Comme arrangé quelques jours plutôt, il m’était temps de rejoindre Whitey, et de lui présenter le capitaine Schultz. Je me levais tôt ce matin pour rejoindre ce dernier à l’Estrella où il séjournait en attendant ce que l’on pouvait appeler un entretien d’embauche. Arrivé sur place, je me présentais à la réception et fus dirigé vers l’ascenseur. Je le pris et lorsque les portes s’ouvrirent, je n’eus qu’à traverser un couloir pour rejoindre la porte de sa chambre. Je frappais ; quelques secondes après la porte s’ouvrait sur un Schultz vêtu d’un costume.
Bonjour, Capitaine. Comment allez-vous aujourd’hui, dis-je en pénétrant dans la pièce.
Il referma la porte derrière moi et me proposa de m’asseoir sur un sofa.
Un peu stressé, Monsieur le Président. Je-
Oh vous n’avez pas besoin. Adolfus Whitey est un homme fort sympathique. Au bout de quelques minutes passées dans son bureau, je suis sûr que vous retrouverez votre aise.
Il me sourit avant de s’asseoir sur son lit, à demi tourné vers moi.
Je serais là pour vous vendre, de toutes façons.
Il ne répondit pas. Je pouvais voir en lui qu’il était stressé, bien sûr. Mais je le voyais aussi tout excité à l’idée de cette retraite anticipée. Il ferait l’affaire, c’était certain. Le commandement ne lui était pas inconnu, et il avait cette particularité rare de se faire apprécier de ses hommes. Je balayai l’air du revers de la main, me redressant vers lui.
Bien, l’hôtel de ville n’est pas si loin de l’Estrella. Nous y serons en dix minutes peut-être ? L’heure approchant, si vous êtes prêt nous pouvons y aller.
Il ouvrit son sac posé sur le lit et fouilla dedans avant de se retourner vers moi et de m’annoncer qu’il était prêt. Nous prîmes donc le chemin inverse, rejoignant l’ascenseur puis l’extérieur. Une fois sur le parvis de l’hôtel, il sortit un paquet de cigarettes avant de me le tendre, m’invitant à en prendre une. Ce n’était pas un cigare, mais j’acceptais au cas où qu’un refus de ma part ne rajoute à son stress. Je me devais de le ménager. Je sortis mon briquet, puis allumais cette cigarette avant de le lui tendre. Il me remercia et nous pûmes nous remettre en route.
Arrivés devant l’hôtel de ville, je ne lui proposais pas de nous arrêter quelques instants. J’entrais directement, l’invitant à me suivre. Je me présentais à la secrétaire qui arrivait enfin à me reconnaître, elle nous demanda de nous asseoir sur les chaises disposées à côté de la porte du bureau de Whitey, et de l’attendre. Nous nous exécutâmes et à peine quelques minutes après, la porte s’ouvrit sur un maire au visage souriant.
Vous êtes là ! C’est parfait, entrez, entrez je vous en prie.
Nous pénétrâmes dans son bureau, il nous proposa de nous asseoir sur les deux chaises face à son bureau. Il s’assit à son tour. Le bureau était impeccable, il était impossible de deviner ce qui avait pu se passer ici.
Monsieur le maire, je vous présente le Capitaine Schultz, dis-je en le désignant du plat de la main.
Enchanté Capitaine, je suis Adolfus Whitey, le Maire de Costa del Sol. Je ne vais pas y aller par quatre chemins. Voyez cet entretien comme un entretien d’embauche. Le précédent commissaire est…
… mort. Il est au courant, ne vous inquiétez pas. Le Capitaine Schultz est un homme de confiance. J’ai trouvé bon de le mettre au courant de l’ensemble de la situation en amont afin qu’il sache de quoi il en retourne.
Très bien… dit-il en s’enfonçant dans son siège. Les forces de l’ordre reviennent de loin, Capitaine. Votre prise de poste ne sera sans doute pas évidente. L’ancien commissaire, Jonathan Blake était peut-être un pourri, mais il était très apprécié de ses hommes.
Je le suis aussi, si c’est là votre plus grande crainte. J’ai servi le SOLDAT pendant plus de vingt ans, Monsieur. J’ai toujours su installer une relation de confiance entre mes hommes et moi.
Pour vous donner un exemple, son taux de pertes humains est exceptionnellement bas.
