Il faut que je garde cette idée bien en tête pour ne pas m’endormir. Il.ne.faut.pas.s’endormir. La douleur est là, elle emporte toute mon énergie avec elle, me fait flirter avec des délires en boucle. L’idée est la suivante. Demain je pourrai faire absolument ce que je veux, dormir aussi longtemps que j’en aurai envie, traîner au lit, fusionner avec un coussin, me perdre dans un édredon infini. Mais tout cela c’est demain, et si je veux y parvenir, il faut que je le mérite. Je ne pourrai pas le mériter si je m’endors maintenant, que quelqu’un tombe sur moi et m’achève d’un coup de flingue dans la tête.
Je me suis cachée derrière un grand bac contenant une multitude de plantes. Mes pensées se perdent dans tous les sens, s’égarent jusqu’à passer d’un sujet à un autre sans la moindre cohérence. J’en arrive à me demander comment cela est possible que les plantes soient dans un si bel état après autant d’années d’abandon du lieu. Est-ce que le temps s’y est donc arrêté, qu’un matin tout s’est arrêté et que l’instant d’après c’est celui où le monde est revenu dans notre chronologie ?
Je sens mon gummiphone vibrer dans ma poche. Je le sors, grimaçant au contact de ma main avec mon ventre. Il ne m’a définitivement pas ratée, lui.
J’hésite quelques instants avant de répondre. Elle vient sans doute d'émerger de sa cuite et accessoirement de son élimination. Elle ne m’a pas facilitée la tâche les dernières 24 heures, elle est même peut-être entièrement responsable de mon état actuel. Mais je sais que je dois garder en tête que je n’ai pas intérêt à m’en faire une ennemie pour l’avenir. Non, si quelque chose m’est acquis dans ce battleroyal, c’est peut-être sa loyauté, et son inexorable maladresse.
Bon. Je ne peux pas trop lui expliquer tout le passage avec le portail que je fais apparaître, Roxas qui me suit, les sans-coeurs que j’ai invoqués, notre discussion sur la nature. En fait, je ne peux pratiquement rien lui dire.
Je hausse les épaules, toute seule dans ce grand espace vide, comme si elle pouvait me voir. Encore l’une de ces déconnexions dues à la fatigue. Je suppose que si je dois ma survie à quelqu’un ce n’est probablement pas à moi-même mais plutôt à ses quelques scrupules, de quelque manière qu’ils soient.
Nous nous sommes débarrassées toutes les deux d’Elena. Je suppose qu’il a dû perdre d’autres éléments depuis.
Je réouvre l’application gumminow et cherche l’intitulé qu’elle vient de me donner. Je trombe sur des visions de feu, d’explosions, et d’apocalypse. Je surprends même une vidéo d’exécution de quelques concurents avec un petit peloton d’exécution, « en joue » et « feu ».
En continuant de faire défiler les postes, je finis par reconnaître quelqu’un sur les images, quelqu’un qui est désaturé et j’en sais quelque chose puisque je m’en suis chargée personnellement. Elle est filmée de loin mais je peux la reconnaître. C’est Elena. J’inspecte les tags et réalise que ces événements se passent au troisième quartier. Se pourrait-il que le Président soit dans les parages ? Il me plairait assez de l’observer moi aussi dans d’autres circonstances que dirigeant son entreprise dans son bureau, éloigné de toute scène d’action. L’imaginer devant se battre pour sa survie comme le commun des mortels, même si le commun des mortels n’est pas aussi bien accompagné.
Je me suis cachée derrière un grand bac contenant une multitude de plantes. Mes pensées se perdent dans tous les sens, s’égarent jusqu’à passer d’un sujet à un autre sans la moindre cohérence. J’en arrive à me demander comment cela est possible que les plantes soient dans un si bel état après autant d’années d’abandon du lieu. Est-ce que le temps s’y est donc arrêté, qu’un matin tout s’est arrêté et que l’instant d’après c’est celui où le monde est revenu dans notre chronologie ?
Je sens mon gummiphone vibrer dans ma poche. Je le sors, grimaçant au contact de ma main avec mon ventre. Il ne m’a définitivement pas ratée, lui.
TemerysYo, Nina.
J’hésite quelques instants avant de répondre. Elle vient sans doute d'émerger de sa cuite et accessoirement de son élimination. Elle ne m’a pas facilitée la tâche les dernières 24 heures, elle est même peut-être entièrement responsable de mon état actuel. Mais je sais que je dois garder en tête que je n’ai pas intérêt à m’en faire une ennemie pour l’avenir. Non, si quelque chose m’est acquis dans ce battleroyal, c’est peut-être sa loyauté, et son inexorable maladresse.
NinaSalut.
TemerysDésolée pour hier soir. Je crois…que j’ai merdé.
NinaEffectivement. On peut dire ça. Je crois que je vais refuser qu’on se voit à l’avenir si t’as bu.
TemerysComment ça s’est passée pour toi, après ça ?
Bon. Je ne peux pas trop lui expliquer tout le passage avec le portail que je fais apparaître, Roxas qui me suit, les sans-coeurs que j’ai invoqués, notre discussion sur la nature. En fait, je ne peux pratiquement rien lui dire.
NinaDisons qu’on est arrivés sur place et qu’il s’est « presque » chargé de mon cas ?
TemerysPresque ? T’es toujours en course alors ? Bien joué ma petite dame !
NinaJe ne sais pas si c’est tellement bien joué que ça mais bon…
TemerysBah déjà t’as survécu à un combat avec Roxas, tout le monde ne peut pas se vanter d’un tel exploit.
Je hausse les épaules, toute seule dans ce grand espace vide, comme si elle pouvait me voir. Encore l’une de ces déconnexions dues à la fatigue. Je suppose que si je dois ma survie à quelqu’un ce n’est probablement pas à moi-même mais plutôt à ses quelques scrupules, de quelque manière qu’ils soient.
TemerysQu’est-ce que tu vas faire maintenant ?
NinaJ’en sais rien. Me reposer déjà.
TemerysAu fait, t’es au courant ?
NinaDe ?
TemerysJ’ai entendu dire sur les réseaux que le Président est bien arrivé à la Ville de Traverse, et qu’il y est avec pas mal de ses effectifs.
Nous nous sommes débarrassées toutes les deux d’Elena. Je suppose qu’il a dû perdre d’autres éléments depuis.
NinaTu sais où il est ?
TemerysNon, faut pas déconner, c’est précis mais pas à ce point-là. Essaie de suivre les comptes qui postent du contenu avec le hearttag livebattleroyal.
Je réouvre l’application gumminow et cherche l’intitulé qu’elle vient de me donner. Je trombe sur des visions de feu, d’explosions, et d’apocalypse. Je surprends même une vidéo d’exécution de quelques concurents avec un petit peloton d’exécution, « en joue » et « feu ».
En continuant de faire défiler les postes, je finis par reconnaître quelqu’un sur les images, quelqu’un qui est désaturé et j’en sais quelque chose puisque je m’en suis chargée personnellement. Elle est filmée de loin mais je peux la reconnaître. C’est Elena. J’inspecte les tags et réalise que ces événements se passent au troisième quartier. Se pourrait-il que le Président soit dans les parages ? Il me plairait assez de l’observer moi aussi dans d’autres circonstances que dirigeant son entreprise dans son bureau, éloigné de toute scène d’action. L’imaginer devant se battre pour sa survie comme le commun des mortels, même si le commun des mortels n’est pas aussi bien accompagné.