant avec sa respiration… le léger relief de ses clavicules, et enfin il retrouva cette gorge qu’il caressa quelques secondes.

    La suite fut en contraste avec cette lenteur. Tout en la maintenant par le cou, il la plaqua une nouvelle fois violemment contre un mur… et ses lèvres trouvèrent celles de Mila, dans la passion et dans la folie. Leur corps collés, les lèvres attirées les unes par les autres… Rien n’arrêta ce baiser.

    Mais lors de ses caresses, parcourant son dos si fragile et svelte d’une main, il sentit une brulure. Et sa fantaisie ne devait pas être totale puisque même dans cette position, une partie de lui-même se questionna. Il s’arrêta, retrouva une partie de sa conscience et tout en la caressant, posa un regard sur la chose…
    Une fleur de lys, marqué au fer contre sa peau.

    Ses yeux furent comme absorbés par cela. Son esprit était trop ailleurs, il n’en comprit pas la signification directement, mais savait que ce symbole en avait une.

    Pour lui, Camilla était… autant un poison qu’un jouet avec lequel il lui était… interdit de jouer.
    Il savait ce qu’elle était, pour tous les hommes. Il n’était pas le seul à la désirer… Tout le monde voulait goûter à son corps et à ses caresses, mais il était le seul jusque-là à ne pouvoir réaliser ce fantasme. Voir les autres hommes, consuls ou non, la regarder, la désirer… Savoir qu’elle ne passait aucune nuit en solitaire, ça le rendait malade.
    Maintenant il la détenait… et malgré le caractère libertin de Camilla, jamais il ne la laisserait s’échapper… C’est du moins ce que son ivresse lui disait, dans cette obscurité malsaine. Il ne voulait pas choisir, il voulait tout avoir… Et elle, c’était ce qui lui manquait.

    Sa fougue s’était tue… il se calmait et il sentait sa raison reprendre un peu sa place. Et ne se rendant pas vraiment compte de ce qu’il faisait, il serrait Camilla dans ses bras, son corps contre le sien, dans une tendresse qu’il n’avait jamais partagée avec elle jusque-là.
    Ses mains caressaient le dos de la jeune femme, son regard était plongé dans la contemplation de la fleur de lys… Et personne ne parlait tandis que les minutes passaient…

    Plusieurs fois il ouvrit la bouche, mais il se contentait de murmurer des mots, vestiges de sa folie, comme « Tu m’appartiens », sans pouvoir dire autre chose.

    Cette brulure signifiait que Camilla avait eu un passé… Et si ça peut sembler bête, Genesis se rendit compte qu’il ne pouvait la posséder…
    La consule appartenait à la nuit et à ses passions.
    Il ne la lâcha pas… Son souhait restait le même : l’éternité dans cette cellule… Mais il finit par prononcer un mot.


    « Désolé, Camilla. »


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    Il goûtait sa peau avec ardeur, et exauçant sa prière silencieuse, s'appropria sa jambe pour enfin s'aventurer sous ses vêtements... Il était brutal, violent, il la touchait parce qu'il le voulait, il la déshabillait parce qu'il le pouvait, peu importait les désirs de la jeune femme... Mais elle ne demandait que ça. Elle devenait folle. Elle devenait folle, elle n'en pouvait plus, c'était trop dur, c'était si bon, c'était insoutenable. Alors qu'il dévorait avidement son cou et que les mains de Genesis la débarrassait de sa robe, Mila succomba complètement et arracha de ses épaules son manteau, le repoussa, posa ses mains sur son torse... Elle le regarda alors qu'elle tentait de déchirer la chemise de son armure, rapprochant son visage du sien sans l'atteindre... Il se débarrassa du reste de son armure pour se tenir devant elle, dénudé, silencieux. Ils se regardaient sans se toucher, comme si un mur invisible les séparait encore...

    Il brisa cette distance, et posa ses mains sur son corps. Elle se redécouvrait avec lui, esclave de ses mains, des ses lèvres... Genesis la plaqua à nouveau contre la porte, affermissant sa prise sur elle, possédant son cou, et avec lui, tout son corps... Il l'embrassa et le monde explosa, Mila s'oubliant dans cette étreinte passionnée... Ils se cherchaient, avides, comme s'il était possible de s'approprier l'autre par ce baiser... Ses mains griffaient son dos, déchirant sa chair comme il déchirait son âme... Victime consentante, elle l'enveloppait de ses bras dans une tentative désespérée de le garder près d'elle, le plaquant contre elle, le serrant si fort qu'elle en avait mal... Elle ne supportait pas l'idée qu'il se détache d'elle...

