Une maison hors de tout soupçon Szp8Une maison hors de tout soupçon 4kdkUne maison hors de tout soupçon 4kdk
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Nous sommes quatorze ans après les évènements de Kingdom Hearts 2. En tant d’années, les choses ont considérablement changé. Les dangers d’hier sont des soucis bénins aujourd’hui, et au fil du temps, les héros ont surgi de là où on ne les attendait pas. Ce sont les membres de la lumière qui combattent jour après jour contre les ténèbres.

Ce n’est plus une quête solitaire qui ne concerne que certains élus. C’est une guerre de factions. Chaque groupe est terré dans son quartier général, se fait des ennemis comme des alliés. Vivre dehors est devenu trop dangereux. Être seul est suicidaire. A vous de choisir.

La guerre est imminente... chaque camp s'organise avec cette même certitude pour la bataille.

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Nous nous sommes trouvées en urgence un petit pied-à-terre au dessus d’une épicerie minable donnant sur une rue secondaire de la ville. Nous sommes rentrées plus tôt que prévu mais je me sens exténuée. Odile ouvre la porte, qui est dans un état discutable et nous entrons dans l’endroit  après avoir allumé les lampes. De nuit, c’est encore plus médiocre. Il y a un petit coin cuisine minuscule, le frigo émet un grésillement en permanence, puis un canapé-lit pour deux personnes qui a l’air d’être d’un confort très relatif. Il y a également un coin douche qui doit faire approximativement deux mètres carré. Tandis qu’Odile va s’avachir dans le canapé sans un bruit, je me dirige dans la salle de bain pour me rincer le visage à grande eau. Je sens l’odeur du vieux tabac sur mes vêtements.

-On commence à quelle heure demain ?

Je sors de la salle de douche et fais face à ma colocataire de fortune.

-17.

Elle me dévisage durement quelques secondes.

-Je ne sais vraiment pas pourquoi je fais ça pour toi. Tu me dois déjà un service, et…
-Je sais Odile, je sais.

Je hoche la tête tout en le disant, l’air concerné. Je ne plaisante pas, je ne le prends pas à la légère, je me rends compte avec le temps qu’elle est la seule personne sur laquelle je peux vraiment compter et que j’ai tout intérêt à me montrer à la hauteur de sa confiance si j’espère garder cet appui inconditionnel. Il y a bien eu Temerys, oui, mais où est-elle à présent ?

-Très bien. Alors ne sois pas décevante.
-Je ne le serai pas. On va se sortir de cette histoire plus tôt que tu ne l’aurais cru et…

Mon gummiphone vibre dans la poche de mon sweat, je le saisis et regarde, ce n’est pas un message,  c’est Reno qui m’appelle en visio. Je lisse rapidement mes mèches de cheveux en passant mes doigts dedans.

-Qu’est-ce que c’est ?
-Un turk, il m’appelle.
-Bah, réponds !
-Chut, ok ?

Odile passe ses doigts sur sa bouche comme pour imiter une fermeture-éclair. J’appuie sur le bouton pour démarrer la conférence. Il apparaît alors, vu du bas, en contre-plongée, vue direct sur son cou et sur le col de sa chemise.

-Reno ?
-Ah ! Nina.

Il ramène le gummiphone devant son visage. Je souris légèrement.

-Bon, ça s’est passé comment ce soir ?
-Bien. Enfin, je crois.

Il fronce les sourcils.

-Tu crois ? « Vous » avez avancé ?
-Il nous a invité chez lui mais… la soirée a pris un tournant assez bref. C’est sûrement à cause de votre altercation.
-Chez lui ? Qu’est-ce qu’il voulait?

Il affiche un air sceptique, voire méfiant. Je me mords l’intérieur de la joue pour montrer ma gêne, je baisse les yeux et passe une mèche derrière mes cheveux. Je me suis entraînée à faire ce geste, c’est presque devenu naturel pour moi.

-Je crois que c’est pas nécessaire de te faire un dessin.
-Ah, ouais, je vois. …Et c’est quel genre de boulot que vous faites dans ce truc ?
-Hôtesse. Grosso modo on s’occupe des clients. Enfin « s’occuper » dans le sens accueillir, placer, demander s’ils souhaitent quelque chose de particulier, pas…
-Ouais !

Il se gratte l’arrière du crâne.

-Bon sinon… faut que je te dise.
-Je t’écoute.

Je jette un coup d’oeil instinctivement vers Odile.

-T’es pas seule ?
-Euh, non, enfin il y a cette personne de confiance.
-Ouais, ok, je vois. Bah.

Il hésite encore un peu.

-Justement, le Patron voudrait rencontrer cette personne demain, et faire un briefing avec toi. C’est bon pour toi?
-Si c’est le matin, c’est bon. On… travaille fin d’après-midi.

Moi ? Refuser une entrevue avec Rufus Shinra. Voilà qui n’est pas prêt d’arriver, espérons juste que ce sera sous de meilleures auspices que la dernière fois.

-L’ennui c’est qu’on ne peut pas se rencontrer ici, quelqu’un pourrait vous voir arriver et faire le lien avec nous.

C’est vrai. Cela mettrait notre infiltration en péril.

-J’ai repéré une petite maison à louer à la journée sur internet. Je vais la réserver avec un compte d’une de nos filiales inconnues et… Je t’envoie les coordonnées. On se retrouve là, demain à 10h.
-Parfait.

Je fais un petit signe de main et raccroche.

-Eh ben.
-Quoi ?

Je me tourne vers elle, elle est à moitié allongée, un pied à terre et l’autre jambe repliée contre elle.

-Tu crois qu’ils vont vouloir m’éliminer ?
-Hein ? Non. Pourquoi ?

En vérité je fais mine de ne pas y croire mais je ne suis plus certaine de rien concernant mon employeur.

-Si tu le dis. Du coup, 10h, c’est ça ?
-Ouais.
-Bon bah, douche-toi en premier, et ne vide pas le ballon !

