Je devais me rendre à l’hôpital, donc, histoire de prendre quelques nouvelles de ma secrétaire. Ce qui lui était arrivé était regrettable, et pour autant je ne me sentais pas coupable. Elle était juste un dommage collatéral d’une vaine tentative de s’en prendre à moi, directement. Une attaque personnelle, dirigée contre moi et non contre la compagnie. Je souriais à l’idée que Pavani soit derrière tout cela. Tôt ou tard, il apprendrait que savoir rester à sa place était souvent la meilleure option possible.
Accompagné de Veld, qui me servait de garde rapprochée, je passais les portes de l’hôpital et me dirigeais à la réception où l’on m’indiqua la chambre dans laquelle Scarlett avait été installée. Nous prîmes l’ascenseur sans ne dire mot, et une fois les portes ouvertes, nous nous dirigeâmes vers la seule porte gardée par deux de mes hommes.
Monsieur le Président, vous tombez plutôt bien.
Bonjour Juget. Comment ça se passe ?
Son regard était dur, comme à son habitude. Je crois même qu’il n’y avait pas plus sérieux que ces deux-là. Elle prit la parole, toujours avec ce ton très militaire.
Comme vous nous l’avez demandé, nous gardons la porte. Personne n’entre sans présenter son badge, et je m’occupe personnellement de suivre les médecins à l’intérieur de la chambre pour surveiller leurs faits et gestes. Et vous, quoi de nouveau de votre côté ?
Je lui expliquais la situation. Le chapitre du commissariat que Reno m’avait conté, mon arrivée de ce matin, en bref je la tins à jour elle ainsi que Ruluf qui écoutait notre conversation sans y prendre part.
Vous avez remarqué quelque chose à l’hôpital ? De toute évidence, il est impossible que Pavani ne soit au courant de son hospitalisation.
Rien d’anormal. Tout les médecins contrôlés sont en règle, leur badge est bon, et valable. Les photos correspondent. Je ne pense pas qu’il tente quoi que ce soit aussi longtemps qu’elle sera ici.
Bien. Je vous laisse avec Veld, je vais aller la voir.
Il s’écartèrent et je poussais la porte menant à la chambre. A l’instar du couloir dans lequel je me trouvais quelques secondes auparavant, il n’y avait aucun bruit, c’était le calme plat. Seul le bruit des moniteurs auxquels Scarlett était branchée venait briser ce silence à intervalles réguliers. Je fis quelques pas dans sa direction, elle s’était assoupie. Je m’assieds sur une chaise disposée à côté du lit et me penchai en avant, passant doucement ma main dans ses cheveux. Ses sourcils se froncèrent et ses yeux papillonnèrent avant de lentement s’ouvrir. Ils s’écarquillèrent déformant son expression.
Oh non, il ne manquait plus que ça.
Elle alla pour se saisir de son oreiller sous sa tête, probablement pour le plaquer sur son visage avant d’être arrêtée par la douleur de sa blessure. Je vins doucement le lui ôter des mains avant de le lui remettre en place. Elle se retourna, me tournant le dos.
De toutes les réactions que vous auriez pu avoir, j’avoue ne pas avoir pensé une seule seconde à celle-là.
Je suis blanche comme un cachet, je ne suis pas maquillée, encore moins coiffée, dit-elle plaintive.
Je soufflais du nez, avant de poser ma main sur son épaule. J’aurais pu lui dire que je m’en fichais, mais je ne voulais pas lui faire ce plaisir. C’était étrange.
Au moins vous avez toujours votre sens de l’humour, il n’est pas resté sur les lieux de l’accident.
Elle resta immobile quelques secondes, avant de lentement se retourner. Elle laissa échapper un gémissement douloureux, et porta sa main sous la couverture, à sa blessure.
Vous ne devriez peut-être pas gesticuler autant.
C’est marrant, la dernière fois, c’était vous qui étiez blessé. Maintenant c’est mon tour. Sauf qu’il n’y a plus de protection, et que je vais garder un souvenir de cet accident à jamais gravé sur ma peau.
Je ne rebondis pas sur sa remarque tant elle me paraissait futile. Je décidais d’entrer dans le vif du sujet.
J’aurais voulu entendre votre récit de l’accident. Vous vous rappelez de quelque chose ? Je veux dire, que vous ne nous auriez pas encore dit ?
Pourquoi ? Elle marqua une pause avant de reprendre, plus intriguée encore. Vous êtes sur une piste ?
Je ne souhaitais pas trop rentrer dans les détails. Le moins elle en savait, le moins elle aurait à penser. Je me disais que de cette façon, elle pourrait sans doute guérir plus vite.
