Je reconnais bien là ma tactique admirable ! Dans tout ce que je fais, j'ai la triple vertu... d'être à la fois trop court, trop long... et décousu ! Le poème et le plan, les héros et la fable ; tout s'en va de travers, comme sur la table un plat cuit d'un côté, pendant que l'autre est cru.
Le lit sur lequel Arthur était couché, était dans son espèce une admirable chose. Il n'était pas de peau d'ours mais de quoi être bien léché ; moelleux comme une chatte pour lui qui sait s'y attarder, et frais comme une rose.
Arthur avait d'ailleurs une très noble pose : il était nu comme Ève à son premier péché.
Quoi ?! Tout nu ?! Dira-t-on, n'avait-il donc point honte ?! Nu... dès le second paragraphe ! Que sera-ce à la fin ? Monsieur, et Mesdames, excusez-moi ! Je commence ce récit, juste quand mon héros vient d'étaler sa toge et sa toison dorée. Je demande... non, je plaide pour lui l'indulgence ! Et j'y compte lors de conte.
Arthur était donc nu, bon... très bien... mais nu comme la main ! Nu comme servie sur un plateau d'argent, nu comme un mur, nu comme le discours d'un académicien. Nu puisqu'il ne porte rien !
Sia lectrice rougit, c'est que je la scandalise.
« Rhabille-toi ! »
« Et quel crime est-ce donc de se mettre à son aise... quand on est tendrement aimé et qu'il fait chaud ? On est si bien tout nu, dans une large aise ! Après tout...
Tout est nu sur la terre, hormis l'hypocrisie ;
Tout est nu dans les cieux, tout est nu dans la vie,
Les tombeaux, les enfants et les divinités.
Tous les cœurs vraiment beaux laissent voir leurs beautés ! »
Ainsi donc le héros de cette comédie restera nu, messieurs-dames, et vous y consentez. Quoique je vous l'avoue, entre nous, un quelconque consentement n'intérèsse point ce fou.
Bien qu'il soit prisonnier à quelques sous terre, Arthur était peut-être un homme à caractère ; il ne le montrait pas -ah bon... ?- n'en ayant pas besoin.
Son regard espiègle annonçait un bon coin. Il était très bien pris ; on pu croire que sa mère... l'avait fait tout petit pour le faire avec soin.
Venez après cela crier d'un ton de maître que c'est le cœur humain que l'on doit connaître ! Toujours le cœur humain pour modèle et pour loi. Le cœur humain de qui ? Le cœur humain de quoi ?
Celui de mon voisin a sa manière d'être ; mais morbleu ! Comme lui, j'ai mon cœur humain à moi.
Dire qu'il n'avait peur ni de la Lumière ni des Ténèbres... que ne lui importe ni le bien, ni le mal... ?
C'est chanceux d'une part, et de l'autre immoral. Dire qu'il vous plaira ? Ce n'est pas vraisemblable. Ne rien dire du tout ? Cela vous est égal. Je me contente donc du seul terme passable qui puisse l'excuser : c'est un original. Ajoutez à cela que, pour comble d'horreur, la femme la plus sèche et la moins malhonnête... au bout de mes huit jours trouvera dans sa tête, ou dans quelque recoin oublié de son cœur, un diplomate qui jadis lui faisait plus d'honneur.
Un cœur plus expansif, une courtisanerie mieux faite. Et oui, cela se dit. Ou plutôt se disait-il, du temps oubliés de la chevalerie qu'ainsi nu, Arthur doit être en train d'assassiner.
Quand viendra Cissneï, ses joues se teindront-elles de vermeils ? Du même que ses cheveux ? Et de quels ardeurs sont ses yeux ?
L'âme et le corps, hélas ! Ils iront deux à deux, tant que le monde ira, pas à pas, ôte à côte ; comme s'en vont les vers classiques et les bœufs. L'un disant : tu fais mal ! Et l'autre : c'est ta faute.