Il sembla… plus intéressé par ce que le Capitaine avait à lui dire. Continuer ainsi pourrait peut-être desservir Schultz. Je décidais de leur laisser un peu la parole.
J’aimerais vous poser une question Schultz. J’imagine que la Shinra paye plutôt bien. Pourquoi vouloir ce poste ?
Il prit une longue inspiration avant de répondre.
Écoutez, je ne vais pas vous mentir. Après plus d’une vingtaine d’années à bord du vaisseau-mère, à mener des hommes sur le champ de bataille, j’aspire à quelque chose de plus calme. Je n’ai plus mes vingt ans, je suis toujours apte, ne vous méprenez pas, mais lorsque le Président m’a parlé de cette place au soleil si je puis dire, j’ai tout de suite accepté. J’ai une femme et des enfants vous savez, dont l’un est encore à ma charge.
Je vois, je vois…
Il prit son sac et fouilla dedans pour en sortir un dossier contenant ses états de services. Il lui tendit au dessus de son bureau. Whitey s’en saisit et le feuilleta rapidement avant de s’arrêter sur une page.
Vous êtes… rentré là-dedans ? Demanda t-il en désignant l’image d’un immeuble recouvert de sans-coeurs. Je reconnaissais la Tour Krei.
Oui, j’ai mené mes hommes à l’intérieur, nous devions sécuriser un étage et extraire un VIP.
Et je vois qu’il n’y a eu aucune perte. Il referma le dossier et le rendit à Schultz. Rassurez-vous, à Costa del Sol, nous n’avons pas d’incidents de ce type. Savez-vous au moins en quoi consiste le poste ? Ne risquez-vous pas de vous ennuyer ?
Comme je vous l’ai dit, j’aspire à un peu plus de calme. Des jours tranquilles, où je peux voir ma famille plus régulièrement… Je ne dirais pas non.
Il termina sa phrase en tournant son regard vers moi. Je hochai la tête. Whitey, lui, afficha un rictus satisfait.
Donc vous êtes un peu au courant de ce qu’il se passe. De Pavani, de la trahison de l’ancien commissaire…
Le Président m’a raconté dans les grandes lignes. S’il est un danger pour Costa del Sol, je serais ravi de travailler avec vous dans ce sens. Quoiqu’il en soit, sous mon commandement, vous n’aurez pas à vous en faire quant à la corruption. Les seuls pots-de-vin que j’accepte sont ceux célébrant le départ de collègues, dit-il souriant.
Le maire répondit par un rire poli, alors que je levais les sourcils. Je crois que Schultz commençait à se détendre.
Très bien. Je ne demande qu’à vous croire. Après tout vous avez passé vingt ans au service du même employeur, vous me semblez fidèle. Mais vous devrez toujours vous méfier de Pavani. Cet homme est une véritable vipère, et je dois m’assurer qu’en tant que commissaire, vous serez toujours aussi fiable que vous l’étiez lorsque vous étiez SOLDAT.
Il se leva et fit le tour de son bureau, les mains jointes dans son dos.
J’ai besoin d’une police solide ici. Je dois m’assurer de votre capacité à réunifier les forces locales. Pour cette raison, je vais vous donner un mois. Officiellement, le poste est à vous, officieusement j’attends des résultats. Vous avez un mois pour me prouver votre efficacité. Si vous y parvenez alors le poste sera à vous définitivement. En attendant, vous pouvez habiter le logement de fonction, il y a de toutes façons assez de place pour vous et votre famille, j’imagine.
Merci monsieur le Maire, je-
Ne me remerciez pas encore. Vous en aurez l’occasion lorsque vous m’aurez prouvé que je ne me suis pas trompé.
Dur mais souriant, il avait l’air de vouloir reprendre la situation en mains. Je posais la main sur l’épaule de Schultz.
Vous savez ce qu’il vous reste à faire.
Oui. Merci beaucoup. Quand voulez-vous que je commence ?
Cette après-midi. Je vais venir vous introduire à la caserne. Vous prendrez vos fonctions immédiatement après, y voyez-vous un inconvénient ?
Aucun.
Très bien dans ce cas, vous pouvez y aller.
Schultz hocha la tête, quant à moi je restais assis.
Qu’y a t-il ?
A vrai dire, je voulais vous parler d’autre chose. Schultz vous pouvez disposer, je vous retrouve à l’extérieur.
Très bien.