********************

Le lendemain, nous nous trouvons toutes les deux devant la maison en question. C’est une petite maison assez modeste mais cossue dans un quartier calme de la ville, elle est discrète et n’attirera donc pas l’attention. Je récupère les clés dans la boite aux lettres. Ils ne sont pas encore arrivés visiblement.

J’entre et découvre l’intérieur. Il y a un petit hall, des escaliers à droite, et à gauche le séjour. Odile visite le rez-de-chaussée en premier. Je monte à l’étage. Il y a deux chambres et une salle de bain, ce n’est pas très moderne mais…c’est déjà beaucoup mieux que l’endroit dans lequel nous avons dormi cette nuit. Je redescends.

-C’est bon, il n’y a personne, tu peux prévenir ton Turk.
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Tour à tour, nous avions quitté l’hôtel pour nous rendre en direction de la fameuse maison louée en bordure de la ville. Nous avions troqué nos costumes pour des vêtements plus passe partout, ce qui fut plus difficile pour certains. La crinière de Reno était difficile à dissimuler sous n’importe quel couvre chef. Pour ma part, j’avais opté pour un énième sweat à capuche uni de couleur rose et un jean gris comme l’on en voyait des tonnes de part les mondes. J’avais relevé ma capuche sur la moitié de mon crâne et avais dissimulé mon regard sous une épaisse paire de lunettes aviateur noires.

J’avais traversé les quelques rues qui me séparaient de ma destination, relativement détendu. Il faisait jour, les gens avaient déjà commencé à rejoindre le centre ville, il était donc relativement sûr. J’arrivais devant les quelques marches qui menaient à la porte d’entrée, et poussais la porte non sans avoir vérifié que je me trouvais à la bonne adresse.

Reno, Rude et Veld étaient déjà à l’intérieur, occupant les canapés de la pièce à vivre. Je les saluais avant de sortir les mains de mes poches ventrales et de laisser la capuche retomber à l’arrière. Evidemment, Arad et son amie étaient là elles aussi.


Ça a été ?

Oui, je n’ai croisé personne, et vous ?

J’ai pensé me faire suivre à un moment, mais j’imaginais mal Pavani embaucher des parents avec leur enfant. Finalement ils se sont arrêtés à un stand de glaces.

Pareil, j’ai pris un itinéraire complètement aléatoire, je n’ai vu personne.

Bien, dis-je retirant mes lunettes, les repliant et les tenant à ma main. Observant le salon où j’étais attendu, je ne vis aucune trace de mini bar dans lequel me servir. Je me contentais de m’asseoir et de demander un café à celui qui voudrait bien me le faire. Rude ne bougea pas, de même que Veld. Seul Reno sembla réagir, se tournant vers les deux femmes qui se trouvaient avec nous. Finalement ce fut notre invitée qui se retourna vers Arad. Elle se leva.

Le moins de temps nous restons ici, le mieux ce sera. Commençons donc immédiatement.

Je sortis un cigare de ma poche que j’allumais à l’aide d’un briquet que me tendait Veld. Je posai mon regard sur la collaboratrice d’Arad. Sans aller jusqu’à parler d’analyse, j’essayais de comprendre son regard. Elle ne me paraissait pas être à l’aise. Avait-elle des choses à cacher ? Nous verrons bien plus tard.

Je pris une longue bouffée de tabac alors que m’apparaissait mon café, déposé devant moi sur la table basse. Je remerciai Arad avant d’en goûter une gorgée. Ce n’était pas le meilleur qu’il m’avait été donné de boire, mais il ferait l’affaire. J’imagine que le café déjà présent sur place n’était pas haut de gamme.

Je vous écoute, dis-je en posant mon regard sur le binôme qui se tenait devant nous. Qu’avez-vous appris chez Pavani ?

Je m’installais dans le fond du dossier, croisant les bras, le regard se voulant neutre. Si nous avions pu avancer, j’avais espoir qu’elles détiennent des informations nous permettant de mieux organiser notre plan d’action. Après tout c’étaient elles qui s’en étaient le plus approchées. S’il était comme je l’imaginais, il n’était pas idiot de penser qu’il aurait pu dévoiler des informations compromettantes. Utiles, du moins.

J’évitais de rentrer trop dans les détails avant de savoir si la jeune femme qui l’accompagnait était digne de confiance. Si il s’agissait d’un agent double, il aurait été critique qu’elle dévoile à notre ennemi nos actions futures.
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Tandis que je m’occupe du café dans la cuisine, je vois au travers de l’ouverture que l’ambiance n’est pas au beau fixe. On ne peut pas dire que je m’y connaisse en quoi que ce soit qui concerne une cuisine alors je me sers d’une de ces capsules dont les humains se servent beaucoup. J’ai l’impression qu’Odile cherche absolument à éviter le regard du Président, dès qu’il fait mine de s’intéresser à elle, je vois son visage se tourner vers des éléments du décors futiles. Comme si elle en avait quelque chose à faire.

Je finis par les rejoindre, je tends son café au Président et un autre à l’homme qui les accompagne et dont je ne connais pas le nom. Puis je m’assieds dans le canapé en cuir, entre Odile et Reno. Nous attendons que le Président ouvre la séance.

Dès sa première requête, je croise le regard d’Odile, elle hoche la tête, confiante, elle me laisse expliquer la situation.

-Nous sommes parvenues à nous faire engager, Odile et moi,  au club du Marques, le plus grand hôtel appartenant à Pavani dans ce monde, pour autant que je sache, c’est également son lieu de résidence.

Je me remémore les événements, je sais que je dois être le plus précise si j’ambitionne d’apporter des ma pierre à l’édifice. La moindre petite information peut totalement changer la donne.

-Pavani s’y rend très régulièrement, si pas tous les soirs, au moins plusieurs soirs par semaine. Nous aurons l’occasion de voir s’il viendra ce soir.

