Vyce Bozeck
Nom : Bozeck. Prénom : Vyce. Titre : Épopée du Ménestrel. Âge : Vingt ans. Camp : Consulat (fils d'Érato). Monde d'Origine : Cité des Rêves. Race : Artiste, car l'Art est un monde. Grade désiré : Ce que ça vaut. |
Cistre à la main, sis presque trop confortablement sur la balustrade de l'un des multiples bâtiments qui ceinturaient le parvis de Notre-Dame, tu chantais. Non, tu ne chantais pas, tu psalmodiais de la poésie à son état pur. Tu fredonnais, accompagné par la mélodie de ta guitare, les odyssées des plus grands héros que le macrocosme n'ait jamais portés. Tes syllabes quittaient ta bouche, virevoltaient dans les airs avant de s'infiltrer dans les oreilles des passants, les faisant parfois sourire, les agaçant parfois. Mais la réaction des gens bornés ne t'intéressait pas; seuls les visages comblés des quidams allègres suffisaient pour te faire planer. Au diable les imbéciles au regard austère! Qu'ils aillent pleurer leur malheur plus loin.
Je me souviens qu'à chaque fois où tu jouais, qu'à chaque fois où tu décidais de raconter des récits épiques avec ton cistre, le firmament se purifiait. Peut-être faisais-tu de la magie, peut-être manipulais-tu le climat, ou peut-être que même le ciel se plaisait à ouïr tes odes, car lorsque tu étais là, les nuages détalaient, la brume se dissipait et l'orage se calmait aussitôt. Je crois qu'à l'heure où je te parle, Notre-Dame-de-Paris n'est plus la même sans toi. Lorsque j'erre dans les rues et que je discute avec certains, j'ai l'impression qu'une constante monotonie plane sur la ville. Non... Cette perception doit être personnelle; je dois simplement beaucoup trop m'ennuyer de toi, et de ce que nous étions, ensemble. Mais passons.
Mais je me souviens, alors que des cheveux azurés dissimulaient ton regard de la même couleur, tu me pris par la main, non par la taille; était-ce par le bras? Je ne peux te dire. Mais tu m'as prise, tu m'as empoignée avec ta finesse coutumière. Tu as sifflé, et j'ai sifflé. Nos souffles communiaient ensemble, créant cette symphonie qui annonçait un de tes chants. Le parvis de Notre-Dame n'était plus le parvis de Notre-Dame, il était maintenant un champ de bataille des temps anciens; la cathédrale n'en était plus une, elle devenait une forteresse, un château protégé par des murs d'enceinte infranchissables; même les passants n'étaient plus des passants, car ils étaient maintenant des archers, des chevaliers, des portes-étendards et de fiers guerriers héroïques au regard de feu. C'était un don que tu avais, et j'ose espérer que tu as toujours. Ta musique, tes chants, ta poésie pourraient un jour changer le monde, tu sais?
Le vent s'éleva lentement, faisant valser le bandeau bleu et vert qui tenait ta chevelure en place. De fait, tous tes vêtements se mirent à bouger. Et comme ton accoutrement était bien loin d'être un juste-au-corps, nous avions tous l'impression de voir une véritable vaste de tissus bleus et verts qui, balancés par le vent, créaient un feu ardent aux nuances particulières. Mais malgré cette bourrasque froide et brutale, tu étais resté totalement immobile, et ton visage était demeuré serein. Car lorsque tu te laissais entraîner par les métaphores, les euphémismes, les oxymores et les pléonasmes chantés, tu entrais dans une ronde qui ne pouvait être cessée. Une ronde qui, à son tour, envoûtait les gens.
Puis tu t'es levé, délicatement et doucement, finement et lentement. Alors que la température s'apaisait mais que nous continuions de chantonner avec la même ferveur, certains passants ont pu entrevoir ta carrure. Je me souviens de tes monologues, Vyce, et je me souviens à la perfection de ce que tu m'as dit un jour sur les apparences. Pour toi, des muscles sur-développés et des corps d'athlète servaient à dissimuler une non-acceptation de soi. Peut-être était-ce absurde de songer d'une telle façon, et surtout peut-être était-ce stupide de boire toutes tes paroles, mais à présent, ce n'est plus important. Mais peu importe : de tous les musiciens que j'ai rencontrés, de tous les artistes que j'ai côtoyés, de tous les hommes que j'ai fait frétiller, tu me sembles être le seul qui a complètement accepté qui il était, et sans réticence : tu es frêle, svelte, loin de l'apparence des demi-dieux mystiques, mais tu es fièrement toi.
Le soleil commençait son atonique descente, peinturlurant la voûte de faisceaux orangés. La cathédrale elle-même paraissait être aspirée par ce panorama féérique qui, pourtant, survenait à chaque fin de journée. Tournée en direction de l'astre enflammé, elle observait ce dernier disparaître derrière les hautes édifices, s’égarant promptement derrière la façade de nombreux bâtiments du quartier résidentiel. Mais en dépit de ce décor mémorable, toi, tu ne lâchas même pas ta cistre et, alors que je me taisais drastiquement, tu te mis à chanter comme un authentique barde se devait de le faire. Ta voix, pourtant si douce, surpassait le tumulte cacophonique même du parvis. Peu à peu, certaines personnes se sont retournées en ta direction et, comme à l'accoutumée, furent estomaqués par le contraste de ta chétive stature et ta présence marquante. Était-ce là la preuve que les apparences n'étaient pas si cruciales?
