Les faits se sont passés il y a quelques heures à peine, et pourtant il semble que tout ait été fait pour que tout le monde oublie rapidement les derniers événements. La circulation a repris son cours, les débris de verre ont été ramassés, les deux voitures évacuées. Il n’y a que quelques murmures par-ci par-là pour suggérer que quelque chose s’est produit un peu plus tôt dans la journée.
Comme convenu, je porte une casquette, un survêtement gris et des lunettes de soleil noires. Tandis que je lèche une boule de glace, je regarde les vitrines d’un magasin, puis d’un autre. J’essaie d’approcher discrètement les gens qui discutent dans la rue, les commerçants qui se sont réunis çà et là dans la boutique d’un de leurs voisins. Certaines conversations n’ont rien d’intéressant, on parle famille, on parle météo, de tout sauf de ce qui nous intéresse. J’ai un peu de mal à le croire. Connaissant la propension des humains à répandre des rumeurs et à parler des faits divers, j’ai toutes les raisons de croire qu’on a demandé à certains d’entre eux de se taire.
Par-ci, par-là, j’entends les mots ambulances et voitures ressortir, mais c’est tout. A les entendre, il ne s’agit que d’un accident de la circulation.
Je vois Rude du coin de l’oeil, qui peine à se mêler à la foule avec son attitude et son style stricts. Pas très loin de nous non plus, Reno est assis dans un bar, il est en pleine discussion avec une barmaid. A cette distance, difficile de déterminer s’il le fait par professionnalisme ou s’il est juste en train de faire sa pêche.
Au bout d’un moment, Rude s’approche d’un marchand ambulant et lui parle. Je n’ose pas regarder avec trop d’insistance mais après quelques secondes, je comprends que l’homme s’est plus ou moins éclipsé. Donc, c’est ça, quelqu’un est passé pour faire le ménage ici.
Au bout de quelques minutes, j’aperçois Reno me faire un signe de tête, alors je poursuis ma marche à un rythme normal, pour n’alerter personne et je rejoins notre lieu de rendez-vous.
C’est la voiture avec laquelle les Turks sont arrivés depuis la station Shinra. J’ouvre la portière arrière et grimpe à l’intérieur.
-Re, t’as quelque chose toi ?
-Non, désolée. De ce que je comprends, tout le monde s’est donné le mot pour fermer sa gueule. Et ce ne serait qu’un accident de la circulation.
-Même constat.
-C’est pour ça que je suis le meilleur et que le Président a toute confiance en moi.
Rude, qui est assis sur le siège conducteur, tourne la tête vers son collègue, il semble quelque peu sceptique.
-Vous avez vu la meuf à qui je parlais ?
-Celle que tu draguais.
-Ouais, bon, c’est vrai que j’ai son numéro. Mais c’est pas le seul truc. Regardez ça.
Le turk aux cheveux rouges sort son gummiphone de sa poche et se penche un peu sur le côté pour que je puisse voir son écran. Je m’approche d’eux pour observer. C’est un poste gumminow sur lequel on voit une vidéo plus ou moins précise de l’accident. A ce moment-là, les policiers sont déjà sur place et l’ambulance dans laquelle je me trouvais avec Scarlett est déjà partie.
-D’accord, qu’est-ce que ça nous dit qu’on ne sait pas déjà ?
-Bah regarde. Tu la vois la voiture de flic ?
Il met la vidéo en pause.
-On voit le numéro, ça veut dire qu’on sait dans quel poste aller si on veut des « renseignements ». C’est eux qui enquêtent sur l’affaire. Et y’a de grandes chances aussi pour qu’ils soient au moins en partie responsable du fait que personne n’en parle.
-La police serait de mèche avec le responsable de l’enlèvement ?
-C’est clairement pas impossible, mais on doit pas trop s’avancer non plus.
-Ok.
Rude fait tourner la clé de contact et nous voilà repartis.
-Où est-ce qu’on va ?