Je me refais le chemin pour accéder au club, qui se situe au septième étage.

-Même s’il n’y parait rien, et afin de, je suppose, ne pas effrayer la clientèle, le processus de sécurité est assez sévère. Les bagages sont pris aux voyageurs et passent, ni vu ni connu, dans un tapis roulant pour les scanner.
-Oui, et quand vous entrez dans le bâtiment, vous n’êtes pas fouillés, mais la porte tournante est en réalité, un portique de sécurité détourné.

J’acquiesce de la tête. Je visualise le reste de l’entrée.

-Ah, et les hommes chargés de la sécurité sont « déguisés » en personnel hôtelier standard, mais il ne faut pas s’y tromper, je suis pratiquement certaine qu’ils sont armés.
-Je le pense aussi.

Passons ensuite au club.

-Une fois que vous êtes entrés dans l’hôtel, le club est plus facilement accessible, mais évidemment il faut savoir si Pavani s’y rendra et quand.
-Il faudrait que tu nous fasses un plan de la salle, que tu y mettes aussi les différents pôles et quel est le carré VIP de Pavani.

Je me tourne vers Reno.

-Oui, bien sûr. Nous… avons donc également été invitées dès le premier soir à venir terminer la soirée chez Pavani.
-Je crois qu’il est sensible au côté « doublon », les sororités, tout ça.

Odile le dit avec une certaine lassitude, le menton appuyé sur la main et regardant vers le haut. Reno prend un peu de recul et nous regarde avec insistance.

-Qui ne le serait pas ? Hein ?

Le Président  fait claquer sa langue, signe qu’il faut que je poursuive. Je repose mon regard sur le sien, pratiquement impassible, j’imagine qu’il réfléchit à mesure que les informations arrivent.

-Enfin, oui, pour ce que ça vaut, j’imagine que le fait  que nous lui plaisions peut nous mettre…

J’hésite avant de le dire. Je sens que Odile est tendue.

-Dans une position assez… privilégiée vis à vis de lui.

Elle frissonne puis remue légèrement. Je sais qu’elle n’a aucune envie de l’imaginer, et moi non plus mais.

-Son appartement se situe au dernier étage, il occupe toute la surface.

Comme le vôtre à Illusiopolis, Monsieur le Président.

-C’est un penthouse alors il y a une terrasse, je ne sais pas si ça change quelque chose, mais du coup, il y a de grandes baies vitrées donnant sur le salon. Nous n’avons évidemment pas pu tout voir, si ce n’est que le séjour est énorme et que la chambre de Pavani donne directement dessus.
-C’est curieux pour un appartement de cette taille. Habituellement, tout est très cloisonné.
-Oui, c’est ce que je me suis dit aussi. Nous y avons rencontré Pavani, son homme de main qui semble être dans les parages en permanence.
-Il a forcément une équipe dans les parages, il ne peut pas se contenter d’une seule personne.
-Ils se sont montrés discrets dans ce cas. Nous y avons également rencontrés un actionnaire de l’éclaireur, assez important il semblerait.
-Apparemment il couvre Pavani sur certaines informations gênantes.
-Et il y avait aussi son banquier. Ils semblaient tous les trois amis.
-Nina.
-Oui ?
-Tu as oublié de leur dire pour le rendez-vous reporté.
-Ah oui, c’est vrai. Initialement, après que la soirée ait été écourtée, nous avons reçu une invitation de sa part, via l’intermédiaire de son homme de main. Il nous a dit de venir aujourd’hui à 14h chez lui dans son appartement.
-Puis finalement, juste avant de quitter les lieux, nous nous sommes faits arrêter par le réceptionniste qui nous a dit que le rendez-vous était reporté à après la fin de notre service.
-Hmmm…

L’homme mûr se gratte la barbe.

-C’est étrange, pourquoi avoir changé deux fois de plan si rapidement ? Est-ce qu’ils pourraient avoir des soupçons vous concernant ?
-Rien ne l’a suggéré mais je ne peux pas le vous garantir.
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Donc vous vous appelez Odile. Enchanté, nous n’avons pas été présentés, dis-je lui affichant un sourire avant de tourner mon regard vers Arad et d’instantanément le laisser retomber. Je ne voulais pas me rendre désagréable à vrai dire, je souhaitais juste lui faire comprendre que j’attendais des explications plutôt qu’elle me démontre son efficacité.

L’hôtel Marques abritait donc en ses étages supérieurs son lieu de résidence. Il était gardé, protégé par plusieurs dispositifs de sécurité et ses hommes de main semblaient être présents en permanence. Vraisemblablement les armes n’étaient pas interdites pour tout le monde à l’intérieur, sûrement une autre dérogation obtenue de la part de Blake, s’il était au courant, évidemment.


Je laissais les autres réexpliquer ce qu’ils avaient découvert alors que je réfléchissais à la suite des événements. Pourquoi leur donner rendez-vous le lendemain à une heure précise, puis le décaler quelques minutes après ? Je ne pouvais pas répondre à cette question, la vérité étant que la plupart des éléments que nous avions récolté nous en disait plus sur son écosystème que sur lui, véritablement.

Ce n’est pas un objectif prioritaire, mais il faudrait que vous cartographiez les lieux, au moins que vous preniez en photo les plans d’évacuation en cas d’incendie et que vous dessiniez les emplacements de tout les dispositifs de sécurité, que nous sachions dans quoi nous mettons les pieds.

Une information utile, même si l’idée d’un assaut ne m’avait aucunement traversé l’esprit jusque là.

Quant à vos allées et venues chez Pavani, j’aimerais que vous en profitiez pour jeter un oeil dans ses affaires. J’imagine la tache compliquée, mais ce type est pourri jusqu’à l’os. Peut-être pourriez vous tomber sur des dossiers, des photos, des messages… peu importe, mais gardez en mémoire que dès lors que vous aurez subtilisé quelque chose, vous ne pourrez plus remettre les pieds sur place sans compromettre votre sécurité.

