Nous nous sommes trouvées en urgence un petit pied-à-terre au dessus d’une épicerie minable donnant sur une rue secondaire de la ville. Nous sommes rentrées plus tôt que prévu mais je me sens exténuée. Odile ouvre la porte, qui est dans un état discutable et nous entrons dans l’endroit après avoir allumé les lampes. De nuit, c’est encore plus médiocre. Il y a un petit coin cuisine minuscule, le frigo émet un grésillement en permanence, puis un canapé-lit pour deux personnes qui a l’air d’être d’un confort très relatif. Il y a également un coin douche qui doit faire approximativement deux mètres carré. Tandis qu’Odile va s’avachir dans le canapé sans un bruit, je me dirige dans la salle de bain pour me rincer le visage à grande eau. Je sens l’odeur du vieux tabac sur mes vêtements.
-On commence à quelle heure demain ?
Je sors de la salle de douche et fais face à ma colocataire de fortune.
-17.
Elle me dévisage durement quelques secondes.
-Je ne sais vraiment pas pourquoi je fais ça pour toi. Tu me dois déjà un service, et…
-Je sais Odile, je sais.
Je hoche la tête tout en le disant, l’air concerné. Je ne plaisante pas, je ne le prends pas à la légère, je me rends compte avec le temps qu’elle est la seule personne sur laquelle je peux vraiment compter et que j’ai tout intérêt à me montrer à la hauteur de sa confiance si j’espère garder cet appui inconditionnel. Il y a bien eu Temerys, oui, mais où est-elle à présent ?
-Très bien. Alors ne sois pas décevante.
-Je ne le serai pas. On va se sortir de cette histoire plus tôt que tu ne l’aurais cru et…
Mon gummiphone vibre dans la poche de mon sweat, je le saisis et regarde, ce n’est pas un message, c’est Reno qui m’appelle en visio. Je lisse rapidement mes mèches de cheveux en passant mes doigts dedans.
-Qu’est-ce que c’est ?
-Un turk, il m’appelle.
-Bah, réponds !
-Chut, ok ?
Odile passe ses doigts sur sa bouche comme pour imiter une fermeture-éclair. J’appuie sur le bouton pour démarrer la conférence. Il apparaît alors, vu du bas, en contre-plongée, vue direct sur son cou et sur le col de sa chemise.
-Reno ?
-Ah ! Nina.
Il ramène le gummiphone devant son visage. Je souris légèrement.
-Bon, ça s’est passé comment ce soir ?
-Bien. Enfin, je crois.
Il fronce les sourcils.
-Tu crois ? « Vous » avez avancé ?
-Il nous a invité chez lui mais… la soirée a pris un tournant assez bref. C’est sûrement à cause de votre altercation.
-Chez lui ? Qu’est-ce qu’il voulait?
Il affiche un air sceptique, voire méfiant. Je me mords l’intérieur de la joue pour montrer ma gêne, je baisse les yeux et passe une mèche derrière mes cheveux. Je me suis entraînée à faire ce geste, c’est presque devenu naturel pour moi.
-Je crois que c’est pas nécessaire de te faire un dessin.
-Ah, ouais, je vois. …Et c’est quel genre de boulot que vous faites dans ce truc ?
-Hôtesse. Grosso modo on s’occupe des clients. Enfin « s’occuper » dans le sens accueillir, placer, demander s’ils souhaitent quelque chose de particulier, pas…
-Ouais !
Il se gratte l’arrière du crâne.
-Bon sinon… faut que je te dise.
-Je t’écoute.
Je jette un coup d’oeil instinctivement vers Odile.
-T’es pas seule ?
-Euh, non, enfin il y a cette personne de confiance.
-Ouais, ok, je vois. Bah.
Il hésite encore un peu.
-Justement, le Patron voudrait rencontrer cette personne demain, et faire un briefing avec toi. C’est bon pour toi?
-Si c’est le matin, c’est bon. On… travaille fin d’après-midi.
Moi ? Refuser une entrevue avec Rufus Shinra. Voilà qui n’est pas prêt d’arriver, espérons juste que ce sera sous de meilleures auspices que la dernière fois.
-L’ennui c’est qu’on ne peut pas se rencontrer ici, quelqu’un pourrait vous voir arriver et faire le lien avec nous.
C’est vrai. Cela mettrait notre infiltration en péril.
-J’ai repéré une petite maison à louer à la journée sur internet. Je vais la réserver avec un compte d’une de nos filiales inconnues et… Je t’envoie les coordonnées. On se retrouve là, demain à 10h.
-Parfait.
Je fais un petit signe de main et raccroche.
-Eh ben.
-Quoi ?
Je me tourne vers elle, elle est à moitié allongée, un pied à terre et l’autre jambe repliée contre elle.
-Tu crois qu’ils vont vouloir m’éliminer ?
-Hein ? Non. Pourquoi ?
En vérité je fais mine de ne pas y croire mais je ne suis plus certaine de rien concernant mon employeur.
-Si tu le dis. Du coup, 10h, c’est ça ?
-Ouais.
-Bon bah, douche-toi en premier, et ne vide pas le ballon !
********************
Le lendemain, nous nous trouvons toutes les deux devant la maison en question. C’est une petite maison assez modeste mais cossue dans un quartier calme de la ville, elle est discrète et n’attirera donc pas l’attention. Je récupère les clés dans la boite aux lettres. Ils ne sont pas encore arrivés visiblement.