Pendant que Rude est concentré sur sa conduite, Reno se tourne vers moi et lève ses lunettes pour me détailler avec une certaine insistance.
-On va à la suite du Président, on récupère nos armes qui sont planquées dans une cachette là-bas et on se pointe chez les flics pour en apprendre plus. Ils doivent déjà avoir identifié ces gars s’ils sont d’ici comme je le crois.
-Je viens avec vous ?
-Ouais, on sait jamais, une paire de mains sera pas de trop. Tu sais t’en servir ?
-De quoi ?
-De tes mains ? Tu sais tirer ?
-Je me débrouille.
Il se tourne à nouveau vers la route et mime mon « je me débrouille » en rigolant.
-Faudra que tu me rappelles comment t’as pris le contrôle du Vaisseau.
-Je n’étais pas seule.
-Ah ouais, c’est vrai, la Première Classe.
Arrivés à l’hôtel, nous montons dans la chambre en essayant d’avoir l’air le plus décontracté possible et de ne pas attirer l’attention. C’est finalement la première fois que je viens ici, contrairement à Odile qui y avait déjà fait un passage éclair. Tandis que les autres s’affairent à récupérer des armes et discutent du plan, j’observe les lieux.
Au bout de quelques minutes, je m’apprête à m’asseoir sur un tabouret attenant un bar.
-T’installe pas, on repart tout de suite.
-Ah.
-T’inquiète, on reviendra sûrement toute à l’heure, on peut pas te laisser retourner à l’hôpital, tu pourrais te faire arrêter, ou pire, ouais…
Il a raison, s’il y a des combines entre la police et quelqu’un d’important dans ce monde, c’est probablement avec eux que je suis la plus en sécurité.
-Mais… Le Président attend des nouvelles et je veux les lui donner le plus rapidement possible, si possible avant la nuit.
-Le gars qui a organisé ça, c’est pas n’importe qui. S’il a décidé de s’en prendre à la Shinra…
-T’inquiète, Rude. On lui règlera son compte, mais faut déjà être sûrs avant de lui annoncer. Même s’il doit déjà s’en douter. Il est pas con, le patron.
Comme convenu, je porte une casquette, un survêtement gris et des lunettes de soleil noires. Tandis que je lèche une boule de glace, je regarde les vitrines d’un magasin, puis d’un autre. J’essaie d’approcher discrètement les gens qui discutent dans la rue, les commerçants qui se sont réunis çà et là dans la boutique d’un de leurs voisins. Certaines conversations n’ont rien d’intéressant, on parle famille, on parle météo, de tout sauf de ce qui nous intéresse. J’ai un peu de mal à le croire. Connaissant la propension des humains à répandre des rumeurs et à parler des faits divers, j’ai toutes les raisons de croire qu’on a demandé à certains d’entre eux de se taire.
Par-ci, par-là, j’entends les mots ambulances et voitures ressortir, mais c’est tout. A les entendre, il ne s’agit que d’un accident de la circulation.
Je vois Rude du coin de l’oeil, qui peine à se mêler à la foule avec son attitude et son style stricts. Pas très loin de nous non plus, Reno est assis dans un bar, il est en pleine discussion avec une barmaid. A cette distance, difficile de déterminer s’il le fait par professionnalisme ou s’il est juste en train de faire sa pêche.
Au bout d’un moment, Rude s’approche d’un marchand ambulant et lui parle. Je n’ose pas regarder avec trop d’insistance mais après quelques secondes, je comprends que l’homme s’est plus ou moins éclipsé. Donc, c’est ça, quelqu’un est passé pour faire le ménage ici.
Au bout de quelques minutes, j’aperçois Reno me faire un signe de tête, alors je poursuis ma marche à un rythme normal, pour n’alerter personne et je rejoins notre lieu de rendez-vous.
C’est la voiture avec laquelle les Turks sont arrivés depuis la station Shinra. J’ouvre la portière arrière et grimpe à l’intérieur.