Je tournais le regard vers cette Odile, afin de la rassurer. Elle était probablement la soeur de notre chère employée de libre service.

Si votre mission est une réussite, vous serez dédommagée. J’ignore quelles raisons vous ont poussées à vous empêtrer dans cette histoire, mais j’estime que tout travail mérite salaire.

Une façon de la tester quant à sa fiabilité. Un dédommagement de ma part serait toujours plus avantageux que de la part de Pavani.

Quoi qu’il en soit, jamais je n’ai demandé à l’un de mes hommes de se prostituer pour réussir sa mission. Sauf…

Ça ira !

Je hochai lentement la tête.

Que vous vous retrouviez séduite par Pavani le temps d’une soirée est votre problème, mais n’embarquez pas votre… soeur, je pris un ton interrogatif, là-dedans.

Je pris une dernière gorgée de mon café avant de me lever et de faire quelques pas dans la pièce.

Le problème est que Pavani n’est pas aveugle. Il a des yeux et des oreilles dans toute la ville. S’il n’est pas exclu que l’un de vous ait pu être suivi, il est clair que la suite n’est plus sûre, comme base d’opérations. Cependant, si je m’absente trop longtemps sans avoir été vu quitter Costa del Sol…

Withred.

Cela ne m’enchantait pas plus que la dernière fois, lors du Battle royale, mais effectivement c’était là où je voulais en venir.

Veld, tu le feras venir. Tu orchestres son arrivée, qu’il soit remarqué dans les rues. Tu resteras avec lui comme tu en as l’habitude avec moi.

Et toi ?

Je vais rester ici, dis-je tournant le regard vers les deux infiltrées avant de le reporter sur Reno.

Vous deux, vous continuez sur la piste de Blake. Il va falloir le faire tomber si nous voulons nous attaquer à l’entourage de Pavani. Si nous supprimons ses pions uns à uns, nous gagnerons du terrain. Redoublez de prudence, s’il nous a laissé parcourir les rues librement jusqu’à maintenant, il n’est pas exclu qu’il ait mis ses hommes aussi sur votre dos. Après tout, vous avez quand même enfoncé une porte chez lui, Rude.

Impossible de voir son regard au travers de ses lunettes, mais je le devinais gêné.

J’aimerais éviter d’avoir à m’en prendre à sa famille. Trouvez n’importe quoi qui me donne un peu de poids aux yeux du maire, que j’aie du concret lorsque j’irais à sa rencontre.

Je regardais l’heure a ma montre.

Vous pouvez y aller, dis-je alors qu’ils se levaient et s’apprêtaient à quitter les lieux. Je me rassieds sur le canapé, en face des deux Arad.

Au final, vous êtes ? Pourquoi vous être impliquée dans cette histoire ? Demandai-je à cette Odile.
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Elle regarde la scène se dérouler autour d’elle, dans un premier temps distante, se contentant de compléter les informations que « Nina », comme elle se fait désormais appeler, donne. Puis quelque chose d’étrange se produit.

Le Président reprend la main sur la discussion et plus le temps passe, plus elle sent que son sans-coeur se tend, lentement mais sûrement. Elle a senti en elle avant cela, la volonté de faire les choses bien, de « l’impressionner », tout ce qu’elle n’a pas été capable de faire pendant ce Battle Royale, sa nature ayant repris le dessus.

Il a eu quelques paroles agréables pour elle-même, contrastant immédiatement avec son attitude envers « sa soeur ». Au mieux il l'ignore pratiquement. Sans parler de cette histoire de prostitution, comme si Nina pouvait ressentir quelconque intérêt pour cette…chose horrible qu’est ce Pavani.

Odile a soudain eu envie de se lever et de lui cracher au visage que si sa soeur fait tout cela c’est pour lui et pour personne d’autre, qu’elle n’a eu de cesse ces dernières années de…

Bref. Elle ne peut pas faire ça. Parce que ce n’est pas ce que Nina veut, que ce serait ridicule et … que ça ne marcherait pas. A l’évidence, cet homme préfère ignorer ce qui crève les yeux.

Odile peut presque sentir les ténèbres du sans-coeur émerger et remonter le long de son échine, elle voit ses mains trembler puis se refermer. Elle donne un léger coup de pied dans celui de Nina, espérant la faire revenir à la réalité, qu’elle n’ait pas à le regretter par après. Cette dernière se contente de jeter un vif coup d’oeil vers sa soeur, un coup d’oeil…assassin ?

Les autres prennent congé, sur demande du Président. Ils restent là dans la pièce, à trois. Il faut vraiment qu’elles se sortent de cette situation ou bien Nina va exploser. Après toutes ces années, il suffit de lui priver de ses objectifs, et la revoilà, petit sans-coeur chétif et fragile, incapable de maîtriser ses ténèbres.

Devant la curiosité croissante du Président, elle est bien obligée de répondre.

-Euh… Oui.

Elle sourit chaleureusement.

-C’est cela, vous l’aviez deviné, nous sommes bien soeurs. Je ne me fais pas appeler Arad, en revanche, c’est une vieille histoire de famille.

Plus les mots sortent de sa bouche, plus le contrôle de Nina est incertain. Odile prend sa main dans la sienne et la serre pour lui marquer son soutien. Mais elle obtient à peine une réponse. Elle voudrait pouvoir faire quelque chose de plus utile mais…

La porte s’ouvre. La tignasse rouge passe la tête à travers.

-Nina, tu peux venir ? J’ai un truc à te demander.

Bon sang, aurait-il deviné ou…? Odile le félicite intérieurement. Elle ne peut réprimer un sourire de satisfaction. Ce qui pourrait sembler curieux.

-Nina, tu as entendu ?
-Hein ? Euh… Oui.