L'habit ne fait pas le moine, et encore moins fait-il le ménestrel. Quoi qu'il en soit, alors que tu te retirais de cette balustrade qui te servait de trône, tu as cessé momentanément de chanter les exploits et les périples homériques pour me reprendre en main et te diriger vers le centre parfait de la place de la cathédrale. Au fil de tes pas aériens, si aériens qu'on aurait dit que tes pas ne contactaient jamais le sol, un sourire vint se croquer sur tes lèvres pincées, ce qui a fait plisser ton nez singulièrement fin, hérité certainement de ta mère. Ta peau presque lactescente s'empourpra légèrement, faisant ressortir tes dents presque diaphanes. Même si les apparences étaient secondaires pour toi, il me semble que tu étais tout de même doté de cette beauté et de charme qu'on ne trouve ailleurs, non pas parce que tu pouvais séduire toutes les dames d'un simple clin d’œil, mais ton charisme avait cette singulière capacité de permettre d'oublier un peu les soucis et de rendre les gens, à leur tour, heureux, comblés et ravis.
Tu demeurais imperturbablement souriant, mais alors se sont approchés des personnages ignobles. Dans leur regard, la jalousie, l'envie et la convoitise se lisaient aisément. Ils étaient... jaloux de ton talent et envieux de ton succès. De leur voix gravement hautaine, ils se sont mis à succéder une suite d'injures et d'insultes à ton propos. L'un d'entre eux tenta même de te heurter. Mais tu es resté calme, posé, et tu as continué de jouer de ton cistre comme si rien n'était. Mais ils ont renchéri. Et toi tu as demandé la cessation. Mais ils n'ont pas compris. Mais ils ont renchéri. Innocemment, encore et encore.
Tes doigts se sont soudainement démenés, comme épris d'une démence soudaine. La mélodie qui émanait de ta guitare prit une nuance endiablée, encore un peu plus épique. Et alors, devant tes yeux, le regard des envieux se teinta de panique. Prenant leur tête entre leurs mains, de puissantes céphalées et des engourdissements vinrent les frapper de plein fouet. Ils ont cru tout d'abord à une coïncidence, puis à un concours de circonstances, mais ils ont ultimement compris que c'était toi, le mythique, le prestidigitateur à la tête de cette douleur inopinée. Ils ont détalé comme de vulgaires criminels et toi tu as fermé les yeux; la symphonie de ton cistre reprit un tempo normal. Satisfait, tu as effleuré ma peau délicatement.
Je me souviens qu'à chaque fois où tu jouais, qu'à chaque fois où tu décidais de raconter des récits épiques avec ton cistre, le firmament se purifiait. Peut-être faisais-tu de la magie, peut-être manipulais-tu le climat, ou peut-être que même le ciel se plaisait à ouïr tes odes, car lorsque tu étais là, les nuages détalaient, la brume se dissipait et l'orage se calmait aussitôt. Je crois qu'à l'heure où je te parle, Notre-Dame-de-Paris n'est plus la même sans toi. Lorsque j'erre dans les rues et que je discute avec certains, j'ai l'impression qu'une constante monotonie plane sur la ville. Non... Cette perception doit être personnelle; je dois simplement beaucoup trop m'ennuyer de toi, et de ce que nous étions, ensemble. Mais passons.
Mais je me souviens, alors que des cheveux azurés dissimulaient ton regard de la même couleur, tu me pris par la main, non par la taille; était-ce par le bras? Je ne peux te dire. Mais tu m'as prise, tu m'as empoignée avec ta finesse coutumière. Tu as sifflé, et j'ai sifflé. Nos souffles communiaient ensemble, créant cette symphonie qui annonçait un de tes chants. Le parvis de Notre-Dame n'était plus le parvis de Notre-Dame, il était maintenant un champ de bataille des temps anciens; la cathédrale n'en était plus une, elle devenait une forteresse, un château protégé par des murs d'enceinte infranchissables; même les passants n'étaient plus des passants, car ils étaient maintenant des archers, des chevaliers, des portes-étendards et de fiers guerriers héroïques au regard de feu. C'était un don que tu avais, et j'ose espérer que tu as toujours. Ta musique, tes chants, ta poésie pourraient un jour changer le monde, tu sais?
Le vent s'éleva lentement, faisant valser le bandeau bleu et vert qui tenait ta chevelure en place. De fait, tous tes vêtements se mirent à bouger. Et comme ton accoutrement était bien loin d'être un juste-au-corps, nous avions tous l'impression de voir une véritable vaste de tissus bleus et verts qui, balancés par le vent, créaient un feu ardent aux nuances particulières. Mais malgré cette bourrasque froide et brutale, tu étais resté totalement immobile, et ton visage était demeuré serein. Car lorsque tu te laissais entraîner par les métaphores, les euphémismes, les oxymores et les pléonasmes chantés, tu entrais dans une ronde qui ne pouvait être cessée. Une ronde qui, à son tour, envoûtait les gens.
