On pose les pieds dans le quartier avec un gros picto « 3 ». Y a aussi des bannières qui disent la même chose. C’est… marrant. Je pensais pas qu’il faisait jour. Je lève les yeux au ciel. Le deuxième quartier était tellement illuminé par l’incendie que j’ai pas calculé qu’il faisait simplement clair. C’est quand même… ultra rassurant d’enfin voir que le temps passe. Je commence à avancer, le bras engourdi par la caisse métallique quand Hengameh met sa main sur mon ventre pour m’empêcher d’avancer. Chh… Purée je la regarde, un peu en colère, avec la douleur de mes côtes qui me brûle ! Je m’apprête à… Elle a son doigt sur sa bouche et écarquille les yeux. Elle pointe du doigt une maison, juste à côté. Silencieuse, aucune lumière qui sort de la fenêtre brisée. Je… fronce les sourcils, d’un air interrogateur et j’attends. Silencieuse ouais, pas tout à fait. De temps en temps, y a un petit bruit trop bizarre, un peu cartoon. C’est quand même pas Pouet… Pouet… Pouet mais plutôt un… Ouais non je vais pas le faire non plus, c’est compliqué.

Je dépose la mallette métallique. Je l’ouvre façon ninja. Les auteurs des bruits bizarres doivent attendre qu’on passe devant leur maison pour nous arroser. C’est… super malin et risqué à la fois. C’est un point de passage forcé du troisième au deuxième quartier, je pense. Et… t’as peu d’angles de vue sur l’intérieur de la maison ! Par contre, purée ce qu’ils sont vulnérables. Pour peu qu’un gros costaud les repère…

Et malheureusement pour eux, je suis du genre costaude ! Là, je m’attèle à l’ouverture de la mallette. Super discrètement. Ils savent qu’on est là, la porte a fait un boucan dingue. Les filles se collent derrière moi, contre le mur de la maison, prêtes à tirer sur des personnes qui dépasseraient la porte. Je sors les deux parties de l’arme et les assemble. Je fais un peu de bruits, là, c’est sûr. Je me relève, soulève le bazar et fais un signe de la tête à Hengameh. Elle me désigne une de ses grenades d’un index. Je hoche la tête. Hengameh montre quatre doigts… trois… deux… un… J’enclenche la rotation des canons, la machine commence à chauffer dans mes doigts. Mon aînée lance une grenade à travers la fenêtre. Des cris en sortent. L’explosion retentit. L’endroit est ouvert, ça va pas faire des dégâts monstres. Je fais un pas sur le côté, fais face à la pièce. Devant moi, dans la petite maison, je vois… cinq-six mogs et quelques filles en costumes un peu bizarres. Pas le temps de détailler. La gatling dans mes mains commence à tirer avec une cadence absolument folle, les canons tournant. Je balaie la pièce de mon arme, les éliminant les uns après les autres ! Clic. Les munitions sont déjà épuisées, je…