    Mais ses doigts exploraient son dos dénudé et elle réprima un léger cri de douleur lorsqu'ils effleurèrent la marque de sa honte. Une vague de tristesse l'envahit alors que les caresses de Genesis se faisaient moins pressantes... Elle sentait son regard sur sa peau, rivé sur la fleur de lys bleutée qui dévorait sa peau blanche, sur l'immonde brûlure qui la traversait... Mila ramena ses bras sur les épaules du tragédien, les mains nouées à distance de sa nuque, lovant sa tête dans son cou brûlant. Il la serrait contre lui, faisant preuve d'une douceur, d'une tendresse qu'aucun homme avant lui n'avait eu pour elle... Il caressait son dos comme pour la rassurer, et elle aurait voulu rester ainsi, dans ses bras, pour toujours...

    « Tu m'appartiens... » murmurait-il, et Mila se perdait... Un frêle sourire se dessinait sur son visage marqué par la souffrance alors que des larmes coulaient le long de ses joues jusqu'à atteindre la peau de Genesis... « Je suis désolé, Camilla. » dit-il comme une réponse à ses pleurs, plongeant son beau regard dans le sien. Doucement, elle se détacha de son cou et ramena ses bras contre son torse, effleurant sa peau sans hâte, sans violence. Elle approcha son visage jusqu'à ce que leurs fronts se touchent et ferma les yeux, juste un instant, juste un moment, pour se souvenir de la caresse de sa peau sur la sienne...

    « Mila... » dit-elle dans un souffle, avant de s'écarter un peu et d'ouvrir les yeux. « Je m'appelle Mila... » chuchota-t-elle avec un pauvre sourire... Émue sans trop savoir pourquoi, elle laissa sa main glisser le long de son torse, de son cou jusqu'à atteindre sa joue qu'elle caressa du pouce, le reste de sa main posé avec légèreté sur sa peau. Ses doigts jouèrent avec les mèches rousses qui s'aventuraient près de ses grands yeux bleus pendant un instant, puis, se ravisant, ils se replièrent et avec eux, Mila retira sa main, quittant le corps du tragédien pour la poser sur son coeur, écoutant les battements qui secouaient sa poitrine.

    Calme, presque apaisée, elle finit par réaliser qu'il l'avait vue. Sa honte. Il l'avait vue. Elle le savait déjà, mais elle venait de comprendre ce que cela impliquait... Fébrile, elle entoura sa taille d'un bras, s'enveloppant de l'autre jusqu'à effleurer de sa main la marque dans son dos. Mila était de nouveau cette jeune fille vulnérable, brisée. Dans son regard on pouvait lire la peur, l'angoisse... La honte. Elle baissa les yeux, incapable de soutenir plus longtemps le regard de cet homme...
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    « Je m'appelle Mila... »

    Et même si elle resta à quelques centimètres de son corps, elle se détacha de son étreinte… Ses mains quittèrent son corps avec lenteur, tandis qu’elle caressait sa joue avec tendresse. Ses yeux ne se détachèrent pas des siens mais pourtant, rien n’avait changé… Il avait toujours cette envie d’elle, ce désir qu’elle lui appartienne. Simplement, il regardait avec tristesse l’inaccessibilité de ce rêve.
    Et il ne voulait pas lui expliquer pourquoi… Ca peut paraître risible mais malgré la passion qu’ils avaient partagée, c’est comme si une partie de lui pensait avoir outragé cette jeune femme. Et plus profondément encore, il pensait bien faire en arrêtant de lui infliger ça.

    Elle s’appelait Mila… Jeune et belle, rendant fou tous les hommes, ensorcelant leur corps. Le seul sang qui coulait dans les veines de cette libertine était la passion… Et c’est cette passion qu’elle avait partagée avec lui, comme on peint un tableau, droguée par son inspiration.
    Elle détruisait autant qu’elle créait. Ses actes étaient telle de la lave qui avec ardeur et violence, ravage les sillages et consument les corps… mais au paroxysme de la douleur qu’elle infligeait, se mêlant à l’ivresse et à l’infamie, en naissait une plante impie et maudite.
    Elle s’appelait Mila.

    Il la contemplait, encore, sans pouvoir s’arrêter de la vouloir. Il savait que passé cette porte… il ne pourrait plus revenir en arrière, qu’elle le refuserait à jamais comme il venait de la refuser.
    Il voulait lui dire à quel point il avait aimé ces moments, bien que conscient qu’elle devait s’en rendre compte… Lui dire que pour s’être offerte à son corps ces quelques minutes, il ne connaîtrait jamais le repos.

