« Comme convenu ! »  De retour  dans la station, le long couloir où on peut choisir dans quel jeu vidéo on veut rentrer, nous sommes toutes les trois avec Peach, pas très loin du concessionnaire Shinra, une petite alcôve dans le hall où nous sommes, qui mène à un tunnel où il y a tous les vaisseaux qui vont et viennent. On est… bon franchement, on est surexcitées. Avoir gagné le match de foot dans le jeu vidéo d’arcade – que j’ai la flemme de reprononcer à nouveau – ça nous a redonné la pêche, sans mauvais jeu de mot ! Mais Fa’ est toujours plus ou moins groggy, assez pâle, avec une blessure qu’on trimballe entre les mondes et dans les rues ! Je la regarde, franchement attendrie et trop contente de pouvoir lui redonner la forme. Le pire c’est de ne plus entendre sa voix, de ne plus sentir son énergie ! Ca manque trop à notre groupe ! J’irais jusqu’à dire que Fahimeh est un peu le ciment de notre cohésion ! Hengameh et moi sommes deux filles assez indépendantes, même si on a des âges très différents. Fahimeh est pas aussi costaude, a besoin de nous, et du coup bah… l’un dans l’autre, on est toutes les trois et on gère ! Sans elle, jamais on serais venues ici, jamais on aurait tout éclaté au foot !

Peach est de nouveau dans sa tenue de golf, dans laquelle je pense qu’elle va mener l’ultime bataille ! Elle commence à danser sur elle-même, avec des vrais mouvements classiques, ce qui est trop bizarre avec un club dans les mains, mais enfin. Une petite musique l’accompagne, et… les gens aux alentours commencent un peu à s’endormir. Mais pas nous ! Elle doit nous considérer dans son équipe ! Et bon, son attaque smash tout droit sortie de Smash fait pop autour d’elles d’énormes pêches. Des trucs de la taille d’un cyclope.
« Allez Fa’ ! »  Hengameh et moi aidons la petite à se relever.

« Tu dois les manger, Fahimeh. »

« C’est… » elle ouvre les yeux sur les énormes pêches. « Elles sont énormes. »

« Mais non ! » On tend sa main jusqu’à une des pêches. Instantanément, dans un petit Blops, la pêche disparait. Et on sent – en tous cas moi je le sens – la petite reprendre de la force dans les muscles, se tenir debout toute seule. « C’est… » Elle rigole. Elle tend sa main vers une deuxième pêche, qui disparait à son tour. Et elle est debout, éclatante de vie, en train de regarder son corps de haut en bas ! Elle ouvre le blouson de cuir de Go Go, soulève son t-shirt pour chercher les blessures. Elles ont quasiment disparu !

« C’est génial ! »  s’écrie-t-elle en faisant un sourire éclatant ! « Princesse Peach, merci beaucoup ! »

« Il en reste une ! » dit Peach avec un grand sourire, en joignant ses mains près de sa joue dans une pose trop mignonne. Facile d’oublier qu’il y a quelques heures, elles nous grondaient propre. Après je peux pas la blâmer, je suis aussi comme ça quand j’ai des mates. « Je… » Fahimeh tape dans les mains et tourne sur elle-même. « Je vais super bien ! Je n’en ai pas besoin ! »

Je regarde Hengameh, qui me regarde aussi. Elle secoue la tête. « Non, prends-la. »

« Tu t’es fait écraser par un Whomp. » Je lève les yeux et rigole légèrement. « Et t’as été super, sur le terrain ! »

« Mais tu as plus de chance d’aller au bout, aujourd’hui. » Elle croise les bras devant elle en détournant les yeux. « Je… suis en super forme. Franchement. Je pète le feu. Je suis solide et pleine de vitalité ! » Je soulève un bras et montre mes muscles, en faisant un grand sourire, avant de m’approcher et de lui dire dans l’oreille. « Et je veux vraiment que toi tu gagnes. » Elle a l’air de réfléchir.