Puis tu t'es levé, délicatement et doucement, finement et lentement. Alors que la température s'apaisait mais que nous continuions de chantonner avec la même ferveur, certains passants ont pu entrevoir ta carrure. Je me souviens de tes monologues, Vyce, et je me souviens à la perfection de ce que tu m'as dit un jour sur les apparences. Pour toi, des muscles sur-développés et des corps d'athlète servaient à dissimuler une non-acceptation de soi. Peut-être était-ce absurde de songer d'une telle façon, et surtout peut-être était-ce stupide de boire toutes tes paroles, mais à présent, ce n'est plus important. Mais peu importe : de tous les musiciens que j'ai rencontrés, de tous les artistes que j'ai côtoyés, de tous les hommes que j'ai fait frétiller, tu me sembles être le seul qui a complètement accepté qui il était, et sans réticence : tu es frêle, svelte, loin de l'apparence des demi-dieux mystiques, mais tu es fièrement toi.
Le soleil commençait son atonique descente, peinturlurant la voûte de faisceaux orangés. La cathédrale elle-même paraissait être aspirée par ce panorama féérique qui, pourtant, survenait à chaque fin de journée. Tournée en direction de l'astre enflammé, elle observait ce dernier disparaître derrière les hautes édifices, s’égarant promptement derrière la façade de nombreux bâtiments du quartier résidentiel. Mais en dépit de ce décor mémorable, toi, tu ne lâchas même pas ta cistre et, alors que je me taisais drastiquement, tu te mis à chanter comme un authentique barde se devait de le faire. Ta voix, pourtant si douce, surpassait le tumulte cacophonique même du parvis. Peu à peu, certaines personnes se sont retournées en ta direction et, comme à l'accoutumée, furent estomaqués par le contraste de ta chétive stature et ta présence marquante. Était-ce là la preuve que les apparences n'étaient pas si cruciales?
L'habit ne fait pas le moine, et encore moins fait-il le ménestrel. Quoi qu'il en soit, alors que tu te retirais de cette balustrade qui te servait de trône, tu as cessé momentanément de chanter les exploits et les périples homériques pour me reprendre en main et te diriger vers le centre parfait de la place de la cathédrale. Au fil de tes pas aériens, si aériens qu'on aurait dit que tes pas ne contactaient jamais le sol, un sourire vint se croquer sur tes lèvres pincées, ce qui a fait plisser ton nez singulièrement fin, hérité certainement de ta mère. Ta peau presque lactescente s'empourpra légèrement, faisant ressortir tes dents presque diaphanes. Même si les apparences étaient secondaires pour toi, il me semble que tu étais tout de même doté de cette beauté et de charme qu'on ne trouve ailleurs, non pas parce que tu pouvais séduire toutes les dames d'un simple clin d’œil, mais ton charisme avait cette singulière capacité de permettre d'oublier un peu les soucis et de rendre les gens, à leur tour, heureux, comblés et ravis.
Tu demeurais imperturbablement souriant, mais alors se sont approchés des personnages ignobles. Dans leur regard, la jalousie, l'envie et la convoitise se lisaient aisément. Ils étaient... jaloux de ton talent et envieux de ton succès. De leur voix gravement hautaine, ils se sont mis à succéder une suite d'injures et d'insultes à ton propos. L'un d'entre eux tenta même de te heurter. Mais tu es resté calme, posé, et tu as continué de jouer de ton cistre comme si rien n'était. Mais ils ont renchéri. Et toi tu as demandé la cessation. Mais ils n'ont pas compris. Mais ils ont renchéri. Innocemment, encore et encore.
Tes doigts se sont soudainement démenés, comme épris d'une démence soudaine. La mélodie qui émanait de ta guitare prit une nuance endiablée, encore un peu plus épique. Et alors, devant tes yeux, le regard des envieux se teinta de panique. Prenant leur tête entre leurs mains, de puissantes céphalées et des engourdissements vinrent les frapper de plein fouet. Ils ont cru tout d'abord à une coïncidence, puis à un concours de circonstances, mais ils ont ultimement compris que c'était toi, le mythique, le prestidigitateur à la tête de cette douleur inopinée. Ils ont détalé comme de vulgaires criminels et toi tu as fermé les yeux; la symphonie de ton cistre reprit un tempo normal. Satisfait, tu as effleuré ma peau délicatement.
Caractère
Pendant que tes paroles s'envolaient au rythme des alizés, le brouhaha du parvis de Notre-Dame s'est tranquillisé, avant de devenir un silence profond, une quiétude nonpareille. Peu à peu, les passants, les marchands et des croyants des environs sont devenus aussi limpides que le verre. La cathédrale, dans un concert pyrotechnique, s'est estompée adagio, les autres bâtiments autour l'imitant aussitôt. Épris d'un spasme nerveux, la tension de tes mains s'est apaisée et tu m'as abandonnée. Je suis tombée sur le sol; la chute a semblé durer des millénaires, et le choc a été si brutal, si dur que j'ai presque senti ma structure fendre. Curieusement, tu ne t'es même pas abaissé pour me tendre la main, pour m'aider à me relever. Et je suis restée là, inerte et assommée, à observer la singulière scène qui se dessinait devant moi. À me demander pourquoi et pour quelles raisons tu n'étais pas là pour me permettre de me rapprocher de toi de nouveau. Toi qui, pourtant, était toujours dans les parages pour aider ceux qui le nécessitaient.