Le sans-coeur se lève d’une façon maladroite, ce qui n’est pas dans son habitude, puis elle se dirige vers son collègue, en se faufilant entre les meubles. Odile quant à elle peut enfin terminer sa réponse sereinement. Elle n’ignore pas que sa collaboration présente avec la Shinra ne peut avoir que des répercussions positives pour son sans-coeur, et tant pis si cela doit la déstabiliser quelques instants.

-Nina est tout ce que j’ai, et je suis tout ce qu’elle a. Nous nous éloignons très souvent, je bouge beaucoup, mais elle sait qu’elle peut compter sur moi pour n’importe quoi, et elle n’hésite pas à me le rappeler…

Elle soupire. Oui, définitivement. Un peu trop souvent sans doute. Odile se revoit, elle, réduite à espionner cet homme qui se trouve en ce moment devant elle, il y a environ un mois, allongé dans un lit avec sa secrétaire auprès de lui.

-Et la réciproque est vraie bien sûr…

Enfin, ça, cela reste à prouver.

-Donc… Elle a pensé que ce serait beaucoup plus facile pour elle de se hisser dans les hautes sphères de Costa avec mon aide. Nous nous complétons bien. Vous ne pouviez pas…

C’est sans doute un peu osé mais tant pis.

-Enfin, selon vous, qu’aurait-elle pu faire d’autre pour se retrouver rapidement à côtoyer un homme comme lui ? C’est vous qui lui avez demandé de s’en rapprocher. On ne devient pas l’homme de confiance d’un homme puissant du jour au lendemain, vous devez en savoir quelque chose. Ces moyens détournés sont… souvent les plus efficaces. Malheureusement pour nous. N’allez pas croire que cela nous amuse. Mais n’ayez crainte, je ferais absolument tout pour ne pas l’embarrasser vis à vis de vous. Vous obtiendrez satisfaction, soyez-en sûr, Monsieur.

Elle s’est peut-être emballée, à la réflexion. Son regard se fait plus dur, sincère. A l’entendre, tout cela serait chose aisée et presque une sinécure.
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Arad première du nom n’avait donc pas de famille en dehors d’Arad deux. Un information intéressante. J’écoutais ce qu’Odile avait à me dire, maintenant seuls à seuls. Elle semblait sincère quant à la dévotion qu’elles se portaient mutuellement. Il n’en restait qu’elle était une étrangère à la compagnie, et que le fait qu’elle se retrouve impliquée dans cette histoire me dérangeait. Cependant, elle semblait être efficace, il fallait le reconnaître.

Je pense que nous ne nous sommes pas compris, dis-je en me redressant un peu plus vers elle. Le fait qu’Arad ait quitté la pièce pouvait être l’opportunité de…


J’ai bien conscience de ce que vous avez accompli la nuit dernière. Vous ne vous êtes pas trompée, approcher quelqu’un d’aussi important est rarement une chose aisée. Vous vous en êtes tirées avec brio, autant vous que votre soeur.

Je laissais échapper quelques compliments. A vrai dire j’étais sincère dans mes paroles, même si elles étaient intéressées. Nul doute que ma locutrice les répéterait à l’intéressée une fois seules. Habituellement, faire preuve de gentillesse pouvait amener à mes hommes de se reposer sur leurs lauriers, ce que je ne souhaitais pas, bien entendu. Mais ici, cela me permettait d’établir un contact, et peut-être même une relation de confiance. En somme, une façon de m’assurer de leur implication dans leur travail.

Seulement, à la compagnie, nous avons un code d’honneur aussi bizarre cela puisse-t-il vous paraître. Gagner une bataille par des moyens discutables, ce n’est pas ce que j’appelle une victoire. Ne vous méprenez pas, nous ne sommes pas blancs comme neige, il serait mentir que de défendre cette idée. Néanmoins…

Je jetai un regard en direction de la porte par laquelle Arad numéro un était sortie avant de me recentrer sur sa soeur.

La Shinra n’est pas une compagnie de proxénétisme. Qu’il s’agisse de la meilleure option, je m’en moque. Je vous interdis strictement d’envisager ce genre de solutions, me suis-je bien fait comprendre ?

Ici, c’était l’image de la compagnie qui pouvait en prendre un coup. Que les Turks fassent ce qu’ils veulent, ce n’était pas mon problème. En revanche, je n’avais aucune garantie quant au fait que cette Odile sache tenir sa langue. Il aurait suffit que sa langue fourche pour qu’un scandale dont je me passerais volontiers éclate.

Je décidais de m’éloigner du sujet sensible.


Lorsque vous retournerez chez Pavani ce soir, redoublez de prudence. L’erreur serait que vous baissiez votre garde pour la simple raison que vous êtes déjà venues. Gardez en tête qu’il n’est pas impossible qu’il ait deviné votre double jeu, après tout il possède des yeux dans toute la ville.

Autant dire que s’il avait grillé leur couverture, elles étaient fichues. Machinalement, j’allais pour reprendre une gorgée de café avant de m’apercevoir que ma tasse était vide. Je raclai ma gorge avant de reprendre.

Il reste un problème. Cette histoire de rendez-vous décalé me laisse perplexe. Le fait que vous ayez été congédiées plus tôt que prévu hier vient sûrement de notre petit… contretemps dont vous avez sûrement dû entendre parler. Pour quelle raison votre rendez-vous passerait-il de quatorze à dix-sept heures ? Avez vous entendu parler de quelque chose quant à son emploi du temps d’aujourd’hui ? Avez vous-remarqué quelque chose de suspect ?

J’essayais de la mettre sur la voie de la reflexion, histoire de profiter de ce qu’elle savait, mais aussi de la tester.

Que pensez-vous de tout ça ?