« Les pêches finissent par disparaître, vous savez. » dit Peach en faisant une moue impatiente. Hengameh finit par aller vers la pêche et la toucher ! Direct, tu la sens plus en forme ! Son nez cassé se redresse, elle se tient plus droite ! Elle arrive même à me sourire !

« Princesse Peach. » Je viens prendre ses mains. « Je ne sais pas comment on peut vous remercier ! »

« Ce n’est rien. »  dit-elle en rougissant. « Vous me permettez de prendre ma revanche sur cet petit effronté, ce petit malotru… ce… » « C’est un pervers sexuel. » dit Hengameh en fronçant les sourcils, sans mesurer  ses mots. Je… bouche-bée, je la regarde avant de chercher une réaction chez Fahimeh, trop occupée à contempler ô combien elle est à 100% pour écouter sa sœur.

« Bon euh… N’hésitez pas à me contacter si vous avez le moindre souci ! »

Je lâche ses mains. Elle s’approche de moi et me fait un… bisou sur la joue. Je souris. Purée, elle sent la rose de ouf, alors qu’on vient de faire un match de foot ? Perso j’ai transpiré comme t’as jamais vu ça, et j’ai pas pris une vraie douche depuis la piscine de l’autre fois. Rien qu’avec son bisou, je me sens plus propre !
Elle vient accorder le même cadeau à Hengameh et Fahimeh, et… elle nous quitte, se dirigeant vers la borne d’arcade de son propre monde, sûrement pour aller préparer ses affaires dans son château, je sais pas. Fahimeh nous regarde quelques secondes avant de nous prendre dans ses bras.
« Oula ! » Je sens une chaleur qui vient me réchauffer le cœur, mes joues qui rougissent, et… « Tout le monde est très câlin aujourd’hui ! »  Je rigole pour essayer d’avoir l’air moins cruche. « Merci Di, merci Hengameh. C’est super important qu’on soit toutes les trois ! » J’accueille cette phrase avec… un certain choc. C’est comme une vérité : toutes les trois. Peut-être pour la dernière fois. Ensuite, il faudra qu’elles partent. Je souris, quand même. « On va gagner ce battle royale. »  dit Hengameh, genre… Elle le dit. Elle a décidé.

« On doit quitter le monde maintenant. »  dis-je après quelques secondes. « Pour pouvoir atteindre le monde final en évitant le rush sur les concessionnaires Shinra. » Elles hochent la tête. Cinq minutes plus tard, on est dans le concessionnaire, à chercher entre tous les vaisseaux notre coccinelle, notre voiture toute mignonne capable de voyager dans l’espace. On ouvre le coffre, pour dévoiler toutes nos armes à feu. On en a une dizaine, y compris notre sniper violet. On s’arme toutes les trois, on vérifie les chargeurs, on check qu’on a bien assez de munitions, et on se les répartit. On a toutes une sacoche, un sac, une banane, n’importe, pour stocker ça… Et on monte. Je mets mes armes à l’arrière, avec Fahimeh, et je démarre le moteur pour quitter la Salle d’Arcade. On vole dans l’espace, dans notre petite voiture jaune citron, un peu au hasard, sans avoir, pour l’instant, d’idée de notre destination !

Et ça dure… quelques heures. On est scotchées à nos gummiphones, en train d’actualiser h24 la page internet de Lord Business. Purée, celui-là. Trop bizarre à dire mais j’ai un genre de sympathie pour lui, maintenant. Pas que… Pas qu’il soit sympa, que je comprenne qu’il souffre, qu’en vérité c’est quelqu’un de bien. Rien de tout ça. Juste, du pur concret : Non seulement cet event a été fait sur mesure pour moi, pour que je m’y épanouisse, pour que je montre ce que je suis capable de faire à part poser devant un appareil, faire la mignonne en convention ou traîner avec Roxas. Mais surtout, finalement… j’ai vécu énormément. En un mois. Purée… Dans deux grosses heures, on sera le dernier jour.