Soudainement, le ciel s'est couvert d'un manteau noir de jais et, un instant plus tard, une pluie torrentielle s'est abattue sur les vestiges de Notre-Dame-de-Paris; une pluie de larmes ébène. En quelques secondes, nous avons tous les deux été plongés dans l'obscurité la plus profonde, dans les ténèbres les plus noires. De nos corps émanaient une lumière inexplicable, comme deux lanternes au crépuscule. Mais malgré ces changements si drastiques et si incompréhensifs, tu n'as ni froncé le sourcil, ni détourné le regard. Ton visage est resté serein et placide, sans pour autant devenir impassible. On pouvait ressentir une certaine appréhension dans tes yeux, mais aucune angoisse évidente. Cette réaction était à ton image : tu n'avais jamais froid aux yeux, et ce même dans l'adversité, tu gardais toujours ton sang-froid.
Un flash lumineux nous a aveuglés, tous les deux. J'ai pris quelques secondes à me réhabituer à la noirceur, et quand j'ai enfin rouvert les yeux, nous étions tous les deux posés sur une grande plateforme scintillante qui brillait en plein cœur de ce trou noir. Mais nous n'étions à présent plus seul : une forme, au loin, est apparue graduellement. C'était une silhouette féminine. Au fur et à mesure qu'elle avançait, j'avais l'impression d'être submergée par sa présence et par son aura alors que toi tu tentais, et ce qu'avec tes yeux, de percer le mystère de cette dame. Elle ne s'était même pas encore présentée que tu essayais de la connaître. Pourquoi? J'en n'avais aucune idée, et même aujourd'hui, je n'arrive pas à cerner ce trait de caractère qui brille en toi. Pourquoi psychanalyser visuellement des inconnus d'une telle façon?
Lorsqu'elle a cessé de marcher, nous avons pu considérer la magnificence de cette demoiselle. Je me souviens qu'elle portait une longue toge blanche recouverte de roses et de myrtes, alors que dans ses mains trônait un lyre magique qui, pour des motifs mystiques, jouait seul. Elle a commencé à parler dans une langue qui nous était inconnue; malgré tout, nous avions l'impression de comprendre chacun des mots qu'elle disait. Chacun des syllabes nous envoûtaient, et toi encore plus. Comme à chaque fois que tu admirais l'art, ton âme s'était évaporée de ton corps, laissant derrière une carcasse vide qui était aspirée par les beautés qui se dressait devant elle. Je ne peux encore déterminer s'il s'agissait d'un défaut ou d'une faiblesse, mais cette passion pour tous les arts te mettait à nu, te rendais taciturne.
Elle a prononcé un son qui a fait écho : Érato. C'était son nom, et nous avons tous les deux compris qu'il s'agissait de ça. Nous n'avons pas posé de questions supplémentaires, mais je sais qu'intérieurement, tu te brûlais de l'interroger et de la bombarder de mille et une pensées. Mais tu as compris que tu devais rester calme et ton visage reprit sa nuance habituelle. Si un jour je te recroise, rappelle-moi de te dire de faire attention à tes fréquentations et à ta confiance... Tu l'accordes trop rapidement. Cette Érato aurait pu être une véritable démone qui ne voulait que ton âme, ou une sorcière qui ne voulait que ton malheur.
Mais heureusement, ce n'était pas le cas, car elle s'est présentée ensuite comme étant la muse de la poésie -et même la mère de cet art. Pendant plus d'une heure, elle parla d'individus que nous ne connaissions pas : Firion le poète, Genesis Rhapsodos le gardien des citée dorées du Consulat, Clio, Euterpe, Clopin... Tous ses noms nous échappaient. Qui étaient ces hommes, ces femmes, ces muses? Ni toi ni moi ne la savions à cette époque. Mais tu allais très bientôt en apprendre un peu plus sur le sujet. Parce que je le voyais bien dans tes yeux écarquillés que tu étais impatient de savoir qui étaient-ils et qui était-elle.
Mais la muse voulait-elle te connaître, elle? Voulait-elle connaître le jeune homme révolutionnaire qui lutte pour ses convictions lorsque celles-ci sont brimées? Voulait-elle connaître ce joueur de cistre qui n'avait nulle autre passion que les arts et la poésie? Voulait-elle vraiment percer le secret de cet artiste taciturne et naïf, mais au cœur vaillant? Peut-être bien. Mais seul l'avenir te l'a confirmé.
Soudainement, le ciel s'est couvert d'un manteau noir de jais et, un instant plus tard, une pluie torrentielle s'est abattue sur les vestiges de Notre-Dame-de-Paris; une pluie de larmes ébène. En quelques secondes, nous avons tous les deux été plongés dans l'obscurité la plus profonde, dans les ténèbres les plus noires. De nos corps émanaient une lumière inexplicable, comme deux lanternes au crépuscule. Mais malgré ces changements si drastiques et si incompréhensifs, tu n'as ni froncé le sourcil, ni détourné le regard. Ton visage est resté serein et placide, sans pour autant devenir impassible. On pouvait ressentir une certaine appréhension dans tes yeux, mais aucune angoisse évidente. Cette réaction était à ton image : tu n'avais jamais froid aux yeux, et ce même dans l'adversité, tu gardais toujours ton sang-froid.