    Ils ne se touchaient plus… C’était déchirant pour lui, qui voulait la garder dans ses bras jusqu’au sommeil… qu’ils s’endorment enlacés sans prolonger leurs actes fusionnels. Il voulait la consoler, se consoler, et lui dire qu’il était désolé.
    Elle cachait sa brûlure comme on masque une laideur… Honteuse, presque pudique dans ce geste. Pourtant il n’y avait plus de pudeur… presque nus, l’un devant l’autre, avec l’envie de l’un de l’autre.
    Il se demanda ce qu’elle éprouvait, quel sentiment était le plus puissant chez elle… Et elle baissa les yeux.


    « … Savoir que tu donneras cette passion à un autre que moi, Mila, je ne l’accepterai pas… Je te veux exclusivement, sans compromis… mais je ne veux pas t’infliger ça. »

    Finalement, il lui expliquait… Parce qu’il savait qu’il choisirait Mizore… que pour cette raison, Mila était libre.
    Mais cela n’arrangea rien. Mila ne bougeait pas, tremblait d’angoisse, tout en cachant son signe de honte.


    « Par contre… »

    Il s’approcha… et posa sa main sur l’épaule nue de Mila. Il ne lui faisait pas l’affront de profiter de sa faiblesse mais ne put s’empêcher de garder de la tendresse et de la caresser… Cependant, il glissa cette main jusque dans le dos de sa gitane, touchant sa main qui couvrait la brulure… Il écarta les doigts de celle-ciet effleura la marque, l’enveloppa de sa paume. Son autre main vint jusqu’au front de la consule, écartant délicatement quelques mèches des yeux de la consule… pour l’inciter à le regarder.

    « Cette marque… Elle est à moi, elle m’appartient… Tu me l’as donnée. »

    Il regardait son visage avec des yeux sévères mais protecteurs.

    « Et je protège ce qui est mien… Et même quand tu livreras ton corps à la nuit, à un autre… Tu n’auras pas à la cacher parce que je la protège. Tu n’auras pas à en avoir honte, car je ferai partir les fantômes de ton passé. »

    Son regard ne changea pas, néanmoins il approcha son visage de son front et l’embrassa… Il ne laisserait rien blesser davantage la consule.
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    « … Savoir que tu donneras cette passion à un autre que moi, Mila, je ne l’accepterai pas… Je te veux exclusivement, sans compromis… mais je ne veux pas t’infliger ça. »

    Immobile, Mila l'observait, partagée entre la douleur et le plaisir que ces mots suscitaient chez elle. Elle fronça les sourcils et baissa les yeux... Il ne comprenait pas. Il ne comprenait pas que la passion qu'ils avaient partagé, elle ne la lui avait pas donnée... Il l'avait prise. Genesis s'était emparé d'elle, de sa passion, de son corps et de tout ce qu'elle était. La trace violacée dans son cou, vestige des lèvres du tragédien sur sa peau, en était la preuve. Il avait apposé sa marque... Comme s'il lisait ses pensées, il s'approcha et posa doucement sa main sur son autre marque... Cette immonde flétrissure qu'elle haïssait, comme si sa honte était éternellement tatouée sur son épaule, contrastant avec son cou, là où la passion avait entachée sa peau... Il écartait avec douceur les mèches qui entamaient sa vision et, alors qu'elle cherchait à éviter ses beaux yeux bleus, il s'empara de son menton, la forçant à le regarder.

    « Cette marque… Elle est à moi, elle m’appartient… Tu me l’as donnée. »

    Qu'il était cruel, son tyran... Genesis semblait croire qu'elle s'était offerte à lui alors qu'il l'avait soumise à son impérieux désir. Oh, elle s'était laissée faire... Elle avait même aimé ça... Mais dès qu'il avait enserré sa gorge, il avait pris possession de son corps et de sa volonté. Quoi qu'il en dise... Mila lui appartenait. Exclusivement. Sans compromis.

    « Et je protège ce qui est mien… Et même quand tu livreras ton corps à la nuit, à un autre… Tu n’auras pas à la cacher parce que je la protège. Tu n’auras pas à en avoir honte, car je ferai partir les fantômes de ton passé. »

    Genesis s'approcha et déposa un baiser presque tendre sur son front, sa main caressant toujours la fleur de lys. Elle ferma les yeux, respirant son odeur... Elle avait l'impression de le voir pour la première fois. Douce, timide, elle effleurait de son nez la peau du tragédien, sans quitter des yeux ses lèvres qui l'appelaient, pour finalement les goûter de nouveau... Ses mains glissèrent pour se loger sur sa nuque, sur son épaule. Il l'attira contre lui, une main sur sa taille, l'autre toujours obnubilée par la fleur du mal qui meurtrissait sa peau. Mila mit fin à leur brève étreinte et se dégagea des bras de son tyran.