Ah ! La misérable hôtesse ! Et plus misérable hôte ! Ce n'est vraiment pas vrai que tout soit pour le mieux.
Pauvres gens que nous tous !Et celui qui se livre de ce qu'il fait doit tôt ou tard gémir ! La coupe est là, brûlante, et celui qui s'y s'enivre... doit rire de pitié s'il ne veut pas frémir ! Voilà le train du monde, et ceux qui ne savent pas vivre, vous diront à cela qu'il valait mieux dormir.
C'est le sommeil de l'âme pour Arthur l'infâme. Il se remue, il bâille, et cependant il dort. Il se sent très bien vivre, et pourtant il est un peu mort. On ne parlerait pas d'amour, mais je présume, que l'on serait capable, avec un peu d'effort... je crois qu'une sottise est au bout de ma plume. Avez-vous jamais vu, dans le creux d'un ravin, un bon gros vieux faisan, se frottant le ventre, s'arrondir au soleil et ronfler comme un chantre ? Tous les points de sa boule aspirent vers le centre. On dirait qu'il rumine, ou qu'il cuve du vin...
...enfin, quoi qu'il en soit, Arthur avait cet état divin.
Tu vois, ami lecteur, jusqu'où va ma franchise ! Mon héros est tout nu, moi je suis en chemise. Je pousse la candeur jusqu'à t'entretenir de vers magiques.
Où voulais-je en venir ?
« Non mais tu vas te rhabiller oui ?! »
Je crains, ami lecteur, que la véritée soit bien triste... car les cachots paraissent bien tristes et mornes ; bien silencieux. Les oiseaux s'y aventurent, y chantes quelques peux... mais de simples sons ont remplacés les chansons. Et si les fleurs y étaient, elles pourraient y parler mais lui ne pourrait les entendre. Les harmonies profondes des mondes en symbioses qui dansent un univers se taisent ici... qu'est-ce donc que cette sorcellerie ?!
Être nu les fait parler, et c'est déjà ça.
Être nu est une piètre tentative de retrouver sa symbiose, façon Consulat !
Tant que ce brise ce silence assourdissant...
Ven 30 Avr 2021 - 22:57Le lit sur lequel Arthur était couché, était dans son espèce une admirable chose. Il n'était pas de peau d'ours mais de quoi être bien léché ; moelleux comme une chatte pour lui qui sait s'y attarder, et frais comme une rose.
Arthur avait d'ailleurs une très noble pose : il était nu comme Ève à son premier péché.
Quoi ?! Tout nu ?! Dira-t-on, n'avait-il donc point honte ?! Nu... dès le second paragraphe ! Que sera-ce à la fin ? Monsieur, et Mesdames, excusez-moi ! Je commence ce récit, juste quand mon héros vient d'étaler sa toge et sa toison dorée. Je demande... non, je plaide pour lui l'indulgence ! Et j'y compte lors de conte.
Arthur était donc nu, bon... très bien... mais nu comme la main ! Nu comme servie sur un plateau d'argent, nu comme un mur, nu comme le discours d'un académicien. Nu puisqu'il ne porte rien !
Sia lectrice rougit, c'est que je la scandalise.
« Rhabille-toi ! »
« Et quel crime est-ce donc de se mettre à son aise... quand on est tendrement aimé et qu'il fait chaud ? On est si bien tout nu, dans une large aise ! Après tout...
Tout est nu sur la terre, hormis l'hypocrisie ;
Tout est nu dans les cieux, tout est nu dans la vie,
Les tombeaux, les enfants et les divinités.
Tous les cœurs vraiment beaux laissent voir leurs beautés ! »
Ainsi donc le héros de cette comédie restera nu, messieurs-dames, et vous y consentez. Quoique je vous l'avoue, entre nous, un quelconque consentement n'intérèsse point ce fou.
Bien qu'il soit prisonnier à quelques sous terre, Arthur était peut-être un homme à caractère ; il ne le montrait pas -ah bon... ?- n'en ayant pas besoin.
