- Encore en retard.
- Pardonnez-moi, c’est le transpo…
Une grimace s’affiche déjà sur mon visage. Elle n’est présente qu’une semaine sur deux dans mon laboratoire, partageant même une chambre du vaisseau-mère avec certaines de ses comparses bénéficiant d’une bourse d’études à l'université de San Fransokyo. Pourtant, Jia Li Kê est encore parvenue à avoir quinze minutes de retard pour le premier jour de sa semaine. Et encore, sa tenue n’est pas encore assortie à la mienne. Toujours la même rengaine, elle ne m’écoute décidément pas.
- Je n’ai que faire de vos excuses, jeune fille. Prenez le précédent. Mon temps est précieux. La prochaine fois, je rédigerai un rapport à l’université. Suis-je clair ?
Elle s’est interrompue, bien contrainte cette fois de m’écouter et de hocher la tête en réponse. Je suis parfaitement sérieux. Je n’ai jamais demandé à devoir m’occuper d’un si jeune élément. Je n’estime pas avoir besoin d’assistante. Je dois tout de même lui reconnaître des qualités, mais ses défauts ont vite fait de les éclipser. Lorsqu’elle commence à enfiler sa blouse blanche en silence, je la lâche du regard et me retourne sèchement, lui faisant signe de me suivre. Tout en continuant à revêtir sa tenue de travail, l’étudiante suit mes pas. Nous nous dirigeons vers une section plus sécurisée du laboratoire, largement à l’opposé de la direction que nous aurions habituellement emprunté.
- Que s’est-il passé ?
Sa question démontre d’une certaine perspicacité que je lui reconnais aisément. Je suis l’une des seules personnes disposant des autorisations nécessaires à déverrouiller l’accès du bloc vers lequel nous nous dirigeons. Dans le département scientifique, seul moi et une poignée d’élus peuvent passer la porte face à laquelle nous sommes.
Je passe ma carte d’accès. Évidemment, cela ne suffit pas à déverrouiller l’accès à cette importante salle. Je donne quelques consignes strictes à l’étudiante. J’insiste sur le caractère confidentiel de ce qu’elle va observer alors que j’approche mon œil du scanner oculaire qui va s’assurer de mon identité avant d’ouvrir cette porte.
- Un objet non identifié a été découvert dans le vide interstellaire.
C’est un mensonge dissimulé dans une vérité. Quelque chose y a effectivement été trouvé, mais le Président m’a déjà laissé l’examiner. J’ai évidemment déjà su déterminer de quoi il s’agit.
- Vous voulez tester une nouvelle fois mon implant ?
- C’est une expérience.
- Ben voyons.
Elle ne ronchonne pas plus, restant tout de même à sa place. Je n’ai pas répondu à sa question, mais je ne la prends pas pour une idiote. Je ne cherche pas particulièrement à lui cacher mes intentions, mais ne les lui expliquerai pas. En tant que scientifique, elle doit dresser ses propres hypothèses. Bientôt, nous pénétrons la pièce et elle peut poser son regard sur le sujet d’étude du jour.
Il flotte dans un liquide, entreposé dans une sorte de grand conteneur vitré émettant une lumière verte. Des sondes sont disposées ici et là dans la solution afin de l’analyser. Comme beaucoup, Jia Li Kê est aussitôt happée. Elle tente de s’approcher, aurait sûrement posé sa main sur la vitre si je ne l’avais pas retenu d’une main sur l’épaule. L’assistante tourne la tête vers moi et reprend contenance, essayant de répondre à ma question.
- C’est un fragment de quelque chose.
- Mais encore ?
Mon sourcil s’est dressé. Se moque-t-elle de moi ? Un simple coup d'œil suffit à s’en apercevoir. Elle sait pourtant bien que je déteste qu’on se contente de m’énoncer des évidences, sans analyse. C’est affligeant. Cette observation est juste superficielle, sans profondeur. Mais en observant son regard, je constate assez vite qu’elle a compris que j’en attendais bien plus qu’elle.
- Elle émet de la lumière pure. Son taux de pureté s’élève à… Elle semble attendre de voir un chiffre indiqué sur sa caméra. … 100% ?!
- De quoi s’agit-il ?
- Vous connaiss…
- Contentez-vous de répondre.
L’interruption est sèche. Elle prend quelques instants pour réfléchir, fouillant sûrement dans sa mémoire à la recherche du nom de cet artéfact.
- Un fragment de la pierre angulaire de lumière ?
- Exactement.
Bien. J’espérais qu’elle soit capable de déterminer de quoi il s’agit. Ses implants sont des sortes de caméras disposant de quelques fonctions utiles. J'étais certain qu'elle serait capable d'analyser la lumière émise par le fragment. Ce que j'ai voulu constater, il s’agit surtout de jusqu'où son implant saurait pousser son analyse. En somme, son appareil n'a pas apporté de nouvel élément probant, mais ce n'est pas un problème.
- Hmm… Je vais vous laisser nous assister dans les expériences. Ne me faites pas regretter cette décision.
- Ouiiii !
Elle semble s’en réjouir. Mon expression, quant à elle, reste neutre. Elle s’en réjouit peut-être même un peu trop à mon goût. Mais avec elle, l’équipe que j’ai constituée est donc complète. En attendant l’arrivée des autres, je vais devoir me montrer particulièrement insistant sur les règles très strictes en vigueur dans cette section. Particulièrement celle de ne jamais toucher le fragment. Tout à l'heure, nous pourrons reprendre les observations là où nous les avions laissées lors de sa semaine d'absence. Je l’observe au travers de la vitre, repensant au jour où il a été découvert. Ma curiosité avait été piquée par les mystères qui l’entourent.
Je percerai les secrets de ce cristal.
