Ainsi, voyez ce souris fin et voluptueux où la fatuité promène son extase ; ce long regard sournois, langoureux et moqueur ; ce visage mignard, fin et ferme comme de l'arase. Ce visage dont chaque trait nous dit avec un air vainqueur : la volupté m'appelle et l'amour me couronne ! Contemplons ce trésor de grâces consulaires ; dans l'ondulation de ce corps musculeux l'élégance et la force abondent, il en est bien fier.
Cette homme, morceau vraiment miraculeux, divinement robuste, adorablement mince, est fait pour trôner sur des lits somptueux et charmer les loisirs des muses tel un prince.
Arthur sait que les héros demi-dieux ont souffert et lutté pour conquérir au ciel leur place héréditaire. Arthur sait que la lutte virile et la douleur austère trempent comme l’airain sa libre volonté. Ainsi suit-il, sans peur, le cours du cosmos, et de l’ascension montera le dur chemin, sous les yeux de ses morts qui lui tendent la main.
Puisqu'être patient, loin de ne rien faire, c'est au contraire de faire en attendant ; en cela, attendre éternellement suffit à vous rendre fier.
« Dix-neuf... » Et dans un suprême effort, le poète aux cheveux d'ors se soulève encore. « ...vingt ! » Et bientôt athlète, que les cachots font esthète, il s'entête. « ...vingt-et-un ! » Sa peau rosée suinte à l'heure de virer au rouge mais, par la force de sa volonté, il continue de bouger. « Vingt-deux ! »
Encore combien de fois jusqu’à l’épuisement, jusqu’à ce que la gangue autour du cœur s’arrache et libère l’amour géant ? Tiens bon et tu seras soutenu, se dit Arthur.
« Vingt-trois ! »
Il a des vagues dans les cuisses et de l’air sous la peau. Combien de fois jusqu’au retournement ? Combien pour réveiller toutes les forces inactives ? Tiens bon et tu seras soutenu, se dit Arthur.
« Vingt-quatre ! »
Le souffle coupé fait surgir des pensées puis des mots. Dans sa bouche le muscle libre organise sa propre matière. Allers retours son corps brûle des résidus de chairs et le hisse, à sa place, soutenu... qu'il s'agisse de ses bras, de son torse, des ses jambes... Arthur, pris d'un souffle nouveau, enchaine ainsi jusqu'à la déraison, rouge de passion et essoufflé d'émotions.
Puis, à force de répétition... c'est la crampe : Ô blasphème de l'art ! Ô surprise fatale !
L’aiguille pénètre le muscle pour défaire la maille nouée en apnée dans l’armure, et l'on entend, le grincement des fibres dans la contraction où sont logés des souvenirs d'exercices et du corps en mouvement comme des piles électriques. Il y a de la tristesse dans ce muscle immobile, de l’insécurité, le corps est pris dans sa douleur gelée et jusqu'à nouvel ordre, n’ira plus ni danser ni s'exercer.
Hélas, tout est extase à sa passion... sinon l'ennui d'une leçon.
Chaque chose du corps est soumise à ses lois, celle du grand univers, qui fait tourner la terre sous son geste dans la succession régulière des mois. La souffrance du corps ne s'éteint que dans le trépas... mais la douleur de l'âme est l'océan sans borne ; et ce sont deux présents que l'on estime pas. Que peut faire Arthur sinon grincer des dents et attendre, sans rien faire, patiemment ?
Et ici, ne rien faire, c'est laisser son corps se reposer pépère.
Car la volontée, parfois le feux et les excès, doit aussi se témoigner dans la patience et la sérénité, et l'ennui aussi.
Il faut parfois mêlez nos membres lourds de fatigue, où le hâle de la vie imprime son baiser furieux, au gémissement frais que la Naïade exhale ; à quel fin ? Afin qu'au jour prochain notre corps glorieux, plus solide que celui des statue fidèles de fortes statures, se fasse si léger qu'il monte à travers l'azur du ciel victorieux. Arthur se le jure ! Dans les nuits sans fin de l'ennui, vers une aube aux divines rougeurs, il ira marcher par le sentier de la bonne habitude... sera un patient et grave voyageur.
Lorsque la douleur, enfin, passe et s'en va... heureux son cœur, son cœur de sang ! Ses battements en train de s'étendre peuvent s'entendre ; et les bras ?! Ils peuvent se tendre, se posséder en s'enlaçant. Heureux aussi les doigts ! Ils touchent. Heureux les yeux ! Ils voient. Heureux les corps ayant connu le sport ! Ils ont la paix forte quand ils se couchent et l'éternité sereine quand ils sont morts.
