Je n’arrivais pas a trouver le sommeil. J’étais là, allongé, dans mon lit, à tourner, tourner sans cesse. Je cherchais un peu de fraîcheur d’un côté à l’autre du lit, retournant mes oreillers lorsqu’ils commençaient à être trop chauds pour être confortables. Alors, devant mon incapacité à m’endormir, je décidais d’ouvrir les yeux dans le noir. Je fixais un point, sans vraiment discerner de quoi il s’agissait. J’attendais que cela vienne, j’attendais simplement que la fatigue m’emporte.
Je n’arrivais pas à savoir si mon insomnie était due à mes réflexions quant à Pavani, à mon inquiétude au sujet d’Odile, ou simplement à cause de la chaleur de ce monde, un peu trop élevée à mon goût pour songer y vivre à temps plein. Je me redressais. D’un mouvement de bras hasardeux, je cherchais l’interrupteur de la lampe de chevet que je finis par trouver. La chambre s’illumina d’un coup, et mon regard se tourna vers la porte donnant sur le couloir.
Je me levais, et finis par m’y rendre, passant la porte et me retrouvant donc dans ce couloir. Je descendis les marches et rejoignis la cuisine pour me servir un verre d’eau que je bus d’une traite. Sur le retour, je m’arrêtais au niveau des canapés et jetai un regard en direction de la jeune femme blessée. Elle semblait dormir paisiblement, le visage noyé dans ses cheveux sombres. Je passais ma main sur son front pour m’apercevoir qu’il s’était un peu réchauffé. Je ne retins pas un sourire.
Je continuais ma route en direction du local aux caméras. J’entendais des bribes de discussions s’amplifier à mesure que je m’approchais. Je finis par frapper à la porte, puis je la poussais pour voir les deux Turks qui avaient leurs regards posés sur les écrans.
Vous dormez pas, monsieur ?
Je n’y arrive pas, dis-je en appuyant mon épaule contre l’encadrement de la porte. Vous avez vu quelque chose ce soir ?
Non, toujours pas. Ni au portail, ni au coin de la rue. Pourquoi ? Vous pensiez qu’avec l’accident ils…
J’avais un doute, mais Pavani semble leur faire confiance. Je pense que s’il avait dû les faire suivre, il l’aurait fait plus tôt. Non, je…
Vous s’rez pas en train de chercher la petite bête ?
Développez ?
Bah. Reno se retourna sur son siège pour me faire face. Pavani nous a quand même mis une sale douille avec l’Estrella. Du coup… Si moi ça me fait chier, j’imagine que vous ça doit être pire. J’me dis qu’en sachant ça, vous pourriez attendre, limite espérer, la moindre petite connerie de leur part pour leur sauter à la gorge.
Ce n’est pas comme ça que ça fonctionne.
Non, non, je sais. Mais en oubliant ça. Vous auriez Pavani en face de vous là ?
Je croisais les bras, mon épaule toujours contre le cadre de la porte. Si Pavani était en face de moi, là, à cet instant précis ? Je tournais le regard en direction du canapé occupé, plus loin, dans le salon. Je repensais aussi à cet accident dont Scarlett avait été victime, puis finalement à ces corps qui jonchaient l’entrée de l’Estrella.
Oui, évidemment. Je lui ferais payer ses crimes, je suppose. Où vous voulez-vous en venir ?
Non bah… il se retourna pour faire face aux écrans, me tournant le dos. C’était comme ça.
Reno me surprenait toujours. Avec lui, les choses étaient toujours « comme ça ». Mais je doutais qu’il n’y ait pas de réflexion derrière. Non, nous avions seulement deux façons différentes de penser, voilà tout.
Je tournais les talons et continuais mon errance dans la maison. Je traversais de nouveau le salon avant de rejoindre le bureau. J’y avais jeté un oeil lors de notre arrivée, sans plus de résultats. J’avais le mince espoir de trouver quelque chose qui pourrait nous aider. Un vieux papier de Blake, une transaction… une cache d’armes peut-être ? Un indice supplémentaire sur l’Asmodée, ou même quelque chose traitant de Little Bro. Mais non. Je pouvais continuer de fouiller les tiroirs du bureau, les placards tout autour mais non, rien qui ne mérite que je m’y intéresse.
Je finis par m’asseoir au bureau, non sans avoir ouvert une fenêtre au préalable. Dans l’un des tiroirs, j’avais pu trouver un paquet de cigares. D’après l’emballage, ceux-ci étaient parfumés à la vanille. J’en allumais un pour découvrir une saveur un peu plus douce, moins agressive. C’était… différent de ce que je fumais d’habitude, mais pas moins bon pour autant. Je m’enfonçais, m’affalais plutôt dans le siège, et expirai longuement, enfumant les environs du bureau.