Un flash lumineux nous a aveuglés, tous les deux. J'ai pris quelques secondes à me réhabituer à la noirceur, et quand j'ai enfin rouvert les yeux, nous étions tous les deux posés sur une grande plateforme scintillante qui brillait en plein cœur de ce trou noir. Mais nous n'étions à présent plus seul : une forme, au loin, est apparue graduellement. C'était une silhouette féminine. Au fur et à mesure qu'elle avançait, j'avais l'impression d'être submergée par sa présence et par son aura alors que toi tu tentais, et ce qu'avec tes yeux, de percer le mystère de cette dame. Elle ne s'était même pas encore présentée que tu essayais de la connaître. Pourquoi? J'en n'avais aucune idée, et même aujourd'hui, je n'arrive pas à cerner ce trait de caractère qui brille en toi. Pourquoi psychanalyser visuellement des inconnus d'une telle façon?
Lorsqu'elle a cessé de marcher, nous avons pu considérer la magnificence de cette demoiselle. Je me souviens qu'elle portait une longue toge blanche recouverte de roses et de myrtes, alors que dans ses mains trônait un lyre magique qui, pour des motifs mystiques, jouait seul. Elle a commencé à parler dans une langue qui nous était inconnue; malgré tout, nous avions l'impression de comprendre chacun des mots qu'elle disait. Chacun des syllabes nous envoûtaient, et toi encore plus. Comme à chaque fois que tu admirais l'art, ton âme s'était évaporée de ton corps, laissant derrière une carcasse vide qui était aspirée par les beautés qui se dressait devant elle. Je ne peux encore déterminer s'il s'agissait d'un défaut ou d'une faiblesse, mais cette passion pour tous les arts te mettait à nu, te rendais taciturne.
Elle a prononcé un son qui a fait écho : Érato. C'était son nom, et nous avons tous les deux compris qu'il s'agissait de ça. Nous n'avons pas posé de questions supplémentaires, mais je sais qu'intérieurement, tu te brûlais de l'interroger et de la bombarder de mille et une pensées. Mais tu as compris que tu devais rester calme et ton visage reprit sa nuance habituelle. Si un jour je te recroise, rappelle-moi de te dire de faire attention à tes fréquentations et à ta confiance... Tu l'accordes trop rapidement. Cette Érato aurait pu être une véritable démone qui ne voulait que ton âme, ou une sorcière qui ne voulait que ton malheur.
Mais heureusement, ce n'était pas le cas, car elle s'est présentée ensuite comme étant la muse de la poésie -et même la mère de cet art. Pendant plus d'une heure, elle parla d'individus que nous ne connaissions pas : Firion le poète, Genesis Rhapsodos le gardien des citée dorées du Consulat, Clio, Euterpe, Clopin... Tous ses noms nous échappaient. Qui étaient ces hommes, ces femmes, ces muses? Ni toi ni moi ne la savions à cette époque. Mais tu allais très bientôt en apprendre un peu plus sur le sujet. Parce que je le voyais bien dans tes yeux écarquillés que tu étais impatient de savoir qui étaient-ils et qui était-elle.
Mais la muse voulait-elle te connaître, elle? Voulait-elle connaître le jeune homme révolutionnaire qui lutte pour ses convictions lorsque celles-ci sont brimées? Voulait-elle connaître ce joueur de cistre qui n'avait nulle autre passion que les arts et la poésie? Voulait-elle vraiment percer le secret de cet artiste taciturne et naïf, mais au cœur vaillant? Peut-être bien. Mais seul l'avenir te l'a confirmé.
Histoire
Mais avant même que tu ne puisses ouvrir la bouche, elle a disparu dans un nuage de fumée avant de réapparaître sous la forme d'un grand feu de toutes les couleurs. Des centaines d'étincelles et de tisons se détachaient des flammes en permanence, créant dans ce néant un arc-en-ciel enflammé qui se consumait au fil des secondes. Inquiète, j'ai tenté de me reculer, mais mon corps n'écoutait pas mes implorations, ni même les cieux, et encore moins toi. Alors que j'ai voulu siffler pour t'avertir, Érato a interrompu mes vaines paroles... Son ton de voix était indescriptible, incroyablement fort mais incroyablement doux.
« Monde mort, empli d'ombres, aujourd'hui je meurs. »
Le feu s'est uniformisé, prenant la forme d'une muraille d'un grandeur impressionnante. Je pensais avoir tout vu, mais au même moment, des images continuellement en mouvement se dessinèrent sur ce mur flamboyant. Je t'ai reconnu immédiatement. Tu étais en plein centre d'une foule fourmillante, discutant et rigolant de bon cœur avec des gens à l'apparence on-ne-peut-plus curieuse. Je me souviens de ce moment... C'est à cet endroit que nous nous sommes rencontrés, Vyce. Alors que je dormais sur le plancher froid, tu es venu et tu m'as prise par la taille et tu m'as fait danser dans les airs, comme les couples les plus heureux. C'était à la Cour des miracles de la ville-lumière, et seul Dieu sait à quel point ce moment sera toujours gravé à l'intérieur de moi. À partir de cet instant, ton nom s'est gravé sur ma peau, et il y est toujours, quelque part derrière l'usure et la vieillesse qui me rongent les entrailles.