Dim 13 Juin 2021 - 15:08Cette homme, morceau vraiment miraculeux, divinement robuste, adorablement mince, est fait pour trôner sur des lits somptueux et charmer les loisirs des muses tel un prince.
Arthur sait que les héros demi-dieux ont souffert et lutté pour conquérir au ciel leur place héréditaire. Arthur sait que la lutte virile et la douleur austère trempent comme l’airain sa libre volonté. Ainsi suit-il, sans peur, le cours du cosmos, et de l’ascension montera le dur chemin, sous les yeux de ses morts qui lui tendent la main.
Puisqu'être patient, loin de ne rien faire, c'est au contraire de faire en attendant ; en cela, attendre éternellement suffit à vous rendre fier.
« Dix-neuf... » Et dans un suprême effort, le poète aux cheveux d'ors se soulève encore. « ...vingt ! » Et bientôt athlète, que les cachots font esthète, il s'entête. « ...vingt-et-un ! » Sa peau rosée suinte à l'heure de virer au rouge mais, par la force de sa volonté, il continue de bouger. « Vingt-deux ! »
Encore combien de fois jusqu’à l’épuisement, jusqu’à ce que la gangue autour du cœur s’arrache et libère l’amour géant ? Tiens bon et tu seras soutenu, se dit Arthur.
« Vingt-trois ! »
Il a des vagues dans les cuisses et de l’air sous la peau. Combien de fois jusqu’au retournement ? Combien pour réveiller toutes les forces inactives ? Tiens bon et tu seras soutenu, se dit Arthur.
« Vingt-quatre ! »
Le souffle coupé fait surgir des pensées puis des mots. Dans sa bouche le muscle libre organise sa propre matière. Allers retours son corps brûle des résidus de chairs et le hisse, à sa place, soutenu... qu'il s'agisse de ses bras, de son torse, des ses jambes... Arthur, pris d'un souffle nouveau, enchaine ainsi jusqu'à la déraison, rouge de passion et essoufflé d'émotions.
Puis, à force de répétition... c'est la crampe : Ô blasphème de l'art ! Ô surprise fatale !
L’aiguille pénètre le muscle pour défaire la maille nouée en apnée dans l’armure, et l'on entend, le grincement des fibres dans la contraction où sont logés des souvenirs d'exercices et du corps en mouvement comme des piles électriques. Il y a de la tristesse dans ce muscle immobile, de l’insécurité, le corps est pris dans sa douleur gelée et jusqu'à nouvel ordre, n’ira plus ni danser ni s'exercer.
Hélas, tout est extase à sa passion... sinon l'ennui d'une leçon.
Chaque chose du corps est soumise à ses lois, celle du grand univers, qui fait tourner la terre sous son geste dans la succession régulière des mois. La souffrance du corps ne s'éteint que dans le trépas... mais la douleur de l'âme est l'océan sans borne ; et ce sont deux présents que l'on estime pas. Que peut faire Arthur sinon grincer des dents et attendre, sans rien faire, patiemment ?
Et ici, ne rien faire, c'est laisser son corps se reposer pépère.
Car la volontée, parfois le feux et les excès, doit aussi se témoigner dans la patience et la sérénité, et l'ennui aussi.
Il faut parfois mêlez nos membres lourds de fatigue, où le hâle de la vie imprime son baiser furieux, au gémissement frais que la Naïade exhale ; à quel fin ? Afin qu'au jour prochain notre corps glorieux, plus solide que celui des statue fidèles de fortes statures, se fasse si léger qu'il monte à travers l'azur du ciel victorieux. Arthur se le jure ! Dans les nuits sans fin de l'ennui, vers une aube aux divines rougeurs, il ira marcher par le sentier de la bonne habitude... sera un patient et grave voyageur.
Lorsque la douleur, enfin, passe et s'en va... heureux son cœur, son cœur de sang ! Ses battements en train de s'étendre peuvent s'entendre ; et les bras ?! Ils peuvent se tendre, se posséder en s'enlaçant. Heureux aussi les doigts ! Ils touchent. Heureux les yeux ! Ils voient. Heureux les corps ayant connu le sport ! Ils ont la paix forte quand ils se couchent et l'éternité sereine quand ils sont morts.