Devant moi se trouvaient plusieurs cahiers aux couvertures toutes différentes, bien qu’arborant les même motifs. Je les avais déjà consultés. Plusieurs étaient remplis de notes portant sur des enquêtes que Blake avait dû réaliser dans sa carrière. Une lecture rapide permettait à peu près de déterminer à partir de quand il avait rejoint la clique de Pavani. Beaucoup d’affaires s’étaient vues classées « sans-suite » à partir d’une certaine date.
Les autres cahiers étaient des livres de comptes, codés pour la plupart. L’on pouvait se demander pourquoi, après tout, il n’avait pourtant rien à cacher. La seule chose qui sembla attirer mon attention était un papier dépassant de l’un de ces cahiers, comme si la page avait été marquée. Je pris le cahier et l’ouvris à cette page, pour ne rien y découvrir de très important. Je cherchais une information, quelque chose qui mériterait un tant soit peu qu’on y prête réflexion, mais non. Rien de tout cela. Juste des chiffres, avec leurs libellés, certes mystérieux, mais qui n’avaient plus vraiment d’importance maintenant.
Alors, je pris le marque page. C’était une bande de papier déchirée, jaunie par le temps. C’est seulement lorsque je la retournais que je pus voir qu’il était écrit quelque chose dessus. Le texte ne comportait que quelques lignes. Il y était fait mention d’une ville, de neige… Je lus et relus le texte peut-être une bonne dizaine de fois sans vraiment réussir à en comprendre le sens. Le fait est que si Blake l’avait gardé, ce n’était pas pour aucune raison. Ce papier avait du sens, et, posé à côté d’autres informations plus sensibles, nul doute que ce qu’il y avait a déchiffrer en valait la peine.
Je me redressais sur mon siège. Une ville, de la neige ? C’était probablement une énigme. Il fallait comprendre son sens caché avant de pouvoir émettre des hypothèses. Alors, je restais peut-être une bonne heure dans ce bureau à chercher d’autres indices dans les affaires de Blake. Sans succès cette fois. Et il y avait cette fatigue qui ne pointait toujours pas le bout de son nez. Je me levais.
Je ressortis du bureau, non sans avoir pris le soin d’emporter ce papier avec moi, puis je montais à l’étage. Je passais la porte de ma chambre sans m’y arrêter, et rejoignis le fond du couloir où se trouvait la chambre d’Arad. Je frappais trois fois sans obtenir de réponse, avant de recommencer une nouvelle fois. La porte finit par s’ouvrir, me dévoilant le visage de mon employée, faiblement éclairé par les lumières lointaines du couloir.
Excusez-moi de vous déranger. J’ai trouvé ceci et… je me demandais si… cela pouvait vous évoquer quelque chose ?
Je lui tendis le papier qu’elle prit dans ses mains. Elle n’avait pas l’air de tout juste s’être réveillée. Ne dormait-elle donc pas ?
Mar 27 Avr 2021 - 19:53Je n’arrivais pas à savoir si mon insomnie était due à mes réflexions quant à Pavani, à mon inquiétude au sujet d’Odile, ou simplement à cause de la chaleur de ce monde, un peu trop élevée à mon goût pour songer y vivre à temps plein. Je me redressais. D’un mouvement de bras hasardeux, je cherchais l’interrupteur de la lampe de chevet que je finis par trouver. La chambre s’illumina d’un coup, et mon regard se tourna vers la porte donnant sur le couloir.
Je me levais, et finis par m’y rendre, passant la porte et me retrouvant donc dans ce couloir. Je descendis les marches et rejoignis la cuisine pour me servir un verre d’eau que je bus d’une traite. Sur le retour, je m’arrêtais au niveau des canapés et jetai un regard en direction de la jeune femme blessée. Elle semblait dormir paisiblement, le visage noyé dans ses cheveux sombres. Je passais ma main sur son front pour m’apercevoir qu’il s’était un peu réchauffé. Je ne retins pas un sourire.
Je continuais ma route en direction du local aux caméras. J’entendais des bribes de discussions s’amplifier à mesure que je m’approchais. Je finis par frapper à la porte, puis je la poussais pour voir les deux Turks qui avaient leurs regards posés sur les écrans.
Vous dormez pas, monsieur ?
Je n’y arrive pas, dis-je en appuyant mon épaule contre l’encadrement de la porte. Vous avez vu quelque chose ce soir ?
Non, toujours pas. Ni au portail, ni au coin de la rue. Pourquoi ? Vous pensiez qu’avec l’accident ils…
J’avais un doute, mais Pavani semble leur faire confiance. Je pense que s’il avait dû les faire suivre, il l’aurait fait plus tôt. Non, je…
Vous s’rez pas en train de chercher la petite bête ?
Développez ?
Bah. Reno se retourna sur son siège pour me faire face. Pavani nous a quand même mis une sale douille avec l’Estrella. Du coup… Si moi ça me fait chier, j’imagine que vous ça doit être pire. J’me dis qu’en sachant ça, vous pourriez attendre, limite espérer, la moindre petite connerie de leur part pour leur sauter à la gorge.