Peut-être. Les autorités locales semblent essayer de se débarrasser de l’affaire le plus vite possible. Reno et Rude ont enquêté sur place, quelques heures après l’incident et, en creusant un peu, ils ont découvert qu’il y a avait quelqu’un derrière tout ça. Quelqu’un qui essaye de faire taire les témoins, par exemple. Je n’ai pas encore de pistes, mais ça ne saurait tarder. Vous avez quelque chose donc ?
A part ce que je vous ai déjà raconté, non. Je me suis fait enlever dans ce magasin, je me suis fait trainer jusqu’à une voiture, et elle à finit par se retourner. Comment et pourquoi, je n’en sais rien.
Je vois…
Elle se mit à me sourire. Le genre de sourire vraiment sincère, qui traduisait sans détour les pensées de son auteure.
Même si… elle sembla se désigner du regard, ce qui était un spectacle intéressant, je suis contente que vous soyez venu. J’aurais aimé pouvoir vous avoir près de moi, mais je comprendrais si vous me disiez que vous deviez déjà repartir.
Elle n’avait pas tort. J’avais encore beaucoup à faire pour le peu de temps dont nous disposions. Il fallait profiter de la récence des faits avant qu’ils ne disparaissent pour de bon. Je me levais, me penchai pour embrasser son front, puis ses lèvres avant de me retourner et de me diriger vers la porte. J’allais attraper la poignée quand je la vis bouger d’elle même. Je n’eus que le temps de me reculer d’un pas pour éviter la porte qui s’ouvrait brusquement.
Viens avec moi, il se passe quelque chose de louche.
Je suivis Veld à l’extérieur. Il semblait tendu, les deux autres Turks fixaient la même direction. Je lui demandai ce qu’il se passait.
Ne regarde pas. A l’angle du couloir derrière moi, il y a un homme d’entretien avec son chariot. Il ne vient jamais dans le couloir où nous nous trouvons. Seulement… depuis que nous sommes arrivés, d’après Ruluf, il enchaine les allers et retours entre l’angle et le couloir qui le continue. Ça fait trois fois qu’il nettoie les poignées de portes.
Eh bien dans ce cas, allons-lui poser quelques questions.
Vous deux. Quoi qu’il arrive, vous ne bougez pas de cette porte. C’est peut-être un leurre.
Nous les saluâmes, à un volume habituel et nous prîmes la direction de ce fameux couloir. L’angle passé, nous vîmes effectivement un homme s’affairer à nettoyer les poignées de portes.
Excusez-moi. Nous voudrions vous poser quelques questions, dit-il en l’interpellant. Il n’en fallut pas plus pour qu’il se mette à prendre la fuite. Nous nous mîmes immédiatement à lui courir après nous arrêtant quelques secondes en haut des marches.
Je vais prendre l’ascenseur, continue de lui courir après !
Je continuais donc, descendant les marches, jetant un regard à chaque couloir d’étage donnant sur la cage d’escaliers. Je poursuivis ma descente jusqu’à le réentendre lui et ses pas précipités. Nous arrivâmes au rez-de-chaussée où il réussit à éviter Veld déjà présent d’une pirouette par dessus son épaule. Il ne prit pas les portes donnant sur l’extérieur, mais continua dans la direction d’un autre couloir. Une voiture devait sûrement l’attendre sur le parking du personnel. Je sortis de l’hôpital et laissai Veld le poursuivre, faisant le tour à l’extérieur du bâtiment.
Je passais devant une porte qui s’ouvrit au même moment. Je n’attendis pas de voir si c’était bel et bien notre homme avant me jeter dessus. Je le plaquais au sol, tentant de l’empêcher de se débattre. Je pris un coup, peut-être deux avant que Veld ne nous rejoigne. Il le frappa au niveau du crâne avec un objet contondant que je n’identifiai pas tout de suite. Je sentis toute force l’abandonner et me laissais tomber sur le côté. Mon collègue s’approcha de moi et me tendis la main pour m’aider à me relever. Je m’en saisis et finis par voir un bout de gouttière arrachée, laissée là sur le sol.
Tu… l’as vraiment frappé avec ça ?
Les armes sont interdites à Costa, j’ai du improviser, me répondit-il déjà occupé à trainer le corps inconscient derrière une benne à l’abri des regards. Il fouilla dans sa blouse pour en sortir son badge qu’il me tendit.
Regarde, la photo colle pas vraiment.
A moins qu’il ne s’appelle vraiment Martine et qu’il ait changé de coupe de cheveux récemment.
Va falloir l’interroger, sauf qu’on à nulle part où le faire.
Les immeubles en construction ne sont pas ce qui manque ici. Nous trouverons bien. Pour l’heure appelle Rude, s’il en a fini avec son travail, qu’il passe vous prendre.
Et toi ?
A part à attirer l’attention sur nous, cela ne sert à rien que je reste ici. Je vais retourner à la suite. Préviens aussi les deux autres de ne rien en dire à Scarlett.
