- « C’est ici. »
Il s’approcha silencieusement, le soleil n’était pas encore tout à fait couché, il devait être 18 :00, dans ces zones. Ses rayons éclairaient une tombe, ou plutôt un mausolée sur laquelle était gravée des symboles gitans qu’il ne comprenait que parce qu’on lui avait expliqué au préalable.
« Vous devriez vous reculer, Dame Rivy. »
Il la regarda quelques secondes, le visage neutre… Rivy, la fille de la danse, la seule femme au monde qu’il appelait « Dame » et sans véritable explication. Ce fut le fruit du hasard qui, lors de leur rencontre, l’incita à l’appeler « Dame Rivy » et non autrement. La coutume s’était incrustée dans sa mémoire et rares étaient les fois où il la tutoyait.
Il posa ses mains fermement sur le couvercle du mausolée et força, insista et s’appuya dessus pour que finalement celle-ci cède, il la déplaça sans trop d’efforts et ouvrit assez grand la tombe pour qu’ils puissent passer tous les deux. Sauf erreur, même lui savait que cela était une profanation de tombes mais c’était aussi leur accès à la Cour des Miracles mais avant… Ils devaient franchir les catacombes.
Il n’était pas un poltron, aussi enjamba-t-il le premier la tombe avant de descendre des marches doucement pour arriver en plein dans les catacombes. Il se retourna et tendit sa main à Rivy pour l’aider poliment à descendre sans risquer de tomber à cause de l’obscurité du moment. Elle prit sans détour cette main même si tout deux devaient se douter qu’elle ne tomberait pas. Elle était la danseuse du Consulat, celle dont les pas étaient les plus aériens, en fait chacun de ses gestes étaient d’une très grande beauté. Genesis la regarda quelques secondes, elle était habillée d’une belle robe et… Ne portait évidemment pas de chaussures. En tant qu’homme, il devait bien avouer qu’elle était très belle, qu’elle avait tout pour plaire et que si elle l’avait voulu, elle aurait probablement pu obtenir l’amour de la presque totalité des hommes des Citées dorées du Consulat. Celui qui gagnerait son cœur aurait beaucoup de chances et aurait de quoi se vanter… En contre partie, il serait juste surveillé et pisté par le Consulat. Il n’était pas son chef mais il estimait qu’il avait une certaine responsabilité envers elle comme envers tous les Consuls… Et il ne tolérait pas qu’un mal leur soit fait.
Les deux consuls tentèrent de voir ce qu’étaient vraiment les catacombes mais il faisait si noir qu’ils ne voyaient à peine et que grâce à la lumière du jour qui pénétrait dans l’endroit. Genesis tendit la main gauche, s’éloignant un peu de Rivy… Il chargea sa paume de l’énergie du feu et produit un brasier mais qui resta immobile, quelques centimètres au-dessus de sa paume tendue. Un brasier continu directement lié à son énergie magique, de quoi brûler une grande partie de son énergie, en somme. La flamme était grande et produisait une lumière incroyable, ouvrant aux consuls un panorama de l’endroit. Des centaines de crânes et de squelettes étaient rangés de part et d’autre du chemin et tout le long de celui-ci… Il guetta un bâton qui pourrait faire office de torche mais ne vit rien… Que des crânes et ce chemin en dalles. Il se tourna vers Rivy tout en laissant un sourire de « allez courage ! » se dessiner sur son visage.
« Ca va aller ? »
Il lui laissa quelques secondes avant de lui faire un signe de tête, en guise de départ et ils commencèrent à marcher à bon pas, à travers ces catacombes. Il devait bien avouer qu’il regrettait de ne pas la connaître plus, de ne pas savoir ce qu’elle déteste (hormis les chaussures et les transports en commun) et ce qu’elle aime (si ce n’est les chocobos, le cirque, la danse et les pommes). Jusque là, ils n’avaient pas beaucoup parlé. Dans son propre vaisseau gummies, il devait bien avouer qu’il était tout juste un assez bon conducteur pour manœuvrer son vaisseau, alors s’il se déconcentrait pour parler… L’accident était garanti. Néanmoins, il n’oublierait pas son visage quand il lui avait dit qu’il avait un vaisseau… C’était comme annoncer à un enfant qu’il n’irait pas à l’école parce que pas de chance, la neige a bloqué la voiture du papa.
Mais là connaître mieux, c’était l’une des trois raisons et la principale qui l’avait poussé à lui proposer cette mission, ce matin même. En fait, elle serait clairement l’atout majeur pour l’accomplissement de cette mission et il ne doutait pas de sa capacité à égayer. Jusque là, elle était une de ses « favorites » en terme de missions. Quoi qu’elle fasse, elle répandait une bonne humeur et un amour pour l’art dans les mondes. A chaque fois qu’il lui avait demandée de danser pour un public, on lui avait dit après coup du grand bien de sa prestation.
La seule personne à ne pas savoir que les pas et les gestes de Rivy Pikina étaient légendaires dans les Citées Dorées du Consulat… C’était Rivy Pikina. Il veillait plus que possible à ce qu’elle fasse des choses qui lui plaisent.
« Quand nous y serons, les bohémiens devraient être déjà tous là. Il faudra se détendre, se mettre dans l’ambiance et nous laisser porter par leurs coutumes. Mais si la moindre chose ne va pas, de votre côté, n’hésitez surtout pas à me le dire aussitôt. »
Pour la première partie du message, c’était plus à lui de faire attention… Toujours sérieux, souvent sévère, en permanence dans son caractère de Tragédien. S’il ne s’appliquait pas à se faire apprécier par des gens d’une toute autre condition que lui, sa mission serait un échec et il aurait à se reposer sur Rivy. S’il avait un regret pour cette mission, c’était vis-à-vis de lui… Firion, nouvel arrivé, aurait été la meilleure carte à jouer pour l’occasion. Mais pour… Un certain projet, il devait s’en occuper, bien que cela l’attristait. Car quand il aurait à leur parler… A leur proclamer ses paroles… Il serait seul.
Jusque là… La Cour des Miracles restait un endroit dangereux, abritant des criminels… Soit.