Ce n’est pas comme ça que ça fonctionne.
Non, non, je sais. Mais en oubliant ça. Vous auriez Pavani en face de vous là ?
Je croisais les bras, mon épaule toujours contre le cadre de la porte. Si Pavani était en face de moi, là, à cet instant précis ? Je tournais le regard en direction du canapé occupé, plus loin, dans le salon. Je repensais aussi à cet accident dont Scarlett avait été victime, puis finalement à ces corps qui jonchaient l’entrée de l’Estrella.
Oui, évidemment. Je lui ferais payer ses crimes, je suppose. Où vous voulez-vous en venir ?
Non bah… il se retourna pour faire face aux écrans, me tournant le dos. C’était comme ça.
Reno me surprenait toujours. Avec lui, les choses étaient toujours « comme ça ». Mais je doutais qu’il n’y ait pas de réflexion derrière. Non, nous avions seulement deux façons différentes de penser, voilà tout.
Je tournais les talons et continuais mon errance dans la maison. Je traversais de nouveau le salon avant de rejoindre le bureau. J’y avais jeté un oeil lors de notre arrivée, sans plus de résultats. J’avais le mince espoir de trouver quelque chose qui pourrait nous aider. Un vieux papier de Blake, une transaction… une cache d’armes peut-être ? Un indice supplémentaire sur l’Asmodée, ou même quelque chose traitant de Little Bro. Mais non. Je pouvais continuer de fouiller les tiroirs du bureau, les placards tout autour mais non, rien qui ne mérite que je m’y intéresse.
Je finis par m’asseoir au bureau, non sans avoir ouvert une fenêtre au préalable. Dans l’un des tiroirs, j’avais pu trouver un paquet de cigares. D’après l’emballage, ceux-ci étaient parfumés à la vanille. J’en allumais un pour découvrir une saveur un peu plus douce, moins agressive. C’était… différent de ce que je fumais d’habitude, mais pas moins bon pour autant. Je m’enfonçais, m’affalais plutôt dans le siège, et expirai longuement, enfumant les environs du bureau.
Devant moi se trouvaient plusieurs cahiers aux couvertures toutes différentes, bien qu’arborant les même motifs. Je les avais déjà consultés. Plusieurs étaient remplis de notes portant sur des enquêtes que Blake avait dû réaliser dans sa carrière. Une lecture rapide permettait à peu près de déterminer à partir de quand il avait rejoint la clique de Pavani. Beaucoup d’affaires s’étaient vues classées « sans-suite » à partir d’une certaine date.
Les autres cahiers étaient des livres de comptes, codés pour la plupart. L’on pouvait se demander pourquoi, après tout, il n’avait pourtant rien à cacher. La seule chose qui sembla attirer mon attention était un papier dépassant de l’un de ces cahiers, comme si la page avait été marquée. Je pris le cahier et l’ouvris à cette page, pour ne rien y découvrir de très important. Je cherchais une information, quelque chose qui mériterait un tant soit peu qu’on y prête réflexion, mais non. Rien de tout cela. Juste des chiffres, avec leurs libellés, certes mystérieux, mais qui n’avaient plus vraiment d’importance maintenant.
Alors, je pris le marque page. C’était une bande de papier déchirée, jaunie par le temps. C’est seulement lorsque je la retournais que je pus voir qu’il était écrit quelque chose dessus. Le texte ne comportait que quelques lignes. Il y était fait mention d’une ville, de neige… Je lus et relus le texte peut-être une bonne dizaine de fois sans vraiment réussir à en comprendre le sens. Le fait est que si Blake l’avait gardé, ce n’était pas pour aucune raison. Ce papier avait du sens, et, posé à côté d’autres informations plus sensibles, nul doute que ce qu’il y avait a déchiffrer en valait la peine.
Je me redressais sur mon siège. Une ville, de la neige ? C’était probablement une énigme. Il fallait comprendre son sens caché avant de pouvoir émettre des hypothèses. Alors, je restais peut-être une bonne heure dans ce bureau à chercher d’autres indices dans les affaires de Blake. Sans succès cette fois. Et il y avait cette fatigue qui ne pointait toujours pas le bout de son nez. Je me levais.
Je ressortis du bureau, non sans avoir pris le soin d’emporter ce papier avec moi, puis je montais à l’étage. Je passais la porte de ma chambre sans m’y arrêter, et rejoignis le fond du couloir où se trouvait la chambre d’Arad. Je frappais trois fois sans obtenir de réponse, avant de recommencer une nouvelle fois. La porte finit par s’ouvrir, me dévoilant le visage de mon employée, faiblement éclairé par les lumières lointaines du couloir.
Excusez-moi de vous déranger. J’ai trouvé ceci et… je me demandais si… cela pouvait vous évoquer quelque chose ?
Je lui tendis le papier qu’elle prit dans ses mains. Elle n’avait pas l’air de tout juste s’être réveillée. Ne dormait-elle donc pas ?