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« Pas de proxénétisme. » Se sentant presque reconnaissante envers le Président Shinra d’entendre ces mots sortir de sa bouche, Odile se contente d’acquiescer d’un hochement de tête.  Il n’est pas nécessaire d’en rajouter, le sujet est clos. Nina n’envisageait sans doute pas que cela aille aussi loin, d’autant que c’est pour en finir avec toutes ces histoires malsaines qu’elle avait fini par rejoindre la Shinra. Ce plan complètement fou qu’elle avait imaginé il y a des années, avait au moins eu pour effet de l’éloigner de la vermine de Whitechapel.

Le fait que son employeur ne leur en demande pas tant lui permet en tout cas de le voir sous un jour nouveau et moins… antipathique. Il semble presque normal et humain, habillé dans ce hoodie rose. Pour autant, elle garde bien en tête que rester la parfaite petite cruche obéissante de Pavani reste le meilleur moyen de pouvoir s’en approcher sans éveiller les soupçons. Il suffit juste de… repousser ses avances ou celles de qui que ce soit d’autre tant que cela est possible. Et dès que cela va trop loin, partir tout simplement. Quitte à revenir sans les résultats escomptés et affronter la déception de Rufus Shinra. Une préoccupation qui inquiètera sans doute plus Nina qu’elle-même.

Elle écoute les recommandations qu’il lui donne et analyse toutes les précautions qu’elles ont prises ensemble. Elle liste les éléments en regardant dans le vide comme si les scènes défilaient devant ses yeux.

-Nous avons bien sûr pris une petite chambre… minable, même en comparaison avec cette maison, vraiment pas le genre Shinra. Puis  nous n’avons pas donné nos coordonnées gummiphone qui nous rattacheraient immédiatement à nos identités réelles. Je viens d’arriver à Costa Del Sol, et Nina n’avait été vraiment reconnue que par les deux hommes qui sont venus pour votre…

Elle se risque à croiser le regard de l’homme en face d’elle, tandis que le flash de lui et sa secrétaire, intimes, lui revient en tête. Elle cligne des yeux et déglutit discrètement. Elle n’est définitivement pas faite pour ce genre de mission d’espionnage, il faudra en reparler à Nina.

-Bref, ils sont morts. Puis, elle a changé de style pour qu’on ne puisse pas faire le rapprochement avec sa description mais…  De ce que je comprends, s’il y a eu un homme à l’hôpital quand vous y êtes allés, on ne peut pas être certains qu’il n’y avait personne lorsque Nina a quitté les lieux avec vos hommes, avant-hier. En tout cas, rien ne va dans ce sens, et si c’est le cas, pourquoi nous avoir laissées approcher à plusieurs reprises de Pavani ? Même pour tendre un piège, c’est plutôt risqué. Sauf…

Et, elle sait qu’ils ne peuvent que parler dans le vide, sans aucune preuve. Mais à l’heure actuelle, c’est tout ce qu’ils ont, des hypothèses. Ils se doivent de ne rien laisser au hasard, et calculer toutes les possibilités. Leur survie à toutes les deux, en dépend fatalement.

-Sauf s’ils nous laissent approcher dans l’unique but de nous laisser obtenir de fausses informations. Que nous vous les retransmettions, vous faire perdre du temps et… éventuellement, vous conduire dans un guet-apens.

Elle hausse les épaules pour insister sur le fait qu’elle est autant dans le flou qu’eux. Cela ne les avance pas beaucoup, mais puisqu’il faut bien avancer…

-Quant au rendez-vous, je suppose, qu’il a dû se rendre compte qu’il avait quelque chose dans ces eaux-là, avant que nous soyons parties. Peut-être en rapport avec vous, il était particulièrement nerveux et contrarié, nous l’avons entendu hurler au téléphone à travers sa porte… Nul doute que… la prochaine attaque vous étant destinée sera plus menaçante encore.

Elle repense à l’heure que son commanditaire vient de donner.  C’est sans doute un détail mais…

-Par ailleurs, je me permets de reformuler, nous commençons notre service à dix-sept heures et nous avons rendez-vous avec lui après.  Ce qui, clairement, lui laisse un certain nombre d’heures entre quatorze heures et minuit. Cela lui laisse… peut-être aussi plus de temps pour obtenir des informations sur nous et vérifier que nous sommes sûres.

Elle avait beaucoup parlé, mais pour dire très peu finalement, ils en étaient toujours au même points, avec des doutes, des incertitudes et des appréhensions.
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Dans ce cas arrangez-vous pour ne pas être vues d’ici l’heure de votre rendez-vous.

Quelle carte Pavani allait-il jouer ? Qu’est-ce qui était pouvait être important cette après-midi ? Ça ne pouvait avoir de lien qu’avec nous. Un rendez-vous professionnel ne s’organisait pas à la dernière minute, encore moins un soir aussi tard. Surtout que son avis avait changé quelques minutes après le fameux coup de téléphone qu’il avait reçu, qui concordait avec l’heure de notre fuite.

Reno et Rude étaient ensemble, donc en sécurité. Je ne me faisais pas de soucis pour Veld qui pourrait largement se débrouiller seul. Une attaque en pleine rue, en plein jour était difficilement envisageable… Blake pouvait noyer l’affaire, mais il ne pouvait pas faire taire tout Costa del Sol, et un homme d’affaire comme Pavani, comme moi, devait faire attention à son image. En revanche…


L’hôpital.

Je me mis à faire des allers et retours dans le petit salon en expliquant ma pensée.

Lors de notre visite à l’hôpital, nous avons attrapé l’un de ses hommes chargé de nous espionner. Nous l’avons interrogé, et nous nous sommes fait attaquer par plusieurs de ses gros bras, mais nous avons réussi à fuir. Voilà pourquoi Pavani s’est énervé au téléphone.

J’essayais d’être clair pour qu’elle me suive dans mon raisonnement, même si… cela n’avait pas grand intérêt.

L’interrogatoire de cet homme n’a ni confirmé, ni infirmé la présence d’autres agents infiltrés au sein de l’hôpital. Peut-être prépare t-il quelque chose à l’intérieur. J’ai fait garder la chambre de Scarlett, mais il n’est pas impossible qu’ils tentent quelque chose, là-bas.

