• Ça dégage •
Je partais pour une nouvelle mission, mais cette fois au Domaine Enchanté. Il arrivait parfois que la Shin-Ra s'occuper de petits contrats comme le faisaient les mercenaires, groupe dont j'avais vaguement entendu parler, mais sans plus.
Dans mon village, il ne se passait pas grand chose, on savait ce qui se déroulait ailleurs grâce à l'Éclaireur, mais c'était un endroit très calme et aucune apparition de sans-cœur, je n'en avais même jamais vu... Mis à part dans les quelques rapports que j'avais pu apercevoir au quartier général de la Shin-Ra ou bien des informations que j'avais pu glaner aux cours de conversations.
C'était donc arrivée à destination que je découvrais de nouveaux paysages. C'était hallucinant de voir à quel point il y avait une vaste étendue de choses au-delà de ma bourgade, j'étais toujours émerveillée de voir que tout cela se révélait à moi.
Je marchais alors en direction d'un petit village où je devais me rendre et plus particulièrement vers une ferme tenu par un homme qui avait justement demandé de l'aide auprès de mon groupuscule pour se débarrasser de nuisibles.
Je trouvais un couple qui étaient en train de travailler dans leur jardin. L'homme, arrachait des mauvaises herbes, tandis que la femme étendait du linge. Ils devaient tous les deux avoir une bonne vingtaine d'année, ils se souriaient continuellement dès qu'ils se voyaient. Étaient-ils de jeunes mariés ? Ou bien étaient-ils tout simplement heureux de leur vie ?
« Bonjour ! »
Ils levèrent tous les deux la tête en m'entendant. L'homme fit un geste à sa femme, lui faisant comprendre qu'il voulait s'en occuper, qu'elle ne devait pas se mêler de ça.
« C'est pour quoi ? »
« Désolée de vous déranger. Mais je cherche un homme qui a une ferme dans le coin. Je ne sais pas qui il est exactement et... »
« Vous lui voulez quoi ? »
« Aucun mal ! Rassurez-vous. On m'a demandé de lui venir en aide, c'est tout. »
« Il a des problèmes ? »
« De nuisibles. »
« Elle veut sûrement parler de Daniel. » (Dit la jeune femme toujours derrière.)
Mon regard se détourna de l'homme pour faire face à celui de sa compagne alors que celui-ci fit de même. Il resta un instant le dos tourné avant de me regarder à nouveau.
« Ce vieux Daniel habite un peu plus haut là-bas. »
Il m'indiqua une direction que je pris après l'avoir remercié lui et sa femme.
Je me retournai et les vis une nouvelle fois en train de se sourire, mais je m'arrêtai en voyant que l'homme s'était approché de sa femme pour l'embrasser tendrement. J'effleurai mes propres lèvres du bout de mes doigts gantés en me demandant quelle sensation ça faisait d'être embrassée.
Je remuai vivement la tête et me dirigeai vers la ferme de ce dénommé Daniel. Je me demandais comment pouvait être cet homme. D'après celui que je venais de voir, il devait être « vieux » mais était-ce une façon de parler ou bien, était-il vraiment d'un certain âge ?
Arrivant enfin devant une ferme où il n'y avait pas âme qui vive, je franchissais le petit portail, avança jusqu'à la porte en bois et frappai doucement dessus. J'attendis quelques minutes avant de voir un homme, plutôt âgé. Des cheveux blancs recouverts d'un chapeau de paille? Son visage était marqué par le temps, plusieurs rides au coin de ses lèvres et yeux.
« Monsieur Daniel ? »
« Juste Daniel. Qu'est ce que vous voulez ? »
« La Shin-Ra m'envoie. »
Il me dévisagea un instant, il devait sûrement se demander ce qu'une fille pas bien grande avec la carrure d'un haricot et une tenue vestimentaire particulière pouvait bien faire pour régler son problème.
« Par là. »
Il n'était pas très loquace et je pouvais tout à fait le comprendre, il n'avait pas l'air de me prendre au sérieux.
Nous marchâmes vers le petit jardin qui était situé derrière sa maison. Je fus surprise en voyant l'intensité des dégâts. Tout ce qui lui appartenait avait été endommagé, d'autres choses étaient dans un pire état, on n'arrivait même plus à reconnaitre ce que cela pouvait être.
