• Protection rapprochée •
Une nouvelle fois, je pars en mission, mais cette fois , je restais dans les « terres » de mon groupuscule.
Je me dirigeai vers le Spiderweb, l'hôtel dans lequel se trouvait un homme que je devais protéger pour aujourd'hui et demain.
Ne connaissant pas non plus ce monde, je demandais à quelques personnes que je croisai dans la rue le chemin que je devais suivre pour trouver le bâtiment où je devais me rendre aujourd'hui.
Enfin arrivée à destination, je me dirigeai vers la réception. Un homme de petite taille et chauve avec de grosses lunettes rondes me dévisageait.
« On ne loue pas de chambre à l'heure ici... »
« Pardon !? »
Je baissai mon visage pour regarder ma tenue puis à nouveau le réceptionniste qui avait laissé ses yeux dériver vers le décolleté de ma robe, mais je me mis à réfléchir, avant d'ouvrir la bouche.
« Vieux... Vieux... Cochon ! »
Première fois que j'insultais quelqu'un, j'avais mis du temps avant de savoir quoi lui dire. Je n'étais pas à l'aise à l'idée de répondre de la sorte, mais Billy m'avait bien dit qu'il fallait que je me renforce mentalement, j'étais trop gentille. Puis dans mon ordre de mission, on m'a aussi dit que je n'aimerai pas fréquenter un monde comme celui-ci. Les lieux, ou même les habitants, ce n'était vraiment pas ma tasse de thé.
« Si vous n'êtes pas là pour moi, vous êtes là pourquoi ? » (Demanda-t-il sur un ton blessant.)
Je pris une profonde inspiration avant de lui répondre la plus calmement possible.
« Je viens de la part de monsieur Shinra lui-même. »
L'homme hautain ouvrit de grands yeux avant de se gratter la gorge du bout des doigts.
« Et que veut-il ? »
« La chambre de monsieur Danton. »
Toujours apeuré à l'idée de pouvoir se faire renvoyer par le président de la société Shin-Ra, l'homme regarda très rapidement dans le registre pour trouver le numéro de la suite avant de me le donner.
Je pris les escaliers, ça me ferait faire un peu de sport et puis accessoirement, sur les portes de l'ascenseur il y avait une pancarte avec écrit dessus « Hors Service ».
Enfin arrivée au troisième étage, je longeai un couloir tout en bois, et marchai silencieusement sur un tapis noir et rouge. Je cherchai la chambre 325 et frappai sur cette dernière. Au bout de quelques minutes, quelqu'un vint l'ouvrir.
« Non merci. Pas intéressé. »
Il referma vivement la porte ce qui vit voler les quelques mèches de cheveux qui étaient devant mon visage.
Mais c'est quoi ce monde ? Ils me prennent tous pour quoi là ? Entre un qui veut... Je ne sais pas quoi et l'autre qui me dit qu'il n'est pas intéressé. Je me demande si je ne préférai pas les quelques fois où on me prenait pour une monstre. J'ai l'impression d'être dans un monde de fous.
« Monsieur Danton, c'est monsieur Shinra qui m'envoie... » (Crai-je à travers la porte.)
La porte se rouvrit délicatement laissant apparaitre à nouveau le visage de monsieur Danton.
Il était brun, les cheveux très courts et gominés, il portait une petite paire de lunettes de soleil... À l'intérieur. Je ne jugeais pas, il supportait peut-être très mal la lumière, naturelle ou artificielle.
« On m'a envoyé une femme pour m'escorter !? »
« Heu... Petit soucis de dernière minute, c'est donc moi qu'on envoie. »
« Oui. Et bien... Restez-là. Je vous dirai quand on partira. »
Il referma à nouveau la porte et je regardai le mur face à la porte de sa chambre. J'allais devoir rester là combien de temps ? Quelques heures ? Une nuit ?
Je n'allais tout de même pas restée éveillée et debout devant une porte fermée pour pouvoir faire ça ?
Je restai adossée au dos quelques minutes... Puis quelques heures avant de commencer à faire les cent pas pour m'occuper.
Commençant à en avoir d'être debout, je finis par m'assoir et commençai à jouer avec les quelques fils qui dépassaient du tapis que j'arrachai délicatement et faisais des petites boules avec que je jetai contre le mur face à moi.
Au bout de longues, très longues heures, je voyais par la fenêtre au bout du couloir que le soleil s'était couché. Je n'en pouvais plus d'être là à rien faire. Je commençai à sentir mes yeux qui se fermaient presque tous seuls.
J'étais assise en tailleur, un coude posé sur ma cuisse, ma main soutenant ma tête. Mes yeux agissaient d'eux même, je ne les contrôlais plus, je m'endormais sur place.
« Non ! Je ne dormais pas. »
Je sursautai et cognai ma tête dans le mur derrière moi.
« Aïe... »
Je frottai ma tête vigoureusement puis me relevai et recommençai à marcher sur toute la longueur du couloir sur le tapis.
En m'approchant du bout du couloir, je vis que l'on pouvait ouvrir la fenêtre, ce que je fis et sortis ma tête d'un coup. Un peu de fraicheur me ravigotait, pris une profonde inspiration et restais là à regarder le soleil se lever.
C'est alors que j'entendis la porte de la chambre de monsieur Danton s'ouvrir et courus jusque là-bas, sans même prendre le temps de refermer la fenêtre.