Je frottais mes manches pour en enlever la poussière, remis mes lunettes de soleil, et partis en direction de ma suite. Il allait falloir préparer un interrogatoire.
Mar 23 Mar 2021 - 15:33Accompagné de Veld, qui me servait de garde rapprochée, je passais les portes de l’hôpital et me dirigeais à la réception où l’on m’indiqua la chambre dans laquelle Scarlett avait été installée. Nous prîmes l’ascenseur sans ne dire mot, et une fois les portes ouvertes, nous nous dirigeâmes vers la seule porte gardée par deux de mes hommes.
Monsieur le Président, vous tombez plutôt bien.
Bonjour Juget. Comment ça se passe ?
Son regard était dur, comme à son habitude. Je crois même qu’il n’y avait pas plus sérieux que ces deux-là. Elle prit la parole, toujours avec ce ton très militaire.
Comme vous nous l’avez demandé, nous gardons la porte. Personne n’entre sans présenter son badge, et je m’occupe personnellement de suivre les médecins à l’intérieur de la chambre pour surveiller leurs faits et gestes. Et vous, quoi de nouveau de votre côté ?
Je lui expliquais la situation. Le chapitre du commissariat que Reno m’avait conté, mon arrivée de ce matin, en bref je la tins à jour elle ainsi que Ruluf qui écoutait notre conversation sans y prendre part.
Vous avez remarqué quelque chose à l’hôpital ? De toute évidence, il est impossible que Pavani ne soit au courant de son hospitalisation.
Rien d’anormal. Tout les médecins contrôlés sont en règle, leur badge est bon, et valable. Les photos correspondent. Je ne pense pas qu’il tente quoi que ce soit aussi longtemps qu’elle sera ici.
Bien. Je vous laisse avec Veld, je vais aller la voir.
Il s’écartèrent et je poussais la porte menant à la chambre. A l’instar du couloir dans lequel je me trouvais quelques secondes auparavant, il n’y avait aucun bruit, c’était le calme plat. Seul le bruit des moniteurs auxquels Scarlett était branchée venait briser ce silence à intervalles réguliers. Je fis quelques pas dans sa direction, elle s’était assoupie. Je m’assieds sur une chaise disposée à côté du lit et me penchai en avant, passant doucement ma main dans ses cheveux. Ses sourcils se froncèrent et ses yeux papillonnèrent avant de lentement s’ouvrir. Ils s’écarquillèrent déformant son expression.
Oh non, il ne manquait plus que ça.
Elle alla pour se saisir de son oreiller sous sa tête, probablement pour le plaquer sur son visage avant d’être arrêtée par la douleur de sa blessure. Je vins doucement le lui ôter des mains avant de le lui remettre en place. Elle se retourna, me tournant le dos.
De toutes les réactions que vous auriez pu avoir, j’avoue ne pas avoir pensé une seule seconde à celle-là.
Je suis blanche comme un cachet, je ne suis pas maquillée, encore moins coiffée, dit-elle plaintive.
Je soufflais du nez, avant de poser ma main sur son épaule. J’aurais pu lui dire que je m’en fichais, mais je ne voulais pas lui faire ce plaisir. C’était étrange.
Au moins vous avez toujours votre sens de l’humour, il n’est pas resté sur les lieux de l’accident.
Elle resta immobile quelques secondes, avant de lentement se retourner. Elle laissa échapper un gémissement douloureux, et porta sa main sous la couverture, à sa blessure.
Vous ne devriez peut-être pas gesticuler autant.
C’est marrant, la dernière fois, c’était vous qui étiez blessé. Maintenant c’est mon tour. Sauf qu’il n’y a plus de protection, et que je vais garder un souvenir de cet accident à jamais gravé sur ma peau.
Je ne rebondis pas sur sa remarque tant elle me paraissait futile. Je décidais d’entrer dans le vif du sujet.
J’aurais voulu entendre votre récit de l’accident. Vous vous rappelez de quelque chose ? Je veux dire, que vous ne nous auriez pas encore dit ?
Pourquoi ? Elle marqua une pause avant de reprendre, plus intriguée encore. Vous êtes sur une piste ?
Je ne souhaitais pas trop rentrer dans les détails. Le moins elle en savait, le moins elle aurait à penser. Je me disais que de cette façon, elle pourrait sans doute guérir plus vite.
Peut-être. Les autorités locales semblent essayer de se débarrasser de l’affaire le plus vite possible. Reno et Rude ont enquêté sur place, quelques heures après l’incident et, en creusant un peu, ils ont découvert qu’il y a avait quelqu’un derrière tout ça. Quelqu’un qui essaye de faire taire les témoins, par exemple. Je n’ai pas encore de pistes, mais ça ne saurait tarder. Vous avez quelque chose donc ?