Il sortit nous laissant seuls dans le bureau. Le maire se rassit, comme s’il avait deviné que le sujet que j’avais à aborder allait être pénible.
Je vous écoute.
Ce fut à mon tour de me lever et de faire quelques pas dans la pièce.
Avez-vous déjà entendu parler de l’Asmodée ?
Il posa son menton sur ses poings, détournant le regard pour réfléchir.
Ce nom me dit quelque chose, de quoi s’agit-il ?
Je lui souris.
C’est le nom du nouvel établissement de Pavani. Il attend un permis de construire et j’aimerais que vous fassiez en sorte qu’il l’obtienne.
Il se redressa sur sa chaise, surpris par ce que je venais de lui dire.
Vous êtes de son côté maintenant ?
Pas le moins du monde. A vrai dire, sa chute repose sur l’ouverture de cet établissement.
Continuez, vous m’intéressez.
L’Asmodée donc. Il s’agit d’un club privé, au même titre que l’est l’hôtel Marquès. Les travaux sont déjà bien avancés pour tout vous dire, Pavani n’a absolument pas attendu un permis de construire. Sans doute pense t-il l’obtenir d’une façon ou d’une autre.
Comment ?
Ce n’est pas le plus important. D’après quelques recherches effectuées par deux de mes agents infiltrés dans son cercle privé, l’Asmodée est une façade. Ce qu’il cache est bien plus sombre. Devrais-je… mentionner l’esclavagisme ?
Vous plaisantez ? Dit-il en se redressant brusquement sur sa chaise.
J’aurais aimé. Mais c’est peut-être là une chance pour nous. L’Asmodée est un établissement vitrine, ouvert au public, mais dissimulant, je crois dans ses sous-sols, ce qu’il appelle le « Bloody Key » sur les plans. C’est ce Bloody Key qui serait le véritable établissement. D’après les plans, il y aurait des cages, et nous savons de source sûre qu’il traite avec des marchands d’esclaves venant des autres mondes. Je-
Et vous voulez que j’autorise la construction d’un établissement pareil ? Monsieur Shinra, vous êtes tombé sur la tête ? Si cela venait à se savoir, ma réputation ainsi que celle de la ville seraient fichues ! Je ne peux pas cautionner ça. De l’esclavagisme, mais où va t-on ?
Je me rassieds, et rapprochais ma chaise de son bureau.
Ecoutez au moins ce que j’ai à vous dire. L’Asmodée est un établissement ordinaire. Si vous acceptez sa construction, on peut tout à fait imaginer que vous n’étiez pas au courant de ce qu’il cachait. Ces même agents dont je vous ai parlé tout à l’heure se sont infiltré à l’intérieur et n’ont pas réussi à trouver l’accès menant au sous-sol.
Peut-être n’existe t-il simplement pas ?
Permettez moi d’émettre un doute. Sinon, pourquoi les marchands d’esclaves ?
Il grogna avant de me dire de poursuivre.
Vous ne risquez rien, mais vous avez tout à y gagner. Si notre accord tient toujours, laissez-moi vous exposer le plan. Comme tout établissement, celui-ci aura une soirée d’ouverture. Peut-être même y serez-vous convié. Mes hommes et moi allons nous introduire à l’intérieur et filmer toutes les exactions que nous pourrons y voir. Ensuite, je confronterai Pavani et lui demanderai de quitter Costa del Sol en échange d’une non divulgation.
C’est très fourbe comme plan. Je ne sais pas si je veux marcher dans ce genre de combine, dit-il posant sa main sur son menton. J'aurais mentionner le fait qu'un homme était mort dans son bureau, mais je n'en fis rien.
A vous de voir si vous me faites confiance, mais il serait dommage de passer à côté d’une telle opportunité. Vous vouliez voir Pavani quitter la ville, oui ou non ? Soucieux de son image, il n’aura pas le choix une fois mis au pied du mur. Vous n’avez juste qu’à accepter la construction.
C’est peut-être bien une minute qui s’écoula. Je le laissais réfléchir en gardant le silence.
A une condition. Vous avez parlé de cages et d’esclaves. Je veux qu’une fois Pavani évincé, tout ces gens retrouvent leur liberté.
Naturellement, dis-je souriant. Je proposerais un grand nombre de navettes pour les ramener chez eux. Cela ne se fera peut-être pas le jour même pour ne pas éveiller les soupçons, mais d’ici à ce qu’ils trouvent le chemin du retour, je m’assurerai qu’ils soient bien traités. Je ne veux rien d’autre que le départ de Pavani. Si telle est votre condition, j’accepte.