Son regard espiègle annonçait un bon coin. Il était très bien pris ; on pu croire que sa mère... l'avait fait tout petit pour le faire avec soin.
Venez après cela crier d'un ton de maître que c'est le cœur humain que l'on doit connaître ! Toujours le cœur humain pour modèle et pour loi. Le cœur humain de qui ? Le cœur humain de quoi ?
Celui de mon voisin a sa manière d'être ; mais morbleu ! Comme lui, j'ai mon cœur humain à moi.
Dire qu'il n'avait peur ni de la Lumière ni des Ténèbres... que ne lui importe ni le bien, ni le mal... ?
C'est chanceux d'une part, et de l'autre immoral. Dire qu'il vous plaira ? Ce n'est pas vraisemblable. Ne rien dire du tout ? Cela vous est égal. Je me contente donc du seul terme passable qui puisse l'excuser : c'est un original. Ajoutez à cela que, pour comble d'horreur, la femme la plus sèche et la moins malhonnête... au bout de mes huit jours trouvera dans sa tête, ou dans quelque recoin oublié de son cœur, un diplomate qui jadis lui faisait plus d'honneur.
Un cœur plus expansif, une courtisanerie mieux faite. Et oui, cela se dit. Ou plutôt se disait-il, du temps oubliés de la chevalerie qu'ainsi nu, Arthur doit être en train d'assassiner.
Quand viendra Cissneï, ses joues se teindront-elles de vermeils ? Du même que ses cheveux ? Et de quels ardeurs sont ses yeux ?
L'âme et le corps, hélas ! Ils iront deux à deux, tant que le monde ira, pas à pas, ôte à côte ; comme s'en vont les vers classiques et les bœufs. L'un disant : tu fais mal ! Et l'autre : c'est ta faute.
Ah ! La misérable hôtesse ! Et plus misérable hôte ! Ce n'est vraiment pas vrai que tout soit pour le mieux.
Pauvres gens que nous tous !Et celui qui se livre de ce qu'il fait doit tôt ou tard gémir ! La coupe est là, brûlante, et celui qui s'y s'enivre... doit rire de pitié s'il ne veut pas frémir ! Voilà le train du monde, et ceux qui ne savent pas vivre, vous diront à cela qu'il valait mieux dormir.
C'est le sommeil de l'âme pour Arthur l'infâme. Il se remue, il bâille, et cependant il dort. Il se sent très bien vivre, et pourtant il est un peu mort. On ne parlerait pas d'amour, mais je présume, que l'on serait capable, avec un peu d'effort... je crois qu'une sottise est au bout de ma plume. Avez-vous jamais vu, dans le creux d'un ravin, un bon gros vieux faisan, se frottant le ventre, s'arrondir au soleil et ronfler comme un chantre ? Tous les points de sa boule aspirent vers le centre. On dirait qu'il rumine, ou qu'il cuve du vin...
...enfin, quoi qu'il en soit, Arthur avait cet état divin.
Tu vois, ami lecteur, jusqu'où va ma franchise ! Mon héros est tout nu, moi je suis en chemise. Je pousse la candeur jusqu'à t'entretenir de vers magiques.
Où voulais-je en venir ?
« Non mais tu vas te rhabiller oui ?! »
Je crains, ami lecteur, que la véritée soit bien triste... car les cachots paraissent bien tristes et mornes ; bien silencieux. Les oiseaux s'y aventurent, y chantes quelques peux... mais de simples sons ont remplacés les chansons. Et si les fleurs y étaient, elles pourraient y parler mais lui ne pourrait les entendre. Les harmonies profondes des mondes en symbioses qui dansent un univers se taisent ici... qu'est-ce donc que cette sorcellerie ?!
Être nu les fait parler, et c'est déjà ça.
Être nu est une piètre tentative de retrouver sa symbiose, façon Consulat !
Tant que ce brise ce silence assourdissant...