Je commençais à enfiler ma capuche et à remettre mes lunettes de soleil. Je sortis une cigarette d’un paquet acheté sur la route, à défaut de pouvoir fumer un cigare en public, et la portais à ma bouche.

Je vais me rendre à l’hôpital, tant pis si cela créé des complications. Vous, vous retrouvez votre soeur et vous vous préparez pour votre rendez-vous. Je vous laisse l’usage de cette maison. Si vous avez besoin de quoi que ce soit, vous appelez ce numéro. Ils vous fourniront, dis-je me saisissant d’un calepin posé là et écrivant le fameux numéro dessus. Je lui tendis avant de retourner près de la porte.

Il était déjà midi. Il restait encore cinq heures avant leur rendez-vous. Cinq heures dans le flou, à ne pas savoir où l’ennemi frapperait.

Veuillez m’excuser. Je pars comme un voleur. Je suis en tout cas ravi, et peut-être même soulagé d’avoir pu faire votre connaissance. Ne vous évaporez pas dans la nature une fois votre rendez-vous terminé, j’aimerais vous revoir.

J’allumais la cigarette suspendue à mes lèvres depuis quelques minutes maintenant avant de pousser la porte et de me retrouver à l’extérieur de mon nouveau chez-moi. Je regardais tout autour de moi, il n’y avait personne de suspect. Je tapais le dos d’Arad, toujours là à discuter avec les deux Turks avant de prendre la route de l’hôpital.

J’espérais que Scarlett ait récupéré un petit peu. Aussi longtemps qu’elle serait dans cet hôpital, elle ne serait pas en sécurité.
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Reno finit de m’expliquer cette chose absolument urgente pour laquelle il voulait absolument un conseil. Je peine à me concentrer sur ce qu’il dit, ma concentration est focalisée sur l’intérieur de cette maison et sur le seul coeur qui s’y trouve en ce moment. Et puis, je l’entends se rapprocher, je hoche la tête pour faire semblant de rester dans la conversation, et sans m’y attendre, je sens cette pression dans mon dos. Elle est brève, innocente et sans sens particulier, mais elle me fait d’autant plus perdre conscience. C’est tout simplement la première fois qu’il a un geste physique à mon attention. Et alors, mes pensées fusent, mon cerveau sur-calcule, j’essaie de comprendre, les motivations, là où ce n’est qu’un geste au hasard pour me signifier son départ.

Et je le regarde, comme ça, s’éloigner dans son hoodie rose, une main dans la poche l’autre sur sa cigarette qu’il porte à sa bouche avant d’expirer un nuage qui survole sa tête et s’efface dans l’air, comme lui après quelques secondes.

-Ninaaaa, hey, tu m’écoutes ?
-Hein, quoi ?

Je reviens à mes deux interlocuteurs. Reno me regarde l’air interrogatif, Rude, quant à lui, a son expression neutre et habituelle… et pourtant. Pourtant, après quelques secondes, je crois discerner un rictus qui se dessine sur ses lèvres.

-Laisse tomber, l’attention de Nina est accaparée ailleurs.

C’est vrai, je ne me suis pas montrée particulièrement discrète, mais je n’aurais pas cru que l’observation viendrait de sa part.

-De quoi ?
-Rien, oublie. Allez, viens on y va.
-Salut Nina ! Tu me donneras le numéro de ta soeur ?

Je fais un geste de la main dans leur direction tandis qu’ils s’éloignent. Puis je me rappelle, c’est vrai, elle est là. Bien sûr, j’ai voulu qu’elle soit ici, et je suis la seule à blâmer si…

La porte s’ouvre à côté de moi. Je vois les deux yeux bleus foncés de mon simili se dessiner dans l’encadrement de la porte. Cela fait remonter la tension en moi. Pour éviter cela, je détourne le regard.

-Rentre, le Président a dit qu’on pouvait rester le temps que notre service commence. Après je suppose qu’il reviendra, mais on sera sans doute parties d’ici là.

« Le Président, hein ? » Ca y est, elle le respecte, à présent. Je ne peux réprimer un soupir destiné à expirer cette nervosité qui monte en moi. Je vais m’asseoir dans le canapé dans lequel nous nous trouvions quelques instants plus tôt, puis je m’allonge de façon à ce qu’elle ne puisse pas s’asseoir près de moi, et je sors mon gummiphone, comme pour la dissuader d’essayer de me parler.

Elle reste debout non loin de moi, elle semble attendre de moi que je parle.

-Très bien, Nina, tu ne veux pas parler, alors je vais le faire. Bon, qu’est-ce que t’as foutu ?

Je hausse un sourcil mais ne réponds pas, je fais semblant de me promener sur gumminow alors qu’il n’en est rien. La tension est palpable entre nous. Si elle avait un coeur, l’affaire aurait probablement déjà été réglée.

-Comment se fait-il que tu te contrôles si mal ? C’est les vestiges du Battle Royale, c’est ça ? J’ai presque vu des étincelles de ténèbres sortir de ta main, sans parler de tes yeux qui commençaient à prendre une teinte jaune. C’est comme ça que tu comptes impressionner ton Président ?

Effectivement, les étincelles de ténèbres étaient bien là, il y a quelques minutes, et si tu veux savoir, elles sont mêmes prêtes à faire leur grand retour, là tout de suite. Je me relève et serre mes deux poings de part et d’autre de mon corps, sur le coussin du canapé sur lequel je suis assise.


-Ce n’est pas « mon » Président, et puis, il ne risquait pas de s’en apercevoir étant donné qu’il était trop occupé à te porter toute son attention et à rappeler à quel point mes décisions étaient inconsidérées.
-Alors c’est ça. Tu es jalouse.