Très bien. Je verrais ce que je peux faire. Comment s’appelle l’établissement déjà ?
L’Asmodée.
Dim 18 Avr 2021 - 10:07Bonjour, Capitaine. Comment allez-vous aujourd’hui, dis-je en pénétrant dans la pièce.
Il referma la porte derrière moi et me proposa de m’asseoir sur un sofa.
Un peu stressé, Monsieur le Président. Je-
Oh vous n’avez pas besoin. Adolfus Whitey est un homme fort sympathique. Au bout de quelques minutes passées dans son bureau, je suis sûr que vous retrouverez votre aise.
Il me sourit avant de s’asseoir sur son lit, à demi tourné vers moi.
Je serais là pour vous vendre, de toutes façons.
Il ne répondit pas. Je pouvais voir en lui qu’il était stressé, bien sûr. Mais je le voyais aussi tout excité à l’idée de cette retraite anticipée. Il ferait l’affaire, c’était certain. Le commandement ne lui était pas inconnu, et il avait cette particularité rare de se faire apprécier de ses hommes. Je balayai l’air du revers de la main, me redressant vers lui.
Bien, l’hôtel de ville n’est pas si loin de l’Estrella. Nous y serons en dix minutes peut-être ? L’heure approchant, si vous êtes prêt nous pouvons y aller.
Il ouvrit son sac posé sur le lit et fouilla dedans avant de se retourner vers moi et de m’annoncer qu’il était prêt. Nous prîmes donc le chemin inverse, rejoignant l’ascenseur puis l’extérieur. Une fois sur le parvis de l’hôtel, il sortit un paquet de cigarettes avant de me le tendre, m’invitant à en prendre une. Ce n’était pas un cigare, mais j’acceptais au cas où qu’un refus de ma part ne rajoute à son stress. Je me devais de le ménager. Je sortis mon briquet, puis allumais cette cigarette avant de le lui tendre. Il me remercia et nous pûmes nous remettre en route.
Arrivés devant l’hôtel de ville, je ne lui proposais pas de nous arrêter quelques instants. J’entrais directement, l’invitant à me suivre. Je me présentais à la secrétaire qui arrivait enfin à me reconnaître, elle nous demanda de nous asseoir sur les chaises disposées à côté de la porte du bureau de Whitey, et de l’attendre. Nous nous exécutâmes et à peine quelques minutes après, la porte s’ouvrit sur un maire au visage souriant.
Vous êtes là ! C’est parfait, entrez, entrez je vous en prie.
Nous pénétrâmes dans son bureau, il nous proposa de nous asseoir sur les deux chaises face à son bureau. Il s’assit à son tour. Le bureau était impeccable, il était impossible de deviner ce qui avait pu se passer ici.
Monsieur le maire, je vous présente le Capitaine Schultz, dis-je en le désignant du plat de la main.
Enchanté Capitaine, je suis Adolfus Whitey, le Maire de Costa del Sol. Je ne vais pas y aller par quatre chemins. Voyez cet entretien comme un entretien d’embauche. Le précédent commissaire est…
… mort. Il est au courant, ne vous inquiétez pas. Le Capitaine Schultz est un homme de confiance. J’ai trouvé bon de le mettre au courant de l’ensemble de la situation en amont afin qu’il sache de quoi il en retourne.
Très bien… dit-il en s’enfonçant dans son siège. Les forces de l’ordre reviennent de loin, Capitaine. Votre prise de poste ne sera sans doute pas évidente. L’ancien commissaire, Jonathan Blake était peut-être un pourri, mais il était très apprécié de ses hommes.
Je le suis aussi, si c’est là votre plus grande crainte. J’ai servi le SOLDAT pendant plus de vingt ans, Monsieur. J’ai toujours su installer une relation de confiance entre mes hommes et moi.
Pour vous donner un exemple, son taux de pertes humains est exceptionnellement bas.
Il sembla… plus intéressé par ce que le Capitaine avait à lui dire. Continuer ainsi pourrait peut-être desservir Schultz. Je décidais de leur laisser un peu la parole.
J’aimerais vous poser une question Schultz. J’imagine que la Shinra paye plutôt bien. Pourquoi vouloir ce poste ?