    La jeune femme frissonna et, en un instant, il l'enveloppa de son manteau. Elle ne pu s'empêcher de humer son odeur, ramenant sur sa poitrine les manches, comme un substitut aux bras de Genesis... La consule lui lança un petit sourire malicieux avant de se laisser glisser au sol contre le mur. Il finit par s'asseoir près d'elle, les bras tendus, croisés sur ses genoux, le visage tourné vers elle, adossé contre la paroi. Mila avait ramené ses genoux tout contre sa poitrine sur lesquels elle avait laissé roulé sa tête, penchée en avant, tout en entourant ses jambes de ses bras frêles. Ils s'observaient l'un l'autre, en silence.

    « A chaque blessure, son histoire... » murmura-t-elle, l'interrogeant du regard. D'un hochement de tête, il l'incita à continuer. Mila fronça les sourcils un bref moment, mais déjà son air contrit se changeait en sourire.

    Et la passionnée se lança dans le récit tumultueux de ce qui l'avait menée jusqu'ici, jusqu'à lui... Elle lui parla de sa mère, d'Elinor... De la douleur de son enfance, du vide qui l'avait habité pendant tant d'années. De ses premières passions... Elle lui parla d'Actéon, confessant tous ses crimes... Elle raconta la Cité des Rêves, sa foi éphémère, l'horreur des cachots... Elle lui parla de Vyce, des brefs moments de joies qu'il avait partagé avec elle et sa sœur, de la déchirure dans son cœur quand elles avaient dû à nouveau quitter leur foyer. Elle riait parfois, son visage s'illuminant du spectre de ses trop rares bons souvenirs. Mila s'était lovée contre lui, le bras du tragédien le long de ses épaules, comme pour la protéger de ces fantômes qu'il avait promis de conjurer... Elle ne le regardait pas, elle parlait avec de grands gestes, projetant ses souvenirs sur les fissures du plafond.

    Mila n'omettait aucun détail. Elle lui parla de Hunk, de tout ce qu'elle avait pu ressentir pendant ces longues semaines, elle tenta de le convaincre qu'il existait en Ariez de la bonté, allant jusqu'à décrire certaines conversations intimes qu'elles avaient pu avoir, elle lui parla de son mépris pour Ukiyo, de sa fascination pour Natalia... Elle hésita avant de lui parler de Mizore, mais se décida finalement à lui parler de leur rencontre avec humour, sans se moquer, sans se prononcer sur ses sentiments vis-à-vis de cette femme... Elle n'avait pas besoin de lui en parler, il le devinerait sans efforts. Elle lui racontait chaque instant qui l'avait forgée, chaque âme qui l'avait traversée. Elle pleurait parfois, de douces larmes qu'elle ne remarquait plus pour en avoir trop versé. Elle lui parla de Yuan, de son sacrifice, de sa trahison... Elle lui racontait leur rencontre, guettant dans ses yeux une lueur de jalousie ou de colère...

    Elle avait pris sa main et jouait avec ses doigts alors qu'elle s'ouvrait à lui comme elle ne l'avais jamais fait auparavant... Elle lui avait tout dit et il savait tout d'elle. Lovée tout contre lui, enchaînant ses doigts entre les siens, elle aurait voulu rester sa captive dans cette prison pour toujours...
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    Les minutes passèrent dans la pièce qui n’avait plus rien d’une prison… Le tortionnaire était prêt à libérer sa prisonnière à l’instant même où elle le lui demanderait… (D’ailleurs c’était elle qui avait la clé depuis qu’elle portait son manteau… Joli retournement de situation !)
    Et la prisonnière se dévoilait à lui comme à un ami, en confiance. Durant à peu près une heure, elle était blottie contre Genesis, jouant avec sa main et racontait son histoire. Lui l’écoutait très silencieusement… ne parlait que pour l’encourager à parler, mais ne commentait pas, ne réagissait pas. Il se contentait de frictionner son épaule pour lui rappeler qu’il était là, quand elle peinait à parler.

    Ses yeux étaient plongés dans le vide et l’obscurité de la salle. Et dès qu’elle disait quelque chose d’autre, il réfléchissait à ce qu’elle venait de dire avec respect et compassion. Il imagina cette Elinor, se demanda ce qu’il pouvait faire pour qu’elle rejoigne sa sœur… pensa à ces hommes qui l’avaient torturée, et regretta qu’ils soient déjà morts. Et Genesis se fit la réflexion que de toutes les histoires qu’il avait entendues, celle-là était la plus triste… qu’il aurait voulu connaître son existence bien avant, pour détruire le triste futur que cette Mila de seize ans allait connaître.