En moins de deux, tu t'étais métamorphosé du tout au tout. Tu étais passé d'un bohème à l'accoutrement coloré aux vêtements maculés et lacérés des gens pauvres et malades de la Cité des Rêves. Et puis tu avais abandonné les lieux et tous tes amis derrière toi, tout en me conservant près de toi. Ensemble, nous nous sommes rendus sur le parvis de Notre-Dame et nous avons, en chœur, sifflé. Tu as ensuite chanté des exploits et des louanges alors que je te regardais silencieusement agir. Comme un véritable comédien, tu faisais mine de vivre dans une misère massacrante. Les plus nantis de Paris passaient près de toi sans même te regarder, mais les pères et mères de famille ne pouvaient s'empêcher de lancer quelques centimes pour te permettre de subsister dans la masse... Je me souviens comme si c'était hier, c'était ainsi que tu vivais, comme un faux mendiant, un faux grièvement malade, un faux... pauvre.
La muraille de feu s'est alors excitée, prenant la forme d'une rapière à la lame interminable. Les images se turent quelques instants, mais nous avons promptement revus le décor de la Cour des miracles s'esquisser devant nos yeux. Toi, à mes côtés, tu restais encore une fois impassible, dissimulant ta probable nostalgie. Mais tes yeux témoignèrent d'une certaine terreur quand tu as vu la Cour des miracles être assaillie par les sbires de Frollo. Les bohémiens fuyaient, les gitans criaient, mais toi, tu étais resté immobile, les deux biens ancrés dans le sol. Tu regardais tes propres amis être arrêtés, brutalisés et brusqués par ces militaires sans cœur et sans art. Ils t'ont gentiment demandé de bouger... Et tu n'as rien fait. Ils t'ont poussé, mais tu as repris place. Un soldat parmi tant d'autres t'a empalé de son épée, et tu es tombé. Non pas lâchement. Tu es tombé comme un guerrier. Et la dernière chose que tu as vue avant de fermer les yeux, c'était le visage d'une femme... Une femme que tu ne connaissais pas, mais que tu craignais déjà. Tu m'as empoignée, et j'ai senti tranquillement ta main s'attendrir.
« Monde sombre, empli d'ombres, aujourd'hui je brille. »
L'épée de feu a cette fois pris une forme distincte... Une étoile, un pentacle, planant au milieu des ténèbres qui nous encerclaient. Je n'ai pas osé te regarder, et j'ai plutôt plongé mon regard dans le film qui continuait de défiler devant moi. Cette fois-ci, je t'ai vu te réveiller difficilement dans une résidence toute autre. Autour de toi, des gitans que tu connaissais bien avaient pris soin de toi. Tu as essayé de te relever, mais une douleur atroce t'embrasait au bas du ventre. Tu as baissé le regard, et tu as vu un bandage recouvert de ton propre sang, mais tu n'as pas daigné le fixer longuement. Tu as préféré lever les yeux et remercier ceux qui se trouvaient autour de toi pour la vie qu'ils venaient de sauver.
L'image au travers les flammes se dissipa dans le feu, avant de réapparaître. Il m'a semblé me souvenir de ce jour-là, quand tu as ultimement décidé d'abandonner ton lit d'infortune pour retrouver les vestiges de la Cour des miracles, avec moi. Des gardes étaient installés un peu partout autour des lieux, mais tu es parvenu à te faufiler... Plus rien n'était comme avant. L'endroit était horriblement désert, et on avait saisi tous les costumes, tous les accessoires, tous les instruments de musique... Comment des hommes pouvaient-ils avoir l'audace d'agir aussi ignoblement envers des êtres pourtant si innocents?
Mais tu n'allais pas laisser les sous-fifres insipides de Frollo perpétuer leur catastrophe. Dans l'ombre de la nuit, au travers l'obscurité des plus sombres ruelles, tu as tenté de réunir les bohémiens, les gitans et les marginaux encore affranchis de la justice. Tu as organisé une grande rencontre dans laquelle tu voulais la guerre contre Frollo. Dans laquelle tu disais que les Arts et les Différences ne devraient pas scinder un peuple. Je crois que c'est à cet instant que tu es devenu l'homme que tu es aujourd'hui. Tu es devenu l'artiste révolutionnaire, celui qui se bat pour sa passion, celui qui lutte pour ses principes. Celui qui, en dépit d'une naïveté toujours présente, fait preuve d'un désintéressement marqué.
Était-il stupide de croire en la beauté et en la cohérence de ton plan? Non. Était-il stupide de croire en la concrétisation de ton plan? Sans vouloir être pessimiste ou faire preuve d'une déplorable défaitisme, je n'y ai jamais cru. Et puis les gardes ont été avertis par un traître du groupe et tu as été arrêté, puis envoyé dans les profondeurs des cachots de la Cité des Rêves. Était-ce la fin? Non, et ça j'en étais assurée.
« Monde libre, empli d'éclats, aujourd'hui je vis. »
Alors que le feu s'était complètement éteint pendant l'interstice d'une seconde, les flammes sont revenus brutalement, d'autant plus violentes et irrégulières. Au travers la démence enflammée qui s'épanouissait, j'ai aperçu des visages qui m'étaient inconnus mais curieusement familiers. J'ai su plus tard que j'avais épié le faciès de Genesis Rhapsodos et des autres hérauts du Consulat. Mais à cette époque, je ne savais pas où Érato voulait en venir. Pourquoi exhibait-elle le regard de gens qui me laissaient avec une telle indifférence? Mais j'ai compris... Compris très rapidement où elle voulait en venir.