« C’est bientôt fini. » dis-je en soupirant.

« Ouais ! On est allées tellement loin. » Je hoche la tête. Limite un peu triste. Fahimeh vient mettre sa main sur mon épaule. Je pose ma joue sur celle-ci avant de me redresser. « J’ai adoré être avec vous. » Je regarde mon volant pour ne pas les regarder elles. « Vous étiez l’équipe parfaite pour moi. Et… y a une grosse part de moi qui voudrait que ça se termine jamais. Qu’on continue de vivre des trucs complètement fous. »

« Et on raterait l’école encore quelques mois ! »  rigole Fahimeh. Je regarde dans le rétroviseur pour la voir sourire, les yeux légèrement humides. Je… je tente un regard vers Hengameh mais… nos gummiphones vibrent ! « L’annonce ! »

Et on lance la vidéo, toutes ensemble. Lord Business commence à expliquer les derniers bails, et l’organisation du dernier jour. « Il va bien y avoir un rétrécissement de la zone ! »

« Et… » Hengameh me regarde, un peu perdue. « C’est quoi, ça, la Ville de Traverse ? »

Ouf… « Aucune idée. Recherchez un peu le monde sur internet ? » On le fait toutes. Forcément, comme je tape plus vite, je trouve vite, mais je leur envoie le lien pour qu’elles puissent voir. « Visiblement c’est un monde où les gens allaient quand leur monde était détruit. Mais tout le monde n’y allait pas. C’était du temps de Maléfique. »
Et je réalise que les deux filles d’Agrabah sont… la première génération à ne pas du tout avoir connu cette époque ! « Moi je… Je fais partie de ces gens qui ont juste disparu, quand le Jardin Radieux a été à moitié conquis par les ténèbres. » Je hausse les épaules. Sûrement pour ça que j’ai totalement loupé l’info. Et puis… Purée c’était y a quoi ? Quinze ans ? Seize ? J’avais sept ans, à ce moment-là, j’étais juste une gosse. Bon ! J’entre les coordonnées dans le tableau de bord de la Coccinelle mais je prends les commandes. « On y va ! Essayons d’être les premières sur place pour préparer le terrain ! Y en a qui connaissent sûrement le monde et qui vont profiter de leur avantage ! »

« Regarde, Di. »

Hengameh regarde par la fenêtre, tout au loin. Au lieu de l’infinie noirceur, des étoiles à perte de vue, on a un truc franchement différent.   « Le voile… »
« C’est ça ? »

Comme un gigantesque rideau sur le monde. Les gens vont tous essayer de quitter leur monde, en tous cas ceux qui ont un moyen de s’en échapper. Et ils vont tous se diriger vers le même endroit. Le premier combat, si je ne me dépêche pas, ce sera dans l’espace, avant même d’atteindre la Ville de Traverse. J’imagine déjà des dizaines et des dizaines de vaisseaux s’approcher en même temps et envoyer la sauce les uns sur les autres. L’horreur. Avec mon D.Rigeable et avec un bon équipage dedans, je tenterais l’aventure mais dans un petit vaisseau en forme de coccinelle ? Ouais écoute non. Je mets la gomme. Mes roues roulent dans le vide, et je fonce, les mains sur le volant, vers la direction indiquée par mon tableau de bord. Pas de pilote automatique !
Mon but, c’est qu’on arrive les premières ! Ca doit être jouable, je suis pas si loin et… j’étais déjà dans l’espace au moment de l’annonce ! Je suis une excellente pilote, je suis trop stylée ! Purée, mais quand j’y pense, j’ai que des bonnes raisons de le gagner, cet événement !

