• Une chaloupe en pleine mer, il faisait déjà nuit depuis quelques heures. Mis à part le croissant de lune, la seule source de lumière était une simple lampe à huile accrocher à la coque. Une bien sombre nuit pour s'aventurer si loin de la terre ferme sur une telle embarcation. Il était difficile de voir son visage, il faisait bien trop sombre mais on devinait qu'il faisait de la pêche. C'était vraisemblablement la solitude ainsi que la tranquillité qu'il était venu chercher en ces eaux profondes. Cela faisait bien trois heures qu'il était là et pourtant, pas la moindre brise. Il ne bougeait presque jamais, comme s'il était endormi. Sa respiration était au ralenti, même quand un chant s'est élevé dans les airs, il n'a pas bougé le petit doigt. Si son souffle était inaudible, il serait passé pour mort. Mais le chant se faisait de plus en plus oppressant, on ne pouvait pas l'ignorer et c'est la que l'homme a commencé à bouger, se rapprochant de la surface de l'eau. Il se penchait dangereusement, comme s'il n'avait jamais entendu ces légendes. Celles d'hommes disparus en pleines mer après avoir été envouté par une chanson. Il allait donc mourir dans l'ignorance, c'était dommage à voir.

    Il se rapprochait encore un peu plus, le visage touchant presque l'eau tellement il en était proche. Une main venait de sortir de l'eau, la main d'une femme qui caressait la joue de l'homme. Elle l'attrapa au col avant de le plonger dans l'eau. Attrapé ! La créature hybride d'est cette sirène venait de se faire piéger. Elle venait littéralement de mordre à l'hameçon ! Un homme qui était couché dans la chaloupe se releva tout en restant assis. Il tremblait un peu, pas à cause du froid mais se trouver ici, entourer par de l'eau à perte de vue. Il leva sa main droite d'un coup sec, il y avait une sorte de fil qui partait de son index. Pas une corde, un fil d'énergie, c'était le lien qu'il avait avec l'homme sous l'eau. Très vite, la personne remontait à la surface, comme on remonte un poisson. Mauvaise surprise, la sirène avait lâché l'affaire. Le peintre était énervé, il avait peur de l'eau et ce qu'il venait de faire n'avait pas marché, ce n'était pas son jour. Il n'entendait rien et ça le troublait d'autant plus, mais il ne pouvait pas se permettre de retirer les bouchons qu'il avait dans les oreilles. Il n'était pas suicidaire et n'allait pas penser à ça avant un moment. Rien que l'idée de se pencher pour voir s'il y avait des sirènes lui donnait des nausées.

    Il regardait ce qu'il venait de remonter des profondeurs. Il s'était donné beaucoup de mal pour créer une marionnette qui ait une apparence si humaine que faire la différence relèverait du miracle. C'était l'une des première fois qu'il s'essayait à la manipulation de ce genre d'outil, il pouvait en créer grâce à sa peinture mais il n'était pas encore très doué. Sa manipulation du psychisme, en revanche, était tellement subtile que cela ne lui avait pas fait dépenser beaucoup d'énergie. Seulement, la déception était toujours là quand il regardait sa création retourner au rêve. Il avait le regard vide, regardant le fond de la barque sans faire attention à rien. Il se déconnectait de la réalité, ça permettait à la peur de ne pas avoir d'emprise sur lui. Peut-être était-ce l'inverse, la peur avait tellement d'emprise qu'il en était déconnecté ?

    Une baffe, il fallait bien ça pour revenir à la réalité, même si celle si avait été donné par une nageoire. La sirène semblait ne pas avoir aimé ce qu'il venait d'arriver et elle n'était pas seule. Encore une, puis deux presque une dizaine avant qu'Ukiyo puisse se défaire de cette attaque infernale. Il venait de se rallonger dans le fond de la barque. Il gardait les yeux bien ouvert pour voir le moindre mouvement. Prié de l'ouïe, il était facilement déboussolé. Il ne pouvait compter que sur la vision et son instinct, ce que certains appellent la chance. Mais le peintre savait absolument quoi faire. Il était allongé sur le dos, les bras le long de son corps, il ne voulait pas trop bouger pour éviter de faire tangue la barque. Mais les sirènes n'étaient pas de cet avis, elles donnaient de nombreux coups sur la chaloupe. Elles essayaient vraisemblablement de le faire passer par dessus bord. Peut-être qu'elles chantaient encore, qu'elles hurlaient, impossible à savoir, Ukiyo n'attendait qu'une chose. Ce n'était pas pour le Consulat qu'il était là, il aurait refusé de suite une telle mission.