A part ce que je vous ai déjà raconté, non. Je me suis fait enlever dans ce magasin, je me suis fait trainer jusqu’à une voiture, et elle à finit par se retourner. Comment et pourquoi, je n’en sais rien.
Je vois…
Elle se mit à me sourire. Le genre de sourire vraiment sincère, qui traduisait sans détour les pensées de son auteure.
Même si… elle sembla se désigner du regard, ce qui était un spectacle intéressant, je suis contente que vous soyez venu. J’aurais aimé pouvoir vous avoir près de moi, mais je comprendrais si vous me disiez que vous deviez déjà repartir.
Elle n’avait pas tort. J’avais encore beaucoup à faire pour le peu de temps dont nous disposions. Il fallait profiter de la récence des faits avant qu’ils ne disparaissent pour de bon. Je me levais, me penchai pour embrasser son front, puis ses lèvres avant de me retourner et de me diriger vers la porte. J’allais attraper la poignée quand je la vis bouger d’elle même. Je n’eus que le temps de me reculer d’un pas pour éviter la porte qui s’ouvrait brusquement.
Viens avec moi, il se passe quelque chose de louche.
Je suivis Veld à l’extérieur. Il semblait tendu, les deux autres Turks fixaient la même direction. Je lui demandai ce qu’il se passait.
Ne regarde pas. A l’angle du couloir derrière moi, il y a un homme d’entretien avec son chariot. Il ne vient jamais dans le couloir où nous nous trouvons. Seulement… depuis que nous sommes arrivés, d’après Ruluf, il enchaine les allers et retours entre l’angle et le couloir qui le continue. Ça fait trois fois qu’il nettoie les poignées de portes.
Eh bien dans ce cas, allons-lui poser quelques questions.
Vous deux. Quoi qu’il arrive, vous ne bougez pas de cette porte. C’est peut-être un leurre.
Nous les saluâmes, à un volume habituel et nous prîmes la direction de ce fameux couloir. L’angle passé, nous vîmes effectivement un homme s’affairer à nettoyer les poignées de portes.
Excusez-moi. Nous voudrions vous poser quelques questions, dit-il en l’interpellant. Il n’en fallut pas plus pour qu’il se mette à prendre la fuite. Nous nous mîmes immédiatement à lui courir après nous arrêtant quelques secondes en haut des marches.
Je vais prendre l’ascenseur, continue de lui courir après !
Je continuais donc, descendant les marches, jetant un regard à chaque couloir d’étage donnant sur la cage d’escaliers. Je poursuivis ma descente jusqu’à le réentendre lui et ses pas précipités. Nous arrivâmes au rez-de-chaussée où il réussit à éviter Veld déjà présent d’une pirouette par dessus son épaule. Il ne prit pas les portes donnant sur l’extérieur, mais continua dans la direction d’un autre couloir. Une voiture devait sûrement l’attendre sur le parking du personnel. Je sortis de l’hôpital et laissai Veld le poursuivre, faisant le tour à l’extérieur du bâtiment.
Je passais devant une porte qui s’ouvrit au même moment. Je n’attendis pas de voir si c’était bel et bien notre homme avant me jeter dessus. Je le plaquais au sol, tentant de l’empêcher de se débattre. Je pris un coup, peut-être deux avant que Veld ne nous rejoigne. Il le frappa au niveau du crâne avec un objet contondant que je n’identifiai pas tout de suite. Je sentis toute force l’abandonner et me laissais tomber sur le côté. Mon collègue s’approcha de moi et me tendis la main pour m’aider à me relever. Je m’en saisis et finis par voir un bout de gouttière arrachée, laissée là sur le sol.
Tu… l’as vraiment frappé avec ça ?
Les armes sont interdites à Costa, j’ai du improviser, me répondit-il déjà occupé à trainer le corps inconscient derrière une benne à l’abri des regards. Il fouilla dans sa blouse pour en sortir son badge qu’il me tendit.
Regarde, la photo colle pas vraiment.
A moins qu’il ne s’appelle vraiment Martine et qu’il ait changé de coupe de cheveux récemment.
Va falloir l’interroger, sauf qu’on à nulle part où le faire.
Les immeubles en construction ne sont pas ce qui manque ici. Nous trouverons bien. Pour l’heure appelle Rude, s’il en a fini avec son travail, qu’il passe vous prendre.
Et toi ?
A part à attirer l’attention sur nous, cela ne sert à rien que je reste ici. Je vais retourner à la suite. Préviens aussi les deux autres de ne rien en dire à Scarlett.
Je frottais mes manches pour en enlever la poussière, remis mes lunettes de soleil, et partis en direction de ma suite. Il allait falloir préparer un interrogatoire.