    Elle parla ensuite de faits plus proches… Des rencontres qu’elle avait faites depuis son entrée au Consulat… de la coalition noire et d’Ariez.
    Les mots qu’elle lui dit sur la Princesse de l’envie rappela à Genesis qu’il était là pour ça, précisément… il ne voulut pas paraître opportuniste en lui posant maintes questions, parce qu’à vrai dire, Mila lui avait révélé des choses qui allaient tout changer.

    Et il y avait un homme, Yuan… et pire, il y avait Hadès. C’était peut-être trop pour lui, mais il se jurait qu’il la protégerait de ce dieu, qu’il ferait connaître une telle peur de la mort à l’immortel que ce dernier déciderait de ne prendre aucun risque et de libérer Mila.

    Quand elle eut fini, il laissa le silence remplacer les mots. Il était pensif… Il ne pouvait parler de ses plans à Mila. En fait, il ne pouvait en parler à personne, alors il devait trahir cette confiance et se taire.

    Elle leva son regard vers son visage… Il la regarda et comprit un « parle-moi » dans ses yeux. Elle venait de se confier, d’avouer ses pires tourmentes… il trouvait juste de lui raconter à son tour qui il était.

    Ainsi il commença à parler de ses parents. Son ton était mauvais… Il en parlait avec un profond dégoût, expliqua à Mila qu’il détestait la noblesse, qu’il les détestait eux. Il lui avoua que la seule chose qu’il avait aimé, c’était d’être différent, de se sentir unique et amené à faire de grandes choses.

    Lorsqu’il put parler d’Angeal et de Sephiroth, son ton s’adoucit, était plus léger comme si, malgré tout, il n’avait passé que de bons moments avec eux. Et puis, il y avait l’aile… cette preuve la plus puissante de sa différence face au monde… Cette différence inexpliquée, d’ailleurs et qui le laissait vagabonder à de plus grands fantasmes.


    « Depuis ce jour, c’est comme si je détestais la simplicité. Je veux le meilleur et être le meilleur… M’entourer des plus illustres et des plus belles. Toutes ces personnes uniques m’attirent. »

    Son ambition, sa jalousie le poussaient encore plus loin dans cet élitisme. Il savait que c’était un manque total d’humilité, chose qu’il n’avait jamais eue… mais voilà, il se confiait. Seuls ses deux amis connaissaient tout cela.

    Il lui parla de Loveless, de l’impact que ça a eu sur lui... de la rage qui grandissait au fur et à mesure qu’il acceptait ses ténèbres, de la haine absolument immense qu’il eut pour la Forteresse oubliée… et enfin du jour où il assassina ses parents. En avouant ce dernier fait, il se sentit un peu gêné… Jamais il n’avait eu de remords mais il avait entendu l’histoire de Mila, savait qu’elle avait tué son père dans la plus grande tristesse… Alors que lui avait agi par pur égoïsme.


    « J’aurais voulu détruire ce monde, exterminer ses habitants… Au lieu de ça, un jour… Et bien le Consulat est né et… j’ai compris que je pouvais aussi la changer. »

    Avec passion et amour, il parla de Melpomène et du jour où il avait trouvé son masque. Il racontait tout en vrac, sans faire attention à une quelconque chronologie mais… il le racontait presque avec amusement. Et puis, Mizore… Il se surprit à parler d’elle sans peur, sans réfléchir à ce que Mila en penserait… Il lui raconta comment ils s’étaient rencontrés et comment elle avait tout changé.

    « Ce n’est pas qu’une question d’amour. En fait, elle a détruit cette flamme, cette colère, cette rage qui ne se taisait jamais et qui sommeillait en moi. Elle m’a aidé à trouver le repos… Je ne dors bien que quand elle est là. »

    Il parla de beaucoup de choses, de rencontres qui l’ont marqué… mais pas une seule fois des autres groupes, des problèmes qu’il avait eus, de peur de révéler des secrets que personne ne devait connaître. Lorsqu’il finit son histoire, une pointe de mélancolie gagna ses yeux.