Les filles se préparent mentalement, c’est bien. Elles parlent peu, regardent leurs armes, surveillent l’espace à la recherche de…
« Un vaisseau ! » Clignotant et je tourne ! Je dis pas, je vais pas faire ça à chaque fois mais là je suis dans le feu du moment ! Je fonce vers un petit vaisseau, une sorte de fusée un peu rétro. J’arrive sur son flanc. Les phares de ma coccinelle se lèvent pour laisser sortir deux canons, et je tire plusieurs rafales ! Le vaisseau essaie de fuir, de tourner vers la gauche mais j’anticipe, dérape dans le vide, continue les tirs, pour au final exploser la fusée ! « Ouais ! »  crie Fahimeh de joie ! Allez ! Bonne énergie ! Je reprends ma route. Une bonne heure et demi plus tard, on la voit surgir de l’espace et de son sommeil profond : Une ville assez mignonne avec des maisons un peu anciennes mais quand même pas moyenâgeuses. On voit tout un tas de toit en tuiles rouges, et beaucoup de lumières. C’est assez chou. « Pas le temps de visiter ! »  Je braque vers le monde, fonce en piqué vers l’une des zones. C’est… totalement une ville, y a rien d’autre ! Du coin de l’œil, je vois qu’un vaisseau s’est déjà posé dans une autre zone que celle que je vise… ok.   « Vous vous souvenez du plan ?! »  crié-je alors que l’air contre notre pare-brise fait de plus en plus de bruits ! Les toits des maisons se rapprochent. « La cache d’armes ! »  Je hoche la tête. On a plus de moulaga que Salomon ! On doit le dépenser, ou ce sera trop tard de toutes façons ! En pleine course, en pleine cavalcade – je dirais même – j’atterris sur un des toits, défonce les tuiles des roues de ma voiture mais continue jusqu’à descendre dans les rues ! Je roule dans la petite ville, dans une drôle de petite place, jusqu’à ce que je visais : la lumière rouge ! La cache d’armes ! Juste devant un genre de grande cathédrale blanche. Je dérape, on entend le crissement des pneus sur les dalles de la place et… on sort toutes en catastrophe de la voiture.
Toutes les trois, on va jusqu’à la cache qu’on active. Premières sur le lieu ! Je lève les yeux. Des vaisseaux s’approchent du monde, et notamment de nous. Ca va être le dawa, tout le monde va faire comme moi et parker son grand vaisseau sur l’hotel de ville ! Voyez l’homme ! On lui donne une belle ville, il la bousille en trois minutes !


« Achetez surtout des grenades et des mines ! »  Notre argent y passe en partie. « Et des munitions ! » On dépense encore. Et… je vois l’offre de la cache d’armes. La tant-voulue, la tant-rêvée. Tant pis je craque. J’achète. Tout arrive dans d’énormes sacs offerts par la maison. « T’as assez pour t’acheter un pompe doré, Fa’ ? »

« Oui ! »

« Je prends un fusil d’assaut doré, moi ! » annonce Hengameh ! Ok bon. J’arrête les achats. J’ai les gros sacs avec moi, et faut aller se mettre à l’abri. « On laisse la voiture. Donnez-moi des mines ! » Elles m’en filent trois. Je les active une à une et les dépose autour de la cache d’armes. Si quelqu’un approche, j’espère qu’il sera davantage concentré sur les maisons et sur les rues que sur le sol ! Elles sont visibles, forcément, mais… ça peut marcher !

« On court ! »  On se dirige vers une des ruelles perpendiculaires ! « Là ! Une maison ! » Je m’apprête à défoncer la porte ou à tirer dessus mais… « C’est ouvert. » Coup de chance ! On entre, on ferme à clé derrière nous ! « N’ouvrez pas la lumière, ne fermez pas les volets ! Ce serait suspect ! » Je pose les sacs à terre pour ouvrir mon gummiphone et activer la lampe de poche. Euh… La salle est ultra bizarre. C’est un salon hyper beau, avec un beau fauteuil, un bureau, un violoncelle, un piano. Avec partout des photos de dalmatiens. « Oh c’est mignon. »  dit Hengameh d’une voix placide. Ok bon. « Fa’, tu pointes ton fusil sur la porte ! Hengameh, tu check les fenêtres, je vais regarder les autres pièces pour voir si y a d’autres accès. »