    Maintenant ! Une sirène venant de sauter par dessus la chaloupe. Le peintre venait de tendre les bras dans sa direction. Pas pour l'attraper de ses mains, mais grâce à son psychisme, il était fier d'avoir réussi. La sirène se débattait dans le vide et Ukiyo la fit tomber sur la barque. Il l'attrapa dans son dos, toujours couché plaçant son pinceau sur son coup. S'il avait assez de Force, il pourrait lui briser la nuque. Mais ce n'était pas Jecht, juste un peintre qui était capable d'égorger avec un pinceau. Il n'allait pas la laisser partir si facilement, il n'était pas venu pour rien.

    -Calmez-vous !

    Paroles bien inutile, elle ne faisait que gigoter. Une vraie plaie alors que le but n'était pas de lui faire du mal. Mais l'hybride commençait à ne plus se débattre, son coeur commençait à ne plus battre alors qu'elle venait à peine de sortir de l'eau. Une sirène, en temps normal pouvait tenir bien plus longtemps que ça. Les autres n'attaquaient plus, certainement par peur que l'une des leurs périssent. Tout le monde avait peur à cet instant, c'était indéniable.

    -J'ai quelque chose à vous proposer, je ne veux de mal pour aucune d'entre vous.

    D'un seul coup, le coeur se remit à battre, c'était l'oeuvre d'Ukiyo. Avec son esprit, il avait été capable de comprimer suffisamment cet organe pour qu'il ne puisse plus remplir son rôle. Le peintre, peut-être trop confiant laissa la créature retourner en mer, aucune ne bougeaient. Elles avaient tous un visage d'ange, de véritables beautés comme Ukiyo aimerait en peindre. Il avait cependant l'impression de voir un remake, il allait faire la même chose qu'avec les hyènes, passer un pacte. Mais là, il était pressé, il avait un léger mal de mer. Mais il était content de ne pas être plus malade vu sa phobie.

    -Ce n'est pas pour tout de suite, mais je vais avoir besoin de vous.

    Les sirènes se regardaient les unes après les autres avant que l'une d'elles se mette à parler.

    -Pourquoi ça ?

    -Oh, je dirais que nous avons des plans où vous serez sans doute utiles. On pourrait très bien avoir besoin de vous près de la terre ferme.

    -On ne va jamais là-bas, on est pas assez fortes et ils sont trop nombreux.

    -Il doit avoir des moyens d'y remédier. Si vous êtes carnivores, je peux amener de la viande. Un navire où les hommes sont déjà prêt à tomber à l'eau. Vous n'aurez même pas à les charmer, ça ira plus vite.

    Encore une fois, elles se regardaient tous. C'est vrai qu'il était rares qu'elles attaquent quand il y a beaucoup de monde. Alors devoir se partager la nourriture était un fardeau. Mais là, on leur proposait de la viande à volonté. Peut-être qu'elles désiraient d'autres choses également mais cela devrait suffire pour l'instant. Mais elles ne répondaient pas malgré une mine assez réjouie, le peintre perdait déjà patience.

    -Alors mesdames ?

    -Nous allons y réfléchir.

    Sans que le songe ne puisse répondre, elles étaient déjà partie. Autant il était sûr qu'elles allaient dire oui il y a deux secondes, que maintenant il doutait. Mais rester en mer ne changerait rien. Elles devaient attendre un geste de bonté, pour prouver que ce qu'il disait était vrai. Honnêtement, il ne voulait pas le faire mais s'il le fallait, il le ferait. Pour le moment, partir de là était sa seule préoccupation.