Il me laissa seule sans rien ajouter, je voyais sur son regard qu'il était totalement dépité par ce qu'il subissait au quotidien. Je comprenais ce qu'il pouvait ressentir, bien évidemment ce n'était rien comparé à ce qu'il devait endurer avec ces monstres. À peine il s'en débarrassait, qu'elles revenaient de plus belle.
Je m'avançai lentement vers les premiers objets contaminés par la vermine, retirai le gant de ma main gauche, je me concentrai sur du feu, je voulais que cela soit puissant. Pas un simple feu, quelque chose qui allait pouvoir les tuer.
Je regardais ces montres, c'était la première fois que j'en voyais « en chair et en os ». Je n'avais pu voir que des photos ou des croquis d'eux, mais c'était impressionnant de voir que ces choses pouvaient être réelles.
Ma main s'avança vers ces Fleurs de Brume, mes yeux toujours ouverts pour empêcher la peur de m'envahir si jamais ces sans-cœur jetaient leur dévolu sur moi plutôt que sur les outils du fermier.
Des flammes commencèrent à prendre vie au bout de mes doigts et la posai avec énormément de vitesse sur les petites créatures toujours occupés à prendre possession de la pelle.
Aucuns bruits de leur part, mais ces sans-cœurs voulurent se disperser en sentant du feu sur elle. J'arrachai avec mes dents mon deuxième gant et me jetai sur eux pour les brûler une nouvelle fois.
Je n'avais pas l'impression que le feu était d'une grande utilité sur eux, mais il était hors de question que je donne un coup à mains nues dans ces choses infâmes.
Je courais continuellement après ces petits monstres flottants tout en les brûlant.
Je commençai à avoir du mal à les suivre d'une part car je perdais mon souffle et puis, je n'avais pas vraiment des vêtements pour pouvoir courir de la sorte.
Il fallait que je contrôle mes pouvoirs, c'était le plus important à l'instant, je devais me concentrer sur ça, il ne fallait pas que je brûle la totalité des cultures du pauvre homme. Il aurait enfin été débarrassé des nuisibles de son jardin mais il aurait eu le droit en échange à une parcelle de terre totalement détruite. Si cela arrivait, je me serait fait envoyer balader par le fermier et j'aurai eu le droit en plus de me faire taper sur les doigts au retour du quartier général.
Je pris une profonde inspiration, fermai les yeux et soufflai le plus lentement possible, je me calmai tant bien que mal. Je rouvris les yeux et les regardai, ils continuaient de virevolter dans tous les sens en me regardant comme s'ils étaient en train de me narguer.
Je tendis mes mains en avant, en direction des sans-cœur, les yeux emplis de rage et crachant toute cette haine envers ces créatures obscures. Lorsque le feu s'éteignit de mes mains, je vis qu'il n'y avait plus aucuns monstres. Je soufflai, le sourire aux lèvres, contente d'avoir pu en tuer.
Je décidai de renouveler cette attaque dévastatrice envers les autres Fleurs de Brume.
Alors qu'il n'y avait plus aucuns êtres nocifs dans ce jardin, le fermier allait enfin pouvoir retrouver le sourire à revenir travailler ses cultures. Je remettais mes gants et fit volte face pour rejoindre le fermier... Qui était déjà là.
« C'était quoi ça ? »
« Désolée... »
Lui aussi, un homme que je ne connaissais pas me voyait comme un monstre. C'est donc tout ce que j'allais être aux yeux de tout le monde jusqu'à la fin de ma vie.
« Sérieusement ? Vous vous excusez d'avoir tué des sans-cœur ? »
Je relevai la tête, il n'avait pas l'air de m'en vouloir. Je ne comprenais pas.
« Pardon ? »
« Ça fait un certain temps que je n'en pouvais plus de voir ces... Monstres. Et vous vous arrivez et... »
Le vieil homme s'avança d'un pas rapide et attrapa mes mains qui n'étaient plus dangereuses et les serra de toutes ses forces dans les siennes.
« Merci... Merci infiniment ! »
Toujours muette, je me contentai de sourire. Des larmes commencèrent à perler au coin de ses yeux, son supplice était terminé.
Je le laissai seul, heureux de retrouver ce qu'il avait perdu trop longtemps et m'en allai. Je repassai devant la maison du jeune couple qui n'était plus dehors, je repensai à ce que j'avais vu plus tôt et fini par repartir vers la station Shin-Ra.