    « Il m’arrive parfois de regretter… de me dire que sans le Consulat et toutes ces attaches, j’aurais pu faire plus. »
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    Absorbée par la voix de Genesis, Mila ne bougeait pas, écoutant le tragédien lui faire part de ses propres épreuves. Il y avait dans sa façon de raconter une certaine théâtralité et la jeune femme se sentait comme transportée sur la scène de sa vie... Elle était touchée par sa passion et fascinée par cette colère prisonnière de son coeur... Mais malgré elle, Mila était amère. Quand il lui parlait de Mizore, elle sentait comme un frisson désagréable lui parcourir l'échine, il parlait d'elle comme l'on parlerait d'une révélation... Et cela la rendait folle. La jeune femme resta silencieuse tout le long de son récit, ses mots faisant écho à ses souvenirs...

    « Il m’arrive parfois de regretter… de me dire que sans le Consulat et toutes ces attaches, j’aurais pu faire plus. »

    Elle hocha la tête négativement, levant les yeux vers lui. « Tu as fait de ce monde un havre pour ceux qui sont différents. » Elle approcha sa main libre de son visage qu'elle tourna vers elle, caressant doucement sa joue. « Tu as redonné de l'espoir aux gens comme moi. » Un beau sourire égaya son visage triste. « La voix du Consulat qui apporte tant à ces mondes... C'est la tienne, Genesis. »

    Mila se replia contre le torse du consul, une main sur son coeur, l'autre toujours dans la sienne, avant de fermer les yeux. Lovée tout contre lui, elle se sentait comme apaisée. Elle ne cherchait plus à comprendre, elle ne voulait pas comprendre. Elle n'avait qu'une envie : oublier. Oublier le monde qui les attendaient dehors, les autres, leurs passés... Ici, ils n'étaient que Genesis et Mila, ni consuls, ni êtres humains à part entière... Cette pièce abriterait toujours leur brève passion et celle-ci n'étaient qu'à eux. Ce moment qu'elle avait partagé avec lui... Il n'était qu'à elle. Mila se consolait en songeant que c'était bien la seule chose que Mizore n'aurait pas... Elle caressait doucement le torse de son tyran, laissant la brume qui obscurcissait sa raison s'épaissir d'autant plus, rêvant d'un monde où il aurait voulu d'elle...

    Ils étaient comme dans une bulle, immobiles, en suspens dans le cours de leurs vies... Il n'était pas parti qu'elle se sentait déjà abandonnée. Depuis le début, il jouait un jeu dangereux dont il était le seul maître et elle... Elle n'était qu'une pièce qu'on écarte au moment opportun. Ça la tuait de ne pas avoir été capable de le repousser, de ne pas avoir retourné la situation en sa faveur... Elle avait épousé ses faiblesses, célébré ses blessures, sacrifiant sur l'autel d'une passion éphémère tous les secrets qu'elle avait pris soin de garder pour elle seule. A cet instant et plus que jamais, Mila sentait la fièvre de la passion la posséder. Si Genesis s'engageait à chasser les fantômes de son passé, il allait pourtant la hanter, lui coller à la peau à travers cette fleur de lys qu'il avait fait sienne... Comme elle aurait voulu déchirer sa peau, effacer le sceau d'une passion trop violente qui la dépassait...

    La passionnée... Quelle mauvaise blague... Héraut de l'amour et de la passion, elle s'était condamnée elle-même à une vie de souffrance, touchant du doigt l'espoir sans jamais pouvoir l'atteindre. Il n'y avait qu'une seule réponse à sa solitude mais elle ne pouvait se résoudre à cesser d'exister, persuadée qu'elle serait oubliée... Mila n'avait d'autre choix que de vivre pour qu'on se souvienne d'elle, pour se graver dans la chair et la mémoire de ceux qu'elle croisait. Elle se jetterait à corps perdu dans les bras de ceux qui voudraient d'elle, pour oublier et ne pas être oubliée... Déchirée, elle souriait pourtant, réchauffant son pauvre coeur brisé contre la peau brûlante de Genesis.

    Bientôt ils devraient quitter leur douce prison, et l'étau de son coeur l'étreignait à cette idée, car Mila savait au fond d'elle-même que lorsque Genesis retournerait dormir dans les bras de Mizore, il la laisserait seule et inconsolable...

    « Si tu savais, Genesis... Si tu savais comme j'aurais voulu ne t'avoir jamais rencontré... » murmura-t-elle doucement, d'une voix qui semblait lui dire des mots d'amour...
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    Il y avait une lassitude lancinante dans les pensées du Tragédien… qui lui disait « le chemin est tellement long », l’incitait à ne pas combattre ce qui est inévitable… Mila lui plaisait, faisait vibrer en lui des sentiments avec une telle intensité.
    Ce simple souvenir du moindre des baisers sur ses lèvres ou sur sa peau l’appelait avec force. Avec elle, il partageait un brasier de passion, d’envie, de domination, de fougue… Rien n’était semblable à ce qu’il avait vécu avec les autres… Mila était comme ce feu qu’il avait vu danser à la cour des miracles.
    Le simple fait d’imaginer le reste de sa vie, en s’empêchant encore de la regarder et de la vouloir… Ca lui semblait impossible. Même si tout avait changé entre Mila et Genesis, ce dernier savait que sa gitane continuerait à l’obséder, quand elle le provoquerait, quand elle le fuirait…

    Les Muses semblaient presque toutes lui dire de laisser cette passion l’inspirer à jamais… d’accepter ce désir.