- Pardonnez-moi, c’est le transpo…
Une grimace s’affiche déjà sur mon visage. Elle n’est présente qu’une semaine sur deux dans mon laboratoire, partageant même une chambre du vaisseau-mère avec certaines de ses comparses bénéficiant d’une bourse d’études à l'université de San Fransokyo. Pourtant, Jia Li Kê est encore parvenue à avoir quinze minutes de retard pour le premier jour de sa semaine. Et encore, sa tenue n’est pas encore assortie à la mienne. Toujours la même rengaine, elle ne m’écoute décidément pas.
- Je n’ai que faire de vos excuses, jeune fille. Prenez le précédent. Mon temps est précieux. La prochaine fois, je rédigerai un rapport à l’université. Suis-je clair ?
Elle s’est interrompue, bien contrainte cette fois de m’écouter et de hocher la tête en réponse. Je suis parfaitement sérieux. Je n’ai jamais demandé à devoir m’occuper d’un si jeune élément. Je n’estime pas avoir besoin d’assistante. Je dois tout de même lui reconnaître des qualités, mais ses défauts ont vite fait de les éclipser. Lorsqu’elle commence à enfiler sa blouse blanche en silence, je la lâche du regard et me retourne sèchement, lui faisant signe de me suivre. Tout en continuant à revêtir sa tenue de travail, l’étudiante suit mes pas. Nous nous dirigeons vers une section plus sécurisée du laboratoire, largement à l’opposé de la direction que nous aurions habituellement emprunté.
- Que s’est-il passé ?
Sa question démontre d’une certaine perspicacité que je lui reconnais aisément. Je suis l’une des seules personnes disposant des autorisations nécessaires à déverrouiller l’accès du bloc vers lequel nous nous dirigeons. Dans le département scientifique, seul moi et une poignée d’élus peuvent passer la porte face à laquelle nous sommes.
Je passe ma carte d’accès. Évidemment, cela ne suffit pas à déverrouiller l’accès à cette importante salle. Je donne quelques consignes strictes à l’étudiante. J’insiste sur le caractère confidentiel de ce qu’elle va observer alors que j’approche mon œil du scanner oculaire qui va s’assurer de mon identité avant d’ouvrir cette porte.
- Un objet non identifié a été découvert dans le vide interstellaire.
C’est un mensonge dissimulé dans une vérité. Quelque chose y a effectivement été trouvé, mais le Président m’a déjà laissé l’examiner. J’ai évidemment déjà su déterminer de quoi il s’agit.
- Vous voulez tester une nouvelle fois mon implant ?
- C’est une expérience.
- Ben voyons.
Elle ne ronchonne pas plus, restant tout de même à sa place. Je n’ai pas répondu à sa question, mais je ne la prends pas pour une idiote. Je ne cherche pas particulièrement à lui cacher mes intentions, mais ne les lui expliquerai pas. En tant que scientifique, elle doit dresser ses propres hypothèses. Bientôt, nous pénétrons la pièce et elle peut poser son regard sur le sujet d’étude du jour.
Il flotte dans un liquide, entreposé dans une sorte de grand conteneur vitré émettant une lumière verte. Des sondes sont disposées ici et là dans la solution afin de l’analyser. Comme beaucoup, Jia Li Kê est aussitôt happée. Elle tente de s’approcher, aurait sûrement posé sa main sur la vitre si je ne l’avais pas retenu d’une main sur l’épaule. L’assistante tourne la tête vers moi et reprend contenance, essayant de répondre à ma question.
- C’est un fragment de quelque chose.
- Mais encore ?
Mon sourcil s’est dressé. Se moque-t-elle de moi ? Un simple coup d'œil suffit à s’en apercevoir. Elle sait pourtant bien que je déteste qu’on se contente de m’énoncer des évidences, sans analyse. C’est affligeant. Cette observation est juste superficielle, sans profondeur. Mais en observant son regard, je constate assez vite qu’elle a compris que j’en attendais bien plus qu’elle.
- Elle émet de la lumière pure. Son taux de pureté s’élève à… Elle semble attendre de voir un chiffre indiqué sur sa caméra. … 100% ?!
- De quoi s’agit-il ?
- Vous connaiss…
- Contentez-vous de répondre.
L’interruption est sèche. Elle prend quelques instants pour réfléchir, fouillant sûrement dans sa mémoire à la recherche du nom de cet artéfact.
- Un fragment de la pierre angulaire de lumière ?
- Exactement.
Bien. J’espérais qu’elle soit capable de déterminer de quoi il s’agit. Ses implants sont des sortes de caméras disposant de quelques fonctions utiles. J'étais certain qu'elle serait capable d'analyser la lumière émise par le fragment. Ce que j'ai voulu constater, il s’agit surtout de jusqu'où son implant saurait pousser son analyse. En somme, son appareil n'a pas apporté de nouvel élément probant, mais ce n'est pas un problème.
- Hmm… Je vais vous laisser nous assister dans les expériences. Ne me faites pas regretter cette décision.
- Ouiiii !
Elle semble s’en réjouir. Mon expression, quant à elle, reste neutre. Elle s’en réjouit peut-être même un peu trop à mon goût. Mais avec elle, l’équipe que j’ai constituée est donc complète. En attendant l’arrivée des autres, je vais devoir me montrer particulièrement insistant sur les règles très strictes en vigueur dans cette section. Particulièrement celle de ne jamais toucher le fragment. Tout à l'heure, nous pourrons reprendre les observations là où nous les avions laissées lors de sa semaine d'absence. Je l’observe au travers de la vitre, repensant au jour où il a été découvert. Ma curiosité avait été piquée par les mystères qui l’entourent.
Je percerai les secrets de ce cristal.