-Re, t’as quelque chose toi ?
-Non, désolée. De ce que je comprends, tout le monde s’est donné le mot pour fermer sa gueule. Et ce ne serait qu’un accident de la circulation.
-Même constat.
-C’est pour ça que je suis le meilleur et que le Président a toute confiance en moi.
Rude, qui est assis sur le siège conducteur, tourne la tête vers son collègue, il semble quelque peu sceptique.
-Vous avez vu la meuf à qui je parlais ?
-Celle que tu draguais.
-Ouais, bon, c’est vrai que j’ai son numéro. Mais c’est pas le seul truc. Regardez ça.
Le turk aux cheveux rouges sort son gummiphone de sa poche et se penche un peu sur le côté pour que je puisse voir son écran. Je m’approche d’eux pour observer. C’est un poste gumminow sur lequel on voit une vidéo plus ou moins précise de l’accident. A ce moment-là, les policiers sont déjà sur place et l’ambulance dans laquelle je me trouvais avec Scarlett est déjà partie.
-D’accord, qu’est-ce que ça nous dit qu’on ne sait pas déjà ?
-Bah regarde. Tu la vois la voiture de flic ?
Il met la vidéo en pause.
-On voit le numéro, ça veut dire qu’on sait dans quel poste aller si on veut des « renseignements ». C’est eux qui enquêtent sur l’affaire. Et y’a de grandes chances aussi pour qu’ils soient au moins en partie responsable du fait que personne n’en parle.
-La police serait de mèche avec le responsable de l’enlèvement ?
-C’est clairement pas impossible, mais on doit pas trop s’avancer non plus.
-Ok.
Rude fait tourner la clé de contact et nous voilà repartis.
-Où est-ce qu’on va ?
Pendant que Rude est concentré sur sa conduite, Reno se tourne vers moi et lève ses lunettes pour me détailler avec une certaine insistance.
-On va à la suite du Président, on récupère nos armes qui sont planquées dans une cachette là-bas et on se pointe chez les flics pour en apprendre plus. Ils doivent déjà avoir identifié ces gars s’ils sont d’ici comme je le crois.
-Je viens avec vous ?
-Ouais, on sait jamais, une paire de mains sera pas de trop. Tu sais t’en servir ?
-De quoi ?
-De tes mains ? Tu sais tirer ?
-Je me débrouille.
Il se tourne à nouveau vers la route et mime mon « je me débrouille » en rigolant.
-Faudra que tu me rappelles comment t’as pris le contrôle du Vaisseau.
-Je n’étais pas seule.
-Ah ouais, c’est vrai, la Première Classe.
Arrivés à l’hôtel, nous montons dans la chambre en essayant d’avoir l’air le plus décontracté possible et de ne pas attirer l’attention. C’est finalement la première fois que je viens ici, contrairement à Odile qui y avait déjà fait un passage éclair. Tandis que les autres s’affairent à récupérer des armes et discutent du plan, j’observe les lieux.
Au bout de quelques minutes, je m’apprête à m’asseoir sur un tabouret attenant un bar.
-T’installe pas, on repart tout de suite.
-Ah.
-T’inquiète, on reviendra sûrement toute à l’heure, on peut pas te laisser retourner à l’hôpital, tu pourrais te faire arrêter, ou pire, ouais…
Il a raison, s’il y a des combines entre la police et quelqu’un d’important dans ce monde, c’est probablement avec eux que je suis la plus en sécurité.
-Mais… Le Président attend des nouvelles et je veux les lui donner le plus rapidement possible, si possible avant la nuit.
-Le gars qui a organisé ça, c’est pas n’importe qui. S’il a décidé de s’en prendre à la Shinra…
-T’inquiète, Rude. On lui règlera son compte, mais faut déjà être sûrs avant de lui annoncer. Même s’il doit déjà s’en douter. Il est pas con, le patron.