Y en a encore deux. Ils sortent de la pièce, l’une en faisant un super plongeon à travers la fenêtre, l’autre, le mog, en volant. La fille se réceptionne magnifiquement, elle est tout en rouge, une peau mate. Les pans de sa robe viennent ajouter une ampleur à la fois trop belle et intimidante à ses mouvements. Elle reste plus ou moins à terre, pose ses mains au sol. Son pied nu chaussé d’une sandale toute fine vient frapper mes mains. Je lâche mon arme qui tombe dans un fracas sur le sol. Je recule.
« Atossa ! » Un petit sourire aux lèvres. Le Diamant Perse. Avec Natalia, dans le temps, Pamela, Irélia et Sorianna, c’est la seule star comparable à moi ! Fahimeh en est fan. Une vraie légende. On en parle du fait que tout finit en « Ahhh. » J’essaie de prendre mon fusil d’assaut mais je me prends un giga coup de marteau sur le genou de la part du mog. Fa’ va tirer mais Atossa court dans sa direction, bouscule Henga dans sa charge. Elle fait une roue, se propulse de ses bras et frappe Fa d’un genou au niveau de la poitrine. La petite tombe. Je pointe mon fusil vers la danseuse mais le Mog se met entre elle et moi et frappe mon canon, tout en volant ! Il s’approche de mon visage.
Et s’effondre sur le sol, transpercé par un tir laser d’Hengameh. Atossa, de ses mouvements amples et rapides, tout en restant fort proche du sol, sans jamais vraiment se relever, arrive à faire trébucher Hengameh d’un coup de pied dans les mollets. Elle sort une dague de sous sa jupe et la plante dans la cuisse de Fa’. Je… Les yeux écarquillés, la colère qui monte en moi, je… Fahimeh hurle de douleur.
Je cours sur Atossa, je l’aggrippe par ses vêtements et je la repousse, avant de me jeter sur elle. On est toutes les deux à terre, moi sur elle, les fesses sur son ventre et j’essaie de la maintenir immobile. Elle se débat.
« Hmm.. » Elle me flanque trois coups de poing dans le ventre. Je réagis plus à la douleur de mes côtes tant je suis énervée, rouge de rage. Je fais ce que je peux pour lui faire mal, limite je la pince, je lui arrache ses vêtements. Je la déshabille en pleine rue, juste en essayant de la griffer. Mais… la fille est ultra flex. Ses pieds viennent agripper mon cou et me font basculer en arrière. Et là, position inverse. Elle se met sur moi, une de ses mains vient presser mes voies respiratoires. Je croise ses yeux. Atossa a l’air… froide. Dans le sens… Elle ne sourit pas, elle ne jubile pas, elle n’est pas comme moi, hors d’elle. Sa main vient sous sa jupe, jusqu’à hanche – je crois – et elle sort une nouvelle dague.  Elle va me frapper. Ses yeux regardent brusquement Hengameh, allongée sur le ventre, qui lui tire une balle laser dans l’épaule.
Atossa crie de douleur, recule, à moitié à quatre pattes. Elle cherche à s’enfuir mais… Fahimeh, aussi à terre, tire un coup de pompe dans son dos.

Je mets mes mains sur mon visage. Je ferme les yeux quelques secondes avant de lâcher un court sanglot. Je… Allez, Di. Allez… Je me redresse malgré tout, avec mon poumon droit qui brûle à l’intérieur de ma poitrine, avec mon dos qui est rongé par la morsure de l’incendie que j’ai affronté. Et je vais vers Fa’, à terre. Hengameh est en larmes, à côté de sa sœur, les yeux rivés sur la lame dans la jambe de sa sœur..
Ce combat a été le pire. Rien d’autre ne me vient en tête. Ca a été horrible. Seulement deux personnes mais… voir Atossa blesser Fahimeh, ressentir sa main sur ma gorge, et me faire balayer comme une petite fille avec ses techniques de danseuse ninja…

Je regarde autour de nous. Personne, pour l’instant. Je viens mettre mes mains autour de la blessure de Fa’. C’est…
« La lame est ondulée. C’est une flamberge. » Je grimace alors que deux trois larmes continuent de couler. « C’est qu’un jeu. » me dit Fahimeh, toute rouge, à nouveau. Sa main toute ensanglantée vient sur ma joue. Je vois qu’elle se retient de crier. Je… ça me rend folle. J’ai l’impression que tout ce qu’on a fait pour la guérir n’a au final servi à rien. Je lâche un rire nerveux. « C’est la pression. »

« Je suis fichue ? »

« Si on retire l’épée, ça va saigner beaucoup. » essaie de formuler Hengameh. « Ne la retirez pas. » Fahimeh hoche la tête. On l’aide à se relever, et Hengameh la soutient par la taille, pendant que je prends mon fusil d’assaut en mains. « Je ne suis pas encore éliminée. » dit la petite pour elle-même. Je laisse la Gatling là. Elle nous aura au moins servi à pulvériser les danseuses du Moulin Rouge et les Mogs de l’Atelier du Consulat. Et sans ça ? Face à des acrobates comme ça ? Laisse, on avait zéro chance. On commence à descendre le long d’un chemin, vers la petite place. Franchement j’ai un frisson. On dirait une arène. Et puis c’est quoi ce monde où il y a des places partout ?!

Une énorme ombre enjambe un des bâtiments et arrive devant nous.
« Ah mais… Ne serait-ce pas là D.Va et ses deux petits lapinous ?! » On lève les yeux devant le… truc. Deux énormes jambes de métal, de vraies tours, et au-dessus, un petit corps et une tête jaune, affublée d’un grand casque rouge. Lord Business fait un sourire super diabolique. Et il tient une arme, un pur canon. Le genre de truc qui désintègre un meka ! Je souris nerveusement, affronte son regard. « Game Over ? » Je vise sa poitrine et tire plusieurs salves de mon fusil d’assaut. Hengameh fait pareil, avec une seule main, mais en visant les jambes. « Argh ! » crie-t-il de douleur.