    Toutes sauf Melpomène qui le regardait… sévèrement… et qui lui disait de retourner auprès de Mizore. Et oui, il ne pouvait le nier… le schéma exactement inverse se produirait quand il serait avec Mizore… parce qu’elle est au contraire de Mila, une magnifique histoire, qu’il aimait d’un amour profond, tendre… et que sous ses baisers, il penserait que Mila ne l’égalait décidément pas.
    Et un jour, lorsqu’il serait persuadé qu’à jamais, il aimerait sa chanson…

    Les Muses lui diraient de laisser cet amour platonique guider ses vieux jours… Sauf Melpomène qui délicatement mais froidement, désignerait de sa main la consule de l’amour, murmurant d’une voix parfaitement claire : Retourne auprès d’elle.

    Il le savait. Jusqu’à la fin de son dernier souffle… il y aurait Mila… et il y aurait Mizore.

    Et c’était ça, cette lassitude qui l’obsédait. Le fait de savoir que toujours, son propre être, sa Tragédie… ne lui accorderait jamais le moindre repos.


    « Si tu savais, Genesis... Si tu savais comme j'aurais voulu ne t'avoir jamais rencontré... »

    C’était… décidément tout le problème. Il se détestait d’avoir rencontré chacune de ces nymphes… Elles lui faisaient mal et il leur en faisait bien davantage. Mila était blottie contre lui, venait de parler et il n’avait qu’une seule envie… l’embrasser et lui faire croire qu’ils allaient s’enfuir.

    Mais ce qu’ils avaient devant eux… c’était ce que le Consulat faisait de pire. Cette maison, ce cachot, était le symbole de sa main noire… Et tout se fait dans le secret le plus total.
    Il n’aurait pu lui dire à cette heure de peine mais elle en faisait partie, quoi qu’elle en pense… Les actes de Genesis et les siens… étaient à oublier comme on planque un cadavre.

    Personne ne devait l’apprendre.

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Woah.

C'est le premier mot qui vient quand on a fini de lire. Vous le savez, j'aime beaucoup vos styles respectifs, je suis toujours content de vous lire. Le truc dur, quand il y a deux très bons rpistes, c'est qu'aucun des deux ne fasse de l'ombre à l'autre...

Je vais faire ça en trois partie, l'intro, le reste et la fin.

Je vais commencer par les deux premiers posts, ceux qui introduisent le rp. C'est très bien, vraiment, c'est calme, une certaine lenteur très agréable. Genesis plante le décor et montre ce qu'il ressent à ce moment. Mila, elle, enchaîne en nous montrant comment ça se passe de son côté, plus libre, moins dérangée. Rien que ces deux posts valent la peine d'être lus tant tout est bien installé, vous laissez le temps au lecteur de s'imprégner de cette ambiance. On ne sait pas encore qui se passe, mais Mila lance le sujet juste quand elle fait parler son personnage. Pourquoi ils sont là ? Bien calculé. Je peux dire que ça commence gentiment, dans le très bon sens du terme.

Vient ensuite le moment où tout se lance, il y a cette tension toujours admirablement bien décrite aussi bien de la part de Genesis que de celle de Mila. Quand le tragédien accuse, on se demande de suite comment va s'en sortir Mila. On voit que la situation du début du rp jusque là, c'est Genesis qui la contrôle jusqu'à ce qu'on comprenne, en même temps que lui qu'en fait, il ne contrôle rien du tout. On ne comprend pas les personnages, on ressent clairement ce qu'ils ressentent à ce moment. L'envie que Genesis a de frapper Mila, le fait que ce soit une garce, ou même une traînée pour reprendre les mots du texte. On est vraiment habité par tous les sentiments décrits dans le rp, aucune mauvaise note, tout s'enchaîne dans une fluidité très subtile, très calculée sans qu'on ne se rendre compte de rien.