J’entre et découvre l’intérieur. Il y a un petit hall, des escaliers à droite, et à gauche le séjour. Odile visite le rez-de-chaussée en premier. Je monte à l’étage. Il y a deux chambres et une salle de bain, ce n’est pas très moderne mais…c’est déjà beaucoup mieux que l’endroit dans lequel nous avons dormi cette nuit. Je redescends.
-C’est bon, il n’y a personne, tu peux prévenir ton Turk.
-On commence à quelle heure demain ?
Je sors de la salle de douche et fais face à ma colocataire de fortune.
-17.
Elle me dévisage durement quelques secondes.
-Je ne sais vraiment pas pourquoi je fais ça pour toi. Tu me dois déjà un service, et…
-Je sais Odile, je sais.
Je hoche la tête tout en le disant, l’air concerné. Je ne plaisante pas, je ne le prends pas à la légère, je me rends compte avec le temps qu’elle est la seule personne sur laquelle je peux vraiment compter et que j’ai tout intérêt à me montrer à la hauteur de sa confiance si j’espère garder cet appui inconditionnel. Il y a bien eu Temerys, oui, mais où est-elle à présent ?
-Très bien. Alors ne sois pas décevante.
-Je ne le serai pas. On va se sortir de cette histoire plus tôt que tu ne l’aurais cru et…
Mon gummiphone vibre dans la poche de mon sweat, je le saisis et regarde, ce n’est pas un message, c’est Reno qui m’appelle en visio. Je lisse rapidement mes mèches de cheveux en passant mes doigts dedans.
-Qu’est-ce que c’est ?
-Un turk, il m’appelle.
-Bah, réponds !
-Chut, ok ?
Odile passe ses doigts sur sa bouche comme pour imiter une fermeture-éclair. J’appuie sur le bouton pour démarrer la conférence. Il apparaît alors, vu du bas, en contre-plongée, vue direct sur son cou et sur le col de sa chemise.
-Reno ?
-Ah ! Nina.
Il ramène le gummiphone devant son visage. Je souris légèrement.
-Bon, ça s’est passé comment ce soir ?
-Bien. Enfin, je crois.
Il fronce les sourcils.
-Tu crois ? « Vous » avez avancé ?
-Il nous a invité chez lui mais… la soirée a pris un tournant assez bref. C’est sûrement à cause de votre altercation.
-Chez lui ? Qu’est-ce qu’il voulait?
Il affiche un air sceptique, voire méfiant. Je me mords l’intérieur de la joue pour montrer ma gêne, je baisse les yeux et passe une mèche derrière mes cheveux. Je me suis entraînée à faire ce geste, c’est presque devenu naturel pour moi.
-Je crois que c’est pas nécessaire de te faire un dessin.
-Ah, ouais, je vois. …Et c’est quel genre de boulot que vous faites dans ce truc ?
-Hôtesse. Grosso modo on s’occupe des clients. Enfin « s’occuper » dans le sens accueillir, placer, demander s’ils souhaitent quelque chose de particulier, pas…
-Ouais !
Il se gratte l’arrière du crâne.
-Bon sinon… faut que je te dise.
-Je t’écoute.
Je jette un coup d’oeil instinctivement vers Odile.
-T’es pas seule ?
-Euh, non, enfin il y a cette personne de confiance.
-Ouais, ok, je vois. Bah.
Il hésite encore un peu.
-Justement, le Patron voudrait rencontrer cette personne demain, et faire un briefing avec toi. C’est bon pour toi?
-Si c’est le matin, c’est bon. On… travaille fin d’après-midi.
Moi ? Refuser une entrevue avec Rufus Shinra. Voilà qui n’est pas prêt d’arriver, espérons juste que ce sera sous de meilleures auspices que la dernière fois.
-L’ennui c’est qu’on ne peut pas se rencontrer ici, quelqu’un pourrait vous voir arriver et faire le lien avec nous.
C’est vrai. Cela mettrait notre infiltration en péril.
-J’ai repéré une petite maison à louer à la journée sur internet. Je vais la réserver avec un compte d’une de nos filiales inconnues et… Je t’envoie les coordonnées. On se retrouve là, demain à 10h.
-Parfait.
Je fais un petit signe de main et raccroche.
-Eh ben.
-Quoi ?
Je me tourne vers elle, elle est à moitié allongée, un pied à terre et l’autre jambe repliée contre elle.
-Tu crois qu’ils vont vouloir m’éliminer ?
-Hein ? Non. Pourquoi ?
En vérité je fais mine de ne pas y croire mais je ne suis plus certaine de rien concernant mon employeur.
-Si tu le dis. Du coup, 10h, c’est ça ?
-Ouais.
-Bon bah, douche-toi en premier, et ne vide pas le ballon !
********************
Le lendemain, nous nous trouvons toutes les deux devant la maison en question. C’est une petite maison assez modeste mais cossue dans un quartier calme de la ville, elle est discrète et n’attirera donc pas l’attention. Je récupère les clés dans la boite aux lettres. Ils ne sont pas encore arrivés visiblement.
J’entre et découvre l’intérieur. Il y a un petit hall, des escaliers à droite, et à gauche le séjour. Odile visite le rez-de-chaussée en premier. Je monte à l’étage. Il y a deux chambres et une salle de bain, ce n’est pas très moderne mais…c’est déjà beaucoup mieux que l’endroit dans lequel nous avons dormi cette nuit. Je redescends.
-C’est bon, il n’y a personne, tu peux prévenir ton Turk.