Il prit une longue inspiration avant de répondre.
Écoutez, je ne vais pas vous mentir. Après plus d’une vingtaine d’années à bord du vaisseau-mère, à mener des hommes sur le champ de bataille, j’aspire à quelque chose de plus calme. Je n’ai plus mes vingt ans, je suis toujours apte, ne vous méprenez pas, mais lorsque le Président m’a parlé de cette place au soleil si je puis dire, j’ai tout de suite accepté. J’ai une femme et des enfants vous savez, dont l’un est encore à ma charge.
Je vois, je vois…
Il prit son sac et fouilla dedans pour en sortir un dossier contenant ses états de services. Il lui tendit au dessus de son bureau. Whitey s’en saisit et le feuilleta rapidement avant de s’arrêter sur une page.
Vous êtes… rentré là-dedans ? Demanda t-il en désignant l’image d’un immeuble recouvert de sans-coeurs. Je reconnaissais la Tour Krei.
Oui, j’ai mené mes hommes à l’intérieur, nous devions sécuriser un étage et extraire un VIP.
Et je vois qu’il n’y a eu aucune perte. Il referma le dossier et le rendit à Schultz. Rassurez-vous, à Costa del Sol, nous n’avons pas d’incidents de ce type. Savez-vous au moins en quoi consiste le poste ? Ne risquez-vous pas de vous ennuyer ?
Comme je vous l’ai dit, j’aspire à un peu plus de calme. Des jours tranquilles, où je peux voir ma famille plus régulièrement… Je ne dirais pas non.
Il termina sa phrase en tournant son regard vers moi. Je hochai la tête. Whitey, lui, afficha un rictus satisfait.
Donc vous êtes un peu au courant de ce qu’il se passe. De Pavani, de la trahison de l’ancien commissaire…
Le Président m’a raconté dans les grandes lignes. S’il est un danger pour Costa del Sol, je serais ravi de travailler avec vous dans ce sens. Quoiqu’il en soit, sous mon commandement, vous n’aurez pas à vous en faire quant à la corruption. Les seuls pots-de-vin que j’accepte sont ceux célébrant le départ de collègues, dit-il souriant.
Le maire répondit par un rire poli, alors que je levais les sourcils. Je crois que Schultz commençait à se détendre.
Très bien. Je ne demande qu’à vous croire. Après tout vous avez passé vingt ans au service du même employeur, vous me semblez fidèle. Mais vous devrez toujours vous méfier de Pavani. Cet homme est une véritable vipère, et je dois m’assurer qu’en tant que commissaire, vous serez toujours aussi fiable que vous l’étiez lorsque vous étiez SOLDAT.
Il se leva et fit le tour de son bureau, les mains jointes dans son dos.
J’ai besoin d’une police solide ici. Je dois m’assurer de votre capacité à réunifier les forces locales. Pour cette raison, je vais vous donner un mois. Officiellement, le poste est à vous, officieusement j’attends des résultats. Vous avez un mois pour me prouver votre efficacité. Si vous y parvenez alors le poste sera à vous définitivement. En attendant, vous pouvez habiter le logement de fonction, il y a de toutes façons assez de place pour vous et votre famille, j’imagine.
Merci monsieur le Maire, je-
Ne me remerciez pas encore. Vous en aurez l’occasion lorsque vous m’aurez prouvé que je ne me suis pas trompé.
Dur mais souriant, il avait l’air de vouloir reprendre la situation en mains. Je posais la main sur l’épaule de Schultz.
Vous savez ce qu’il vous reste à faire.
Oui. Merci beaucoup. Quand voulez-vous que je commence ?
Cette après-midi. Je vais venir vous introduire à la caserne. Vous prendrez vos fonctions immédiatement après, y voyez-vous un inconvénient ?
Aucun.
Très bien dans ce cas, vous pouvez y aller.
Schultz hocha la tête, quant à moi je restais assis.
Qu’y a t-il ?
A vrai dire, je voulais vous parler d’autre chose. Schultz vous pouvez disposer, je vous retrouve à l’extérieur.
Très bien.
Il sortit nous laissant seuls dans le bureau. Le maire se rassit, comme s’il avait deviné que le sujet que j’avais à aborder allait être pénible.
Je vous écoute.
Ce fut à mon tour de me lever et de faire quelques pas dans la pièce.
Avez-vous déjà entendu parler de l’Asmodée ?