Le dernier visage s'estompa derrière une envolée d'étincelles. Aveuglés, nous n'avons même pas vu le feu se mouvoir violemment pour prendre la forme d'un cistre... De ton cistre. Nous avons pu contempler, avec une certaine admiration et un certain contentement coupable, le déclin de l'empire de Frollo, l'arrivée du Consulat, le retour aux arts, le retour à la liberté... Je me souviens qu'au moment où tu as vu toutes ces images, tu m'as prise et tu t'es retourné sans même saluer la muse qui t'avait chaleureusement accueilli. Lorsque tu es arrivé à la fin du plateau, le décor de la Cité des Rêves réapparut graduellement. Tu as marché la tête haute, dans le silence et le sérénité, jusqu'à atteindre les quartiers du Consulat.
J'y suis allée aussi, avec toi. Mais il faut dire que, à l'heure où je te raconte tout ça, je suis assez jalouse du cistre. Lui, il t'accompagne partout alors que tu me laisses maintenant traîner au fond d'un tiroir de ta tour. Mais je ne peux vraiment t'en vouloir, car je sais que cet amour était impossible. Dis-moi comment un homme aussi sensé que toi peut éprouver des sentiments envers une simple flûte traversière?
« Monde mort, empli d'ombres, aujourd'hui je meurs. »
Le feu s'est uniformisé, prenant la forme d'une muraille d'un grandeur impressionnante. Je pensais avoir tout vu, mais au même moment, des images continuellement en mouvement se dessinèrent sur ce mur flamboyant. Je t'ai reconnu immédiatement. Tu étais en plein centre d'une foule fourmillante, discutant et rigolant de bon cœur avec des gens à l'apparence on-ne-peut-plus curieuse. Je me souviens de ce moment... C'est à cet endroit que nous nous sommes rencontrés, Vyce. Alors que je dormais sur le plancher froid, tu es venu et tu m'as prise par la taille et tu m'as fait danser dans les airs, comme les couples les plus heureux. C'était à la Cour des miracles de la ville-lumière, et seul Dieu sait à quel point ce moment sera toujours gravé à l'intérieur de moi. À partir de cet instant, ton nom s'est gravé sur ma peau, et il y est toujours, quelque part derrière l'usure et la vieillesse qui me rongent les entrailles.
En moins de deux, tu t'étais métamorphosé du tout au tout. Tu étais passé d'un bohème à l'accoutrement coloré aux vêtements maculés et lacérés des gens pauvres et malades de la Cité des Rêves. Et puis tu avais abandonné les lieux et tous tes amis derrière toi, tout en me conservant près de toi. Ensemble, nous nous sommes rendus sur le parvis de Notre-Dame et nous avons, en chœur, sifflé. Tu as ensuite chanté des exploits et des louanges alors que je te regardais silencieusement agir. Comme un véritable comédien, tu faisais mine de vivre dans une misère massacrante. Les plus nantis de Paris passaient près de toi sans même te regarder, mais les pères et mères de famille ne pouvaient s'empêcher de lancer quelques centimes pour te permettre de subsister dans la masse... Je me souviens comme si c'était hier, c'était ainsi que tu vivais, comme un faux mendiant, un faux grièvement malade, un faux... pauvre.
La muraille de feu s'est alors excitée, prenant la forme d'une rapière à la lame interminable. Les images se turent quelques instants, mais nous avons promptement revus le décor de la Cour des miracles s'esquisser devant nos yeux. Toi, à mes côtés, tu restais encore une fois impassible, dissimulant ta probable nostalgie. Mais tes yeux témoignèrent d'une certaine terreur quand tu as vu la Cour des miracles être assaillie par les sbires de Frollo. Les bohémiens fuyaient, les gitans criaient, mais toi, tu étais resté immobile, les deux biens ancrés dans le sol. Tu regardais tes propres amis être arrêtés, brutalisés et brusqués par ces militaires sans cœur et sans art. Ils t'ont gentiment demandé de bouger... Et tu n'as rien fait. Ils t'ont poussé, mais tu as repris place. Un soldat parmi tant d'autres t'a empalé de son épée, et tu es tombé. Non pas lâchement. Tu es tombé comme un guerrier. Et la dernière chose que tu as vue avant de fermer les yeux, c'était le visage d'une femme... Une femme que tu ne connaissais pas, mais que tu craignais déjà. Tu m'as empoignée, et j'ai senti tranquillement ta main s'attendrir.
« Monde sombre, empli d'ombres, aujourd'hui je brille. »
L'épée de feu a cette fois pris une forme distincte... Une étoile, un pentacle, planant au milieu des ténèbres qui nous encerclaient. Je n'ai pas osé te regarder, et j'ai plutôt plongé mon regard dans le film qui continuait de défiler devant moi. Cette fois-ci, je t'ai vu te réveiller difficilement dans une résidence toute autre. Autour de toi, des gitans que tu connaissais bien avaient pris soin de toi. Tu as essayé de te relever, mais une douleur atroce t'embrasait au bas du ventre. Tu as baissé le regard, et tu as vu un bandage recouvert de ton propre sang, mais tu n'as pas daigné le fixer longuement. Tu as préféré lever les yeux et remercier ceux qui se trouvaient autour de toi pour la vie qu'ils venaient de sauver.
