- Comme dirait le titre, c'était effectivement déprimant. L'archevêque du Santcum n'avait tout d'abord pas vraiment eu d'idées précises quant à occuper sa journée. Il aurait pu rester au Domaine Enchanté au moins une fois, mais il fallait croire que ce lieu n'avait aucun intérêt pour lui. Il en avait vite fait le tour et ses matinées brumeuses finissaient encore et toujours plus déprimantes les unes que les autres. On y trouvait pas toujours quelque chose à faire et la calme dévotion des lieux enfermait petit à petit les esprits dans une brume aussi physique que celle qui imprégnait les lieux. Comparé à cela la Cité des Rêves avait quelque chose de beaucoup plus... familier ? Ce devait être cela, familier, oui. Quand on retournait ns ce monde de naissance et qu'il n'avait pas changé, cela faisait toujours un pincement au cœur. Voir que tout ce qui nous avait fait le quitter était comme disparu. Ce parvis, la dernière fois que Fabrizio l'avait vu, était sous la pâle aurore un paysage de mort.
Cette fois, c'était évidemment comme si rien n'avait eu lieu. Le soleil, haut dans le ciel éclairait la haute cathédrale de pierre dont toutes les gravures, figées dans une patience éternelle, attendaient comme le moment de se réveiller. Glauque comme pensées. Mais il fallait bien dire que ces statues de pierres inexpressives figées dans un long sommeil de pierre avaient tout ce qu'il y... avait de plus étrange. Fabrizio n'y avait jamais pensé en fait, et Dieu seul savait combien de fois il avait pu regarder cette cathédrale en face. Flanquée de ses deux immenses beffrois, identiques, immenses et bardés de gargouille,s gravures et étranges formes de pierre qui lui donnaient l'impression désagréable de pencher vers lui et cela de peut importe quel côté de l'édifice il se trouvait. Cette sensation, il n'y avait jamais vraiment fait attention, mais là c'était flagrant. Il se sentait comme un étranger dans son propre monde, son monde de naissance, où il avait toujours vécu.
Il avait immédiatement été intrigué par ce fait, elle penchait vraiment, la cathédrale ? Non, bien sûr que non quand même ! Elle avait étée bien construite, c'était la fierté de ce monde, allait pas abuser ! Mais voila quoi. Les faits étaient là. Seulement, Fabrizio ne voulait pas du tout aller demander au premier quidam quand est-ce que ça avait commencé. Il était de ce monde, voila ! Quelle honte ce serait... Grimper dessus ? Blasphème, il n'en était pas un habitué. Pour lui, Dieu et ces fameux Éternels sur lesquels le Sanctum ne devaient pas être atteints par quoi que ce soit. On ne devait pas leur porter atteinte même s'ils n'existaient pas, dans le cas de dieu. Seuls les Éternels existaient selon lui. Mais il ne s'était que rarement posé ces questions. De toutes manières, il avait une autre préoccupation, cette dernière prenait toute la place dans son génial cerveau.Notre Dame de Paris, merveille architecturale, était-elle construite en trompe-l'œil, penchée, droite ? Il se devait de répondre à cette question, là tout de suite, maintenant. Pour commencer, il lui fallait un point de vue imprenable. Exit la baraque d'en face, il avait déjà tenté et s'était rétamé de tout son long sur le pavé... Le pavé, ah, là c'était mieux. Ça c'était une bonne idée ! Tout profane aurait bien sûr craint pour son âme à l'entente d'une telle expression, mais là, ça allait gérer, il gérait. Ouh c'était une excellente idée. Il y avait des jours où il s'étonnait lui-même, vous voyez. Ou toute chose à laquelle il pensait était rendue génialissime.
Ainsi, il était donc étalé en plein milieu du parvis de la cathédrale. La fixant comme pour lui dire "Vas-y, tombe-moi dessus" sans pour autant lui dire. Étrange, mais pour lui tout était normal. Les mains croisées sous sa tête, il regardait les bords aigus de l'édifice se découper sous le ciel clair de printemps. Rien ne semblait plus parfait, pour une journée, il pouvait bien se le permettre. Pourtant, il y avait toujours quelque chose qui déraillait, forcément.
« Ho, toi, ça va pas de t'étaler ici ? C'est pas un parc ! »
Chassez le naturel, il revient au galop, comme qui dirait. Pourquoi il fallait toujours que ce soit lui qui soit en tort ? Pourquoi toujours lui, tout simplement. Il en avait marre. Mais en même temps, ce à quoi il ne pensait pas était le fait que c'était lui qui était étalé en plein milieu du parvis à regarder une potentielle erreur d'angle sur un édifice millénaire. Mais il y avait une raison ! Tout culte l'intéressait, particulièrement cet ancien culte en lequel il avait un jour fait confiance. Maintenant il savait qu'il n'y avait que les Éternels en qui croire vraiment. Ce dieu en qui il avait cru n'était qu'une figure parmi tant d'autres. Il avait laissé mourir ses parents sans les aider et sans li laisser le temps de faire de même. Il avait le droit de remarquer si des erreurs existaient, particulièrement en cet endroit. Le Domaine Enchanté était froid et pâle, et si calme. Cette ville de Paris était colorée et vivante. C'était deux excellentes ambiances, qui se valaient toutes deux. Mais Paris restait toujours l'unique patrie qu'il avait connu même s'il y était désormais malvenu. Il ressentit la tristesse monter en lui, ce n'était plus chez lui. Il se redressa et abandonna l'analyse détaillée de cette cathédrale.
« C'est pas un endroit privé non plus... C'est le plus gêné qui part de toutes manière, or je suis très bien ici. Vous allez chasser quelqu'un qui n'a rien fait ? J'ai pas l'intention de me laisser faire. »
Il n'avait pas envie de discuter, encore moins de se défendre sur oui ou non il devrait être ici. Les types qui lui avaient dit ça avait tout air de faire partie de la garde, génial, des inutiles... Il aimerait bien que quelque chose les fasse partir, le plus vite possible. Sinon il allait s'en charger lui même, il avait cette envie tenace, celle d'occuper sa journée. Celle de la rendre différente des autres. Il en avait juste marre. Ce n'était plus chez lui, s'il e chargeait de ces type il n'y aurait pas de graves conséquences, pas de parents pour lui faire la morale, pas de menaces, il repartirait comme de juste... A ce qu'il paraissait il n'y avait aucune animosité entre le Sanctum et le Consulat, il paraissait, oui... Il dégaina son épée, tant pis, cela passera inaperçu, il n'avait jamais rien fait de grave, ni d'utile.