Je me lève brusquement et vais dans la cuisine. Je ne sais pas ce que je fais, mais il faut que je bouge. Je fais les cent pas puis je recommence à parler, haussant le ton, de façon incontrôlée.

-Je ne suis pas jalouse, tu devrais le savoir, je ne peux pas être jalouse.
-Oh et bien, tu fais très bien semblant dans ce cas-là.

Elle ricane. Mes yeux virent au jaune et se tournent dans sa direction. J’imagine mes mains sur sa gorge et… Non.

-Bon sang Nina, tu dois apprendre à te contrôler. Tu ne peux pas péter un câble à chaque fois qu’une femme l’intéresse. Tu ne peux pas laisser tes tén…
-Alors c’est ça, tu l’intéresses.
-Non.
-Tu viens de le dire.
-C’était une supposition ! Justement, tu devrais t’inquiéter de voir qu’alors qu’il ne s’est rien passé…

Je n’arrive pas à croire tout ce qu’elle me raconte là.

-Mais c’est justement parce que c'est toi, Odile, tu n’es pas n’importe qui, tu n'es pas Scarlett, pas pour moi. Appelle ça comme tu veux.

Mes yeux reprennent leur teinte grise.

-Oui, et je n’ai eu de cesse de prendre ta défense quand tu n’étais pas là.
-Je ne veux pas de ta pitié. De quoi avez-vous parlé ?
-Du plan. Il m’a demandé mes impressions, et qui j’étais pour toi. J’ai dit que nous étions très proches et que nous n’avions plus de parents.

Je laisse mes doigts s’étendre sur la surface de la table à manger.

-Rien d’autre ?

Je crois voir l’espace d’un instant apparaître le doute dans son regard.

-Non.
-Tu as hésité.
-J’en suis certaine Nina, t’ai-je jamais trahie ?
-Non, jamais.

Mais ça ne change rien. Je ne suis pas capable d’être raisonnable, tout ce que je suis, tout ce que je sais : suivre mes instincts, les écouter, les sentir, m’enivrer d’eux, puis tout détruire.

-Je monte. Je vais me reposer.

Elle disparaît dans le hall, je l’entends monter les escaliers. La pression redescend, je regarde à travers la fenêtre qui donne sur la rue en ouvrant le rideau. Un instant je réfléchis à aller chasser pour me délester de tout cela. Non, c'est trop dangereux. Puis, je ne peux pas l'abandonner ici, pas comme ça.
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Première notation.

Bon ne m'en veuillez pas si je ne vous fais pas un pavé, je vais essayer d'être le plus clair possible, mais quelque chose que je dis ne vous convient pas (dans le sens où ce que j'ai pu lire n'est pas ce que vous aviez ressenti en l'écrivant, n'hésitez pas à me le dire. Je n'ai pas envie de "détourner" ce que vous avez pu écrire) ;)

Alors tout d'abord, la scène, le premier rp, il est très bien. Mais on arrive tout de même à ressentir la tension qu'il y a eu avant votre (Le Cygne et Odile) retour dans votre petit appartement. On arrive aussi à très bien imaginer le lieu, la description, le frigo qui fait un bruit l'air de dire "Hey frère, je suis un vieux coucou, donc je te fais juste comprendre que si je rend l'âme dans la minute, ne m'en veut pas, j'ai quelques heures de vol". (oui, je m'égare on pourrait croire, mais non ce n'est pas le cas). On ressent vraiment la "misère" du lieu dans lequel vous êtes.

Ensuite, là, le gros du rp arrive. La discussion entre les trois "vrais" (pas de pnj) protagonistes est intéressante. Je vais être honnête, je n'ai pas lu les rps en rapport avec ce personnage, Pavani, mais dans les grandes lignes, j'ai cru comprendre qui était plus ou moins ce type (et on m'a gentiment dit qui il était et ce qu'il faisait à Costa). Mais j'imagine bien que ça ne doit pas être un ange. Et puis si c'est dès leur premier soir où elles travaillent, il les fait venir dans son appartement... Ce n'était pas une envie de taper le carton. Non, vraiment pas un mec bien (vieux pervers bien dégueulasse. Du moins c'est ce que j'ai cru comprendre... Ou alors, il voulait vraiment faire une partie de Monopoly xD).

Bon, on n'apprend pas "grand chose", dans le sens, où elles disent juste ce qui s'est passé, que le rendez-vous a été décalé etc... Mais un petit peu plus sur Le Cygne (Nina donc). Même si elle dit ne pas être jalouse, ça y ressemble tout de même légèrement. Après, peut-être que ce n'est pas quelque chose qu'elle est capable de ressentir, mais ça y ressemble.

Le rp en lui même est très fluide, ça se lit très facilement. On n'a pas de "retour" sur des actions ou discussions de réponses précédentes (juste deux, mais c'était normal, c'était une chose "obligatoire", comme pour répondre à une question).

Pour ce qui est des fautes, je n'en ai pas vu (après, je ne suis pas une bête en orthographe/grammaire/conjugaison, je suis une véritable quiche en Français, alors fouiller tous les rps à la recherche d'une erreur, même toute petite, ce serait très mal vu de ma part).

Mais... Rassurez-vous, je ne vais pas engueuler. J'allais juste dire que j'avais trouvé le rp intéressant.
Odile fait allusion à un évènement passé avec Rufus (bon, là encore je n'avais pas lu cet rp, désolée). Mais, ça peut donner envie au lecteur de (re)découvrir justement tous ces "épisodes" qu'il y a pu avoir avec (ou sans) cet autre personnage.

Comme je vous l'avais dis, ce n'est pas quelque chose qui allait très très long (enfin, je n'en ai pas l'impression). Mais j'étais plutôt contente de cet rp.

Place à la notation :

Le Cygne :
Facile : 10 xp, 100 munnies, 2 PS en Magie.

Rufus Shinra :
Facile : 10 xp, 100 munnies, 2 PS en Défense.
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