L'image au travers les flammes se dissipa dans le feu, avant de réapparaître. Il m'a semblé me souvenir de ce jour-là, quand tu as ultimement décidé d'abandonner ton lit d'infortune pour retrouver les vestiges de la Cour des miracles, avec moi. Des gardes étaient installés un peu partout autour des lieux, mais tu es parvenu à te faufiler... Plus rien n'était comme avant. L'endroit était horriblement désert, et on avait saisi tous les costumes, tous les accessoires, tous les instruments de musique... Comment des hommes pouvaient-ils avoir l'audace d'agir aussi ignoblement envers des êtres pourtant si innocents?
Mais tu n'allais pas laisser les sous-fifres insipides de Frollo perpétuer leur catastrophe. Dans l'ombre de la nuit, au travers l'obscurité des plus sombres ruelles, tu as tenté de réunir les bohémiens, les gitans et les marginaux encore affranchis de la justice. Tu as organisé une grande rencontre dans laquelle tu voulais la guerre contre Frollo. Dans laquelle tu disais que les Arts et les Différences ne devraient pas scinder un peuple. Je crois que c'est à cet instant que tu es devenu l'homme que tu es aujourd'hui. Tu es devenu l'artiste révolutionnaire, celui qui se bat pour sa passion, celui qui lutte pour ses principes. Celui qui, en dépit d'une naïveté toujours présente, fait preuve d'un désintéressement marqué.
Était-il stupide de croire en la beauté et en la cohérence de ton plan? Non. Était-il stupide de croire en la concrétisation de ton plan? Sans vouloir être pessimiste ou faire preuve d'une déplorable défaitisme, je n'y ai jamais cru. Et puis les gardes ont été avertis par un traître du groupe et tu as été arrêté, puis envoyé dans les profondeurs des cachots de la Cité des Rêves. Était-ce la fin? Non, et ça j'en étais assurée.
« Monde libre, empli d'éclats, aujourd'hui je vis. »
Alors que le feu s'était complètement éteint pendant l'interstice d'une seconde, les flammes sont revenus brutalement, d'autant plus violentes et irrégulières. Au travers la démence enflammée qui s'épanouissait, j'ai aperçu des visages qui m'étaient inconnus mais curieusement familiers. J'ai su plus tard que j'avais épié le faciès de Genesis Rhapsodos et des autres hérauts du Consulat. Mais à cette époque, je ne savais pas où Érato voulait en venir. Pourquoi exhibait-elle le regard de gens qui me laissaient avec une telle indifférence? Mais j'ai compris... Compris très rapidement où elle voulait en venir.
Le dernier visage s'estompa derrière une envolée d'étincelles. Aveuglés, nous n'avons même pas vu le feu se mouvoir violemment pour prendre la forme d'un cistre... De ton cistre. Nous avons pu contempler, avec une certaine admiration et un certain contentement coupable, le déclin de l'empire de Frollo, l'arrivée du Consulat, le retour aux arts, le retour à la liberté... Je me souviens qu'au moment où tu as vu toutes ces images, tu m'as prise et tu t'es retourné sans même saluer la muse qui t'avait chaleureusement accueilli. Lorsque tu es arrivé à la fin du plateau, le décor de la Cité des Rêves réapparut graduellement. Tu as marché la tête haute, dans le silence et le sérénité, jusqu'à atteindre les quartiers du Consulat.
J'y suis allée aussi, avec toi. Mais il faut dire que, à l'heure où je te raconte tout ça, je suis assez jalouse du cistre. Lui, il t'accompagne partout alors que tu me laisses maintenant traîner au fond d'un tiroir de ta tour. Mais je ne peux vraiment t'en vouloir, car je sais que cet amour était impossible. Dis-moi comment un homme aussi sensé que toi peut éprouver des sentiments envers une simple flûte traversière?
Questions
1) Votre personnage est-il capable d’aimer, d’avoir une relation?
Ouais, c'est un artiste, et tous les artistes vivent d'amour et d'eau fraîche (préjugé).
2) Si l’esprit de votre personnage s’incarnait en un animal mythologique ou chimérique ou réel (nuances acceptées). Que serait-il?
Quelque chose de classe... Genre un aigle. Ou plutôt un chat : calme, aime jouer, naïf...
3) Qu’en est-il de la fidélité et de l’esprit de camaraderie de votre personnage?
Il est fidèle envers... pas mal tous ceux qui le veulent. Un peu naïf, malheureusement.
4) En vue de votre race, quand pouvez-vous dire que votre personnage a forgé une amitié. Citez quelques unes de vos relations amicales.
Les membres du Consulat, ses compagnons de la cour des miracles.
5) Quelle est la devise de votre personnage? S'il y en a plusieurs, donnez les toutes.
« Je n'ai aucun amour pour la guerre, mais je préfère vivre debout plutôt qu'à genoux. »
6) Vis à vis de votre façon d'écrire, quels sont vos points fort et points faibles?
Je pourrais très bien mettre une barre et ne rien répondre. Mais j'en n'ai pas envie.
7) Pourquoi incarner ce personnage?
Opportunité d'écrire en narration interne, amour pour le Consulat, ... épuisé des héros à la con.