Vient alors l'étreinte, toujours cette tension qu'on subit, on veut voir la suite, on veut même que ça continue, j'en ai même oublié que je lisais, je voyais la scène devant moi, aussi clairement que lorsqu'on observe quelque chose. J'en suis même venu à retenir mon souffle, ou au moins à le ralentir tant j'ai vécu ça. On imagine la chaleur de l'étreinte, la brutalité, même le toucher, comme au moment où Genesis remarque la fleur de lys, la découverte du corps de Mila. Il y a un mot qui revient souvent, c'est « Passion ». Je n'ai pas fais que la ressentir, c'était bien plus que ça. Toujours les bons mots, le bons timing. Et vous le retranscrivez notamment par le fait qu'à ce moment donné, ni Mila, ni Genesis ne se contrôle. La passion c'est ça, la perte de pouvoir sur soi, être habités par des sentiments trop forts pour les retenir. Tout pourrait paraître malsain, mais non, là c'est de la passion, cruelle, douloureuse et enivrante. J'en suis arrivé à lâcher un soupir quand Genesis s'excuse, un de ceux qui veut dire « woah, magnifique. » C'est le première fois que je me dis ça en lisant un rp, même si j'en ai lu des géniaux auparavant.

Et puis cet ensemble de sentiments contradictoires qui s'entremêlent et s'entrechoquent, c'est d'une qualité irréprochable, vraiment. Le plus impressionnant, après coup, c'est de se rendre compte qu'absolument aucun passage n'est surjoué. C'est très dur de faire ressentir tout ça sans tomber dans l'excès. Vous jouez avec le lecteur, on ne s'attend à rien de ce qu'il va se passer. D'abord, c'est calme, puis vient le moment de l'accusation, on s'attend à une suite de débats avec des mots cinglants, un combat verbal bête et méchant. Mais non, le désir vient, on est emporté avec et ça s'arrête, brutalement sans que l'on trouve ça dommage. Ce que j'ai vraiment aimé, c'est le sentiment qui vient tout de suite après chez vos personnages. On a tous eu (ou presque) la même réaction, celui de remarquer ce qu'on vient de faire, sans comprendre pourquoi on l'a fait. Tout ce côté bestial, où l'on n'est plus humain, mais seulement désir...

Je ne vais pas trop parler de ça, mais je me retrouve là-dedans, pour l'avoir réellement vécu, cet interdit, cette envie de possession. D'être déchiré de laisser ça s'en aller. Ca a fait un vrai écho en moi. Mais ce n'est pas parce qui s'y passe, mais de la façon dont vous faites vivre ce moment. Ça explose de réalisme, j'en suis presque gêné...

J'ai vraiment aimé la façon dont le calme qui suit est arrivé. Plus de tabou, plus de honte ou de pudeur, ni même de haine. À ce moment, il redeviennent humains, simplement, comme des âmes qui se connaissent en se racontant de vieilles histoire, radotant le passé. C'est naturel, oui, ils ne se connaissent mal au début du rp, ou plutôt qu'une seule facette de l'autre, mais là, c'est la beauté à l'état pur. Les quelques minutes d'étreinte qui paraissent une heure et ensuite les heures qui défilent comme des secondes. En réalité, quand j'ai lu les deux posts où ils racontent leur vie, j'ai eu comme la sensation d'entendre des adieux, comme s'ils n'allaient plus jamais se revoir, qu'une vie se terminait. Il y a une tristesse qui n'est pas expliquée, mais que j'ai ressentie. Je ne sais pas si j'ai voulu, mais même si cette partie est plus calme, moins enflammée, elle est pour moi du même niveau.

Et la fin, avant même de lire les derniers post, on sait ce qu'il va se passer, pas dans le sens où c'est prévisible, mais juste inévitable. La passion a déjà laissé place à la Tragédie. Tout changera chez Mila et Genesis car pire que de ne pas se laisser tenter, ils vont devoir continuer sans pouvoir revivre ce qu'il s'est passé. Deux personnes qui se rencontrent au mauvais moment, j'ai trouvé ça triste qu'ils doivent se séparer, mais c'est ce qui fait la beauté de ce rp.

Au début, je devais simplement vous dire s'il y avait un lien-D, mais je ne pouvais pas ne pas commenter ce rp. Alors lien-D ? C'est tellement évident que je me sens bête de dire que oui, il y en a un. Pour moi, on pouvait déjà le voir au moment où Genesis dit qu'il aurait voulu ne jamais la connaître. Je vais pas l'expliquer, mais c'est là que j'en ai été sûr et de conclure par Mila qui le dit à son tour, c'est beau.

Et je vais conclure par quelque chose que je tiens à dire, aujourd'hui, je le dis sans hésitation, c'est le meilleur rp que j'ai lu.

Edit : je suis obligé de le mettre dans les évènements du monde et je conseille à tout le monde de lire ce rp.
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