On retourne dans l’allée qui nous a descendues jusqu’ici, couverte par un grand mur soutenant des grosses lampes détruites.
« Visez la tête ou la poitrine. » Je recharge en vitesse et sors de ma couverture pour tirer quelques balles en semi-auto. Une balle touche sa poitrine de lego. Il grogne, fronce les sourcils. Un tir fuse, je me jette près des filles. Le tir bleuté vient exploser le mur derrière nous. Okkkkay ?
Et là… On l’entend marcher, de son pas métallique et bruyant.
« Il s’approche ! » s’écrie Fahimeh. Hengameh ne la soutient plus, se concentre sur son propre fusil, alors que le petite est appuyée comme elle peut sur le mur, son fusil à pompe dans les mains.
Je souris.
« Hengameh, tu sais lancer une grenade jusqu’au niveau de son visage ? » Elle hoche la tête en fronçant les sourcils. Sa main saisit une des dernières grenades qu’il lui reste. Au-dessus du mur qui nous couvre apparait le visage beaucoup trop content de Business. « Alors, on se cache, les filles ? » L’aînée me fait un geste de la tête et lance vers le ciel sa grenade. Celle-ci monte jusqu’au niveau de la poitrine de Business. Je lève mon canon et tire une salve. La gre’ explose dans les airs, propulsant Business à terre ! « Foncez ! » On va de l’autre côté de la place, en soutenant Fahimeh comme on peut, sous le couvert d’un autre mur, et on passe devant de gros câbles électriques et une porte qui mène à un autre quartier.
J’essaie de reprendre ma respiration. Je jette un œil depuis ma couverture. Il a l’air sonné, blessé mais… en vie.
« On doit ouvrir cette porte. » dit Hengameh.

« Elle a l’air aussi lourde que la précédente. Il nous aura pulvérisées avant qu’on l’ait passée. »

« Et… » Fahimeh grimace mais Hengameh parle avant elle. « J’ai pas l’impression qu’on puisse le battre, avec Fa’ comme ça. » Ca a l’air de faire de la peine à la petite mais… elle ne me laisse pas le temps de lui parler, ou de réfléchir.

« Je m’occupe de lui. Je vous… couvre. » dit-elle, visiblement contente d’avoir utilisé le mot juste. Je souris. « Tu peux pas faire ça. Si tu nous couvres, ma puce, il va se concentrer sur toi. » Elle fait mine de réfléchir et hoche la tête d’un air taquin, ce qui contraste franchement avec ses blessures, avec son teint à faire peur. « Je vais le détruire. » dit-elle sur le ton de la plaisanterie. Je… « Non, tu rêves. Je te laisse pas. »

« Si. Di. »

Je la regarde. En sang. Ses yeux dans les miens, appuyée sur une seule jambe et les deux mains cramponnées à son fusil à pompe comme si elle l’avait tenu toute sa vie. J’ai un flash, je la revois, début de l’event, dans le salon de mon appartement, en train de pleurer et de s’excuser parce qu’on pensait qu’elle avait onze ans mais qu’en fait elle en a douze… en train de réaliser qu’elle allait devoir participer au jeu le plus cinglé et meurtrier de l’histoire. Purée. Mais elle est où, cette gamine pleureuse ?... Mon cœur se serre dans ma poitrine. Tant pis. Je ne continue pas sans elle. Je me fais éliminer avec, s’il le faut mais je ne laisse pas ce petit cœur finir ça toute seule. Je m’approche d’elle, bien décidée à la forcer à m’accepter à ses côtés contre Business. Hengameh vient glisser ses doigts entre les miens. Je la regarde. « On y va. » Je reste bouche-bée. Je… Je plisse les yeux pour retenir mes larmes et je hoche la tête avant de courir vers la porte qui mène au premier quartier. Hengameh me tire derrière elle, j’arrive seulement à me retourner une dernière fois pour voir Fa’ pomper son fusil d’un geste sec et sortir de sa couverture pour nous permettre d’atteindre la porte. On la pousse comme des folles. Business a l’air d’hésiter mais un grand sourire dégueulasse traverse son visage alors qu’il se relève.