Il posa son menton sur ses poings, détournant le regard pour réfléchir.
Ce nom me dit quelque chose, de quoi s’agit-il ?
Je lui souris.
C’est le nom du nouvel établissement de Pavani. Il attend un permis de construire et j’aimerais que vous fassiez en sorte qu’il l’obtienne.
Il se redressa sur sa chaise, surpris par ce que je venais de lui dire.
Vous êtes de son côté maintenant ?
Pas le moins du monde. A vrai dire, sa chute repose sur l’ouverture de cet établissement.
Continuez, vous m’intéressez.
L’Asmodée donc. Il s’agit d’un club privé, au même titre que l’est l’hôtel Marquès. Les travaux sont déjà bien avancés pour tout vous dire, Pavani n’a absolument pas attendu un permis de construire. Sans doute pense t-il l’obtenir d’une façon ou d’une autre.
Comment ?
Ce n’est pas le plus important. D’après quelques recherches effectuées par deux de mes agents infiltrés dans son cercle privé, l’Asmodée est une façade. Ce qu’il cache est bien plus sombre. Devrais-je… mentionner l’esclavagisme ?
Vous plaisantez ? Dit-il en se redressant brusquement sur sa chaise.
J’aurais aimé. Mais c’est peut-être là une chance pour nous. L’Asmodée est un établissement vitrine, ouvert au public, mais dissimulant, je crois dans ses sous-sols, ce qu’il appelle le « Bloody Key » sur les plans. C’est ce Bloody Key qui serait le véritable établissement. D’après les plans, il y aurait des cages, et nous savons de source sûre qu’il traite avec des marchands d’esclaves venant des autres mondes. Je-
Et vous voulez que j’autorise la construction d’un établissement pareil ? Monsieur Shinra, vous êtes tombé sur la tête ? Si cela venait à se savoir, ma réputation ainsi que celle de la ville seraient fichues ! Je ne peux pas cautionner ça. De l’esclavagisme, mais où va t-on ?
Je me rassieds, et rapprochais ma chaise de son bureau.
Ecoutez au moins ce que j’ai à vous dire. L’Asmodée est un établissement ordinaire. Si vous acceptez sa construction, on peut tout à fait imaginer que vous n’étiez pas au courant de ce qu’il cachait. Ces même agents dont je vous ai parlé tout à l’heure se sont infiltré à l’intérieur et n’ont pas réussi à trouver l’accès menant au sous-sol.
Peut-être n’existe t-il simplement pas ?
Permettez moi d’émettre un doute. Sinon, pourquoi les marchands d’esclaves ?
Il grogna avant de me dire de poursuivre.
Vous ne risquez rien, mais vous avez tout à y gagner. Si notre accord tient toujours, laissez-moi vous exposer le plan. Comme tout établissement, celui-ci aura une soirée d’ouverture. Peut-être même y serez-vous convié. Mes hommes et moi allons nous introduire à l’intérieur et filmer toutes les exactions que nous pourrons y voir. Ensuite, je confronterai Pavani et lui demanderai de quitter Costa del Sol en échange d’une non divulgation.
C’est très fourbe comme plan. Je ne sais pas si je veux marcher dans ce genre de combine, dit-il posant sa main sur son menton. J'aurais mentionner le fait qu'un homme était mort dans son bureau, mais je n'en fis rien.
A vous de voir si vous me faites confiance, mais il serait dommage de passer à côté d’une telle opportunité. Vous vouliez voir Pavani quitter la ville, oui ou non ? Soucieux de son image, il n’aura pas le choix une fois mis au pied du mur. Vous n’avez juste qu’à accepter la construction.
C’est peut-être bien une minute qui s’écoula. Je le laissais réfléchir en gardant le silence.
A une condition. Vous avez parlé de cages et d’esclaves. Je veux qu’une fois Pavani évincé, tout ces gens retrouvent leur liberté.
Naturellement, dis-je souriant. Je proposerais un grand nombre de navettes pour les ramener chez eux. Cela ne se fera peut-être pas le jour même pour ne pas éveiller les soupçons, mais d’ici à ce qu’ils trouvent le chemin du retour, je m’assurerai qu’ils soient bien traités. Je ne veux rien d’autre que le départ de Pavani. Si telle est votre condition, j’accepte.
Très bien. Je verrais ce que je peux faire. Comment s’appelle l’établissement déjà ?
L’Asmodée.