« Vous êtes là. C'est bien. Allons-y ! »
Il commençait à partir vers l'ascenseur. Cet homme était un goujat, la politesse n'était pas son point fort. Un « bonjour » ne l'aurai pas tué.
Je le rattrapai très vite en posant ma main sur son bras.
« Il faut prendre les escaliers. Ils sont en panne. »
« Ils fonctionnent très bien ! J'ai demandé à ce qu'on mette cette pancarte dessus, comme ça, j'entendais un peu les pas dans le couloir. »
Je restai bouche-bée, dépitée par le comportement de ce type. Je le suivis dans la cabine alors qu'il appuyait sur le bouton nous permettant d'atteindre le rez-de-chaussée et de quitter cet endroit.
Nous passâmes devant le réceptionniste qui ne nous prêta aucune attention. Nous nous en allâmes en direction de la nouvelle destination que nous devions prendre avec monsieur Danton, pour qu'il puisse signer un contrat et avec le peu que j'avais pu voir jusqu'à maintenant, il valait mieux qu'il ne soit pas seul ici.
Nous longions les rues plutôt désertes à cette heure-ci, au moins nous n'aurions pas été dérangés pendant notre « balade ». Je prenais un peu d'avance sur lui lorsque je demandais à quelques passants la direction à suivre comme je l'avais fais pour trouver l'hôtel. Ces personnes avaient l'air d'être dans la misère mais qui n'avaient pas l'air dangereuses pour autant.
Lorsque nous arrivâmes enfin au Bluegrass. Je regardai partout avant de laisser monsieur Danton entrer.
Mais alors que je fis un pas de plus, un petit bonhomme rondouillard sortit d'une ruelle un couteau à la main. Je repoussai l'homme que j'escortais pour le mettre hors de danger mais en faisant cela, je pris la lame de notre « agresseur » dans la cuisse.
« Ma robe !? Elle va être tachée ! Espèce de... D'imbécile ! »
Il fallait vraiment que j'élargisse mon vocabulaire d'insultes. Mais la douleur à ma jambe me fit revenir sur terre et retirai mon gant avant d'écraser ma main nue sur le faciès de l'homme qui s'était mis en travers de notre route.
Il se tenait le visage et hurlait à pleins poumons. J'en profitai pour attraper monsieur Danton par la manche et de courir vers le club qui n'était plus qu'à une très courte distance de nous.
Je le tenais toujours, l'adrénaline en moi me permettait de continuer à courir avec l'homme en direction de la pièce où devait se dérouler la signature de ce contrat.
Je restai à nouveau seule, tout en continuant de marmonner en voyant le sang qui continuait de couleur sur ma tenue.
Les minutes défilaient et je n'avais pas envie de revivre ce qui s'était passé la veille dans l'hôtel. Je tentai de ne pas y penser en tapotant du bout des doigts l'entaille que j'avais à présent sur la cuisse.
Au bout d'un certain temps, je le vis ressortir tout sourire. Je l'empêchai de sortir par la porte où nous étions entrer. N'importe qui aurait pu nous attendre dehors. Je lui proposai de partir par une porte dérobée.
À nouveau dehors et sans personne qui pouvait nous sauter dessus, je tentai de me souvenir de bâtiments que j'avais vu la veille pour pouvoir rentrer avec lui au quartier général.
Nous avions eu la chance de ne voir personne. Nous avions cependant pris tout notre temps. Entre les rapides coups d'œil au détour d'une rue et ma jambe qui me lançait quelque peu.
Lorsque nous arrivâmes avec énormément de retard et que nous soyons enfin en sécurité dans ce lieu qui me rassurait.
Monsieur Danton s'en alla de son côté et moi, je ne voulais qu'une chose. M'assoir un instant alors que je claudiquais toujours et que ma robe était de plus en plus tâchée.
« Ahri !? »
Je me raidis en entendant mon nom et me tournait le plus lentement possible.
« Mais... Qu'est ce qui t'es arrivé ? »
« Ho rien, c'est juste... »
Je fus coupée dans mon explication que mon collègue me pris dans ses bras.
« Billy... »
« William. Billy, c'est le diminutif de mon prénom. »
Je restais sans voix, je ne savais pas quoi dire. C'était la première fois qu'on me tenait de cette manière, même mon meilleur ami ne l'avait jamais fait.
Lui non plus ne disait plus rien, il me tenait juste, mais il fini par me relâcher doucement.
« Ahri, je t'ais dis de devenir plus forte. Pas de te faire charcuter... »
« C'était un accident. J'aurai pu l'esquiver mais... Ou pas, je n'en sais rien. J'étais tellement obnubilée par la sécurité de ce type que... »
« Quel type ? »
« Heu, juste un gars pour un contrat à signer. »
En lui disant ça, je voyais son regard un peu plus serein.
« Je préfère ça. »
« Hein ? »
Il posa ses mains sur mes joues et approcha son visage du miens. Il baissa légèrement ma tête pour poser ses lèvres sur mon front.
« Fais plus attention à toi. » (Chuchota-t-il.)
Il me relâcha avant de s'en aller mais se retourna une dernière fois vers moi en me faisant un signe de la main.
Je fis le même mouvement machinal tout en murmurant son « vrai » prénom en oubliant totalement ma jambe.